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Il y a quelques années, loin de Goldmoon...(1.04)

Par Kain Heinlein le 26/10/2001 à 3:05:00 (#339398)

« Alors, mon jeune ami, as tu décidé ? »
Lair était chargé dune douceur estivale, une de ces douceurs aériennes qui font oublier la lourdeur des plus gros soucis, emportés de le flot harmonieux dun bien être sans mots. Le ciel se marbrait de temps à autre de nuages aux formes éparses, déchirant le magnifique azur de leur blanc grumeleux.
Profitant de la luminosité exceptionnelle de cette fin daprès midi, le jeune enfant était assis dans la cour et laissait son regard voguer doucement sur les gerbes fleuries qui se déversaient en vastes tapis bleutés tout le long de lallée.
Le maître darme, un homme fort bellement moustachu dune quarantaine sûre, simpatienta en voyant que le jeune maître naccordait plus dattention à sa leçon. Il cogna la hampe de sa lance près de lui, pour le tirer un peu malgré lui dune rêverie qui faisait plaisir à voir. Le jeune Kain lui lança un regard éberlué pendant le court laps de temps ou il se pensait encore dans les bras cette beauté végétale, mais il se reprit rapidement.

« Oui, mssire ? »
Le quadragénaire regarda son jeune élève au visage poupon, soupirant de ne pouvoir être plus dur vis à vis dun être aussi tendreDécidément, ce jeune être aux yeux dun gris clair innocent était à partPeut être était ce parce quil était noble et quil avait réussi à vivre cloîtré de la haine dautrui, bien sagement à labri dans le domaine de la Seigneuriemais toujours est il que sa pureté ne le laissait pas indifférent. Surmontant son affection instinctive, le maître darme reprit parole, sefforçant de rester aussi bourru que le nécessitera cette première leçon.
« Et bien !Je tai demandé de choisir la première arme que tu voudras maîtriser !Un jeune seigneur se doit, en plus dêtre vertueux, dêtre fort au combat ! »
« Je naime pas mbattre, moi, messire !Je suis zobligé ? »
« Bien sûr » renchérit le maître darme « Sinon tu ne pourras pas protéger tes parents lorsquils seront plus vieux, et si jamais il se font attaquer, tu ne pourras rien faire pour les sauver. Est ce que tu veux ? »
Lhomme se surprit lui même davoir été aussi pédagogue, et sen voulait un peu dailleurs, il ne devait pas faire dans le sentiment, surtout pas face à ce petit être qui avait grand besoin dêtre rudoyé. Mais il neut plus à faire defforts contre-nature, le jeune bambin semblait amplement satisfait par ce prétexte.
« Je comprend bien, mssire ! » dit il , secouant la tête avec enthousiasme.
« Je récapitule doncici, tu as lépéela hache, larc, le fléau, la lance et la dague. » Il joignit le geste à la parole, montrant chaque arme et profitant dun petit moment de battement dans son énumération pour effectuer quelques passes impressionnantes dans lair, le coupant de large moulinets destinés à faire envie au jeune apprenti.
« Je veux larc !Je veux larc ! » Depuis le moment ou il avait vu le maître toucher dune flèche un pilier situé lautre bout de la cour, lenfant ne cessa de le presser de lui en apprendre le maniement, perturbant son maître de ses quémandes incessantes pendant quil démontrait lusage des autres instruments de son arsenal meurtrier.
Le vieil homme paru un peu déçu, rengainant un glaive rutilant dans son fourreau finement ouvragés de ravissantes arabesques. Mais puisque le jeune maître en avait décidé, il dut lui apprendre le maniement de larc.

« Pourquoi veux tu maîtriser cet arme ci en particulier ? » Demanda le tuteur à son disciple.
« Ben si je veux protéger mes parents, jdois savoir les protéger de loin ! »
Lattendrissante assurance de son petit protégé fit rapidement oublier à linstructeur sa récente déception. Il prit la hampe dun arc court et la tendit vers Kain qui le prit avec hâte pour en caresser la corde.

Non loin de là, camouflé dans lombre dune arcade menant à la cour, épiait le Seigneur des lieux, grisé par le plaisir impatient qui lui vrillait doucement les viscères, tel un mauvais trac dune extase tant attendue.


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Kain Heinlein,
Héritier dune trop lointaine seigneurie,
Innocence incarnée,
Victime encore épargnée.

[ 31 octobre 2001: Message édité par : Kain Heinlein ]

Par miyu le 26/10/2001 à 8:11:00 (#339399)

(bravo :)
tres beau texte)

Par Gozmoth le 26/10/2001 à 9:55:00 (#339400)

Par mya erwin le 26/10/2001 à 10:24:00 (#339401)

ecoute l'histoire du gentil monsieur qui l'a defendu

Par Kain Heinlein le 27/10/2001 à 14:55:00 (#339402)

« Relève toi. »

Le maître darme frappa son bâton taillé dans la paume de sa main rugueuse, toisant son jeune apprenti qui était en train de se relever péniblement, larc à la main. Lentraînement avait déjà commencé depuis une semaine et déjà sa sévérité était exemplaire. Linstructeur martial était maintenant dans son élément, et, dans le feu des exercices quil imposait à son apprenti, il
navait pas le temps de faire dans le sentimentet encore moins dans la pédagogie.


« Relève toi ! » simpatienta til, ulcéré de voir les maigres capacités physique de Kain dont le temps de récupération ne laissait que beaucoup trop à désirer.

Le jeune enfant sexécuta docilement, grimaçant de douleur et de fatigue, serrant avec une persistance frustrée larc que son maître lui avait donné quelques lunaisons plus tôt.


« Maître Guren , jeje croyais quavant de mexercer ainsi je, japprendrai à mieux tirer. » geint le bambin, cherchant une nouvelle flèche dans son carquois.

« Ne mets pas en doute mes méthodes, jeune impertinent ! Un bon chasseur, outre sa capacité à viser, doit briller par sa mobilité et ses talents desquive. Si tu viens à manquer ta cible et quelle nest pas blessée mortellement, tu en pâtiras, et si tu ne toctroie même pas le temps à toi même de lui décocher une seconde flèche, lanimal ou le guerrier sera déjà arrivé au contact pour te réduire en pièces. Cest pour cela que avant dapprendre à tuer ton adversaire, tu dois apprendre à survivre en cas déchec. » Le maître parlait avec un mépris évident à son apprenti, dune voix altérée qui insistait avec une douloureuse disharmonie sur les « c ». Ce dernier était fort contrarié de voir que son disciple était déjà fort au courant des méthodes habituelles dentraînement.

« Encore ces saletés dpaperasseries » maugréa til à lui même en qualifiant les livres dans lequel le jeune homme tirait sa culture, notamment celles qui lui permettait de remettre peu révérencieusement ses enseignements en doute.

« Peu importe que tu me touches ou non, si tu arrives à décocher ta flèche avant que mon bâton ne te caresse les côtes, je stopperai mon geste ! » sécria til, bourru.
« Je te laisse cinq secondes pour te mettre à distance, ensuite lexercice reprend ! » continua til dun ton qui ne laisse aucune équivoque.

Kain reprit doucement ses esprits et, se faisant, son visage séclaircit dune curieuse expression, une expression de réveil.

« 1 »
Il fit un pas en direction de lautre bout de la cour, la démarche décidée.
« 2 »
Il couru sur la longueur dun petit mètre et sarrêta.
« 3 »
Il se retourna et lança un regard de défi vers son maître, apparemment fort peu enclin à le laisser le frapper cette fois ci.
« 4 »
Le maître continua à compter, impitoyable, serrant sa main sur son bâton et esquissant déjà le premier pas dune rapide course. Kain, quand à lui, tremblait dexcitation, il cherchait non seulement à se dispenser de la correction qui allait suivre, mais également de remettre à sa place ce maître si suffisant dexpérience, ce rustre qui méprise la lecture quil affectionne tant. Il mit la main au carquois, prêt à prendre sa flèche, adressant à son maître un regard bestial et agressif, le mordant de lintensité claire de ses prunelles grises.
« 5 »
Lhomme fut un très court instant décontenancé par la haine évidente du jeune élève. Malgré son habitude de se faire haïr, le brusque changement qui sétait effectué chez le jeune garçon lavait laissé une fraction de seconde dans une étrange surprise, et il se laissa surprendre par ce changement inattendu. Ce bambin innocent lui adressait un regard de défi quil navait que trop rarement aperçu dans le regard de ses anciens adversaires. Cela donna suffisamment de temps à Kain de prendre une flèche et de lencocher maladroitement.
Il tendit la corde de son arc, le Maître sélança vers lenfant.

Une goutte de sang, arrachée par le bois peu pointu de la flèche dentraînement, échoua sur les dalles claires de la cour du castel. Le maître toisa son disciple dune défiance semblable, le reconnaissant non seulement comme un élève digne, mais également comme un noble adversaire. Il sétait laissé impressionner par le jeune garçon, qui en profita pour leffleurer de sa flèche. Il avait tenté de lesquiver, mais le jeune homme lavait fixé dune intensité telle quil avait lui même eu envie de le laisser le toucher. Mais cela ne fit que renforcer la détermination de lhomme de faire de lui son meilleur archer et, les jours suivants, il nallait pas hésiter à le rudoyer plus encore.

Mais pour linstant, il regardait son apprenti avec un contentement illégitime. Ce nétait pas lui qui avait appris à son disciple une telle férocité, mais cétait lui qui lavait réveillée. Il se sentait curieusement excité par le déchaînement soudain quil avait provoqué. Sans doute la grisance davoir déchaîné une fureur qui sommeillait, davoir laissé libre bride une force longtemps endormieUne fausse impression de pouvoir.

La pluie, comme témoin de la scène, en profita pour abattre sa douce tiédeur sur eux, semblant avoir attendu linstant propice pour calmer ces deux animaux en sursis, qui haletaient jusqualors sous la violente pulsion de poursuivre ce qui était pour eux le début dun combat.
Leau et le sang sentremêlèrent sur le dallage, pour ne finalement laisser aucune trace de sang.

Il lescorta jusque dans la bibliothèque, alors que Kain essayait avec amusement de calquer sa démarche sur sa martiale homologue, celle du maître darme, qui ne se relâchait à aucun moment. Ils traversèrent de longs couloirs agrémentés de tapisseries ocres et pourpres, réchauffant de leur belle couleur le froid de lallée de pierre. Ils arrivèrent finalement à la bibliothèque, ou les attendait la jeune mère Heinlein.
Elle était affalée négligemment dans un lourd fauteuil de sommeil-lecture, triturant nerveusement le livre qui trônait sur ses genoux. Elle était vêtue dune robe noire, parsemés ci et là de fines dentelles, en terminant esthétiquement les larges courbes. Son visage, où sy affichait une tension extrême, était fin, quoique sensuellement charnu, tandis que son regard émeraude trahissait plus encore linquiétude dont elle était victime.

« Ooooh ! Kain ! Mais tu es trempé ! » sexclama telle en se jetant sur lui, lui frottant les épaules pour le réchauffer. Kain se retint comme il peut, mais laissa un léger « ouille » séchapper de sa gorge, succombant à la douleur que lui criaient ses divers bleus et meurtrissures, résultat du dur entraînement daujourdhui.
Elle leva les yeux vers le maître darme, qui pestait intérieurement contre le gémissement du petit Kain.

« Ne soyez plus si dur avec lui, je vous en prie ! Ne voyez vous pas quil est encore un enfant !? » sécria telle, après sêtre rendue compte de létat du gamin.
« Votre mari ma demandé de ne lui accorder aucun traitement de faveur, et cest bien ce dont javais lintention. Votre fils doit être fort, et pour cela il doit souffrir un petit peu. »
Il était catégorique, et semblait navoir aucun doute quand à cette réponse, mais au fond de lui se cachait, dans un repli de doute, lintense désir de révéler la nature guerrière de Kain. Il ny avait seulement quune raison qui lui empêcha de le dire : la peur dêtre incompris de cette femme. Pour lui, peu lui importait dêtre prit pour cruel ou insensiblemais il lui importait dêtre prit pour un insensé. Il se tut, lui même peu satisfait de sa propre réponse.
La femme soupira, ressassa son amertume vis à vis de limpatience masculine de faire des enfants des hommes, et finit par se laisser conquérir par la douceur qui la submergeait peu à peu lorsque son regard se posait sur sa tendre engeance.

« Cest pas grave, maman ! » répondit il simplement. « Et puis ça ne fait pas si mal que ça ! » conclut il avec un sourire angélique.
Elle ferma les yeux et le serra avec précaution contre lui, retenant à grand-peine un sanglot, tandis que le maître darme, bringuebalant sa lourde et bruyante armure, sefforça de quitter la salle le plus discrètement du monde, adressant au passage un regard attendri sur les retrouvailles maternelles.

Mais


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Kain Heinlein,
Héritier dune trop lointaine seigneurie,
Innocence incarnée,
Victime encore épargnée.

[ 27 octobre 2001: Message édité par : Kain Heinlein ]

Par Kolat le 27/10/2001 à 21:32:00 (#339403)

Je me disais bien aussi qu'il ne pourrait jamais être un combattant sans une once de haine

( WAW et re WAW pour le texte! M'en fout si ton cou enfle, c'est super! )

Par Zuby le 27/10/2001 à 22:10:00 (#339404)



( tres tres joli vraiment )

Par Kain Heinlein le 27/10/2001 à 22:23:00 (#339405)

J'vous remercierai en postant bientôt la suite...^_^ En tout cas ça me fait plaisir.

(Reis, j'suis affreusement bon, je le reconnais, mais je n'ai hélas que le talent de la forme, pas du fond...d'ailleurs dans ce domaine, à ce que j'ai lu, tu as d'ailleurs une longueur d'avance sur moi... ;) )

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Le joueur derrière Kain Heinlein,
Avare en compliments,
Ecumeurs et floodeurs de posts rp,
Dictateur du roleplay : « Cest quoi ce rp à la mord-moi-le-nud ?On ne dit pas « Bye » !Cest pas rp !Toi là , tu tes gouré de cc !! Un aide pour le couper !Plus vite que ça ! Quoi ?Jennuie tout le monde ?Mais quest ce quVous avez les cris coupés, contactez un animateur.»

Par Kain Heinlein le 29/10/2001 à 0:26:00 (#339406)

Aujourdhui était le jour de repos pour le jeune Kain. Cela faisait déjà deux rudes semaines que son entraînement avait commencé et déjà il commençait à se renforcer physiquement et mentalement. Mais ce dernier nen avait pas pour autant abandonné sa passion pour les écrits et, en ce saint jour de repos sanctifié par une tradition pantouflarde de la lignée Heinlein, Kain sadonnait à son activité favorite. Il était tranquillement installé dans son fauteuil favori, qui dégoulinait pelucheusement dun confort indiscutable, reposant ses jeunes os dont quelques rares exemplaires avaient étés douloureusement fêlés par lentraînement intensif. Il avait sur ses maigres genoux bleuis un des exemplaires des pratiques druidiques du pays de Goldmoon. Au travers des pages fort bien conservées de ce sympathique ouvrage, Kain trouvait un intérêt exemplaire à voyager parmi les merveilles naturelles quoffraient lessor pantagruéliquement descriptif du recueil. Par le biais des mots, Kain apprit à faire agréablement la connaissance des cercles druidiques, des présences Lughiennes et Titanesques, de lharmonie entre les hommes et les bêtes, de lunion entre la nature et le savoir. Il était quelque part fasciné de voir que malgré tout ce que les humains pouvaient faire, ils étaient encore capable de rester proche du téton nourricier de leur terrienne matriarche. Lauteur du livre décrivait avec amour le mode de vie druidique, ainsi quune affection sans égal vis à vis de son environnement forestierEt ce à un point tel que Kain passa de longs moments à se demander pourquoi en première page de luvre il pouvait y lire que le druide en question avait été banni. Il ne comprit tout cela que bien plus tard en réalisant que pour le réaliser, le druide en question avait dû user moult parchemins et quuser autant de parchemins nétait peut être pas dun respect exemplaire vis à vis de son culte.

Soudain, surgirent de derrière lui deux bras qui enlacèrent tendrement le torse du jeune héritier, alors que les douces lèvres de sa mère frôlèrent sa joue dun baiser affectueux. Il y avait trop longtemps que Kain ne sétait plus laissé bercer ainsi, alors il ferma les yeux, ne remarquant pas que les joues de sa mère étaient devenues le théâtre dun ballet de larmes qui se succédaient dans un rythme douloureusement effréné, finissant leur mélancolique course dans la chevelure blondinette de la juvénile progéniture.
Elle le serra avec force, avec lune de ces forces fusionnelles qui font désirer à chaque être de ne faire quun avec lautre. Elle le serrait damour, mais elle le serrait également de peur. Elle savait que pour Kain sonnait le glas de son destin, perçant silencieusement le cur de cette mère dévastée de violents à-coups, senfonçant dans son âme meurtrie et mutilant son esprit de reproches dimpuissance. Car si elle avait pu, elle se serait sacrifiée pour le sauver et ce mille fois si cela avait été possible.
Mais le marmot restait tranquillement assis dans le siège, profitant de cette si douce chaleur maternelle, un sourire béat de douceur aux lèvres.

Sa mère cessa soudainement cette effusion, et partit rapidement de la pièce, laissant le petit lecteur seul et un peu étonné de cette brusque fin. Il sauta hors du fauteuil dun bond vigoureux et alla replacer le livre dans la bibliothèque, à lendroit exact ou il était placé, et ce avec un soin maniaquemais comment pouvait il faire autrement ? Les étagères étaient tellement soignées, et tellement remarquablement agencées que les coloris et volumes de chaque ouvrages semblaient fait pour concorder exactement avec ceux de leurs voisins, ce qui facilitait grandement la tâche du rangement. Il arpenta la salle de lecture un long moment, tenté entre la recherche dune lecture plus passionnante encore, et le plaisir de savourer la chaleur de cette après-midi de printemps. Mais il avait été trop alléché par sa lecture pour rester enfermé plus longtemps et il sortit bien vite de son confortable cloître.
Arrivé dans la cour intérieure, il remarqua le vieux majordome, qui penchait son dos chenu pour abreuver la terre reposant aux pieds dun ravissant tapis de bleuets.
« Vous voilà, jeune maître ! » Sécria avec ravissement le vieil homme, ragaillardi par une présence si juvénile à ses vieux côtés.
Lenfant lui sourit en tout réponse, sétirant félinement en offrant sa face au rayons bienveillants du soleil solitaire, qui trônait avec un radieux isolement au sein de ce beau bleu saisonnier. Après ses ébats désengourdissant, Kain focalisa son attention sur la tâche arrosière du vieux serviteur, le regardant faire avec grand intérêt, soudainement passionné par les plantes. Il resta un long moment à lobserver en train dhumidifier le terreau de cette eau limpide, semblant compter la moindre goutte deau nécessaire au bon entretien de ces ornements végétaux. Au bout dun moment, Kain pointa son doigt vers le rosier bleu, qui occupait la place la plus importante de cet écueil coloré.
« Et celles là ? Comment vous faites pour quelles soient si jolies ? »
Le vieil homme le regarda dune prunelle ravie, tandis que ses oreilles en feuille de chou semblaient remuer du plaisir davoir été flattée dune question si agréable. Ni une ni deux, il prit la main de lhéritier, lâcha son seau deau qui en profita dailleurs pour éclabousser joyeusement le dallage qui le jouxtait, et trottina vers les rosiers bleus.
« Vois tu, mon jeune ami, ces roses sont la fierté de ta famille, et il est de mon devoir de te passer le savoir de ta famille, ton père étant trop occupé pour le faire. »
Kain nen avait cure de son père, il ne le voyait que trop rarement, et lorsquil le voyait, il navait droit quà un vague regard vide, sans affection , sans agression. Le simple regard torve de celui qui voit pour la énième fois le même couloir le menant à sa chambre, qui voit sans remarquer. Non, décidément ces roses étaient beaucoup plus intéressantes que son père !

« Vois tu, mon petit, ces roses »
Kain ne se doutait alors pas que derrière le secret de ces roses se tenait coi le secret de sa proche perdition, le secret de sa famille.


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Kain Heinlein,
Héritier dune trop lointaine seigneurie,
Innocence incarnée,
Victime encore épargnée...mais plus pour longtemps.

Par Kolat le 29/10/2001 à 0:42:00 (#339407)

Par Bilbo le 29/10/2001 à 10:54:00 (#339408)

Par Kain Heinlein le 31/10/2001 à 14:09:00 (#339409)

Le vieux jardinier pointa de lextrémité de son petit doigt une tige naissante à la base dun des rosiers bleus, jetant de temps à autre un il à son jeune interlocuteur pour vérifier son attention, attention qui dailleurs était tout sauf relâchée. Kain était absorbé comme rarement il lavait été auparavant, et le vieil homme le découvrit sous un jour nouveau, cachant sa surprise sous un flegme blasé de sexagénaire . Il avait lhabitude de voir souvent le jeune maître sous des airs angéliques et insouciants mais jamais il navait vu un intérêt aussi fort se refléter sur ses traits enfantins. Cela galvanisa davantage la motivation du professeur-dune-heure, et ce dernier nhésita plus à sattarder sur chaque petit détail nécessaire à la culture des ersatz bleutés. Kain était toutes ouïes et toutes pupilles, ne manquant pas la moindre miette de la leçon. Et, en même temps quil découvrait les nombreuses misères quoccasionnaient ces pousses, il se prit dune passion belliciste à lencontre de ces fleurs. Il ne les voyait plus seulement maintenant comme un simple apparat végétal, mais également comme le terrain dun nouveau combat. Rien ne semblait plus dur que de cultiver ces roses, et cette difficulté lui plaisait énormément.
La leçon se poursuivit des heures durant, le jeune comme le vieux étant sous le joug dune ferveur respectivement tutélaire et avide de connaissance. Mais à un moment, le jeune garçon posa une question qui plongea lancêtre dans une hésitation malaisée.
« Vous ne leur donnez pas deau, Messire le jardinier ? »
Le vieil homme se gratte la gorge, comme la gêne commande de faire dans ce genre de situations, posa sa main prunelée sous son menton qui ne létait pas moins, balbutia quelques esquisses de phrases de sa voix enrouée puis conclut par un « Elles nont pas besoin deau. », frustré de navoir pu dire que cette demi-vérité.
Kain se perplexifia un court moment, un peu déçu dune réponse quil suspectait à raison dêtre sibylline, mais il navait pas lhabitude de douter dautrui alors il oublia rapidement le peu de satisfaction que lui apportait cette réponse, laissant sa curiosité langue pendante.
Il avait horreur de douter dautrui, à un point tel quil excluait toujours cette éventualité. A une seule exception près : il avait longtemps douté de son père, de son intérêt pour lui, mais au fil de ses nombreuses lectures, Kain avait appris à se détacher et avait finit par se dire un beau jour que si son père le négligeait, cétait pour mieux soccuper du peuple. Cette raison suffisait à Kain, qui, malgré son curieux détachement, pardonnait de tout cur à son père ces inattentions. Mais il se trompait. Son père était tout ce quil y a de plus intéressé par son fils, malheureusement pour le petit.

Les jours sensuivirent, alors que lenfant se prélassait de plus en plus souvent aux pieds du tapis de fleurs, entre son entraînement et ses lectures en se tarabustant de la sempiternelle question du « Que boivent elles ? », sans pour autant sempêcher de magnifier du regard les corolles bleutées qui soffraient à lui.
Un beau jour, Kain dut relever le nez des rosiers : de brusques éclats de voix suivis de pleurs, vraisemblablement ceux de sa mère, trouvèrent échos dans les froids couloirs du castel pour échouer froidement aux oreilles du jeune garçon. Kain était choqué. Même si il était quotidiennement rudoyé et malmené par son maître darmes, jamais il navait entendu de voix aussi déchirantes, jamais il navait entendu des éclats de voix aussi brusques. Il resta coi, nerveusement assis sur le sol de la cour, jusquà ce que finalement la voix de sa mère séteigne en pleurs incessants. Kain restait là, apeuré. Il était tenté daller voir ce qui se passait dans les chambres, mais la peur suggestive de linconnu le cloua au dallage. Cette peur se changea peu à peu en terreur, au fur et à mesure que le bruit des pas de la démarche de son père gagnaient en sonorité, signifiant son approche.
Kain le regarda longuement, interdit, alors que sa silhouette se détachait lentement des arcades pierreuses taillées en arabesques. Le visage du père de Kain était creusé, émacié, au point quil semblait avoir été taillé dans le granit, alors quen émanait un charme cruel, principalement octroyé par la finesse de ses lèvres. Il était élancé et fin, mais sous son sombre pourpoint, on pouvait deviner une anatomie musclée et noueuse. Il était dune corpulence forte, sans pour autant sombrer dans le bovin barbaresque. Il avança dune démarche froidement décidée, alors que dans ses yeux bleus brillait une intensité que Kain navait jamais vue. Kain était subjugué par cette lueur gourmande qui le vrillait dune tension incroyable, le seul geste quil parvint à faire fut de glisser sa main sur un centimètre du sol, pour sassurer de la paume quil nallait pas tomber au sol, sous laffreuse pression qui sexerçait impitoyablement sur son esprit.
Le père arriva à sa hauteur et ne perdit pas un seul instant et prit brutalement son fils par le bras, refermant ses doigts sur son bras de brindille, pour ensuite le soulever dun geste brusque, ce qui ne manqua pas de déformer de douleur le visage du jeune héritier. Le père était exalté rien quà lidée de cette possession, à tel point que son visage se fendait dun sourire déformé par lextase. Kain voulait se débattre, mais ses viscères étaient soudées lune à lautre par la souffrance et la terreur, tant et si bien quil finit par se laisser traîner par son géniteur dans un coin sombre du château.
Et, au détour dune porte dérobée, dissimulée dans cette bibliothèque quil adorait tant, Kain fut lancé sans ménagement sur un sol froid, grossièrement agencé de pierres mal taillées et couvert de taches de sang.Il resta là, n'osant relever les yeux, tremblant de tous ses petits membres, telle une proie offerte ventre ouvert à la faim devastratrice de la folie.


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Kain Heinlein,
Héritier dune trop lointaine seigneurie,
Innocence incarnée,
Sacrifié en sursis.

Par Melchior le 31/10/2001 à 14:11:00 (#339410)

Par Alexei Sergen le 31/10/2001 à 20:17:00 (#339411)

Très très bien écrit! Splendide, génialissime!

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Le joueur derrière Alexei Sergen,
Grand appréciateur des posts rp de Kain Heinlein dont il partage très curieusement l'immodestie.
"Hein?M...mais non, c'est pas moi, qu'est ce qui vous fait dire ça?"

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