La force d'un rêve.

Par Etoile le 15/1/2002 à 21:11:57 (#723059)

J'avais entendu parler de rituels étranges et de transformations qui se déroulaient parfois lors de certaines nuits étranges et je me rendis une nuit, après une ronde sur l'île d'Arakas, dans une clairière circulaire de six cent mètres environ, cernée par des herbes d'une prodigieuse hauteur.

L’homme qui m’avait donné ce renseignement m’avait remis un parchemin sur lesquels des mots étranges figuraient et m’avait fait répéter à plusieurs reprises la formule pour invoquer sa présence si un jour ma curiosité me poussait à aller plus loin…

Dissimulée dans la végétation j'attendis l'apparition de l'homme qui se transforma et, à ma grand surprise, en un jeune garçon mince, d'allure féline et au teint mat ou doré que je n’avais jamais vu avant.

L'adolescent était arrivé en courant avec légèreté sur l'étroit chemin, comme un gamin insouciant. Mais au moment où il mit le pied dans le cercle de pierres, que je n'avais pas remarqué tant les herbes étaient hautes, il changea d'attitude et devint humble et respectueux.

Le garçon s'agenouilla et, touchant trois fois de son front le sol, il psalmodia un refrain effrayant et monotone. Alors que le ciel était auparavant clair et clouté d'étoiles, il s'assombrit soudain et une ombre surnaturelle, épouvantable, sembla tomber des montagnes lointaines, couvrant d'une chape de silence tout ce qu'elle touchait.

Mon cœur se mit à battre à grands coups irréguliers, tandis que je me sentais proche de défaillir sous la terreur. Je fus envahie par une pénible sensation de froid intense, que mon instinct dissocia de tout changement atmosphérique...

Soudain, un cri mi-humain mi-animal déchira la nuit... J'entendis un bruit de pas qui s'approchaient rapidement dans ma direction et couvraient facilement la distance. Le bruit s'amplifia jusqu'à ce que ce qui était arrivé à destination, se découvrit à ma vue.

Les herbes géantes s'écartèrent et je vis devant l'arbre protecteur de la forêt, une colonne verticale de lumière, couleur de sang qui pouvait avoir deux mètres de haut et trente centimètres de large. Une colonne de lumière, mais une colonne dont je pouvais ressentir la malveillance, une malveillance sans pareille.

Pendant quelques secondes, le jeune garçon resta muet d'horreur, puis peu à peu, le mouvement de ses yeux et le tremblement de ses lèvres cessèrent. Il tendit la main et traça un signe sur le sol. Il sortit un chapelet de crânes et, après l'avoir placé à l'endroit où il avait gratté la terre, il entonna une étrange incantation d'une voix tremblante.

Je vis alors un rayon de lumière rouge filtrer à la base de la colonne et darder ses éclairs sur les crânes, qui arborèrent aussitôt un éclat écarlate.... Ramassant les crânes, l'adolescent les mit autour de son cou en collier, frappa dans ses mains et laissa échapper une série de petits cris perçants de plus en plus bestiaux, qui s'achevèrent en rugissement terrible!

L'obscurité n'était atténuée que par la lueur de la lune et, dans cette clarté, j'aperçus les yeux jaunes étincelants et malveillants, non plus d'un homme, mais d'un dragon, d'un dragon assoiffé de sang humain...

Paralysée par ce spectacle, je fus incapable de faire le moindre mouvement. Puis je me levais et je me mis à courir, poursuivie par ce monstre. J'atteignis un arbre protecteur dans lequel je pensais trouver refuge, et je tentais de me hisser pour me mettre hors de vue lorsqu'une griffe noire et brillante me frôla la joue. Je me crus perdue... mais à mon grand étonnement, le dragon émit un grognement rempli de terreur, son bras avait touché le protecteur de la forêt... Il bondit de côté il s'éloigna dans la forêt.

Je ne sais comment, mais je vis alors, par l’intermédiaire de milliers d’yeux braqués sur cette apparition, le chemin qu’il faisait pour aller en ville. Ses déplacements étaient limpides malgré sa masse, et tout être vivant, toute brin d’herbe, toute chose s’écartait à son passage. La terre était brûlée à son contact, les particules tombaient ou glissaient dans le néant à sa venue.

Je sentais son aura de destruction et de haine se déverser sur son corps, l’air devenait irrespirable à sa suite, une nuée noire avait fini par l’entourer le masquant à la vue des rares passants dans les ruelles. La lumière offerte par la Lune s’effaçait pour ne laisser que le noir, le néant et la peur.

Une fois arrivé à destination, il marqua une pause semblant observer sa proie et prendre la mesure de ce qu’il allait faire. Soudain, il traversa le mur et entra directement dans la chambre occupée par deux personnes. De son souffle il alluma la chandelle alors éteinte et fit rougeoyer le feu d’une lueur intense apportant une fournaise soudaine dans la chambrée.

L’homme se réveilla en premier en suffoquant et dans ses yeux la panique, puis la terreur et enfin une forme de joie ou de vénération se fit jour. Il s’agenouilla et commença une psalmodie, un chant dont je percevais les accents de joie et d’allégresse, un chant lancinant d’une langue qui m’était inconnue. Sa femme restait toujours endormie malgré la fournaise et le chant.

Le dragon s’approcha de lui, tendit une de ses griffes acérée vers le visage de l’homme en adoration et une perle liquide coulait le long de cette griffe. Elle s’approcha de plus en plus du visage de l’homme et une seconde après l’homme fut horriblement défiguré. Son chant se transforma en hurlement cette fois de terreur pure. Je ressentais sa peur à travers l’espace, je voyais dans l’éclat de ses yeux l’incompréhension.

Il parla alors au Dragon qui tendait une autre griffe d’où sortait une flamme, il semblait le supplier ou lui demander pourquoi cette haine ou ce traitement… Le Dragon insensible à ses paroles le brûla à hauteur des jambes. L’homme se roula alors par terre en pleurant cette fois. Sa femme reposait toujours dans leur couche sans bouger et sans visiblement entendre ce qui se passait à un mètre d’elle.

Le dragon fut encor plus près et une autre griffe fine et pointue comme un scalpel, brillante d’un éclat dangereux s’approcha du ventre de l’homme et en une fraction de seconde il l’éviscéra… Je vis alors le visage de celui qui faisait l’objet de ce traitement : IL Athalia !

Je fus partagée entre l’envie de porter secours à cet homme et je ressentais en même temps une certaine satisfaction et jubilation. Ainsi donc, il avait reçu le traitement d’un juge à son tour, et il voyait ce que cela pouvait donner… Je regardais sa femme qui dormait et mes pensées allèrent vers elle qui partageait la vie de son démon de mari. Le Dragon alla vers elle, fascinée je contemplais ce qu’il allait faire. D’un mouvement ample inouï il l’écrasa d’un mouvement en renversant le lit contre la paroi et se reposa dessus.

JÂ’entendis enfin les paroles de lÂ’homme mourrant qui demandait : pourquoi ?

Je fermais alors les yeux, et me reposant contre le tronc de l’arbre, je me mis à penser à la haine que j’avais eu pour ce IL Athalia, et aux menaces que j’avais proférées à son encontre et de sa famille. J’avais vu de mes yeux les effets que pouvaient produire la haine, le désastre de la maison, la désolation de la mort arrivée en plein sommeil et l’agonie d’un homme.

La folie s’était emparée de mon esprit pour avoir souhaité cela ? Mon cœur ne devait-il pas être rempli d’amour à quelques jours de mon mariage… jamais un cœur de devrait céder au chant du mal et de la souffrance. Une branche de l’arbre s’inclina alors et déposa sur ma joue griffée une perle d’eau. Elle roula jusqu’à mes lèvres et je la bus. Du ciel, des milliers de perle de pluie tombèrent et formèrent autour de la Lune un halo, la Lune se mit à briller de mille feux je vis tout cela pourtant mes yeux étaient fermés j’en suis certaine.

Alors je dis : acceptez mes excuses, pardonnez-moi ! Je n’ai pas voulu cela, je ne pensais pas ce que j’ai dit ! Les feuilles de l’arbre chantèrent avec moi pour accentuer ma demande, les perles de pluie rythmèrent ce chant, la Lune envoya ses rayons vers la maison. Le Dragon poussa un grognement qui nous accompagnait et la nuit noire profonde et insondable arriva masquant tout.

Le lendemain je me réveillais dans l’enclos proche de la maison de Karl. Je gardais en mémoire la nuit précédente. Je me levais rapidement et allait voir du côté de la maison où avaient dormi Il et sa femme… Tout était normal , aucune trace, rien. Perplexe en revenant vers la maison de Karl pour lui raconter mon rêve, je me passais ma main sur la figure pour chasser une mèche de cheveux et je touchais alors une fine éraflure, vestige de cette nuit là.

Ma haine était partie, et je garderais à jamais une trace de ce que la folie aurait pu me faire commettre.

Etoile.

Par Axellson le 15/1/2002 à 21:23:58 (#723110)

*essuie son front en sueur*
*deglutis*

Etoile..vous..vos pensées sont..*deglutis a nouveau* je crois que les ombres de selene habitent beaucoup trop vos pensées
*ressent desormais autant de defiance envers Etoile qu'envers sa deesse*



http://bibliomsa.ifrance.com/bibliomsa/loviath.jpg

Par Karl le 15/1/2002 à 21:28:37 (#723125)

*Apres avoir ecouté le recit de son Etoile*

Mon Amour, quel terrible reve :(
La Haine que nous voyons et combattons chaque jour ne doit pas souiller nos coeurs.
Je tacherais de te faire oublier vite tout ça :amour:


Karl
*fan numero 1 d'Etoile*
*adore cette histoire*

Par Sieur Dubourina le 15/1/2002 à 21:30:05 (#723134)

Bravo, c'est très joli ma chere :)

Si seulement toutes les personnes qui peuplent ce bas monde pouvaient penser comme vous avant de comettre leurs actes irrémédiables ...

Par Ayame Elros le 15/1/2002 à 22:03:09 (#723258)

Enfant de la nuit tu avance vers ta destiné
lorsque la sombre déesse se fait protectrice
La haine ,la mort tous cela n'est que suplice
Reléve la tête vers l'avenir et oublie ton passé

Puisse tu douce étoile trouver le bonheur comme il se mérite aupres de ton bien aimé , de ta déesse et de l'amitié

Par Thriel le 15/1/2002 à 22:12:08 (#723305)

Une histoire fort bien contée, mais troublante, je n'aimerais pas faire de tels cauchemards...

Ton esprit me semble tourmenté, j'espère que ton union avec Karl pourra te faire oublier ces tracas :)

Par Aërandis le 15/1/2002 à 23:12:46 (#723547)

rp: Tout ce que j'ai à dire:
A votre avis qu'a ressenti IL quand il m'a torturé à mort, noyé, puis pendu, en essayant de m'arracher de faux aveux.

Je ne connais point sa famille et je ne leur veux point de mal, mais toi aussi tu connaitras la souffrance et la terreur IL, et ce jour tu te repentiras de tes méfaits.

La seule conclucion à laquelle j'arrive en écoutant cette histoire, c'est réfléchissez bien avant de vous marier avec une tel personne. De sa folie et son inconscience, vous pourrez bien finir par payer le prix.

hrp: Un très beau texte Etoile, mais je ne pense pas que je le rimerai, je serais incapable d'en garder le message intact.

Par IL Athalia le 15/1/2002 à 23:28:13 (#723647)

Etrangement, ce texte augurant à mon encontre les plus funestes destins, coincide avec ce que j'oserais nommer une "révélation" à mes yeux.

Je connais à présent ma voie, et je la suivrais jusqu'à ma mort.
Cette haine, ces prémonitions d'Etoile, ne font qu'appuyer mes resolutions.

L'avenir parlera de lui même...

Par RouquiniX le 15/1/2002 à 23:36:17 (#723672)

*Espère que Karl veillera particulièrement sur Etoile, qu'il ne lui arrive pas de malheureux incidents...*

Par Etoile le 16/1/2002 à 12:32:45 (#724838)

Provient du message de RouquiniX
*Espère que Karl veillera particulièrement sur Etoile, qu'il ne lui arrive pas de malheureux incidents...*

N'ait crainte mon Maistre, Karl me protège. Et Sélène aussi saura veiller sur moi.

Etoile.
*l'élève du Grand Mealarick aime à le rappeler*

Par RouquiniX le 16/1/2002 à 13:47:26 (#725296)

aime à le rappeler

Il l'a surement pas oublier. Juste qu'il soit loin des terres depuis déja quelques temps l'empêche de te cotoyer. Il était parti en trombe il y a au moins une dizaine de jours vers de lointaines contrées.

--March-Rouquinix,
Faux-frère de Mealarick

Par Nok Sorgh le 16/1/2002 à 14:53:44 (#725740)

Aerandis es tu sur et certain que tu te sentirai mieux apres avoir fait subir a Il ce qu il t a fait subir ? tes blessures ne disparaitront malheureusement jamais, et tu veux en plus avoir a vivre avec le sentiment d avoir tenu le destin d un homme entre les mains et de l avoir juge...

Crois moi Aerandis, la vengeance a un gout amer, et elle n enleve pas la douleur, bien au contraire