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Les multiples malversations du langage smsique a notre Ă©poque
Par Un cochon le 13/1/2003 Ă 20:45:39 (#3013069)
Par Quemour le 13/1/2003 Ă 20:54:38 (#3013143)
Euh, c'est sérieux là ou pas ? :D
Car je pense que c'est le cas, et alors il peut très bien aller à la Taverne ou au Bar, où plus de gens sont intéressés et peuvent répondre :)
Pour ma part j'utilise desfois des raccouris, enfin j'utilisais surtout, maintenant que je tape rapidement et sans faire de fautes de frappes au clavier, j'ai repris l'habitude d'écrire les mots convenablement. C'est plus agréable à lire et à écrire, et ça ne fait pas prendre de mauvaise habitude ;)
Mai si on é pressé pkoi pa utilisé D mo + cour tan ke sa rest lisibl ce ki né pa souvan le ca.
Ceci dit, certains "raccourcis" passent bien, tels que "pkoi" (voire pquoi), ou le "t" pour "t'es", ou encore le "c" pour "c'est; ses; ces; sait". Et d'autres abréviations aussi utiles à l'écrit pour prendre des notes (tous les étudiants connaissent ça :) ).
Par Lego le 13/1/2003 Ă 21:03:01 (#3013235)
Mai si on é pressé pkoi pa utilisé D mo + cour tan ke sa rest lisibl ce ki né pa souvan le ca.
ce genre de truc je met plus de temps a les dechiffrer qu'a les comprendre:ange:
Par oshii avalon le 13/1/2003 Ă 21:03:20 (#3013239)
Le langage et le réel.
"Le propre du langage [] est dêtre un système de signes sans rapports matériels avec ce quils ont pour mission de signifier", déclare C. Lévi-Strauss.
1) Qu'est-ce qu'un système ? C'est un ensemble régi par des règles et où chaque élément se définit, non pas par lui-même, mais par sa relation aux autres éléments. Cest dire que, dans le langage, il n'y a "que des différences " (Saussure) ou des oppositions.
2) Qu'est-ce qu'un signe ? C'est toute réalité susceptible d'en représenter une autre. Dans le cas du signe linguistique, cest toute réalité mise intentionnellement à la place dune autre. Le signe est donc le lieu dune relation : il renvoie toujours à une autre réalité, au-delà de lui-même [Sartre]. (On distinguera le signe du signal, qui ne fait que déclencher un comportement, sans impliquer la compréhension d'un sens quelconque.)
3) Pourquoi enfin cette absence de "rapports matériels" entre le langage et la réalité ? Parce que le signe, "total résultant de lassociation dun signifiant [l'élément sensible du signe] et dun signifié [le sens, l'idée]" (Saussure), est arbitraire ou conventionnel : "il na aucune attache naturelle dans la réalité". Le langage instaure donc un univers symbolique distinct qui évoque le monde, mais qui ne lui ressemble pas (les mots ne sont pas les choses). Cette différence avec le réel confère au langage une certaine indépendance par rapport à ce qui est, jointe à la capacité de se développer de façon autonome. Elle permet de poser la question de la vérité (adéquation du langage au réel) et du mensonge (inadéquation intentionnelle). Elle permet au langage de nommer ce qui ne peut pas être figuré, comme les idées générales (l'homme, la plante) et les abstractions, relations ou qualités non isolées comme telles dans la réalités (un point géométrique, la rougeur) [Rousseau]. Enfin, elle permet au langage de développer des significations indépendamment de la réalité, c'est-à -dire de parler de ce qui n'existe pas encore (le futur) ou de ce qui n'existe plus (le passé). Plus profondément, le langage semble tout à la fois capable de nommer ce qui n'existe pas (une "montagne d'or", "Dieu", si l'on n'y croit pas) et de faire être ce qu'il nomme par le fait même de nommer [Mallarmé].
Le langage, s'il est ce qui nous relie au monde, est donc aussi ce qui nous en détache, en nouant des liens étroits avec l' imagination. Il y a là une séduction qui n'est pas sans risque. En effet, la puissance du langage nous expose toujours au risque de tomber avec lui dans le trou du non-sens. "Car le langage na, bien entendu, pas de sens en lui-même sinon il y aurait un sens à parler pour parler" (Marcel Conche). On voit déjà ici en quoi s'impose la vigilance de la pensée.
Distinctions : langage, langue et parole.
Au sens large, le langage désigne tout système de signes permettant la communication. Au sens strict, c'est la faculté humaine de constituer et d'utiliser une langue, c'est-à -dire de communiquer sa pensée. (Si on peut tenir avec Descartes cette faculté pour exclusivement humaine, le débat concernant le "langage" animal demeure cependant toujours ouvert).
La langue est l'instrument de communication propre à une communauté humaine. Ce système particulier de signes et de règles est un fait social supérieur et extérieur aux individus qui la parlent : "la langue est le langage moins la parole." (Saussure).
La parole désigne lusage toujours particulier quun sujet, doué de la faculté de langage, fait de sa langue. Cest donc une performance individuelle, tandis que la langue est une institution.
Le langage et la culture.
L'autonomie du langage par rapport au réel ou à la nature permet d'y voir "le fait culturel par excellence" (Lévi-Strauss). "Le langage est l'instrument essentiel par lequel nous assimilons la culture de notre groupe." : c'est le système culturel qui permet d'apprendre tous les autres.
Le langage humain (comme ensemble des systèmes des signes) a donc une histoire, il n'est pas fixé par l'espèce. Il n'existe concrètement que dans la diversité des langues et des paroles, dans lesquelles il ne cesse d'inventer des significations nouvelles. Puisque chaque langue et chaque culture développent des significations propres, on peut considérer que le langage transporte avec lui les valeurs d'une civilisation, ses jugements et ses préjugés (voir Nietzsche, Généalogie de la morale, dissertation III, § 5 [Nietzsche]). É. Benveniste a pu dire que "nous pensons un univers que notre langue a dabord modelé". Faut-il en conclure au relativisme et à l'incommunicabilité entre les mondes linguistiques ? Non pas, si l'on comprend que "le fait de parole précède toujours" (Saussure), et que la créativité de la parole permet de modifier les possibilités de signification d'une langue, c'est-à -dire d'en repousser les limites. La parole rend la langue vivante et libère ainsi la pensée de ses pesanteurs (Descartes voit dans la parole, toujours inventive, la marque de la présence en l'homme de la liberté et de la raison).
Les fonctions du langage : communication et expression.
Le langage semble avoir pour fonction primordiale la communication entre les hommes. En ce sens, parler c'est communiquer, c'est-Ă -dire transmettre des informations. Mais ne peut-on pas parler sans comprendre, ou mĂŞme "pour ne rien dire" ?
Cela nous montre que, d'une part, la langage a une dimension essentielle non pas dans le contenu communiqué, dans l'information échangée, mais dans le fait même de communiquer, c'est-à -dire d'ouvrir un monde commun et humain [Arendt]. On dira en ce sens que le langage est constitutif de l'humanité elle-même, réseau d'échanges et de partages multiples. Le langage est alors un lien social.
D'autre part, cela indique dans le langage une opposition profonde entre l'expression, qui cherche à rendre la profondeur de la subjectivité, sans se soucier d'abord du destinataire, et la communication, qui tend avant tout à l'objectivité claire et univoque (éviter les malentendus). C'est finalement d'un terme à l'autre de cette opposition entre la poésie et la prose qu'oscille le langage quotidien [Sartre].
Le langage et la pensée : problèmes.
Définir le langage comme moyen d'expression ou de communication suppose que la pensée lui préexiste, et qu'il ne vient qu'après-coup tenter de l'exprimer ou de la communiquer. Deux problèmes se posent alors. D'une part, la langage parvient-il vraiment à remplir son rôle ? Le langage est-il pour la pensée un intermédiaire transparent et fidèle, ou est-il un obstacle et un travestissement ? D'autre part, le langage n'est-il vraiment qu'un instrument d'extériorisation de l'intériorité ? N'intervient-il pas dans la constitution même de cette intériorité, c'est-à -dire de la pensée ?
La pensée est-elle antérieure au langage ?
C'est une expérience commune de chercher ses mots, et finalement de convenir qu'il n'y en a pas pour dire ce que l'on ressent. Pour Bergson [Bergson], cela montre bien que "la pensée demeure incommensurable avec le langage". En effet, le langage a selon lui une fonction essentiellement sociale et utilitaire, qui est d'identifier et de communiquer ce qui, dans le réel, relève du général et du répétitif. Bref, en nommant des classes d'objets, le langage facilite l'action des hommes sur le monde. Mais il va alors séparer ce qui, en réalité, ne l'est pas. Il va notamment briser la continuité infiniment nuancée de notre vie intérieure, en y distinguant des états par l'artifice de quelques mots juxtaposés comme des objets dans l'espace. C'est pourquoi le langage échoue toujours à saisir la mouvante originalité du réel comme de toute vie intérieure. D'où vient cet échec, sinon de ce que, selon Bergson, la réalité ne peut être saisie que directement, dans le silence de l'intuition ineffable ? Si donc Bergson privilégie la pensée intuitive, c'est qu'il assimile la pensée à l'ensemble de la vie intérieure.
Pas de distinction réelle entre le langage et la pensée.
Faut-il en demeurer à ce constat d'échec ? On peut le contester, en dénonçant l'illusion d'une pensée non discursive. Platon lui-même définit la pensée comme "un discours que l'âme se tient à elle-même". Mais en ce cas, c'est bien "dans les mots que nous pensons" (Hegel). La pensée véritable n'existe pas hors du langage, qui lui est en fait consubstantiel. C'est grâce à la forme objective que lui donnent les mots, que la pensée peut être présente à la conscience du sujet. De fait, chercher ses mots, c'est chercher sa pensée, que l'on n'a pas encore. "Là où les mots manquent pour la dire, manque aussi la pensée. [] Privée de la garde du mot, la pensée s'étiole et meurt" (Clément Rosset). Plus généralement, pour savoir quelque chose de ce qu'on éprouve, de ce qu'on vit, pour réussir à le penser, il faut réussir à le formuler.
C'est pourquoi Hegel [Hegel] entend démystifier le prestige indu de l'ineffable, dans lequel il ne voit que "la pensée obscure, la pensée à l'état de fermentation, et qui ne devient claire que lorsqu'elle trouve le mot." L'ineffable est une pure matière sans forme. Il ne se prouve comme pensée qu'en franchissant l'épreuve de l'explicitation verbale. Il ne peut se délivrer de sa propre confusion que par les "belles chaînes du langage" (Valéry). Bref, pas de vérité ni de conscience véritables sans le langage.
Les périls du langage et la nécessité de la philosophie.
Cette dépendance de la pensée à l'égard du langage n'est pas toutefois sans l'exposer à de nombreux dangers. Malgré leur diversité, ceux-ci ne sont finalement que des variations sur un seul et même danger, qui est toujours de voir le langage se substituer à la pensée et l'effacer comme telle. En effet, "si la pensée nest rien sans la parole quun possible sans réalité, il arrive que la parole subsiste seule comme un corps que son âme a quitté." (Louis Lavelle). Cela arrive dès que l'on croit qu'il suffit de parler pour penser, c'est-à -dire dès que la pensée renonce à ses exigences. On s'expose alors au verbalisme, c'est-à -dire à l'automatisme des mots associés. Les mots y fonctionnent tous seuls, et nous entraînent à leur suite. Mais alors cest la langue qui parle en nous, plus que nous en la langue ! La langue, c'est-à -dire les préjugés, les lieux communs, les clichés, les phrases toutes faites. Contre quoi, il n'y a d'autre solution que la volonté de penser à nouveau ce qu'on dit, c'est-à -dire de "peser ce qui vient à lesprit" (Alain). Tâche nécessaire car libératrice, mais tâche infinie, puisque "nous navons jamais fini de savoir ce que nous disons" (Alain). En ce sens, la philosophie n'a pas tant pour mission de proposer des contenus nouveaux, mais plutôt de formuler plus clairement ce quune raison "commune mais saine" (Kant) sait déjà confusément.
La communication comme pouvoir (la sophistique) et, derechef, la nécessité de la philosophie.
Mais il est un péril peut-être plus grave encore, quand le langage est intentionnellement utilisé en vue d'anesthésier la pensée et la volonté : ce que s'efforce de faire la rhétorique, ou plus exactement la sophistique. Les sophistes grecs faisaient le pari de persuader n'importe quel auditoire par le seul pouvoir de la parole, indépendamment de leur expertise dans le domaine concerné. La rhétorique cherche donc la forme la plus séduisante, sans se soucier de la vérité de son contenu. Elle veut persuader (usant de ressorts affectifs), là où celui qui sait veut convaincre (par la raison). La parole permet alors d'agir sur autrui. D'où son danger politique (démagogie, propagande), puisqu'elle donne le pouvoir, particulièrement dans les régimes démocratiques. Contre quoi Platon (Gorgias [Dossier du mois, Gorgias], Sophiste) en appelle au dialogue, comme usage exemplaire du langage réglé sur la vérité de ce dont il parle et l'échange d'arguments (d'où la confiance et le respect mutuels). La pensée, à nouveau, doit réinvestir le langage qui est de sa responsabilité.
Ces critiques se reconduiraient aisément aujourdhui, auprès de nos conseillers en communication et de nos publicitaires. Cependant, la raison coexistant en l'homme avec l'affectivité, quiconque veut communiquer doit bien reconnaître la nécessité d'en passer par des savoirs-communiquer développés par les rhéteurs. Car sans rhétorique, toute compétence, ne se communiquant pas ou mal, demeure sans effet.
Forme et contenu dans la communication.
Notons enfin qu'il n'est pas toujours facile de distinguer, dans la communication, entre le contenu et la forme. En effet, comme la montré le sociologue Mc Luhan, tout moyen technique de communication a des effets en retour sur le message qu'il transmet : "le vrai message, c'est le médium lui-même". C'est pourquoi les grandes innovations dans les moyens de communications (de l'écriture à l'internet) produisent systématiquement des effets sur la culture et la pensée. On sait par exemple que l'invention de l'imprimerie en 1450, en diffusant la lecture (notamment celle de la Bible, désormais individuelle grâce aux traductions), a concouru à l'essor du protestantisme et de la liberté de pensée. La médiologie tente aujourd'hui d'"analyser les "fonctions sociales supérieures" (religion, idéologie, art, politique) dans leurs rapports avec les moyens et milieux de transmission et de transport" (Régis Debray).
:ange: Pas Oshii:ange:
Par Melchiorus le 13/1/2003 Ă 21:08:32 (#3013294)
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