Rêve de débauche...

Par Cyrian Lerogath le 3/1/2002 à 0:05:26 (#653093)

La fumée des pipes était partout, et Cyrian y nageait avec délectation. Le tripot était rempli à ras-bords de joueurs de tous acabits : là, on pouvait y voir le jeune aventurier néophyte, encore sale de sang mal lavé et qui rêvait de faire fortune ; de l’autre côté, on apercevait un groupe de vieux baroudeurs, rodés aux vrai-faux-faux-faux-bluffs, ceux qui ne marchent que sur les joueurs professionnels d’un cran en dessous, mais pas sur les imbéciles heureux qui ne regardent que leur main au Poker ; là aussi, on pouvait y voir le flambeur, bien feutré sous son large chapeau, les manches probablement remplies à ras-bords de jokers et d’as. Lerogath savait à sa vue, sous son sourire condescendant, que tôt ou tard on allait l’appeler pour régler une affaire de victoires truquées. Ce n’allait pas être la première ni la dernière fois d’ailleurs, mais soit, il avait encore le temps de patauger dans le délice vicieux de ce lieu de perdition gaillarde. Il s’assit pesamment en compagnie de quelques habitués, siffla le verre d’un de ses compagnons et battit les cartes pour entamer une partie de Fizbin. Il s’arrêta net lorsqu’une plantureuse matrone fit irruption dans la salle de jeu, la fureur au regard et le rouleau de pâtisserie à la main.
« Ou qu’il est, ce bon à rien d’bâtard d’faux mari à la noix ? » beugla t-elle, l’arme menaçante. La salle entière se figea devant l’horreur de cet ultimatum, car même si elle n’était pas leur propre femme, elle incarnait à la perfection la perpétuelle menace qui planait sur la majorité de leurs têtes enfumées. Un joueur eu l’audace de lui répondre avec force juron qu’une femme n’avait rien à faire ici et que c’était un lieu d’hommes.
Son crâne se décora d’une bosse de deux semaine qui lui rappela longtemps que l’égalité des sexes n’est qu’une vaste plaisanterie. Le mari se dénonça tout seul du fond de la pièce, alors qu’il s’échinait à ouvrir la porte de derrière, bloquée comme à l’habitude pour éviter les fuites à l’anglaise.
« L’Haruspice a de la concurrence ! » Ria Cyrian alors que la femme traînait son dulciné hors de l’endroit. La terreur fit place à l’amusement, et les gorges laissèrent libre court à leur tintamarre joyeux. Les parties s’enchaînèrent et les bourses se déchaînèrent. Cyrian attendit un long moment, précisément jusqu’à ce que son œil expert commençait à apercevoir les premiers signes de fatigue chez les habitués. Il se leva de son siège, monta sur l’estrade et intima à la salle le silence. Il prit son temps, accroupi sur la scène et redressant la tige tordue de son trèfle. Lorsque le calme se fit, il se redressa et s’adressa à l’assistance d’une voix forte.
« Mes chers amis, vieux gars, comparses de toujours… » Il joignit à son discours une révérence grotesque, qui arracha quelques rires aux joueurs fatigués. « Il est maintenant temps de satisfaire vos mirettes, car après l’jeu, cette activité saine à laquelle même les Rédempteurs se livrent, à laquelle même les Syliens se risquent, il est de temps de vous débaucher un peu, pas vrai ? » Cyrian faisait des clins d’œil égrillards à l’audience, avec une jovialité communicative. Les connaisseurs savaient à quoi rimait cette interlocution : quelques uns d’entre eux sifflaient déjà, alors que d’autres hélaient les serveuses de leur donner leur meilleur alcool, pour que cet instant soit un bonheur intégral.
« Je vais laisser la scène à la reine de l’estrade, la princesse de Lighthaven, celle pour qui Artherk se damnerait, Lo-re-laaaaaaai !!! » Il s’effaça rapidement de la piste pour laisser place à une jeune diaphane à la poitrine sûre et aux hanches voluptueuses. Ses cheveux noir de jais tombaient sur la moitié de son visage, laissant à l’assistance le loisir d’admirer l’un de ses deux yeux félins, qui brillait de cet éclat d’émeraude qui fait croire à la sauvagerie douce. Tous se turent, après des applaudissement que le tonnerre leur envia longtemps, et la danseuse se mit à l’ouvrage, devant un tapis d’yeux médusés. Ses mouvements s’harmoniaient, tantôt violents, à la frontière de la vulgarité, tantôt sensuels, à l’orée de la pudeur. Sa robe blanche s’échangrait sur une jambe des plus luxurieuses, tandis que son corps s’ondulait en suggestions tacites. Elle avait beau se livrer entière à la sensualité, la pureté de son visage ne laissait aucun doute à sa douceur, ce qui ne faisait qu’attiser les phantasmes de l’assemblée. Tous savaient qu’ils ne pourraient jamais l’atteindre, mais cela ne les faisait rêver que davantage. La danse se finit en une gracieuse envolée, qui fit finir l’artiste sur un genou, comme soumise à son public, ce qui déchira l’assemblée en une clameur unanime. Cyrian l’attendait en coulisse, avec sa nonchalance habituelle, calmant les battements effrénés de son cœur. Il savait qu’un baiser haletant de sa tendre l’attendait…
Oui, le bonheur existe.



Cyrian s’éveilla, vautré à une table de la Taverne de Lighthaven…Mais au lieu de s’endeuiller de la disparition de son rêve, il éclata de rire.
« Ca, c’est bien un d’tes rêves, mon vieux Cyrian ! »
Il se moqua de lui même avec délice, mais n’allait pas attendre pour le réaliser.
Il se leva, et repartit aussi sec se faire un peu d'argent.

Par Estrella le 3/1/2002 à 3:54:06 (#654109)

*Passe devant la taverne...presse le pas en entendant vacarme des voix avinées à l'intérieur... .*

Par Fighter le 3/1/2002 à 15:08:57 (#655913)

Dans un coin sombre de la taverne, installé confortablement , les pieds sur la table et son visage caché par des meches de cheveux ebenes
Sirote tranquillement un verre de vin couleur rubis