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Aventures et mésaventures d'un jeune tire-laine (par Cyran d'Harn)

Par Yodavid le 19/2/2002 Ă  23:16:21 (#979512)

« Encore un pas en avant… »

Perché sur une caisse, le jeune garçon se fondait dans les ombres de la ruelle. La langue pincée entre ses lèvres par la concentration, il gardait les yeux rivés sur sa cible : la bourse rebondie du sieur Maximillien, ô combien respecté chef de la milice. Enfin, respecté si l’on omettait les rumeurs concernant son embonpoint ; certains allaient jusqu’à dire qu’il ne se verrait plus pisser dans ses vieux jours ! Bien sûr, tous avaient pitié de la pauvre carne qui portait sa masse du matin au soir… ou de taverne en taverne… l’un n’étant pas différent de l’autre. Empli de sa superbe, le Gros – il s’agit là de son surnom amical – se pavanait dans la ville, une bourse aussi grosse que sa panse pendant à sa ceinture.

A la grande joie de Paul – notre ami brigand – le cheval finit par consentir à faire ce pas. Absorbé par sa discussion, la pauvre victime ne vit pas les mains se ruer vers le précieux trésor. Les lanières de cuir furent prestement tranchées par un couteau bien aiguisé mais à la lame cassée… et oui, le métier exige à travailler avec les moyens du bord. La bourse atterrit ainsi dans une main avide d’avoir quelques sous.

Exhultant et fier de son audace, le jeune gredin résistait à grand peine à narguer l’ancien possesseur de son bien nouvellement acquis ; après tout, il était trop gros pour passer dans la ruelle. Ne cédant pas à la tentation – pour une fois ! – Paul sauta silencieusement de l’autre côté de la caisse dans la sécurité toute relative des ombres. Vêtu comme il l’était, un pantalon de toile grossière gris, une chemise de lin et une cape de laine elle aussi grise, il dénotait avec l’allure riche des habitants du quartier. Seules ces bottes de cuir souple avait fière allure… il est important de ne pas se faire entendre lorsqu’on en veut au bien d’autrui !

Filant comme le vent, si tant est que le vent ait jamais dérobé la moindre pièce d’or, Paul s’empressa de mettre le plus de distance entre le lieu du larcin et lui, et par là même rejoindre le bas quartier de la ville où il habitait. De temps à autre, il entendait les cris des gardes, sans doute activés à le rechercher à présent. Heureusement, maintes petites rues lui permettaient de rester tapi à tous ces regards inquisiteurs… Paul en vint à penser qu’il devrait peut-être se méfier des architectes, ils devaient bien avoir des choses à cacher pour bâtir ainsi.

Tout occupé à rechercher où il pourrait bien mettre la main sur un architecte, le jeune homme ne vit pas le milicien qui l’attendait de pied ferme, une longue pique dans les mains. Les piquiers étaient connus pour être des parangons d’élégance, drappés dans leurs superbes uniformes rouges et blancs. Et pour sûr, le présent sujet y connaissait beaucoup : il arborait fièrement un superbe surcot, qui après avoir mariné quelques jours dans la vinasse, du plus beau… des roses. Mais la grâce de ces soldats ne s’arrête pas là : ils sont également les plus beaux parleurs qui soient. Paul en eut vite la preuve.

« Hola p’tit bouseux ! Foutu voleur ! T’vas m’rendre l’bourse qu’t’as pris au cap’taine… Ou alors j’t’file une rouste telle qu’tes fesses pourront même p’us êt’ talquées par t’catin d’mère ! »

Et voilà notre jeune tire-laine bien embêté ! Comment prendre congé d’un tel sieur sans passer pour la plus rustre personne de la ville ? Tirant une bourse bien remplie de sous sa cape, l’accusé prit une mine contrite.

« Vous parlez fort bien sire garde… je reconnais avoir fort mal agi en prenant cette bourse… je vous assure que je regrette pleinement… Votre plaidoirie m’a convaincu de restaurer le bien dérobé et de me repentir amèrement… »

Le garde rayonnait encore d’un sourire édenté lorsqu’il reçut la bourse – pleine de cailloux, il faut le dire – au milieu de la face. Priant pour que son assaillant se mette à la recherche de sa nouvelle dent manquante, ce qui semblait être un réflexe naturel dans l’armée, Paul dévala à toute jambe la dernière pente qui le mena vers son chez lui… les bas quartiers !

Splotch splotchÂ…

Il foulait à nouveau les boues sombres de son quartier… Respirant à plein poumon les odeurs fétides du coin, il soupira d’aise. Comme c’est bon d’être chez soi ! Pataugeant dans les ordures, il se dirigea vers les rues éclairées par quelques torchères. Paul faisait sauter son butin dans sa main sans la moindre crainte… car si un garde n’aurait jamais osé s’aventurer ici, un voleur ne s’en serait pas plus pris à un collègue. Imaginant déjà son histoire, comment il avait défait des dizaines de miliciens, l’adolescent ne prêtait guère attention aux filles de joie, leur accordant des signes distraits de la tête, mais elles ne le prirent pas mal, elles le connaissaient depuis qu’il était tout petit et savaient que rien n’aurait le distraire de ses exploits. Sauf…

« Villon ! »

Sauf la voix de sa grande sÂśurÂ…

Sonia, la sœur de Paul, était un véritable amour. Grande brune aux yeux verts limpides et aux formes parfaites, elle était absolument craquante. Serveuse dans la taverne du coin, elle était connue pour son caractère doux et aimable ; si bien que les paris allaient bon train pour savoir qui, d’un dragon ou d’elle, pouvait piquer les plus grandes colères. Mais personne n’avait osé mander un de ces seigneurs des airs, sans nul doute par peur de voir le noble animal se vexer de perdre le duel. Le jeune brigand adorait sa sœur et nul ne pouvait lui manquer de respect.

« ‘traite encore ma sœur d’putain et avec mon couteau j’m’assure qu’tu n’aies jamais b’soin d’ses services ! »

Nous remarquerons au passage qu’un couteau, même cassé, offre de nombreux services aux malandrins.

Comme dit précédemment, Paul aimait beaucoup sa sœur, malgré ses quelques défauts. Ainsi, elle se prenait souvent pour sa mère et ne se gênait pas pour le réprimander à l’occasion. Mais ce qui le turlupinait le plus, c’était son habitude de l’appeler par son nom de famille, lui qui avait un prénom… et un surnom !

Grommellant et se demandant ce qu’il avait encore bien pu faire de mal, il se dirigea vers la taverne. Pénétrant dans la salle commune, il salua le tenancier.

« Salut Geoff ! T’sais pas ce qu’me veux ma sœur ? »

Un signe négatif de la tête fut la seule réponse de l’homme colossal. On le disait ancien aventurier, pourfendeur d’orcs et de gobelins ! D’ailleurs la hache au fil scintillant d’être aiguisée et à la taille plus que respectable trônant au dessus de son comptoir n’attestait-elle pas de la bravoure passée de son propriétaire ? Et dire que Geoff n’aurait jamais été héros de tant de légendes s’il n’avait hérité de cette bâtisse lorsqu’il était apprenti forgeron. Et, même si cette hache aurait sans doute abattu un troll en un seul coup, il était utopique de vouloir la soulever sans risquer un lumbago de tous les diables. Mais le tavernier n’avait jamais voulu briser les belles illusions qui couraient à son propos.

Paul fila dans les escaliers menant vers la chambre qu’il partageait avec son aînée et tomba nez à nez avec elle qui l’attendait au milieu du couloir, les mains sur ses hanches, dans attitude qui dit : « Attention à ce que tu dis je suis prête à crier ». Pour couper court à tout sermon, le garçon lui colla la bourse pleine d’or dans les mains.

« Tu as vu ce que je ramène à la maison ? Avec ca on va pouvoir vivre convenablement pendant un moment. »

Paul veillait toujours Ă  parler correctement devant elleÂ… histoire de ne pas subir la suprĂŞme torture du tirage dÂ’oreille.

« Où est-ce que tu étais passé petit voyou ? Encore en train de trainer et de voler ? Tu es bien comme l’était papa ! Incapable de travailler honnêtement. »

NĂ©anmoins elle empocha la petite fortune.

« File dans la chambre, il y a un homme qui veut te parler… et surveille ta langue petit chenapan ! »

Il ne se fit pas prier pour obéir et ouvrit la porte…


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