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Le lieu magique...

Par Vrittis le 21/5/2002 à 15:11:42 (#1500363)

La mule avançait péniblement sur le petit chemin de caillous, ne suivant le passage étroit que parce que le jeune homme qui la tirait par les rènes semblait de mauvaise humeur. Tout comme elle. Elle agita les oreilles par deux fois et secoua la queue. L'homme qui la montait se mit à rire.
" Hé bien, Lupin, on dirait bien que notre brave Mag est moins tétue que toi. Elle semble au moins faire contre mauvaise fortune bon coeur. "

Le jeune homme se tourna vers l'homme, les yeux luisants de colère, et aboya : " Premièrement je ne m'appelle pas Lupin. Vous ne cessez de m'appeller ainsi alors que mon prénom est Sylvain. Deuxièmement, Mag a gaché sa vie à votre service, elle est sans doute habituée à des quètes sans but et sans espoir, contrairement à moi.
- Hé la, hé la, mon jeune apprenti! Un peu de respect " fit l'homme d'une voix sévère. Il se pencha en avant et tapa du bout de son baton sur le crâne du jeune homme. " Si on m'avait prévenu de ton sale caractère avant que je te prenne sous ma houlette, j'aurais peut être refléchi à plusieurs fois avant.
- Et vous auriez refusé? " questionna hargneusement le jeune homme.
- Qui sait? Peut être devons nous remercier les Naturels de ce que je puisse te faire rentrer un peu de plomb dans la tête... " répondit il d'un air réveur. Il se garda de dire à haute voix qu'un voyage de quelque jours en étant obligé de chasser ou cueillir sa nourriture, en dormant sous la pluie et à tous vents était un excellent moyen de briser la résistance d'un jeune chiot fougueux, en plus d'une excellente manière de mesurer les capacités d'un individu...
" Allez, nous repartons, Lupin. "
Le jeune homme poussa un soupir sonore et reprit sa marche sur les caillous en tirant Mag par ses rènes. La jument reprit son chemin, l'homme juché sur son dos, un sourire aux lèvres...

Le chemin commença par s'élargir tout en descendant en pente douce. Un bruit d'eau s'élevait, de plus en plus fort au fur et à mesure de la descente. Sylvain sentait les rènes mollir dans sa main alors que la vieille Mag accélèrait le pas en sentant l'eau. La promesse d'un bain qui soulagerait ses pieds fatigués et couverts de poussière le fit sourire. Forbern le faisait marcher pieds nus, pour le faire "rentrer en contact avec la Terre mère", mais il avait l'impression que la Terre mère n'avait envie que de s'abreuver de son sang...
D'un autre coté, si ce genre d'apprentissage faisait des hommes tels que Forbern... il jeta un coup d'oeil rapide à son maitre par dessus son épaule. Forbern était large, musclé, impressionant, et malgré son épaisse toison blanche, ils étaient peu ceux qui l'auraient appellé vieillard. Et encore moins ceux qui l'auraient fait à portée de ses oreilles qu'on auraient dit capables de percevoir le moindre murmure. Sylvain haussa les épaules et regarda à nouveau devant lui... Mag commençait à prendre de la vitesse, et il allongea le pas pour qu'elle ne le dépasse pas.

Ils arrivèrent près de la rivière toujours sur le chemin de caillous qui s'était élargi et qui devenait plus bas la berge elle même. Et encore devant eux, une cascade répandait sur les alentours une fine brume brillante. Sylvain sourit en sentant la fraicheur l'entourer; il jeta un coup d'oeil à Forbern qui inclina la tête en assentiment. Sylvain lacha les rènes de Mag, puis par pure vengeance claqua de la langue. La mule se mit à trotter gaillardement vers l'eau. Elle pénétra dans la rivière et ne s'arréta en pilant que lorsqu'elle eut de l'eau jusqu'aux genous. Forbern qui ne s'attendait pas à cet arrèt brusque tomba brusquement et se retrouva assis, le derrière dans l'eau. Sylvain se mit à rire alors que son maitre se relevait en riant aux éclats.
Puis Forbern se mit à courir à toute vitesse vers Sylvain qui poussa un cri de surprise. Avant qu'il ait pu regagner les arbres qui bordaient la rive, Forbern l'attrappa: " Ca alors, mon garçon, tu semble bien prompt à vouloir faire gouter la fraicheur aux autres, il serait dommage que toi même n'en profite pas. " lui déclara Forbern avec un grand sourire. Sylvain se sentit soulevé à bout de bras, puis projeté dans la rivière. Le froid de l'eau lui coupa presque le souffle, mais il se mit à rire, rire comme il n'avait pas ri depuis longtemps...
Mag se contenta de contempler les deux hommes s'asperger mutuellement en remuant la queue, guère convaincue de leur sagesse.

Sylvain regretta quand même d'avoir été jeté dans l'eau ce soir la. Ses habits ne séchaient pas, et le feu fournissait tout juste assez de chaleur pour cuire les malheureux poissons qu'il avait réussi à attrapper tant bien que mal.
Il contempla son maitre du coin de l'oeil, mais celui ci semblait parfaitement se contenter de poisson à moitié cru. Sylvain pinça les lèvres et se concentra sur la cuisson de son diner.
La scène de l'après midi lui revint en mémoire, et ses interrogations revinrent une fois de plus. Peut être cette fois ci... peut être qu'il obtiendrait des réponses...
" Maitre Forbern?
- Mhhh? " répondit Forbern qui était occupé à déchirer un morceau de poisson avec les dents
- Pourquoi m'avoir choisi? Je veux dire... je n'étais pas le plus fort, ni le plus intelligent des apprentis que vous auriez pu avoir à la dernière fète de l'été. Ca fait maintenant deux ans que j'apprends avec vous, et...
- Et tu n'as pas l'impression d'avancer, c'est ça?
- Pour être honnète, pas du tout... "

De l'ombre ou il se tenait, comme oublieux du froid qui devait le transpercer tout autant que Sylvain, Forbern grogna. "Lupin, mon garçon, il faut que tu comprennes; les Naturels décident et nous obéissons. Tu te souviens de la légende...
- La légende des Naturels, oui Maitre, je m'en souviens... " répondit Sylvain agacé par sa dénomination en Lupin. La lubie avait pris le maitre récemment, après l'hiver qui avait été si rude. Un matin il avait réveillé Sylvain et lui avait dit de but en blanc: " Désormais tu t'appelleras Lupin. ". Sylvain avait tempété, protesté, ragé, mais rien n'y avait fait. Pour Forbern il était désormais Lupin, et rien d'autre...
- Alors raconte-la...
Sylvain soupira et tendit les mains vers le feu... Il rassembla ses souvenirs et commença à parler.

Par JimJim Sylvae le 21/5/2002 à 15:22:17 (#1500411)

:monstre: :lit:

Par JimJim Sylvae le 21/5/2002 à 15:31:14 (#1500445)

Comme d'habiude j'aime beaucoup
et j'attends avec impatience la suite ...

l'Amande amère , rapée ou pilée ?

Par Kaesryn le 21/5/2002 à 16:19:25 (#1500686)

L'amande amère ... rapée ou pilée ?

Je dirais presque pilonnée et rapetissée ^^

Jim ? Return in your bed ! :p

Quoi quoi quoi je floode moi ?

Ok je sors ... Schmidt et Lapeyre m'attendent hihi

PS : Vrittis tres joli hihihi

PPS : Vrittis ... on doit aller se taper un doute un de ces quatres pour l'autre fois

PPPS : Vrittis j'ai beaucoup aime cette histoire ... continue ^^

PPPPS : Vrittis ? Non rien :p

Par Vrittis le 21/5/2002 à 17:23:09 (#1501059)

Après que les Dieux eurent peuplé le monde qu'ils avaient créé de leurs vassaux personnels, ils décidèrent de laisser ce monde se développer à sa guise, et de ne revenir voir ce qui s'était passé que bien plus tard. Le temps des Sans-Dieux fut une époque chaotique, ou la guerre embrasa de nombreuses contrées. Des armées furent levées, et toutes les créatures d'origine divines combattirent comme jamais elles n'auraient du combattre.
Tous, des fieres créatures de magie pure au sauvages combattants, des Enfants de l'aurore aux Pères des ombres, s'affrontèrent sur des terres qu'ils laissèrent désolées derrière eux, incapables de donner vie à nouveau. Le monde fut ravagé par le feu de la colère...

Seuls certains "illuminés" comme les appelaient leurs frères refusèrent le combat. Chacun décida de quitter son clan, sa famille, sa ville, et partit sur les chemins, vagabond loin des siens. Beaucoup moururent, frappé par la haine que la guerre engendrait. Mais nombreux furent ceux qui se retrouvèrent en un lieu caché. Là, unissant leurs volonté et franchissant les barrières de l'espèce, de la langue, ils travaillèrent à un projet commun.
Après septs jours d'efforts, leur message partit vers les Dieux, rappellant ceux ci à leurs responsabilité.
Les Dieux revinrent et furent furieux de voir ce qu'avaient fait leurs créatures. Mais alors qu'ils s'apprétaient à détruire leurs créations, ceux qui les avaient appellé les interpellerent. La puissance de leurs paroles réunies retentit sur tous alors qu'ils rappellèrent aux Dieux qu'ils étaient aussi responsables de la situation. Et les Dieux furent pris d'une grande honte en entendant ces paroles. Ils renoncèrent à détruire le monde et firent de ces créatures des messagers qui pourraient faire entendre leur voix au nom des dieux. Et ils les nommèrent Naturels... Depuis les Naturels parcourent le monde et parlent pour la paix...


Sylvain ouvrit les yeux qu'il avait fermé pendant son récit, et regarda Forbern. Ce dernier reposait, les yeux fermés lui aussi, le dos contre un arbre. Alors que Sylvain s'apprétait lui aussi à s'endormir, la voix de basse de son maitre l'appella doucement: " Que signifie cette légende, selon toi? "
Sylvain réfléchit un moment avant de répondre. Il articula lentement ses idées, telles qu'elles lui arrivaient: " Cela signifie que les Naturels ont un statut spécial, et qu'ils sont aptes à juger les situations, de par leur entrainement, mieux que la plupart des humains... "
Forbern ouvrit les yeux et jeta un regard pénétrant sur son apprenti. Les braises se reflétaient en lumières de miel sur ses iris bruns: " Et?... "
Sylvain paniqua un peu, ne sachant pas ce que Forbern attendait de plus. " Et... euh... ". Un silence géné s'installa, et Forbern referma les yeux. " Tu n'es pas encore prèt on dirait. Pourtant c'est si proche...
- Qu'est ce qui est proche Maitre?
- Tu verras bien assez tôt... Allez, éteins le feu et dormons tous deux. "

Sylvain éparpilla les braises d'un baton, écrasant les plus résistantes sous un caillou. De toute manière la rivière toute proche lui garantissait un feu sans danger, mais Forbern insistait particulièrement pour que tout feu fût éteint avant d'aller se coucher. Puis il s'étendit, la tête sur la couverture de selle de la mule. Il se demanda comment Forbern faisait pour dormir aussi inconfortablement depuis qu'ils étaient partis, deux semaines auparavant. Son maitre pouvait s'appuyer contre un arbre, dormir quelques heures la nuque cassée contre l'écorce et se réveiller frais comme un gardon.
Sylvain remua quelques instants, cherchant à creuser un nid dans les caillous avec son corps, puis ferma les yeux. La couverture sentait la mule dont il entendait les sabots claquer sur les pierres, toute proche...

L'odeur se faisait de plus en plus forte alors qu'il sombrait dans le sommeil. ... Soudain, il aperçut un croissant de lune qui se découpait dans le ciel, bien qu'il n'eut pas ouvert les yeux. L'odeur de Mag assaillit soudain son museau, coupée de milliers d'autres. Un terrier de lapin se trouvait non loin, et un blaireau passait dans les bois tout près. Sylvain sentit soudain son odeur, chaude et odorante, ainsi que l'odeur de Forbern. Curieusement lui sentait le miel et les baies. Sylvain trotta doucement vers le campement. Le bruit de l'eau se faisait de plus en plus fort... trop fort. Sylvain entendait les taupes fouir dans la terre en dessous de ses pattes. Puis il entendit le bruit que faisait son corps en remuant sur les caillous, par dessus la couverture de laine.
Il se réveilla soudain en hurlant de peur. Un instant il entrevit deux yeux d'opale qui le fixaient, puis les yeux se détournèrent et une ombre fila vers la protection des arbres. Il se leva d'un bond, haletant de peur. Une voix de basse le ramena à la réalité : " Du calme Lupin.
- M... Maitre, c'est revenu!
- Je sais. Je l'attendais.
- Vous... vous l'avez délibérément laissé approcher. Vous vous servez de moi comme appat! "

Les yeux de Forbern étincellèrent alors que sa voix se chargeait de colère : " Imbécile, tu ne comprends toujours pas, malgré tout ce que je t'ai appris. C'est toi qui l'appelle. C'est pour toi qu'il vient depuis toutes ces nuits. Et ce soir... " . Il soupira profondément puis reprit, plus calmement. " Lupin, tu ne dois pas avoir peur. C'est pour cela que nous entreprenons ce voyage, pour que tu deviennes un Naturel.
- Mais... je ne suis pas déjà un Naturel?
- Non, être un Naturel ne s'apprend pas. Il faut... il faut un lien... particulier. "
Un instant Forbern sembla illuminer tout autour de lui, et Sylvain ne sut pas ce qu'il voyait. Puis la lumière s'adoucit, et il revit son maitre tel qu'il l'avait toujours connu.
" Allez, rendors toi. Il ne reviendra pas ce soir " reprit Forbern avant de se rallonger. Mais malgré les assurances de son maitre, Sylvain ne referma pas les yeux de la nuit...

Le lendemain il regretta la présence de la cascade qu'il avait tant appréciée la veille. L'humidité incessante lui avait fait prendre froid, et c'est avec la gorge enrouée qu'il appella Mag pour la charger des quelques paquets qu'ils avaient pris avant de partir. Forbern surgit du sous-bois, l'air satisfait. " Alors mon jeune Lupin, bien dormi? ". Sylvain ne répondit rien, se contentant d'un regard noir. " Très bien, en ce cas, tu te sens d'attaque pour notre escalade! "
Sylvain jeta un regard incrédule autour de lui, contempla la forèt sur les deux rives, puis la rivière qui serpentait paresseusement et disparaissait derrière un virage. Puis il se retourna vers la cascade et contempla la falaise d'ou elle tombait.
" Non...
- Si! " lui rétorqua Forbern avec un grand sourire.
- Mais... et Mag?
- Mag passera très bien sur ce petit chemin que tu ne distingues pas encore, mais qui devrait être suffisament large.
- Mais... "
Forbern s'était juché sur la mule, et s'étira aux rayons du soleil levant. Puis il se tourna vers son apprenti: " A moins que tu désires tenter l'escalade en plein soleil de midi, je préconiserais que nous partions maintenant " et au regard écoeuré que lui lança Sylvain, il répliqua par un jovial " En route mauvaise troupe! ". Sylvain commença à guider Mag vers la falaise...

Par Averoes Landis le 21/5/2002 à 18:42:38 (#1501547)

:lit:

*ouvre un oeil*

*jette un regard*
(vous pouvez le garder, j'en ai d'autres)

*ferme son oeil*


*ouvre la bouche*

- Bravo mon Vrittis. Très intéressant. :) . On attend la suite à présent :p .

*ferme la bouche*
(les mouches sont traitres cette année)

Par PépéBoucRoux le 21/5/2002 à 21:35:07 (#1502660)

Bravo Vrittis !

J'aime beaucoup ton style. Et l'absence de fautes d'orthographe (qualité que l'on aimerait plus répandue) ajoute au plaisir de te lire.

On attend la suite :)

ljd PépéBoucRoux

Bravo Vrittis

Par Eloïse Praxa le 22/5/2002 à 0:07:11 (#1503643)

Il y en faut du courage pour écrire une histoire de cette longeure :eek:


J'ai pas encore lit la 2eme partie mais je m'y attèle :lit: :lit: :lit:

Par Vrittis le 22/5/2002 à 10:37:12 (#1505068)

Le soleil frappa les trois voyageurs alors qu'ils approchaient de la base de la falaise. Au milieu des goutelettes projetées par la force avec laquelle l'eau tombait, Sylvain ne voyait pas grand chose. Soudain des arc-en-ciels apparurent, se mélangèrent, ondulèrent, se brisèrent. Sylvain resta un instant stupéfait devant le spectacle et s'arréta. Mag secoua les oreilles et le poussa gentiment de la tête. Il était bien beau d'admirer tout cela, mais autant le faire d'un endroit sec. Sylvain regarda attentivement, avant de se retourner, perdu: " Ou est le chemin que nous devrons emprunter Maitre? Je ne vois toujours rien.
- Fais confiance à Mag, elle le connait bien. " répondit Forbern avant d'ajouter, plissant les yeux " D'ailleurs, Lupin, ferme les yeux.
- Pardon Maitre?
- Ferme les yeux, et laisse Mag te guider.
- ... "

Sylvain faillit argumenter avant d'obéir. Il ferma les yeux et commença à avancer au même rythme que Mag. Juché sur la mule, Forbern regardait son apprenti avec attention, sans dire un mot. Sylvain avançait doucement, pas à pas, la main sur le flanc de Mag, soudain conscient il ne savait comment du moindre relief, du moindre point ou poser les pieds pour ne pas être déséquilibré. Il distinguait parfaitement le moindre crissement de caillous sous ses pieds, de manière quasi surnaturelle. Il avança ainsi sur les quelques mètres qui le séparait de la falaise dans la brume de la cascade. La voix de son maître explosa soudain à ses oreilles et il ouvrit les yeux.
" Alors, tu l'as senti, non?
- Senti?
- Lupin, ne joue pas l'idiot, j'ai vu que tu l'avais senti. J'ai... " s'interrompit Forbern avant de reprendre " Tu as peur, Lupin! Ton pouvoir t'effraye! C'est pour cela que tu le refuses!
- ... "
Sylvain s'enferma dans un mutisme boudeur alors que Mag posait le sabot sur un chemin étroit qui serpentait le long de la falaise. Forbern soupira en regardant le jeune homme prendre la tête sur le chemin. " Tête de mule " soupira t'il avant de se pencher et de flatter l'encolure de Mag. " Sans vouloir te vexer, bien sur... "

Les trois voyageurs entamèrent leur escalade. A mesure de la montée, Sylvain se déridait en sentant ses muscles se dérouiller, et il sentait le soleil chauffer doucement son corps. Pas après pas, ils se rapprochaient du sommet de la falaise, allant à un rythme régulier. Sylvain se retourna quelques fois et constata que Forbern dodelinait de la tête; cela suffit à le rembrunir. Ce fut d'une humeur mitigée qu'il fit son premier pas au sommet de la falaise, avant de se retourner et de contempler le paysage.
A ses pieds, à une distance plus grande que ce qu'il s'imaginait avoir grimpé, la forèt servait d'écrin au métal liquide de la rivière. La cascade sortait de la falaise elle même en un flot assourdissant avant de se fracasser en embruns multicolores au pied du chemin qu'ils venaient de monter.
Le soleil faisait briller les frondaisons des arbres de milliers de verts, émeraudes végétales qui bougeaient lentement sous le vent.
Forbern descendit de la mule et vint se placer à coté de lui. Ils contemplèrent le paysage tous deux sans qu'aucun se décide à briser la magie du moment. Finalement Forbern parla le premier: " Viens. Nous devons poursuivre notre route, elle n'est pas encore finie. ".
Il se retourna et repartit vers Mag. Sylvain baissa encore les yeux vers la rivière et s'appréta à se retourner pour obéir... lorsque son regard fut attiré par un mouvement au bord de la rivière; il plissa les paupières. La forme qui bougeait était grise comme les caillous sur lesquels elle marchait, et la distinguer était difficile.
Forbern se retourna alors qu'il s'apprétait à se hisser sur Mag et vit son apprenti hypnotisé par quelque chose en contrebas. " Lupin! Vas tu te décider à venir ou non?
- Ou... oui Maître " répondit Sylvain en se détournant de la falaise avec difficulité. La forme avait semblé se diriger vers le pied de la falaise... vers le chemin...

Ce fut un apprenti fort irritable que Forbern eut à gérer pendant toute la journée. Le haut de la falaise se révéla beaucoup moins agréable que la forèt qu'ils venaient de traverser. Le plateau sur lequel ils se trouvaient était couvert d'une herbe plus sèche et uniquement de quelques buissons épineux. Le sol n'était recouvert que d'une mince couche de terre qui n'offrait de prise à des arbres et à leur ombre. Sylvain ressentait avec difficulté la chaleur, et malgré la capuche censée le protéger du soleil direct il avait l'impression de cuire vivant.
Forbern fredonnait au rythme des pas de Mag, et la mélodie pourtant plaisante irritait tant Sylvain qu'il finit par prendre de l'avance. Forbern haussa les épaules, amusé, et continua à chanter.
Le paysage ondulait sous la chaleur lorsqu'ils s'arrétèrent aux alentours du zénith. Un buisson qui s'avéra malheureusement urticant leur fournit un minimum d'ombre, et Sylvain fut fort satisfait lorsque Mag commença à le brouter, accomplissant ainsi une vengeance qu'il estimait bienvenue.

" Jusqu'ou allons nous voyager Maitre?
- Tu n'apprécies pas le trajet?
- Si mais... " Sylvain faillit un moment parler de la forme sombre qu'il avait aperçu en bas de la falaise, puis décida de n'en rien faire " ... je commence à me dire que le voyage est fatiguant.
- Si les Naturels s'étaient réunis en un endroit facile d'accès, ils auraient été en plus grand danger encore.
- C'est la ou nous allons? Je croyais...
- Tu croyais quoi?
- Mais Maître, c'est une légende!
- Et alors? Les légendes ne sont souvent que des histoires romancées.
- Mais...
- Vois tu Lupin, tu as le potentiel pour faire un grand Naturel, mais il te manque le Contact.
- Le Contact? " reprit Sylvain, sentant instinctivement la majuscule dans le terme.
- Les Naturels transcendèrent les espèces, les différences. Ce n'est pas qu'une légende non plus. Le Contact est l'ouverture de la voie vers les autres... c'est tout. C'est simple; et complexe à la fois. Mais ne t'inquiètes pas, tout se passera bien. "
Forbern lui lança un sourire rassurant, mais ses dernières paroles glacèrent Sylvain. Ce dernier ne se rappellait que trop la manière dont son maitre lui avait appris à nager. La manière avait été plutôt forte.

" Nous allons nous reposer encore quelques temps, pour laisser le soleil décroitre un peu, puis nous repartirons " précisa Forbern avant de s'allonger. Il se mit rapidement à ronfler, laissant un Sylvain perdu s'imaginer les pires choses. Cependant celui ci se laissa gagner peu à peu par la torpeur, et finit par s'allonger. Sa respiration se calma, et il sombra dans un profond sommeil.
Seule bougea pendant un moment Mag, qui secouait parfois les oreilles, un tressage malhabile de paille censé la protéger du soleil sur la tête.
Puis, sans un bruit, Forbern se redressa sur ses coudes. Il s'approcha silencieusement de Sylvain, et plaça ses mains de chaque coté de la tête du jeune garçon qui dormait profondément. Un bruissement se fit entendre dans le buisson, et Forbern releva la tête vers les deux yeux d'opale qui luisaient doucement. " Pas tout de suite. Je dois d'abord l'aider... ". Les deux yeux disparurent et Forbern soupira profondément avant de ramener son regard sur le garçon endormi. Une douce mélopée commença à s'échapper de ses lèvres...

Par Cyran le 22/5/2002 à 10:37:53 (#1505072)

Pffff ils floodent tous ta jolie histoire :p
Tu comprends pourquoi moi j'écris d'abord tout ;)

Cyran, partagé entre étude et écriture :doute:

Par Vrittis le 22/5/2002 à 14:10:39 (#1506256)

Sylvain est tout jeune. Il joue avec sa soeur dans une courette derrière la chaumière de ses parents. Sa soeur est en train de tresser une couronne de fleurs, une activité typiquement féminine pour Sylvain qui préfère de loin s'amuser avec le beau baton droit qu'il a trouvé tout à l'heure. Il en a déjà fait une épée, une baguette magique. La dernière incarnation du bout de bois est une lance. Sylvain la précipite sur un oiseau imaginaire, et la lance disparait sous le couvert des arbres qui bordent l'arrière de la chaumière. Sylvain regarde, bien embété, l'endroit ou il va devoir aller récupérer son morceau de bois. Il est hors de question qu'il ait seulement un moment de peur devant sa soeur. Alors il prend son courage à deux mains et s'enfonce dans l'ombre sous les arbres.

Il a l'impression de se trouver dans l'église du village le plus proche; des rayons lumineux percent la voute de feuilles et viennent frapper le sol, colorés en vert, ou en rouge parfois. Sylvain se sent tout petit devant la beauté du lieu, et il en oublie presque ce pourquoi il est la. Il doit retrouver son jouet rapidement cependant, car ses parents n'apprécient guère qu'il joue seul dans la forèt. Il a déjà entendu sa mère pleurer parce qu'on l'avait retrouvé en train de jouer avec des renardeaux. Il s'en souvient; de sa chambre, il avait entendu son père parler de "possédé", d'"enfant bète"... Il n'a pas très bien compris ce que cela signifiait, mais il n'a pas aimé faire pleurer sa mère, alors il n'a pas envie de recommencer et il se dépèche de chercher.

Au moment ou il retrouve le baton, il est tout heureux. La bordure du bois est toute proche, alors il s'apprète à courir vers la maison dont il devine les murs tous proches... quand soudain il se voit tourner le dos. La lumière est étrange, comme doublement colorée. Il se retourne lentement et se fait face. Sylvain voit un louveteau gris, aux yeux d'opale, qui le fixe étrangement. Il devrait partir, mais a l'impression de se voir lui même, que s'il part il va perdre une partie de lui. Alors Sylvain fait un premier pas vers le louveteau, hypnotisé par ces grands yeux lunaires. Le louveteau avance vers lui aussi et ils ne s'arrètent que lorsqu'ils sont proches à se toucher.

Sylvain tend la main vers le louveteau, et... un cri retentit soudain. Sa soeur est à l'orée du bois, et lui hurle de s'écarter. Il ressent la peur du louveteau qui se met à fuir à toute pattes, le flux d'adrénaline le submerge, puis les arbres se mettent à tourner tout autour de lui et il s'évanouit... il a l'impression de voir un loup plus grand a coté de lui lorsqu'il tombe, et deux grands yeux couleurs d'opale qui l'avalent dans sa chute...

Forbern s'écarta de son apprenti, toujours agenouillé, et il gronda doucement: " Le contact a été rompu... c'est rare... mais maintenant la peur du loup et de sa soeur l'ont bloqué... ". Le soleil était bien plus bas que ce qu'il avait pensé. Il renifla l'air doucement, en grandes inspirations, puis murmura " Attend un peu, tu seras completé avant la fin de la nuit. " dans la vague direction du buisson. Puis il entreprit de ramener Mag qui était partie explorer quelque peu les environs.
Lorsqu'il revint, Sylvain était toujours allongé et dormait profondément. Un peu inquiet, il se secoua par l'épaule. Sylvain marmonna dans son sommeil, puis ouvrit les yeux brusquement!
" F.. Maitre Forbern!
- Hé la " répondit son maitre avec un grand sourire. " Tu vas réveiller tout le voisinage avec ce genre de cris...
- J'ai révé... encore le même rève " murmura Sylvain.
- Ne t'inquiètes pas Lupin, ce sera fini ce soir. Allez, nous devons reprendre la route. " fit Forbern en se redressant.
- Oui... "

L'après midi passa morosement, le maître et l'apprenti ne s'adressant la parole que pour quelques mots laconiques. Sylvain se sentait horriblement mal, avait l'impression de trébucher à tout moment, et devait résister à l'envie de se mettre à quatre pattes pour courir. Le ciel s'était couvert, et des éclairs menaçaient derrière eux.
Ce fut un grognement de satisfaction de son maître qui attira l'attention de Sylvain sur leur destination finale. Il releva les yeux et, en plissant les paupières, parvint à distinguer une sorte de plateau qui s'élevait au dessus de la plaine sur laquelle ils marchaient. Les bords semblaient rougeoyer malgré l'absence de soleil. Ils en étaient encore loin, mais voyant Forbern talonner Mag, Sylvain comprit qu'ils camperaient la bas ce soir. Il pressa le pas lui aussi, ne sentant même plus les broussailles sur ses chevilles.

Ce n'est que lorsqu'ils arrivèrent à un kilomètre de la formation rocheuse qui surplombait la plaine que Sylvain se rendit compte de son gigantisme. Malgré la nuit qui tombait il pouvait se rendre compte de l'immensité de cet étrange phénomène géologique. Forbern lui aussi semblait impressionné. Les bords étaient de terre rouge, striés par les pluies. De temps en temps un éclair de chaleur semblait frapper le sommet de la formation rocheuse, et un craquement assourdissant retentissant. Tout autour quelques arbres se pressaient, comme à l'abri. Lorsqu'ils arrivèrent aux alentours des premiers arbres, Forbern fit stopper Mag et mit pied à terre avant d'attacher la mule à un arbre. " A partir de la nous continuons à pied. ". Sylvain retint la remarque amère que lui était à pied depuis le début du voyage, et emboita le pas à son maitre.

Ils arrivèrent au pied d'une muraille de terre rouge. Sylvain leva les yeux. Forbern s'agenouilla et prit un peu de terre dans ses mains, puis la laissa couler entre ses doigts. "Lupin...?
- Oui Maître?
- Ce soir... ce soir tu ne dois pas avoir peur. Tu dois me faire une entière confiance.
- Bien Maître. " Sylvain déglutit péniblement, et regarda à nouveau vers le sommet de la montagne, angoissé. " Nous montons tout de suite Maître?
- Non, nous attendons...
- Quoi?
- Quelqu'un.
- Qui?
- Lui... "
Le ton de la voix de Forbern fit se retourner Sylvain. Il fouilla des yeux l'obscurité, tentant de voir quelqu'un. Puis un éclair soudain frappa derrière lui, et il vit le loup. Il fit un pas en arrière, affolé, et dérapa sur la terre rougeâtre.
" N'aies pas peur!! " aboya Forbern, qui reporta son regard sur le loup. " Je te présente Sylvain. " ajouta t'il en tendant la main vers le loup.
- N... Non! Je suis Sylvain! C'est moi...
- Et c'est lui aussi. "

Sylvain écarquilla les yeux. Un autre éclair frappa, suivi quasi instantanément du claquement du tonnerre. La pluie se mit à tomber, les premières gouttes frappant le sol au rythme du coeur de Sylvain...

Par Mekere le 22/5/2002 à 16:59:55 (#1507262)

Il est des mots que l'on ne se lasse jamais d'entendre.. il est des voix que l'on ne se lasse jamais d'ecouter...

Le plaisir d'un voyage immobile... celui d'avoir des amis... meme si ils ne sont que mots dans les pages d'un livre...

Que les mots chantent ou pleurent... nous les attendrons avec le même ravissement...

Par Vrittis le 27/5/2002 à 13:38:10 (#1536158)

Le loup avança, et Sylvain referma ses doigts sur la terre rouge. La peur l'envahit encore plus lorsqu'il croisa les yeux du loup et qu'il y vit les étoiles d'opale qui l'avaient tant effrayé dans ses rèves depuis quelques temps...
Le loup continuait à avancer. Sylvain voulu réclamer l'assistance de Forbern, mais lorsqu'il tourna les yeux vers son maitre, il eut un nouveau choc. Les yeux de son maitre brillaient d'une lumière brune, et ses bras, son visage se recouvraient d'une fourrure qui grandissait à vue d'oeil. Il grogna et ses dents brillèrent un instant à la lumière d'un nouvel éclair. Sylvain se mit à pédaler des pieds vers l'arrière, ses talons creusant des sillons dans la terre alors qu'il fuyait les deux créatures...

" Tu ne dois pas avoir peur. Ceci est ta réelle identité " grogna la forme qui avait été Forbern en avançant vers Sylvain. " Tu dois accepter le Loup en toi. "
La peur empéchait Sylvain de répondre, et il regarda son maitre avec des yeux grands écarquillés. Forbern ressemblait à un ours à présent. Et comme s'il avait lu une question muette dans son regard, son maitre reprit: " Oui, je suis un Naturel de l'Ours, et toi tu es un Naturel du Loup... Croyais tu que transcender les espèces n'était qu'une légende, qu'une image pour les Naturels?
- V... vous voulez dire qu'ils étaient réellement...
- Que nous sommes! Tu fais partie des notres! Accepte le Loup, Lupin, et tu seras un à nouveau. Il le faut pour pouvoir devenir un Naturel...
- Je... je... "

Sylvain eut soudain l'impression que le monde basculait autour de lui, et que la raison le fuyait. Il se redressa soudain et partit en courant dans la pluie, dérapant et manquant à tout moment chuter dans les flaques. L'eau dégoulinait dans ses yeux, mais tout ce qu'il voyait c'était les deux yeux d'opales qui l'avaient regardé en s'approchant; et ce qu'il n'osait s'avouer était qu'il avait reconnu dans ce regard l'étincelle qui brillait dans le sien propre...
Il s'étala de tout son long dans une flaque un peu plus profonde que les autres et cela lui permit de regagner un peu ses esprits. Il se releva plus doucement... et posa ses yeux sur le loup. Il fit un pas en arrière et sentit deux gigantesques bras se refermer sur lui. La voix plus grave de Forbern murmura à son oreille: " Puisque tu ne peux te résoudre à te montrer sage et à accepter ce que tu es, tu nous force à employer les grands moyens.
- Maître... que faites vous?
- Je t'aide à te retrouver.
- Non! Vous ne pouvez pas... "

Sylvain commença à se débattre, mais la poigne de l'homme ours était trop puissante pour qu'il puisse songer à se libérer. Il se sentit rabattu vers la terre rouge sang et se mit à insulter l'homme qu'il avait cru et qui l'aavit entrainé dans cet endroit maudit.
" Foutue crevure, vous m'avez trompé! Immonde monstre! "
Forbern se pencha vers lui et pendant un moment le regarda. Sylvain fut si frappé par le regard triste de son maitre qu'il se tut: " Je m'attendais à ce que tu comprennes... je me suis trompé... "

Sylvain ouvrit la bouche pour répondre mais une des pattes de Forbern s'abattit sur son visage, l'assomant proprement. La tête de Sylvain retomba dans la flaque rouge sang...

La lumière est étrange, comme doublement colorée. Il se retourne lentement et se fait face. Sylvain voit un louveteau gris, aux yeux d'opale, qui le fixe étrangement. Il devrait partir, mais a l'impression de se voir lui même, que s'il part il va perdre une partie de lui. Alors Sylvain fait un premier pas vers le louveteau, hypnotisé par ces grands yeux lunaires. Le louveteau avance vers lui aussi et ils ne s'arrètent que lorsqu'ils sont proches à se toucher.

" Ce satané gamin ne comprend donc pas l'importance de tout cela. Je dois vraiment être un mauvais maître... ou un mauvais pédagogue... "
Forbern trainait le corps évanoui de Sylvain entre les arbres, le loup à ses cotés.
" Le Contact a été rompu au mauvais moment. Je vais devoir... " Forbern hésita et jeta un regard de coté au loup. " ... bah tu sais aussi bien que moi ce qu'il va falloir faire. "
Il allongea Sylvain sous un arbre. Les éclairs redoublaient de fréquence au sommet de la formation rocheuse.
" Maintenant... "
Forbern se pencha au dessus du corps de son apprenti, et d'une griffe tranchante, il s'entailla la patte. Le sang commença à couler en gouttes épaisses sur les lèvres de Sylvain...

Soudain Sylvain a l'impression que le temps ralentit. Alors que sa main s'approche du pelage du louveteau, les poils sur son bras se dressent et sa main se nimbe d'une lumière étrange.

" ... il est prèt à te recevoir. " continua Forbern. " J'espère que mes leçons auront porté leur fruit. Donne lui la Sauvagerie dont il aura besoin rapidement. Je ne sais pas s'il tiendra longtemps. "

Et Forbern se pencha sur Sylvain, saisit sa tête entre ses deux énormes pattes et brisa le cou de son apprenti d'un coup sec. Le loup s'approcha et offrit sa gorge à l'homme ours. " Tu as intéret à réussir Lupin " murmura Forbern avant d'égorger le loup et de déposer les lèvres de la blessure béante sur celles de Sylvain.
Puis il s'assit et attendit, sa fourrure détrempée par la pluie. Il regarda quelques instants le sang se méler à la terre rouge et soupira...

Des formes sombres se dressent autour de Sylvain et du louveteau. Elles approchent à pas lents des deux jeunes. Le louveteau découvre les dents et grogne en les voyant. La main de Sylvain brille de plus en plus fort, et la luminosité le blesse presque. La fourrure de l'animal brille elle aussi.

Sa main touche enfin le louveteau... et lorsque Sylvain plonge les yeux dans les deux lacs de couleur opale, il se sent en paix. Plus rien ne peut l'atteindre. Les souvenirs d'une vie entière se déversent enlui, et il sent des milliers de fois l'ivresse de la chasse, il voit des milliers de fois le soleil se lever et se coucher.
Il entend au loin le loup hurler lui aussi lorsque se déverse en lui toute une vie humaine. Les deux êtres se rejoignent totalement au milieu des flots de vie.

Forbern contemplait les deux corps posés l'un sur l'autre. Il avait l'air sombre et ne sourit que lorsqu'une lumière douce commença à apparaitre. Bientôt il fut obligé de détourner les yeux pour les protéger. " Il a réussi... Il a réussi!!! "
La créature se leva sous la pluie et poussa un rugissement victorieux. Derrière elle, une créature presque identique gisait au pied d'un arbre...

Par Cyran le 27/5/2002 à 17:35:06 (#1537452)

la suite, la suite, la suite... *a hate de connaître la suite :p*

Par Vrittis le 28/5/2002 à 17:04:32 (#1543703)

La pluie tombait comme si elle n'avait jamais l'intention de céder. Lupin émit un grognement sourd et Forbern fut à ses cotés en un instant : " Ca va, petit?
- ...
- Ne bouge pas trop pour l'instant, tu vas aller mieux dans quelques instants. "
Forbern regarda autour de lui. La nuit tombait peu à peu, quasi indiscernable sous l'ombre épaisse des nuages mais l'homme ours la ressentait avec des sens bien au delà de la vue. Il regarda vers le sommet de la gigantesque colline de terre qui le dominait puis reporta son regard vers Lupin dont le corps se mouvait de manière malaisée. Une partie de lui se sentit bizarrement pessimiste: " Il n'y arrivera jamais, pas dans son état... ". Son coté optimiste le sermonna: " Souviens de la puissance, de la force. Souviens toi de l'énergie qui coula dans ton corps abreuvant tes muscles d'une capacité que tu aurais jurée infinie... "
Forbern se retourna et contempla les éclairs qui frappaient régulièrement; il était tellement absorbé dans ses pensées qu'il n'entendit pas son apprenti se relever derrière lui...

Il était Sylvain, un humain. Il était Lupin, un loup. Qu'était il exactement? Il ne savait plus ou étaient les limites de son corps. Il tenta de se souvenir. Le passé forgeait un individu en ce qu'il était, en cherchant son passé il trouverait...
Il se souvint d'une après midi ou il avait chassé un lièvre particulièrement vivace avec sa soeur. Quand ils l'avaient pris, sa soeur lui avait offert du thé dans les petites tasses en bois que lui avaient façonné leur père, tout en dévorant le lièvre à même le sol.
Il se souvint d'une chute dans la grange ou il avait joué à escalader des bottes de paille avant de tomber et de se briser la patte dans un piège de chasseur. Il avait été capturé et emmené pour être vendu, mais son père et sa mère étaient venus à sa rescousse...
Il hurla de peur en se rendant compte qu'il n'arrivait plus à se retrouver, en étant témoin de l'alliance de ces souvenirs disparates...
... et ouvrit brusquement les yeux sous la pluie, sa bouche ouverte en un cri silencieux. Forbern lui tournait le dos. Forbern qui l'avait tué. Il revit les deux pattes de son ... maître se poser de chaque coté de sa tête et la tordre en un angle impossible. Ce foutu monstre l'avait tué! Ce salaud indigne de la confiance qu'il lui avait aveuglément porté pendant ces années d'apprentissage!
Sylvain/Lupin se redressa silencieusement; une rage sauvage coulait dans son corps, brulant avec passion...


Une seconde plus tard, les deux créatures roulaient dans la boue; Lupin/Sylvain était pris d'une rage destructrice folle et il frappait de manière plus impressionante qu'efficace. Forbern cria par dessus les roulements du tonnerre: " Calme toi Lupin! Tu vas... ". Sa phrase se perdit dans le bruit que fit le poing de Sylvain/Lupin en s'écrasant sur sa machoire. Ses yeux se mirent à briller dans l'ombre et un grognement effroyable s'échappa de sa gorge.
Le prochain coup de Sylvain/Lupin s'enfouit dans la patte massive de Forbern. Ce dernier frappa du front et Sylvain recula en posant une main velue sur son mufle ensanglanté. Il leva des yeux perdus sur son maître.
" J... je...
- Alors tu as encore envie de te battre, Lupin? " grogna Forbern, quasi accroupi sur la terre, les pattes prètes à faucher son adversaire si celui ci avançait.
- Maître... je... " Sylvain/Lupin avança d'un pas.
- Recule! " hurla Forbern avant d'ajouter, mauvais " Rejoins moi près de Mag quand tu seras calmé. Mais seulement si tu es prèt à continuer.
- Mais... " Sylvain/Lupin sentit les larmes lui monter aux yeux devant ce qu'il ressentait comme une injustice " vous ne m'avez même pas laissé le choix!!!
- Le choix est une responsabilité trop lourde pour certains parfois. Et ce monde a trop besoin des Naturels pour qu'il existe un 'choix'!". Il prononça le mot avec un mépris évident et s'enfonça dans l'ombre.
Sylvain hurla à la forme qui s'éloignait :" Et comment retrouverai je Mag, je ne sais même pas ou je suis!! " mais la seule réponse qui lui parvint fut le bruit des gouttes qui frappaient le sol.

Mag ruminait sa longe du bout des lèvres depuis un moment lorsqu'elle sentit à nouveau l'odeur du loup. Elle ne s'affola pas, habituée qu'elle était à ce qu'il les suive depuis un moment déjà, mais elle fut tout de même étonnée lorsqu'elle vit le jeune garçon sortir du rideau liquide devant elle et s'arréter à coté d'elle. Elle tourna le regard vers lui et dilata ses naseaux lorsqu'il lui caressa la tête. L'odeur émergeait définitivement de lui.
" Vous ètes la? " Lupin/Sylvain plissa les yeux pour mieux voir et renifla quelques fois. Il avait pu retrouver Mag si facilement malgré la pluie qu'il y croyait encore à peine. Son nez l'informait de la présence de Forbern, mais...
Quelques feuilles bruissèrent au dessus de lui, et un bruit sourd s'écrasa dans son dos, il se retourna et contempla son maitre accroupi.
" Tu es revenu pour te battre?
- Non. Je suis revenu...
- Oui?
- Je suis revenu pour comprendre... Pour comprendre ce qui a fait que vous avez pu me tuer sans l'ombre d'un remord pour me transformer en... " il regarda ses 'mains' " cela. Pour comprendre ce que je suis.
- C'est l'humain en toi qui parle, le loup sait déjà tout cela. Mais soit... Tu verras. Tout à l'heure.
- Quand?
- Quand la pluie s'arrètera. Alors nous pourrons escalader... " et en disant cela, son regard monta le long des flancs imposants.
- Et que cherchons nous en haut? "

Forbern se mit à rire doucement. " Moi je n'y cherche rien. Toi tu y trouveras ton Achèvement. " Et sur ces mots il s'accroupit au pied de l'arbre et se tut en regardant la pluie.

Par Vrittis le 3/6/2002 à 18:42:32 (#1585094)

La nuit s'assombrit encore. On ne distinguait aucune étoile, et seuls les éclairs, étrangement nombreux, illuminaient le paysage. La pluie venait de s'arréter, et Sylvain/Lupin regardait le haut plateau ou ils allaient finir la nuit, selon les termes de Forbern. Son coeur était tiraillé entre la peur et l'excitation.

La peur car il ne savait pas ce qui l'attendait la haut, ni même s'il en redescendrait. Après tout Forbern l'avait tué une fois, et rien ne disait qu'il ne devrait pas recommencer une seconde fois, pour le "bien" de Sylvain.
L'excitation car le temps passé sous l'arbre lui avait permis d'explorer un peu plus ses nouvelles capacités; en dehors de son odorat devenu exceptionnel, il se retrouvait aidé d'une légère nyctalopie. Plusieurs fois il avait du réfréner son envie de partir en courant, juste pour tester sa nouvelle puissance. Il savait qu'il était différent; il avait l'impression d'être pris dans un filet de sensations, d'odeurs, de sons, d'images totalement nouveaux pour lui.
Il avait aussi l'impression de quelque chose d'autre, une... présence, qui l'observait et le jugeait, à la lisière de ses perceptions. Une présence neutre, mais infiniment puissante...

Sylvain/Lupin s'ébroua alors qu'une goutte d'eau coulait de ses cheveux entre ses omoplates. Forbern le regarda, et grogna: " Tu es prèt?
- Je crois... aussi prèt que je le serai jamais...
- Très bien. Nous y allons... " et il se leva.
Il se tourna vers Mag: " Reste ici et appelle moi en cas de problèmes. "
Sylvain regarda son maître étrangement. Que la mule l'appelle. Il faillit poser la question, mais se mordit les lèvres. La nuit était déjà assez folle comme cela, et il ne voulait pas que Forbern le regarde à nouveau avec un air exaspéré...

Les deux hommes partirent au petit trot dans la nuit. Sylvain/Lupin ne sentait aucune fatigue, il vait l'impression qu'il aurait pu courir ainsi jusqu'à la fin du monde. Finalement ils arrivèrent au pied de la colline de terre rouge. Sylvain huma l'air et se retourna vers Forbern: " Du fer? Cette terre est riche en minerai.
- Oui, du fer. Et bien d'autres choses... Allez, arrète de bavarder. Nous partons. "
Sur ces mots, Forbern se jeta sur la paroi comme s'il voulait l'empoigner à bras le corps. Sylvain resta un moment interdit, persuadé qu'il allait glisser et atterrir à ses pieds, mais stupéfait il regarda son maitre s'elever régulièrement. Reprenant ses esprits, il avança vers le flanc rendu boueux par la pluie.

L'escalade fut rude. Malgré ses talents, sa force et sa vitesse nouvellements acquises, Sylvain/Lupin manqua dévaler la pente de nombreuses fois. Ce n'est qu'aiguillonné par les paroles moqueuses de Forbern qu'il parvint à dépasser les limites qu'il s'était lui même fixées. Ses mains munies de griffes acérées se plantèrent dans la glaise meuble, le retenant au dernier moment. Ses jambes musclées se crispèrent, cherchant tout point d'appui qui lui permettrait d'avancer sur la paroi. Ses yeux fouillèrent la nuit pour chercher les passages plus faciles...
Malgré lui, Forbern dut se déclarer impressioné. Le petit se débrouillait très bien. Très très bien même... Il se rendit compte en posant le pied sur le sommet que ce qu'il avait péniblement réussi, après quelques chutes très douloureuses et décourageantes, avait été bien plus aisément réussi par Lupin. Il attendit son apprenti, et c'est en souriant qu'il lui tendit la main pour le hisser finalement sur le plateau.

Les yeux de Sylvain quittèrent son maître pour se fixer sur l'étrange évènement derrière lui. Au milieu du plateau, une sphère étrange d'énergie brillait. D'elle partait tous les arcs électriques qui piquaient le ciel au dessus d'eux...

Par Averoes Landis le 4/6/2002 à 12:14:48 (#1589611)

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