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Une journée ordinaire du Baron de Montignac ...

Par Glenaa le 6/10/2001 Ă  11:08:00 (#425821)

Ce matin là, alors que les hommes continuaient à fertiliser aux quatre coins du royaume, lhumus de la violence, Charles Célestin Grégoire, Baron de Montignac apparut à la fenêtre de sa gentilhommière, au fond des bois, et, la main portée en visière, scruta la ruralité. Insomniaque, et la tripe à lenvers, il navait goût de rien. Il rota bruyamment, noyé dans ses sucs et ferments.
Il tenta de vocaliser, puis se prît à hurler soudain, si fort que, à une portée de cloches seulement, le bon père Niuss, se signa par trois fois et en conclut en écoutant les brames du châtelain, à une de ces indigestions dont le seigneur était coutumier

Il urina moins loin que dhabitude, écouta le flux tomber dans les douves, et, seulement ensuite, se pencha au dehors, et put entrevoir Laquenouille son valet sortir de la cave et recevoir sur la tête le pissat de son maître.
Il sapprêtait à abreuver dinjures le drôle, quand celui-ci, lil en biais, fit son entrée, un pichet de vin à la main.

-Voilà de quoi vous déssoiffer, messire.
-OĂą Ă©tais-tu ? interrogea Montignac
-Nulle part, votre altesse.
-Je suis sceptique, dit le baron, en sapprêtant à frapper le dessus de la tête ébouriffée de son valet. Tu as mis ta culotte à lenvers.
-
Lautre sentant venir la grĂŞle, rentra la tĂŞte dans ses Ă©paules.

-Jetais avec mademoiselle Flavie, conclut le malheureux. Elle a encore le feu
-Nom de Dieu ! Jai bien envie de te casser le dos !
-Ce serait fort injuste ! et je ny suis pour rien ! Avec les hommes votre fille sy entend.
-Que sest il passé ? Grogna le baron. Dépêche toi ou je te hache !
-Elle ma montré son écrin à mamelles.
-Ha ! Je devine la suite ! Elle ta remplit la main ?
-Elle a de fiers tétons, mademoiselle Flavie. Difficile de passer à côté.
-Bon, tu la tâtes et après ?
-Elle sest mise toute nue.
-Et moi je vais te mettre en pièces ! Gronda le baron.

Laquenouille sauta de côté et esquiva un coup de pied.

-Je nai rien fait ! Je le jure ! Douze petits degréspour attraper un rhume.
-Je suis sceptique, dit le baron

Il frappa donc La quenouille, et le roua de coups.

-Ha ! Que jai mal ! Jai lestomac au bord des lèvres ! Finissez-moi, que je ne souffre plus !
-Combien de fois ?
-Trois.

Le baron redoubla de coups sur lamant de sa fille.

-Stop ! Je me rends !
-Alors, parle sale gueux !
-Sept fois par-devant, messire Charles, et après, mademoiselle Flavie à voulu retourner sa carte.
-Ho ! Ho ! Tu las ferraillée à lenvers ?
-Vous le dîtes excellemment.

Le baron sarrĂŞta net de frapper.

-Vois tu, Laquenouille, ce que tu mapprends sur ma fille, me fait penser Ă  ma femme.

Il releva le bougre et le réconforta dune vigoureuse claque entre les omoplates.

-Dis-men plus, supplia laimable baron. Flavie a-t-elle aussi bon ventre quon le prétend ? Et de lardeur aussi ?
-Messire, votre descendance est un piment enragé. Elle ne trouvera jamais un mari qui fera son affaire.
-Je suis sceptique, réitéra le baron

-------------

( Ă  suivre) ...

[ 06 octobre 2001: Message édité par : Glenaa ]

Par silendus le 6/10/2001 Ă  11:11:00 (#425822)

tu es trop avec le language d'Ă©poque

[ 06 octobre 2001: Message édité par : hintikar ]

Par JimJim le 6/10/2001 Ă  14:20:00 (#425823)

No Comment

Par sebastien34 le 6/10/2001 Ă  17:16:00 (#425824)

clair

*adore*

Par Wadleight le 6/10/2001 Ă  19:33:00 (#425825)

argh! *visualise trop bien*

Par Nille le 6/10/2001 Ă  21:46:00 (#425826)

*sourit*
:)

Par Fatalis CN le 6/10/2001 Ă  22:13:00 (#425827)

Si tout ca sort de ton inspiration ,alors chapeau :-),j'attend la suite

Par denisfau le 6/10/2001 Ă  22:42:00 (#425828)

Bien,Glenaa,unr fois de plus un tres beau recit....sur ce....
*attends la suite avec bcp d'impatience*

Par ernolia le 6/10/2001 Ă  22:48:00 (#425829)

g-e-n-i-a-l !

Par Kho SdS le 7/10/2001 Ă  12:15:00 (#425830)

*Se joint aux autres pour exprimer son admiration*
Bravo, c'est absoluement génial :-)

ljd

Par denisfau le 7/10/2001 Ă  14:16:00 (#425831)

*repasse lire une nouvelle fois le debut(esperons le!!)de l'histoire..waou....héhé meme mes pârents ont trouvé sa genial....

Par licornailee le 7/10/2001 Ă  15:07:00 (#425832)

je donnerai une bonne note pour l'expression, la grammaire, le langage d'Ă©poque

mais désolée je n'apprécie pas le texte

Par lestath le 7/10/2001 Ă  16:04:00 (#425833)

técris trop bien toi jadore :)
LA SUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIITEUH

Par Glenaa le 7/10/2001 Ă  17:56:00 (#425834)

(suite)


Le lendemain le baron séveilla, en caleçon de pilou et sortit de son baldaquin avec lil bien frais, débarrassé des excès de la veille.
Premier geste, il ouvrit la gazette populaire, où étaient exposés en titre et articles, les noms des notables et quelques grands commis de lEtat.

LĂ©poque est bien malade, pensa Charles Celestin en se grattant la barbe.
Il pensait sans penser. Il pensait façon de dire. Il se grattait aussi sous les aisselles.
A la vue de tant de boue, il poussa trois soupirs, péta sur le côté, et se reporta à la rubrique locale.

- Merdecon ! seffondra-t-il. Quelle volière !

En effet, il lut pêle mêle et par le biais, quil fallait éliminer les privilèges, juguler les esprits rebelles, et dire adieu à la combine.
Sur ce, il égrena un chapelet danathèmes et se traîna jusquà son cabinet.
Il se désinfecta dans un bouillonnement deau chaude, et resurgit du bain avec la grâce dun éléphant de mer.

Enfin il talqua, aisselles, plantes et entre-orteils, coupa également le surplus de ses poils doreilles, astiqua les conduits, ébouriffa la tignasse et se dirigea nonchalant vers son linge de corps disposé sur un banc.

Il sharnacha enfin et enfila une paire de chaussures qui nétaient pas faites pour lui. Il grimaça : le contrefort des chaussures lui martyrisait les chairs.

Puis, après une période de récupération, il garda lair heureux, voleta de toute son envergure afin de restaurer son aplomb, et, les bras écartés sur les côtés

- Je vaincrai ! murmura t-il, en fermant les yeux, parce que jai un projet féroce et que je suis de la confrérie de ceux qui sont vivants

-------------

(Ă  suivre)

[ 07 octobre 2001: Message édité par : Glenaa ]

Par Vrittis le 7/10/2001 Ă  18:05:00 (#425835)

En un mot, ma chère Glenaa:
C'est vraiment fantastiquement truculent!
...
Bon, d'accord, en plus d'un mot...

*attend avec impatience la suite des élucubrations féériques*

Par squig le 8/10/2001 Ă  13:27:00 (#425836)

la suiiiiiiiiiiiiiite !!

Par JimJim le 8/10/2001 Ă  13:43:00 (#425837)

Par lestath le 8/10/2001 Ă  13:48:00 (#425838)

koi c tout ?
allez la suiiiiiiiiteuh lol

Par squig le 8/10/2001 Ă  13:55:00 (#425839)

Pilou ?
1
2
3

Par silendus le 8/10/2001 Ă  14:51:00 (#425840)

on a failli attendre

Par lestath le 9/10/2001 Ă  9:24:00 (#425841)

ZOU !!!
mmmm...et la suite ? :D

Par Averoes le 9/10/2001 Ă  9:48:00 (#425842)

*Adore Glenaa *
*Aime énormément la façon d'écrire de Glenaa :)*
*Préfererais quand même que Glenaa termine ses anciennes histoires avant d'en commencer de nouvelles... :rolleyes: *

--------------------------------------------------


Averoes
Esprit libre

Par Glenaa le 9/10/2001 Ă  16:40:00 (#425843)

Petite pause de lauteur

Jallume mon PC, jactive la page du Baron de Montignac.

Charles Celestin Grégoire baron de Montignac mapparaît à une tourelle de son château et coiffé dun chapeau de paille,

-Que me veut Madaaaaaaaaame lauteur ?
-Partons encore pour de nouvelles aventures, veux-tu ?
-Aventures ? Je ny tiens pas !!
-Vite !! Habilles toi ! cest bien la nature sent bon
-Nenni, lAuteur ! Je ne suis pas corvéable à merci.
-Grouille !! il y va de ma peau !

Le baron crache, Ă©ructe, et dit :

-Hier, je suis allé au bordel, avec Laquenouille et Ce matin je dors !
-Si tu viens sur ma page, je te ferai rencontrer une fille, a la bouche pleine deau
-Ma foi jai les bourses vides. Je nai besoin de rien.

Il sort un petit miroir, sexamine, tourne la tĂŞte offrant son profil au nez gros comme une fraisetire la langue

-Sorry je suis incapable de gambader sous ta plume aujourdhui, demande donc Ă  Niuss il est serviable

Je clique sur « Démarrer, quitter »
Je jure de me venger du Baron.

Par Wadleight le 9/10/2001 Ă  21:51:00 (#425844)

La baronnie serait elle passée au 35 heures ?

Allons femme spécialiste de la plume... agite! agite!

*se lance un sort d'invisibilité et s'éclipse à pas de loup avant que sa douce ne l'entende*

Par sebastien34 le 9/10/2001 Ă  21:56:00 (#425845)

rhaaaaa ces héros de roman.....

ils sont vraiment impossibles...

il n'y a qu'a le priver de conquĂŞtes, et ce baronnet se remettra vite sur les rails!!!

Par Glenaa le 14/10/2001 Ă  20:25:00 (#425846)

Dans la pièce voisine du cabinet, le chien Morlosse aplati comme une crêpe sur un tapis de sol, se dressa en apercevant Laquenouille entrer avec un plateau chargé de victuailles. Seuls le valet et le chien avaient la primeur d'assister aux ablutions de leur maître.

Car bien qu'il marine de plus en plus dans son jus trouble, personne ne se risque Ă  approcher la baignoire du vieux sanglier.

- Messire Charles, je vous apporte quelques collations.

Montignac ouvrit un oeil. Il avait le teint d'une huitre hors saison, hors des mois en "R".

- Bah !! retire toi ! Je n'ai plus le gout de vivre.

- Oh ! plaignez vous pas, notre maître. Vous êtes propre, tandis que moi, je n'ai meme pas droit à la plus élémentaire hygiène.

- Bah ! Je m'en fiche ! RĂ©torqua le baron.
Moi, je me plaisais dans mon suif. J'eusse préféré garder ma garnison à poux !!

- Hi ! Hi! Hi ! Chevrota Laquenouille. Même le Frère Nuiss dit que vous êtes moins salopeux sur votre corps !

- Nom de Dieu !! de quoi se mĂŞle le moinillon ?
Ah ! Foireux de capucin ! Que connait-t-il exactement de la vie en ce monde ?

- Plus que vous ne croyez, Messire.

- Je suis sceptique .... dit le baron.

- Et pourtant.... ajouta Laquenouille, un Ă©clair goguenard dans l'oeil.

- Peuh !! Pas d'expérience sexuelle ! Rien ! Glapit le baron, même pas ça ! Joignant le geste à la parole, il fit claquer l'ongle de son pouce gras contre une de ses incisives supérieures. Rien ! toujours à farfouiller les jupes du Seigneur !

- HĂ© ! HĂ© ! Sussurra le valet. Messire ! Votre chapelain est champion de la gaudriole post VĂŞpres.

- Que me chantes tu lĂ  ?

- Ce que chacun fredonne, Messire.

- Parles !! Effronté!! ou je te bastogne !

Le valet s'approcha de son maître et lui glissa sa confidence à l'oreille.

- Pendant que vous marinez, Charles, avec seulement quelques flatulences passagères, votre moine, troussouille les hautes Dames du royaume.

- Je suis sceptique.... grommela le baron.
Ces pisse froid ! Ces grenouilles de bénitier ! Ces bourgeoises à figue triste !! Je ne te crois pas !

Coupé net aux cuisses, le baron envoya voltiger son chapeau au nez de son valet, porta la main aux sueurs de son front et s'affala sur le banc.

- Je suis sceptique.... dit-il dans un souffle.

------------

(Ă  suivre)

Par sebastien34 le 15/10/2001 Ă  0:32:00 (#425847)

Quelle musique douce Ă  mes oreilles,
Quelle prose, Ă” verve sans pareille,

Du langage peu courant,
Vous faites un usage si charmant,

Que point je ne puis m'empĂŞcher,
De ce texte tout dévorer...

(magnifique Glen!)
:D :)

Par JimJim le 15/10/2001 Ă  0:52:00 (#425848)

Par Glenaa le 27/11/2001 Ă  15:12:00 (#425849)

Le 4 avril, si lon en croit Flavie qui tenait son journal intime, (Flavie sarrondissait du fruit de ses entrailles) Charles Célestin Grégoire, apparut en haut de la muraille, coiffé du célèbre tricorne damiral de la famille, trois fois coulé en mer de Chine, et regarda la lande..

Ses traits étaient décomposés. Il était amaigri. A force de cafarderie, cétait affligeante chose de le voir marcher si piteux, les joues molles et jaunasses.

Il respira le chant des oiseaux et offrit ses paumes ouvertes à la vérité de la lumière, puis reprit sa ronde, trébucha sur une pierre déchaussée, ramassa un gadin en glissade, sécorcha le genou et, Hilh de pute ! (*) étouffa un juron.Lorsquil se fut redressé sur ses flageolantes guiboles, le baron avait le regard au flou, délesté du tricorne, le front de monsieur de Montignac était grillagé dincertitude.

Comme il sapprêtait à cracher des insultes à lencontre de Laquenouille, le coquin surgit au détour dune échauguette.
Le vilain avait les yeux fuyards, la goule empourprée. Il était comme à lordinaire, porteur de petit vin régional.

-Voilà votre carafon de soif, messire. Jourdhui, je vous ai porté un haut-médoc.

La guibolle mal assurée, le drôle en avait prit un coup dans le nez et traviola jusquà son maître.

-Où étais tu quand je tappelle ? Interrogea sévèrement Montignac.
-JĂ©tais en votre chapelle, messire.
-Quy faisais-tu mécréant ?
-Heu, je réparais les lumières du Bon Dieu.
-Tout ce temps pour venir ? Tu tes perdu ?
-Jy voyais goutte
-Tu parles ! Couic ! Je ne te crois pas !
-Alors, visez ma pommette ! jai pris un ramponneau dans le manteau de Saint Martin.

Le baron Ă©tait furieux.

-Serait-ce pas ma fille qui taurait cassé une potiche sur le groin ?

Il tendit la main, attrapa un verre quil vida cul-sec et attendit. Le vin emparfuma son nez gascon. Il claqua la langue. Vite, quon lui versât une seconde rasade.

-Foutre dieu ! Rugit-il au troisième coup de langue. Jen suis sûr ! Tu mas volé mon château-malescasse ! Tu las coupé deau et de mauvais vin de messe !
-Jai seulement goûté au tonnelet. Faut il pas savoir quon verse à autrui ?

Et sans prévenir davantage, le baron assénât un terrible coup de poing dans lil de son valet.

-Ouyouyouille ! Vous êtes bien avancé, maintenant que vous mavez éborgné !

Le baron sapprocha, jeta un regard dexpert Ă  son coquard, et renifla plusieurs fois son haleine.

-Souffle !

Laquenouille souffla un zéphyr.

-Plus ! Ourague ! Bourrasque-moi ça dans le pif je t prie.

Laquenouille, gonfla les outres de ses joues et déballa tempête et postillons.

-Tu es tombé sur mon médoc, diagnostiqua le baron.

Lautre prit un air de faux jeton.

-Je me suis embouti dans un pilier de votre voûte.
-Pas de blabla ! Rien ne méchappe, tu sais comme je suis pointilleux sur le chapitre du vin. Tu peux tempiffrer à la cuisine, piller ma fille si elle demande du mieux en surplus de ses amants. ! Mais pas siffler mes estèphe et mes pauillac !
-Jaimerais mieux, finir sous une charrette que de vous mentir !
-Jamais vu pire que ton espèce !
-Et mes gages ?
-Tu réponds ?
-Je rétorque.
-Tu discutes tout noir coquin !
-Attention ! Si je veux demain je descends dans la rue, je tonitrue et vous pancarte !
-Des menaces ? Viens lĂ  que je te caresse le nez !
-Nenni ! Je suis cégété ! Encore un soufflet et je vous fais épingler !
-Tu ferais cela ! A ton bon maître ? A ton protecteur ? A ton ami ?
-Ouida ! fini le travail au noir et les privilèges !

Charles de Montignac écrasa une larme insincère et opéra un rapide repli dans ses appartements.
Le valet lavait suivi.

-Est-ce ma faute à moi si je vois rouge dès que tu me voles mon vin ? plaida-il en guise dexcuse.
-Moi, quand vous me sucrez mon salaire, je deviens mauvais, rétorqua le drôle en resservant son maître.

Et ce fut tout pour ce jour lĂ 

(*) Hilh de pute = Fils de pute (patois gascon)

[ 27 novembre 2001: Message édité par : Glenaa ]

Par Vrittis le 27/11/2001 Ă  15:43:00 (#425850)

Ah, rien ne vaut un bon rouge, quel qu'en soit le sens *sourit*
*regarde le sang couler de ses bras sur le bois de la table*

C'est magnifique!

Par Wadleight le 27/11/2001 Ă  18:20:00 (#425851)

- Nenni ! Je suis cégété ! Encore un soufflet et je vous fais épingler !


heu...cégété ? qu'est-ce ? une maladie ? une guilde noire ?
:eek:

Par silendus le 29/11/2001 Ă  2:43:00 (#425852)

Glenaa tu es vraiment la plus forte que diable

je l'adore ce Baron de la flatulence hihi

Ah... ca faisait longtemps vous ne trouvez pas ?

Par Glenaa le 8/1/2002 Ă  16:17:55 (#684789)

Le lendemain matin, le baron de Montignac se leva de bonne heure. Il se sentait gai. Gai comme celui qui va Ă  lÂ’azur.

Trop content de retrouver ses forces et d’échapper à la monotonie du bain, le seigneur décida qu’avant de passer aux choses sérieuses il allait pinter quelque rouge millésimé…

Il corna à tue tête Laquenouille et trouva le gueux assoupi devant sa porte. Il attisa le coquin en le réveillant d’un coup de savate, et, sitôt que le valet se fut jeté sur ses pieds, claqua des doigts pour se faire obéir. Cédant à l’éloquence du geste, Laquenouille attrapa le tonnelet de vin qui traînait à portée et lui versa à boire comme il le commandait. Illico le baron vida son verre avec la soif de celui qui n’a jamais bu auparavant.

Afin de faire table rase et de bien montrer qu’il effaçait les mots âpres échangés la veille avec son domestique, le baron piaula quelques paroles aimables à propos du bon vin qu’il venait de boire. Il s’enquit du menu et se trouva fort réjoui à la pensée d’avaler une portion de fanfarons qui sont comme on le sait en Gascogne, des haricots blancs dont la féculence et la texture de de peau sont propices à faire parler la culotte…

Plus tard, quand il fut rassasié, il se frotta les mains et s’écria en usant d’une feinte ferveur dans la voix :

-Jeannot !!! AujourdÂ’hui est jour dÂ’avenir ! LÂ’esprit dÂ’aventure et de chevalerie rĂ´de autour de mon cÂśur

-Quelle mouche vous pique mon bon monsieur Charles ! se résigna l’ébouriffé valet en se tenant sur ses gardes. Si vous scandez mon nom par son patronyme véritable c’est que vous allez encore me tabasser dans la gueule.

-Je ne te bats jamais par cruauté. Seulement pour me rendre heureux.

-Justement, Messire. Depuis ces dernières lunes, vous rossez la main lourde…

-C’est parce que le monde est morose. C’est que ma fille est pleine comme génisse. C’est que l’époque est aux abrutis…

Du regard il interrogea lÂ’espaceÂ… et affirma mollementÂ…

-Je suis sceptique… très sceptique vois-tu… quant a notre devenir…

Par Shaan le 9/1/2002 Ă  0:41:41 (#687432)

*en reste coi* ;) tellement bien que j'en reste sans mots, comme d'habitude :)

*aplaudit*

Par Tyberius le 9/1/2002 Ă  12:56:53 (#688722)

Il est bien se barron !
*vas rechercher un vallet a tabasser pour se faire plaisir*

*pense qu'une femme ferait bien l'affaire aussi*


Tyberius

Par Baal le 9/1/2002 Ă  16:18:59 (#689747)

*clap clap clap*

L'art Iagonites dans toute sa splendeur, nous ne somme pas que on marchand, nous avons aussi de fort bon conteur......

Par Glenaa le 15/1/2002 Ă  4:14:49 (#719331)

Â… Puis retrouvant ses esprits, il se prit Ă  penser Ă  la demande de Laquenouille

-LÂ’argent ! LÂ’argent maudit ! Toujours lÂ’argent ! Tonne et gesticule le baron Ă  toute bringue.
Fendu par l’insistance du coquin à réclamer ses gages, il fit un grand pas en arrière.
Il clame et déclame, en s’éloignant.

-Au moment où tu me parles, corniflot, la piécette est un état d’esprit qui n’est pas le mien.

-Le contraire m’eût étonné, Messire ! Rapiasse comme vous êtes
-Oh volaille ! je tÂ’en prie, prenons de la hauteur !

-Inutile de louvoyer aux vertigineuses trajectoires Messire ! Il s’agit seulement de mettre la main à votre poche et de payer ce que vous devez à votre fidèle serviteur !

Le baron paraît redescendre sur terre et pose son index en travers de sa carotide.

-Tes gages ? Me faire dégorger ? … Mais tu m’assassines !

-LÂ’Ă©poque est sociale ! Vous nÂ’avez pas le choix !

-Je mÂ’amuse ! Ironisa le baron avec une infinie tristesse.

-Et moi je tire la langue ! dit le valet qui ne lâche pas prise.

-Ingrat ! Dans mon castet, tu pitances et biberonnes Ă  ta convenanceÂ…

-Gardez votre vie au pair ! Votre paternalisme à la gomme !Je suis de l’autre côté de la flaque moi ! Je m’éraille ! Je fulmine ! Je marche avec les pauvres !Partout les affamés, les rebutés, défilent en tablier de sang !…

D’un revers agacé, le baron chasse le contradicteur ainsi qu’une mouche inopportune.

-Permets que je mÂ’en lave !Â…

Laquenouille prend lÂ’air heureux comme un fagot dÂ’Ă©pines :

-Vous êtes fait ! Le syndicat des gens de maison s’exprime par ma bouche ! La revendication est dans l’air. La cégété y maille de toute son influence.

-Arrêtes tes concédés ! Tu crois encore aux syndicats ?

-Je crois Ă  la justice sociale !

-Je suis sceptique dit le baron.

-Le scepticisme, c’est quand même tout ce qui reste, rétorque le serviteur.

Et plantant la son maître, le drôle tourne des talons sans prévenir.

C’est la première fois depuis longtemps que Monsieur de Montignac se trouve livré à lui-même. Il déchausse ses bésicles de myope. Il avance au hasard devant lui. Il a une grande soif d’hommes. Il écoute la rumeur des voix. Le désaccord des gorges et des idées. Prêt à toutes les farines. Follement perdu par avance. Il exécute le début de son projet mirobolant. Ses oreilles grandissent à mesure. Après une longue absence du monde des vivants, il va au-devant du mauvais vin…

Par Shaan le 15/1/2002 Ă  13:28:33 (#720761)

Que peut-on faire devant un tel talent... sinon s'incliner et admirer?

(merciiiiiiii...*attends la suite* ;))

La voici... la voilĂ 

Par Glenaa le 25/1/2002 Ă  19:17:53 (#785285)

De retour au château, le baron commença à se demander où était passé son couard de valet. Le visage enflammé de colère bleue, il roula sa main en cornet et fit conque aux quatre coins du chemin de ronde.

- Ohé ! L'enflure ! Où es-tu ? Héla t-il son souffre douleur.

Faute de réponse, il saccada trois pas désœuvrés.
Puis de retour dans ses appartements, au détour d'un couloir, il croisa son larbin qui baillait près d'un meuble.

- Que fais-tu comme un piquet ?

- La grève !

- Tout cela est rigolo

Il commanda Ă  Laquenouille de lui Ă´ter sa robe de chambre...

- Nenni ! Allez vous faire mettre !

- Qu'entends-je ?

- Que tant que vous n'êtes pas à jour de mes gages, arriérés et
augmentations, je n'assure plus le service.

- Alors je te fous Ă  la porte !

- Je reste ici !!

- OĂą te tiendras-tu ?

- A la cave, Ă  la salle Ă  manger, dans le lit de votre fille. OĂą il me
plaît.

- Tu squattes ?

- J'occupe mon instrument de travail !

Devant tant de fermeté, Monsieur de Montignac se trouva fort déconfit et se prit à penser...

Point de méprise, se dit-il ! S'il faut évaluer la facture de chacun et traîner Laquenouille devant le tribunal de nos arrières pensées, ne traitons pas le valet avec des paroles trop rigoureuses.

Le fait est que Montignac est incapable de faire un pas vers le monde sans recourir aux services de son valet à tout faire, une créature laide, poivrote, couperosée, couillarde et sans élévation d'âme, qui n'en est pas moins d'une fidélité à toute épreuve, d'une race qui prend des coups sur le groin et en redemande par méfiance de soi-même et de ses vices ...

Approchez- vous de Laquenouille, même s'il est tordu, chicaneur, et empeste comme une viande séchée, le drôle est fait d'une écorce rustique.
Recevoir sa tannée, avoir les yeux en étoiles, pochtronner soir et matin à la cave, sont de sa destinée.
Se faire ouvrir les chairs à grande volée.. pose ses pieds sur terre.
Baiser la fille du castet, l'entretien dans sa façon de vivre sur l'habitant...

D'autres ne viendront jamais au monde.
On n'achète pas la vie...

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