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Les sept gemmes [Part III]
Par Justine Jellers le 3/1/2002 à 2:01:07 (#653730)
Elle narrivait guère à se rappeler comment elle avait bien pu arriver là, mais Justine marchait maintenant depuis ce qui lui semblait des heures. Elle navait pu trouver deau depuis tout ce temps et sa bouche était pâteuse. Elle espérait voir enfin sachever ce calvaire quelle endurait pour une raison qui lui restait cachée. Elle essaya de se rappeler les récents évènements mais une intense douleur au niveau de la nuque la fit chanceler et presque tomber à genoux dans le sable brûlant.
- Tu ne dois pas essayer
Son armure de cuir avait depuis longtemps été abandonnée le long de sa route, ses diverses parties marquant sa piste tel un Poucet des temps anciens, chose bien inutile en regard des traces de pas qui terminait la course au loin. Maintenant sa tunique à moitié déchirée pendait lamentablement sur sa peau rougie par les ardents rayons du soleil. Son crâne battait la chamade, comme si un régiment entier de joueurs de tambours avaient sournoisement décidé dy élire domicile. Un jour peut-être elle saurait pourquoi le cerveau se révoltait ainsi, au point de créer cette lancinante souffrance. Pour linstant elle ne souhaitait quune chose
trouver des réponses. Plus elle y pensait et plus la douleur révélait chaque fibre de ses nerfs. Elle prenait enfin conscience des multiples connexions qui pouvaient coexister dans sa tête, maintenant elle respecterait celles-ci, mais par Bréhan
Ses jambes lourdes ne la tenaient que par la force de son caractère
elle ne voulait pas mourir ici, perdue et seule au milieu de limmensité.
Quelque chose lui parvint
une image
celle dun combat acharné avec une momie dans la crypte de Light Haven. Elle se rappelait maintenant ses furieux coups dépées dans les bandelettes racornies de ces maudites créatures. Lune delle avait voulu lui porter un coup de sa main griffue quelle avait esquivé de justesse. Puis le noir. Elle ne sétait réveillée que pour observer ce morne horizon où le blanc du ciel semblait fusionner avec le jaune du sable pour ne former quun.
Depuis
elle avançait pas à pas
lentement mais sûrement vers une destination qui lui restait cachée mais quelle finirait bien par découvrir
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- Doit-on lui infliger pareil souffrance ? demanda une voix féminine qui, curieusement, résonnait.
- Tu le sais bien, mon amour
- Oui, mais
- Il ny a pas de mais, intervint une troisième voix. Nous le devons.
- Irëan a raison ma douce
Nous devons impérativement savoir si elle pourra supporter les enseignements quon devra lui inculquer. Cest un mal pour un bien.
Il désigna limage où lon pouvait apercevoir Justine avançant dun pas hésitant à travers les dunes. Autour delle, trois créatures baignaient dune lueur blanche une pièce exiguë sans ouverture. Isolée, une troisième forme était accroupi et, les yeux clos, semblait être en méditation.
- Je naime pas toute cette souffrance, Albeërand. Cela nest pas notre nature.
- Les choses changent, ma douce Syllenneä. Nous devons nous adapter à cette situation où le temps nous manque. Et puis, ne sois pas si inquiète. Il avança sa main vers le visage de la forme féminine aux longues oreilles. Ellaë veille sur elle. Il ne la laissera pas mourir.
- Tu as sans doute raison. Mais je ne peux mempêcher de me faire du soucis pour cette Justine. Un voile de tristesse passa devant son visage. Elle navait rien demandé à personne et la voilà élue par une chose qui la dépasse de loin.
- Elle a été choisie, elle ne peut sy déroger sans y risquer la mort
- Irëan ! Nas-tu aucun sens de là-propos ?
La forme de loin le plus mince prit une mine contrite.
- Je suis désolé
il marrive bien souvent de memporter, mais une telle hâte de rejoindre mes compagnons ma envahi que mes actions sont guidés par elle.
- Bien sûr
mais dis-toi que nous en sommes tous au même point, même moi, celui qui ta toujours mené comme un chef. Aujourdhui tu peux me traiter en égal.
Il tourna son regard vers limage de Justine. Il la fixa dun regard totalement blanc et dénué démotions. Limage devint flou et ondula faiblement. La lumière émanant des quatre formes baissa légèrement laissant les ombres gagner en puissance. Les paupières de lêtre en méditation cillèrent, laissant planer un silence pesant dans la pièce.
- Ils savent que nous avons réussi à la contacter, cria Irëan. Ils tentent de nous en empêcher.
- Je le sais bien, mais Tunis va les mettre à mal. Ne sous-estimons pas ses capacités mentales.
Ils observèrent le combat sans bruit auquel se livrait Tunis. Ses traits se crispèrent. Puis aussi vite, ceux-ci se relâchèrent. Sans ouvrir les yeux il parla dune voix rauque et emplie dune forme de sagesse.
- Ils ont réussi à investir le rêve
Ils vont tenter den prendre le contrôle. Ils ont regagné plus de puissance que je ne lavais estimé.
- Il ne nous reste plus grand espoir
informa Albeërand.
- Si
Il nous en reste au moins un, le plus important, répondit Syllenneä dune voix cristalline.
- Et en quoi réside-t-il ? interrogea Irëan dun ton ironique.
- Mais
en elle.
Et Albeërand désigna Justine Jellers, cette petite guerrière qui avait encore tout à prouver.
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Dans la tête de Justine un combat acharné faisait rage. Elle avait limpression quune infinité dêtres avaient envahi lespace restreint de son crâne et combattait avec une âpreté propre à lui infliger pareille souffrance. Elle sétait agenouillé et se tenait la tête entre les mains, la secouant de droite à gauche dans un signe parodique de négation. Elle narrivait plus à émettre la moindre pensée cohérente sur ce qui lui arrivait. Puis la guerrière fut libre de toute oppression. Létau dans lequel elle sétait trouvée se desserra. Elle sécroula la tête la première dans le sable, accueillant avec une certaine joie létat de semi-inconscience vers laquelle elle se dirigeait.
- Non
nabandonnes pas.
- Mais si
laisses-toi aller. Tu verras ça ira mieux lorsque tu te seras réveillée de ce cauchemar.
- Ce nest pas un cauchemar. Tu dois résister.
- Demandes-toi donc qui sont ceux qui tinfligent tout ceci. Quelquun dans ta tête peut y répondre
-
-
mais il ne le fera pas. Car il sait que tu te pose des questions auxquelles il ne peut répondre. Pourquoi endurer tout cela ?
- Affabulations que tout cela. Si tu abandonnes maintenant, tu mourras à coup sûr.
- Ha ha ha ha ha
tout le monde doit mourir de toute façon.
- Arrêtez
Par Bréhan
Sa voix nétait quun murmure mais laissa planer un instant de doute envers les créatures qui parlaient dans sa tête. Elle avait le goût du sable dans la bouche et tout son corps la faisait souffrir. Mais ce nétait rien en comparaison de cette vrille qui semblait lui percer la base du crâne.
- Laissez-moi
tranquille
je ne vous
ai
rien demandé.
Aucune réponse ne lui parvint mais elle pouvait jurer que les deux voix lécoutaient. Elles pouvaient sentire la présence de leur deux propriétaires à lintérieur.
- Je
nous sommes désolés pour tout ceci, jeune Bréhanite.
- Que ne faut-il pas entendre
- Cest lurne qui tas choisie. Nous ne faisons que suivre son choix. Rien dautre.
- U
Urne ?
Les mots sortaient maintenant difficilement, saccrochant à sa langue râpeuse. Elle avait faim, soif
Quand cela allait-il finir ?
- Tu dois avancer encore, tu nes pas parvenue à ta destination.
- Y parviendras-tu avant de técrouler morte ? Avant que tes juges soient enfin satisfaits de tes actes, ny laisseras-tu point la vie ? Rien nest moins sûr je tassure. Accompagnesmoi plutôt et reviens à la réalité. Rejoins la vie qui est normalement la tienne.
- Continues et tu mourras peut-être
Restes ici et tu mourras sûrement. Que choisis-tu ?
Cette question fut comme un couperet. Justine implora laide divine, sadressant à cet astre de vie qui léclairait de toute la force dont il pouvait savérer capable.
- Brehan
envoies-moi un
signe. Guides
moi sur ce sombre
chemin où
mes pas mengagent. Je ten supplie
Tel un papillon se libérant des filets tendus par une araignée vorace, lesprit de Justine senvola très haut dans le ciel, doù elle put observer son corps étendu dans le sable. Kaléidoscope dimage et un souvenir lointain dune jeunesse à jamais révolue se déroula devant ses yeux.
Deux adolescents maniaient des bâtons et semblaient se battre en duel. Parades, bottes et feintes senchaînaient en une procession parfaite pour ces deux élèves dun même maître darmes, le vieux Fanor. La sueur perlait sur leur front, signe de lintense effort auquel se livraient ces jeunes gens. Puis, par un simple mouvement de tête, les deux bouts de bois sabaissèrent en signe de salut. Et les deux amants sembrassèrent amoureusement.
- Tu es si belle quaucun peintre ne pourra en saisir la quintessence
jamais.
- Mais quen est-il des peintures que tu as fais de moi alors ?
- Oh
celles-là ? Elles ne sont quune facette de toi que je préfère garder pour moi
Et les deux insouciants de se laisser aller à un fou-rire quils souhaitaient éternel
Nouveau kaléidoscope dimages lancées à grande vitesse. Arrêt sur un champ de bataille que Justine neut aucune peine à reconnaître. Souvenir douloureux quelle naurait jamais souhaité revoir. Elle vit un homme ensanglanté quune jeune femme enlaçait de ses bras. Ils portaient tous les deux une armure aux insignes dune maison quun néophyte ne saurait reconnaître.
- Ma Justine
ne pleure pas. Mon destin était de rester ici, sur le lieu où la guerre nous a enlevé tant et tant. Le tien ne lest point
- Linneas
- Non, Justine
ne fait pas cela. Je sais ce que ton esprit envisage, mais ce nest pas une solution. Toi-même tu le sais. Ton heure nest pas venue. Sois courageuse et vis ta vie
Tu ne devras jamais abandonner, promets-le moi
- Je le jures par toi, qui est celui qui mest le plus cher et qui le seras toujours.
- Notre amour vivra à travers toi, tant que tu resteras en vie
ne loublies jamais.
Un filet de sang coula librement le long du cou et Justine accueillit avec une larme le dernier souffle de ce corps que la dernière étincelle de vie venait tout juste de quitter. Elle cria son désespoir à qui voulut lentendre et seffondra au milieu des cadavres décharnés et des blessés agonisants.
Le mélange des images réapparut et Justine sentit quelle réintégrait son corps. Elle marchait maintenant dun pas presque mécanique. Elle ne savait où elle avait trouvé la force pour se lever mais son fugitif voyage restait en mémoire et la menait vers son but
quel quil soit.
Elle y arriverait bien à un moment ou à un autre
elle en était maintenant certaine.
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- Nous pouvons lui révéler maintenant lobjet de la mission pour lequel elle est destinée. Tunis, tu peux contacter Ellaë et lui dire de revenir. Nous devrons tous être présent lors de lentretien.
Irëan sapprocha de la silhouette couronnée dAlbeërand.
- Pour ce que tu as dit tout à lheure, que nous étions tous sur un pied dégalité
saches que pour moi, tu seras toujours mon prince, quelle que soit la situation.
- Japprécie tes paroles, Irëan, mais il sera temps den deviser ultérieurement, nous devons nous préparer.
Irëan sinclina et tout les êtres séclipsèrent de la salle, laissant les ombres gagner définitivement le combat.
- Maintenant vient le temps de laction, en effet. Les palabres inutiles se feront rares. Advienne que pourra.
Lurne réapparut à la place de limage de Justine, qui marchait dun pas décidé dans les profondeurs des dunes. Au-dessus une jeune fille souriait malicieusement. Ses cheveux étaient parés de fleurs multicolores. Elle portait une robe usée qui lui arrivait aux genoux.
- Jaime ces jeux
Hi hi hi
Ils ne se doutent jamais de rien
A suivre...
Par Ireas le 3/1/2002 à 3:25:20 (#654055)
Par Rand le 3/1/2002 à 9:30:02 (#654416)
Par Azulynn le 3/1/2002 à 10:49:17 (#654573)
Abracadabra !
Le post retrouva sa vraie place qu'il n'aurait jamais du quitter, emporté qu'il a été par la magie noire de certains autres posts...
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Très bien écrit, Kyriane/Justine :amour: :)
Par lana le 3/1/2002 à 12:03:12 (#654870)
*suis attentivement les aventures de la jeune Justine*
Par Kyriane Feals le 3/1/2002 à 16:45:54 (#656360)
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