Bienvenue sur JeuxOnLine - MMO, MMORPG et MOBA !
Les sites de JeuxOnLine...
 

Panneau de contrôle

Recherche | Retour aux forums

JOL Archives

Deux yeux dans la nuit

Par Faruun le 7/10/2001 à 15:13:00 (#361124)

Attablé devant un gobelet vide depuis longtemps, l'homme soupira à nouveau. L'ambiance chaleureuse et conviviale de la taverne n'était pas en cause, les rires gras et autres discussions de la soirée allant bon train, simplement il n'avait guère le coeur à rire. Il ne se rappelait plus depuis quand d'ailleurs. Dans un autre lieu, un autre temps sans doute. Le souvenir lui arracha un nouveau soupir, plus profond encore cette fois. Il était vêtu d'un grand manteau gris sombre que l'on voit parfois sur le dos des grands voyageurs. Le tissu était usé et rongé par l'âge, mais cela ne semblait guère l'inquiêter. De bonne stature, visiblement vieux avant lâge, les cheveux grisonnants, il émanait de lui, une sorte d'aura mystérieuse, indéfinissable mais pourtant présente. Nul n'était venu à sa table de la soirée, comme si chacun pouvait ressentir le léger malaise l'entourant. Faruun n'en avait cure, il avait toujours vécu ainsi, et n'y prêtait plus aucune attention.

Enfin il se leva, sans un bruit, d'un mouvement souple, comme autrefois. Autrefois il ne serait pas resté aussi longtemps dans une taverne, et il n'aurait sans doute pas trébuché en voulant trouver la sortie. Il pesta silencieusement... Là encore, il n'aurait sans doute pas perdu son calme. Dehors, la pluie tombait fine et percante, et le son des gouttes frappant le sol résonnait déjà dans la nuit noire. Faruun avait toujours aimé la nuit, seule période où il se sentait bien, bercé par la sécurité de celle qu'il avait choisi comme protectrice. Encore maintenant, la nuit lui semblait l'un des rares moments agréables de ses journées. Au moins le soir, son handicap ne lui semblait plus si lourd...

Il avait été un assassin hors pair, un de ces hommes de l'ombre, qui n'apparaissent jamais au grand jour et dont on murmure les surnoms de peur de les attirer. Combien de fois avait il parcouru les routes du royaume la nuit, arpentant les chemins tortueux ou les ruelles obscures pour traquer ses proies, apprendre à les connaitre et finalement encocher sa flèche mortelle? Il avait toujours rempli ses contrats, ne laissant aucune chance à ses victimes désignées. Toujours, il avait soigneusement étudié sa proie, lentement, méticuleusement afin de ne rien laisser au hasard. Toujours, il avait adressé ses prières à Sélène, afin que le manteau de la nuit couvre ses déplacements, et favorise son action. Toujours, la déesse l'avait couvert, aidé et protégé, jusqu'à cette nuit fatidique...

Il s'en souvenait parfaitement. Pendant des semaines, il avait surveillé, traqué, suivi cette proie, apprenant à connaitre ses habitudes, ses horaires, guettant la moindre faille qui lui ouvrirait l'occasion propice. Enfin il avait cru trouver sa faiblesse, l'unique point faible de la cuirasse du chevalier noir, une soeur à qui il rendait quelquefois visite, et chez laquelle il semblait enfin relacher sa garde. Là, il avait attendu, patiemment, et enfin il avait encoché sa flèche, une longue flèche peinte en noir, avec un empennage bleu nuit que lui seul utilisait. Et tout bascula. Comme toujours, la flèche avait volé droit à son but, traversant le cou de sa victime, un trait net et précis. Pourtant, le chevalier ne tomba pas. Blessé mortellement, il aurait du s'effrondrer. Au lieu de cela, il se retourna, scrutant les ténèbres d'ou l'archer venait de tirer, et Faruun sentit alors que le voile tissé par Selène ne le protègerait guère cette fois. Il avait fui, aussi vite que ses jambes pouvaient le porter, il avait courru espérant échapper à un adversaire hors du commun. De chasseur, il était devenu proie. Et il avait du le reconnaitre, son chasseur fut beaucoup plus fort qu'il ne l'aurait cru. Le soir même, des racines sortirent du sol comme des griffes démoniaques qui s'aggrippèrent à ses jambes. Sans espoir de fuir, il ne put que regarder son adversaire s'avancer. Pourquoi ne l'a t il pas tuer alors? Il ne l'avait compris que plus tard. En le privant de ses yeux, le chevalier noir l'avait privé de sa vie. Plus que la vie, il avait brisé un esprit, un être tout entier. Faruun n'était plus. Ce jour là, l'assassin était mort en quelque sorte. Il ne restait plus que cette loque, qui survivait encore...

Faruun avait tout tenté pour recouvrer la vue, mais les prêtres s'avouèrent impuissant, et ses prières, sans réponses. Peu à peu, il avait laissé sa vie s'échapper, abandonnant tout espoir, et se repliant sur lui même. Un assassin n'a que peu d'amis, et un assassin aveugle n'en a aucun... Les pas de Faruun l'avait amené devant une de ces anciennes cachettes. Cela faisait maintenant des années qu'il n'était pas venu ici, et il constata rapidement que plus rien ne demeurait. Il frappa du pied une flaque d'eau, pestant contre le sort et la mauvaise fortune...

Par Alanis le 7/10/2001 à 21:51:00 (#361125)

*regarde l'homme quitter la taverne, songeuse*

Par Conrad McLeod le 7/10/2001 à 22:04:00 (#361126)

Le guerrier restait pensif tandis que l'aventurier s'enfonçait dans la pénombre. Il s'était interrogé sur ce bandeau qui cachait les yeux de celui avec qui il venait de discuter un peu. Son propre regard était allé de ce morceau de tissu à l'arc que l'autre tenait. La tête légèrement penchée sur le coté, s'orientant instinctivement vers lui quand son amure grinçait un peu, témoignait que l'individu n'y voyait goutte. Alors comment pouvait-il...

La bruit de la corde de l'arc de son interlocuteur, le sifflement de la flèche et le piaillement de douleur d'un gobelin interrompirent un instant ses réflexions.

... manier cette arme avec tant d'assurance??

Par Faruun le 7/10/2001 à 22:33:00 (#361127)

Il resta un long moment sous la pluie, laissant les gouttes rouler, glisser sur lui pour finalement s'écraser au sol. Ce soir plus que d'ordinaire il se sentait vidé, comme si le ridicule de son existence, de sa misérable vie venait de trouver son paroxysme. Il n'était plus rien, plus que l'ombre de ce qu'il avait été, et même cette ombre lui faisait pitié. Que restait il de l'assassin aux cheveux d'ébène, ce jeune homme fringant qui inspirait peur et envie? Un homme vieux au delà des années, tout juste bon à mendier, quémander une aumône et passer sa soirée sous la pluie. Qu'aurait pensé ses anciennes connaissances s'ils l'avaient vu à présent? Grisonnant, sans but et sans envie, le front déjà ridé par la vie et le sort, Faruun leur aurait il inspiré autre chose que de la pitié?

Caressant les murs de son ancienne cachette tombée à l'abandon de ses doigts, Faruun laissait son esprit vagabonder, rêver à cette époque révolue, à ces actes passés. Pourquoi se faire souffrir encore et encore après tout? Faruun était mort, l'assassin qui avait porté ce nom n'était plus qu'un souvenir, pour lui comme pour d'autres. Dansant sur la pierre froide, ses doigts s'arrêtèrent sur une aspérité qu'il ne connaissait que trop. Un vieux mécanisme, qui révélait un compartiment ou il rangeait un arc de rechange. Et si? Nerveusement, ses doigts tentèrent d'activer le mécanisme. Cela faisait si longtemps, mais Faruun se sentit soudain excité par le fol espoir que l'arc soit encore là, que ce vieil héritage de son passé se trouve encore dans ce compartiment.

Ces doigts n'avaient rien perdu de leur agilité, et après quelques rapides mouvement, le déclic se fit entendre et Faruun plongea sa main dans le compartiment. Le bois, le vieux bois, il avait oublié ce toucher depuis... Après que les prêtres eurent avoués qu'il ne reverrait plus jamais, Faruun n'avait plus osé tenir un arc entre ses mains. Il en était même arrivé, au bord du gouffre à revendre son arc pour survivre. A cette pensée il éprouva une certaine honte, honte d'avoir ainsi abandonné ce qui valait plus que tout auparavant, cet arc qui était sa fierté. A quoi pensait il alors? Ses mains se refermèrent fermement sur l'arc. Il en avait oublié la sensation...

L'arc avait mal vieilli. Non entretenu, le bois s'était relaché, et la corde, faite en boyau n'avait pas résisté aux années. Pourtant ce fut comme un éclair qui parcourut tout le corps de Faruun. Lentement, comme s'il sortait d'un grand sommeil, sa silhouette se redressa, ses épaules longtemps avachies semblaient plus sures et plus affirmées. Enfin, Faruun se détourna, emmenant avec lui l'arc malgré son état, il disparut dans la pénombre...

Par Faruun le 8/10/2001 à 16:13:00 (#361128)

Quaylan observa un moment l'homme qui venait de rentrer dans l'échoppe. Il était de taille moyenne, assez bien bati, mais il avait du voir de meilleurs jours. Il portait un long manteau sombre, usé par le vent et les éléments, mais qu'il semblait porter comme un seconde peau. Enfin, l'artisan inspecta le visage, et ne put masquer sa surprise en voyant le bandeau qui recouvrait les yeux masquant difficilement la cicatrice qui courrait d'un bout à l'autre du visage au niveau des yeux. Un aveugle! Mais que pouvait bien lui vouloir un aveugle? Se reprenant, il s'avanca vers l'homme.

- Bonjour messire, que puis je faire pour vous?
- Vous êtes bien Quaylan? Tout en posant la question, Faruun tournait la tête, comme s'il pouvait observer l'intérieur du batiment. L'air tout entier respirait le bois, la sciure odorante comme le vernissage, et mille images l'assaillaient déjà.
- Oui messire, Quaylan, fils de Quayshen, et vous êtes?
- Mon nom n'a que peu d'importance... Pouvez vous réparer un arc? Le restaurer? Faruun sourit intérieurement. Quaylan était un artisan doué, l'élève de son père, qui avait fait nombres d'arcs pour les meilleurs archers de la région. Peut être pourrait il sauver son arc.
- Cela dépend de l'arc... Est ce là l'arc que vous voudriez que j'examine? Quaylan avait noté un long paquet que son visiteur portait dans le dos, sans doute un arc enroulé afin de le préserver de l'humidité.

Sans répondre, Faruun déposa le paquet devant lui, et sortit finalement l'arc de son paquet. A la vue de l'arc, Quaylan poussa un cri d'étonnement. Malgré le manque d'entretien, malgré l'usure du temps, l'arc restait une pièce magnifique, qui devait avoir été l'oeuvre d'un maitre. Prenant doucement l'arc entre ses mains, l'artisan éprouva le bois, avant de regarder minutieusement sa surface. Le bois utilisé était rare, et d'une grande qualité, et surtout, il avait reconnu la petite gravure sur la surface du bois, qui marquait clairement cet arc comme le travail de son père.

- Où avez vous trouvé c... Un simple geste de Faruun avait coupé Quaylan, qui se mordit la lèvre. La curiosité n'avait jamais été un de ses défauts, mais il n'avait que rarement pu travailler sur des oeuvres de son père. Faruun sentit son trouble, et brisa finalement le silence.
- Cet arc appartenait à un ami cher mort il y a bien longtemps. En sa mémoire, je voudrais voir son arc restauré... Le mensonge rapide de Faruun sembla satisfaire la curiosité de l'artisan. Après tout, Faruun l'assassin était mort depuis longtemps, et c'est un peu la recherche de ce passé qui motivait Faruun.
- Cet arc... Cet arc avait été fait par mon père, et je... Enfin vous comprenez ma surprise.
- Bien sûr, c'est bien naturel. Alors pouvez vous le restaurer?

Quaylan réfléchit un moment, considérant l'arc entre ses mains. Son regard se porta tour à tour de l'arc au visage de Faruun, qui demeurait impassible. Il aurait aimé conserver l'arc, et si l'homme ne lui avait parlé de la valeur sentimentale de l'arme, il lui aurait volontiers proposé un échange contre l'un de ses arcs. Hésitant, il regarda une nouvelle fois l'homme qui se tenait devant lui, et fut parcouru d'un frisson inexplicable. Enfin, il acquiesca de la tête.

- Oui je peux le restaurer... Ce ne sera pas facile, mais...
- Vous serez payé à la hauteur de votre travail. Faruun n'avait pas encore songé au paiement, mais pour la première fois depuis des années, il se sentait revivre, prêt à faire mille projets pour parvenir à ses fins.
- Revenez dans quelques jours, votre arc devrait être en état. Je vous promets de faire un travail dont votre ami aurait été fier.
- J'espère qu'il le sera...

Sur ces mots, Faruun tourna les talons et se retira. Il avait fort à faire pour trouver la somme nécessaire...

Par Kitiara Soth le 8/10/2001 à 16:19:00 (#361129)

Encore !!!

Par Osgaroth le 8/10/2001 à 18:26:00 (#361130)

Pareil que Kiti

Par Osgaroth le 8/10/2001 à 20:39:00 (#361131)

*Ne laisse pas descendre en deuxième page, non mais...

Par MortifeR le 9/10/2001 à 2:54:00 (#361132)

Wow, faut absolument que je lise en entier ce RP, allez en haut le post.

Par Faruun le 9/10/2001 à 16:30:00 (#361133)

La nuit était claire, baignée par la douce clarté de la lune. L'oeil de Sélène veillait sur ses disciples, regardant l'agitation qui gagnait peu à peu certains quartiers de la ville tandis que d'autres s'enfonçaient dans le sommeil. Faruun arpentait les rues silencieuses. Il n'avait plus guère de ressources, et allait bientôt dépenser les dernières qu'il avait pu obtenir, et n'avait pas revu ses connaissances depuis longtemps... Il valait sans doute mieux ne pas y songer. Pour tous ceux qui le connaissaient alors, Faruun était mort. Il était surement trop tôt pour venir leur prouver le contraire.

Profitant de la nuit, il était entré dans la boutique pour récupérer son arc. Quaylan avait réalisé un travail formidable, mais ses ressources ne lui permettait pas de le payer. D'autres assassins n'auraient peut être eu aucun scrupule à tuer l'artisan, ne serait ce que pour s'assurer son silence, mais Faruun avait préféré reprendre son arc simplement. Maintenant qu'il avait pu l'éprouver et amasser la somme nécessaire, l'heure était venue pour lui de payer sa dette. A cette pensée, il soupesa machinalement la bourse remplie de pièces qu'il avait récolté durant le mois qui s'était écoulé. Personne n'aurait confiance eu en un assassin aveugle, mais il avait pu remplir un contrat ouvert, une offre ouverte à tous pour la tête d'un homme qui avait visiblement ennuyé les mauvaises personnes. Sa main avait semblé comme guidé par les cieux, et sans ciller, il avait encoché la flèche. Elle vola droit, trouvant le chemin de sa cible, et répandant sa vie sur le sol. Alors qu'une vie s'étaignait, celle de Faruun sembla renaitre de ses cendres...

Le commanditaire, ou son homme de main fut passablement étonné de le voir réclamer la récompense, mais après tout il ne chercha pas davantage en voyant Faruun s'esquiver par la suite aussi rapidement qu'il était venu. Les assassins ne sont jamais à prendre à la légère...

Il avancait sans difficulté dans la ville, qu'il connaissait si bien à présent. La pierre, usée et ancienne, semblait lui parler pour l'aider à se repérer. La nuit, il semblait se déplacer aussi bien que n'importe qui dans l'obscurité. Tout à ses pensées, il écoutait le bruit des pas qui résonnaient dans la nuit, parfois étouffés, parfois courant en grande hâte. De temps à autres, le bruit de la fuite indiquait le voleur débutant, surpris dans son action ou une fois son larcin accompli. Plus habiles, d'autres ne laissaient qu'un souffle, une vague brise passer à coté de Faruun alors qu'ils allaient disparaitre avec leur butin. Faruun se rendit compte alors, qu'en prêtant davantage attention, il pouvait deviner leur présence, même sans les voir. En encochant sa flèche, il avait ressenti la même chose, comme s'il ne voyait plus à travers les yeux mais autrement. Inexplicablement, sa flèche avait fait mouche, comme guidée par une force invisible. Il voulait croire que Sélène le guidait, et avait passé longtemps à prier celle qui visiblement lui offrait une nouvelle chance, une nouvelle vie.

En passant devant l'échoppe, Faruun encocha une flèche à laquelle il avait attaché sa bourse, et sans hésiter, la tira à travers la vitre. Le bruit de verre brisé retentit, et bientôt des bruits assourdis indiquèrent à Faruun que le bruit avait réveillé Quaylan. Souriant, l'assassin se remit en route et disparut dans la nuit.

- Merci Quaylan, que Sélène te garde.

JOL Archives 1.0.1
@ JOL / JeuxOnLine