[Récit] Le Grand Changement

Par Aron le 14/2/2002 à 17:21:58 (#930282)

Tout l'été les combats avaient fait rage. Les légions albionnaises taquinaient les frontières du nord. Des groupuscules hiberniens détournaient les éléments de la nature contre nous. Et à l'intérieur des terres glacées, les incartades avec les nains et les humains ne faiblissaient pas, en partie à cause de la tension constante qui y règnaient, en partie par l'habitude de se taper dessus. Au début de l'automne, lorsque les premières feuilles tombèrent, le Grand Okagruk se réunit à Galplen, convoqué par l'Ohrakle, le troll le plus sage, mentor de tous les chamans.

Composé des chefs de tribus de tout Midgard, le Grand Okagruk écouta ce que l'Ohrakle avait à dire. Celui-ci leur annonça deux mauvaises nouvelles. La première, l'hiver allait être rude, très rude. Personne parmi le conseil ne mit en doute la parole du sage, qui avait toujours su prédire les grands-froids. Quelques grognements approbateurs se firent entendre ça et là. La deuxième, le petit roi albionnais était maintenant grand et respecté et devenait un vrai danger. Un danger tellement grand que les trolls ne passeraient pas l'hiver s'ils ne prenaient pas de décision drastique. Cette fois ci les réactions furent moins unanimes. Certains affirmèrent que les Dieux ne laisseraient pas faire une chose pareille. D'autres raillèrent que ces fragiles humains mourraient de froid et de faim avant d'arriver jusqu'à eux. Les derniers, les moins nombreux du lot, comprenaient l'inquiétude du vieux troll et défendaient son point de vue. C'étaient souvent des trolls vivants près des frontières, qui connaissaient l'ennemi mieux que personne. Les débats s'éternisèrent. Mirkwood délaissa son manteau vert pour un jaune-orangé des plus brillants, avant de sortir sa robe rouge sanglante, qui se transforma bientot en un tapis brun lui réchauffant les pieds. L'hiver frappait à la porte, il fallait prendre une décision.

Le chaman considéra que cela avait trop duré et prit de nouveau la parole. C'est dans un silence pesant qu'il fit l'annonce la plus étonnante qu'un troll eut jamais fait.

(à suivre)

Par Trollesse le 15/2/2002 à 11:56:22 (#936445)

:lit: :lit: :lit:

Par Baston le 15/2/2002 à 12:48:54 (#936860)

* avance vers l'assemblée *

Désolé de t'interrompre Grand Okagruk, je suis d'accord avec toi, mon père est mort il y a de cela dejà bien longtemps ( histoire ds conte de galpen) et je connais ces adversaires! Il ne faut surtout pas se reposer sur nos lauriers, les laisser se développer et encore moins les sous-estimer... Jours après jours, ils avancent sans cesse vers nos contrées... Il faut que cela cesse... Il faut que nous nous rassemblions autour d'une même cause, et pas juste nous trolls mais les habitants de Midgard. Notre guilde doit être notre royaume, unis pour repousser l'envahisseur hors de nos terres ou nous avons vu le jour et qui nous donne tant de bonheur!

* se recule, s'excuse par un signe de la tete et se rassied attendant la suite discours *

Le discours

Par Aron le 15/2/2002 à 18:11:42 (#939351)

"Mes Frères ! L'heure est grave ! Je n'ai pas convoqué le Grand Okagruk pour entendre vos jérémiades. Les signes ne trompent pas ! Un vent s'est levé ! Une tempête s'annonce ! Et, aussi fort et résistant que soit le peuple Troll, c'est dans l'union que Midgard se sauvera ! Regardez vous ! Autrefois grands chefs respectables, et maintenant fillettes raillant leurs camarades. Vous faites un bel exemple de ce qui causera notre perte ! Car si les hommes-tortues se contenteront sans doute de faire des vikings leurs esclaves, le sort qu'ils nous réservent est la destruction, l'éradication ! Ce qu'ils veulent, c'est que plus jamais un troll ne foulent le sol de Midgard."

Sa voix résonnait comme celle d'un géant, le tonnerre ponctuait ses phrases. L'Ohrakle usait de tous ses pouvoirs pour impressionner l'assemblée. Plus que les mots, dont la traduction que je vous fournis n'est qu'une esquisse faussée, c'est le ton et la puissance affichée qui pouvait convaincre des vétérans si bornés.

"Les dieux sont en colère ! Les enfants de Midgard se battent entre eux, parfois en leur nom, au lieu de combattre le véritable ennemi ! Fiers guerriers, montrez ce dont les trolls sont capables, prouvez que vous n'êtes pas de simples pantins orgueilleux et déssechés ! Joignons nous aux humains et aux nains ! Protégeons notre liberté, notre pays ! Marchez sur Jordheim, et battez-vous ! Ou bien rentrez chez vous, et finissez blocs de pierre sur une terre ravagée !"

L'Ohrakle se détourna, et rentra dans la hutte sacrée. Le Grand Okagruk avait le destin des trolls entre ses mains. Comme le voulait la tradition, ceux qui étaient d'accord avec le chaman devaient sortir leur arme et la pointer vers la hutte. Si au moins un membre du conseil s'y refusait, un combat entre le champion des mécontents et celui des respectueux donnerait la réponse du Grand Okagruk. Un duel à mort. Le vainqueur aurait raison et même l'Ohrakle ne pourrait le contredire.

Comme pour illustrer la tension qui règnait en ce jour mémorable, des éclairs zèbrèrent le ciel des montagnes du nord de Midgard. Il semblait que même Asgard écoutait et attendait la décision des maîtres trolls.

(à suivre)

[HRP: une petite précison. Ceci se passe bien avant notre époque.]

Le choc

Par Aron le 26/2/2002 à 16:46:53 (#1030108)

Les premiers chefs levèrent leur arme au ciel et la pointèrent vers le shaman sans trop d'hésitation, malgré quelques bougonnements pour le principe. Quand vint le tour de Klortahr, le puissant troll des frontières nord, il pointa fièrement son marteau vers le sage. Sa tribu avait déjà fait plus ou moins la paix avec les nains vivant dans la région, et, à défaut de combattre ensemble, ils s'entendaient pour surveiller les cols. Il regarda ensuite vers le dernier représentant du conseil. Hagkohr, troll forestier, habitant de Myrkwood, et peu habitué aux contacts avec les autres races. Sa tribu était restée une des plus sauvages de Midgard. Sa férocité était renommée parmi son peuple, de même que son sale caractère qui collait bien à son titre de guerrier berserker. Il ignora le coup d'oeil de Klorthar. Hagkohr se mit debout, s'avança vers le centre du cercle formé par le Grand Okagruk et planta sa hache dans le sol. Par ce geste il contestait le choix de l'Ohrakle. Il resta sans bouger devant son arme, défiant du regard l'assistance. Les chefs s'observèrent en silence. Un champion devait être choisi pour affronter le mécontent.

Rien n'avait été prévu à l'avance, mais les trolls préféraient souvent la décision spontanée à une mûre réflexion dans des cas critiques. Cela laissait supposer que les dieux guidaient leur choix, et que donc il devait être le bon. En l'occurrence chacun connaissait la réputation du troll des forêts. Celui qui l'affronterait devrait avoir un courage sans faille et des talents de lutteur indéniables. La logique invitait l'assemblée à attendre que celui ayant le plus confiance en lui-même se lève et se porte ainsi volontaire. Klorthar laissa une chance à ses confrères. Mais ne voyant rien venir, il s'appuya sur son arme, effectua une pirouette pour se mettre sur pied, et profita de son élan pour faire un demi-cercle avec son marteau et l'écraser au pied d'Hagkohr. Le sol trembla sous le choc. Les ondes se propagèrent dans tout le village faisant trembler les arbres à la ronde. Le coup brisa aussi le silence de l'assistance, et des cris d'encouragement fusèrent pour l'un ou l'autre des prétendants à la décision. Les deux protagonistes se saluèrent de la tête et se mirent en position. Il lancèrent en même temps leurs armes vers leur opposant. Elles s'entrechoquèrent brutalement. Le combat était commencé.

Par Trollesse le 26/2/2002 à 17:46:27 (#1030573)

:lit:

Le combat

Par Aron le 1/3/2002 à 21:17:54 (#1046120)

Après ce bref mais rude contact, ils se séparèrent et s'observèrent un moment. Les combats rituels de cette sorte avaient beau être mortels, ils n'en étaient pas moins règlementés. Il était interdit de faire usage des pouvoirs donnés par les dieux. Hagkohr devait donc essayer de garder un calme relatif pour ne pas laisser la rage berserker monter, et Klorthar ne pouvait lancer de sorts sur son adversaire. Leur habileté, leur force et leur expérience du corps à corps étaient leurs atouts primordiaux, avec bien sûr un mental sans faille.

Le naturel d'Hagkohr revint vite au galop, et il passa à l'attaque en enchaînant de larges, mais également rapides, coups de hache dans une boucle semble t'il infinie. Le troll des frontières se contenta d'esquiver comme il pût, attendant une hésitation du furieux. Il profita d'une remontée un peu lente de la hache pour bloquer l'arme avec son marteau et repousser Hagkohr d'un coup de pied. Celui-ci perdit un instant l'équilibre et dû se laisser tomber de côté pour éviter le coup de massue enchainé par le thane. Il roula sur lui-même et lanca une coupe en taille, visant le dos de Klorthar. Le coup porta et frappa la cotte de mailles du troll sur quelques centimètres. Klorthar grimaça, mais ne perdit pas de temps à s'interroger sur une blessure éventuelle. Il se mit à tourner sur lui-même, donnant de la vitesse à son marteau, et se transforma bientôt en véritable toupie vivante. Hagkohr, qui s'était relevé, se vit contraint de se plier en deux pour ne pas rencontrer le premier passage du cercle de frappe. Celui-ci montait et descendait au plaisir de Klorthar, et le berserker resta un peu désemparé face à cette attaque peu orthodoxe. Le combat prit alors une tournure étonnante.

Klorthar relacha sa prise sur son arme, volontairement ou non, nul ne le sait, et le marteau vola vers le troll des forêts. Il ne put réagir suffisamment vite et le projectile le heurta à l'épaule droite, la déboitant aussi sec, et l'obligeant à lâcher sa hache. Les deux armes finirent leur route quelques mètres plus loin, ce qui traduit la force du coup. Klorthar continua son mouvement tourbillonnant quelques secondes avant de se jeter sur le berserker. Bien que blessé, celui-ci n'oublia pas son bras valide et envoya son poing fermé vers la poitrine de son assaillant. Le souffle coupé, Klorthar ouvrit la machoire de surprise, laquelle reçut un nouveau coup de poing qui sonna quelque peu le troll. Hagkohr se déchaina alors et le martela de coups de poing, coude et genou. Reculant sous l'assaut, mais toujours debout, sans doute plus par instinct que par volonté, Klorthar tomba finalement à la renverse.

La douleur fusait dans l'épaule d'Hagkohr et faisait monter sa colère. S'il ne finissait pas rapidement son adversaire, il ne pourrait réfréner sa rage berserker, et il perdrait sur infraction. Il prit quelques pas d'élan et se jeta sur le corps à terre coude en avant avec pour but d'écraser la gorge de Klorthar et de l'étouffer. Dans un éclair de conscience, le troll allongé s'écarta en se retournant sur le ventre. L'attaquant retomba lourdement. Le destin décida alors qu'il était temps d'en finir. La main du champion de l'Ohrakle rencontra le manche d'une arme. Sans se poser de question, il l'attrapa, se retourna de nouveau dans le mouvement inverse de celui qu'il avait fait pour éviter la charge, et mit toutes ses forces dans son bras étendu pour frapper Hagkohr. Le cou du berserker fut coupé net. Il venait de succomber d'une mort des plus improbables pour un guerrier de son talent : tué par sa propre hache.

Aussi étourdie que le vainqueur sans doute, la foule mit un certain temps à réagir. Néanmoins, elle finit par ovationner Klorthar et salua le champion de grognements de joie. La majorité des trolls craignait trop la colère des dieux pour contester l'avis de l'Ohrakle. La décision donnée par le combat rassura donc l'assistance. Le troll des frontières se releva et regarda hébété son compagnon déchu. Il contempla ensuite l'arme ensanglantée qu'il tenait toujours en main. Le brouillard se dissipa alors dans son esprit. Il leva les bras en signe de victoire -- la foule l'acclama de plus belle -- puis les laissa retomber après quelques secondes -- le silence reprit sa place dans le lieu sacré. Klorthar retourna l'arme à son défunt possesseur, et baissa la tête en signe de respect pour un guerrier mort en brave. Le conseil l'imita. La suite d'Hagkohr emporta son corps. Le Grand Okagruk, maintenant réduit d'un membre, reprit sa place en même temps que le sage s'avançait vers le centre du cercle.

"Le Grand Okagruk a parlé ! Il suivra le conseil des dieux ! Le peuple troll marchera vers Jordheim ! Allez mes frères et rassemblez nos combattants au plus vite !"

Le cercle se disloqua et chacun repartit vers son village. L'Ohrakle retourna à sa hutte pour prier les dieux, les remercier et les consulter. Il ne savait pas encore si le plus dur ou le plus facile avait été fait ce jour là. Le peuple troll avait choisi, mais tout ne résidait pas dans ses mains.

(à suivre)

Par frere boulet le 7/3/2002 à 14:17:41 (#1078138)

Bien le bonjour Maître Aron,

Votre plume est toujours aussi brillante semblerait-il ! Vos nouvelles ont toujours cela de commun avec un bon repas qu’elle se dévorent avec délice mais laissent un goût de trop peu… A suivre, avez vous inscrit ? N’aurais-je pas su trouver le dessert ?

J’espère quoiqu’il en soit avoir la chance prochaine de partager quelques pintes avec vous dans une auberge de Midgard !

La Marche

Par Aron le 7/3/2002 à 14:27:32 (#1078195)

Chaque membre du Grand Okagruk repartit vers sa tribu, accompagné de son escorte. L'Ohrakle se recueillit un instant auprès des dieux. Il ressortit au grand jour vêtu d'une armure en cuir bleu, signe de la paix et du respect. Il se mit en route avec ses disciples, marchant lentement vers le nord. Bien qu'il eut aimé se presser, il savait que cela serait inutile. Il faudrait un certain temps pour que les tribus troll le rejoignent. Certaines étaient situées par delà les ravins, à l'ouest de Myrkwood.

Après quelques heures, les premiers renforts arrivèrent. Les tribus de la forêt s'agglutinèrent derrière l'Ohrakle, formant une file conséquente. Le mille-pattes géant fit une pause près de Nalliten. Chaque minute qui passait le rallongeait. Le cliquetis des armes et armures créait un fond sonore suffisamment impressionnant pour faire fuir tout monstre, aussi belliqueux qu'il soit. En quelques coups de haches, on éleva un pont bois sur la rivière, et la troupe repartit de plus belle. Cette fois-ci l'Ohrakle demanda aux skalds d'honorer Bragi, et l'allure augmenta notablement. Quelques éclaireurs annoncèrent que les premiers espions avaient été aperçus. Tout ce qui vivait sur Midgard serait bientôt au courant de la marche des trolls.

Alors que le Gotar résonnait des pas martelant son sol, l'Ohrakle priait les dieux en silence, espérant que personne n'oserait braver l'essaim de trolls qu'il guidait.

(à suivre)

Par Aron le 7/3/2002 à 14:30:58 (#1078212)

Ma foi frère Boulet ! Vous m'avez bien manqué ! :) Le hasard a voulu que j'écrive la suite avant d'avoir vu votre message !

Vous êtes sur midgard ? Indiquez moi serveur, auberge et nom, que je vous y retrouve !!!! Si c'est sur Brocéliande, c'est fichu d'avance. :(

Par frere boulet le 7/3/2002 à 15:42:25 (#1078536)

Vous me comblez maître Aron ! A peine ai-je exprimé le désir de lire la suite de cette nouvelle qu’elle apparaît sous mes yeux…

Je crains cependant que nous n'ayons guerre l'occasion de festoyer ensemble en ces terres mon ami. Je suis en effet fourbu. Bien trop fourbu en tous cas pour entreprendre le long périple qui me mènerait en Midgard.

Mon regard reste néanmoins tourné vers Ys. Ys et plus particulièrement le royaume du Nord ou s'aventurent Detritus et la petite pipette. Deux êtres qui me sont chers et aux récits desquels j'accorde, lors de longues soirées à l’abbaye de Yew, une attention toute particulière.

Qui sait, peut être leurs pérégrinations les amèneront ils à croiser votre chemin, ou celui de certains de vos protégés ?

Mais je m’aperçoit que je gâche, avec mes babillages de vieillard, le cours de votre récit. Je vais donc poser la plume et goûter quelques volailles avant de vous adresser prochainement une plus longue missive.

Votre dévoué,

Frère Théophile Boulet

Par Trollesse le 8/3/2002 à 12:30:03 (#1082619)

Urgh ! Un Albionnais :p:D

Par Hazord le 8/3/2002 à 17:07:57 (#1083831)

Tres Tres beau :) ! Et quel style !

Chapeau ! Humm enfin, Beret ! :)

Hazord
Blizzard Horde

Agitation

Par Aron le 14/3/2002 à 16:21:35 (#1116203)

Pendant ce temps, quelque part dans le Gotar, le sergent Holsson buvait avec lenteur un bon grog pour se réchauffer. S'il était vrai que son travail s'avérait plus facile ces derniers temps, la région semblait une zone de conflit perpétuelle de part sa situation : au nord le Svealand, où les vikings étaient majoritaires, et au sud les terres barbares dominées par les trolls. Certains clans et tribus vivant un peu partout, le Gotar restait un passage obligé pour tout échange entre les deux pôles.

Le militaire savait donc apprécier les moments de répit, assis dans le poste de garde, à côté d'un bon feu, un verre à la main, et les soucis noyés dans la brume. Il était également rompu au fait que les problèmes revenaient vite à la surface. Il sursauta donc à peine lorsque la porte s'ouvrit à grands fracas et qu'un soldat déboula dans la pièce en criant quelque chose d'incompréhensible. La jeune recrue éclaireur, Holsson remarqua tout de suite son visage juvénile et ses armes de chasseur, avait du mal à retrouver son souffle mais s'évertuait à vouloir hurler quelque chose. Le sergent poussa une chaise en sa direction et lui fit signe de s'asseoir.

- Reprends toi soldat. Si tu continues à t'agiter comme ça on sera tous au Valhalla avant que tu n'aies réussi à délivrer ton message.
- Sergent, souffla le jeune homme. Les trolls !!!
- Oui, que se passe t'il avec les pierres qui roulent ?
- Ils arrivent !!!
- Ils arrivent ? D'où ? En quel nombre ? Et que veux tu dire par là ? Tu les as invités ?
- Le sud ! Une véritable armée, j'en ai jamais vu autant de ma vie !

Le vétéran n'en doutait pas, mais ça restait une indication bien vague. Il se leva et prit son manteau au passage avant de quitter la pièce pour le froid mordant de la colline. Le chasseur le suivit comme le chat sauvage suit son dresseur, sans se rendre compte de l'ironie de la situation probablement.

- Quel est l'endroit où tu les as repérés ? C'est loin d'ci ?
- Un peu au nord de Nalliten, sergent.
- Combien de têtes ?
- Euh je saurais pas vous dire comme ça.
- En gros !
- Des milliers, j'dirais.
- A quelle vitesse marchaient ils ?
- Un bon train, y a un paquet de skalds, c'est sûr. Mais j'ai pu m'éloigner sans problème avec Jansen, donc ils ne font pas la course.

Le sergent jeta un rapide coup au compagnon du soldat. Jansen était un skald réputé, et peu de personnes pouvaient se déplacer plus vite que lui. Sans un mot, Holsson se dirigea vers la tour de guet, agrippa l'échelle, et grimpa rapidement à son sommet. Là-haut le vent piquait encore plus. Le plafond nuageux était bas. Quelques flocons dessinaient lentement des sentiers étranges dans le ciel, et il dût plisser les yeux pour guider son regard, à la recherche d'un assemblement de trolls. Au bout de quelques minutes, il commença à douter des paroles du soldat, qui, entre-temps, l'avait rejoint dans la tour. Seule son oreille fine, bien que gelée, le fit hésiter. Un vague grondement, une onde grave, montait du sud par instants, comme suivant le flux et le reflux d'une marée de bruits voyageurs. Il se murmura pour lui-même :

- Le chant des skalds trolls ...

Le chasseur ne comprit pas ces paroles mais réagit à ce signe de vie donné par son supérieur.

- Sergent ? Que dites vous ?

Holsson donna ses ordres sans daigner se retourner.

- J'entends des skalds. Avertis tout le monde. Je veux que tous les chevaux soient sellés avant 10 minutes. Préparez vous à partir. Les retardataires se débrouilleront seuls ! Je ne sais pas ce qui arrive, mais mieux vaut ne pas prendre de risque. Ensuite, trouve Larsmund et dis lui de me rejoindre.
- Oui Sergent !

Ses subordonnés appliquèrent bientôt ses ordres et les hennissements trahissant la nervosité des montures montèrent jusqu'au sergent. Il continuait de fixer l'horizon, cherchant une forme sombre, une ombre grandissante ou autre signe qui révèlerait enfin ce que signifiait le chant mystérieux. Il n'eut pas trop à attendre. Bientot il aperçut quelques formes mouvantes, au loin, sur le sentier qui descendait vers le sud. L'image se précisa, et il dût admettre que le jeune chasseur n'avait pas exagéré. Un serpent ondulant de trolls en armures s'avançait. Il ne voyait pas la fin de la procession, et n'avait pas l'intention de rester assez longtemps pour cela. Il redescendit promptement pour donner d'autres ordres : envoyer un éclaireur pour avoir une idée du nombre des envahisseurs, transmettre l'information à un skald qui filerait vers Jordheim, et plier bagage, direction hugginfell. La témérité n'étant pas parmi les défauts du vétéran, ce retrait précipité ne lui causa aucun remords. Seul le temps qui passait trop vite l'inquiétait.

(à suivre).

Par Trollesse le 14/3/2002 à 17:35:26 (#1116627)

:lit: :lit: :lit:

Par detritus le 15/3/2002 à 10:11:42 (#1119726)

Urk ! Detritus pas savoir lire. Mais si Detritus savoir lui trouver ça très bon ! ! !

Aron devoir trouver scribe pour éditer livre !

Héhé

Par FAERY le 15/3/2002 à 10:21:23 (#1119757)

Detritus pas savoir lire mais savoir écrire ? :p

Etrange :D

PS : Bonjour a toi Detritus :)

Par detritus le 15/3/2002 à 10:35:22 (#1119803)

Urgh... Touché ! Lol Trolesse :)

Par Trollesse le 15/3/2002 à 11:15:38 (#1119951)

ARF, j'étais venue masquée :)

Tsss c'était pas Trollesse mais Faery :p

Par detritus le 15/3/2002 à 12:01:49 (#1120126)

Oups...

Désolé ;)

Conseil

Par Aron le 19/3/2002 à 16:41:16 (#1138550)

L'état-major viking n'était pas au complet. Seuls trois généraux avaient pu venir à Jordheim. La demande de réunion de crise n'était pas parvenue à ceux trop éloignés de la capitale. En fait, cela rassura Kilsten, le chef de la garde de Jordheim, qui préférait l'action aux débats interminables. Une petite assemblée permettrait d'aller directement aux points essentiels. Il se leva et prit la parole devant les trois autres représentants militaires.

- Mes frères -- le seul nain présent, Knuck, tiqua légèrement sur cette familiarité -- je vous ai convoqués pour discuter des nouvelles alarmantes qui nous viennent du sud. Comme vous l'avez peut-être déjà appris, une énorme armée troll se dirige vers le Svealand. Je viens de recevoir un dernier rapport sur la situation. Je peux en conclure, qu'à l'heure où je vous parle, les trolls ont déjà traversé le Gotar. Cela signifie que nous avons peu de temps devant nous pour nous préparer. Vos clans respectifs sont ils au courant ?

Les représentants des vikings et nains répondèrent dans l'affirmative. Knuck s'empressa d'ajouter un commentaire.

- La plupart des nains s'est déjà mise en route pour Jordheim ou pour le Val de Mularn. Nous avons nos propres sources d'information et nous avons repéré la marche des trolls aussi tôt que vous, voire plus.
- Bien. J'ai envoyé des convois récupérer le plus de nourriture possible, en cas de siège. J'ai confiance dans les murailles de Jordheim. Je crois qu'il nous faut choisir la prudence en attendant de comprendre ce mouvement de trolls.
- Bah, réagit Darlsson, un vétéran du Svealand occidental, ça me semble clair. Ils viennent pour faire ce pour quoi ils sont doués : taper, frapper, détruire !
- Ca reste à prouver, répondit Kirlsten. Pas un village n'a été attaqué sur leur route. C'est vrai que tout le monde a fui devant eux, mais on aurait pu s'attendre à quelques pillages. Or, rien de tout cela. Ils ont armés, mais ils se contentent de monter vers nous.

Personne ne contredit le garde. Knuck but une rasade de sa gourde avant de prendre la parole.

- On m'a quand même rapporté qu'ils usent de leurs haches ... sur des arbres. Ils ramassent d'énormes troncs et les emportent avec eux !
- Ca explique leur relative lenteur alors, conclut Jalmak, responsable des tours du Svealand. Mais je n'ai jamais entendu parler de trolls faisant des machines de guerre. Donc je ne vois pas à quoi ce bois va leur servir !

Deux coups légers sur la porte. Le dirigeant de la réunion laissa entrer un messager et consulta gravement le parchemin qu'on lui remit. Lorsqu'il le va la tête, tout le monde comprit que les nouvelles ne s'amélioraient pas.

- D'après cette note, les trolls ont augmenté leur vitesse, malgré ce qu'il transportent, se pressa d'ajouter Kirlsten. J'ai peur qu'ils ne soient là avant la nuit ...

(à suive)

Par FAERY le 19/3/2002 à 17:00:32 (#1138654)

;)

Arf des trolls à roulettes !! La suite pitié !!!

Vive les sKalds mon ami Grohniarr :p

Par *Rednalhgih* le 21/3/2002 à 13:31:36 (#1148717)

Ohhh ?? Aron le retour ??? :)
Dommage, j'ai pas de bibliotheque pour Daoc ;)

Par Aron le 21/3/2002 à 13:54:48 (#1148828)

Ouaip Aron revient, et ... euh ... ben il continue à débiter ses histoires. D'ailleurs je suis en train de reposter "Renaissance" sur T4C - Général. Je me suis promis de la finir celle là. Mon autre histoire, "Les Trois Cercles", a disparu avec l'ancien forum, et je doute de la continuer. Par contre je me demande si je vais pas faire des récits façon "Le Journal de Leynod", pour ceux qui connaissent. J'ai déjà des idées ... Arf avec tout ça je joue quand moi ??? Quoi ? Que je ? ...Termine celle là avant de penser à autre chose ? Mais euuuuuuuuuuuhh. *boude*

Siège

Par Aron le 21/3/2002 à 14:40:01 (#1149008)

La solide cité apparue au détour d'un flanc de colline. Ses imposantes murailles demandaient le respect, et une certaine humilité. Rien n'était visible derrière ces hauts murs de bois, pierre et métal mêlés. Au sommet de ceux-ci on pouvait deviner des soldats, plus ou moins agités à la vue des visiteurs.

Le serpent trollesque s'éventra sur un signe de l'Ohrakle, qui menait toujours le mouvement, et les deux parties se rabattèrent pour faire face au fort, et occuper toute la largeur du terrain. Le chaman se retourna pour donner quelques ordres. La ligne de guerriers reprit alors sa progression, mais plus lentement jusqu'à s'arrêter un peu avant le cours d'eau qui paressait devant Jordheim. Le sage continua un peu sur sa lancée. Derrière lui apparurent des porteurs de tambours. Lorsqu'il stoppa sa marche, les premières vibrations montèrent des peaux tendues. Leur plainte sourde et grave devint une voix puissante et rythmée.

Observant la scène sur le chemin de garde de la porte ouest, Kirlsten et ses confrères semblaient perplexes.

- Si leur but c'est de nous saper le moral avec leur musique de sauvage, c'est original mais pas efficace, lanca Knuck.
- Non je crois que ça ressemble plus à un espèce de protocole. On a un expert en trolls qui pourrait nous aider là-dessus, s'interrogea Kirlsten ?
- Pas à ma connaissance. Mais de toute façon le bruit des tambours trolls n'a jamais été un bon présage. Quand en plus ils sont accompagnés de milliers de guerriers ...
- Je crois que les tambours vont s'arrêter, la musique ralentit, remarqua Darlsson. L'arrière semble s'agiter aussi.

La poussière créée par les frottements d'innombrables pieds sur la route en terre menant à Jordheim était maintenant retombée. Les généraux purent alors apercevoir l'étrange ménage qui prenait cours dans la masse de trolls. Les troncs étaient déplacés, retournés, guidés de mains en mains. Deux d'entre eux furent déposés près du chaman, parallèles à la muraille. Les autres furent placés dans la même direction, semblait il, à des écarts réguliers. Cela prit quelques minutes mais la cohue finit par laisser la place au silence et à l'immobilité. L'Ohrakle leva son bâton et, sur ce signal, les troupes trolls s'assirent sur les troncs.

- Par Thor, c'est la blague du siècle. Ces arbres ne sont là que pour servir de sièges ?

Knuck ne put retenir longtemps son rire, et les autres durent céder à l'hilarité, tant la scène sortait de l'ordinaire.

- Bon et maintenant ?

Kirlsten essaya de reprendre son sérieux. Il mena son regard sur le maître de cérémonie troll. Comme obéissant à un ordre implicite du viking, le chaman prit la parole.

(à suivre)

Par Aron le 2/4/2002 à 13:10:09 (#1212145)

"Petits êtres, peuple troll venir en paix. Midgard en danger. Frontières attaquées. Guerre interne fatiguante. Humains, nains et trolls, ensemble pour défendre pays du nord. Chefs venir sur pont pour discuter avec moi."

La déclaration du chaman avait le mérite d'être claire. Nul ne pourait dire si le charisme de l'Ohrakle marchait aussi sur les vikings, mais, en tous cas, le message fût reçu et compris. Le petit comité des trois généraux observa en silence le troll se placer sur le pont tout proche de la forteresse. Il semblait évident qu'il fallait aller lui parler, ne serait que pour éclaircir certains points un peu nébuleux. Kirlsten déclara donc :

"J'y vais, qui d'autre veut se joindre à moi ?"

"On y va tous, je pense", répondit Knuck.

"Non, je reste ici pour surveiller. Bonne chance à vous", répliqua Darlsson.

Le duo quitta les remparts rapidement. Arrivés devant la porte, ils ajustèrent leurs armures et inspirèrent un bon coup lorsque la porte s'ouvrit. Ils marchèrent la tête haute, portant sur leurs épaules le destin de deux peuples, au rythme des tambours trolls qui avaient repris. Aux premiers pas sur le pont, la musique s'arrêta. Le chaman troll s'avança un peu pour les rencontrer au milieu du pont. Des regards s'échangèrent entre les deux parties, pleins d'assurance affichée, bien que laissant parfois transparaître quelques questions involontairement. Le nain, bavard par nature, ne put s'empêcher de briser le silence rapidement.

- Salut à toi, troll. Je suis Knuck, général de l'armée naine, représentant de sa race ici. Et voici Kirlsten, responsable de la garde de Jordheim, et donc habilité à parler au nom des humains.
- Salut Knuck, Kirlsten. Moi chaman Orhakle, guide du peuple troll.
- Honorable Orhakle -- Kirlsten essaye de montrer du respect pour le guide spirituel qui lui faisait face --, que signifie tout ceci ? Nous sommes heureux de voir les trolls vouloir faire la paix, mais pourquoi ce rassemblement ?
- Les dieux ont parlé. Ils ont dit à Ohrakle que temps venu de combattre vrais ennemis. Et combattre de suite. Peuple troll derrière moi est là pour montrer tous sont prêts pour bataille et vite.
- Vous avez donc rassemblé toutes les tribus ??? interrogea Knuck.
- Oui rassemblement de tous guerriers trolls. Force importante, mais nous diriger vers Albion, pas vers vikings. Dieux ont montré signes. Petit roi Camelot veut détruire Midgard. Trolls montrer grands défenseurs !
- Vous ... vous pensez partir à l'attaque d'Albion bientôt ?
- Pas besoin attaquer Albion. Eux venir à nous. Signe des dieux. Quand vent s'arrête, temps venu. Vos chamans sûrement vu même signe !

Le nain et l'humain se regardèrent en coin. Apparemment aucun des deux n'avait entendu parler d'une quelconque prédiction. Ils demandèrent au troll de leur laisser le temps de consulter les prêtres et repartirent vers Jordheim. Qu'ils en eurent confirmation ou non, les vikings acceptèrent l'aide des trolls, et les aggressions entre trolls et "petits êtres" devinrent hors la loi et punissables.

Il est dit qu'effectivement le vent cessa quelques jours après, et que les légions albionnaises qui avaient pris le risque de venir attaquer Midgard avant l'hiver furent écrasées par l'armée troll et ses alliés nains et vikings. Ainsi me rapporta mon père, Tayrok Kassoreye, cet évènement incroyable, sans doute un peu enjolivé, ce soulèvement troll de l'hiver 540.


Ecrit et traduit en humain par Grohniarr Kassoreye.

Par Louis Le Dodu le 7/4/2002 à 4:07:14 (#1240146)

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