Bienvenue sur JeuxOnLine - MMO, MMORPG et MOBA !
Les sites de JeuxOnLine...
 

Panneau de contrôle

Recherche | Retour aux forums

JOL Archives

La lande

Par Vrittis le 28/11/2001 à 16:53:00 (#422670)

Le brouillard roulait sur la lande comme l'écume sur une mer plate. Les deux hommes qui avançaient soulevaient derrière eux des nappes qui se dissolvaient en lambeaux humides.
Le premier homme avait les yeux gris-bleus, avec une toison blanche qui lui mangeait le visage comme la crinière d'un vieux lion. Son corps était puissamment bati malgré l'age, et ses fréquents regards vifs tout autour de lui dénotaient l'entrainement d'un guerrier.
Le second était encore un jeunot qui semblait peiner sous un paquetage deux fois moins gros que celui qui crapahutait sur le dos de son ainé. Ses cheveux roux trop longs ne cessaient de retomber sur ses yeux verts et il les repoussait d'un air excédé de la manche.

Les deux hommes marchèrent un moment avant que le plus vieux prenne la parole: " On s'arrète ici. Pas longtemps.
- Enfin. " soupira le jeune en s'écroulant. Le vieux lui jeta un coup d'oeil méprisant et se mit à scruter la brume derrière lui: " C'est comme ça que les autres ont été pris. Tous.
- Comment ça?
- Ils ont baissé leur garde, et ils ont été pris.
- Alors qu'ils étaient si forts? Tous? Dornar, ce qui les a attrapé n'était pas humain! Ce n'est pas possible.
- Humain ou pas, tu n'améliores pas tes chances en t'affalant sur le dos " répondit le vieil homme. Il saisit soudain le manche de sa hache, et abattit la lame vers le jeune homme qui tenta de se jeter en arrière. Son paquetage l'en empécha, et il blémit alors que la lame s'arrétait à quelques pouces de son visage.
" Compris, Eziah?
- Ou...oui...
- Alors on repart!
- Déjà? " commença Eziah avant de se taire sous le regard de Dornar. Il se releva péniblement, et ils reprirent leur route...

Quelques heures après, ils marchaient toujours dans le brouillard. Eizah regardait autour de lui, tentant de distinguer quelque chose. Finalement il exprima à haute voix ce qui le tarabustait depuis un moment: " Dornar, quand finit cette lande?
- ...
- Ca fait des heures que nous marchons, et elle ne se finit pas; pas d'arbres, pas de collines, rien que de l'herbe.
- Ecoutes; je sais aussi ce que je vois, alors arrètes de te plaindre.
- Mais si nous changions de direction? " implora Eziah, s'arrétant immédiatement sous le regard foudroyant de Dornar.
- Tu as oublié! " fit Dornar, rouge de rage " Tu as oublié les cris de Faidre, la bas dans la brume? Tu as oublié les pleurs de Rogue? Rogue le Dur, qui a pleuré comme un enfant!!! Tu as oublié?!!! " il s'emportait à présent et serrait les poings, menaçant, au dessus de Eziah.
- Non!! " hurla ce dernier, les pleurs sur son visage. " NON!!!!
- ... " le teint de Dornar perdit sa teinte rouge et il se reprit " Pardonne moi petit. Pardonne moi. "
Les deux hommes s'étreignirent comme pour détruire leur peur entre eux deux. Le brouillard les lécha vaguement, vint s'abreuver aux larmes de Eziah qui coulaient librement puis repartit. Dornar regarda vers le ciel aussi gris que tout le reste, eut l'impression que le ciel était tout autour d'eux, que le monde n'existait plus. Il faillit craquer, puis se reprit...
" Repartons, petit, repartons... " dit il en aidant Eziah à se remettre en route. Et ils continuèrent à avancer, s'enfonçant dans le brouillard avec détermination...

Par Averoes le 28/11/2001 à 18:10:00 (#422671)

A travers tes yeux
Je croyais avoir trouver le bleu
Qui pourrait colorer mes cieux
Si noirs, si malheureux.

Mais je ny ait vu que des larmes
Plus meurtrières que des armes.

Je ne suis pas sûr de moi
Je ne suis pas sûr de toi
De ce qui pourra détruire ce poids
A trop vouloir choisir sa voie.

Jen ai cherché des soleils
Jen ai jamais trouvé des pareils
Des comme jen rêvais
Des comme tu voulais

Cest toujours comme ça
Je suis bien trop lâche
Pour te regarder parfois.
Et la vie est bien trop vache.

Si cest pour regarder les étoiles
Aveugle derrière ses voiles
Et se cramer les yeux
A y chercher du bleu
Toujours plus loin
Autant attendre la fin.

Par Lenae DENVIDIEL le 29/11/2001 à 11:30:00 (#422672)

...Brume...

* triste soupir*

Par Glenaa le 29/11/2001 à 12:33:00 (#422673)

La quiétude me va comme
Des gants de velours à un homme
Sur un bobo cicatrisant
Un pansement de diamant

Je m'en retourne au jardin sombre
A cloche-pied au bord de l'ombre
Accrochée au fil de clarté
Sur l'arête de cruauté

Errante à la route certaine
La soif ne tarit la fontaine
Et l'eau nous creuse au fond des nuits
D'autres repos sur les granits



Bon, on va mettre cela sur le dos du temps maussade ...

Par Quisalas le 29/11/2001 à 12:42:00 (#422674)

Par Vrittis le 29/11/2001 à 14:10:00 (#422675)

Les heures s'écoulent, découpées en petites tranches par le bruit des pas des deux hommes et mesurées par les pauses de quelques minutes qu'ils s'accordent régulierement.

Eziah ne comprend pas pourquoi la nuit ne vient pas, pourquoi aucun bruit ne se fait entendre, pourquoi jamais le relief ne change.
Eziah ne se souvient même pas de la manière dont il sont arrivés sur cette lande, ni le moment ou ils sont rentrés dans ce brouillard.
...
A dire vrai, Eziah ne se souvient même pas de ce qui s'est passé avant. Ils se sont jute retrouvés sur la lande, à marcher, marcher, marcher sans cesse. Ils ont perdus certains d'entre eux; Eziah ne se souvient pas comment mais il se souvient des cris, des pleurs. Et maintenant ils ne sont plus que deux...
Eziah a peur.

Dornar ne réfléchit même plus à ce qui arrive. Il a essayé trop longtemps, dès la première disparition. Il se souvient encore de la façon stupide dont c'est arrivé, Faidre qui s'est arrété pendant que les autres marchaient... et les cris ensuite, les cris horribles qui ont fait que personne n'a voulu aller voir... Et Rogue...
C'est la que l'esprit de Dornar se ferme totalement et qu'il abandonne toute reflexion, qu'il revient à la litanie de ses pas, tous identiques depuis si longtemps.
Encore, encore, encore un pas...
Dornar ne ressent plus rien.

Le brouillard joue à être lui même, sinueux et lent, presque maladif. A quoi sert de se dépécher quand on a tout le temps du monde. Il dévoile un instant les deux hommes, comme pour les contempler, puis referme ses doigts sur eux. Tout le temps du monde...

Par Belgalak le 29/11/2001 à 14:14:00 (#422676)

*s'excuse auprès de Quisalas de l'avoir copiée*

Par Chipie T4C le 30/11/2001 à 1:42:00 (#422677)

*EHLP dans l'espoir de voir une suite a ce recit*

Par Vrittis le 30/11/2001 à 11:55:00 (#422678)

Dornar se raidit lorsqu'il entendit le bruit que fit Eziah en tombant à terre derrière lui. Il se retourna et contempla le jeune homme à genoux à terre, le visage levé vers le ciel toujours gris, les larmes coulant de son visage pali de peur à torrents. Dornar s'accroupit à coté de lui et le saisit gentiment par l'épaule: " Hé, petit, on repart. C'est pas le moment.
- Ca s... ça sert à rien " hoqueta Eziah " On va mourir tous les deux. On ne sait même pas ce qui nous poursuit, ni même si ça nous poursuit encore.
- Mieux vaut avancer que s'apercevoir trop tard que c'était le cas. " répondit sombrement Dornar, le regard vide " Allez, viens.
- Avancer vers ou!? Tu peux le dire? Plus rien n'est normal ici! Tout ce qu'on fait est inutile!
- ... "

Sous le regard vide de Dornar Eziah se mit à frapper le sol de son poing, transformant la terre en boue la ou il frappait: " Inutile... inutile... inutile... " chaque mot martelant lui aussi la terre...
Dornar se redressa et regarda autour de lui, hébété: " Viens, on repart. Lève toi, on repart. Allez... " puis il se tourna dans la direction initiale et fit le premier pas, puis le second...

En quelques instants le brouillard se jeta entre eux, les occultant à la vue l'un de l'autre. La litanie d'Eziah poursuivit Dornar encore quelques mètres; il calqua sa marche dessus, chaque mot frappant le sol en même temps que son pas... Ce n'est que lorsque les cris commencèrent que Dornar se mit à courir.

Par Moii_Moii le 30/11/2001 à 13:50:00 (#422679)

Moii mouille son doigt et tourne délicatement la page ...

*Que les écrits de ce jeune homme sont prenants*

Moii se replonge dans sa lecture

[ 30 novembre 2001: Message édité par : Moii le nécroman ]

Par miya le 30/11/2001 à 14:08:00 (#422680)

Miya ecoute en silence le récit... elle aime ces histoires toujours nouvelles..

Elle rêve...

Par Wadleight le 30/11/2001 à 15:41:00 (#422681)

A travers tes yeux
Espère autre chose que le brouillard
Appelle de tes vux
Que ce ne soit pas un fard

Brouillard, fumée et eau
Qui ne peuvent assoir
La certitude qui ne dit mot
La certitude d'un espoir

Insecte pris dans la toile
De l'envoûtante possédée
Profites de tes étoiles
Et laisse toi embrasser

Je pourrais ainsi rêver
Sur le fronton de mes démons enchâssés
A mon amour rejeté
de celles qui l'auraient apaisé


*se demande ou Vrittis nous amène encore...on serait pas dans le brouillard là ?*

Par Maelyx le 30/11/2001 à 21:47:00 (#422682)

*un lecteur attentif*

Par Vrittis le 3/12/2001 à 16:53:03 (#498381)

Dornar marche à nouveau. Que s'est il passé la bas, sur la lande? Mieux vaut ne pas le savoir...
N'était il pas avec quelqu'un d'ailleurs? Un jeune homme?... Dornar secoue la tête, après tout ça n'a pas d'importance. On ne survit pas en s'occupant des autres. On survit en avançant... encore, encore... toujours...

Maintenant, il n'y a plus que lui... et le brouillard... et la lande... Rien de mauvais ne peut lui arriver si il continue à avancer. Ne jamais s'arréter, ne jamais se retourner.

Pourquoi tu pleures Dornar?

Sa marche s'arrète brusquement, et il se met à ouvrir et fermer la bouche spasmodiquement. Ses yeux s'exorbitent et il tourne la tête de tous cotés, incapable de dire si oui ou non il a bien entendu une voix. Il s'aperçoit soudain que les larmes coulent librement sur son visage, et touche son visage, incrédule. "Eziah ?". La voix est faible, peu assurée, et à peine a t'il ouvert la bouche qu'il a l'impression que son interrogation est absorbée par le mur ouaté.
" Eziah! Eziah! Je... " Il lui semble voir des formes bouger autour de lui, dans le brouillard, ne s'approchant jamais, rodant toujours à la limite de sa perception. " Eziah, je ne voulais pas... "
Dornar se tourne, se retourne sans cesse, cherche à distinguer quelque chose dans les tentacules brumeux...
...
Il s'écroule soudain à genoux; les larmes sont désormais inextinguibles, et s'écrasent sur l'herbe luxuriante de la lande. Le sol déjà gorgé d'eau semble refuser cette offrande. Dornar n'a plus envie d'avancer, et ne relève même pas la tête quand les murs du brouillard se referment sur lui. On pourrait même croire qu'il sourit...

Les derniers cris retentissent quelques instants à peine. Le brouillard ne prend même pas la peine de se lever. Sur la lande, plus aucun bruit ne se fait retentir. Sur la lande, il y a tout le temps du monde. Sur la lande...

JOL Archives 1.0.1
@ JOL / JeuxOnLine