Le voyage se poursuit.

Par Silwenne le 15/6/2002 à 7:55:45 (#1658747)

Le vent souffle dans ses cheveux bruns alourdi par le givre, gonflant les voiles de la goélette. Lentement Havnor s’éloigne pour n’être plus qu’un souvenir, une image dans son esprit. La dame de glace et debout à la poupe alors que la pleine mer entour le navire depuis déjà longtemps, elle ne ressent rien, pas de tristesse, pas de douleur, juste un grand vide froid. Elle poursuit son voyage sans but, à moins que ce ne soit pour se trouver elle-même. Mais les glaces l’étreignent chaque jour un peu plus, sournoises, son corps lutte contre le froid mais cela ne fait qu’empirer les choses et renforcer le pouvoir de la malédiction transmise par sa sœur bien malgré elle. Quelle ironie… Finalement succomber au froid alors que cela aurait dû la sauver, elle qui n’était que braises ardentes. Le point positif était que personne ne l’approchait ni n’essayait de la touchée, et celui qui osait retirait vivement sa main en jurant.

Silwenne regagna sa cabine et ne la quitta plus avant que le capitaine ne vienne la prévenir qu’ils approchaient d’un port. La jeune femme débarqua à terre le temps que le bateau soit ravitaillé, les marchandises soient embarquées et débarquées, et que les hommes d’équipage aient fini de cuver, elle avait donc le temps de visiter la ville… Une ville grise, morne et sans vie. Au loin se découpait la silhouette menaçante d’un château que l’on devinait immense, perché sur une colline comme un vautour sur une branche guettant une proie à l’agonie, n’attendant que son trépas pour se jeter sur sa carcasse. Silwenne fut prise d’un frisson de dégoût et se décida à arpenter les rues pour trouver les échoppes. Les habitants avaient tous l’air si triste et pauvre, elle fut peinée de les voir ainsi, elle dans sa robe de soie blanche, on eut dit un fantôme flottant dans la ville tel l’ange de la mort venu pour emporter les âmes des misérables hères. Elle eut beau chercher, les étals étaient vides. Cet endroit était décidément bien lugubre, aussi décidât-elle de remonter à bord, accablée de la souffrance des regards qu’elle avait croisés. Cet endroit était si différent d’Havnor, quel choc, quelle tristesse chez ces gens. Mais que pouvait-elle faire, pauvre femme perdue loin de chez elle, face à tant de désespoir? Rien sans doutes…

Elle s’assit à son petit bureau et resta ainsi immobile durant des heures, le regard perdu dans un flou invisible, seule dans sa cabine sans fenêtre, à la lueur blafarde d'une bougie, tout ce qu’elle avait pu s’offrir, l’incessant craquement du bois régulier et monotone rythmant sa vie en ces instants. Silwenne ne sortait presque jamais de sa cabine, ne mangeant que le strict minimum, juste de quoi tenir, de quoi survivre. Elle descendrait à chaque escales du navire, uniquement cela, peut-être trouverait-elle les réponses à ses questions dans l’une des villes. Mais un jour il faudrait bien rentrer, elle le savait et le redoutait en même temps qu’elle attendait ce moment. Enora lui manquait… Ses amis aussi lui manquaient mais… Qu’allait-elle retrouver? D’un geste lasse la femme gelée balaya ses pensées et s’allongea sur les draps pour s’endormir d’un sommeil sans rêves, du moins l’espérait-elle…

Par Prophetia Astrae le 15/6/2002 à 10:30:24 (#1659039)

:lit: tres zoli texte, mais quelle souffrance

Par Iann-Nyo Darken le 15/6/2002 à 13:32:30 (#1659954)

:lit: Tout cela et délicieusement mélancolique... Mais quelle qualité dans l'ecriture !
Félicitation.

Par Lorana le 15/6/2002 à 15:03:21 (#1660493)

:lit: :amour: toujours aussi excellent :)

Par Carna Rogue le 16/6/2002 à 10:21:09 (#1664859)

Comme chaque jour depuis quelques temps, Carna s'était arrêté devant le port de Windhowl, dans le vain espoir de voir les voiles du retour apparaître a l'horizon. Encore une fois, elle repartit sans avoir aperçu le moindre signe d'espoir...