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Retour à Trandling - 7ème partie

Par Dodgee MIP le 20/5/2002 à 15:17:21 (#1494399)

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Sarsadhar. Pendant ce temps, dans les terres du nord...

La plaine est une vaste toile herbeuse mouchetée de quelques forêts d'épineux, qui s'étire des montagnes d'Airain jusqu'aux passes de Kelar-Azun.

Les terres y sont riches, abondantes en gibier, les rivières y sont froides et remplies de poissons vigoureux, et le paysage là-bas est un tableau de couleurs vives et persistantes, des verts profonds et des jaunes chaleureux contrastant avec le bleu aigue-marine du ciel.

Sarsadhar... Aussi loin dans le Septentrion, les hivers sont rudes. Les nombreux troupeaux d'élans sont obligés de migrer vers le sud pour trouver de quoi se nourrir et, en même temps que les récoltes, l'automne est la courte période pendant laquelle les chasseurs vont ramener de quoi remplir les réserves et les entrepôts, avant qu'un épais manteau de neige ne pousse la Nature au sommeil.
"Eté pesant sur Sarsadhar, furieux hiver se prépare" racontent les anciens. L'année dernière n'a pas fait exception, alternant à un été étouffant un hiver extrêmement rigoureux. Cette année encore, la belle saison a été particulièrement ensoleillée et chaude, et au moment où les premiers jours de l'automne sont déjà annoncés par de timides couleurs pourpres et orangées, les voyageurs qui reviennent des montagnes d'Airain parlent d'orages d'une violence rarement égalée de mémoire de Sarsadharites.
Cependant, la préoccupation présente des habitants n'est pas la mauvaise saison, le sujet de leurs conversations ne porte pas sur les récoltes exceptionnelles à venir. De part et d'autre de l'étendue fertile, des cavaliers se croisent, portant des missives de village en village. La région a été parcourue de soubresauts, d'agitations fébriles, tel hameau s'est vidé du jour au lendemain, tandis qu'un autre a vu s'ériger autour de lui une maigre et futile palissade de bois. Des communautés entières se sont déplacées, abandonnant les champs ondulants sous le soleil, lourds de blés dorés. Des hommes ont quitté leurs familles, qui du vétéran de Trandling, qui de l'adolescent à peine en age de prendre les armes, pour se rallier à la bannière du baron Heyron de Lutri et de ses pairs.
Depuis le début du mois, de noires colonnes de fumée griffent le ciel azuré, marquant les dévastations des légions maudites et leur avancée journalière à l'intérieur des terres.
La guerre a frappé aux portes de Sarsadhar.
L'homme du haut de la colline observe la rivière, qui dans sa plus grande largeur mesure une quarantaine de pieds, pour une dizaine de profondeur. En dépit de la chaleur du milieu de journée et de la lourde armure de plate qui l'écrase sur son destrier, il se tient haut et droit, et malgré ses cheveux gris blancs et les nombreuses rides qui sillonnent son visage carré, il semble encore un adversaire formidable. Les hommes rassemblés derrière lui forment un groupe hétéroclite, quelques chevaliers en armures complètes côtoient des soldats venus des quatre coins de la région, des paysans, des miliciens comme des marchands, tous ayant décidé de prendre les armes pour défendre leur contrée. Leurs origines et leurs âges sont aussi divers que les feuilles colorées qui jonchent les sous bois, mais une même détermination les habitent, un sentiment en grande partie tiré de leur confiance en cet homme qui les guide aujourd'hui. Comment ce dernier pourrait-il montrer une quelconque faiblesse, alors que leurs coeurs battent à l'écoute du sien? La poitrine de l'homme s'affaisse imperceptiblement.
Le cavalier se souvient des remparts de Trandling, ornés de brillants gonfalons, et des hauts faits d'armes qui ont été accomplis sous les emblèmes des maisons vassales du Duc. Aujourd'hui une poignée seulement d'étendards flottent sur la colline, dont quelques-uns uns, déchirés lors des précédentes escarmouches, n'ont pas eu le temps d'être rapiécés et cousus. Placée au-dessus des autres, là où auraient du se trouver les armes glorieuses de Trandling, vole une bannière fascée de sinople et d'argent à tête de sanglier, le blason de Lutri.
Le baron Heyron se rappelle avec tristesse de la chute de la cité-forteresse, et de son dégoût lorsque les membres du Conseil se sont disputés les territoires encore intacts, tels des charognards autour du cadavre encore fumant du duc. L'un d'eux a t'il fait disparaître l'enfant du duc? Ou ce dernier a t'il péri avec son père?
Quoiqu'il en soit, ces mêmes intrigants, à la mort du seigneur Kaastrig de Cymod, se sont empressés de lever chacun leur ost, non pas dans le but de s'allier contre l'ennemi commun, mais bien de sécuriser leurs terres fraîchement acquises. Quel bien cela leur a t'il fait? Lorsque l'assaut a finalement été donné, venant non pas des lointaines steppes du nord mais de la passe de Trandling, ils ont été dispersés les uns après les autres comme des fétus de pailles dans la tempête.
A Cymod se sont rassemblées les restes de leurs armées vaincues, et tardivement le Conseil a appelé à une coalition contre les légions mort-vivantes. Pendant ce temps, le fléau a gagné en ampleur, dévorant telle une gangrène les terres du nord, absorbant dans ses rangs les victimes tombées sur le champ de bataille comme les innocents frappés dans leur sommeil. Il y a quelques semaines, l'infection est arrivée en Sarsadhar, corrompant l'air d'une odeur pestilentielle, empoisonnant l'eau des fleuves et des ruisseaux, s'insinuant dans les esprits. L'armée du baron n'a cessé de reculer, échangeant du terrain pour du temps, ramassant les réfugiés dans son sillage, avec l'espoir que de Cymod viendra l'aide salutaire. Malgré quelques accrochages, ses hommes ont toujours su se replier en bon ordre.
Jusqu'à aujourd'hui.
Le noble sait que derrière lui, les plaines n'offrent plus aucun relief et que les rares et maigres forêts ne fourniront aucun abri à sa modeste armée. La Luliune est le dernier obstacle qu'il peut opposer à son adversaire implacable, une muraille d'eau vive vers laquelle il espère repousser les assaillants qui traverseront le grand pont de pierre en contrebas.
Sur sa gauche, dans le bois de l'autre coté de la route, il a dissimulé sa troupe d'archers, en grande partie des membres de la célèbre confrérie des Flèches d'If. Pour les protéger il leur a adjoint des hommes d'armes et combattants survivants des fiefs voisins, résolus à prendre une revanche sur la destruction de leurs maisons et de leurs familles. Un vieux druide du nom de Thylanon et son épouse sont venus leurs prêter main forte, et le baron espère qu'ils sauront aider ses soldats à tenir leur position.
... Trop peu nombreux, il en a conscience. Beaucoup d'autres ont préféré fuir, et il les comprend. Quel homme sain d'esprit irait combattre les morts au risque de se retrouver face à face avec d'anciens compagnons?
Plus loin, la route fait un coude et contourne un talus sur lequel la forêt vient s'appuyer. Il a regroupé derrière le monticule la majorité de ses chevaliers. La cavalerie attendra son signal avant de surgir sur la route et charger leurs ennemis qui seront soit accrochés à flancs de colline soit engagés dans la forêt, si le plan se déroule sans heurt. Sans possibilités de maneuvrer avec la rivière dans leur dos, les morts vivants seront vraisemblablement désorganisés.
Sur son escarpement, il a placé ses vétérans, des hallebardiers aguerris qui combattent pour la maison de Lutri depuis des années et ont affronté les légions dès leur apparition. Il les a dispersés parmi les paysans qui ont rejoint son armée au fil des jours, afin de leur donner morale et cohésion. A sa droite, plus haut encore, une centaine de roturiers armés d'arcs trouvés pendant leur périple attendent ses ordres. Ce sont des brigands pour la plupart, attirés par l'appât du gain et à la loyauté précaire, menés par le capitaine mercenaire Mennar Un-Oeil.
Sa garde personnelle doit attendre l'ennemi au pont, tenir le plus longtemps possible avant de rompre et de se replier sur la route. Ces hommes sont tous des volontaires, car ils savent que beaucoup ne survivront pas à l'engagement initial. Parmi eux, et ce malgré l'opposition et les protestations du vieux baron, se trouve le prêtre-guerrier Heyralben, sa fierté, sa joie... son fils.
En tout, un millier de soldats. Un maigre chiffre comparé aux Légions. Malgré les semaines et les jours, aucun messager n'est revenu de Cymod. Pourtant, le baron Heyron de Lutri ne peut plus repousser l'affrontement.
La légende de Trandling parle d'un homme, un paladin à l'armure immaculée. Un Berseker. C'est grâce à lui que la cité aurait tenu si longtemps, à cause de lui que les barbares, laissés exsangues par le siège meurtrier, auraient rebroussé chemin après avoir pillé la forteresse.
Le baron est un pragmatique.
Il a vu trop de batailles, trop de morts stupides ou héroïques pour croire aux légendes. Quel que soit le talent au combat d'un homme, il ne saurait influer l'issue d'une guerre entière. Tellement d'événements peuvent se produire, une flèche perdue, un obstacle imprévu... C'est pour cela que lors d'une campagne, l'instinct doit se soumettre à la raison, la réflexion précéder l'action, et le guerrier laisser place au stratège.
Au-delà de la Luliune, une nuée de poussière l'arrache soudainement à ses pensées.

(par Galadorn)

Par Llenlleawg le 20/5/2002 à 20:52:43 (#1496417)

:chut: :lit:
Pressons nous de lire cet épisode. Le suivant vient juste de sortir.

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