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Quand le roy devient un fou dont les princes sont les pions

Par Carna Rogue le 13/6/2002 à 16:36:50 (#1649101)

Assis dans sa chambrée, un feu crépitant dans l'âtre, le monarque observait le ciel gris d'où provenaient les lourdes gouttes qui tambourinaient, infatigables, sur la fenêtre. Cachés par la pluie battante, il devinait ses gens courant en tout sens pour aller chercher abri dans leur demeure, les mères rappelant leurs enfants alors qu'elles rentraient le linge en catastrophe. L'averse avait été soudaine, pareil aux malheurs qui s'étaient abattus sur le royaume. Le roy n'avait ni le coeur, ni le courage de prévenir une populace qui pensait les temps heureux et la paix éternels. Un ancien ami qui serait revenu aujourd'hui l'aurait pris pour un autre. En une année, lui qui était dans la force de l'âge avait vu le poids des responsabilités, le chagrin et les événements le marquer comme si les décennies étaient passées dans un souffle.

Fuyant les trombes d'eau, il détourna le regard pour tristement contempler le corps de sa femme, corps que plus aucune flambée, aussi ardente soit-elle, ne pourrait réchauffer. Leur amour avait été sincère et profond, aussi ça avait une torture que de la voir chaque jour déperir un peu plus d'une maladie qui laissait les médecins perplexes. Finalement, au vu de ses souffrances, il s'était résigné, a sa propre demande, a lui administrer ce poison qui verrait ses maux finir en même temps que sa vie devenue un fardeau. Son seul regret était de ne pas pouvoir l'avoir rejointe, sans doute l'aurait-il fait avant, mais son sens du devoir et l'amour qu'il portait a son peuple l'empêchait de laisser son royaume plonger dans le chaos qui aurait suivi sa déchéance.

Non content de perdre sa femme, la cruelle roue de la fortune lui avait aussi imposé le supplice de voir ses trois fils s'entredéchirer. Eux qui s'étaient jusque là entendus a merveille, enchantant leurs parents de par leur entente et leur maturité a considérer le bien-être du royaume. Mais ce sentiment si tortueux qu'était l'amour était venu semer la zizanie et la haine, et les trois frères, par un coup bien funeste du sort, s'étaient retrouvés en pamoison devant la même jeune fille, laissant éclater violentes querelles et brutals combats pour un seul de ses regards. Le souverain se demandait quelle impossible succube avait pu a ce point soumettre les jeunes gens.

Tout a ses réflexions, c'est a peine si il remarqua la jeune servante entrer pour lui servir un repas qui, comme trop souvent depuis peu, resterait en grande partie intact... Au moins les chiens et les gens du commun en feraient-ils un festin, bien que ces derniers n'eussent rien a envier aux mets royals, tant ils étaient bien traités. Aussi c'est d'une voix timide que notre soubrette s'adressa a l'illustre dirigeant.

- Votre majesté? Vous allez sans doute me trouver bien curieuse, mais... vous souvenez-vous du temps où vous aviez mené votre garde royale jusqu'en Abithinie?

Heureux de pouvoir un instant oublier ses soucis pour se replonger dans le souvenir de temps heureux et glorieux, c'est avec empressement que notre dirigeant répondit a sa visiteuse.

- Oui, bien sûr, son roy, un ami cher a mon coeur, m'avait alors demandé de venir l'aider a mâter un culte sombre sévissant en ces terres. j'en avais même profiter pour aller le saluer personnellement. Mais comment êtes vous au courant de cela? Lui répondit un roy étonné de voir une simple servante tant au fait de l'histoire de sa contrée.

- Bien, dit la jeune femme quelque peu gênée, une jeune femme au village m'a étrangement demandé si... vous vous souveniez des visages de chacune des personnes que vous aviez pourchassées ce jour?

- Ma foi non, ces faquins étaient bien trop nombreux pour que je me rappelle chacun de leurs vilains faciès, rétorqua-t-il, de plus en plus intrigué.

- Elle se doutait que vous répondriez cela, aussi... elle m'a chargé de vous remettre un message... vous désirez l'entendre? Demanda-t-elle, visiblement hésitante dans ses propos.

- Faites, faites...fit-il gagnant en impatience.

- Alors, voilà, textuellement, ce qu'elle m'a dit, et elle se jeta dans une longue récitation, manifestement apprise par coeur :

A vous, Aldarin, roy d'Erindor, j'adresse ce message,

Vous ne vous souvenez manifestement pas de moi, mais moi, je me souviens de votre visage. Je me souviens de votre satisfaction lorsque vos troupes semaient chaos, désolation et mort au prétendu nom du très-haut. Sans doute aurais-je du mourir avec les miens, mais le destin en a voulu autrement. Destin dont je me suis permise, a cette occasion, d'être la main, ou le fil conducteur. Sachez que la maladie de votre femme n'est due qu'a un poison assez subtil de ma composition, et que vos trois fils seraient prêt a vendre leur âme pour moi. Il m'a fallu deux ans pour arriver a ce résultat, mais je le pense satisfaisant. Vos fils, en plus de se déchirer, complotent déjà contre vous, pour me complaire, aussi, je serai magnanime et vous donnerai une chance d'effectuer une sortie digne de vous. J'ai donc donner a la jeune femme qui est sans doute devant vous un somnifère aux effets assez longs, qui vous permettra, si vous le désirez, de ne pas sentir la froide lame d'un poignard se glisser dans votre dos. Je n'aurai pas l'ironie de souhaiter une longue vie au roy et a son royaume.

La jeune femme sortit ensuite une petite fiole d'une de ses poches, la déposant non loin du souverain, d'un geste plein de circonspection. elle s'hâta ensuite de quitter la chambre qui tout a coup semblait devenue minuscule, et rejoignit les couloirs du chateau.

Le roy resta un instant quoi devant ce message, qui peu a peu se fraya un chemin a travers son esprit frappé d'une intense stupeur. Une vengeance... une simple vengeance avait détruit l'oeuvre de toute une vie, en balayant bien d'autres au passage. Sans un mot, sans une hésitation ni l'ombre d'un tressaillement, il prit la fiole, la déboucha et but d'un trait son contenu. Et alors que sa raison se ternissait lentement en même temps que sa conscience, un éclair de lucidité le traversa alors qu'un autre zébrait cruellement le ciel. Cette servante... il l'avait déjà vue... et cela faisait deux ans qu'elle vivait au chateau... A travers la pluie, alors qu'un dernier éclair venait illuminer sa vie, il put apercevoir une silhouette quittant la ville promise a un chaos futur...


ecrit en ecoutant metallica - and justice for all

Par Silwenne le 13/6/2002 à 16:52:51 (#1649195)

Excellent, j'attend la suite :)

Par Nayah le 13/6/2002 à 17:55:05 (#1649545)

:lit: en voila du suspense :) superbe..allez la suite !

Par Yganor Wallace le 13/6/2002 à 18:37:55 (#1649774)

Zut j'ai cru qu'on parlait de moi en lisant le titre :ange:

Ceci dit le texte est tres beau, félicitations :)

Par Carna Rogue le 13/6/2002 à 19:47:11 (#1650154)

oups, je corrige les fautes *a du partir vite de chez elle avant de pouvoir le faire*

Peut-être aurais-je du préciser : extrait d'un sombre passé... en espérant que les ogrimariens trouvent l'histoire a leur goût et digne d'un dieu du chaos *kiss Azulynn*

Par Bardiel Wyld le 13/6/2002 à 19:57:54 (#1650221)

Et une icône RP, une :p j'attends la suite :)

Par Gabriel Thylin MSF le 14/6/2002 à 0:37:43 (#1651841)

:lit: excellent :)

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