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Le fil d'une vie, d'une mort (III)
Par Boreale le 27/6/2002 à 13:58:27 (#1719271)
Malgré lheure tardive, les rues débordaient dactivité, laissant la vie nocturne prendre le pas sur celle qui saffichait le jour. A la nuit tombée, la population changeait subtilement, laissant apparaître un visage plus sombre et plus discret. Ici et là, dans les recoins dombres des affaires se concluaient ou des larcins se préparaient. La seule certitude quaurait un voyageur imprudent, en saventurant dans ces ruelles où se mêlaient les odeurs les plus diverses, était de risquer sa bourse et sa vie au milieu de malandrins et de brigands de toutes sortes. Les étrangers, proies faciles, étaient rapidement repérés et aussitôt la cible des diverses bandes se partageant linfluence du quartier. Du simple voleur à lentraîneuse habile, en passant par les brigands et les maîtres-chanteurs, les dangers ne manquaient guère. Pour les habitués cependant, ces affaires nétaient ni plus ni moins que le quotidien et ne méritaient pas plus dattention.
Mais outre ses aspects de coupe-gorge, le quartier avait de nombreux autres atouts, comme fournir aux professions peu recommandables les outils dont ils pouvaient avoir besoin, de précieux renseignements ou encore un équipement particulier qui ne susciterait pas de questions. Ici, un assassin pouvait se procurer toutes sortes de flèches, poignards ou autres armes mortelles, des poisons rares et variés ou autres artifices comme des bombes fumigènes. Cétait également le lieu où lon pouvait louer et acheter certains services, si lon en avait les moyens
Enfin, traversant une petite cour intérieure, il arriva devant la taverne de La sirène ivre. Jetant rapidement un regard sur les alentours, il sengouffra à lintérieur doù résonnaient des bruits familiers. A lintérieur, quelques musiciens sactivaient à gratifier les clients dun peu de musique, vite étouffée par le brouhaha des conversations et des rires avinés. Un rapide coup dil circulaire lui permit de jauger la salle, avant quil ne se dirige vers le comptoir. De nombreuses tavernes comme celle-ci existaient dans le quartier, et toutes avaient cette particularité de proposer dautres services que le vin et la viande. Celle-ci, en particulier, offrait de nombreuses salles à la discrétion assurée pour traiter affaire. Alors quil saccoudait au comptoir, le patron finissait de servir un client, et se retourna vers lui. Léchange fut bref, sans parole superflue, à peine un geste pour lui indiquer la pièce où lattendait celle qui souhaitait le voir, alors quil lui servait une choppe, et le tavernier se dirigea vers dautres clients. Saisissant sa choppe et séloignant du comptoir, lhomme se dirigea mine de rien vers larrière de la taverne, pour rejoindre la pièce privée. Sans un bruit, il en ouvrit la porte, avant de se glisser à lintérieur et de la refermer derrière lui.
A lintérieur, le visage éclairé par la lampe qui trônait sur la table, une femme sans âge leva ses yeux sur lui. De son dos dépassaient deux larges ailes aux couleurs de la nuit, qui contrastaient fortement avec la pâleur de sa propre peau. Sa main, ses longs doigts fins firent un geste pour linviter à sasseoir. Elle était fidèle à sa réputation, à nen pas douter. Lhomme comprenait, à présent, pourquoi la sorcière pouvait en mettre plus dun mal à laise. Il ressentait, pouvait presque toucher cette aura qui émanait de celle qui lui faisait face. Pas de violence, pas lombre dune menace, pourtant elle était presque à son avantage, alors quelle était létrangère dans ces lieux. Essayant de reprendre contenance, il sassit avant de prendre la parole dune voix qui se voulait assurée.
-On ma dit que vous souhaitiez nous voir, ma dame. Que voulez-vous de nous ?
Silence. Les yeux noirs le fixaient à présent, comme pour le juger, ou létudier. La séraphe dOgrimar ne bougeait pas le moins du monde, se contentant de laisser ses yeux jauger son interlocuteur, ce qui acheva de le mettre mal à laise. Enfin, elle répondit, avec une lenteur calculée.
-En effet. Je cherche des renseignements. Des informations
Ainsi donc cétait cela. Lhomme sinstalla plus confortablement. Cétait lui qui fournissait le service après tout, et elle, était demandeuse.
-De quel genre dinformations sagit-il ? Nous navons guère lhabitude de vous comptez parmi nos clientes
-Je cherche un homme.
La séraphe se pencha au-dessus de la table, plongeant son regard dans celui de lhomme qui lui faisait face. Lair sétait brusquement rafraîchi dans la pièce, alors quelle égrenait les paroles. Sil navait pas été convaincu par les rumeurs, il navait désormais plus de doute. La mort se dessinait sous ses yeux, dans les ombres de cette femme. Cétait ce danger permanent, cette sensation diffuse qui émanait delle qui le rendait aussi nerveux. Il tremblait presque, alors quelle poursuivit :
-Je cherche un assassin qui a été lancé à mes trousses. Je veux savoir qui il est, et qui a placé un contrat sur moi.
-Ce genre dinformation nest pas
-Vous serez grassement payé pour votre peine.
Ce disant, la séraphe déposa une bourse remplie sur la table, enjoignant lhomme à regarder son contenu. Malgré la lueur blafarde, de nombreuses gemmes de qualité étincelaient à lintérieur, un butin quil estima rapidement à une somme conséquente.
-Ce nest quun acompte évidemment, jespère avoir de vos nouvelles bientôt.
Se levant sans hâte, comme pour signifier que lentrevue était terminée, la femme gardait son regard sur lhomme, qui acquiesçait machinalement, lesprit sans doute porté sur ce quelle lui demandait et les moyens de traiter cette affaire. Elle marmonna alors quelques paroles, avant quune explosion de lumière nillumine la pièce, laissant lhomme seul sur les lieux. Pensif, celui-ci resserra les liens de la bourse, avant de se diriger vers la porte
Par Darksoul Zenox le 27/6/2002 à 14:19:17 (#1719380)
Superbe!
*intrigué, espere une suite rapidement*
Par Gabriel Thylin MSF le 27/6/2002 à 20:13:33 (#1721011)
Par Faruun le 28/6/2002 à 11:33:03 (#1723848)
La certitude sétait imposée doucement, alors quil surveillait du coin de lil cette ombre qui planait sur lui depuis quelques temps. Il avait fait mine de rien, espérant une erreur dont il pourrait profiter, mais celui ou celle qui le suivait avait montré une grande prudence, sachant garder une distance certaine. Lassé de ce petit jeu, lassassin décida de prendre linitiative. Il remonta la rue des deux tours, avant dobliquer sur une ruelle quil empruntait normalement pour rejoindre son refuge. Rien dinhabituel, et rien qui puisse éveiller un quelconque soupçon. Pourtant, mettant à profit les quelques instants où il supposait quil nétait pas vu, il sengouffra dans une ouverture, avant de se hisser un peu en hauteur à lentrée de la ruelle. Ainsi placé, il nétait que quelques mètres au-dessus de lentrée de la ruelle, et espérait y voir apparaître lombre mystèrieuse.
Quelques instants plus tard, celle-ci fit son apparition. Menue, une silhouette gracile qui évoluait dans les ombres. Une femme. Elle semblait marcher de manière anodine, sans pour autant tromper le regard de lassassin. Sortant silencieusement sa dague, lassassin se laissa souplement tomber à coté de la femme. Déjà elle avait un poignard en main, quelle gardait sans doute dans sa manche, mais il était trop tard pour réagir face à la vivacité étonnante de lhomme. Profitant de la surprise, lassassin lavait entraînée avec lui contre le mur, et menaçait sa gorge dune dague.
-Sshhhhh. Lâche ton arme.
Faruùn parlait dune voix sans timbre. Menaçant sans être démonstratif. La femme sexécuta, comprenant où était son intérêt. Elle connaissait lassassin de réputation, et ne doutait pas une seconde que la moindre erreur lui serait fatale. Résignée, elle attendait à présent ce qui allait se passer. Assurant sa prise, lassassin la poussa un peu plus loin, sécartant de lentrée de la ruelle. Alors quil lui indiquait un coin où se diriger, il sortit discrètement son autre dague et assomma la femme du manche
Elle était attachée, les yeux bandés. A priori il devait lavoir emmené dans un endroit pour linterroger, sinon il laurait tuée de suite. Testant sans y croire les liens, elle abandonna rapidement toute idée de fuite. Une voix linterrompit.
-Qui es-tu ?
Lui, sa voix, grave, sans émotion. Lâchant un soupir, elle tenta de se redresser pour répondre.
-Que me voulez-vous ? Pourquoi mavoir attachée ?
La douleur. Une simple entaille sur le bras, mais elle pouvait sentir lacier mordre la chair, et le sang couler doucement. Elle se raidit.
-Inutile de te jouer de moi. Qui es-tu, et pourquoi me suivais-tu ?
La voix demeurait calme, sure delle. Lassassin était froid, et naurait aucun état dâme. Hésitation. Elle demeura muette un instant. Un instant de trop. A nouveau, la douleur lui arracha un sursaut, alors que la dague meurtrissait lautre bras.
-Je
Le sang coula. Au petit matin, Faruùn savait ce quil voulait savoir. Il avait du se montrer trop imprudent en prenant des renseignements sur Boreale, que ce soit auprès des bréhanites et de ce Nekresh quil navait pu rencontré, ou encore parmi les différents mages, supposés avoir eu des rapports avec elle. Enfin, les deux tentatives ratées avaient laissé le temps aux bruits de se développer. Des doutes certains en étaient arrivés aux certitudes, et cela devait finir par se savoir. Encore une raison pour laquelle il préférait ne pas prendre les renseignements lui-même, mais il navait pas eu le choix face à une cible aussi difficile. Elle savait sûrement à présent ou le saurait bientôt, si elle avait de quoi payer, ce dont il ne doutait pas. La situation se compliquait. De chasseur il risquait de devenir chassé. Il lui fallait garder linitiative, à tout prix, pour conserver lavantage.
Pour lheure il avait plus urgent à soccuper. Il regarda la femme quil avait attachée et torturée. Elle espérait sans doute vivre, survivre. Elle navait voulu trahir ses complices, même si elle avait finalement cédé et révélé les raisons pour lesquelles elle sintéressait à lui. Sans un mot, il releva le visage de la femme, blessée, fatiguée, puis dun geste sec trancha la gorge en maintenant la tête haute. Sans douleur, sans un bruit. Il ny avait aucune rancur. Elle faisait simplement son travail et lui le sien. Elle et ceux qui le suivaient savaient les risques quils encourraient. Le corps, une fois retrouvé serait un message suffisamment clair.
Maintenant Faruùn devait agir avant que la sorcière nagisse
A l'auberge de La sirène ivre
Par Eclat de Lune le 29/6/2002 à 6:04:07 (#1728583)
Lhomme prostré devant sa chope passa sa main épaisse dans sa chevelure crasseuse. Non, même après deux cervoises, la venue dune telle femme lui paru suffisamment insolite pour le tirer de la semi-torpeur dans laquelle il se laissait peu à peu sombrer, bercé par le brouhaha familier qui lentourait.
Elle semblait étrangement déplacée en ce lieu. Comme une reine sombre dans un bordel, pas à sa place, et pourtant à laise. Une femme seule, dun étrange charisme, mais même en ce milieu hostile, il ne lui vient pas lidée de quelle puisse être en danger. Non, la mort était de son coté.
Il la vit se diriger vers une des salles privées que lui indiquait le tavernier. Avec un grognement, il finit sa chope et se leva, jetant sur ses épaules sa cape élimée et reprisée, à la propreté plus que douteuse. Sa démarche légèrement boiteuse lamena jusquau comptoir, où il pourrait mieux surveiller la porte derrière laquelle elle avait disparu. Il neut pas à attendre longtemps avant de voir arriver son interlocuteur. Ainsi, elle achetait ses services, à lui
Il se demanda ce quelle pouvait bien vouloir
Il fut tenté un instant de sapprocher et découter à cette porte pour en apprendre plus, mais il savait que ce serait inutile et imprudent
Tout de même
Lorsquil vit sortir lhomme seul, pensif, rangeant une bourse, il se demanda sil devait faire un rapport il y avait peu à dire, mais peut-être que cela lintéresserait après tout, les détails lui paraissaient toujours importants, et quelque fois une information insignifiante
Oui, ca ne coûterait rien de lui signaler à loccasion
Pour lheure, il allait reprendre une cervoise.
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