A la frontière...

Par Vrittis le 8/1/2002 à 11:46:52 (#683489)

Cette histoire est de celle que l'on raconte dans les caravanes, à la nuit tombée. Sous le ciel piqué de milliers d'étoiles, on se réunit autour des feux. On danse, on boit, on chante. Puis un homme, une femme, un enfant prennent la parole.
Leurs mots s'élèvent dans la nuit, vous emportent avec eux, et vous vous élevez par delà les fumées des feux, vous partez vers les étoiles...

Cette histoire fut celle, très simple d'un homme et d'une femme. Ils se rencontrèrent presque par hasard, parce que l'un et l'autre étaient habités d'une douce folie.

On lui avait dit de ne pas s'approcher des villes, que leur peuple n'était pas bien vu par les résidants. Mais lui ne les écoutait pas. A chaque arrèt, il se dirigeait vers la bordure du camp, et marchait jusqu'à voir les lumières des villes. Elles étaient magnifiques, brillantes et attirantes, et lui se sentait comme ces papillons qui se brulent aux bougies, incapable de résister. Elles semblaient si pleines de promesses incroyables. Mais au matin, il rejoignait ses frères, et restait à leur coté jusqu'à la prochaine étape.

Elle n'aimait plus les villes. On n'y voyait jamais les étoiles. A la nuit tombée, elle partait vers les murailles et passait la porte... La dans la nature, elle suivait telle ou telle étoile. Lorsque des caravanes s'arrétaient près de la ville, elle s'approchait autant qu'elle l'osait. Elle regardait ces étoiles nouvelles, dans leur galaxie de chanson, de bruit, de vie... et elle brulait d'envie d'aller à leur rencontre, de partir dans leur orbite. Et chaque matin elle revenait dans la ville qui s'éveillait, naviguant parmi ceux qui s'éveillaient le jour.

Ils se rencontrèrent au frontières de leurs deux cultures, de leurs deux mondes. Ils se regardèrent longtemps, comme deux animaux qui ne savent pas s'il faut fuir ou s'approcher. Puis il s'approchèrent l'un de l'autre, et chacun serra l'autre dans ses bras.
Le temps ne les épargna pas, et la nuit passa vite. Au matin ils se séparèrent, impitoyablement, sans regarder en arrière. Les larmes coulaient sur leur visage alors qu'ils regagnaient lui sa caravane, elle sa ville.

Les dieux auraient pu les réunir pour l'éternité. Ils auraient pu en faire une constellation duale, deux étoiles à jamais ensemble qui auraient baissé leur regard vers les villes et les caravanes, vers les montagnes et les forets, vers le monde en entier. Ils auraient pu, mais ils ne le firent pas...
Il mourut au loin, un soir ou il s'écarta trop de la caravane et se perdit, victime d'une bande de brutes. Son corps fut abandonné, dépouillé de toutes ses possessions.
Elle mourut poignardée par un gamin trop avide qui voulut se prouver qu'il était un homme en brigandant en ville. Elle mourut dans une rue sordide, les yeux vers les étoiles.

C'est pour cela qu'il faut raconter cette histoire. Tous ceux qui vivent sur les frontières ne finissent pas dans les légendes. Certains finissent oubliés, et c'est parfois de ceux ci que nous devons nous souvenir. Ils ne laissent pas toujours de traces dans le monde, mais ils vécurent aussi...

*se tait, les yeux pleins de larmes*

Par Averoes Landis le 8/1/2002 à 11:52:16 (#683516)

Apprécie et applaudit

Ah, l'appel de la Caravane.
Irrésistible et puissant. Refuge mystique pour les abandonnés, ceux dont la vision du monde est bien trop joyeuse et libre pour rester confinés.
Ah, l'appel de la Caravane.

Par septimus le 8/1/2002 à 11:52:30 (#683518)

:sanglote:
quelle triste histoire ...

Par LicorneDhormOCR le 8/1/2002 à 12:21:28 (#683658)

*a les larmes aux yeux*
merci Vrittis cette histoire est trés belle et nous rappelle de goûter chaque instant de bonheur comme s'il était le dernier... on ne sait jamais de quoi demain sera fait.

Paix et Amour

Par Mekere LameLune le 8/1/2002 à 18:51:42 (#685541)

*se tait*

*regarde deux etoiles ancrées dans le ciel*

*espere que celle ci brilleront eternellement*

Adoration bornée

Par Vhan le 8/1/2002 à 18:59:11 (#685569)

S'ils n'ont pas provoquer de larmes, mieux vaut les oublier au plus vite ...

Par Shaan le 9/1/2002 à 0:47:53 (#687444)

Laisse une larme s'échapper... pour ensuite en faire un souvenir qui échouera entre ses lèvres... se maudit de sa propre faiblesse devant ses paroles.