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A la faveur des ténèbres...

Par Acyde de Nor le 19/11/2001 à 17:21:00 (#352245)

Lhomme travaillait à son pupitre, face à la fenêtre. Sa plume noire complétait le vélin dannotations soigneusement choisies, tandis quà travers la vitre épaisse une lune pleine et blafarde en tirait des reflets carmin. A lextrémité du candélabre, trois flammes sagitaient comme des marionnettistes et faisaient danser des ombres capricieuses sur son ouvrage. Ni son souffle inaudible, ni le grattement feutré de la plume ne troublaient la singulière atmosphère de discrétion qui enveloppait la pièce.

Son visage lui donnait la trentaine. Il était celui dun homme responsable et calculateur, quelquun qui savait inspirer confiance et défiance à sa guise et dont les traits détendus devaient dissimuler les émotions plus sûrement quun masque. Pourtant, cette nuit-là, un il attentif aurait pu remarquer dans ses gestes lattente. Il leva les yeux en direction du ciel, laissant un sourire étrange flotter sur ses lèvres, comme sil allait lui adresser la parole. Mais il resta silencieux. Des nuages couleur dencre sétalaient jusquà lhorizon et couvraient Arakas dun sombre dais dans lequel la lune sétait percée une lucarne précaire. Il lui sembla voir passer une ombre, mais le mouvement avait été bien trop fugitif pour quil pût sagir dune silhouette devant la fenêtre. Probablement une chauve-souris géante qui avait pu éclipser la lune. A nouveau, lastre argenté auréolait le bureau dune lueur mystique. Il se remit à louvrage.

De lextérieur, la demeure aurait pu sembler vide. Pas un bruit ne filtrait sous la lourde porte. La cheminée indiquait que le foyer sétait éteint, ou quil navait pas été allumé. Et les pièces avaient lair plongées dans la pénombre. La jeune femme ne sy trompait cependant pas. Elle avait aperçu la silhouette à la fenêtre et ses yeux de chat lavaient reconnue aussi sûrement quils lauraient fait en plein jour. Elle gagna la maison en passant dune ombre à lautre, drapée dans son manteau de ténèbres. Et elle attendit en silence que vint le moment propice.

Il posa le feuillet sur un coin du meuble, évitant de le classer avant que lencre ne séchât complètement. Lheure avançait et il semblait toujours attendre quelque chose ou quelquun. Et si Il dissipa très vite le voile de doute qui avait, un si bref instant, altéré son regard. Il saisit un autre parchemin et en entamant la lecture avec concentration. Pour chasser certaines pensées ? Ceût été impossible à dire. Lentement, insidieusement, les ombres grises se firent noires et la lune succomba, étouffée par les lourdes nuées. Comme en conséquence de lobscurité grandissante, il perçut un cliquetis derrière lui. Oh, cétait infime, et il reconnaissait à leur juste valeur les efforts infinis de discrétion qui avait dû être déployés pour manipuler la serrurerie aussi silencieusement. Mais il était expert dans ce domaine et il aurait été alerté par bien moins encore. Il ne sinterrogea pas vraiment sur la manière dont lintrus avait pu parvenir à débloquer le verrou de lextérieur. Il avait appris depuis longtemps quaucune porte nétait jamais inviolable. Et puis à percevoir la fragrance qui sétait glissée dans la pièce, il savait aussi que lintrus nen était pas un

Lhomme quitta sa chaise sans que rien dans son attitude ne suggérât la surprise. La fenêtre ne laissait plus entrer quune nuit noire que les trois bougies avaient grand peine à dissiper. La femme en profita pour détailler la silhouette debout près du pupitre. Si elle néprouvait aucune difficulté à voir dans lobscurité complète, lui ne devait pas en revanche distinguer delle plus quune forme sombre. Pourtant, il était tourné précisément dans sa direction, comme il leût fait pour la regarder dans les yeux. Elle mit fin à cette curieuse impression en baignant la pièce dune douce clarté magique.

Il était presque transi, fixant là où elle devait être, incapable de déterminer autrement sa position quau bruit régulier de sa respiration. Enfin, les ombres sestompèrent, chassées par un jour ténu et surnaturel, dévoilant celle quil désespérait de voir apparaître. Il ne put réprimer un sourire. Les lèvres de la femme dessinèrent à leur tour une forme exquise et il ressentit immédiatement leffet presque hypnotique de ces traits familiers. Un visage dalbâtre dont les formes nourrissaient ses rêves, encadré par de longs cheveux dun noir profond, des yeux qui lui suggéraient déjà mille choses délicieuses, et ce parfum Il la salua, à voix très basse, presque dans un murmure. Et sans répondre, elle savança, dun pas gracieux. Sa longue robe noire était de celles que les dames de la cour portent parfois dans les meilleures soirées, serrée, élégante, mystérieuse. Des gants au velours débène dissimulaient ses mains, comme une seconde peau faite de nuit. Elle sapprochait encore et il restait fasciné par ses traits de cire. De son dos naissaient deux ailes impressionnantes, des ailes de nephilim dont se dégageaient puissance et grâce et peut-être pour lui comme le sentiment de linterdit. Elle lui glissa quelques paroles, sa voix était douce et unie, aussi fascinante que son parfum suave. Il la vit se défaire de son gant droit et lui tendre la main pour quil la baise. Ce quil fit.

« Votre beauté rivalise avec celle de la Nuit », souffla-t-il dun ton presque inaudible, remuant à peine les lèvres.

Il posa la main quil tenait dans le creux de son cou et glissa doucement un bras derrière sa taille. Il sentit sa peau sur sa nuque comme une délicate caresse, il comprenait très bien quil ne pouvait pas résister à cette femme. Elle lattira vers elle et leurs corps se rejoignirent. Son souffle était tiède, il courrait sur ses joues comme une brise enivrante ; lhomme sentait les formes délicieuses contre lui et toute son anatomie y réagissait. Il aurait aimé fermer les yeux et vivre éternellement ce contact voluptueux, mais déjà la chaleur lemplissait de désir. Il vit les lèvres sourire et ne put se défendre, elles effleurèrent les siennes, tentatrices, il frémit, ses mains glissaient dans son dos, ils sembrassèrent dans une étreinte passionnée. Face à ses yeux ses yeux qui le sondaient. Contre son corps son corps aux courbes qui le grisaient. Et le parfum puissant qui envahissait ses sens et obscurcissait ses pensées Ses mains allaient et venaient de ses épaules à la chute de ses reins, tandis quelle aventurait une des siennes entre leurs corps soudés, là où le désir déformait ses braies. Il avait oublié son nom et celui de la femme, incapable de se soustraire à elle, sans plus la moindre volonté. Dans des brumes de sensualité et dabandon, elle le conduisit docilement vers la chambre et ils sallongèrent, elle sur les coussins du lit, lui sur elle, pour une nuit qui ne vit que très peu de sommeil.

Par Red Death le 19/11/2001 à 17:47:00 (#352246)

La nuit est froide et noire. La lune se dissimule par pudeur derrière un linceul de nuage.

Il chasse, le corps recouvert de sang afin de dissimuler son odeur aux animaux de la foret et ainsi mieux les approcher.
Qu'importe que l'animal succombe ou s'enfuit il aime ce jeu, s'approcher au plus pres de l'animal, le toucher presque et parfois le tuer quand cela est necessaire.

La ville aussi parfois l'appelle, mais l'attrait en est bien plus court, bien moins fort.
Mais il existe.
Voir cette frénézie faire vivre les murs de la cité, ou sentir le souffle lourd de sa respiration retenue la nuit.

Le froid de la nuit lui mord la peau et il repart en chasse...

Par Pico Thy le 19/11/2001 à 17:51:00 (#352247)

(Quel style ! *admirateur*)

Par Lana. le 19/11/2001 à 18:00:00 (#352248)

vraiment très bien écrit.. (une petite répétition ? dernier § contre son corps...)

Par Lars Sylrus le 19/11/2001 à 18:08:00 (#352249)

Par Lord Gabriel le 19/11/2001 à 20:55:00 (#352250)

Par Alanis le 20/11/2001 à 4:04:00 (#352251)

Une jeune fille... Immobile et invisible dans le calme de la nuit... Un regard vers la maison... cette maison... tout semble si calme... et pourtant... Une ombre mouvante... L'obscurite prend vie et les ombres fremissent... Presence trahie peut-etre par quelques plumes ecarlates... L'inaudible cliquetis d'une serrure... Une porte ou s'engouffre un soupcon d'obscurite... Le calme revient... et la jeune fille s'eloigne...

(c'est superbement ecrit, comme toujours !)

Par darkypl le 20/11/2001 à 6:03:00 (#352252)

Hop!

Par lapalooza le 21/11/2001 à 6:04:00 (#352253)

(hop)

Par Gadjio le 22/11/2001 à 20:49:00 (#352254)

Obscurité. Ou, plutôt, Ténèbres.

Cet endroit est pire quun tombeau plongé dans le noir. Ici, cest comme si je néprouvais plus rien. Aucune sensation. Pas même le contact de mon corps avec quoi que ce soit de tangible.

Ces ténèbres enveloppent mon esprit et mon corps. Cest un néant qui nest ni froid, ni inhospitalier. Il est Vide. Et je suis seul.

Malgré moi, je sens linquiétude, la peur ou la panique menvahir. Jai limpression que le Temps lui-même a cessé dêtre. Où suis-je ? Cette question mobsède et me paralyse. Où suis-je ? Je veux me tourner pour chercher nimporte quoi des yeux, mais je ne sais comment my prendre. Où suis-je ? Je crois que je nai plus de corps ou en tout cas je ne le sens plus. Oùsuisjeoùsuisjeoùsuisjeoùsuisjeoùsuisje ?

Langoisse prend peu à peu le contrôle de ma volonté. Je hurle. Mais aucun son ne semble sortir de ma bouche ? Suis-je mort ? Je veux madresser à Sélène pour trouver un chemin au cur de cette Nuit infinie. Mais cette pensée mapparaît dépourvue de sens, je ne parviens même plus à comprendre ce quil y a derrière ce mot. Sélène ! Sélène Sélène ?

Mais pourquoi fait-il si noir Ce nest pas une question. Sans repère, mes pensées semblent défiler à une vitesse vertigineuse. Ou au contraire, ne seraient-elles pas incroyablement lentes, comme embourbées dans léternité ? Jignore depuis combien de temps je suis dans ce lieu dans cet état ?- une minute, une heure, un mois, une seconde ?

Je nai plus vraiment conscience dautre chose que du présent. Althéa est si loin Le monde que je connaissais ne me semble pas appartenir au passé mais à autre chose, détaché de ma situation, définitivement inaccessible. Et je suis seul, envahi par ce que jappelle peur.

Soudain, ou très lentement, je ne saurais dire, il y a cette lueur. Je perçois cette présence infime et presque invisible comme un véritable phare qui éblouit tous mes sens. Je découvre progressivement cette lumière-entité qui par sa seule existence met enfin terme à ma solitude. Je comprends quelle veut quelle va- mavaler, mabsorber, memprisonner et je ne men inquiète pas. Tout est préférable à lexpérience du Vide.

Je la sens, familière, qui attrape mon esprit comme on attrape une chose inerte. Ce parfum Elle emplit mes sens de mille émotions ordinaires et je me sens fondre de joie à vivre ce contact ténu avec mon existence antérieure. Je vois clairement lentité ériger les murs qui seront ma prison. Quelque chose en moi sinquiète et finit par chercher à résister. Désarmé, jessaie dopposer ma volonté et ma foi aux fers que lon me passe. Et instantanément, lentité recule, prudente, dissipant partiellement les murs qui mentourent. A mesure que mes efforts parviennent à léloigner, je sens le Vide semparer à nouveau de moi et la solitude croître. Les sens que je croyais avoir retrouvés sengourdissent et lunivers sestompe peu à peu. La terreur de ce monde de ténèbres sinsinue au plus profond de mon âme, balayant incoerciblement le peu de volonté auquel je tentais de me raccrochais. Tout en moi implore désormais lentité, et langoisse de retourner « là-bas » me tétanise complètement.

Enfin, satisfaite de mon appel, elle revient, chaude, protectrice, aimante. Elle recommence à tisser son carcan invincible et je my abandonne, incapable de lui résister. Je sais quelle me nuit et en même temps je sais que je ne peux rien contre elle. Je ne parviens même pas à envisager de mopposer une seconde fois à elle. Je suis pris dans sa toile et si je men libère je tomberai éternellement dans labîme quelle surplombe. Cette ennemie est avant tout ma meilleure amie. Mais quelle est cette toile ? De quoi veut-elle mentraver ? Et pourquoi lentité my a-t-elle piégé ? Chacune de mes questions ébranle la prison désormais complète et la crainte de la voir de nouveau sétioler massaille. Je mefforce de ne plus y penser, je sais quelle veut que je loublie. Entièrement soumis à cette volonté supérieure, je my résigne, je chasse la prison, lentité, les Ténèbres de mon esprit et le calme rassurant de loubli vient réchauffer mon âme.

Les draps défaits et froids mindiquent quelle est partie depuis un bon moment déjà. Rien que de repenser à elle serre mon cur. Belle comme aucune autre femme, désirable à en perdre la raison Des souvenirs de cette nuit remontent à mon esprit comme les bulles dun champagne exquis. Nos souffles mêlés, nos corps fondus, lenvoûtante caresse de sa peau, et son parfum Une vague impression (toile, entité, ténèbres) flotte dans ma mémoire, et me fait languir dun prochain rendez-vous (toile, entité, ténèbres).

Très peu reposé par cette nuit agitée, je métire, prêt à affronter une nouvelle journée (toile, entité, ténèbres)


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Baron Gadjio de Lighthaven
Représentant du Culte de Sélène
Univers Feyd-Ehlan

Il n'est de plus méchant raisonnement que de rejeter ce que l'on ne comprend pas.




Par Alanis le 23/11/2001 à 6:59:00 (#352255)

(wahou... *muette*)

Par Gadjio le 23/11/2001 à 17:14:00 (#352256)

et toutes mes excuses à Acyde pour avoir tarder à répondre...

Par Lars Sylrus le 23/11/2001 à 18:14:00 (#352257)

(*applaudis d'une main, remonte le post de l'autre, ouais je c je suis vachement fort *)

Par La Marmotte le 24/11/2001 à 1:29:00 (#352258)

*La Marmotte a failli passer a coté d'un tel texte et s'en serait voulue* *s'incline devant un tel talent*

Par Lord Gabriel le 24/11/2001 à 8:57:00 (#352259)

*Pense comme la marmotte * Comme c'est etrange

Ce post merite décidement d'etre tout en haut.

Par methy le 24/11/2001 à 15:26:00 (#352260)

la corruption par l'amour, quelle chose ignoble.. j'adore..

Par Aina HarLeaQuin le 6/8/2002 à 23:45:21 (#1927648)

Désolée de remonter ce post après tant de temps... Mais je suis tombée sous le charme des textes si magnifiques d'Acyde... Celui là a une chose en plus. Sans doute la manipulation des sens si bien décrite. Bref. J'aime. :amour:

Par Azulynn Sylrus le 7/8/2002 à 0:19:30 (#1927761)

Ahh, Acyde. Un des personnages qui m'a le plus fasciné par ses écrits. Encore merci à elle. :amour:

Azulynn.

Par Lysanda le 7/8/2002 à 11:00:49 (#1929082)

y a pas excuser de l avoir fait, j ai faillit le faire il y a quelques jours, le style de ce texte est sublime et merite bien d'etre remonter de temps a autres!:amour: :lit: :amour:

Par Ibuki Tribal le 7/8/2002 à 12:54:12 (#1929704)

superbe :amour:

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