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Retour à Trandling - 3ème partie

Par Dodgee MIP le 18/5/2002 à 20:25:41 (#1486502)

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Alors que les derniers rayons du soleil embrasent le ciel de flèches rouge et or, recouvrant les murs en ruine de la cité de Trandling d'un linceul d'ombres, un grand hibou blanc vient se percher sur une poutre épaisse et noircie.

Ses larges yeux sont à moitié fermés, et l'oiseau se dandine d'une patte sur l'autre, attendant sans doute que la nuit soit complète avant de prendre son envol, avant de partir en chasse.
Loin sous l'ancienne ville ducale, dans les profondeurs de la terre, un homme court à l'aveuglette. Courbé, il agite ses bras devant lui pour reconnaître le terrain, s'aide des débris sur le sol pour avancer presque à quatre pattes. Si la lumière pouvait pénétrer en ces lieux maudits, elle offrirait le spectacle d'une bête traquée, puant la sueur et l'urine. L'homme porte les reste d'une armure de plaques d'ancienne facture, dont la plupart des pièces ont été arrachées à la hâte. Son surcot est déchiré à de nombreux endroits, taché de sang et de boue, mais sur la poitrine du guerrier les armes du griffon d'argent frappant senestre sur azur sont encore reconnaissables. Ses yeux grands ouverts, leurs pupilles dilatées à l'extrême dans l'obscurité totale, expriment une terreur sans fond, inextinguible, sa bouche aspire de façon saccadée l'air vicié de ce labyrinthe de pierre. Son arme, une masse sept fois bénie par le Grand Prêtre, gît abandonnée loin dans les ténèbres, au milieu des cadavres de ses huit compagnons, les moines-guerriers les plus aguerris et les plus puissants du Monastère de Tornheim.
Malgré l'entraînement mental extrême des prêtres, les barrières que l'esprit du fuyard a érigé pour se protéger des créatures des catacombes de Trandling ont cédé dès leur premier assaut. Se réfugiant dans les limbes de son subconscient, il a abandonné son corps à une angoisse animale, et ses frères à leur mort lorsqu'il a ainsi brisé le Cercle des Neuf pour prendre la fuite.
L'homme ne ressent ni remord ni peine, submergé par une terreur qui dépasse la simple peur de la mort, qui lui noue les muscles, l'agite de tremblements et lui fait perdre le contrôle de sa vessie. Une seule idée habite sa tête: fuir.
Se heurtant aux parois dans sa course folle, ses doigts sont meurtris jusqu'au sang tandis qu'il gratte la pierre pour tenter de se hisser, de passer instinctivement l'obstacle en continuant sur sa lancée, puis il se rend compte de l'inutilité de son acte. Il repart aussitôt dans une autre direction, rampant et courrant à moitié, pour s'engloutir dans les ténèbres.
Plus profondément encore dans la terre, enfouie sous des tonnes et des tonnes de roche, une respiration lente déchire régulièrement le silence d'un raclement sifflant, glisse le long d'une voûte immense. La salle titanesque est éclairée par un unique brasier de flammes vertes qui, reflété à travers les cristaux géants qui surgissent du sol, du plafond et des murs, dispense une lumière dansante et blafarde. Le feu, au lieu de réchauffer les lieux, semble en absorber toute vie comme l'avide maelström attire les navires vers leur destruction. La température est glaciale.
Une silhouette imposante s'avance entre les colonnes translucides, parée d'une armure noire comme la nuit et rehaussée de liserés d'argents et de motifs runiques. Sous la cuirasse, une cotte de mailles noires descend jusqu'aux hanches, pour venir couvrir les jambières du même métal sans éclat. Deux épées, l'une droite l'autre légèrement recourbée, sont attachées à ses cotés. Tandis qu'elle effectue de longues enjambées, chacun de ses pas résonne d'un claquement sec qui remonte vers les hautes tiges de cristal et les fait vibrer.
Au centre de la salle, un autel de basalte repose sur une estrade en forme d'étoile, et dessus, un corps est allongé. A l'extrémité de chacune des branches de la surélévation, se tient un guerrier immobile comme une statue, à l'armure en tout point identique à celle du nouvel arrivant. La poitrine du corps se soulève à chaque inspiration, et posée sur sa peau nue, une pierre rougeâtre parcourue de veinules sombres, palpite au même rythme qu'un coeur.
"- Maître...".
Le marcheur, arrivé enfin au pied de l'autel, s'agenouille. Il a ôté son heaume en forme de masque démoniaque, mais son visage n'a plus rien d'humain. Il y a quelques dizaines d'années des hommes auraient pu reconnaître dans ce visage froid, aux pommettes saillantes et aux cheveux gris coupés courts, parcouru par une longue cicatrice du menton jusque sous l'oeil gauche, les traits de Kerdshain le renégat.
Le plus brillant de tous les prêtres-guerriers du Monastère de Tornheim, Kerdshain excellait à la fois aux armes et dans les disciplines de la Source. Par ses prouesses il forçait le respect et l'admiration de tous ses frères, et plus encore, sa modestie et sa gentillesse en faisaient l'un des hommes les plus aimés et appréciés du monastère. Un jour, pourtant, il quitta brusquement l'abbaye, et le Conseil des Frères ne donna aucune explication à son départ. Dix jours plus tard, le Grand Prêtre était découvert mort, écartelé sur son lit, ses boyaux enroulés autour de son cou, ses globes oculaires arrachés et forcés dans sa bouche. Enfoncée dans son crane se trouvait l'épée de Kerdshain.
Aujourd'hui, les yeux du renégat sont deux globes de noirceur, la peau de son visage semble être en perpétuel mouvement, comme animée par une créature qui chercherait à s'extraire du crane de l'ancien prêtre guerrier sans encore y parvenir.
"Je vous apporte les souffles de vie des intrus, afin que vous puissiez vous en nourrir, Maître."
Le guerrier vêtu de noir sort d'un sac qui pend à ses cotés huit coeurs sanglants qui pompent encore un fluide imaginaire, les présentent brièvement au corps sur l'autel avant de les jeter dans les flammes vertes. Chacun des organes s'embrase immédiatement, et la combustion semble être accompagnée à chaque fois d'un soupir de regret ou de désespoir. Le cristal rougeoyant scintille brièvement huit fois, avant de reprendre sa teinte terne parcourue par une sourde lumière rythmée.
Le corps ne bouge pas.
"Mes anciens frères d'armes ont retrouvé ma trace, et pensent que je suis la puissance qui se terre sous les ruines de la cité. Ils ont reconnu la manière dont j'ai brisé le sceau qui vous interdisait de revenir dans votre antre, mon Maître, mais ils ignorent tout de mes raisons."
L'être qui fut Kerdshain fait une pause, comme pour réhabituer sa langue à articuler, à extraire de nouveau de sa gorge des sons qu'il n'a pas proféré depuis des années. Sa voix pourtant est étonnamment douce et chaude, contraste brutal avec son visage ravagé.
"Les prêtres-guerriers sont venus pour m'abattre, et d'une manière que j'ignore encore, ils ont réussi à déjouer le Labyrinthe d'Obscurité. Cependant ils ont été trop présomptueux, et je les ai facilement vaincus avec l'aide de vos serviteurs et de la Garde Noire. Le dernier des moines doit encore courir dans les couloirs des catacombes, mais il ne tardera pas à mourir.
Ils ne savent pas que je vous ai trouvé après la mort du seigneur Draki et ramené ici, et pourquoi les morts si récents se relèvent. Votre pierre de tristesse les appelle, Maître. Les barbares du Nord en attaquant Trandling nous ont fourni une armée de cadavres à la porte de votre ancien domaine. Bientôt vos pouvoirs -"
La main gauche sur l'autel se met à trembler, se lève avec lenteur et d'un signe arrête les paroles du Capitaine de la Garde Noire. La respiration sifflante s'interrompt un instant, comme si les poumons emmagasinaient l'air avant un effort important, et une voix enrouée monte du corps il y a quelques secondes inerte. Le rougeoiement de la pierre s'affole, s'accélère.
"- Le... dErnIer RêVeur va VeNiiR... Je le senssSSsss... AaamènEe MmOi sA pIerRe de dEsTinéE."
Puis le souffle meurt, le silence retombe de longues minutes avant que la respiration ne reprenne. Le guerrier incline la tête.
"- Il en sera fait selon votre désir, mon Maître. Votre volonté anime mon bras."

(par Galadorn)
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Zeed est reparti pour Trandling, emmenant avec lui quelques compagnons, quelques amis... Qui sait ce qu'il va trouver la bas? Une fois de plus le destin, le devoir l'a appelé, et il n'a pas hésité à répondre, à engager sa vie pour défendre ce qu'il croit juste...
J'ai regardé le navire s'éloigner... J'aurais encore pu les rejoindre, m'envoler pour rejoindre ces valeureux combattants, pour une dernière bataille sans doute. Je ne me fais guère d'illusions sur l'expédition. Zeed non plus sans doute. Ces combats à venir sont sans espoir, à combattre des hordes de morts vivants qui sans cesse se renouvelleront, puisant dans nos rangs pour grossir à nouveau. Là n'est pas le combat, et si j'ai pu le sentir, d'autres le savent sûrement...
J'ai été étonné de voir que Galadorn n'accompagnerait pas son ami pour cette bataille... J'ai d'abord cru que l'infirmité du serveur était en cause, honte sur moi d'avoir pu penser une telle chose de la part du paladin. Jamais il n'aurait écarté son ami pour pareille raison, et s'il lui avait proposé de le suivre, Galadorn aurait sûrement accepté. Non, j'ai un étrange sentiment, comme il y a bien longtemps à présent. Je sens une fois de plus le poids du destin sur ces frêles épaules, sur ce jeune homme qui recherchait les traces du nécromant Limish, dans la crypte de Raven's Dust. A l'époque, il s'en était fallu de peu qu'il ne succombe au chevalier Crânenfeu...
Allons, il n'est sûrement pas trop tard pour aider mes amis...

(par Dodgee)
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Et les vents soufflaient, soufflaient comme un homme aux joues bien rondes, soufflaient dans les voiles du navire, et dans leur souffle Alith Anar sentait la vie.
Pourtant, celui qui se faisait passer pour un jeune illusionniste du nom d'Herbie Hancock et qui affichait sur son visage une invincible sérénité, dissimulait en lui un grand tumulte.
"- Mais non Alith, la magie ne fonctionne pas comme cela, comment veux tu te faire passer pour un mage dans ces conditions?"
"- Je me permets de rappeler que c'est vous qui avez pris l'initiative de nous changer en mage, mais aussi bien réalisé soit le costume, quand le moment sera venu de montrer mes prétendus pouvoirs, et bien j'aurai l'air fin."
"- Soit, j'admets avoir beaucoup surestimé tes capacités, et comme il est de mon tort, à titre exceptionnel c'est moi qui tiendrais les rennes de notre enveloppe charnelle en cas de danger."
Alith Anar fut surpris de la décision de l'esprit, d'ordinaire il n'était pas dans ses habitudes d'exercer un contrôle physique sur leur personne.
C'était comme un petit plaisir qu'il ne se réservait qu'en de très exceptionnelles circonstances, une surprise rare pour attirer l'attention, car il était particulièrement avare en démonstrations de pouvoir.
Mais peut-être qu'en vérité il sentait au plus profond de son être un danger.
Un danger immense, face auquel il ne pourrait se permettre la faiblesse.

(par Alith Anar)
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Après s'être entraîné aux armes avec ceux de ses compagnons qui les pratiquent, le paladin ne peut empêcher ses pensées de revenir vers ceux qu'il a quittés. Il se demande combien d'entre eux survivront s'il échoue. Il se demande si Galadorn réussira.
Son regard se porte ensuite sur ses compagnons. Certains sont là pour les mêmes raisons que lui. D'autres par soif d'aventure. Qui sait si cela ne cèderont pas... Qu'importent ces questions. Elles trouveront bien leur réponse en temps et en heure.
Puis ses pensées se portent en avant du navire, vers la côte et la petite cité où ils doivent débarquer dans quelques jours. Ils resteront en ville seulement le temps nécessaire pour régler quelques détails et trouver des coursiers pour porter quelques missives vers d'autres villes. Pour toucher quelques autres personnes sûres dont il sait qu'à son appel elles prendront le chemin de la guerre, entraînant comme lui ceux qu'elles croiseront sur les chemins.
Les lettres sont déjà prêtes. Chacune destinée à toucher un être. Comme autant de flèches :

Mon frère,
Je suis profondément désolé de devoir troubler ta quiétude.
Tu sais déjà pourquoi cette lettre t'est parvenue. Trandling est le siège de graves troubles. Les morts se sont levés. Il nous faut combattre. Je fais route vers Cymod pour y lever une armée. Il nous faut aussi convaincre le conseil de l'ampleur du danger et de la nécessité d'envoyer des troupes anéantir le mal qui ronge la cité-forteresse. Chacun de nous à son tour fut le gardien du tombeau. Chacun de nous connaît les rituels à accomplir pour vaincre et renvoyer dans les limbes celui qui n'aurait jamais du les quitter. L'Âme pure répondra à notre appel lorsque le moment sera venu. Lui seul, ainsi qu'il est écrit, peut rendre cette victoire définitive. Il nous faudra le protéger de nos vies.
Nous sommes les défenseurs. Et aujourd'hui il nous est demandé d'attaquer. Puissions nous vaincre.
Par le fer et par les flammes,
Par le coeur et par nos âmes.
Zeed Mithror.

Le paladin murmure l'ancienne devise, laissant la brise qui pousse le navire arracher les mots de sa bouche et les porter par delà les mers.
- Par le fer et par les flammes,
Par mon coeur et par mon âme...
Le navire poursuit sa route, courant sous le vent en direction du Nord-Est, emportant avec lui la petite compagnie.

(par Zeed Mithror)

Par Llenlleawg le 18/5/2002 à 20:41:17 (#1486567)

:chut: :lit:
Encore merci à l'auteur ainsi qu'à celui qui me permet de découvrir seulement maintenant le début de cette longue et belle histoire.

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