Epître Perdue.

Par Azulynn Kissous le 30/3/2002 à 19:47:55 (#1201024)

Il était tard, très tard, trop tard. La maison familiale de StoneCrest, vieillie par le temps qui passait irrémédiablement, craquait par instants sous les pas de la jeune femme, qui marchait de long en large dans sa haute chambre depuis des heures. Les meubles se fondaient imperceptiblement dans les ombres nocturnes, les tapisseries s'imprégnaient de néant, et seul le bruissement de la robe de la jeune femme sur les dalles froides troublait le silence. A bien y réfléchir, elle ne quittait presque plus cette chambre, faisant de brèves apparitions aux dîners familiaux, où elle impressionait par sa pâleur enneigée, son ton uniformément las, infiniment las. Oh, elle ne savait que trop qu'elle aurait dû sortir, prendre l'air et rire pour si peu au milieu des fleurs printanières à peine éclose, mais elle était tombée dans une habitude morbide. Tous savaient, instinctivement ou inconsciemment, les raisons de ce flétrissement de la douce fleur qu'elle avait été. Mais nul ne savait que dire. La chute avait été dure, très dure, elle s'était laissée dégringoler sans réagir, hébétée. A moins d'un miracle, la convalescence, elle, serait longue, ô combien longue...

Alors elle écrivait. Souvent des heures et des heures à noircir des parchemins sans discontinuer, sans interruption de sa solitude. Des vélins emplissaient la pièce, traînant de-ci de-là, lequel à demi enfoui dans un tiroir, un autre négligemment jeté à terre, ou encore celui-ci roulé en boule et jeté rageusement. L'encre filait sous ses doigts agités, les mots défilaient, en des suites cohérentes... Ou dantesques.


Aimé,

Cela fait si longtemps, où es-tu, m'as-tu oublié ? Qu'étaient donc alors tous ces mots que tu me glissais à l'oreille doucement, tendrement ? Tu sais j'avais beaucoup rêvé, chaque jour était mon été et les chants célestes avaient envahi mon esprit, je chérissais chaque instant car ils me rapprochaient immanquablement de toi. Dois-je encore les désirer ces instants ? Je ne sais plus vers quoi ils me mènent... Je chantais sans discontinuer une ode à la vie bienheureuse, peut-être était-elle aveugle ? Te souviens-tu de cette promesse que tu m'avais demandé de faire, de continuer à vivre sans toi s'il arrivait quoi que ce soit ? Je ne puis. J'essaie, chaque jour j'essaie mais mon sourire me paraît un requiem morbide face aux miroirs. Les étoiles et les eaux même m'ont abandonnée : chaque jour les unes brillent effrontément et les autres recueillent mes pleurs, mais jamais ne m'apportent le repos. Enfant je m'étais glissée dans les eaux de mon beau lac en souhaitant de toute mon âme te trouver, toi que je ne devinais pas encore. Alors je ne savais pas quelles épreuves ces eaux calmes m'apporteraient. Elles m'ont possédé, et quand Danae enfin a disparu et que j'ai cru retrouver l'ivresse de la vie en toi, ces damnées m'ont reprise mon bonheur. Thalandris est là, toujours. Sais-tu qu'il m'exhorte depuis des mois à revenir à la réalité ? Sais-tu que j'en pleure d'impuissance mais que mon coeur s'y refuse malgré tout ? Il est si bon, l'Etre de Lumière, mais chacune de ses paroles de raison ne peut que me déchirer un peu plus, aujourd'hui. Il veille toujours. Il est merveilleux mais il n'est pas toi. Je ne sais plus pourquoi j'écris, même plus depuis quand. Si, je sais pourquoi, parce que toi. C'est très irréel en fait tout cela. Crois-tu que j'ai rêvé tes yeux dans lesquels je me perdais si bien ? Quand bien même, comment les oublierais-je ? Tu sais, avant quand j'errais ici, c'était pour me prendre à rêver béatement de tout ce que j'aurais voulu faire avec toi. La liste traînerait d'ici aux confins du ciel, quand j'y songe. Toutes ces choses parfaitement anonymes qu'on fait même chaque jour, mais avec l'autre cette fois, avec le gardien de la baguette magique qui ajoute un peu de beauté partout. C'était déraisonnable, cette perfection de nos instants, non ? Ils ont eu peur de l'éternité et se sont enfuis lâchement ? Alors, pour les punir, je n'en fais plus rien. Je laisse ceux d'aujourd'hui passer et repasser incessamment, sans leur accorder la moindre importance ou les transcender d'un sourire, ce ne serait que futilités, ils finissent tous par disparaître subrepticement dans les méandres du passé perdu, alors après se retourner les yeux plein de mélancolie parce que ces instants deviennent moins beaux chaque jour. Oh, et puis...
Encore, malgré tout, je ne sais trop pourquoi quand je voudrais te haïr pour oublier... A toi.


Une nouvelle feuille anonyme parmi ses consoeurs vint orner une dalle glaciale...



http://membres.lycos.fr/arwen15/azu2.jpg

Par Hôte des Kissous le 30/3/2002 à 19:52:14 (#1201048)

:eek: :eek: :eek: Les mots me manquent pour qualifier ce texte :lit: :lit: :lit:
Mais ou s'arrêtera t-elle?:rolleyes: :rolleyes: ;)

Par Aina Sanctis le 30/3/2002 à 20:24:17 (#1201184)

Sentir le froid de l'absence, le vide laissé par celui qu'on aime. Vouloir le hair parce qu'il nous laisse seule comme une âme en peine, en être incapable tout simplement parce que le détester c'est se renier soi même.
Chercher à combler le vide en se vidant l'esprit, en épuisant le corps dans des tâches inutiles. Laisser flétrir sa jeunesse, et rester aveugle au mains tendues.
Se punir pour une faute que l'on a pas commise. Se punir parce qu'on aime éperdument un seul être.

Par Legans le 30/3/2002 à 20:34:41 (#1201220)

Azu.. comme toujours fabuleux :)

Par Ancoly Enslaved le 30/3/2002 à 20:48:37 (#1201283)

terrible, meme si c plutot triste... :lit:

Par Maver|ck FPLI le 30/3/2002 à 21:33:51 (#1201436)

http://forums.jeuxonline.info/showthread.php?s=&threadid=76405

(Nouveau Thread car cette réponse ne concerne pas seulement Azulynn mais également un passage important de la vie de Mav)

Par Kyriane Feals le 31/3/2002 à 1:03:03 (#1202184)

:lit:

Mais où vas-tu chercher tout cela...?

*Part chercher le sens du mot Epître*

Epître = Lettre, missive...

Ouah... *dormira moins c... ce soir*

:D

Par Gengis Khan le 31/3/2002 à 3:24:51 (#1202322)

*paf*
Gégé remonteur de post OL

Par Hôte des Kissous le 31/3/2002 à 12:39:54 (#1202955)

*Et repaf!!!*

Hôte, remonteur d'armoires avec Gégé

Par Alanis Lyn le 31/3/2002 à 14:29:18 (#1203239)

Tres beau, tellement beau...

Par Chrysaor Osten le 31/3/2002 à 17:22:10 (#1203867)

très joli tout ça... tu l'auras bien mérité ta robe :p

Par Galius de Vades le 31/3/2002 à 18:54:38 (#1204253)

*n'a qu'une chose a dire:* rhooooooo
:lit: :amour: :lit: