Remous et vagues de fond in utero

Par Tynrille le 14/6/2002 à 14:09:44 (#1654453)

Jour 1
«Parent, enfantez nous!»
Cette pensée résonnait encore dans mon esprit. Difficile pour moi d'avoir une pensée, je n'étais alors qu'une petite chaîne micro cellulaire. Ma vie ne tenait qu'à un fil... Qu'à un cordon. Un cordon ombilical.
Jour 14
Ca y'est, un doigt. Un de mes doigts est sorti de la masse de chair que je suis maintenant. Je n'ai pas encore d'ongle, je ne peux même pas le bouger... Je ne l'aperçois pas, mais je le sent. Je suis très fier de ce doigt... Je suis certain qu'il me servira beaucoup plus tard.
Jour 53
Quand je pense que j'étais heureux pour un misérable doigt... Maintenant j'en ai vingt. Je les sens tous. Je peux même en bouger certain. Vivement que je vois quelque chose!
Jour 87
C'est tout flou ici... C'est plein de liquide. Je distingue à peine le bout de mes doigts. Je ne suis pas joli. Pas encore. Vivement que je grandisse un peu!
Jour 102
J'ai vu une créature pas loin de moi. Un autre amas de chair qui me ressemblait. J'ai cru que c'était une hallucination, comme j'en ai souvent, car mon cerveau est en formation, mais non, c'était bien quelqu'un d'autre. Je me demande si il m'a vu aussi. J'espère que oui. J'aime beaucoup cette chose. Je ne la connais pas, mais je l'aime déjà beaucoup.
Jour 118
La bulle était agitée aujourd'hui. Stupide entraînement. J'en avais plus que marre d'être secoué dans tous les sens. Chaque coup d'épée que maman donnait me faisait faire trois tours sur moi même. Et ce stupide tuyau ne cessait de s'enrouler autour de moi. Je mourrais d'envie de le mordre, de mes petites gencives, mais j'avais peur de ce que cela pourrait engendrer. Heureusement que je n'étais pas seul. Je crois que la chose qui me cotoyait dans la bulle était une femelle. J'avais beau regarder, toucher, je ne voyais pas l'ombre d'une verge. Peut-être n'était-elle pas encore assez développée pour être visible. Je n'en savais rien. Je m'en moquais, d'ailleurs.
Jour 148
C'était bien une fille. C'était ma sœur. Qu'est-ce que je peux l'aimer ma sœur! On parle beaucoup, ensemble. Elle comprend tout ce à quoi je pense, et je ressent chacun de ses sentiments. Je lis dans ses yeux comme dans un livre ouvert.
Jour 179
Papa nous parle beaucoup. Il nous dit qu'il nous aime. Moi, je ne l'aime pas. J'aime juste ma sœur. Ma moitié. Et je m'aime moi. Ca me suffit. Il nous raconte des histoires. Des histoires de démon, de sang, de viols, des jolies histoires.
Jour 204
Finalement, je crois que j'aime bien papa. Ces histoires sont de plus en plus chouette. Hier, il m'a raconté comment nous avions été enfantés, ma sœur et moi. Je crois que je lui dois la vie. Et que j'ai intérêt à l'aimer si je veux la garder.
Jour 251
La bulle est devenue toute petite. Ca fait trop longtemps que je suis là, je m'ennuie. Je suis sans cesse collé à ma sœur. J'ai l'impression que chaque jour les murs se rapprochent un peu. Peut-être que c'est moi qui grandit.
Jour 269
Aujourd'hui, j'en ai marre. Ma sœur aussi. C'est un calvaire ici. Le liquide est tout sale. J'ai remarqué une faiblesse dans la bulle, en bas. Je m'appuie de toute mes forces dessus, me poussant avec les pieds depuis l'autre coté. Ma sœur fait de même. J'ai l'impression que ça bouge.
Jour 270
On est compressés! La bulle se serre très fort autour de nous, ça fait mal. Mais en même temps ça me pousse, et l'obstacle va lâcher bientôt. Je suis certain qu'il va lâcher. Il faut qu'il lâche!!

Par Kray le 14/6/2002 à 14:24:47 (#1654560)

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Par Athynea le 14/6/2002 à 15:06:55 (#1654801)

:lit: :lit: :lit:

Par - Sargamatas - le 14/6/2002 à 21:03:22 (#1656980)

:lit: :)

Par Megan Ezeil le 14/6/2002 à 21:22:49 (#1657042)

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*attend l'arrivée de cet enfant qui semble bien pressé*

(hrp : j'adore, je m'imaginais mon bébé :p mais au premier jour y a pas encore le cordon)