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Orbe Prologue Chap 1 + 2 + 3, Baldurien a raison il faut tout concentrer

Par Gabrielle Knight le 30/9/2000 à 11:46:00 (#192416)

J'ai réuni les textes pour éviter aux nouveau de rechercher dans les anciens sujets...
Nalfein attend vos question comme sur un vrai tour de table merci de les mettre à la suite de ce texte.


› PROLOGUE 


Amn, il y a 10 ans.

Melchior s'approcha de son professeur courbé au dessus de quelque ouvrage ancien sur la grande table au centre de la pièce. La grande bibliothèque du Compendium Institute d'Amn était silencieuse en cette heure glaciale où les matines n'avaient pas encore été sonnées au clocher des temples du quartier. Chacun des mouvements du jeune apprenti résonnait dans l'immense salle dont le plafond décoré, peint et sculpté se perdait dans les étages à quelques 60 pieds au dessus de leur tête. Un dôme de verre couronnait l’ensemble de l’édifice permettant aux lecteurs, prêtres, érudits, moines, copistes, scriptes, enlumineurs et autres lettrés de venir y compulser à loisir du lever du soleil jusqu’au crépuscule. Une faible lueur annonçant l'aube éclaircissait le ciel dont l'encre virant du noir au bleu marine se déchirait sur quelques nuages blancs qui traînaient leur langueur au gré d’un vent paresseux.

Son vieux maître toussa, il devait ressentir lui aussi le froid pénétrer sous sa houppelande, à l'intérieur de la solide bure en coton dont ils s'étaient couvert en ce petit matin d'hivers.

Maître, s'inquiéta le jeune apprenti. Vous allez attraper une mauvaise toux, immobile au dessus de ce manuscrit ! Faut-il qu'il soit si souvent emprunté que nous ne puissions venir le consulter dans la journée ? Acceptez au moins de vous couvrir de mon manteau.

Vois-tu, jeune Melchior, le Frère Martin scripte bibliothécaire préposé aux ouvrages rares ne permet pas que l’on puisse approcher ce manuscrit. C’est pourquoi je suis obligé de venir le consulter en secret, de si bonne heure, en prétextant du travail d’enluminures en retard. Cet ouvrage, je l’ai cherché de longues années sans savoir qu’une copie, bien qu’incomplète existait ici dans ces murs où maintes et maintes fois je suis venu chercher des informations pour mes sortilèges, pour mes études sur les arcanes de notre grand savoir ou encore des indices pour quelque affaire qui me préoccupait dans l’instant. Il confirme mes présomptions en décrivant une mystérieuse société secrète réunie autour d’un artefact puissant que l’on nomme Cristal des Mille Mondes.

Je n’ai jamais entendu parlé de cet objet, maître. Quel est-il ? Qui sont ces gens qui se sont organisé autour de lui ? Pour le vénérer, le protéger ou l’aduler ?

Autant de questions que moi-même je me pose et auxquelles peut-être ce livre pourra apporter des bribes d’informations. D’après mes recherches ou ce que d’autres Mages ont bien voulu me dire, ce serait un objet d’une grande puissance forgée par les dieux en des temps anciens. Ce ne serait pas un objet fait de mains humaines à qui la magie puissante aurait donner quelques capacités légendaires. Non. C’est un des objets qui participa à la création de ce monde. Il stabilise cet univers et notre terre, le protégeant de la destruction par le Chaos ou de la stérilisante immobilité des seigneurs de la Loi. C’est la Liberté, le Pardon et l’Equilibre. C’est le temps qui s’écoule et ne revient pas, c’est le mouvement des étoiles et la course des saisons. C’est une énergie dont parfois je me demande si elle ne s’apparente pas à celle que nous utilisons pour lancer nos sortilèges…. Les personnes réunies autour de la connaissance de cet objet sont en nombre très restreint. Elles sont de toutes professions, de toutes classes sociales et de toutes confessions. Mais cet artefact ne peut-être ni adulé, ni vénéré ou bien encore possédé. On le sert du mieux possible voilà tout…

Le silence retomba dans la grande salle alors que le vieil homme continuait à parcourir les runes couchées sur le vélin précieux du manuscrit.

Melchior réfléchit quelques instants. La Guilde d’Assassin qui l’avait fait rentrer au service de ce vieux mage il y a six mois lui avait recommandé de se faire accepter, de couper tout lien avec ses anciennes connaissances, de rester dans l’ombre et de mener la vie normale d’un jeune apprenti. C’était la force des Guildes d’Assassin : l’infiltration pour dévorer de l’intérieur ; une servante douce comme un agneau, une pucelle dévote, un cuisinier débonnaire, un garde du corps de toute confiance et tôt ou tard une dague s’enfonçant à la naissance de la nuque dans la colonne vertébrale. Au comble de l’horreur ces assassins restaient parfois sur les lieux de leur crime comme pour mieux crier à la face du monde leur certitude d’être sauvé du bûcher et de s’évader des geôles même les mieux gardées et pour enfin terroriser les puissants, qu’ils sachent que nul sur cette terre ne peut échapper à un contrat lancé sur lui.

Melchior, sorti la dague de sa manche doucement et sans un bruit. Maintenant était venu le moment d’abattre ce maître qui lui avait enseigné compassion, charité et sagesse. C'est avec un goût de fiel qu’il planta celle-ci dans le dos de son protecteur. Il ramassa le manuscrit que la Guilde voulait absolument récupérer ainsi que la clef de la sacristie, rabattit sa capuche sur son visage et s’enfuit dans la grisaille d’une aube sans soleil.

Melchior rentra précipitamment dans la chambre de bonne qu'il louait depuis qu’il était entré au service du vieux magicien. Elle se trouvait dans le quartier des lavandières, à proximité d’un bras du fleuve, dont l’eau s’écoulant à peine, noyait parfois quelques caves malsaine, s’infiltrant partout jusque dans les murs rongés par le salpêtre. Le voisinage du fleuve produisait beaucoup d’humidité quand ce n’était pas du brouillard, et charriait son lot d’effluves douçâtres auxquelles il était si difficile de s’habituer.

Son sac était prêt. Les quelques effets personnels qu’il possédait s’y trouvaient déjà bien rangés en prévoyance d’un départ précipité. Il vérifia encore une fois que tout était au complet; des vêtements, des mocassins de déplacement nocturnes avec une semelle faite de liège et d’éponge, une légère corde de soie tressée, un juste au corps sombre ainsi qu’un pantalon moulant en lin, des fioles d’huiles, un briquet d’amadou, de la décoction répulsive pour les chiens, une bourse contenant ses économies… quelques autres objets mineures dont un passe et un crochet de serrures. Ses yeux revinrent se poser sur le livre volé quelques heures plus tôt et qu’il avait lancé négligemment sur le lit en entrant. Il le prit pour en caresser pensivement la couverture de cuir. Il l’ouvrit pour parcourir rapidement le sujet… ce serait vraiment stupide de le ramener à la Guilde sans en avoir pris une connaissance partielle ! Les discours de son ancien Professeur avaient en effet aiguisés sa curiosité bien plus qu’il ne voulait se l’avouer. Et il souhaitait ardemment découvrir dans ses pages si les affabulations grotesques de ce vieux radoteur avaient quelque fondement. Il se mit à déchiffrer la première page et le récit qu’il lui fût donné de lire, était passionnant.

«Alors que les humains commençaient juste à s'éveiller, un démon fut envoyé sur notre plan pour évaluer la situation et nous asservir. Les forces des ténèbres alors à l’œuvre avaient jugé qu’ils étaient moins résistants que les elfes et les nains aux charmes du mal. Que nombre d’entre eux portaient les marques du chaos dans leur âme et que c’était certainement la race dont ils espéraient pouvoir convertir une multitude d’adepte. Ce démon, Garmorth, entreprit sa mission, prêchant, achetant, extorquant, volant, menaçant, offrant puissance et longévité à ses âmes damnées. Il entraînait peu à peu les peuples vers les ténèbres et détruisait les communautés et les esprits forts qui lui résistaient. Ses hordes brûlaient, violaient, torturaient et massacraient quiconque se réclamait d’une confession différente. Les Dieux du bien, inquiets, envoyèrent un émissaire, dont le temps lui même a oublié le nom. Même les premiers nés, les elfes, ne savent pas pourquoi leur mémoire collective en perdit la trace... Peut-être qu’il devait en être ainsi, peut-être que les Dieux l’avait voulu imprononçable. Il lui confièrent un Dragon Fée pour l’aider dans sa Quête.

En tout état de cause, cet envoyé retrouva Garmorth en bordure du Valémeraud, la Grande Forêt de l’ouest. Tout à son œuvre de corruption, Garmorth s’aventurait maintenant à la frontière entre les hommes et les elfes. Le combat fut terrible dans cet havre végétal encore intact et longtemps, durant tout le jour, l’issue fût incertaine. Des flammes, des étincelles, des éclairs, des ombres, de la glace… toutes les puissances déchaînées autour de cette clairière embrasaient le couchant et illuminaient les nuages des couleurs de l’arc en ciel. Soudain, ce fût le crépuscule et les ténèbres fortifiaient le mal presque à terrasser son adversaire. L’envoyé, à bout de force, vint à s'effondrer au plus fort de la nuit malgré l’ardent soutien du Dragon Fée qui le secondait. Et celui-ci comprenant leur cause presque perdue, sacrifia sa vie pour sauver notre peuple. Une gerbe de lumière étincelante traversa les cieux du levant au couchant et l’on pu voir un bref instant comme en plein jour partout sur cette terre. L'envoyé des dieux tenta de rassembler ses forces pour achever Garmorth dont le combat avec le Dragon Fée en avait épuisé les pouvoirs. Mais il était trop faible et il du se résigner a laisser le démon en vie. Tout au plus pouvait-il s’assurer qu’il resterait inoffensif. Il utilisa le cœur cristallisé du Dragon Fée pour en faire une matrice. Cette pierre argentée, émettait un chatoiement revigorant. Il lui semblait d’une pureté infinie, prison matérielle et cependant parfaite pour que le démon y soit enfermé pour l’éternité sur tous les plans réunis.»

Melchior, s’arrêta de lire et tendit l’oreille. Les escaliers avaient-ils grincés ou bien était-ce le fracas du combat qu’il venait de vivre qui résonnait encore dans son esprit fébrile ? Aucun autre gémissement en provenance des marches de l’escalier ne parvint à ces oreilles et il se concentra à nouveau sur le texte. Malheureusement, des pages avaient tournées pendant cette interruption et il eu du mal à retrouver le fil de son histoire d’autant que la lecture et la compréhension des runes lui étaient mal aisée. Le passage qu’il lisait n’était pas directement la suite du récit mais qu’importait, il fallait ne pas trop s’attarder.

«Ils prêtèrent serment et depuis lors, les gardiens, de génération en génération, veillent sur le Cristal des Mondes afin que nul désormais ne relâche le mal... Des éclats du cœur du Dragon Fée furent confiés aux gardiens afin qu’ils puissent combattre le mal à leur tour car bien que moins puissants d’autres démons devaient venir tout au long des siècles pour corrompre l’âme humaine.»

Là, il en était sûr. Il y avait bien quelqu’un qui se trouvait maintenant sur le palier derrière sa porte. La quatrième latte du parquet qui aurait grincée même sous les pattes d’un chat venait d’en révéler la présence… Un froid glacial couru le long de sa colonne vertébrale.


Palais d’été du Duc d’Amn, il y a une semaine.

La femme s’approchait rapidement de la lisière de la forêt et serait en vue du petit village devant les remparts dans quelques minutes. Elle courait depuis une demi-heure déjà et son souffle restait pourtant parfaitement réglé. Rien dans son allure ne trahissait l’épuisement ni la précipitation. Ses vêtements noirs moulant son corps musclé la rendait invisible, ombre parmi les ombres du couvert. La nuit était sans lune et le vent tombé, ne poussait dans les cieux aucun nuage sous la voûte céleste. Derrière cette silhouette silencieuse et bondissante, gisait deux sentinelles un kilomètre en aval. Des jeunes coureurs des bois qui, la face tournée vers le ciel, avaient rencontré ce soir là la mort personnifiée, la mort devenue perfection à force d’entraînement interminables. Rien dans les mouvements du tueur en approche ne semblait laissé au hasard et tout exprimait une froide détermination, la volonté inflexible d’un professionnel pour qui la vie n’a qu’une valeur marchande. Parfaitement entraînée, elle stoppa son avance en lisière de forêt, en vue de la falaise qui abritait le fort. Elle prit dans son sac un morceau de pâte molle et odorante. Ses narine frémirent lorsque l’odeur suave et doucereuse leur parvinrent. Elle contint le léger tremblement de ses mains au désir impérieux de mâcher la drogue de combat. Elle la laissa fondre sous la langue avant d’être transpercée par la fulgurance de son effet. Elle y était pourtant habituée mais elle chancela un court instant alors que son champ de conscience s’élargissait pour s’étendre sur les 360° autour d’elle. Les yeux fixes, sans l’étincelle d’une lueur humaine se tournèrent vers l’entrée masquée de l’antique tombe des Sakhars aujourd’hui transformée en fortin. Le flux de son sang s’accéléra et la sensation de fatigue qu’elle avait jusqu’ici maintenue hors de sa pensée, disparue. Se fondant dans la nature, utilisant au mieux les tâches de pénombre, elle se dirigea furtivement, invisible, jusqu’à la falaise.

Trois sentinelles en faction devisaient à voix basse. L’une, plus grande, plus forte faisait preuve d’autorité sur les deux autres. Ce serait donc la première à mourir car elle présentait un potentiel d’initiative le plus élevé. Un flash intense déchira la nuit (fiole de lumière) et aveugla les trois hommes surpris durant deux ou trois secondes. C’était plus qu’il n’en fallait et ils avaient rendu leur dernier souffle avant de toucher le sol, emportés par leurs Walkyries dans cet éclair blanc.

La porte d’entrée des écuries avait été laissée ouverte par des palefreniers soudoyés. Les gardes portiers se trouvaient à leur poste une dizaine de mètres en contrebas dans le souterrain Gabrielle écouta les éclats de voix qui montaient du couloir par instants. Quatre hommes d’origine nordique. Détendus et confiants. De farouches guerriers berserkirs * (lit. Guerriers fauves parce qu’ils se revêtaient de peau d’ours pour le combat). Même si les gardes avaient accepté de ne pas clore la porte pour cette nuit, elle était certaine qu’elle serait tuée si elle était découverte . Aussi s’engagea-t-elle dans le passage après avoir après avoir fixé son gant griffe à la main gauche et dégainé son cimeterre dans la main droite. Elle ne jugea pas utile de fixer ses crampons d’escalade aux pieds. Son attaque fût foudroyante. Deux dagues jaillirent de l’obscurité pour terminer leur course bourdonnante dans la face des deux soldats les plus éloignés tandis que la tête du plus proche roulait dans les mains du dernier garde stupéfait. Une brève étincelle de compréhension étincela dans ces yeux lorsqu’il comprit que la brutale et violente douleur qui défonçait sa cage thoracique en cherchant le coeur, lui offrait la mort.

Gabrielle coucha sur le sol les quatre cadavres chauds agités de convulsion. La drogue. La drogue et une partie de sa conscience toujours en éveil, l’avertit qu’une sentinelle essoufflée montait rapidement des écuries par le couloir. Celle-ci pénétra une fraction de seconde trop tard dans la lumière de la pièce. Gabrielle se trouvait déjà en attente, accrochée au plafond avec ses gants griffes dans une zone de pénombre. Elle retomba sur le guerrier en bloquant du tranchant de la main, le cri de stupéfaction qui montait dans sa gorge. Les yeux de sa victime s’agrandirent alors qu’elle tentait désespérément d’avaler une goulée d’air, le larynx broyé sous l’impact. Face à ce démon noir sorti des enfers, respirer fût le dernier réflexe vital qu’il emporta dans la tombe. Gabrielle récupéra ses dagues empoisonnées, éteignit les lampes à huile et descendit aux écuries. Progression constante et inexorable jusqu’au premier carrefour où lors d’une rencontre impromptue avec une esclave de plaisir sortant d’une chambre, elle fût repérée par des arbalétriers. Les deux tireurs moururent dans d’atroces convulsions silencieuses, le système nerveux submergé par la neurotoxine puissante de ses dagues noires. Reléguée au second plan de sa conscience, Gabrielle ressenti une violente douleur à la cuisse. Elle avait été touché par un des carreaux d’arbalète. Erreur inacceptable de débutante pensa-t-elle en maudissant sa désinvolture lors des missions faciles. De plus son éveil avait été peu à peu endormi par les drogues de combat dont les effets commençaient à s’estomper.

Elle en absorba cependant une surdose et la douleur qui lui vrillait la cuisse disparue presque totalement. Gabrielle reprit un déplacement souple et rapide. Elle avait été retardée par ce malencontreux incident et se hâtait car elle ne doutait pas que l’on donnerait l’alarme dans très peu de temps… Il lui serait alors juste un peu plus difficile de sortir.

Quelques instants plus tard, elle enjambait les corps des deux gardes abattus au sabre devant la porte de l’héritier du Duc d’Amn en résidence d’été. Son commanditaire, la grande impératrice, avait promis de couvrir d’or la guilde de la Rose Noire. Gabrielle se préparait depuis un an. Son contrat était simple, trouver l’enfant portant le tatouage royal et l’abattre. Gabrielle chercha un éventuel mécanisme de protection sur la porte et crocheta la serrure.


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Gabrielle, satisfaite, s’apprêtait à ressortir des appartements du fils du Duc d’Amn, sa mission accomplie. Elle allait franchir le pas de la porte des appartements pour repasser dans les souterrains quand un détail inattendu la figea sur place. Le couloir était éclairé. Lorsqu’elle avait pénétrée dans les appartements quelques instants plus tôt, le couloir était sombre et elle s’était bien gardée d’allumer les torches. Pour gagner de précieuses secondes, elle n’avait même pas caché les deux gardes de faction qui gisaient dans une mare de sang sur le seuil. L’un deux avait encore quelques convulsions parcourant son visage et ses avants-bras. Tendant l’oreille, elle perçut le cliquetis d’arbalètes en train d’être armées et une demi-douzaine de respirations qui remontaient le couloir face à la porte, les deux autres issues de part et d’autre de celle-ci restant dans la pénombre. La situation se corsait. D’autant plus que le couloir par lequel la soldatesque progressait était la seule issue à sa connaissance pour rejoindre la sortie par la falaise à l’arrière du palais en empruntant l’ancien tunnel de la tombe de Sakhar. Elle devait donc se résigner à choisir l’un des passages à gauche ou à droite avant que les gardes ne la confine totalement dans les appartements ducales puis appellent des renforts. Il fallait agir vite.


Une brutale explosion de lumière sur le seuil de la porte entraîna une violente riposte des soldats qui lâchèrent une rafale de carreaux. C’était ce qu’elle attendait et elle se jeta dans l’ouverture pour ricocher sur le chambranle de la porte et enfiler le couloir de droite. Sprint, tout en lâchant derrière elle des clous tétraédriques qui devaient causer quelques dommages aux pieds de ses poursuivants et lui permettre de prendre une minute d’avance. Elle déboucha sur un carrefour et pris sur la droite à nouveau pour se retrouver sur un palier d’escalier. C’était en fait, un conduit verticale large de 20 pieds sur la face intérieure duquel courait un escalier en spirale. Le centre de ce monumental escalier de pierre était vide et l’on pouvait distinguer en se penchant au dessus de la main courante une dizaine de paliers vers le haut et peut-être moitié moins vers le bas.


Des hurlements à glacer le sang, amplifiés par les échos, montèrent du souterrain et lui indiquèrent que ses poursuivants venaient d’arriver à hauteur de ses mignardises.


Elle commença à grimper les escaliers à petites foulées pour ménager sa respiration. D’autant que les drogues se dissipaient lentement à nouveau et qu’une prise supplémentaire serait exclue sous peine de perdre totalement sa lucidité. Elle avait montée cinq paliers lorsque les gardes à sa poursuite débouchèrent en dessous d’elle dans la cage d’escalier en criant l’alerte. Quelques secondes après, des gardes surgissant du haut de l’escalier cette fois, une bonne dizaine, commencèrent à descendre à sa rencontre. Un carreau siffla sur la balustrade à sa gauche et un autre vint s’écraser sur une marche au dessus de sa tête.


Déroulant rapidement la corde en soie noire lui servant de ceinture, elle en accrocha l’extrémité à la balustrade, jeta deux fioles d’huile dans l’escalier en amont de sa position et se laissa basculer dans le vide en se retenant à peine à sa corde. Elle repassa à pleine vitesse devant le petit groupe de gardes qui montaient précipitamment les escaliers à sa suite. Elle atterrit durement sur la dalle du rez-de-chaussé de la cage d’escalier. Un carreau lui entama l’aisselle gauche mais la brûlure lui donna l’énergie nécessaire pour effectuer un roulé boulé dans le passage qui s’ouvrait devant elle et se mettre à couvert.


Son cerveau marchait à pleine vitesse. Elle devait trouver une issue rapidement sous peine de devoir se rendre. De plus, elle collectionnait les blessures depuis le début de cette opération : cuisse, légère entorse, aisselle... Des blessures superficielles certes, mais qui laisseraient des traces de sang derrière elle. Pas bon, ça. Pas bon du tout. Pas assez de temps pour se déguiser qui plus est : il aurait fallu tomber sur un domestique et elle n’en n’avait pas encore rencontrée… les plans des sous-sol du palais d’hivers défilaient devant ses yeux. Rien. Pas la moindre idée ne venait germer dans son esprit en feu pour la ramener à l’air frais de la surface. Ne pas paniquer ma belle. Garder la tête froide… froide, air frais… mille démons de combats ! Mais bien sûr ! Ce courant d’air qui s’engouffrait dans l’escalier, il venait bien de quelque part !


Gabrielle se trouvait devant une fleurine d’un pied et demi sur deux environ (faille naturelle dans le calcaire pour aérer les caves et les souterrains dans lesquels on mature les fromages). De l’air affluait par cette ouverture d’où suintait par ailleurs des gouttes de condensation. Elle fixa ses griffes d’escalades aux pieds et aux mains, bascula son sabre et son petit sac à dos sur son ventre pour s’aventurer dans le conduit.


Après une demi-heure de progression parfois en grimpant, parfois en rampant, elle déboucha à mi-hauteur sur la falaise de la tombe de Sakhar. Le vent s’était levé, les étoiles brillaient maintenant de tous leurs feux et l’on voyait relativement bien. De nombreuses troupes d’une dizaine d’hommes s’agitaient dans le découvert entre la falaise et la forêt. Ils portaient des torches et criaient beaucoup. Se fondant dans les ombres, elle parcourut rapidement la pente raide puis le découvert jusqu’à la lisière. Des chiens aboyaient dans les alentours et des appels se faisaient entendre, se rapprochant avec insistance… Elle sorti ses mocassins en peau de castor. Des mocassins bizarres dont les poils se trouvaient à l’extérieur, au contact du sol. Elle sorti une petite boîte en os pleine d’une poudre de poivre et de piment dont elle commença à enduire les mocassins.



› Vix adhuc certa est fides vitalis aurae…  or, c'est à peine si je suis déjà bien certain de vivre...

…/ C’est pourquoi je me rendais auprès du prêtre Rodriguès Hermanius Vespasi pour tenter d'en apprendre plus au sujet de ma mission et du mystérieux "Chien de guerre, chevalier de métal" dont avait parlé le Duc d'Amn. J’étais censé récupérer une missive écrite de la main même du Duc et qui était destinée à ce guerrier dont le nom évocateur me semblait bien peu engageant. Le pire avait-été de jurer à contre-cœur, dans le silence sépulcral de la chambre du Duc, de servir de messager et de remettre la lettre en main propre au « Chien de guerre ». Mais pourquoi donc avait-il fallu que ce soit moi, MOI et AUJOURD’HUI, qui soit de corvée de tisane et de lecture auprès de notre Guide ! Pardonnez mon égoïsme révéré Torm et accordez votre miséricorde à votre humble serviteur : vous ne connaissez que trop bien les limites de mon courage, votre Omniscience pour laquelle je prie chaque jour, et mon incapacité à remplir une mission téméraire !

Ces pensées impures que j’avais eues dans les appartements du Duc me semblaient à présent indignes d'un novice et encore moins d'un futur prêtre mais je n’avais pu m’empêcher de ressentir une sorte d’injustice face à la tâche et l’honneur qui m’incombaient. J’avais souhaité intensément pouvoir me réfugier derrière ma vocation sans même me demander si notre Maître, Torm, m’infligeait cette épreuve par l’intermédiaire du Duc mourrant dans l’ombre feutrée de ses appartements.

Par dévotion et par attention pour le Duc, dans l’espoir de lui être agréable, j’avais alors accepté tous ses désirs allant même jusqu’à promettre sur les saints sacrements de ne parler de ces manigances qu’à Frère Rodriguès et à lui seul. La maladie de notre Duc progressait, le privant jour à près jour de sa mémoire. Elle s'était récemment aggravée faisant dangereusement chanceler sa raison après l’assassinat de son fils unique l’année dernière. A cet état de fait, bien connu de nos concitoyens et de la garnison qui recherchait toujours le mystérieux assassin, s’ajoutait les nouvelles alarmantes en provenance du front réduisant à néant le moral des troupes déjà bien bas. Toute la nation attendait que son Guide et le Conseil, reprennent les choses en main et mènent notre peuple à la victoire. Je dois avouer que les discussions allaient bon train dans notre chambrée de novice sur ces sujets d’ordinaire tabous au réfectoire. Nos conciliabules se tenaient après les vêpres alors que les torches éteintes auraient dû nous réduire au silence depuis longtemps. Aussi, par égard pour notre cause et la Sagesse du Duc, pour servir ses dessins avec le secret désir de l’aider à porter son lourd fardeau, je me rendis complice de ce que ma raison prenait pour un inquiétant indice d’une sénilité avancée.

Je pressais le pas, courbé, la tête enfoncée sous la capuche de ma soutane. Je me dirigeais donc en cette fin d’après-midi, vers l'herboristerie de notre abbaye. J'empruntais les jardins du palais pour parvenir sur l’arrière des bâtiments abritant notre communauté.

L’herboristerie, une petite maisonnée accolée aux dortoirs, surplombait le potager et les quelques arpents cultivés en escaliers pour alimenter en légumes notre confrérie. Rodriguès Hermanius Vespasi occupait le poste d’herboriste et de jardinier depuis de nombreuses années. Il entretenait son jardin médicinal le mieux du monde et son expérience des plantes rares et bienfaisantes était sans égale dans tout l’Amn poussant chercheurs et connaisseurs à lui rendre visite pour échanger des graines ou des boutures de telle ou telle variété. Il faisait face aux responsabilités et aux tâches qui lui incombaient dans la communauté malgré un bras en moins et la moitié du visage recouverte d'un large bandeau de cuir épais l’empêchant d’utiliser son œil gauche dont personne, d’ailleurs, ne savait s’il était encore valide. Nombre de novices redoutaient de croiser son imposante silhouette car frère Rodriguès mesurait plus de 7 pieds de haut pour un poids de 200 livres au bas mot ! Sa voix caverneuse, éraillée et son ton acerbe ainsi que son unique main calleuse aussi large qu’un battoir, intimaient immédiatement le respect… surtout aux plus facétieux d’entre nous dont l’imagination d’ordinaire sans limite, se figeait comme par enchantement à l’approche de la corpulente silhouette. Beaucoup aimaient à rappeler que ce prêtre pourtant âgé d'une cinquantaine d'année, était capable de tirer à lui seul la charrette de fumier qu’une demi-douzaine des nôtres peinaient à déplacer chaque semaine pour amener les fumures de l’étable jusqu’au potager. C’était une veille de carême où Mathieu et Abelard, rouges comme des pivoines, tout soufflant, nous avaient rapporté le prodige tel qu’ils prétendaient l’avoir vu, quelques minutes plus tôt dans la cour principale à l’autre bout de l’abbaye : frères Rodriguès tirant seul la male odorante cargaison jusqu’à l’arboretum…

Je m’engageais sous le couvert des grandes allées de charmes et de chênes entourant la périphérie des jardins ducaux avec une angoisse latente au creux de l’estomac. Je cherchais dans l'enceinte, la petite poterne qui permettait l’accès direct à nos quartiers religieux depuis la noble propriété. Le jour tombant, l’idée de devoir frapper seul à la porte de Frère Rodriguès m'apparaissait de plus en plus sinistre et je me demandais bien comment le Duc pouvait avoir eu quelque rapport avec un clerc aussi fruste, solitaire et associable que pouvait l’être l’herboriste.

› Alid ex alio clarescet  Une chose s'éclairera par une autre

Le bois de la porte de l'herboristerie avait besoin d'être de nouveau poncé puis enduit car il commençait à se gonfler d'humidité. Les coups vigoureux que je portais pour la quatrième fois au battant n'eurent pas plus de réponse que les précédents. Redoutant de devoir discuter avec le clerc et trop content de pouvoir échapper à cette corvée, je m'apprêtais à faire demi-tour en direction du réfectoire quand un bruit de pas se fit entendre dans mon dos en provenance des gravillons de l'allée.

« Tiens donc. Un jeune novice écoutant à ma porte ! Quel événement bien curieux ou qu’elle mission sacrée aurait pu décider un jeune apprenti à roder autour de ma tanière alors que vous l’évitez tous consciencieusement à longueur d’année ? »


Je me retournais lentement, la respiration courte et les genoux cotonneux.

« Eh bien parle donc, je ne pense pas que tu sois venu me déclarer une soudaine vocation pour la chose végétale ! Personne ne se présente aux cours du vendredi après-midi depuis l’année de la grande peste… »

Je me trouvais dominé par la stature imposante de frère Rodriguès penché au-dessus de moi. Il posa sa lourde pogne sur mon épaule gauche et me secoua doucement. Mais cela n’eu pas l’effet escompté. Aucune syllabe ne parvenait à franchir le seuil de mes lèvres pétrifiées et ma respiration sifflante était la seule réponse lancinante que j’opposais au regard interrogateur de mon vis à vis.

« Bon. On va rentrer rallumer le feu dans la cheminée et se réchauffer un instant. Tu pourras tout me raconter à loisir. Enfin, si tu n’as pas perdu ta langue ! »

Les murs de la petite pièce que je découvrais pour la première fois étaient couverts de bocaux, de boîtes métalliques et de fioles. Du plafond, pendaient des brassées de plantes en train de sécher. Une table immense occupait la quasi-totalité de l’espace sur laquelle trônait pêle-mêle manuscrits, instruments de chauffe, cagettes de légume, sacs à pomme de terre, fioles vides, bassines d’étain, vaisselle et ustensiles de jardinage ainsi qu’un jambon sec à moitié découpé et dont l’os jaune, bien visible dans cet amoncellement, fournissait une part d’explication aux odeurs imprégnant l’atmosphère.

Je déglutis douloureusement. Le géant referma la porte à double tours après m’avoir poussé gentiment plus avant dans son logis en direction d’un tabouret fatigué aux pieds de guingois. S’approchant du feu, Rodriguès ramassa le tison et commença à remuer la cendre pour dégager quelques braises rougeoyantes. Faisant volte face vers le novice, il se mit à le dévisager, tentant de se remémorer son nom. Jehan. Il sortit deux verres et y versa de l’eau du puits pour inviter le jeune garçon à se dessécher le gosier et à ouvrir la bouche. Drôle de petit bonhomme, âgé de 12 ans à peine. Précipité dans une affaire dont il ignorait les tenants et les aboutissants. Rodriguès avait toujours considéré que son apparence était un trop grand obstacle à une amitié ou une relation normale avec les autres frères. Après avoir terminé sa carrière d’aventurier là-bas, quelque part dans les tombes de la Vallée des Rois, grièvement blessé, il s’était retiré dans cette abbaye et appréciait sa solitude. Son métier lui permettait de recevoir des visites de l’extérieur, professionnelles bien sûr mais aussi des anciennes connaissances rencontrées au soir de batailles légendaires. Membre actif d’un réseau de surveillance des forces maléfiques dans la région d’Amn, il lui plaisait d’héberger pour une nuit, un rôdeur, un messager, un magicien ou un ménestrel que la Guilde faisait transiter par Amn. Parfois, il retrouvait Jarak Elerion, un rôdeur avec qui il avait partagé de nombreuses quêtes et surtout la dernière… Son regard noyé par la nostalgie d’un temps révolu, il ne vit pas passer l’heure. Au bout d’une demi-heure d’immobilité, le novice commença à s’agiter sur son tabouret, il avait terminé son verre. Le feu brûlait avec force crépitement dans l’âtre. Une douce chaleur envahissait la petite pièce.

« Mon père, j’étais cet après-midi en compagnie du Duc d’Amn pour la lecture des livres bénis. Les guérisseurs s’étaient retirés et il m’a fait signe de m’approcher au plus près afin qu’il puisse me parler sans élever la voix. Il m’a recommandé à vous. Il souhaite que vous me confiiez la lettre qu’il vous avait remise il y a peu. Je dois me rendre en personne auprès du Chien de guerre, le Chevalier de métal… »

« Nijel ? »

« Pardon, mon père ? »

« Nijel. »

Je le regardais, gêné de ne pas comprendre. Visiblement, il était sorti de sa torpeur au moment où j’avais prononcé les mots de Chien de guerre et de Chevalier de métal. Qu’est-ce que son air renfrogné pouvait bien cacher ? Nijel. Cela ressemblait à un nom propre. J’attendis qu’il veuille bien m’interroger ou s’expliquer car je lisais dans son œil qu’il semblait intéressé par mon discours.

« Mon fils, qu’est-ce que le Duc t’a raconté exactement sur ma personne et celle du Chien de guerre ? » laissa-t-il tomber avec une moue désapprobatrice.

J’avais du mal à garder mon sang froid en regardant ce visage dont la moitié en cuir restait inexpressive. Je baissais la tête pour éviter d’afficher un malaise qu’il pourrait prendre pour de l’aversion. Je m’efforçais de répondre sans que ma voix ne faiblisse en essayant de garder un timbre respectueux et d’user du ton de la conversion. Mais c’est un horrible coassement suivi d’une voix blanche qui m’échappèrent à mon plus grand désarroi.

« Rien. Hum. Absolument rien, mon Père. Hum. Je ne connais même pas ce Nijel dont vous venez de me révéler le nom. D’ailleurs, si vous souhaiter remettre le billet qui lui est destiné vous m… »

« Ah, malheureux. C’est impossible ! Tu me vois clouer à cette bâtisse comme une chouette sur quelque grange de fermier superstitieux. Non, non. Et puis il temps que nous reprenions l’avantage… » marmonna-t-il comme pour lui-même.« J’ai un conseil important à tenir dans la mâtinée. Non, le Duc a raison. Comme toujours. Mais je ne m’explique pas pourquoi il m’impose de m’en remettre à toi. Un enfant. Enfin, l’avenir, seul nous dira s’il a vu juste une fois de plus. Vois-tu, j’ai servi le Duc dans ma jeunesse ainsi que le Chevalier de Métal et que beaucoup d’autres d’ailleurs. Nous étions sa colonne secrète, son groupe de choc, chargés des missions de confiance particulièrement délicates. C’était il y a une dizaine d’années. J’étais le plus vieux de ces preux et Nijel ; et Jarak ; tout les autres étaient si jeunes ! »

Il souriait et seul le bruit des flammes léchant le bois humide vinrent troubler ses réminiscences.

« Bien. » poursuivit-il.
« Les novices chargés de la lecture et des ablutions du Duc en journées sont dispensés de réfectoire au cas où ils seraient retenus au palais. Tu peux donc facilement t’absenter des offices jusqu’à demain matin avant que l’on ne s’inquiète de ta disparition. Reste cette nuit avec moi car je dois te donner quelques explications et des éléments d’histoire. La vraie, celle qui s’écrit avec la sueur et le sang de personnes méconnues et dont les plus grandes gloires passent inaperçues. Celle que la populace ne connais pas et qui s’entasse sur les rayons du Compendium Institute d’Amn. Ensuite, il te faudra attendre le passage d’un bon ami à moi, après demain. Il pourra te conduire là où tu dois rencontrer le Chevalier. »

Sans attendre ma réponse, il se leva et suspendit à la crémaillère par l’anse sa marmite en fonte. Il jeta deux bûches supplémentaires dans l’âtre puis s’approcha d’un coffre dans le fond de la pièce. Il y déplaça une cotte de maille trouée, terne et rouillée pour se saisir d’une grande louche, de deux larges cuillères en bois et de deux assiettes métalliques gondolées. Parlant rarement avec des invités, il reprit de lui-même la parole sans que je n’ais à donner mon avis sur ma nuit à l’herboristerie. J’aurais préféré décliner courtoisement mais de toute évidence, il se fichait éperdument de ce je pouvais penser.

« Nous n’avons que peu de temps. Je ne sais pas par où commencer. Je n’étais pas un homme de dossier passant sa vie courbé sur des parchemins, usant ses yeux sur les enluminures à la lumière tremblotante des bougies jusqu’à en pleurer et porter les verres polis de nos vieux ecclésiastiques. Mais peut-être as-tu des questions ? »

Devant mon mutisme sidéré, il crut que son repas me contrariait. Je devais faire une tête de cent pieds de long. Comment lui dire que je voulais absolument tout oublier de cette affreuse journée pour aller me coucher au dortoir au milieu de mes camarades !

« Ce sera de la soupe. Je n’ai que cela car je vais au réfectoire le plus souvent… enfin, peut-être pourront nous nous régaler de jambon sec s’il m’en reste encore un peu. Ne me regarde pas comme cela ! C’est interdit normalement de dîner en dehors du réfectoire, tu le sais parfaitement. Il faudra t’en contenter ! »

A mon corps défendant, je restais toute cette nuit là, à écouter les élucubrations de ce vieux clerc sentant confusément que mon univers basculait et que rien ne serait plus comme avant. J’aurais mille fois préféré ne pas savoir ! Rester un novice préparant ses vœux et travaillant à sa prêtrise. Il me parlait d’un temps révolu dont je ne comprenais rien. Je l’écoutais par intermittence.

« Et le Duc, vois-tu avait besoin de renflouer les caisses pour payer la soldatesque. Il fût décidé de monter une expédition jusqu’à la Vallée des Rois pour ouvrir quelques tombes en particulier celle de Sakhar. Elles contenaient des joyaux et des pièces d’or en abondance, plusieurs millions selon certains notaires spécialistes de la gestion de bien nobiliaires dans la région… Et comme nous venions de réussir brillamment la mission dont je viens de te parler, nos exploits circulaient dans toutes les tavernes d’Amn, il y a dix ans ! Le Duc nous fît mander à la cour. Oh, bien sûr, nous y fûmes reçus en soirée et par la petite porte. Mais il nous tint un discours plein de force et de chaleur. Il souhaitait que nous conduisions l’expédition car aucun de ses officiers de l’armée régulière ne pouvait être distrait du front. Je me rappelle ces paroles comme si c’était hier :

Il en est des destinées comme des étoiles, certaines montent comme d’autres s’éteignent et toujours les prophéties s’accomplissent. Amis de l’Amn, vos succès récents sur la ligne de front m’ont été rapportés et nous recherchons des hommes de votre trempe. Nos ennemis s’enhardissent à nos frontières, j’entends la peste qui décime à nouveau et les hordes triomphantes, hurlant sur nos morts abandonnés au champ d’honneur. La famine qui accable nos populations… Les fortins d’Asgarth et de d’Uruba ne sont plus malgré notre vaillance. Nos espions laissent entendre qu’une offensive de grande ampleur se prépare pour jeter à bas les dernières lignes de défense qui protègent notre cité. Ce bien aimé royaume d’Amn, ce duché aux vertes vallées, aux forêts profondes et aux rivières majestueuses se meurt. Ne subsiste que les six baronnies entourant la ville d’Amn. Et encore… les seigneurs qui se partagent ce territoire, s’entre-déchirent sous mon autorité et ne semble arrêter la discorde.

Un royaume en guerre pèse sur mes frêles épaules et ces tristes constats m’accablent d’autant plus que je m’en sens une certaine responsabilité. L’orage gronde dans le lointain. Nous n’avons plus les forces armées pour reprendre Asgarth et Uruba tandis que leurs habitants sont réduits en esclavage ou jetés en pâture aux forces démoniaques qui croissent et se multiplient sur les ruines de notre splendeur.

Un faible espoir me fait aujourd’hui relever le chef et m’incite, sur avis du Conseil, à vous mander à la cour. L’armée ennemie, dans son avancée tentaculaire et irrésistible sur notre territoire, ne surveille plus le sien propre. Or le bas plateau qu’elle occupait à l’origine de son expansion est trop infertile et froid pour permettre une agriculture suffisante à l’approvisionnement des troupes. Nous pratiquons une politique de terre brûlée qui, loin de freiner l’avancée de l’ennemi, l’affaiblira tôt ou tard. Cela nous coûte cher en vies humaines et la famine apporte son lot de misère à notre royaume. Cependant, l’ennemi ne s’attend pas à un coup porté en son sein par une petite équipe puissante et bien organisée qui détruirait ses convois d’approvisionnements juste avant l’hiver. J’espère que vous accepterez d’en prendre le commandement. Elle se compose d’une dizaine de combattants d’élite tous dévoués à notre cause et bien sûr, de tout compagnon en qui vous placez votre estime.

Si cette même équipe pouvait en plus assassiner le commandant de la prise d’Asgarth et d’Uruba, voilà qui démobiliserait pour un temps l’irrésistible déploiement de l’ombre. Par ailleurs, vous connaissez aussi bien que moi le manque cruel de devise qui mine notre autorité. Il devient de plus en plus difficile de rémunérer nos soldats et de soutenir l’effort de guerre. Vous n’êtes pas non plus sans vous douter qu’un Duc connaisse tout de ses serviteurs. Il m’est parvenu des bruits étranges de mes bibliothécaires. Ceux-ci m’informent de vos recherches effrénées au Compendium Institute d’Amn qui s’orientent particulièrement sur les traces d’une société secrète baptisée l’Orbe des Mondes. Un sage a été récemment assassiné dans la bibliothèque et un manuscrit concernant cette période et cette société secrète, a été dérobé. Nous pensons que le sage qui réunissait des informations pour votre compte a été tué par son jeune apprenti. En tout état de cause nous sommes au courant que vous montez une expédition au tombeau de Sakhar, un Maître des Arcanes membre de la secte de l’Orbe des Mondes il y a plusieurs siècles. Le souvenir et l’emplacement de l’immense trésor enfoui avec lui se sont perdus dans les limbes. Si par hasard un tel secret venait à être percé, le Duché saurait, dans son immense générosité, vous en être grée. J’espère que vous réussirez à pénétrer dans ce tombeau pour ramener ce qui vous intéresse et mais vous devrez confier les richesses découvertes à notre trésorerie. Des renseignements de la plus haute importance concernant ce lieu vous seront donnés par frère Martin, Script Bibliothécaire au Compendium. Il est au courant de notre entrevue.

Pour avoir étudié toute mon enfance les exploits de nos ancêtres légendaires, je pense qu’aujourd’hui un nouvel age des héros débute. Quels sont ces magiciens qui influencent les rois sacrés ? Un étrange personnage rouge versé dans le pouvoir des arcanes parcours cette terre pour en chasser le malin tandis qu’ici, j’invite à ma table Nijel et ses hommes sans condition. Quels sont ces guerriers pour qui la fatalité s’efface ? J’espère que vos sages paroles sauront à nouveau trouver le chemin de la raison, votre courage relever les ruines et votre clairvoyance nous apporter la lumière en ces heures sombres. Vous, parias, chevaliers errants, fussiez vous bandits ou voleurs que la nation aujourd’hui vous réclame ! Sauvez-nous, sauvez-nous ne serait-ce que pour qu’un jour, quelqu’un se souvienne de vos exploits dans notre langue. Pour que l’ombre reflux au delà des montagnes. »

J’étais particulièrement fatigué. Rodriguès avait parlé toute la nuit, parfois exalté et toujours sans soucis de linéarité ce qui rendait pénible l’écoute de ses récits. L’aube pointait certainement et les mâtines seraient sonnées d’un moment à l’autre.

« Mon père, la tombe de Sakhar, c’est bien l’endroit où fût construit le palais d’été après la guerre ? »

« Oui, c’est cela. Mais tu tombes de fatigue. Va rejoindre tes camarades pour la messe. Je dois partir de mon côté. Passe à l’herboristerie demain matin, j’aurais laissé des consignes à Jarak Elerion qui t’attendra. N’hésite pas à le questionner sur la suite de l’histoire car vous aurez le temps en chemin pendant les dix jours de voyage. »

Dix jours de voyage… j’étais désarçonné ! Moi qui avait toujours cru que le Chevalier de Métal Nijel devait habiter à Amn et que je pourrais m’acquitter de ma promesse en une demi-journée ! Mais comment obtenir un congé auprès du prieur ! Pourquoi aujourd’hui ces évènements vieux d’une dizaine d’année conduisaient-ils le Duc à reprendre contact avec ces aventuriers ?

› Libri cum aliorum  Les textes des anciens


La journée passa en un éclair. J’étais éreinté et j’annonais sans conviction pendant les offices. En ressassant le monologue nocturne de frère Rodriguès, trois questions s’imposaient à mon esprit fatigué. Qui était Nijel ce Chien de Guerre, Chevalier de métal dont le frère herboriste parlait avec déférence ? Qu’elle pouvait être cette organisation secrète nommée Orbe des Mondes et son rapport avec la tombe de Sakhar ? Quels liens ces événement vieux d’une décennie pouvaient-ils avoir avec la situation actuelle et surtout pourquoi devais-je prendre part à cette affaire ?

Mon manque d’attention pendant les cours ou mon apathie pendant le déroulement de travaux collectifs me valurent des remontrances tout au long de la journée. Je fus tancé à maintes reprises et mes supérieurs s’inquiétèrent de ma mine défaite. Ainsi, je pu retourner dormir après le souper et m’arrangeais avec mes camarades de chambre pour être déclarer alité afin de rester couché pendant les vêpres.

Je pensais pouvoir m’expliquer avec ce monsieur Jarak Elerion et le convaincre qu’il porte le courrier Ducal à l’attention du Chien de Guerre à ma place. Je n’avais d’ailleurs pas récupéré ladite missive et Rodriguès devait avoir oublié de me la confier tout simplement. Tout s’arrangeait, je ne pouvais pas remplir ma mission et Rodriguès s’entendrait avec Jarak ultérieurement. « Jehan, mon brave garçon » me dis-je « point n’est besoin d’alerter le Prieur d’une affaire qui trouve un si agréable dénouement ! ». Je me laissais alors sombrer dans un sommeil serein.


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Rodriguès ne se présenta pas aux mâtines. Il apaisait sa gorge pâteuse d’avoir tant parlé avec du thé tiède réchauffé sur les braises mourantes. Deux enveloppes, l’une à l’attention de Jarak, l’autre à l’attention jehan pour Nijel étaient posées en évidence sur la table centrale. Il ne s’était tout simplement pas couché après cette délicieuse nuit qui lui avait fait revivre un temps désormais révolu. Une époque où avec ses deux bras valides, il assénait des coups de bouclier et de masse à faire trembler les Dieux sur leurs nuages et fissurer les murs des neufs enfers. Il était bel homme à l’époque et avait quelques succès auprès des filles. Il se rappelait parfaitement les petits seins fermes d’Aurore, sa peau douce de l’entrejambe, ses hanches rondes et soyeuses, la chaleur câline de ses abandons, paupières mi-closes. C’était la fille de la poissonnerie de l’Estocade qu’il courtisait à l’occasion. Il faut dire qu’elle n’était pas farouche avec ses grands yeux langoureux, sa peau de miel et ses long cheveux qu’elle faisait onduler dans ces reins en rejetant sa tête en arrière… Rodriguès marchait tout en rêvant dans les rue d’Amn endormie. La populace commencerait à s’agiter dans une heure. D’abord les marchants de rue, les porteurs d’eau aux fontaines et les vendeurs de journaux de la cité puis les premières boutiques ouvriraient leur porte… Pour l’instant, les soupiraux des boulangeries laissaient filtrer une bonne odeur de pain en train de cuire. Rodriguès était heureux. Il se dirigeait vers le port fluviale et l’auberge de la Licorne Marine. La confrérie de l’Orbe des Mondes allait bientôt se réveiller après un long sommeil d’une dizaine d’année. Depuis cette expédition dans la tombe de Sakhar où il avait mené son dernier combat contre des démons au sang acide et aux crochets paralysants. Il se souvenait du coup formidable qu’une bête infernale lui avait donné sur l’épaule gauche emportant son bras et labourant sa cotte de maille. Elle avait surgi du plafond, il en était certain, tombant sur lui et le rouant de coup avec des griffes longues d’un pied et des crocs infectes fouillant sous la jugulaire de son casque. Il avait bien senti une piqûre sur son épaule à nue couverte de sang mais n’en avait pas compris les conséquences immédiatement. Le Chevalier de Métal était intervenu, tout en puissance, tranchant l’horreur d’un revers de son épée à deux main. C’était un guerrier d’une force et d’une adresse extraordinaires. Le seul guerrier qu’il connaissait capable de se relever d’un bond sur ses pieds avec une armures de plaques alors qu’il était à terre les deux épaules collées au sol l’instant d’avant ! Du sang de la bête immonde s’était répandu sur mon casque et un acide virulent coula sur ma peau par la nasale me défigurant à jamais. Je ne pouvais ni bouger ni prévenir, j’étais paralysé, adossé au mur que j’avais percuté de plein fouet sous l’impact. J’avais glissé au sol en position assise. Mes compagnons ne pouvant guérir mon état, Nijel posa ses mains pour cautériser mon épaule et arrêter l’hémorragie. Le temps pressait. Ils m’abandonnèrent là dans l’espoir d’attirer les démons à leur suite. C’est bien ce qui se passa. Malgré l’acide qui rongeait ma face à l’abri de mon casque je vis, impuissant, mes camarades disparaître dans les profondeurs et une dizaine de démon leur emboîter le pas deux minutes après. Nous devions ramener un artefact d’une puissance énorme pour lequel les gardiens juraient siècles après siècles de le tenir hors d’atteinte des forces maléfiques qui pourraient le briser. Car cet artefact contenait un démon majeur dont on évitait de prononcer le nom de peur qu’une oreille démoniaque ne vienne rôder autour de la personne qui l’avait murmuré, espérant en apprendre davantage. Car les ténèbres recherchaient cet objet depuis la nuit des temps et l’éternité n’avait fait qu’en renforcer l’immense désir de possession. Une obsédante envie, presque maladive, de libérer l’esprit prisonnier et de conquérir à nouveau, ici comme au loin, les méandres de l’âme humaine.

Rodriguès marchait d’un pas vif. Les rues étaient silencieuses et vides. Heureusement, car c’eut été coquasse de voir un prêtre lourdaud, la démarche sautillante d’allégresse, se dépêcher sur les pavés mal ajustés au beau milieu d’une foule de mégères et de bambins se rendant au marché. Il s’engagea dans un ruelle étroite dont le centre était occupé, par une rigole croupissante aux relents désagréables. Ce petit passage devait déboucher sur un court escalier lui faisant gagner un temps précieux pour rejoindre la Licorne Marine. Ce n’est pas qu’il en avait besoin. Il était largement en avance. A peine 7 heures. Mais il souhaitait discuter avec Nalfein des événements des dernières vingt-quatre heures, de Jehan et de sa mission. Il releva sa soutane afin qu’elle ne traîna pas dans la boue.

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Dans l’arrière salle de la Licorne Marine, Aérie, Angello, Aryl, Braxus, Dwarf, Lerek, Li Syaoran, Makuat, Shadow, Zax et Nalfein se tenaient autour d’une grande table ovale. Il était neuf heures passées. Il manquait Rodriguès et la réunion prenait du retard. Nafein fit appeler le jeune Dävone, fils de l’aubergiste et le pressa de se diriger jusqu’à l’abbaye du Palais pour s’inquiéter du clerc. Nalfein était soucieux pour frère Rodriguès Hermanius Vespasi d’ordinaire ponctuel. Celui-ci avait même la fâcheuse tendance à précéder l’aurore ce qui ne manquait pas de l’agacer furieusement chaque fois car il se trouvait tiré du lit au moment peu opportun où il aurait bien voulu se préparer tranquillement pour animer la réunion de la Guilde. Nalfein était ainsi continuellement mal rasé à ces réunions ou plutôt non il était mal rasé tous les jours mais pas très frais pour les réunions, les yeux chafouins et la chevelure en bataille. Ce qui accentuait un regard dur, enchâssé dans un visage anguleux, dont l’intensité mettait mal à l’aise et il fallait quelques minutes avant de réaliser que la balafre coupant le sourcil droit y était pour quelque chose. Fuyant le soleil, sa peau blanche tranchait sur ses habits entièrement noirs ; une robe à capuche, une cape et un chapeau à large bord ne le quittaient jamais. Pour l’heure, le chapeau trônait sur le dossier du fauteuil en cuir dans lequel il était en train de s’asseoir signifiant à tous le début de la réunion. Pendant l’attente des retardataires, les bavardages avaient débutés d’une manière feutrée comme les conventions le permettaient et s’étaient amplifiés peu à peu pour devenir un brouhaha agité. Ils cessèrent brutalement. Tout le monde prêta la plus grande attention au magicien Nalfein qui s’apprêtait à prendre la parole.

Dévisageant de son regard sombre les membres autour de la table, Nalfein s’arrêta tour à tour sur les visages d’Alyr, un jeune druide demi-elfe dont les traits fins, les cheveux argentés et la peau de sable inspiraient la noblesse et la fougue, Zax, un elfe superbe lui aussi d’une grande prestance et drapé dans une cape noire et bleue, Braxus, un paladin en armure dorée toujours prêt à prendre les armes et à la chevelure rousse presque orange, Angello, un guerrier impressionnant dont l’inactivité présente énervait au plus haut point et qui devisait à grands gestes de quelques batailles avec le paladin quelques secondes avant.

« Hum, Hum. » Il s’éclaircit la voix pour entamer un discours magistral comme il aimait à les faire avec forces effets de manches et intonations dramatiques. Cependant, aujourd’hui, la gravité de la situation l’empêchait de donner totalement libre cours à ses envies et c’est sans excès qu’il prit la parole dans un silence religieux.

« Tout d’abord, merci de votre attention à tous, de votre fidélité à notre Guilde et de vous être déplacé, parfois de très loin jusqu’en Amn. J’espère que l’hospitalité de l’auberge de la Licorne Marine vous aura été agréable pour ceux arrivés hier ou dans la nuit, et que le petit déjeuné vous aura comblé. Mes chers amis et collègues, vous vous trouvez réunis pour une cession extraordinaire afin de débattre de problèmes récents qui parfois menacent indirectement nos intérêts ou certaines personnes de notre organisation. Aussi je vous demanderais de ne pas intervenir pendant mon résumé des faits qui prendra pour l’essentiel, les deux dernières heures de cette matinée. J’aborderais des points que certains connaissent déjà et je reviendrais sur des événements vieux d’une dizaine d’année mais qui, il me semble, doivent être portés à la connaissance de tous afin d’éclairer le présent et les faits troublants que nous avons vécus ces derniers temps. Enfin, avant le déjeuner, nous devrons prendre des décisions sur la conduite à tenir pour la Guilde dans les prochaines semaines et vous aurez alors la parole. Chacun la prendra une fois pour exprimer sa pensée, poser d’éventuelles questions, porter à la connaissance de tous des informations complémentaires et que lui seul posséderait et enfin, donner son avis sur la marche à suivre dans les semaines à venir pour notre organisation.»

« Mes cher collaborateurs, nous connaissons tous ici l’Orbe des Mondes, son histoire et son hôte terrible dont nous ne prononcerons pas le nom. Cet artefact, gardé tout au long des siècles fût redécouvert par notre Ordre il y a de cela une dizaine d’année dans le tombeau de Sakhar. Il avait été enterré avec Sakhar lui-même, son dernier possesseur. Car à la mort de ce puissant fils de Mystra, le grand maître de notre Guilde, n’avait pas de successeur fiable. Une grande partie des archives de notre Guilde disparue avec la fin de ce Grand Maître et la Guilde de l’Orbe des Mondes devait entrée en sommeil pour plusieurs siècles. Nous allons commencer par des passages d’un grimoire intitulé ‘De l’histoire d’une Orbe sans égale, mythe et réalités, un danger éternel ?’ par Shallahamund Karmsûl traducteur runique au Compendium Institute d’Amn en 564.

- Moi, Jartarsen, prêtre du savoir et de l’omniscience, je t’invoque esprit de Garmorth dans ce cercle intangible qui a accueilli une multitude de tes prédécesseurs au cours des temps… Apparaîs, âme torturée par l’exiguïté de ta prison de cristal… Viens à moi qui connaît ton nom comme l’exige les sombres pactes et les lois des invocations…

- Hin, hin, hin. hfgtazbkjkxsoidj;mqodoml...

- Tu dois me parler dans un langage qui m’est audible et tes réponses ne peuvent être fausses ! Je t’ordonne de me dire où réside actuellement l’Orbe des Mondes.

- Je sais tout cela et ces règles surgies de la nuit des temps… C’est moi qui les enseignait aux hommes alors que tu n’existais pas… mais je peux te répondre par énigmes et la vérité, elles contiendront si tu sais la trouver…

Hors de la lumière, sur un lit de sang, la gemme repose.
Parmi tant de beautés et de richesses, elle reste la plus belle.
Mais toi qui l’accompagne depuis des ans que te reste-t-il sinon la charpente ?


- Diable malin, tes réponses détournées me confortent dans l’idée que tu décris là un écrin fermé dans le tombeau de Sakhar. Ce que je savait déjà. Des démons se rassemblent peu à peu autour de la vallée habritant le tombeau et nous inquiètent. C’est ce qui motive ta présence en ce cercle d’invocation vile créature ! Mais comment tes congénères ont-ils su que tu étais enfermé à cet endroit ?…

Parle Garmorth, je t’y oblige !

- je t’arracherais le cœur, chaste prêtre après t’avoir violé avec les feux de l’enfer et tu hurlera ta douloureuse jouissance, immolé par ma virilité comme un pal maudit et délicieux que les rêves abjectes de ton âme torturée d’abstinence appellent de leurs vœux ! Je le lis en toi comme un livre ouvert ! Petit mortel sache que tu seras une de mes premières victimes lorsque mon âge recommenceras et il approche… je le vois, moi pour qui les siècles et les siècles ne sont rien ! Mes frères me sentent, ils sont attirés car ma prison car elle ne résiste pas à sa vieillesse !

- tu perds ton calme et oublie de parler par énigme. Tes sombres paroles n’entamerons jamais ni ma chair ni mon âme ! Ta sournoiserie, ta cruauté, tes mots et ton verbe sont de venin. Mais dis moi ce qu’il faut faire pour entrer dans la tombe de Sakhar ?

- remittant spiritus, comprimant animos suos…torpet acies luminum hebestesque visus vix diem insuetum ferunt…est in recessu sakhari obscuro locus quem gravibus umbris spissa rattigo alligat. A fonte discors manat hinc uno latex, aller quieto similis (hunc iurant dei) tacente sacram deuehens fluviuo Elyst ; at hic tumultu rapitur ferox et saxa fluctu volvit aknater i nuis renauigari…

- ta réponse ne veux rien dire mais nous saurons trouver les moyens de te récupérer et de te soustraire à la convoitise de tes frères. Voilà ce que j’en traduit ‘alors les montres qu’il a vaincu se mettent à trembler… mes yeux ont un regard hébété : ma vue émoussée ne supporte qu’avec peine le jour dont elle a perdu l’habitude… il est, dans un obscur recoin du tombeau de Sakhar, un lieu qu’un épais brouillard enchaîne à ces ombres lourdes. Là d’une source unique coulent deux fleuves distincts : l’un est l’image du repos (c’est celui par lequel jurent les dieux) et entraîne en son cours muet l’Elyst sacré : mais l’autre, farouche et emporté par un fracas immense et roule un flot de rochers, c’est l’Aknater impossible à remonter.’


Voilà ce que l’on peut dire du destin de Garmorth à cette époque et j’attire votre attention sur ce livre dont Nijel souhaite récupérer l’original. Il est actuellement en intense négociation avec un intermédiaire chez le Baron HaastVanGarten allié depuis toujours au Duc d’Amn. Je n’en sais malheureusement pas plus.

Par ailleurs, je dois vous mettre en garde. Des membres de notre organisation ont été assassinés par des démons ces derniers mois, trois personnes au total et je vous enjoins à la plus grande prudence. Tous égorgés, la jugulaire arrachée. Nous ne savons pas s’ils ont parlé. Il faudrait qu ‘une petite équipe enquête sur ces meurtres.

Dans un tout autre registre, j’espère qu’un autre document dont je vous épargnerais la lecture, ne vous aura pas échappé : le journal de ce matin dans lequel on déclare qu’Amn respectera le couvre-feu dès ce soir suite aux troubles de l’ordre publique de ces dernières semaines. En tout cas, le Duc mourrant, le couvre feu étant déclaré, c’est la reine consoeur qui prendra les décisions et dirigera le duché jusqu’à la fin de la loi martiale. Ces faits sont particulièrement inquiétants et il serait bon qu’une délégation demande audience pour savoir qu’elles intentions possède la Reine consoeur quand à l’avenir du royaume. Nous redoutons bien sûr un coup d’état en douceur.

Enfin, la Guilde de l’Orbe des Monde a reçu un courrier destiné à son conseil à l’auberge de la Licorne Marine. Celui-ci m’a fortement inquiété car il suppose de l’expéditeur une connaissance de ce lieu que nous éviterons à l’avenir. Il émane de Sylviana Archensyl, une ménéestrel qui souhaite nous entretenir de faits graves et nous donne rendez-vous au cimetierre de l’éveque Demaisret dans le caveau de la famille Mohrdretiférès. Ce soir, à 23 h 00. Là encore devons nous y aller et qui serait prêt à s’y rendre ? »

A cet instant, le jeune fils de l’aubergiste pénétra en coup de vent dans la salle du conseil, visiblement affolé. Il avait retrouvé le corps de frère Rodriguès deux rues plus loin, affreusement mutilé. La consternation puis un immense chahut envahit la salle. Nalfein eu du mal à couvrir le tumulte.

« Mes chers amis. Je vous prie de retrouver votre calme et pour ce faire nous allons procéder au tour de table comme prévu. »


Par Angello Darkness le 30/9/2000 à 14:23:00 (#192417)

Super !!!

Mais quand tu dis : " Angello, un guerrier impressionnant dont l’inactivité présente énervait au plus haut point et qui devisait à grands gestes de quelques batailles avec le paladin quelques secondes avant. "

Qu'est-ce que tu veux dire ?

Et en passant, n'oublie pas que je suis aussi Mage, et j'ai de grands talents à ce qui attrait à la magie... et que je suis bon, mais chaotique ordonné ( c'est que je me fou de ce que les autres pensent, j'execute les ordres... )

Encore une fois, Super histoire... J'ai encore plus hâte à la suite...

Angello Darkness

Par Jarak Elerion le 30/9/2000 à 16:05:00 (#192418)

C'est vraiment extra!!!!!! Dis-moi, quand est-ce que j'apparais comme Nijel d'ailleurs??

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Jarak le rôdeur de l'arbre d'argent

Par Gabrielle Knight le 30/9/2000 à 19:02:00 (#192419)

Au chapter 4... après que vous ayez tous un pa un renvoyés vos questions suggestions et décisions à Nalfein (heaume pour que je puisse terminer la réunion et que Nalfein tranche en fonction de vos envis Qui va dans le cimetière, qui va enqueter sur les meurtres et qui va chez la reine consoeur ?

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Par Baldurien le 30/9/2000 à 22:42:00 (#192420)

Bravo Gabi :)

C'est que du bon !

J'adore !

Tu devrais éécrire au édition du Fleuve Noir :)

Par Baerauble le 30/9/2000 à 22:47:00 (#192421)

ou bien participer au concours de Lancedragon(écrire une nouvelle)

Par Angello Darkness le 30/9/2000 à 22:49:00 (#192422)

Enquêter sur les meurtres, j'aimerais bien, comme je suis intelligent, sage et une arme redoutable contre les mécréants...

Le cimetière ne me déplait pas, mais je préfère les meurtres...

Et n'oublie pas que je suis mage, je pourrais envouter des gens pour qu'ils parlent, où bien leur couper le corps en deux s'il sont une menace...

Angello Darkness

PS: Peux-tu me répondre sur le démon Garmotn qui... tu sais quoi... après... tu sais quoi... , j'aimerais savoir si tu vas l'insérer dans le texte...

Et pour ceux qui ne savent pas de quoi je veux parler n'ont qu'à se dire que la vie est remplie de mystères, surtout lorsqu'on parle à Angello Darkness

Par Baldurien le 1/10/2000 à 1:01:00 (#192423)

Connaissez pas :)

Par Jarak Elerion le 1/10/2000 à 1:59:00 (#192424)

de quoi tu parles ??????

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Jarak le rôdeur de l'arbre d'argent

Par Angello Darkness le 1/10/2000 à 2:54:00 (#192425)

La vie est pleine de secret, et tu devras attendre la suite pour le savoir, je ne voudrais pas gâcher le suspense...

Angello Darkness

Par Baldurien le 1/10/2000 à 15:12:00 (#192426)

Du concour de nouvelle !

En tout cas, vous voyez que c'est mieux de faire un seul forums que des forums sépaarés :)

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