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Retour à Trandling - 34ème partie
Par Galadorn le 22/4/2002 Ã 21:33:16 (#1329598)
La musique cesse. Elle laisse flotter dans l'air quelques notes mélancoliques, un sentiment d'incertitude soudainement brisé par une question incrédule:
"- Alors vieil homme, tu viens vraiment de Trandling?"
C'est alors que le silence révérencieux explose en applaudissements, accompagnés par les rires qui retentissent autour du grand feu de camp. Les flammes écarlates illuminent les visages d'une teinte chaude et accueillante, rajoutant à l'atmosphère joyeuse de la soirée.
Mais le ménestrel ne s'y trompe pas. Derrière les gaies facades se lit l'acceptation d'une situation désespérée, et dans leurs yeux se mêlent tristesse et résignation. La bonne humeur est forcée, les répliques sont sans relief, les moqueries jaillissent sans conviction.
A ses oreilles exercées pourtant, ces éclats sonnent moins faux que la litanie discordante qui hante son esprit, comme une oraison funèbre à la ville qu'il a tant aimé.
Noire, fumée noire,
Qui sans cesse tournoie, sombres nuées
Joignant terre et ciel, au dessus de la cité,
Symbole d'une victoire.
"- Non, pas exactement... Je suis né et j'ai vécu toute ma vie à Trandling, mais j'arrive de l'ouest." répond t-il au jeune soldat qui lui a posé la question, un garcon aux cheveux roux à peine sorti de l'adolescence. "Après la chute de la cité-forteresse, je suis parti vivre à Erkjavik."
"- Moi aussi je viens d'Erkjavik" s'exclame un gros barbu de l'autre coté du brasier. Quelques mains se lèvent, plus loin dans l'obscurité, accompagnés de murmures d'approbation.
La nuit est claire, un velours noir parsemé d'astres brillants et froids. Vus du ciel, les quelques milliers de feux sur une terre morte en sont le reflet brisé d'un miroir imparfait, un filet dans lequel un géant aurait attrapé les étoiles du firmament. Tout autour, aussi loin que se porte le regard de l'improbable observateur aérien, règnent les ténèbres, à peine dessinées ici et là par un fleuve ou un lac aux couleurs d'argent, absence de toute habitation, de toute vie humaine.
Maitre de chasse, précepteur de l'héritier au duché, poète et musicien, Luis Taer est un homme aux multiples talents. Sa voix malgré les années a gardé ces accents mélodieux qui ont enchanté la cour ducale, et ses mains, même si leur maigreur s'est accrue, n'ont pas perdu leur agilité. Tisseuses d'un enchantement dont il n'est pas l'auteur, elles courrent sur les cordes de son luth comme des araignées sur leur toiles, accompagnant machinalement la mélopée sinistre qui ne joue que pour lui.
Acre, fumée acre,
A travers les murs passent les odeurs,
Des effluves mêlées de sang et de sueur,
Symbole d'un massacre.
Cela fait maintenant presqu'un mois que l'armée de Cymod a rencontré les premiers éléments des Légions, et à l'exception de quelques rapports contradictoires, le corps principal de la Mort qui marche n'a pas pu être localisé. Tel un kraken gigantesque dont les tentacules surgissent de toutes les directions, les cohortes mort-vivantes ont forcé les soldats de Zeed Mithror à progresser avec précaution, sous peine de se voir déborder sur leurs arrières. Ce qui avait tout d'abord débuté comme une confrontation rapide et brutale s'est tranformé en une série d'escarmouches épuisantes pour les guerriers des terres du Nord.
Les Légions semble couvrir les territoires désolés dans son entièreté, et pour avancer l'armée coalisée doit se battre presque constamment, s'enlisant dans une fange aveugle de cadavres qui reviennent à l'assaut avec la régularité des marées. Maintenir les lignes de ravitaillement est devenu une folie ingrate, et les missions de reconnaissance un suicide toujours repoussé.
"- Tu as eu de la chance d'être arrivé jusqu'à nous, troubadour. On raconte que les chariots de vivres qui nous ont rejoint hier sont peut-être les derniers." Hochement de têtes à la ronde, tandis que le ménestrel reste silencieux. Seul le crépitement des branches dans le feu anime l'assistance.
"- Ouais... Ces saloperies de zombies sont en train de nous isoler, et nous n'avons pas assez d'hommes pour continuer vers Trandling tout en gardant nos arrières. Nous sommes cloués ici si nous voulons sauver nos lignes de ravitaillement." ajoute un officier, assis à la droite du musicien.
"- C'est une mort sans fin qui nous attend. Qu'Artherk aie pitié de nos âmes."
"- Tais toi, le Champion de Cymod trouvera quelque chose."
"- Il nous mènera tous à notre perte, oui..."
Les visages se tournent vers la grande tente où sont réunis les chefs de l'armée coalisée. Ce soir, peut être parviendront ils à prendre la décision que quelques uns parmi eux ont déjà deviné. Même pour le voyageur, loin d'être un homme de guerre, les choix sont clairs: ils peuvent soit rebrousser chemin, rassembler une plus grande armée encore, et attendre qu'un jour les Légions se dressent au pied des remparts de Cymod. Soit abandonner tout espoir de retour, renoncer à leurs chariots pour se précipiter vers Trandling et foncer à travers les hordes de mort-vivants, avec peut-être à la clé la chance de détruire les racines du mal.
Rester sur place ne peut signifier que leur anéantissement à plus ou moins court terme.
Mais Luis Taer comprend également les doutes qui habitent les commandants et minent leur résolution: ont-ils le droit de sacrifier des milliers de vie sans la certitude d'un résultat? Peuvent ils promettre à leur soldats que cet acte désespéré permettra à leurs proches et à leur enfants de vivre en paix? La guerre, que voila une triste affaire, pense t'il.
Noire, fumée noire,
Etouffant l'espoir, emportant les cendres
Des morts que l'on peut encore entendre
Du réveil au cauchemar.
Le barde ne sait pas exactement pourquoi il a rejoint l'armée de Cymod.
Le fantome de son seigneur et lige, n'a pas su -ou voulu- lui en dire d'avantage, que ce soit sur le rôle qu'il a à remplir, ou sur le destin de son élève, le fils du duc. Le dauphin d'un fief dévasté par la guerre, dévoré par les hordes de la non-vie, est en réalité le dernier gardien de la Porte des Morts, une sentinelle qui a disparu à la chute de Trandling et qu'il a cru mort toutes ces années.
Quand le ménestrel s'est mis en route, il a cherché des informations supplémentaires auprès des voyageurs et des réfugiés, mais tout ce qu'il pu glaner s'est résumé à des rumeurs incertaines. Un nom, un seul, est revenu au fil de toutes ses conversations, un nom, deux mots, trois syllabes, sèches et immuables: Zeed Mithror, le Démon de Trandling.
L'homme qui a repoussé les hordes de barbares aux prix de la destruction de la cité-forteresse.
"- Vieil homme, nous égayeras tu d'une autre chanson?" Luis Taer n'entend pas la requête.
Le refrain funeste, qui il y a quelques mois a hanté ses nuits, à présent l'accompagne en permanence, et ces derniers jours a enflé au point d'occulter toute entière son attention par moment. Alors que de longues dagues semblent lui transpercer la cervelle dans une torture constante, il s'est habitué au rythme lancinant qui berce maintenant chacune de ses pensées.
"- Troubadour, tout va bien?"
Acre, fumée acre,
Dissimule les larmes, absorbe les pleurs
Il est venu le temps de répandre la peur,
L'heure de combattre.
Celui qui a été le grand veneur du duc de Trandling apercoit un chevalier vêtu de blanc sortir de la grande tente, ce dernier aussitot encadré par neuf hommes portant le griffon d'argent du monastère de Tornheim. L'espace d'un battement de coeur les chants à l'intérieur de son crâne cessent, avant de reprendre crescendo, déchainant une tempête dans sa tête. Alors qu'il voudrait tomber au sol et se tordre de douleur, lachant son luth, saisissant son arc, Luis Taer se lève, des centaines de gouttelettes de sueur ruisselant sur son visage.
Ce qu'il voit avec ses yeux n'est pas ce que son esprit lui hurle.
Ce qui résonne dans sa tête n'est pas ce qui parvient à ses oreilles.
Il sait ce que le fantôme du Duc attend de lui.
Par Dodgee MIP le 22/4/2002 Ã 23:55:15 (#1330401)
Ah mince je l'ai laissé échapper, et voila le post qui remonte :/
Chuuuiiiiiiiiiiissssssss désssssooolllllllllléééééééééééé
Par Kyriane Feals le 23/4/2002 Ã 1:20:58 (#1330717)
Retour à Trandling - 34ème partie
:lit:
Il y en a combien encore comme ça? Ouah...
J'espère faire aussi bien. :p
Par Alith Anar le 23/4/2002 Ã 12:57:00 (#1332069)
Hey, attention, t'allais tomber.
Par Zeed Mithror le 23/4/2002 Ã 16:22:51 (#1333135)
Le Retour à Trandling c'est :
5 ou 6 auteurs,
50 à 60 épisodes, (Deux saisons complètes)
500 à 600 lettres échangées entre les auteurs,
5000 Ã 6000 lecteurs,
50000 Ã 60000 morts (zombies compris)
500000 à 600000 caractères utilisés, (dûment rémunérés, aucun caractère n'a été blessé ou mutilé pendant le tournage)
5000000 à 6000000 secondes pour retrouver tous les épisodes et les relire à un rythme d'un par jour (moyenne constatée par l'institut zeedométrique de maboul, capitale du piéoculte.
50000000 à 60000000 messages d'encouragements (dont près de la moitié provenant du CDMV (Consortium des morts-vivants)
Vala... que de fourberie quand même...
Zeed Mithror,
Paladin pas fin...
Par Celine Mithror le 23/4/2002 Ã 16:24:52 (#1333145)
vous devriez en faire un livre :)
Par Alanis Lyn le 24/4/2002 Ã 13:34:54 (#1337486)
JOL Archives 1.0.1
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