Là où nait la beauté

Par touanou le 8/1/2002 à 21:46:05 (#686529)

Les pavés de la petite ruelle de Light Haven sont glissants, la journée a été pluvieuse. Affairés, les passants marchent vite, capuche rabattue ou tête baissée, ne prêtant plus guère attention aux quelques infirmes, couchés à même le sol, qui tendent vers eux leurs bras maigres et leurs regards vides. Un lépreux, clopinant sur une béquille de fortune, tente d'attirer l'attention d'un prêtre affairé en agitant sa crécelle et le suppliant de sa voix éraillée d'apaiser ses souffrances pour un moment. L'homme passe devant lui sans lever le regard, et porte une main à sa bourse, d'un geste instinctif, pour sentir le contact rassurant du cuir dans sa paume.
Au milieu de cette ruelle, la Taverne de Halam : un mur de pierres, un toit de chaume, un écriteau grinçant au gré des rafales de vent et une porte fermée. Un chien, batard famélique, s'étire sur le paillasson couvert de boue.
Entrons.
A l'intérieur, on ressent tout d'abord la chaleur : une chaleur imprégnée d'odeurs multiples qui prennent à la gorge. L'impression d'entrer dans une étable. Il est tard déjà, et les fenêtres sont fermées, calfeutrées. Une fois le seuil passé, on ne sait plus, déjà, s'il fait jour ou nuit. On peut, pourtant, deviner l'heure, à voir l'état de la taverne, à entendre le bourdonnement sourd, à humer l'air.
L'heure des chants et des rires est passée. La séduisante danseuse Iagonite aux voiles chatoyants a quitté les lieux, et avec elle les jongleurs et les courtisants. S'il en est venu, les paysans ont depuis longtemps fini leur bol de gruau et leur viande bouillie, et sont rentrés chez eux, maudissant l'hiver et le mauvais temps. Le temps des récits, des légendes, des mensonges, est terminé, lui aussi. Les prétendus Seigneurs Elfes, et les pourfendeurs de dragons sont retournés d'où ils étaient venus, la tête pleine de rêves, la voix éraillée par leurs récits et par le mauvais vin. Les éclats de voix et les bordées d'injures se sont éteints, les rixes se sont noyées dans la bière, tous les buveurs sont partis ou se sont assoupis.
La lumière vacillante, qui éclaire la pièce, découpe les ombres et se reflète dans les verres émane d'une demi douzaine de chandelles, dont la cire, débordant des chandeliers, poisse le bois des tables et du comptoir.
Déjà, on a oublié le froid et son lent engourdissement. On peut prêter attention au silence tout particulier qui règne dans la taverne. On entend presque plus les voix du dehors, on ne sait plus si la petite bourgade s'endort ou si elle est en train de s'éveiller. Ici, le claquement des pas de la serveuse et les respirations sourdes emplissent l'espace sonore. Des murmures aussi, des demi-voix... On hésite à chuchoter, à troubler la douce quiétude et la torpeur, qui ne tardent pas à envahir à son tour le nouveau venu.
Les cheveux défaits, le regard fatigué, la serveuse est debout, passant un coup de torchon symbolique sur le comptoir crasseux. Autour d'elle, dans la salle, une demie douzaine d'ivrognes ont décidé de passer la nuit ici, comme chaque nuit; trop saouls pour rentrer chez eux, trop lourds et trop inertes pour être jetés dehors. C'est un formidable musée de chair informe, un ramassis de la lie de l'humanité, de corps gras et fatigués, un étal de boucherie. La plupart d'entre eux n'ont pas quitté la taverne de la journée, et ne la quitteront pas demain non plus. En ces lieux, en cette heure, plus personne n'a de nom : on l'a oublié, on ne veut plus s'en souvenir, on en a honte : on en a plus besoin.
L'un d'entre eux semble encore assis, droit sur sa chaise, les doigts crispés sur sa hallebarde ; c'est en fait son armure rigide et rouillée qui le maintient dans cette position inconfortable. Sa poitrine se soulève péniblement et se rabaisse, à la manière d'un soufflet, et le bourdonnement sourd de sa lente respiration se mue parfois en sifflement aigu. Les yeux mi-clos, qui saurait dire s'il est éveillé ou endormi : il a été, par le passé, un espion talentueux. Eveillé ou pas, en tout cas, il est saoul.
Dans un coin sombre, on aperçoit un tas, écrasé dans sa pisse. Serrant un tonneau vide contre lui, ce vieillard chauve tend dans son sommeil un doigt vers une direction improbable, en anonant un refrain oublié de tous il y a bien longtemps de celà.
Il y a encore deux hommes, deux tas de viande, vautrés l'un sur l'autre, armes à la main, serrés en une étreinte fraternelle après un duel où aucun coup n'aura été porté.
A la table la plus éloignée de la porte, deux silhouettes voûtées sont engagés depuis plusieurs heures dans un dialogue ponctué de bagarres et de bière, où ni l'un ni l'autre n'écoute vraiment ce que l'autre lui dit. Parfois, l'un s'endort quelques minutes, laissant l'autre divaguer à sa guise. L'un d'entre eux s'est débarrassé de sa chemise, et étale les remous de sa chair, comme un vêtement trop ample, sur la table jonchée de verres vides. L'autre, la face rougeaude, un casque à cornes sur le crane, est le seul qui ait encore l'oeil brillant.
"Tiens... Je ne m'en étais jamais rendu compte...
- Hûh ?
- Elle a un cheveu blanc.
- Gnnn ? Qui cha ?
- Geena.
- Oh, elle..."

un monde connu ?

Par Phylis le 8/1/2002 à 22:18:45 (#686695)

*tiens tiens on dirait des gens que je connais ... ca m'rappelle des têtes tout ça ...*

- tiens vous vous z'éti ... *berk y pue celui-là* ... nono nono rien :D

*c'est bon de rentrer enfin à la ville... y m'manquaient presque tous ceux-là...*

*bon faut pas s'attendrir, même si y sont tout mimis à roupiller dans leur coin... moi j'viens pour les bouteilles de derrière le comptoir pour qu'on rigole un peu... pi ça tombe bien qu'y sont tous tout comme ça, au moins y m'poseront po des questions...*

La chtite fifille (moi quoi) traverse sur la pointe des pieds ce lieu de bienhêtre, ce temple hors du temps où chaque parole est un choeur et chaque geste un ballet quasi-lunaire dans sa grâce. Elle ressort aussi silencieusement qu'elle a pu, sous le pizzicatto des chopines qui roulent à terre.

Par Landri MdS le 8/1/2002 à 22:22:03 (#686710)

*adore*

Bravo

Par Splotch le 8/1/2002 à 23:01:14 (#686975)

On sent une telle joie de vivre dans ce texte ! :)
*retourne caliner quelques lapins roses*

Par Faeva le 8/1/2002 à 23:06:43 (#687014)

Félicitations, c'est superbement écrit :)

Par Bubuk le 9/1/2002 à 13:19:34 (#688831)

*aime bien cette verve caracteristique des mds*
*fait remonter le post pour une suite ... peut etre*

Par McYavel le 9/1/2002 à 13:29:28 (#688872)

On s'y crorait :)
*roule sur une chope vide*

Par Landri MdS le 9/1/2002 à 22:36:57 (#691732)

*remonte le post*
http://perso.wanadoo.fr/noiralc/geenaquarelle.jpg

hop hop

Par Fizban le 9/1/2002 à 22:52:12 (#691829)

Monte la haut,
Petit Oiseau,
Petit post tout chaud,
Remonte donc la haut...

J'aime bien tes histoires Touanou, ça aurait été bien si tu avais pu participer à l'election toi aussi...

Fiz

Par Landri MdS le 9/1/2002 à 23:01:16 (#691879)

Touanou, ça aurait été bien si tu avais pu participer à l'election toi aussi...

ah oui tiens pourquoi t'as pas pu hein? *explose de rire*

Par Bubuk le 9/1/2002 à 23:36:09 (#692046)

*voit la signature du post de landri*
*ne savait pas que Landri etait une femme*

:doute:

Par Landri MdS le 10/1/2002 à 13:12:11 (#693097)

Grmmmbl allez allez ne te fais pas encore plus idiot que tu l'es Nubuk!
Si tu continues c'est toi qui va chanter comme une femme!
(et ouais j'en ai appris un rayon sur le castrage grace à chani)

Gné, landri.

Par Moire le 11/1/2002 à 7:12:21 (#697360)

héhéhé.....je l'ai toujours dit, geena... la beauté de l'âge... il n'y a rien de tel *clin d'oeil*

*petit sourire*

Par Mabelle le 11/1/2002 à 7:15:18 (#697372)

*Approuve les dires de Moire*

*Petit Hochement de tête*

*sourit*

grrrrr

Par Enthymion le 15/1/2002 à 1:33:23 (#719109)

Il fait quoi là ce post merveilleux ?!

*en bave de jalousie*

Par Chani de Pern le 15/1/2002 à 2:23:16 (#719184)

Provient du message de Landri MdS

(et ouais j'en ai appris un rayon sur le castrage grace à chani)

Gné, landri.

Si tu veux des cours particuliers, je te montrerai ce que je sais faire avec des pinces :).

Par Moire le 15/1/2002 à 5:53:37 (#719426)

Chani, voyons... Laisse donc ces pauvres gars tranquilles.. Ils sont déjà assez de malheurs en soi.. *pouf* *lui fait un clin d'oeil*

Par Landri MdS le 15/1/2002 à 12:48:07 (#720559)

Mais...madame "jemeconfesseatoutlemondesurtoutdansunendroitferméetquandilssont plusieurs" je n'ai rien demandé et puis vous voir à l'oeuvre sur quelqu'un d'autre m'a deja assez apporté, de l'experience comme de la douleur d'ailleurs ..
*essaie de ne pas y penser*

*imagine des pinces*....rhaaaa

Par Chani de Pern le 15/1/2002 à 16:06:49 (#721542)

Provient du message de Landri MdS
madame "jemeconfesseatoutlemondesurtoutdansunendroitferméetquandilssont plusieurs"

Certes, mais je vous ferais remarquer qu'il n'y a que Touanou qui a tenu jusqu'au bout, vous vous êtes enfuis comme des laches *va se faire des copains chez les MdS*

Par touanou le 15/1/2002 à 16:16:19 (#721602)

Certes, mais je vous ferais remarquer qu'il n'y a que Touanou qui a tenu jusqu'au bout, vous vous êtes enfuis comme des laches *va se faire des copains chez les MdS*

Ouais !

Amicalement,
Touanou, posteur constructif.

Par Felomes le 15/1/2002 à 16:56:56 (#721822)

*aime beaucoup la poitrine de Chani de Pern*

(ou bien c'est le chien à côté ?)

*remonté*

Par Darhtagnan-MdS le 15/1/2002 à 17:03:46 (#721859)

Bien. Bien bien bien.

Nous sommes à votre disposition pour terminer la Confession, Dame Chani.
Nous reparlerons de vos exploits, et de vos souvenirs troubles concernant le nombre des participants.
N'ayez crainte, vous savez que le contenu de ces seances reste totalement privé et que nous sommes comme qui dirait obligés par le "secret professionnel", en quelque sorte.

Vous voyez que je ne suis guère rancunier, et que je ne vous tiens plus rigueur de vos elans colériques incontrolés, bien que je continue a reclamer un examen pointu sur votre etat psychlogique, madame.

*ricane*

Salutations, Chani.

Darhtagnan, dessiné par landri et emasculé par Chani.

Par Horn Demon le 15/1/2002 à 17:19:16 (#721942)

Provient du message de Felomes
*aime beaucoup la poitrine de Chani de Pern*

(ou bien c'est le chien à côté ?)

*adore le style tres subtile de son collegue* :D
*chuchotte* je crois que Chapi Chapo c la plus poilue ;) :p

Par Chani de Pern le 15/1/2002 à 21:53:46 (#723228)

Provient du message de Felomes
*aime beaucoup la poitrine de Chani de Pern*

(ou bien c'est le chien à côté ?)

*Gronde et mord Félomes*