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BG: Les Elfes (4/4)
Par Evildeus le 28/11/2001 à 17:18:00 (#189804)
"Je vous salue, Enfants du Crépuscule, vous tous qui êtes venus de si loin pour vous rassembler ici, sous les étoiles, pour écouter mes paroles. Mon cur s'émeut à la vue de tant de nos jeunes, car j'ai autrefois été le témoin de trois grands et terribles massacres de notre peuple, tranchant d'un coup toute la fleur de la jeunesse Elfique, et il semblait alors que notre race entière était condamnée. Nombre d'entre vous êtes trop jeunes pour vous souvenir de la glorieuse histoire de notre peuple, et peu de chroniques de cet ancien savoir existent encore. Pourquoi nous, Elfes, devrions-nous coucher par écrit notre histoire, nous qui avons été bénis du pouvoir d'en vivre une si grande part, condamnés que nous sommes à toujours nous en souvenir?
Ce furent là un cruel caprice du Destin que la chute de l'Empire Immortel, que tant de nos sages et de nos anciens aient été tués, leur sagesse à jamais perdue pour notre jeunesse. Les Fils des Hommes écrivent de grands et longs volumes d'histoire, mais ils n'y croient pas. C'est la fatalité humaine que les Hommes oublient, et leurs chroniqueurs ne compilent que rumeurs, légendes et contes à moitié oubliés. Je suis Teldaniel Thilandrae, fils du petit-fils d'un des plus glorieux Sidhe. Je suis né à l'Age du Crépuscule, à l'époque de la grande gloire de notre peuple. Je vais à présent vous faire le récit de la longue histoire des Premiers Nés, une histoire dont j'ai moi-même été le témoin de première main. Ecoutez, et souvenez-vous, car je ne la conterai qu'une seule fois.
L'histoire Elfique est une danse complexe d'accomplissement et de perte, de tragédie et de triomphe. La plupart des peuples civilisés de ce Monde ont vu leur puissance croître avec la marche des Ages, mais nous, les Premiers Nés, avons au contraire perdu en pouvoir, et à présent, notre civilisation est à peine plus que l'ombre de ce qu'elle a pu être. En effet, le grand Maître du Savoir Tophalion a un jour écrit "la véritable mesure de la grandeur Elfique ne peut être mesurée qu'en comprenant tout ce que les Elfes ont perdu." Il fut un collègue et un ami cher pendant des siècles, mais hélas, preuve lui fut faite qu'il avait raison quand je vis un de ces soi-disant "Champion de la Vertu" écraser la tête de Tophalion contre un des murs de Kierhaven. Nous, Elfes, retirons une grande fierté de la connaissance que nous avons des savoirs anciens et des Ages passés, car nous sommes les plus grands de tous les historiens. Les plus âgés d'entre nous conservent des souvenirs remontant à plus de cinq millénaires en arrière, et ce avec la plus parfaite clarté: qu'est-ce que les autres "historiens" pourraient-ils nous disputer?
Les premiers Elfes, les grands et légendaires Sidhes, naquirent de Braialla juste après la première floraison du Monde. Puissants et justes, ils étaient presque aussi puissants que les Dieux eux-mêmes, et toute la race des Elfes fut par eux engendrée. Les Sidhes et leurs enfants se délectèrent de leur vie sous la douce clarté des deux lunes, et bâtirent le Royaume du Crépuscule, dont on se souvient dans les Chants et les Légendes comme d'un royaume dont la beauté et la tranquillité ne furent jamais surpassées. Les Dieux eux-mêmes vécurent avec les Elfes en cet Age disparu, et ils enseignèrent aux Premiers Nés bien des savoirs, sagesses et talents. Volliandra apprit aux Sidhes à chanter et à aimer la musique, et Saedron révéla aux plus sages les voies de la magie. Malog enseigna aux Sidhe le maniement des armes et les arts de la Guerre, et ils partagèrent rapidement la passion de Kenaryn pour l'arc et la forêt profonde. La mère des Sidhes leur apprit la connaissance et l'amour des choses qui vivent et croissent, et les Elfes étaient heureux de vivre dans leur paradis. Seuls deux des Dieux, Thurin et le Père de Toute Chose Lui-même, restèrent des étrangers au Royaume du Crépuscule, et d'eux, les Sidhes n'apprirent que peu. Nombre d'histoires de cet Age ont survécu, décrivant les cités fabuleuses qui furent érigées dans le Royaume du Crépuscule, avec leurs tours de cristal et d'albâtre plus hautes que les arbres. Je me souviens de la vision de ces cités, plus merveilleuses qu'aucun récit fait de mots ne pourra jamais décrire. Il n'y avait alors aucun concept de ce que pouvait être le Temps, dans ce défunt Monde sans soleil: tout n'était que paix, beauté et splendeur, toutes rassemblées et suspendues, pour l'éternité. Les Elfes sont nés dans la complétude de leur puissance, et ils bâtirent alors le plus grand royaume que le Monde ne connaîtra jamais. Cela ne durerait pas.
Le Royaume du Crépuscule n'est plus à présent, balayé par les vagues du Temps et de la Terreur. Il mourut dans le chaos, la souffrance et le feu quand le Dragon, Terreur des Terreurs, s'éveilla de son sommeil, loin sous Aerynth, et se fraya un chemin hors de sa prison de pierre, secouant le Monde alors que ses griffes se libéraient. Des séismes abattirent alors les cités étincelantes, et Gilliandor, le premier de tous les Sidhes, mourut lors de ce cataclysme. Des Sidhes, et des Elfes inférieurs, tous sans nombre périrent avec lui. Mais cette calamité n'était qu'un prélude du désastre à venir. Car le dragon émergea avec furie des profondeurs, et toutes les armées du Royaume du Crépuscule se mirent en marche pour abattre la Terreur et clamer vengeance. Mais tout cela fut inutile: car les Guerriers et les Mages du Royaume du Crépuscules, les plus grands que le Monde connaîtra jamais, furent dans le plus bref instant balayés par la furie du dragon. La bête repoussa même les dieux, et le feu de son souffle infernal embrasa la Lune Dorée, faisant d'elle le Soleil, mettant à jamais un terme au glorieux Crépuscule. Enfin la puissance de Kenaryn et le Père de Toute Chose repoussèrent le Dragon dans son antre, et ne restaient alors que les Elfes qui avaient survécu, se lamentant de tout ce qu'ils avaient perdu. Je fus assez chanceux pour être de ceux-là. Etait-ce de la chance? Il y a des années parfois où il m'est difficile de me dire cela. En tout cas, l'Age du Crépuscule était terminé, et l'Age de l'Aube alors commença.
Les étudiants et les érudits des Races de Basse Naissance mettent souvent en question l'existence de l'Age de l'Aube, le considérant comme une pure fiction: une invention Elfique. Absurdité! Les Fils des Hommes, dans leur arrogance, ont mis tout ce qui s'est passé avant leur naissance et le commencement des Temps dans un seul grand Age, mais nous, Elfes, savons mieux que cela. Qui sont les Maîtres du Savoir, des Hommes ou des Centaures, prêts à nier la connaissance Elfique des Ages, alors que le plus âgé d'entre eux ne peut même pas se souvenir de la furie du Dragon, ou l'aveuglante lumière du Soleil nouveau-né? Le Monde a changé à jamais, et même les Dieux eurent à pleurer l'une des leurs, car Volliandra avait péri dans l'agonie, quand son palais sur la Lune Dorée fut détruit. Le Royaume du Crépuscule n'était plus, et bientôt le peuple Elfe fuirait ses terres ruinées en quête d'une nouvelle patrie, loin du haïssable Soleil. Certains disent que notre race n'a jamais récupéré de la calamité qui mit un terme à son premier âge.
L'Age de l'Aube fut aussi éprouvant pour les Elfes que l'Age du Crépuscule n'en fut glorieux. Le Dragon était tombé, mais le Premier Roi des Elfes et tous ses fils furent tués, ainsi qu'un grand nombre des plus grands esprits et artistes que le Monde avait jamais porté. Notre race elle-même n'était plus ce qu'elle avait été. Là où se tenait autrefois un seul Peuple Elfe, et un seul Royaume, avec l'éveil du Dragon les Seigneurs Elfes commencèrent à se disputer la succession au trône du Premier Roi, et le peuple Elfique fut brisé aussi tragiquement que ses grandes cités avant lui. Pendant la Longue Séparation, la race Elfique se divisa en quatre grandes nations, et leur réunion semblait désormais impossible. Finalement, le grand Seigneur Elfe Sillestor, Roi des Dar Khelegur, mena une grande campagne de conquête contre ses cousins, et fonda un nouveau royaume qui en vint à être connu sous le nom d'Empire Immortel. Sillestor décréta que son empire ré-atteindrait, et surpasserait même, la splendeur du Royaume du Crépuscule, et tous les Elfes en vinrent à oublier les rancunes du passé avec de nouvelles merveilles et divertissements.
Les Mages Elfes atteignirent le Vide, appelant à eux des Esprits Elémentaux, et d'autres choses, pour les aider à bâtir de nouvelles cités, plus décorées et splendides que celles que le Dragon leur avait ravi. Ils reçurent nombre de secrets arcaniques d'étranges entités qui reposaient au de-là des frontières de ce Monde. Avec le temps, l'opulence de l'Empire Immortel égala la grandeur du Royaume du Crépuscule, bien que les curs Elfiques se soient endurcis des souvenirs du Dragon, et peu à peu, nous devînmes de plus en plus rancuniers, et méprisants.
Alors qu'avançait l'Age de l'Aube, l'Empereur Sillestor et les puissants Seigneurs Elfes commencèrent à éprouver une rancur grandissante vis-à-vis des Dieux et leurs ingérences, et plus particulièrement à l'encontre du Dieu Vagabond. C'est la maladresse du Père de Toute Chose, raisonnèrent-ils, qui tira le Dragon de son sommeil pour déchaîner tous ces massacres, et même sa parole solennelle et la puissante épée de Thurin n'étaient que de frêles garanties face au risque de voir le Dragon s'éveiller à nouveau. En dépit de tous ses efforts, le Père de Toute Chose échoua à éteindre les feux du Soleil, qui menaça dès lors de transformer le Monde entier en un vaste désert, comme il l'avait fait déjà avec les Terres Brûlantes. Les plus grands Elfes commencèrent alors à se détourner des Dieux, et ils trouvèrent bientôt de nouveaux Patrons dont ils pourraient demander les conseils. Les Seigneurs des Bêtes, ainsi étaient-ils appelés, de puissantes entités d'au de-là du Vide qui accordaient de grandes bénédictions aux plus sages de notre peuple, et concluant avec eux de complexes marchés pour divulguer les mystères les plus secrets de la Magie et des Arcanes. Je me souviens bien de l'excitation de cette époque, quand apprendre et connaître n'avaient plus de limites, atteignant de nouvelles hauteurs vertigineuses, et des pouvoirs dont nul n'avait jamais rêvé furent à notre portée.
C'est alors que nous apprîmes enfin que nous n'étions pas du tout les Enfants du Père de Toute Chose. Le peuple Elfe était né de Chacal le Grand Rusé, le plus habile de tous les Seigneurs des Bêtes, qui avait pris l'apparence du Vagabond et ainsi engendra les Sidhes de Braialla. Les Elfes se réjouirent en l'apprenant, et nourrirent une profonde rancune à avoir été trompé pendant si longtemps. Ainsi commença la Grande Illumination, quand les maîtres de l'Empire Immortel abattirent les Temples du Père de Toute Chose, et nous commençâmes alors à forger notre propre destinée, libre de l'ingérence ou de l'influence de ces soi-disant Dieux des races inférieures. Là est la plus sombre de toutes nos tragédies: fûmes-nous autorisés à suivre la voie de notre illumination jusqu'à sa fin, nous serions sans aucun doute devenus nous-mêmes des Dieux. Mais cela ne devait pas être. Notre droit de naissance nous a été volé. Les autres Enfants du Monde, toujours aveuglés par les tromperies des Dieux, voient nos actions comme viles et noires, et les appelèrent la Grande Trahison. Qui parmi cette racaille est assez digne pour juger notre vision?
Ce furent les Centaures, aveuglés par leurs concepts dépassés de Devoir et d'Honneur, qui relevèrent le gant pour leur bien-aimé Père de Toute Chose, et bientôt les Elfes furent en guerre contre les Enfants de Kenaryn. Il n'y avait, alors, aucun Humain en ce Monde, et s'ils y en avaient, ils nous auraient certainement attaqués eux-aussi. L'Empire Immortel était fort, au de-là de toute mesure, et nous vainquîmes aisément les armées des Seigneurs Chevaux. Finalement, les Dieux eux-mêmes entrèrent dans la bataille, quand le Père de Toute Chose et Kenaryn firent face au pouvoir des Seigneurs des bêtes incarnés, que nos meilleurs Mages appelèrent dans Aerynth en ce temps de détresse. Le Père de Toute Chose amena avec Lui une horde d'Archons, et à la fin il vainquit, uniquement par le poids du nombre. Thurin le Façonneur tua Sillestor, et il reprit lâchement l'épée Shadowbane, qu'il avait pourtant librement donné au Roi pour se défendre contre le Dragon. Ainsi s'acheva le conflit que les Erudits des Races Inférieures appellent le Grand Dressage, quand le pouvoir des Seigneurs des bêtes fut plié, mais non brisé.
Le Père de Toute Chose exigea que les Premiers Nés retournent sur les voies de la "droiture," et il y en eut dans l'Empire Immortel qui regrettèrent les excès du passé. Ils se remirent à vénérer le Père de Toute Chose, bâtissant une nouvelle Eglise pour l'honorer. La plupart des Elfes, cependant, furent heureux de dire ou de faire tout ce qu'il voulait, pourvu que l'ingérant Dieu Vagabond veuille simplement nous laisser en paix. Une nouvelle dynastie fut fondée, et l'Empire Immortel vécut en paix jusqu'à la fin de l'Age de l'Aube, quand commença le Temps. La honte de l'Apprivoisement était difficile à supporter pour nombre d'entre nous, mais les épreuves de l'Age à venir se révéleraient bien pire encore.
L'Age des Jours (les érudits des Hommes et des Elfes s'accordent, pour le moins, sur le nom de ce nouvel Age qui commença avec le Temps) fut une ère de guerres et de conflits incessants pour notre peuple. Les Géants, les premiers enfants du Père de Toute Chose, se répandirent dans le Nord glacé, clamant les terres des Dar Khelegur comme les leurs. La guerre qui s'ensuivit fut brutale mais brève, et finalement les Mages du Nord maudirent les Géants, brisant leur puissance et ruinant le futur de leur race. Peu après, notre espèce rencontra pour la première fois les Nains, les enfants de Thurin, qui vinrent dans l'Empire Immortel en quête d'étranges artefacts connus sous le nom de Pierres Runiques. Nous étions heureux alors d'échanger ces babioles contre les secrets du travail de la pierre et du métal, et pendant un temps, Elfes et Nains vécurent ensemble en toute amitié, jusqu'à ce les meilleurs Mages découvrent comment puiser dans l'énorme puissance des Pierres Runiques. Les Nains, simples, et trop cupides pour partager ce pouvoir nouvellement découvert, exigeaient toujours de voir ces trésors leur être donnés, et ils refusèrent d'entendre raison. La guerre vite suivit. Au sommet du conflit, un Nain dément s'arrangea pour capturer Lilliandra la Blonde, l'une des dernières Sidhes, que tous les Elfes vénèrent comme source de beauté et comme maîtresse de l'amour. Les vils Nains tentèrent de garder Lilliandra comme otage, mais la punition infligée par l'Empire Immortel fut si terrible que les Nains abandonnèrent leur prisonnière, scellèrent leurs royaumes, pour n'en plus émerger jusqu'au Tournant.
Une autre grande menace s'en prit à notre peuple pendant l'Age des Jours, et bien qu'elle ne naquit pas de la guerre ou du conflit, elle fut la plus cruelle d'entre toutes. Le Père de Toute Chose, incapable d'éteindre le feu draconique qui continuait de brûler sur la Lune Dorée, créa le Temps pour que le Soleil puisse se mouvoir, pour sauver le Monde de la terrible chaleur du Soleil. Comme toujours, le Vagabond a raisonné à bien courte vue! Je me souviens du discordant moment où le Temps se mit en mouvement, quand l'infinie possibilité de chaque instant se figea en une monotone succession de secondes, marchant immuablement, et douloureusement, vers l'avant. Ceux qui naquirent après le Grand Changement ne comprendront jamais tout ce que nous avons perdu quand le Premier Moment s'acheva, quand la magique éternité de nos vies fut soudain asservie, ployée sous le joug de l'ennui et de la banalité. En effet, les Nains et les Centaures étaient trop bornés pour en percevoir même la différence. Comment était-ce avant le Temps ? Gloire et merveille, c'est tout ce que je peux vous en dire. Le commencement du Temps a eu un autre effet sur notre race, cependant, qui emplit nos curs de rage. Chaque enfant Elfique né en ce nouvel Age naquit mortel, en esclave du Temps. Bien que cela prenne plusieurs siècles pour que leur fin arrive, nos enfants ont commencé à se faner et à mourir. Quand commença le Temps, on vola l'éternité à la race Elfique. Encore une fois, le Père de Toute Chose nous a fait du tort. Le jour du Tournant, nous fûmes vengés.
Alors même que la Guerre des Pierres touchait à sa fin, nous, Elfes, rencontrâmes finalement les "vrais" enfants du Père de Toute Chose, les Hommes d'Ardan, et les relations entre nos deux peuples se tendirent rapidement. Les Humains n'étaient que trop heureux d'exhiber leur rancune de la Grande Trahison et de l'Apprivoisement comme ils les appelèrent, des événements qui eurent lieu bien avant que le premier Homme ne soit façonné. L'arrogance des Ardani provoqua la Guerre du Mépris, et pendant des siècles le premier grand royaume de l'Humanité se cacha derrière la puissance des Titans et du Père de Toute Chose Lui-même, attaquant et pillant l'Empire Immortel en toute impunité. Finalement, le Père de Toute Chose quitta Aerynth pour une autre de ses vaines quêtes, et les Premiers Nés frappèrent rapidement, prenant notre vengeance et éliminant cette menace à notre gloire pour toujours. Ou du moins fut-ce là ce que nous voulions croire.
Les plus grands Mages de l'Empire Immortel lâchèrent la Malédiction du Sang sur les Hommes d'Ardan. Nombre de Titans périrent dans une aveuglante agonie, et les Fils des Hommes furent consumés par la démence, et devinrent rapidement des sauvages sans intelligence. Après tous les affronts, assauts et atrocités de la Guerre du Mépris, c'était là une fin parfaite pour nos ennemis, et une glorieuse victoire pour notre peuple. Certains, cependant, furent attristés par la situation désespérée où se retrouvait l'Homme, car effectivement, la Malédiction avait trop bien fonctionné. Il fut décidé que l'Humanité passerait sous notre domination, avant qu'ils ne meurent d'eux-mêmes dans l'ignorance et la sauvagerie. Ainsi l'Empire Immortel asservit les pitoyables restes de l'Humanité, et beaucoup considérèrent cela comme de juste droit le fait que les usurpateurs du Monde aient à apprendre leur juste place, en servant les véritables maîtres d'Aerynth. Alors que les ingérences du Vagabond avaient enchaîné nos enfants à la tyrannie du Temps, de même avons nous asservi les siens.
Avec le temps, les Humains récupérèrent leurs facultés, et à travers la tromperie et la trahison, ils se débrouillèrent pour fuir leurs chaînes. Une poignée d'entre eux s'enfuit dans les Vastes Plaines, où les quelques restes de population Centaure leur enseigna rapidement à nous haïr, et à nous combattre. La vengeance des Premiers Nés aurait été nette et définitive, si l'attention de l'Empire Immortel ne fut attirée vers les Terres Brûlantes, où la dernière nation Elfique, les Enfants du Soleil, qui n'avaient jamais rallié la gloire de l'Empire Immortel, se transformèrent en d'hideuses parodies de la perfection Elfique. La véritable étendue de leur folie et de leur trahison fut alors révélée, car ils déclarèrent leur intention de réveiller le dragon et de détruire le Monde entier. Pour leur trahison, les Khalinviri furent rebaptisés Irekei, ou "Parias," et notre peuple lâcha contre eux la Guerre des Flammes. Pendant des générations nous décimâmes les rangs de ces hideux traîtres, et une grande partie du Monde fut ravagée. Mais à la veille de leur défaite complète, les Irekei accomplirent une dernière perfidie. Un Sorcier Irekei ouvrit le Portail du Chaos, et les hordes pleines de haine du Chaos s'empressèrent de tout envahir, et dans la guerre qui suivit, le Monde manqua de peu d'être détruit.
Tous les Enfants du Monde se lamentent de la Guerre du Fléau, mais ce furent les Elfes qui eurent à subir les plus lourdes pertes. N'en doutez jamais, et ne l'oubliez jamais. J'ai assisté à cette Guerre terrible, et bien qu'en de nombreuses occasions l'horreur ait pu me pousser à souhaiter la mort, je fut assez fortuné pour survivre. Quand le terrifiant assaut commença, l'Empire Immortel trembla jusqu'au cur. Nombre de cités furent détruites ou corrompues par les maléfiques envahisseurs, et des Elfes moururent à une échelle oubliée depuis l'éveil du dragon. Notre extrême besoin nous amena à accomplir des choses que je n'aurais jamais crûes possibles. Les Elfes, les Centaures, les Géants, et même les Fils des Hommes s'unirent. Je sais que cela semble une alliance impossible, mais nous avons vu là la plus grande menace jamais affrontée par le Monde, et nous fûmes gracieusement capables de mettre de côté les méfaits des autres Enfants du Monde commis à notre encontre. Nous les menâmes dans la Grande Alliance, combattant côte à côte contre la puissance des Seigneurs Ténébreux. Mais même avec nos puissances réunies, la bataille contre le Chaos était difficile. La lame de Thurin alors revint en ce Monde de son long exil, mais quand l'héritière de droit de Sillestor tenta de réclamer son dû, elle fut détruite par le Chaos, et les Fils des Hommes, jaloux, faillirent briser cette alliance. Finalement, le Père de Toute Chose redescendit en ce Monde pour une seconde fois avec son armée d'Archons, et repoussa les envahisseurs une fois pour toute.
Le reste de l'Age des Jours (que les Fils des Hommes, dans leur grande fierté, appelle l'Age des Rois) fut un temps d'espoir prudent, mais à la fin notre peuple ne trouva que ruine et désespoir. Une nouvelle dynastie prit le contrôle de l'Empire Immortel, fondant la Cour Cachée dans les profondeurs des dernières forêts non corrompues. Pour une brève période, la paix dura entre les Elfes et les Hommes, et même le commerce fit son apparition entre l'Empire Immortel et le jeune royaume Humain d'Ethyria. Les Humains bornés commencèrent rapidement à se disputer, et Ethyria se scinda en une bande de petits royaumes, mais la paix entre nos espèces continua. Pendant des siècles il sembla que la Grande Alliance durerait à jamais, mais personne n'aurait pu prévoir les sombres temps qui viendraient.
Quand l'Humanité commença à empiéter sur les terres Elfiques, bâtissant de nouveaux villages dans les bois faiblement peuplés à la limite de notre Empire, les seigneurs de la Cour Cachée retinrent leur fierté, et laissèrent faire. Quand un Humain dément ouvrit les portes du Chaos pour la seconde fois, autorisant Morloch et ses Corrompus Enfants à pénétrer dans Aerynth, les seigneurs de la Cour Cachée ne dirent rien. Mais quand, à un grand banquet censé célébrer le millième anniversaire de la grande Alliance, Konrad le Roi Humain d'Alvaetia insulta l'honneur de la race Elfique en plein milieu d'un toast, la patience des Elfes prit fin. La Grande Alliance cessa, la Cour Cachée chassa les Humains de ses bordures, et les Hommes des Dix Royaumes répondirent par des pillages et des massacres sanglants. Valdimanthor, Roi de la Cour Cachée, rassembla une dernière fois l'Armée Elfique, et ainsi commença la Guerre des Larmes.
Je peux me souvenir du Royaume du Crépuscule, et du glorieux Empire de Sillestor qui lui succéda, et j'ai enduré l'Apprivoisement pour finalement affronter les Hordes du Chaos. La puissance de chacun de ces grands royaumes fut diminuée par rapport à celle de son prédécesseur, et le pouvoir de la Cour Cachée était le plus faible. Mais ne pensez pas que, juste parce que la puissance des Dieux n'est plus nôtre, que les Elfes de l'Age des Jours étaient faibles. Loin de là, même dans nos jours de déclin, nous étions toujours plus qu'un défi pour la racaille humaine et ses Dix Royaumes. La victoire était nôtre, et si la cruelle main du destin n'était pas intervenue, notre Empire vivrait toujours.
Alors que les batailles se succédaient, atrocité après atrocité, le Roi Valdimanthor fut consumé par la haine des Fils des Hommes, et il regretta la faiblesse des Rois du passé qui les amena à avoir suffisamment pitié de l'Humanité en des Ages lointains pour les autoriser à devenir leurs esclaves. L'erreur de l'Age des Jours serait réparée: Valdimanthor fit le serment d'exterminer l'Humanité toute entière. Après que Konrad le Roi Vantard fut tué, les Armées Elfiques se retirèrent dans les profondeurs des forêts et se préparèrent pour le coup final, rassemblant des forces pour la dernière bataille. Valdimanthor renouvela les pactes anciens avec les Minotaures, et avec leur force, les armées de la Cour devinrent invincibles. Cambruin, jeune Roi des royaumes unifiés des Hommes, envoya des hérauts à Valdimanthor, exigeant le retour des terres perdues lors de la Guerre des Larmes, inconscient qu'il était que la guerre n'était pas terminée. L'Elfe-Roi rendit les insultes du passé avec de nouveaux affronts, et attira le nouveau soi-disant Haut-Roi dans un piège mortel. Pendant deux années les armées de Valdimanthor ravagèrent les terres des Hommes, et même le Haut-Roi et ses Champions ne purent arrêter le flot de la vengeance Elfique.
Tout changea quand Shadowbane fut ramenée et offerte au Haut-Roi sur la plaine de Rennelind. Là, Cambruin tua Valdimanthor en combat singulier, et le dernier des grands royaumes des Elfes mourut avec lui.
Avec la Tueuse de Roi entre ses mains, Cambruin devint invincible. Et ainsi l'Epée de la Destinée, forgée pour une main Elfique, fut trempée jusqu'au pommeau dans une rivière de sang Elfique. La défaite et la ruine s'abattirent sur nos grandes cités, une par une, et des uvres d'art et de sagesse sans nombre furent alors détruits. Des bibliothèques entières furent livrées au feu, et des Elfes anciens furent brutalement massacrés par des maraudeurs humains, la lumière et la sagesse de leurs souvenirs balayées à jamais. Les derniers vestiges du Royaume du Crépuscule moururent alors, et notre Monde devint un sommet de barbarie et de sauvagerie. De désespoir, nous demandâmes la paix, mais la soif de sang et de pillage de Cambruin ne serait pas étanchée jusqu'à ce que les derniers bastions soient brisés à Kierhaven. Avec la fin de cette bataille pleine de haine, Cambruin lui-même fut tué. Mais même dans la mort de notre terrible ennemi, nous, Elfes, ne pûmes trouver quelque réconfort, car la mort de l'Empire Immortel brisa le cur de Braialla, et sa peine brisa le Monde lui-même. Ainsi commença le Tournant, et l'Age des Conflits.
A présent les Elfes sont faibles en nombre, éparpillés sur les fragments du Monde par les vents de la guerre et du désastre. La haine brûle toujours aussi forte dans le cur des Hommes, et le peu de notre espèce qui reste est condamné à une perpétuelle bataille pour la survie. Quelques grands Seigneurs Elfes subsistent toujours, mais aucun n'a essayé de réunir les survivants et essayé de forger un nouveau royaume. En effet, il ne s'est passé que quelques décennies depuis que nos Mages ont découvert les secrets des Portails Runiques, et les réfugiés éparpillés de la Cour Cachée pourraient enfin être réunifiés. Ce n'est qu'au travers de leurs efforts que vous êtes ici à présent, à écouter, et apprendre. Des rumeurs prétendent que de vastes groupes d'Elfes se rassembleraient actuellement dans les ruines de la grande cité de Diveryand, parlant de la gloire du passé et de la vengeance à venir. C'est ici que s'achève mon histoire, et à vous je ferai don de ma connaissance, pour guider le présent et façonner le futur à venir. La race Elfique a perdu plus que ce qui ne sera jamais reconnu, mais nous n'avons jamais oublié qui nous sommes.
Nous sommes les Bien Nés, nous marchons à travers l'éternité. Nous nous rappelons toujours des étoiles, fixes et lumineuses, en ce premier Crépuscule d'avant le Temps, et le Feu, et la Peur, et la Mort. L'ingérence des Hommes et des Dieux a brisé toute la beauté de ce que nous avons créé, et volé la gloire et la puissance qui sont nôtres de droit. Mais nous ne sommes pas restés oisifs, et nos souvenirs remontent loin. Où sont-ils aujourd'hui, ces Dieux qui autrefois nous humilièrent et nous privèrent de notre propre destinée? Où est-il à présent, cet invincible Haut-Roi qui tenta si fort de nous détruire? En vérité, bien long a été l'Hiver de notre honte, mais, avec le temps, bientôt peut-être, le Printemps reviendra
Notre Printemps."
Note: Tous les noms et descriptions peuvent être sujets à d'éventuels changements ultérieurs.
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