Arasement...

Par Illemm le 28/6/2002 à 14:23:38 (#1724641)

Le cigogneau voulait prendre l'envol, mais à chaque fois, sa maladresse l'étalait sur la plaine verdoyante. Le sorcier, en quête de quelque rare specimen végétal, l'observait fixement depuis plusieurs minutes déjà, dénombrant ses échecs. Il s'échinait à vouloir gagner les cieux. Mais l'heure n'était sans doute pas encore venue.
Un fracas grandiose sortit Illemm de sa rêverie, l'onde fabuleuse secoua la terre. Telle une pierre qui vague une mare, en cercles successifs, l'énergie de l'explosion, ondula sur la terre. Alors ce qui jadis fut Colline était à présent Plateau, sur lequel se dressa fièrement le jeune homme. Par son vouloir et la puissance dégagée dans cet exercice, le paysage arasé d'une de ses courbes, dévisagé, ne fut à même que d'encaisser cette mutilation dolore. Son bronchement ne fut que poussière levée, et dissipée par le vent...
Illemm alla avec prudence, vers le jeune homme, et le regarda longuement. Des choses se dirent dans les yeux. Le cigogneau soufflé par l'après-coups de l'incident, se redressait avec peine au loin.
Le sorcier éleva la voix, alors :
- Pourquoi mutiler ce qui fut, ce qui est?
- Peut-être est ce là sa vraie nature à être.
- Pourquoi dévisager l'immeuble immortel?
- Peut-être n'était-ce qu'un leurre?
- Toi tu es...
- Oui je suis, et tu devines à présent l'étendue des pouvoirs qui sont miens. Reconnais-le. Mais n'aies pas peur, apprends. Ne cesse jamais ton apprentissage.
- Tu sais donc qui je suis et ce que je suis?
- Tu es Toi, et tu suis Ta voie, aveuglément, ou pas. Je ne suis pas juge. As tu jugé Ta propre existence?
- Tu es un enfant, et je croirais entendre mon Maître.
- Suis-je un enfant? tu ne peux juger. Tu es affranchi de tout Maître, tu le prônes, n'est-ce pas?
- Pourquoi montrer la vraie nature de ce qu'elle est à Etre?
- Peut-être ai-je mutilé volontairement.
- Pourquoi dévoiler le leurre?
- Rien n'est immortel, qu'on se le dise.
- Je le sais.
- Alors pourquoi demandes-tu ces inepties? *pause* Bien. Je vois que tu n'en est qu'aux débuts. Dois-je te rappeler à l'ordre?
- Non. Je sais ce que j'ai à faire.
- Alors retournes-y, et laisse moi jouer.
- Qui es-tu?
- Enfin une question sensée. Je suis Moi. *sourire d'ange*
- Grrmmmmbllle... C'est tout?
- Si tu ne vois pas plus loin que les apparences que je te propose.. tu n'iras point au bout de Ta voie.
- Tu es Toi, donc. Toi qui te moques de la création ou qui la dévoile. Tu es Toi.
- Bien.. tu progresses...
- Tu te moques de moi! *sale mioche..*
- Peut-être suis-je un Dieu. Et peut-être un enfant. Peut-être ton imaginaire. Choisis.
- Tu es Toi.
- Tu vois, quand tu veux, tu sais répondre. *léger sourire*
- Et ça me mène où tout ça?
- Ici, et ailleurs, aux confins de ton âme brisée. Recolle les morceaux de la Raison et les douleurs du coeur. Tu trouveras les réponses aux inexplicables choses qui régissent les mondes. La simplicité tu redoutes en vain. Pourquoi? Est-ce le plaisir de la torture mentale qui t'inspire?
- Oui sans doute...

(pause)

Par Elrond Alantis le 28/6/2002 à 18:08:51 (#1725836)

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Par Illemm le 28/6/2002 à 21:27:09 (#1726797)

Le cigogneau regardait les deux hommes parler. Et alors, il prit son envol, mais un vent hystérique se leva brusquement pour l'écraser sur l'herbe haute. Mais il retenta à nouveau et là, le ciel l'acueillit. Comme un parent ouvrant ses bras à un enfant retrouvé.
L'enfant parla à nouveau :
- Rentre chez toi, et n'oublie pas ce que tu es. Honore la vie en suivant Ta voie, et ne laisse pas ton bornement t'obstruer la route. Les blessures cicatrisent, la bêtise se combat.
- Mais! ... Bon, je vois qu'il m'est inutile d'en dire davantage.
- En effet, écouter est parfois plus sain. Et maintenant laisse-moi, prends ton envol, petit Cygne en exil.

Illemm s'éloigna méditant les choses dites et pensées. L'enfant n'était qu'une image du passé, de son passé. Mais ce passé était-il tangible? La mémoire et ses défauts. Il alla directement en direction du monde civilisé. Chez lui, là où le sommeil l'attendait.