Le vieux fou

Par Aron le 10/1/2002 à 14:53:07 (#693549)

Le soleil était bien bas sur les collines orangées de Camelot. Le fermier finissait de ranger son outillage. Une bonne odeur de soupe ayant fait le voyage depuis la maisonnée lui chatouillait les narines et mettait son estomac en appétit.
Ce n'est qu'au dernier moment qu'il aperçut une silhouette sortir d'un bosquet. L'homme était d'une taille modeste et marchait d'un pas furtif aussi silencieux que le plus discret des renards. Ses cheveux grisants apparaissaient presque roux dans le soleil couchant et rendaient l'image encore plus juste. Malgré tout le passage que la route proche générait, Jehnim savait reconnaître quelqu'un du premier coup d'oeil. Il s'avança donc vers celui qui était surnommé "le vieux fou" par les habitants du coin, et lui tendit la main.

- Comment va, Erauc ?
- Bien, mon ami, et toi ?
- Un jour de plus que Dieu m'a accordé. Rien de neuf. Qu'est ce qui t'amène par ici ?

En plus d'être vu comme un excentrique, Erauc avait aussi la réputation de savoir s'inviter. D'aucuns disaient que sa bourse ne laissaient tomber aucune pièce qui ne soit nécessaire. Le paysan ne fut donc pas surpris par la réponse.

- Je reviens d'un petit voyage dans les plaines et je pensais que peut-être tu pourrais me prêter un petit quelque chose à grignoter pour me soutenir jusqu'à la ville d'Arthur.
- Tu tombes bien alors, le dîner sera bientôt servi. Repose toi un instant, je vais prévenir Anilea.
- Merci bien, mes vieilles pattes apprécieront.

Jehnim alla informer la maitresse de maison qu'un invité surprise se joindrait à eux. Erauc s'adossa à un arbre qui, lui aussi, semblait accuser son âge. Il s'adressa à lui comme à un compagnon de toujours.

- Tu permets, vieille branche ? Que tes graines se répandent dans tout Albion, j'ai toujours pu compter sur toi.

Et il se lança dans un dialogue étrange, puisqu'il était le seul à parler, l'arbre ne semblant pas daigner lui répondre de vive voix. C'est évidemment ce genre de comportement qui lui fit sa réputation de vieux fou.

Des voix d'enfant parvinrent jusqu'à ses fines oreilles. Gideline et Farnam ayant appris son arrivée couraient vers lui à petites enjambées mais à grands cris.

- Le fouuuuuuuuuuuuuuuu ! Youhouuu ! On arrive !

Le plus agé, Farnam arriva le premier, alors que sa soeurette peinait à grimper la petite colline.

- Attend moi, N'nam ! Frérot !!!
- Salut les enfants.
- salut m'sire fou !
- Qu'est ce qui vous amène ?
- Je veux une N'histoire, annonça sans détour la petite fille.
- Oui, racontez une bataille, avec des monstres et tout ça, et puis j'peux voir vot' dague, dites ?
- Non, pas les batailles, c'est N'nuyeux, je veux l'arbre qui voulait être un N'oiseau.
- Ah non, on s'en fiche, on la connait déjà celle-là.
- Ben d'abord moi je l'aime bien alors je veux l'entendre.

Et les enfants continuèrent ainsi à se chamailler, pendant qu'Erauc les observait un sourire en coin.

Anilea jetait la dernière main à la préparation du dîner. Un froncement de sourcils incessant et des grimaces répétées montraient bien qu'elle ne voyait pas d'un bon oeil la présence d'un couvert supplémentaire. Finalement, elle finit par l'avouer tout haut.

- D'abord pourquoi il est encore revenu ce pique-assiette ? Ca ne lui dirait pas de chercher sa nourriture lui-même, ou d'aller embêter les nobles pour changer ?
- Peut-être qu'il préfère ta cuisine. Moi je ne lui donne pas tort.
- Oui, bien sûr. Je crois plutôt qu'il se croit tout permis. Et l'âge ne l'a pas arrangé. Je me demande ce qu'il fait de ses journées. Il affirme être tout le temps sur la route, mais il ne donne aucun détail. Que ses pieds le mènent donc à Midgard, on en sera débarasser.
- N'exagère pas. Avec la guerre qui s'annonce, il sera peut-être utile. Sa réputation ne porte pas que sur sa soi-disant folie. On dit qu'il a servi comme éclaireur royal.
- Pfff, des paroles d'elfes ça. Je ne l'ai jamais vu avec un arc.
- Peut-être, mais peu importe. On doit le gite et le couvert, surtout par les temps qui courent. Je vais le chercher. Garde ta mauvaise humeur dans ta poche s'il te plait.

Le repas se déroula sans problème, mais dans un silence pesant. Apparemment peu incommodé par la chose, Erauc remercia ses hôtes et reprit ses affaires. En passant il déposa un faisan dans l'appentis. Après tout, le fermier méritait bien ça. Avec l'entrainement qu'il avait repris, le vieux fou ne savait pas s'il reverrait ce toit un jour. Il se dit que les bonnes gens avaient peut-être raison finalement. A son âge, on se dorlote au coin d'un feu ou on joue les sages dans les soirées de Camelot. La folie était donc envisageable. Mais un serment ne se révoque pas facilement. Arthur ou pas Arthur, Albion restait sa patrie, et il avait juré de la défendre bien des années auparavant.

Le sac sur le dos, il repartit vers la grand-route, droit vers le ciel rougeoyant du crépuscule, comme un signe précurseur de flamme et de sang.

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Comme le forum d'Albion est assez calme, je poste cette petite présentation du personnage que je devrais jouer en version commerciale, et qui a fait ses premiers pas hier en beta. En espérant que les rares personnes ayant lu jusqu'au bout ne se sont pas endormies, je vous souhaite bon jeu.

Aron, a.k.a Ardensio et Erauc sur Albion.

Par Belgar Klein le 10/1/2002 à 19:44:36 (#695078)

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