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Un poème ezarien par Kain Heinlein

Par Yodavid le 11/2/2002 Ă  19:07:03 (#908011)

"Et les souvenirs se perdront dans l'oubli, comme les larmes... dans la pluie."

Ces trésors qui nous ont fait, tout ces souvenirs, ces baumes au cœur,
Ainsi que la folie qui nous saisit et nous taraude lÂ’ardeur,
Tout comme la haine, lÂ’incandescente vertu du pervers
Que ce soit en fuite ou en ballet, en fugue ou en calvaire,

Cette humaine perfection, cette existence remplie
Se dépouillera des ornements fallacieux, le jour du grand Départ
Car la Vie est un banquet-bordel, une orgie,
Un vestiaire, une oboleÂ…un contenant Ă©pars.

Nos vides adultères la convoitent, s’ouvrent vers cet unique à-voir .
Mais nos fantasmes ne sont que pillages, et mémentos d’avoir
Fous que nous sommes ! Illusoires pesmergas (pesmerga = celui qui chasse la mort) !
Ne savons nous pas qu’au réveil, rien ne nous restera ?

Mais voilĂ  le crime commis, car on ne veut pas rentrer bredouille
Et c’est nos mains sales, chargées d’un crime nécessaire, que nous courons
Rongeant le temps imparti, pour, croit on, ne pas mourir nouille
En vain, car la Mort, cette surveillante, couvre déjà nos talons

Dans la folle poursuite, semant notre larcins Ă  mĂŞme nos traces
Sous nos cents-pas apeurés d’échappée que la Vie harasse,
Viendra le jour ou nous marcherons sur notre impropre pied
Et tomberons, à la grande joie de notre poursuivant affamé.

Notre corps appartient Ă  la Mort, et nos souvenirs Ă  la Vie ;
La Charogne a deux visages : il faut dévorer deux « je suis ».
Avec de la chance, la Vie prendra un de nos os comme trophée
Qu’il laissera sur son étal, sous la convoitise d’autres tarés.

Notre erreur a été de vouloir tout posséder
Stupides d’avoir laissé la peur nous conseiller
Car dans tout cela, nous avons perdu de vue lÂ’important
Qui était simplement de crier « Moi, je vis maintenant ! »

Pourtant, mĂŞme si nos souvenirs sont emprunts
Même si réduits au néant le plus pathétique, notre cri
Magnifié d’Amour et d’agonie gardera chez la Vie
La trace de notre passage faquin.

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Deterré par le toutoudoux du serveur (je ne vous avais jamais dit qu'Aliain était le nom d'un chien? ;+)

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