Un ermite dans la foule

Par Reis Tahlen le 17/3/2002 à 9:53:28 (#1127941)

Reis s'était enfin décidé à sortir de sa cachette.

Après de longs jours de solitude et de méditation dans son ancien repaire, entrecoupés de visites à diverses personnes, dont le surprenant mariage de Sobert, il s'était enfin décidé à affronter le monde extérieur. Avec la prudence requise, toutefois, de porter son heaume en permanence, pour éviter toute altercation avec la garde.

Il se tenait près de la fontaine de Lighthaven, et regardait l'activité autour de lui. Ces temps-ci, il avait beaucoup observé, et il se posait des questions: il avait vu des gardes royaux aveugles, des haruspiciens désabusés, des ogrimariens fous furieux. Ou bien des gardes royaux fous furieux, des ogrimariens désabusés, et des haruspiciens aveugles. Bref, il réalisait pleinement que le monde était une série de nuances de gris, pas du noir et blanc, bon et mauvais. Il le savait déjà avant, mais jamais il ne l'avait constaté.

Mirea se tenait non loin. Elle semblait perdue dans la contemplation d'enfants en train de jouer à la guerre. Ils avaient l'avantage par rapport aux adultes de cadrer pleinement leurs rôles: le garde royal était gentil, l'haruspicien méchant, et le méchant perdait. Naïf, idéaliste, mais tellement rafraîchissant. Des fois, Reis aimerait bien que les choses soient si simples.

Mais elles ne le sont pas.

Il regarda les enfants aussi, et réalisa que lui-même dans son jeune temps rêvait de devenir un chevalier fort et courageux. Son rêve a été contrecarré à plusieurs reprises, par la maladie, par la folie, par beaucoup de choses. Et aujourd'hui, le poids de la lourde armure de métal sur ses épaules, la hache massive qui était attachée dans son dos, l'épée sur le côté et la dague de l'autre, il savait que ces objets signifiaient qu'il avait achevé un but, un rêve. Il ne lui manquait que la reconnaissance publique.

Et il revint à ses pensées initiales: le rôle de chacun dans la société. Il ne savait pas quel était le sien, quel était son destin. Il lui faudrait réfléchir, considérer, méditer... Pendant un certain temps, Reis ne ferait plus parler de lui, ça fera plaisir à certain, en étonnera d'autres, mais une chose est sûre:

Un jour, il saura quel sera son destin, et ce jour là personne ne l'empêcherait d'y arriver. Lui, sclérosé par une maladie des os de verre, était aujourd'hui un guerrier vigoureux. Ca le confortait dans l'idée que quand on veut, on peut.

Un petit garçon au regard fier se planta devant lui, l'admirant de ses yeux ronds...Non, il admirait son attirail de guerre. Reis baissa la tête, et fixa derrière son heaume cette jeunesse qui veut devenir vieille.

- Dis, m'sieur, elle est lourde ta hache? zozota le gamin.
- Plus lourde que le métal qu'elle pèse, en tout cas, répondit Reis.
- Je comprends pas...T'es triste, m'sieur?

Ces enfants...Toujours le don pour trouver les choses les plus cachées. Derrière sa verrière de métal, Reis sourit faiblement.

- Oui. J'ai perdu beaucoup ces temps-ci, et je ne sais pas si je gagnerai plus tard.
- Pourquoi t'es triste, si tu ne sais pas alors? C'est bête...

Touché.

- Dis, poursuivi le gamin, je peux prendre ta hache? Je voudrais être guerrier plus tard!

Reis le fixa un instant, puis attrapa un ballon qui traînait là, délaissé pour les jeux de guerre, et le tendit au garçon.

- Ton âge est celui du jeu, petit homme. Ne te presse pas trop pour celui du combat. A vouloir aller trop vite, tu finiras par regretter de ne plus pouvoir jouer.

L'enfant fut un peu déçu, et il s'en alla, boudeur, jouer avec les autres, lancant le ballon sur le côté, qui faillit percuter Murmuntag occupé à astiquer son arme, et qui leva des yeux mauvais sur l'agitation autour de son travail minutieux. Reis eut un léger pincement au coeur en voyant ce ballon abandonné, puis il s'en alla, retournant vers son rôle actuel.

- Le monde à l'envers, voilà ce que l'on vit pour le moment.

Par Elrond Alantis le 17/3/2002 à 14:22:12 (#1128844)

(:lit: tres interressant comme texte, voué a une suite j'esperes *aimerait en savoir plus sur le nouveau reis*)

Par Kiranos Feg le 17/3/2002 à 20:02:12 (#1130913)

(:lit: )

Par Delyna Vald le 18/3/2002 à 11:59:25 (#1132991)

Elle joue à la marelle, non loin du groupe d'enfants bruillants. A seize ans, elle ne devrait plus y jouer, mais elle est si petite et si frèle qu'on ne lui accorde sans doute qu'une dizaine d'années. Elle connait Reis de réputation.

Elle l'a déjà vu en action une ou deux fois, sa folie plus forte que la sienne, plus destructrice aussi.

- Il a l'air d'être calme. Comme si sa folie s'était calmée... étrange... étrange non ? Qu'en penses-tu mon livre chéri ?

Soudain, elle réalise qu'elle est seule. Son livre n'est pas là, il erre dans la ville, tentant de se soutraire à sa propre possession.

Elle relance son caillou et saute en chantonnant.

- Les petites créatures se cachent, se cachent... les vils méchants menacent, menacent... mais ils n'auront jamais assez d'audaces pour prendre leur place... la la la...

Elle rit toute seule tandis que le groupe d'enfants se courrent après, le garde frappant les haruspiciens qui fuient en criant faussement de terreur.

( :lit: :amour: la suite !!!!!!! siouplait m'sieur Reis :) )