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Première fleur dans un jardin d'hiver .
Par Rainn le 11/1/2003 Ă 13:02:47 (#2995643)
Ô mes frères
Les jardins ont gelés
Vos esprits lassés
Se cachent des enfers .
Le combat , la ferveur
Tout cela est bien brisé
AujourdÂ’hui , de la candeur
Ne reste que le souvenir
Ă” mon compagnon dÂ’infortune
Te voilĂ sur les chemins blanchis
Et je me demande , outre la lune
Ce qui guide tes pas alourdis .
Ă” mes amantes de flammes
Fleurs douces et multicolores
Ne pliez-vous point encore
Sous le souvenir et les larmes ?
Ă” mon pote , trouveras-tu en toi
Lorsque la terre brunie renaîtra
Quand la haine crachera son fiel
A nouveau la force de lever les yeux au ciel ?
Ô mon jardin dénudé
Sous la couche de neige
Je sens toujours cette ardeur
Sous la platine des années .
Ă” mon pote , le temps sÂ’en vient .
Car ce matin jÂ’ai cru voir
Un pétale de jasmin
Danser dans la rue , dolant espoir .
Nous sommes la vivante anathème
D’un foule triste et délétère
Mais dont les cendres sÂ’attisent
Quand nos pupilles sÂ’Ă©clairent
Ô mes frères , soignez tendrement
LÂ’agonie dÂ’un jour dÂ’hiver
Pour quÂ’Ă son dernier soupir
Il vous libère d’éprouvantes serres
Ainsi , sens les humeurs qui tÂ’enivrent
TÂ’emporter au dessus des tourments
De merveilles en désillusions à venir
La vie t'enlacera doucement .
Lorsque la forme immonde , par dessus les collines
Viendra crier sa faim et mander comme tribut la mort
Nous la chasserons , transis de froid
Faibles créature pourtant brodées d’or .
Petit message dÂ’un ex-nÂ’importe quoi .
Qui se rend compte que pour la première fois
Ses vÂśux dÂ’avenir ne sont pas
Guidées par des pulsions malsaines
Un brin dÂ’herbe sur la banquise
MĂŞme si lÂ’espoir sÂ’amenuise
Comme si , en les limites de lÂ’enfer
Poussait une fleur dans nos quartiers dÂ’hiver .
Par Secoia Feals Galikea le 11/1/2003 Ă 15:14:08 (#2996600)
Par Titplume dChou le 11/1/2003 Ă 15:16:00 (#2996612)
:lit: :merci:
Par Rainn le 11/1/2003 Ă 17:50:41 (#2997568)
"ça"
A h , mon ami , viens vers moi ...
N 'oublie pas que je suis lĂ ,
A présent ton seul ami sincère
T ous les autres sont damnés
H ideuses créatures délétères
E prises de ton âme et qui rampent
M alicieusement , pour te l'arracher .
E coute à présent la propre haine de toi ...
...
"Sur-moi"
J ette aux vents quelques pétales
A doucis par la rosée , tels de la soie .
S uis les du regard quelques instants
M ielleusement bercés par les vents
I magine à présent être l'un d'eux
N aufragé qui jamais ne se noie .
...
"moi"
U ne nuit agitée qui
N e veut pas quitter
E ncore mon esprit .
J 'aurais du rester calfeutré
O Ăą , entre mes draps oĂą enfin
U n cortège de froid m'emporte
R ien ne parvient Ă percer le voile
N imbé des cendres de rêveries
E ncore une journée de neige
E ncore une journée d'oubli ...
T outefois , hmm .. je crois
O mes amis , qu'au déclin du jour
U ne frĂŞle lueur viendra
T outes ces heures , pour toujours
E nfouies dans nos nuits sans Ă©clat .
B lĂŞmes fantĂ´mes plutĂ´t impurs
L e genre humain est bien souillé
A lors pourquoi fais-je chaque jour
N aviguer plus loin ma fragile confiance ?
C 'est assez Ă©trange , en d'occurrence
H aine et colère menacent toujours , mais
E n dessous de mes veines , la lumière court ...
Par Rainn le 11/1/2003 Ă 23:40:12 (#2999984)
"
1.
Je ne t’emmènerai pas en Inde ..
Si les vents avaient écouté
Nos suppliques timides
Alors ils s’en sont allés
Loin de cette terre décharnée .
Ils portent nos mots tendres
Et nos quelques soupirs
DĂ©risoires monnaies , cendres
DÂ’un malheur de cire .
Adossé à une fenêtre , bien las
DÂ’imaginer les plaintes et les morts
Qui me mèneront à une énième
Sinistre aurore .
Encore un jour , un soupir
Tes ailes sont splendides , mon aimée ..
Encore un soupir , un regard .
Les Ă©toiles dans mes yeux dÂ’hivers
Encore une regard , un mot
Tu es si loin , loin de ma sphère
Encore un mot , un geste
La nuit enveloppe ma main tendue .
Si d’un geste je pouvais accroître
Les fissures de ma raison
Si je pouvais laisser couler lÂ’acide
Me laisser Ă lÂ’abandon .
Un jour , un pèlerin entrerait
Dans cette sinistre maison
Chargée d’airs et de mystères
Un point dans lÂ’infini voyage
Comme si nos paroles vaines
Dans une barque voguaient
Puis avaient pointé leurs voiles
Loin de nos réalités .
2.
R ien n'aurait du ainsi
O utrager nos mémoires
S alies , Ă” esprits ennemis
E nivrez mes déboires .
A ujourd'hui je piste
U n plaisir Ă©goĂŻste
B rillante injure au soleil , cette
O nirique source d'or
R emplissant les nues vermeille
N aĂŻves muses , ne voyez-vous pas
E ncore sous la perle , le météore ?
3.
Le sang dans les yeux
Des larmes dÂ’un poison .
Un temple sans Dieu
Ciel sans horizon .
Tu es comme une petite fille
Etourdie par sa ronde
Qui a griffé , oh , par inadvertance .
LÂ’Ă©corce ternie du Saule .
Ses feuilles parlent Ă lÂ’automne
"Combien elle me manque , parfois .."
DÂ’entre les pierres et les feuilles mortes
Automne , porte Ă elle ma voix Â…
4.
Aucun négativisme , aucune pensée
Ne pas dire , ne pas bouger .
Je suis une poussière sur la Terre
Comme le centre de mon propre univers .
Si je ne suis rien face Ă la mort
Sur lÂ’Ă©chine du temps qui passe
Je suis une âme , je suis un corps
Une étincelle qui frémit , même lasse .
Le plus apaisant des nectars
LÂ’oubli le plus onctueux
Et pourtant le plus cruel dard
CÂ’est celui de tes yeux Â…
Dans cet étrange et obsédant décor
Les nuages se fondent en souvenirs
Tu étais là , dans le ciel pâle
Je n’ai pu détacher mon regard de toi
Tu es si belle , jÂ’Ă©tais si gauche
J’aurais aimé de promettre autre chose
Une soirée grise , voilà l’aurore
La fumée , du sang , des ecchymoses .
Que de mots , pour dire « je t’aime »
Alors que je te chasse en pleurant .
Sous ton aile , jÂ’ai appris Ă vivre
Mais elle m’étouffe , à présent
Malade , malade Ă en crier
A en briser mes cordes vocales
Etendu sur un lit dÂ’hĂ´pital
Mes espoirs Ă©taient de papier .
Sur mon seuil , prostré
Je vois ton ombre fine
Dans mes veines , ton souvenir
MÂ’emporte , douce morphine Â…
Que ces mots soit martelés
Je ne t’emmènerai pas en Inde
Ainsi , finalement , j’ai décidé
Ainsi nos chemins se scindent .
Je ne t’emmènerai pas en Inde .
Caché derrière un mur de verre
Mais quel Ă©trange mensonge
LorsquÂ’en vain je cherche tes serres .
Je ne t’emmènerai pas en Inde .
Pars , fuis-moi Â…
Je ne t’emmènerai pas en Inde .
Enfin Â…
Je ne crois pas Â…
"
Par Titplume dChou le 12/1/2003 Ă 0:07:36 (#3000137)
Par Rainn le 12/1/2003 Ă 0:08:06 (#3000141)
Alors suis-moi , toi , qui tu sois
J'ne veux pas savoir d'oĂą tu viens
Ni ton âge , ni la couleur des tiens
Prends ma main , suis-moi encore
Je ne sais pas où je t'emmène
Mais crois-moi , on y vivra mieux
Les ĂŞtres humains rampent
Mais je suis fier d'ĂŞtre l'un deux .
Et mĂŞme entre le crocs du destin
A moitié déjà dans sa gueule écumante
Je continuerai Ă narguer les Ă©toiles
D'une fugitive danse , un sourire en coin .
Au diables nos Ă©garements et nos peines
La vie est bien courte et le monde trop vaste
Vois-tu , au loin , le dessin des plaines
La rosée du matin dans nos yeux fatigués ?
La rose qui perle , et l'oiseau qui soupire
Sur sa branche , en attendant le printemps
Transi de froid et d'amertume , il sourit
Car au fond il sait , que la chaleur l'attend .
Une place au soleil , parmi les astres ?
Je préfère encore les soirs moroses
Où , étendu dans l'herbe , épuisé
Je raconte des errances , en vers ou en prose .
Voilà , tu sais où je t'entraîne
Et pourquoi je brûle plus chaque heure
Je t'emmène à l'aventure , en nous
Briser nos os contre les peurs .
MĂŞme si l'on se retrouve en enfer
Dans un fleuve de lave oĂą l'on saigne
Tant que ma main restera dans la tienne
J'crois qu'on aura pas Ă s'en faire ...
La solitude , elle ne m'est pas ennemie
J'ai juste choisi de marcher avec toi
Parce qu'Ă deux , mĂŞme mauvaise , la vie
Est un peu plus vivante , justement , tu vois ...
Alors suis-moi dans un fort , dans les rues
Près d'un arbre , sous sa sève .
Pour crier après l'aurore qui s'effile
Pour créer les cieux , rêver nos trêves .
Par Rainn le 12/1/2003 Ă 0:08:46 (#3000142)
Provient du message de Titplume dChou
:(
Eh non , tu vois ... pas toujours triste ;)
Par Titplume dChou le 12/1/2003 Ă 0:11:00 (#3000149)
Provient du message de Rainn
Je ne sais pas où je t'emmène
Mais crois-moi , on y vivra mieux
Les ĂŞtres humains rampent
Mais je suis fier d'ĂŞtre l'un deux .
Alors ça, j'adore.
Edit paske ça aussi en fait j'adore :Provient du message de Rainn
MĂŞme si l'on se retrouve en enfer
Dans un fleuve de lave oĂą l'on saigne
Tant que ma main restera dans la tienne
J'crois qu'on aura pas Ă s'en faire ...
La solitude , elle ne m'est pas ennemie
J'ai juste choisi de marcher avec toi
Parce qu'Ă deux , mĂŞme mauvaise , la vie
Est un peu plus vivante , justement , tu vois ...
Tit - I'm going deeper underground tonight - Plume.
Par Claudia/Chloé le 12/1/2003 à 0:19:31 (#3000189)
Par Rainn le 12/1/2003 Ă 11:21:21 (#3001921)
Allez , amis , on passe l ‘éponge
Les gloire nÂ’est quÂ’un mensonge
Derrière , il reste la clairière
Où soupirent encore les mésanges .
JÂ’ai atterri dans un train , pour venir
De lÂ’autre bout du monde vous retrouver
Inquiet , un peu perdu dans ma détresse .
Comme parcourant le temps en sens inverse .
JÂ’aurais pas du claquer la porte
La colère ennemie , cierge venimeux .
Quand au loin elle tÂ’emporte
Te fait cracher sur lÂ’or de nos yeux .
Je vais me taire ,
Vous Ă©couter
Les jours enfuis
Je les rattraperai .
Quand une aurore se dessine , jÂ’ai appris
A entendre , a caresser un jour nouveau
Les folles nuits oĂą les os se calcinent
Quand lÂ’amour parle et dicte tes mots .
Je reviens , donnez-moi un fragment
De cette chaleur si forte , si dense
Je viendrai orner vos sentiments
Si vous pouviez agrandir la danse .
Dans le train , je contemplais les champs
Par le printemps qui tape dÂ’un poing de fer
Sur la table , « Eh , saisons , mes frères ,
Il est temps pour les hommes de renaître ! »
Puis je tÂ’ai vu , dans ton mutisme
Inondant l’atmosphère d’un air étrange
Et mon imagination , comme un prisme
M’a renvoyé de toi l’image d’un ange .
Et si lÂ’on voit les autres
Tels quÂ’on se voit en propre
Jamais je nÂ’aurais cru , ma belle ,
Être à ce point tombé du ciel !
Mais tu m’as regardé , d’un air enfantin
Me demandant jusquÂ’oĂą je prenais le train
Aucun mot n’est venu répondre à ta question
Je crois que j’avais même oublié mon nom .
Pardonnez-moi , voyez-vous , je ne suis
Malgré tout , qu’un enfant en sursis
Je pourrai me cacher un siècle encore
Mais rien ne calmera mes essors .
C’est ainsi , je t’ai répondu , un peu ailleurs
« Tu es très belle , mais n’aies pas peur
Je nÂ’suis quÂ’un homme pas assez sage
La nuit balaiera de ta mémoire mon visage
JÂ’aimerais parler avec toi
De tes espoirs , de tes martyrs
De quelle planète tu viens
Vers oĂą fusent tes soupirs .
Mais avant de détourner mes songes
Laisse mon te le dire sans mensonge
Tu inondes mon cœur fiévreux
Ton aura m’impressionne , mais adieu »
Pour seule réponse , un éclat de rire
Est venu , dÂ’un revers malicieux
Balayer toute ma rhétorique de cire
Un peu futile , Ă ses yeux .
Pour finir , alors que le train
SÂ’Ă©vanouit vers lÂ’avenir
Dans la nuit oĂą se calfeutre
Un printemps sans toit
Elle mÂ’a pris la main ,
Et répondit , dans un sourire
« Parlons encore , mais surtout ,
S’il te plaît , tais-toi .»
Par Claudia/Chloé le 12/1/2003 à 11:43:10 (#3002042)
Sinon :lit: :amour:
Par Rainn le 12/1/2003 Ă 12:39:50 (#3002344)
J’y suis milles fois allé
Telle est ma terre promise
Comme un havre jalousé
OĂą je ne suis quÂ’une brise.
Quand lassé des guerres
Et du sang qui coulait
DÂ’entre les plaies mortuaires
Des plaines décharnées .
Et , lorsquÂ’en suspens
Dans l’atmosphère humide
De la soirée naissante
Et de milles encens
Je mÂ’Ă©clipse dans un souffle
De profonds cratères putrides .
Je pense Ă la Terre et je pleure
Contre lÂ’Ă©corce dÂ’un arbre fort
A tous ceux qui tombent chaque heure
A tous ceux qui sont déjà morts .
Et mes ailes teintées de malaise
Et mes espérances d’argiles
MĂŞme si je ne suis que de glaise
De terre , dÂ’encre et de pleurs
Outre les reflets du miroir
Dans nos chairs et nos mouroirs
OĂą vous trouver , oĂą vous voir
Perdus dans nos rêves dérisoires .
SÂ’il nÂ’y a plus de mer oĂą lÂ’azur
Puisse encore Ă©grainer Ă loisir
Sa lumière irisée et bienfaisante
Je resterai à Myräsles , enfin y mourir .
Et si jÂ’y trouve une Ă©pine acide
Qui déchirera mon corps bleui
Que mon sang , mêlé à la pluie
Chasse les esprits trop perfides .
Plus que de mourir ,
Plus que de vieillir
CÂ’est de vivre encore
CÂ’est de vivre pauvres
De nos cœurs , enfermés
Dans dÂ’Ă©ternelles erreurs
Nourris dÂ’une stupide rancÂśur
LÂ’eau coule doucement
Danse , pirouette , culbute
Mais le lit de nos rivière
N’est jamais très loin de sa chute .
Il est normal que nos sentions
La furieuse pulsions de nos transes
Il est normal que nous hurlions
Lorsque la mort paraît délivrance .
Souffrir est notre chemin
Entre rochers , plaines et pierres .
S’envoler sur un pétale de jasmin
Notre plus fervente prière .
Que penser , alors , assis à l’orée
Du bois qui m’a tant bercé
Ne serait-ce qu’un songe , une chimère
Pour me cacher des lames délétères .
Derrière le foisonnement de l’été
Dans ces feuilles et perles taillées
Ne serait-ce que haine et façade
Tels que nos frères que l’on taillade ?
Au fond , si je cherche par cette errance
Un refuge , blotti dans ce lit
Et que mes promenades et mes danses
NÂ’Ă©taient que refoulement du proscrit .
Alors ce lieu nÂ’a plus raison dÂ’ĂŞtre
Et c’est à moi , à présent
De faire de notre monde et de la Terre
Un paysage tout aussi charmant .
Ainsi , lÂ’hiver doux et tranquille
DÂ’opale et de lait , tendre et serein
NÂ’est que la chalet ou le refuge
OĂą nous nous Ă©clipsons en vain .
Que mes ailes sÂ’ effondrent alors que je fane
Ainsi je meurs , ainsi je me damne
Il est temps de retourner sur Terre
C’était pourtant une bien douce chimère .
A présent , lorsque la mélopée
Des flûtes de ma forêt si calme
SÂ’est tut , il ne reste Ă mes larmes
Qu’un cirque hideux , défiguré .
Mais je suis adulte , et marchant vers la ville
JÂ’imagine un univers , le faisant Ă©clore
Je sens en moi , entier et plus encore
LÂ’ancienne force de mon exil .
Si je façonne un chemin chaque jour
Alors que l’innocence me délaisse
Je me rappellerai toujours
Des adieux pleins d’espoir , à Myräsles
Par Fedor Seed le 12/1/2003 Ă 17:47:23 (#3004314)
FĂ©licitations c'est bien:)
Par Elae le 12/1/2003 Ă 17:53:59 (#3004350)
E*so in love*lae
Par Rainn le 12/1/2003 Ă 18:19:22 (#3004533)
Désolé si ça choque un peu , mais ...
"
Fables Â…
Hier matin , alors que sÂ’Ă©tirait lÂ’Ă©ther.
Dans le ciel comblé d’amour par la nuit
JÂ’ai vu le soleil , Ă travers les rideaux de satin
De ma fenêtre , tu es entré dans la lumière .
Midi pointait doucement , dans la lande diaphane
Et plus rien ne semblait alors respirer
Posant tes valises , hautain , sombre et fermé
Je n’ai pu t’observer que caché dans ma chambre .
Mais le sable dans ton âme
MÂ’a fait te haĂŻr plus encore
Je voulais te jeter les flammes
De tous les enfers de mon corps .
Dans le corridor exigu , qui prolonge l’entrée
Tu as fait quelques pas , tu devais sentir
Que je n’étais pas loin , que j’étais caché
Tu t’es retourné , j’aurais pu te tuer …
La pendule alors , semblait interdite
Dans l’entrée , plus un souffle ne tangue
Plus rien nÂ’importe , et mon teint exsangue
Frémit sous les larmes , éternel rite .
Hier matin tu es arrivé ,
Et je n’ai pas brisé le sceau
Qui me maintient en exil
Ces silences sont mes barreaux .
Alors la vie dehors , dans un souffle , a repris
Et la lande ne nous regardait plus
Un instant , j’y crois encore , j’espère
Mais tu es déjà reparti …
Alors je reste sur la pallier
A compter les étoiles de blés
A rêver sur une balançoire .
A inspirer lÂ’air tendre du soir
Tu ne m’as pas vu , et c’est sûrement mieux
Je ne suis quÂ’un fantĂ´me crachant des sourires
Dans mes draps maudis , je cache les pieux
Qui pousseront un jour les astres Ă blĂŞmir .
Un peu de sable , sur les carreaux de l’entrée
Cette fois c’est bien ma dernière danse ..
Tu es rentré hier matin .
Voler ce quÂ’il me restait dÂ’enfance .
Je pleure aujourdÂ’hui en Ă©crivant ces mots
Perdu dans le froid , perdu dans lÂ’Ă©cho
DÂ’anciennes perceptions , si proches pourtant
DÂ’une vie qui aurait pu ĂŞtre autrement .
Depuis longtemps à présent tu es parti .
Et je ne veux plus te voir , dans mes matins .
Pars , fuis , meurs , trépasse , flétris !
Mais jamais ne croise plus mon chemin.
Ainsi je reste seul , dans mon mensonge , ma bulle
Attendant en silence quÂ’un jour la porte sÂ’ouvre
Mais déjà , le vent du crépuscule
Me fait renoncer Ă cet espoir .
Je ne veux plus , je ne veux rien .
Mes sentiments sont autant d’épines volées .
Et autant d’années voilées .
VoilĂ ma punition , mon destin .
Si un matin tu passes par ici
Tu entendras le claquement de mes chaînes
Verse une larme , si tu as senti
Ma fureur qui contre moi seul
Se déchaîne …
A mon père . Avec toute ma haine .
Un peu faible , un peu dérisoire
Un peu humaine Â…
Joël .
Par Rainn le 12/1/2003 Ă 18:57:48 (#3004842)
Au passage ...
J'en profite pour remercier tous ceux qui se sont arrêtés quelques instants sur mes petites divagations .
Et aussi pour souhaiter bon courage Ă tous ceux qui s'Ă©chinent sur leur bac-blanc ...
Signé : Un lycéen qui ploie sous ses classeurs .
P.s :
Et , aussi , sans raison aucune , mais j'avais envie de le dire :
Bonne soirée , bonne semaine et bonne chance à tous .
Si le jasmin est aussi délectable , et puisque nous sommes tous des merveilles , qu'il trace nous routes et nous guide vers notre bonheur .
Par Rainn le 12/1/2003 Ă 20:30:02 (#3005616)
Un fantĂ´me :
Abreuve ici ta fierté
Ô créature des enfers !
Puise dans mes chairs
Ton banquet dÂ’orgueil .
Impudique et choquante larve
Conspué par les gens qui savent
Regardez mes traits sans vergogne .
Sous une capuche ma sombre besogne .
Sur les rives du Styx , tu m’as poussée
Que ton nom milles fois soit damné !
J’ai hâte de sentir tes griffes
Détruire cette âme dont tu t’empiffres !
Oh oui , j’aimerais que tu sentes à présent
Mes yeux brûler de toutes leurs flammes
Et je nÂ’ai plus aucune forme de sentiment
Que la haine et le mépris de tes lames !
Déjà mon dos a brûlé cent fois
Lorsque sous le joug des hommes
JÂ’errais encore , pantelant
A la recherche dÂ’un improbable pardon !
Puis la colère de ton hideuse face
MÂ’a prise au bout dÂ’une nuit un peu lasse
Et tu m’as entraînée , et tu m’as vidée
Et fait de mon cÂśur un objet .
Tu as profité de mon sommeil
Et fait de mon corps un jouet désarticulé !
Sens en moi cette rage Ă©ternelle
Démon ! Tue-moi ! Je n’ai plus de fierté !
Et quand de ton festin ignoble , tu te repaîtras
MĂŞme mort , toute la chaleur que jÂ’incube
Moi , qui suis ton esclave aveugle
Torturera encore ton cÂśur de succube !
Mes chairs ont mille fois frémis
Sous la caresse des amants
Mais je nÂ’ai que faire dÂ’aussi futiles
Soupirs et vÂśux encore tremblants .
Dans chaque pétale , dans chaque rose
Dans chaque source oĂą je mÂ’abreuve
Je retrouve la déchéance des hommes
Et de la fange souillée où ils se meuvent !
Pousse moi , encore un petit peu
Je sens déjà Cerbère sur mes talons
Encore un pas , plus loin dans le feu
Et enfin se fermera mon horizon !
Cette mise Ă mort , vermine cornue
Sera la fin de mon règne
Mais dans tes nuits , mais dans les nues
Je reviendrai pour que tu saignes .
Continue ainsi Ă me battre
A me tuer , Ă me souiller
La rédemption est une chimère
Que je saurai te faire payer !
Le monde saura quel est mon nom
Mon visage , lÂ’odeur de mon sang
Et quand viendra lÂ’apocalypse
Je me pâmerai avec délice !
Dans l’onde meurtrière des âmes tordues
Je cracherai ma défunte vertu
Achève-moi , à présent ,
Que ce corps cesse dÂ’ĂŞtre ma prison !
Sur ma tombe , je ne veux rien
QuÂ’un tas de gravats et de terre
Mon âme s’est perdue sur le fil
Je ne suis que pulsion et chair fébrile .
Quand , après avoir vidé ma chair
Dans leurs lascifs Ă©bats
Ils m’aient jeté en Terre ,
Et prise comme paria .
Mais quand tu agoniseras , avec les tiens
JÂ’aimerais quÂ’un enfant innocent vienne
Et pour pardonner mon combat souterrain
Qu’il dépose sur ma tombe
Depuis longtemps oubliée
Une larme ou deux
Et une fleur de jasmin .
Â…
Joël :
Morte Â…
Assassine Â…
Je suis ici , je suis en bas .
Ton compagnon
Et mes racines
Sont alluvions
De cette machine .
Je suis vivant
Et qu’hurle Cerbère
Dans mon esprit colère
Je saurai briser la colonne
Qui maintient ma raison .
Tu es une forme
Bâtie de mes mots
Et morte du feu
Qui coule dans mon dos .
Et vers-oĂą puis-je maintenant
Tourner mon regard décousu
Pour quÂ’enfin , finalement ,
JÂ’y retrouve ma vertu !
J’en ai assez de me voir conspué
Par des lâches bien trop fiers
Et que mes mots , brisent le sol
Et me mènent droit en Enfer !
Â…
Et notre sang sur les trottoirs
Sales des métropoles , au soir
Continue Ă couler , continue Ă choir
Il nÂ’est plus temps
Il nÂ’est plus lÂ’heure
Pour toi et moi
Non , plus dÂ’espoir .
Et je vous hais , au creux de mes plaintes
Appendices qui venez blasphémer l’innocence
Et sans scrupule souiller nos réminiscences
Et les quelques intention encore saintes !
Au crépuscule , je partirai
Briser ma colonne
Contre l’éternité .
Au crépuscule , te rejoindre
Loin des hommes
Et des pages cornées …
Par Bardiel Wyld le 13/1/2003 Ă 0:24:17 (#3007115)
Par Torkaal / Lormar le 13/1/2003 Ă 1:48:42 (#3007445)
Par Floloa Terrae OD le 13/1/2003 Ă 10:58:27 (#3008645)
Excellent
Par Maver|ck le 13/1/2003 Ă 14:48:41 (#3010243)
(Feriez un joli duo avec Laura ;))
Par Titplume dChou le 14/1/2003 Ă 11:37:24 (#3017155)
Par Rainn le 14/1/2003 Ă 19:42:39 (#3021170)
Voilà , aujourd'hui , j'ai appris qu'avec mon groupe , j'allais au Festival des Lycéens , après un passage dans l'Sud Ouest du coin ... Alors j'suis en état de grâce , depuis , surtout que , à mon grand bonheur , tous les groupes et projets de mon lycée ont aussi été reçus ..
C'est génial , quelle belle aventure .
Comme , regardés avec objectivité , nous sommes faibles , traîtres , égocentriques et misérables .. mais comme , lorsque , tout grain de sables que nous sommes , nous nous mélangeons au autre pour construire quelque chose , tout cela devient alors assez beau ...
Sur cette note d'enthousiasme , j'me mets à travailler sur le site des Citrons , d'un autre groupe et de tous les projets du Festival 2003 montés dans mon lycée ..
Attention mon ami
Au flammes et aux diables
Aux acrobates agiles
Et aux danseurs du fil !
Aux amants d'Ă©lectriques
Muses , vives flammèches
D'une jeunesse naĂŻve
Qui crie son ressentiment
Dans un soupir Ă©teint
Dans une mer de cuivre
Au milieu de la ville , compère
Au milieu des champs .
Si tu cherches le romantismes
OĂą la douceur du satin
Mon frère , nous sommes humains
Et saltimbanques Ă©clectiques .
Entre , et mets-toi Ă lÂ’aise
Nous jouons avec les feux
Avec encore les dieux
Avec bien sûr tes yeux .
Lève-toi et danse et chante
Et raconte-nous tes merveilles
QuÂ’un feu dans la ronde
Tu ne seras quÂ’Ă©tincelle
Derrière les flambeaux et le bruit
Et lÂ’amour qui au printemps fleurit
Derrière ses yeux qui pleurent
Derrière la fleur qui meurt
Je raconterai , le cœur pincé
La vague qui nous projette
Vers lÂ’avenir , vers lÂ’escarcelle
D'autres souvenirs qu’on a oublié .
Croque les comètes à pleines dents
Et sois de chaque nuit nouvel amant
Pour quÂ’enfin , dans le voile lÂ’oubli
Tu revois son sourire , et brise ce ciment .
Et par ma fenĂŞtre , ce jour un peu blanc
Tombé sur un carreau , sur mon cœur dolent
Un rayon de soleil et une fleur de jasmin
Un souvenir enfumé , dans ce clair matin .
Prends garde aux danseuses
Et Ă leur souffle avide
Au détour d’une romance neuve
Elles pourraient te laisser bien vide
Et ton cÂśur , pour elles un jouet
Dans ce grand cirque cruel
OĂą tu feras tes armes , assez
Pour te creuser une place au soleil .
Et viens avec moi , sur mes Ă©paules
Je t’emmènerai à tous les vents
Dans tous les pays , sur les deux pĂ´les
Tu es si lassé , or tu n’es qu’un enfant .
La route nous attend , et au pire
Et la journée mourra , tu sais
Entre les caresses dÂ’un soupir
Lorsque nous aurons enfin trouvé
L’illusion d’un abri , tous cachés
Sous les rameaux dÂ’un cerisier
En fleur , il couvera nos délires
Et nos confidences étouffées .
Lorsqu’en fin la dernière voix
Vacillant encore dans la lune
Aura fait son dernier pas
Sur la falaise des rĂŞves nocturnes
Tu entendras le silence
De tristes vagabonds aux yeux blasés
Et sur ton cœur épuisé
Je poserai ma main
« N’écoute pas la voix
Qui te maintient , ami
Que grains de sable , toi et moi
Nourrirons les vers ennemis
Si mes yeux doivent fermer
Que je meure sur la route !
Toujours , vers lÂ’infini
Toujours , de nos cœurs enflammés
Nous resterons les rois ! »
Etendue , à tes côtés , la magicienne
Des feux , dÂ’artifices ou de joie
Te sourira avec malice ,
Dans la brume qui nous recouvre
Elle te parlera de tout plus que de rien
Ou peut-ĂŞtre simplement , si le temps sÂ’y prĂŞte
De sa vie , de ses blessures secrètes
Et de tes yeux quÂ’elle trouvera si divins .
Que faire , devant des yeux si troublants
Alors quÂ’autour de toi , les corps sont clos
Vous avez parlé de vie , de mort et d’amour
Pendant que le soleil brûlait dans sa lumière
Tu te pensais à l’abri des desseins de ton âme
Voilà à nouveau ta nature de poussiéreuse
Te rappeler que tu es faible
Que tu aimerais serrer dans tes bras
Cette jeune fille un peu peureuse
Elle nÂ’est pas dangereuse , ni mauvaise enfant
Mais son cÂśur est un ange un peu vagabond
Ecorchée au passage par les épines du chemin
Ca nÂ’mÂ’Ă©tonnerait pas quÂ’elle te prenne la main
Nous sommes tous un peu sauvages
Sous nos airs édulcorés
Et elle te piquera le visages
Si tu venais Ă tÂ’attacher .
RĂ©ponds lui sans chercher et sans haine
Par un sourire ou un baiser
Et rappelle toi , Ă´ mon fils
Que cÂ’est au cieux que tu tÂ’ouvres .
Ne cherche pas , celle qui te trouble tant
Sera peut-ĂŞtre amie ou amante
Une connaissance d’un éphémère
Ou bien celle qui partagera
Tes tourments et autre fleurs amères .
Et tes printemps , au creux du ciel
Et tes hivers , six pieds sous Terre Â…
Si un jour la lassitude
Te chasse de notre aventure
Installe-toi ailleurs , sous dÂ’autres latitudes
Mais quÂ’en aucun cas
Ton esprit formé par l’amour de la Nature
Ne sÂ’embourbe dans lÂ’ennui
Ne laisse pas tes songes
Devenir des poids
Ne jettes pas lÂ’Ă©ponge
Ne meurs pas Â…
Par Rainn le 14/1/2003 Ă 19:53:58 (#3021264)
Les Citrons Confits dans l'Sud Ouest
Par Titplume dChou le 14/1/2003 Ă 20:20:05 (#3021499)
Par Rainn le 14/1/2003 Ă 20:35:57 (#3021657)
J 'aurais aimé te donner
A vant que tu ne t'enfuies
S ecrète , un peu de moi
M on espoir de petit garçon
I rradier tes mémoires salies
N ager dans ton océan ...
Je me sens comme une paille
Dans un champ de pierres
Comme un pantin , comme une faille
Dans nos grands jardins d'hiver .
Comme un lion enrhumé
Dans une savane en flammes
Comme le vent oublié
Qui séchait pourtant nos âmes .
Comme un pavé des enfers
Echoué sur le sable
Comme un gramme de tonnerre
Tombé sur ta table .
Comme une goutte de nuit
Sur ton visage un peu triste
Une petite boîte de songes
Enrubané dans ces caprcies .
Mais sous la neige , sous la banquise
Tu pourrais bien trouver , ma chere
Sourire du sort , la chance promise
D'une terre de braise au parfums d'or ...
Sur ces plaines brunes aux printemps qui traînent
Et la glaise humide de nos coeurs de pierre
Je prendrai ta main , et dans tes yeux gris
Je brillerai encore , comme une cigale bleue nuit .
Par Rainn le 14/1/2003 Ă 21:24:45 (#3022114)
Provient du message de Titplume dChou
Ske t'es photogénique ! :p
N'est-ce pas ? oO :p
Râah .. comme j'ai espoir ... Comme cette petite étincelle peut réveiller une personne qui se pensait pourtant la plus éteinte des morosités . La plus triste des gouttes , le plus blasé des esprits las ...
Vive la musique , vive les sentiments , vive l'espoir , au gré du vent :)
Merci , Plume , pour tes mots si gentils :)
Et à tous ceux qui ont posé leurs regards sur ces quelques mots .
Joël , / Parolier bucolique / Avec sa batterie en plastique . (Dixit Mathias , en photo avec mwa :p)
Par Rainn le 16/1/2003 Ă 20:15:21 (#3037323)
"
CÂ’est lÂ’exil , vers les montagnes
Du peuple de la faim
Des profondeurs oubliées
Epris de liberté ,
Ces révoltés du bagne
SÂ’en vont en chantant
Sur les chemins promis,
Et aux quatre vents
Des airs aussi fertiles et impatients .
Goûter aux effluves de délices
Des monts à peines effleurés
Goûter aussi l'eau pure et lisse
Qui descendait des cimes argentées
CÂ’est lÂ’histoire cruelle ,
DÂ’un peuple aux yeux clos
Qui embrassent sans gémir
Les flammes dÂ’un prochain chaos
Qui ne voient dans le soleil
Que l’or et la précieuse perle
Qui , blâmé pendant des siècles
S’élance , puis finalement se traîne
Vers un enfer tout autre
Mais vers d’autres chaînes .
Au son de la flûte , ils se sont enfuis dans l’espoir d’un monde nouveaux , au rythme de leurs chants , bercés de flûte de pan …
F uyons , de la ville dangereuse
L à -haut , dans la voûte nuages
U ne seconde de vaillance
T ous , quittons les abris
E n route vers les mers neigeuses
D e nos craintes intrinsèques
E n égoïsme fébrile , pour ingrats démons .
P ar dessus nos épaules , jetons les dérives
A pprochez encore , au son de le flûte
N ayez plus de peur , en gravissant les monts .
Mais l’orage menace , lorsque les hommes s’enferment dans leurs cocons , dictant ceux qu’ils croient justes , et tuant en toute bonne foi . Les flammes éperonnent le ciel , sur les bûchers aux sorcières . Les inquisiteurs restent de marbre et c’est à peine si le doute les effleure . Ils croient bien faire , mais l’innocence se meure . Lorsque retentissent les cris de l’enfant qu’on emporte ,dans le ciel qui s’embrasse , sonne le tocsin de la peur .
T out est feu tournoyant et cramoisi
Ă” dieux , quÂ’avons-nous fait pour quÂ’ainsi
C erbères d’anciennes plaines innocentes
S ouillons cette terre entre nos mains naissante
I l ne reste du village , crée par mes pères , que
N eiges salies par des instincts primaires .
D ans la cour , nichée dans une falaise
E ventrée par les vents , sèchent encore la chairs
L a chasse au sorcière , par les hommes rendus fous
A décimé les âmes d’innocents jetés aux loups .
P our nous retrouver , autour d’un bûcher étouffé
E pris de haine , perdant nos regards sur la chute des corps
U ne fois encore , sur les visages des condamnées
R Ă´tissant sur le charnier , au rendez-vous de la mort .
Dans les chemin de son peuple qui s’égare , il lève son visage , et ses pupilles claires , vers les cieux si cruels et la Terre , autrefois péril , qui devenait son rêve . Une mélopée de dépit , dans une nouvelle matinée , personne n’a vu ni n’a senti , l’enfant des nuages s’éveiller .
U ne poignée de cendre , entre mes doigts s’écoule
N uit dÂ’enfer , nuit de sang qui me trouble Â…
E st-il un cÂśur qui ne connaisse pas
N anti dÂ’une aubaine Ă©ternelles , les
F lammes de la haine et lÂ’appel du sang
A présent je marche , fantôme sur les braises
N ous n’avons épargné que nos larmes
T ant nos cÂśurs Ă©taient vides de sentiments .
D es orgues fêtent l’arrivé du matin
E t avec lui des premières floraisons
S i je pouvais partir vers dÂ’autres saisons Â…
N ous sommes un peuple de prophètes
U nis dans un carnage sanctifié et sauvage .
A u bord de lÂ’une falaise , je me suis assis
G oûtant au délice de la mer de nuages
E n bas , je vois les plaines de mousse
S ais-tu quÂ’en mon coeur , la Graine pousse ?
Le chemin pouvait reprendre .
"
Par Titplume dChou le 16/1/2003 Ă 20:43:54 (#3037470)
Par Floloa Terrae OD le 16/1/2003 Ă 22:19:55 (#3038017)
C'est exagérément beau ;)
Par Rainn le 17/1/2003 Ă 21:21:40 (#3044742)
Oh ..
Ma cuisine . Ordonnée , propre . Blanche , lisse .
Une assiette , je pense avoir faim . Oh .. J'ai une tĂŞte de fantĂ´me .
A manger . Je n'ai pas envie d'avaler quoi que ce soit , ça me donne l'impression de jeter des vers au fond de mon corps , j'ai l'impression que mon intimité est violée par des serpents .
Mon intimité . Quel mot obsolète .
Un couteau .
La sensation de la lame sur ma peau .
Quel geste idiot .
Pas de douleur , absolument rien .
La chair se déchire , absolument rien .
Le sang fend la peau , absolument rien .
Je n'ai plus faim , je vais ranger le couteau , l'assiette , éteindre la lumière dans ma cuisine . Ordonnée , propre .
Blanche , lisse .
Par Rainn le 17/1/2003 Ă 23:34:10 (#3045537)
Je suis un anachronisme vivant
Une Ă©toile jaune dans le levant
Impossible et insensible
Froide lumière dans le brasier du matin
Je suis un fantĂ´me , un baiser invisible
Un arc en ciel , un météore , un parfum .
Un météore de folie
Qui danse entre les lames
Une heure de sursis
Qui Ă©graine mes larmes .
Je pleure pour la folie
Qui trépigne à ma porte
Pour avaler , dévoreuse impie
Mon innocence quasi-morte .
Dans les lueurs du matin
Je suis le parle d'ébène
La rosée maladive
Sur un noueux brin d'herbe
Je coule en silence
Contre son front plat
Contre son corps froid
Entre ses doigts las .
Une seconde déphasée
Par rapport au lit tranquille
Ou le monde s'Ă©coule
Dans le temps fertile
Un instant en dehors
Où la réalité sait se montrer .
Sous une nouvelle aurore
Brillante et désespérerée .
OĂą rien n'existe plus vraiment
Que mon grain de sable brillant
Qui glisse sur vos fronts plissés
Qui court dans vos veines emballées
Et alors que la nuit tombe
Et qu'enfouis sous vos draps
Vous penserez peut-ĂŞtre
A votre raisons d'ĂŞtre lĂ .
Assis dans la lune , sur le bord de l'onde
Blasé d'infortune et de sources sombres
OĂą mon sang s'abreuve de milles ciments
De milles barreaux forgés pour mon sang .
Sur les bords d'un lac
Aux flammes si pâles
Je jetterai dans un sac
Ma raison de cristal .
Par Rainn le 19/1/2003 Ă 18:32:44 (#3054804)
Une véranda qui oublie ...
Il doit être à peu près 18h .
J'étais assis sur une chaise longue , recouverte d'un ancestral coussin . Le mobilier qui trône dans cette excroissance cimentée . Ce bras de maison dans une mer d'herbe froide .
Une guitare un peu désaccordée à la main , l'âme un petit peu désaccordée aussi . Le regard dans le ciel . Il ne me renvoie pas d'éclairs , ni quelque rayon de lumière plus apaisant . Rien . Il est gris , il est opaque , vide . Il doit penser , lui aussi .
C'est vrai que ce lieu incite à le réflexion . Dans ce jardin , tellement de rires . De rires de jeunesse , j'ai failli dire . Pourtant , je ne suis pas si vieux que ça , mais cette époque un peu plus innocente me parait si lointaine , si diffuse que je ne la retrouve plus qu'à peine dans les grosses gouttes de pluie qui s'écrasent au milieu des rosiers défunts . Au milieu de l'averse silencieuse , mon inamovible chat qui broute ses croquettes dans un bol de bois . Il me regarde , il doit se demander pourquoi je le dévisage avec un si vif intérêt .
Puis la mélancolie me prend , à la place des airs énergiques que je jouais jusqu'alors apparaissent des notes plus longues , des sons plus graves , plus profonds , plus pesants dans leur signification . Des mélodies un peu tristes , des reproches silencieux pour ce qui n'a pas été . Jetés à je ne sais pas vraiment qui .
Mais dehors , rien ne change , les nuages s'amassent , formant une sorte de forteresse laiteuse , planant au dessus de ce qui nous a si longtemps servi de terrain de jeu .
Beaucoup sont partis , mais d'autres restent . J'ai un peu l'impression d'ĂŞtre un fragment d'un ancien moi-mĂŞme , et pourtant ..
Et pourtant , tout évolue . Tout change , et comme disait l'autre : "Rien ne se crée , rien ne se perd" .
Mais pourquoi cette Ă©trange sensation , alors ?
J'parle pas en tant que petit garçon rêveur qui écrit des poèmes . En ce moment , mon sang est celui d'une montagne , je suis hors du temps , de l'espace et de moi même . Je parle en tant qu'être vivant ...
Toutes les parcelles de mon champ de vision sur lesquelles je pose mon regard , ne serait-ce qu'une secondes se transforment en mon esprit et prennent des allures de natures mortes . Plus rien ne vit . Seule une vague tristesse diffuse , et quelques murmures Ă peine audibles , peut-ĂŞtre .
J'aurais aimé , pendant un moment , qu'un grand fracas vienne me tirer de douloureuses réminiscences , mais à présent , non . Je me sens bien , je me sens mort . Je me sens bien , hors de mon corps .
Pourquoi regretter , à présent ? Pourquoi regretter ce qui a été fait , appuyé et confirmé ?
Un vague instant de désespoir , un soupir d'impuissance paniquée .
"Bha .."
Et puis non , je suis ainsi , vous savez ...
Mon chat me regarde avec curiosité .
Quelques gouttes de pluie s'arrĂŞtent pour m'Ă©couter .
"Enfin je pense .."
Le ciel sourit , son visage est fendu de quelques pâles rais de lumière .
Pourquoi regretter , pourquoi défaire ? Je sais qu'une partie de moi est déjà bonne pour l'asile et tout juste capable de détruire l'autre . Mais j'ai déjà vu pas mal de choses dans ce monde , et je sais qu'il m'en reste au moins cent fois plus à voir .
Mais je m'Ă©rode , je me disloque .
Et surtout , j'ai vu tellement de sang couler ..
Oh , mon dieu , comme j'aimerais que ça soit une image , une simple métaphore .
Tant de sang .
17 ans .
Il y a encore quelques années , quelques mois p.e , je grimpais en haut , sur le toit de cette cabane , malicieusement appelée "Le Squat" avec mes amis .
Ils sont toujours là , je sens la ronde qu'ils forment , toujours prêts à resserre la danse dans les moments d'angoisse . Mais nos chemins divergent . Je ne suis pas l'apprenti homme mûr que je devrais être . Je soupire sur ma propre tristesse ..
"Attendez-moi .."
J'ai grandi trop vite , ou pas assez , je n'en sais rien , mais quelque chose cloche , les oreilles me tintent et mon sang bout . Pourquoi donc ?
Dans mes yeux , le ciel se chargeait de flammes dansantes .
"Attendez- moi ..."
Puis la mélodie de la pluie qui sortait de ma guitare frappe de nouveau mon esprit .
Et de nouveau , sur le long fleuve languissant , je m'embarque , tout droit vers la noire figure de la tristesse . De cette outrageante catatonie , à peine exagérée .
Amorphe dans un monde de formes et de mouvement .
Si je voulais revoir le film de ma vie , il faudrait des kilomètres de pellicule .
S'il vous plait .. attendez-moi .
Et ça .. Et ça , c'était moi aussi ..
Et je m'en rappelle , de ça ..
Oh ...
J'avais oublié que ..
Et ce jour lĂ ..
"C'est juste mon imagination" (Comprenne celle qui devra) .
Et puis ..
Un nouveau geste de désespoir , timide , presque méfiant .
J'ai tout ce que j'ai réussi à construire jusqu'ici .
Sous entendu : "Il y a bien quelque chose .. non ?"
Une larme se pointe , elle veut aller rejoindre ses frères et soeurs , dans l'immense océan cristallin et purificateur , là , juste dehors , à quelques mètres .
Une dernière fois je joue cette mélodie .
Quelle magnifique musique .
Tchao le chat ...
Je n'suis pas mort , pas encore . Bon à être jeté , peut-être , vicié au possible , certes , désespère , sans doute , mais vivant .
Et on continuera , jusqu'Ă ce que la montagne se mette en mouvement .
Nous ne sommes que d'infimes grains de sel , mais lorsqu'on prend une perspective plus vastes , on se rend compte que les météores qu'on rêve et qui gravitent autour de nous forment tout un univers , dont on est le centre .
Gloire Ă nous , peuple du sable ...
Je vous embrasse .
Joël ,
Ex-junkie , ex-enfant , nouveau dans un monde pluvieux . DĂ©risoire .
Assis , les bras croisés , dans mes yeux voguent quelques larmes .
Assis , immobile , dans l'immensité d'un monde de lumière et de peurs .
Aux fantĂ´mes d'un enfant .
Tout va si vite .
Dans une véranda qui oublie ...
Par Floloa Terrae OD le 19/1/2003 Ă 19:03:56 (#3055003)
*gorge serré*
Par Snoop- Da Bo$$ -Dogg le 19/1/2003 Ă 19:30:39 (#3055171)
Par Floloa Terrae OD le 20/1/2003 Ă 1:58:12 (#3057518)
Flo*toujours pas remise*Loa
Par Ibuki Tribal le 20/1/2003 Ă 9:34:47 (#3058336)
toujours le meme sentiment apres avoir lu tes textes.. :amour:
Par Titplume dChou le 20/1/2003 Ă 13:53:53 (#3059913)
Loosing my mind,
Need som'body who tell me I'm fine.
Par Rainn le 21/1/2003 Ă 20:03:18 (#3070645)
Il fait si bon , lorsquÂ’au matin
Au saut du lit , vers le ciel violacé
Je lève mes yeux de pantin
Se pâmant d’être dans tes filets .
Ou plus tard , lorsque plongé dans ton regard
J’y vois les dédales et les restes d’espoir .
JÂ’y monte comme un allumeur dÂ’Ă©toiles
Et j’attise les réverbères de tes yeux gris .
Monte sur ma luge , eh , ma belle
On a la montagne et le ciel Ă lÂ’envers
Accroche-toi à moi , ne regarde pas derrière
Lorsque tu nÂ’es pas lĂ , quelque chose manque
Une pièce du puzzle , une présence aimante
Et quand tu arrives , fraîche et douce
CÂ’est Ă peine si jÂ’ose te toucher
CÂ’est Ă peine si jÂ’ose te guider
Dans mon enfer retors et barbelé .
Pourtant , si entre tes bras chaleureux
Je suis une toupie sans volonté
Un rĂŞve dÂ’amoureux .
Dans le train de tes soupirs
Je m’endors , harassé d’ennui .
Dans un western sans spaghettis .
Je tÂ’aime comme le brin dÂ’herbe
Etreint la goutte de pluie .
Je tÂ’aime comme jÂ’aime le jour
Quand il fait nuit .
Ladybird , petit nuage de fumée
Petit labyrinthe embrume
OĂą tu me noies dans le ciel
En dansant , en riant .
Lasybird , sur la tombe du jour
Tu viendras avec moi , dis ?
Lancer des grains de riz
Et attraper les papillons ?
Les papillons en plastique
Dans un grand magasin
Une banlieue sur une île
Juste pour sentir leur parfum .
Viens me rejoindre autour du feu
Je t’ai envoyé ,sous enveloppe feutrée
Une partie de mon cœur , et je l’ai postée
En collant sur le timbre un baiser .
Avec un peu de chance , elle tÂ’arrivera
BientĂ´t tu pourras croquer lÂ’amour
A pleines dents , et si la lettre se perd
Bha .. elle voyagera au fil du vent
Elle tombera dans la mer
Ou aux pieds dÂ’une petite fille
Dans lÂ’assiette dÂ’un couple dÂ’amants
Un bout de mon cœur dans leurs pâtes
Dommage , ça sera alors la fin
De mon western sans spaghettis
Et puis je rentrerai dans ma chambre
LÂ’esprit flou , Ă©toiles dans les poches
Comme entrant dans un saloon , dÂ’un pas leste
JÂ’irai me recoucher , sans demander mon reste .
Une jolie journée , et puis j’aurai jeté
Ma bouteille dérisoire à l’océan
Et puis peut-ĂŞtre quÂ’au matin suivant
Tu seras à côté de moi , qui sait ?
JÂ’te garde un oreiller , et une place chaude
Dans mes rĂŞves et dans mon lit
Tiens , en tandem sur le fil
Dans mon western sans spaghettis .
Par Rainn le 22/1/2003 Ă 13:51:27 (#3075477)
"
Un jour j’irai dans le désert
Un jour pas comme les autres
JÂ’irai creuser des trous
JÂ’irai chercher de lÂ’eau .
Je prendrai des seaux
Des baignoires , des piscines
Je creuserai des tunnels
JÂ’irai mĂŞme jusquÂ’en Chine .
Un peu maladroit , peut-ĂŞtre
Ca mÂ’arrivera de taper sur mes doigts
DÂ’envoyer , en creusant , un morceau
De désert percuter un oiseau .
Ou peut-ĂŞtre je me tromperai de sens
Et j’arriverai jusqu’à la Méditerranée
Tout mon beau travail , inondé
Mais on se calme , et on recommence .
Quand j’aurai réussi à puiser
Toute l’eau du désert .
Je reviendrai en forĂŞt
Sur le dos dÂ’un courant dÂ’air .
Rien que pour tes beaux airs
Quand tu m’avais dit , les yeux fermés .
«J’aimerais tremper mon regard
Dans l’immensité de la mer »
Â…
"
Par Rainn le 22/1/2003 Ă 14:16:11 (#3075691)
Je me sens léger , aujourd’hui
Tellement léger , comme une page
Je mÂ’envole , libre de mes fers .
Pour aller taquiner les nuages .
Sur une île , dans le ciel
J’ai trouvé un papillon
Qui me regardait dÂ’un drĂ´le dÂ’air
Avec un petit soupçon .
Il devait avoir lÂ’habitude
Des hommes lourds et bĂŞlants
Des grosses voix
Sourdes et immatures
De nos petites prisons .
Alors j’ai continué mon vol
Je suis passé devant lui
Et je lui ai laissé un bol
Où j’avais rangé mes soucis .
Tiens je nÂ’en ai plus besoin
Tout ça , pour moi c’est fini
Je vais retrouver les miens
Dans un nuage tout près d’ici .
Si tu veux , viens avec moi
Je te montrerai ma technique
Pour faire détaler l’ennui
Que écrase mes frères là , en bas .
Il mÂ’a souri et a dit
« Regarde mes grandes ailes , amigo
Je peux te trouver les mĂŞmes
Mais alors emmène moi plus haut » .
Je l’ai emmené chez ma belle
Elle habitait dans un palais
Des cieux elle Ă©tait la reine
Et son île était haut-perchée
On a bu tous les nuages
Autour d’une table on a trinqué
Et puis d’un coup , le réveil sonne
J’ai commencé à dégringoler
JÂ’ai fini ma course dans arbre
Juste devant ma belle maison
Mais sur dos , cÂ’Ă©tait Ă©trange
S’était posé un papillon .
Par Rainn le 22/1/2003 Ă 21:21:14 (#3079454)
-Tu sais que cela fait des années que je t’aime en silence . Que je te suis , telle ton ombre , que je te relève lorsque le vie t’accable , que je caresse ton visage en ravalant mes larmes , et tu t’y complais , tu n’as rien dit , jamais .
-Je ne savais pas Â…
-Tu le savais très bien !
**raidi**
Tu le savais .. pour toutes ces journées où j’étais évanouie dans mes pensées , dans mes chimères , alors que tu courais de succès en défaite , me laissant seule , à chaque fois . Toute seule , avec les ombres comme seules ami , et sans amant à chérir . Tu n’étais qu’à protéger . Mon amour était ton bouclier .
-Non . Tu te trompes .
-Tu ne m’as jamais aimé .
-Non .
-Tu mÂ’as toujours menti .
-Je ne t’ai pas menti , mais moi même , les rennes de mon âme me sont étrangères à moi aussi .
-Tais-toi , une fois de plus , tu blasphèmes mon cœur et piétines mes sentiments les plus chers . Tais-toi et laisse moi seule !
**ne bouge pas**
Pourquoi es-tu encore lĂ !
-Je ne veux pas partir .
-Que fais-tu lĂ ?
**Un temps**
-Laisse-moi ĂŞtre fort .
-N’est-ce point assez que de m’avoir traînée jusqu’aux larmes ?
-ArrĂŞtes Â… Je ne voulais rien de cela . Laisse-moi ĂŞtre fort , ĂŞtre prĂŞt , ĂŞtre solide .
-Et pourtant , tu as été la cause de mon malheur depuis déjà des années , tu n’imagines pas toutes ces nuits à raviver , moi-même , les propres flammes de ma tourmente !
-Laisse-moi ĂŞtre fort , ou je serai perdu .
-Eh bien perds-toi ! Et va-t-en pour toujours !
**Un temps**
**sanglots**
-Tu veux vraiment que je mÂ’en aille ?
-QuÂ’est ce qui te reste Ă faire , ici ?
-JÂ’aimerais te consoler .
-Touche-moi , et je t’assommerai de toute cette colère mordante , que je garde , à chacun des soupirs d’amoureux transi , pour je ne sais quelle belle , que tu m’infliges depuis ce temps . Tu as fait de moi ton rempart contre la réalité .
-Tu fabules , allons ! Tu es une amie .. une amie très chère .
-Et ainsi encore , ne te rends-tu pas quÂ’en occultant mon amour , tu ne me conspues que plus !
-Laisse-moi mÂ’excuser .
-Je ne te laisserai plus rien , je ne serai plus ton armure de velours ! Prends ce que tu veux et vas-t-en !
**un temps**
-Mais Â… je Â…
-CÂ’est donc moi qui mÂ’en irai !
**elle se lève brusquement , le dévisage avec instance , puis quitte la scène**
**dévissant une fiole**
**humeurs**
-Eh bien ..
**dÂ’une voix monocorde**
C’est ainsi qu’entre êtres humains on se traite . On veut s’aimer , chercher la chaleur d’un autre pour réchauffer ses os et lui offrir nos cœurs en échange , mais nous n’aurons jamais plus en nos cœurs qu’épines et barrières hérissées , pour chacune , de nos peurs intrinsèques . On veut aimer , et l’on ne peut jamais qui ruiner l’autre . Un autre qui nous oubliera doucement .. Et je ne suis pas victime . Un bourreau . Un bourreau qui souffle .
Qui souffre .
**Vide dÂ’un trait la fiole**
Voilà maintenant mon horizon , la froide plaine décomposée , la mort viendra doucement , dès que je fermerai les yeux . Sois heureuse , enfin , puisque je ne peux être heureux pour toi , pour réparer ton cœur . Je fuis une fois de plus . Humain et honteux .
**Un temps**
Je reste droit , à présent , j’attends , quand il est trop tard déjà .
Pardon .
**Pris dÂ’un malaise , sÂ’Ă©croule , sans un bruit**
**Entrée précipitée sur scène du premier personnage**
-Ecoute , j’ai bien réfléchi , j’aurais du déjà te mettre au courant , j’aurais du baisser ma garde , te prévenir , communiquer , dès le début , nous sommes deux , nous sommes incomplets et faibles , mais je suis sûr que ... je …
**Baisse les yeux sur le corps sans vie**
Â…
Seuls .
.
Je tÂ’aimais .
**dans un cri**
Lâche !
Par Leoll le 22/1/2003 Ă 22:05:54 (#3079814)
Par Rainn le 23/1/2003 Ă 19:27:34 (#3086481)
Endormi dans ma musique
Les cheveux en cascades
Toutes les notes escaladent
Vers les cieux Ă©lectriques .
Lentement sur ma fenĂŞtre
Eclatent de petites bulles dÂ’eau
Il pleut comme si tout en haut
QuelquÂ’un essorait les nuages .
J’ai juste attrapé mon sac
Avec quelques unes de tes lettres
JÂ’ai relu mes anciens cauchemars
Et j’en ai arraché quelques pages .
J’y ai jeté mes pinceaux
Et ma palette et ma guitare
Pour dessiner dÂ’autres oiseaux
Je sens que je vais rentrer tard
Et j’ai semé des lumières
Sous tous les trottoirs de ma ville
Et puis j’ai mélangé à l’air
Quelques grammes de sourire .
Mon monde est un château de bulles
Une pyramide dans un ruisseau
J’y traîne comme un noctambule
Entre les ombres et les roseaux
Je suis un chevalier en verre
Sans épée ni haine ni couteaux
Et je chevauche un courant dÂ’air
Qui Ă©tait sorti dÂ’un chapeau .
Je sortirai mon trampoline
Et je prendrai tous mes pinceaux
Je sauterais jusquÂ’Ă la ville
Pour lâcher des fées dans l’métro .
Par Rainn le 24/1/2003 Ă 22:54:26 (#3094639)
Tu as dÂ’abord , dans un geste brusque
Repoussé mes soupirs importuns
Puis dÂ’une poigne inpensable
Broyé mes idéaux de pantin .
Tu as ruiné mes espoirs
La cave fermée à clé , yeux plein de sel .
Le coupable de lÂ’histoire
Celui qui cherche sa chapelle .
En déchirant mes chairs impies
Tu m’as répété sur un ton de folie
Que ceux qui ne versent que des larmes
N’étaient dignes que de mépris .
Et en piétinant mes os , furibonde
Tu psalmodiais des jurons sur mes cendres .
Meurtre dÂ’un enfant exsangue
Je ne cherche pas même à me défendre .
Dans un marais d’opprobre , mon sourire figé
Tu as jeté , avec m’avoir fait voir dans ce prisme
Que nÂ’Ă©tais quÂ’un vulgaire et faible insecte
Entre tes serres , satisfaites de sadisme .
Qu’enfin je pleurais sur des chimères dolentes
Et que jÂ’Ă©tais seul coupable de mes querelles
Tu me l’as dit , comme si un bout de lune acéré
T’étais rentré dans l’œil , pour te rendre si cruelle .
Et si tu as brisé mon corps et mes croyances
Et si riante au milieu de cette hérésie
Tu ris en écartant mes douleurs brisées
Je me demande tout de mĂŞme ..
Si Â…
Par Maver|ck le 25/1/2003 Ă 1:53:06 (#3095466)
Par Rainn le 25/1/2003 Ă 10:28:06 (#3096367)
Les aiguilles de ma montre
Tournent encore et encore
Je suis comme une nuage
Qui attend quÂ’on lÂ’essore
Dans la rue , je marche encore
Les mains rangées dans un tiroir
Le soleil sirote un nuage , encore
Les yeux enfouis dans le trottoir
Je sens mon sang qui coule
Sans fin , et les berges fertiles
De mes veines déboulent
Dans un grand océan de joie .
Si tu veux venir dans le brouillard
Jouer aux ombres avec moi
On ira jusqu’aux lisières des bois
On refera le monde jusquÂ’Ă trop tard .
Les gens que je croisent sont fins tireurs
Ils dégainent leurs grimaces avant même
Que je ressorte des brumes dÂ’hiver
Pour leur adresser quelques mystères .
Que je nÂ’oublie pas de ramasser leurs sourires
Et de les ranger dans mon classeur
Un recueil de tous ces petits plaisirs
Qu’il sèment chaque heure .
A côté de ma chambre , il y a un cerisier
Qui se prend pour le phare dÂ’Alexandrie
Il jette aux passants les rayons de soleil
Qu’il a pu ramasser pendant la journée .
Dans cette ville un peu folle
Je déboule sur mon cheval beige
Un peu démodé , parfois je tombe
Et je roule dans la neige .
Mais la prochaine fois , je viendrai
A pieds , en glissant sur le verglas
Je redistribuerai les sourires récoltés
Aux enfants , aux adultes et jÂ’en garderai un
Pour toi .
Par Rainn le 25/1/2003 Ă 12:16:27 (#3096814)
J’ai trouvé derrière ma porte
Un petit paquet en carton
CÂ’Ă©tait assez Ă©trange pourtant
Pas de facteur Ă lÂ’ horizon .
Alors jÂ’ai ouvert le paquet
Plein d’impatience et excité
Et lĂ , Ă ma grande surprise
J’ai trouvé un morceau d’étoile
Qui semblait perdu dans lÂ’brouillard
Au milieu des rues et des râles
Je lui ai demandé ce qu’il faisait
Ainsi dans cette ville un peu grise .
Il mÂ’a dit quÂ’il cherchait sa sÂśur
Une petite fée un peu timide
Qui s’était coincé une aile
Dans les yeux d’un beau ténébreux .
Alors on est partis ensemble
Et moi je devais avoir lÂ’air
DÂ’un indien un peu curieux
Avec cette plume dans mes cheveux .
On naviguait calmement
Sur un petit radeau en bois
Le vent ne soufflait pas vraiment
Mais on ne perdait pas la foi .
Quand soudain au coin de la rue
J’ai aperçu la petite fleur .
Elle était allongée par terre
Peignant ses ailes dÂ’un air boudeur.
Alors on a freiné très fort
Pour faire sÂ’arrĂŞter le radeau
Mais la vitesse Ă©tait trop grande
On aurait dit un rodéo .
La fée a sauté sur le pont
Et on a dévalé la pente
On avait beau griffer le vent
Il nous poussait dans la descente .
Alors on a pris nos fusains
Pour dessiner devant nos yeux
Un bout de mer perdu au loin
Un paradis loin de ses dieux .
Et puis le radeau s’est brisé
On a volé dans le décor
Et jÂ’ai atterri dans le sable
Alors que se levait lÂ’aurore .
J’ai levé les yeux vers le toit
Et jÂ’ai vu sur un bout de bois
Le bout dÂ’Ă©toile avec sa sÂśur
Qui décorait un coin de ciel .
Je me suis dit quÂ’avec lÂ’Ă©lan
Ils avaient du percer la laine
Du petit matin et du vent
Qui faisait pleurer la mer .
Alors je suis rentré chez moi
Leur envoyer dÂ’autres couleurs
Et puis ils sont venus chez moi
Pour mettre lÂ’ennui Ă lÂ’envers .
On a repeint toutes les chambres
En jaune et bleu et puis en vert
Et on est sortis dans la rue
Pour surfer sur les courants dÂ’air .
Par Rainn le 25/1/2003 Ă 13:37:16 (#3097488)
C oudre mon corps de volcans
O ublier encore qui je suis
L ancer au fond d'un précipice
E teint , mes humeurs mĂŞlant
R age et oubli dans un torrent
E ntraîné par la Roue oppressante .
.
B Ă©at . VoilĂ le mot , Ă©tendu sur la place
L a journée s'écoule , et gémit à présent
I ci , entre chaque grain de sable , je respire
S i calme , Ă©tendu au coin du temps
S i calme , perdu dans le vent ...
---
L iés les uns aux autres , sous le parvis
E n fleur d'une automne en oublié
S erait-ce dans les champs désolés
E n cet amphithéâtre de peines que
C rédule , je trouverai la clé des nues
R aidissant mes chairs , sous le parvis mouillé
E tends-tu , toi aussi , cet air d'harmonica ?
T enons-nous la main , le vent nous entendra...
---
A rpente-donc les cieux , Ladybird
U ne insaisissable Ă©tincelle , sans cesse
M ontante et descendante , une toupie
I risée par le soleil , devant elle en liesse
L issant les nuages , naviguant lĂ , puis
I ci , entre passions et tristes ennuis
E corche mes douleurs , Lasybird
U n jour je viendrai jusqu'à toi , si je ne le suis pas déjà .
.
Par Titplume dChou le 25/1/2003 Ă 14:24:12 (#3097847)
Provient du message de Maver|ck
Du respect, stou. :)
Pareil.
Par Rainn le 25/1/2003 Ă 14:28:03 (#3097871)
Je ne suis ni bourreau ni victime
Mais une plume lâchée dans le vent
Dans un automne au milieu des eaux
Je flotte doucement et le temps est venu .
Le temps dÂ’oublier quÂ’il y a de sombres
Visage qui flottent au dessus de nos tĂŞtes
De vivre et de cultiver , malgré les ombres
En nous-même , et arrêter d’être ascètes .
M audits dieux et maudit ciel qui m’a vu naître
Y aurait-il eu dans mes gênes , dès le jour de ma
N aissance , une malédiction tacite , qui orienterait
A mon insu la parabole du destin vers la face secrète
M auvase , Ă la pointe sud de lÂ’astre des ĂŞtres .
E n ce désert où l’air n’est plein que de culpabilité .
O dieuse injure , faite Ă lÂ’orgueil des visages sans tombe
N iant l’innocence avec la déterminée colère
L ancinante , dÂ’un couperet qui trop vite tombe
Y aurait-il un réverbère pour porter ma lumière ?
R iante encore , tu souilles mes larmes Ă©parses
E n mes yeux flambés d’ombre , je dois me résoudre
V ivre ainsi , en ombre abattue oĂą en bourreau de fer
E st-ce finalement un erreur , de diviser la Terre
A insi que je le fais , en coupables et en martyrs ?
L a vérité , devant cette obscure faute , resterait sourde
S ourde au mensonge qui déchire mes tympans ?
I l est donc assez pleuré , et dans la barque qui
T raîne , destinée à m’échouer tel un coquillage
S éché sur les galets rouges de l’enfer électrique
E grainant mes larmes dans lÂ’acide , tendre ennemi
L e temps nÂ’est alors plus Ă cet ancestral clivage
F ondant mes plus anciens repères dans l’eau du Styx .
W e have mistaken , now it is time for a new
H ero to awaken under this spread out sun
E ntombed figure , called “AT-field” .
N ow and then , weÂ’ll be together hidden .
D id you ever notice , in your nebulous canvas
R ough nights and days , when your childÂ’s thread
U tterly lost behind the sight , whispers
N onsensly these words “All these are your
K in but you’re the only one , don’t be afraid”
W aters have finally drank my wings
I canÂ’t figure if it really was my curse
T oday , i feel like stardust kings
H andle my soul , iÂ’ll leave the castle .
B royé par tes serres , je n’ai pas à pleurer
L es plumes frileuses que tu as arraché
O , ingrate harpie , en qui jÂ’avais confiance
O , phare sanguinaire , tu m’as montré malgré toi
D ans mon cÂśur , le chemin en lequel je crois
Par Rainn le 25/1/2003 Ă 22:10:51 (#3100617)
Je me sens si mal , si vague , entre deux vagues , pris dans la vague .
Comme John McEnroe , comme un monstre sanguinaire , qui , lui aussi , crierait « moi ! » au centre de la Terre .
Les airs de fin d’époque , le rideau qui se tire , l’aube qui s’effile . Ces moments où l’on réalise que ce n’est pas une page qui se tourne , mais bel et bien la couverture du livre qui se referme . Comme ces nuits passées à souffler pour faire danser le vent , à rêver pour faire avancer les choses , à rêver dans le vent , finalement .
Mon nom est Â…
VoilĂ .
Ces quelques mots , c’est se lever au milieu de la foule anonyme , cette foule que l’on crée par douleur , par frustration , et que l’on appelle « Les Autres » . Les autres qui ne comprennent pas , les autres qui ne peuvent pas comprendre , pas percer nos mystères , connaître notre cœurs . Parfois ça nous rassure , mais …
Mais je ne sais pas , c’est quelque chose , une ambiance , une conjecture sentimentale si diffuse , si lancinante de mélancolie que des images se forment en mon esprit .. la fusion , totale , avec un autre être , le bonheur parfait , la négation de toute identité . Un visage blanc , sans traits , sans défauts , sans qualités , sans humeurs , un visage diaphane , sans plus de rideaux ni d’épines , baigné dans une lumière originelle . Un rien . Un dieu sans univers , sans sens . Aussi dérisoire qu’un coup de vent , aussi primordial qu’un soleil .
Je me sens dans ma vie comme le cow-boy sur son cheval qui s’en va lentement vers le soleil couchant , au loin , attendant que le générique de fin s’achève .
Toujours cette voix qui siffle au dessus de moi , cet air de campagnes , cet air qui signifie « Tu es seul , sous cette chaleur , ta quête est belle , mais tu n’es que son objet , tu n’es qu’un ustensile , en toi-même , tu n’es rien » . Eternelle névrose .
Bref .
Ces quelques mots , c’est affirmer que l’on existe , que l’on a un corps , certes , mais aussi un psychisme , un esprit , un affect , et une identité qui , même si elle est friable , sujette au temps , aux épreuves , aux changements , existe et a la prétention d’exister . Que nous ne sommes pas que des images qui défilent sur un écran , mais qu’à nous seuls , nous sommes des univers , individuellement pris , des constellations perdues dans un grain de sable .
Cette chaleur qui brûle mes os …
Et ainsi , mesdames et messieurs , le rideau tombe
J’espère que vous aurez aimé ce petit spectacle
C’était une belle journée , avec vous , en silence
Dans quelques contrées oubliés , rongées par les ombres .
Suivez vos rĂŞves qui sÂ’estompent lentement
Pour trouver la sortie de la salle
Tout est mort , tout est ruine à présent
Sans vous ce monde nÂ’est plus quÂ’un souvenir .
J’espère que vous en garderez le cœur gonflé
Les pensées un peu retournées , les larmes plus douces
Dans le sel de vos tristesses , quelques gouttes de rosée
J’ai peu d’espoir , mais il est à présent votre .
Si même , saltimbanque déchu , je quitte ce métier
Pour reprendre les armes et déchirer des vies
Peut-être qu’en vos cœurs , ces scènes auront poussé
Et alors je mourrais dans lÂ’extase du devoir accompli .
Avez-vous remarqué le petit bout d’étoile
Qu’à chacun de mes pas j’ai laissé choir
Une lumière silencieuse , espoir tacite
Fragment de lune , entre surprise et déboires .
A présent , le rideau tombe , j’ai peur des airs
J’ai peur du désert .
De ce qui flotte dans l’atmosphère ,
J’ai peur d’être prisonnier d’une sphère .
De la contrée sans frontières
Cette contrée verte et tendre .
Qui chante et qui ruissèle .
De la prison en plein air
Celle des rêveuses et des marchands de chimères
BĂŞte sanguinaire Ă©tendue dans lÂ’herbe
Plein air .
Plein air Â…
Mes idées fermés , closes , défilent dans le ciel
CÂ’est la fin , je nÂ’ai plus de visage .
Le rideau se ferme .
Je nÂ’ai plus de visage Â…
Je n'ai peut-être pas tout à fait fini , mais si c'est le cas , ceci sera mon adieu définitif ... :)
Ca dépendra de demain , des prochains demains .. si l'inspiration revient , si j'ai encore quelque chose à dire . Si mon visage se redessine . S'il faut qu'il se redessine .
Je vous aime très fort .
Joël .
Les rideaux doivent-ils toujours être tirés ?
"My name is John McEnroe
Do you know my poetry
It will be written with
The blood of the bad referees" .
Par Elae le 26/1/2003 Ă 13:21:06 (#3102961)
C'est tellement beau que je ne trouve pas plus les mots que les autres, et que si je les trouvaient, ils sembleraient miserables à coté des tiens...
C'est beau. Et c'est tout.
:amour:
Par Rainn le 28/1/2003 Ă 21:08:57 (#3121428)
Petit cadeau .
La ferveur est chose merveilleuse .
"
Il y a quelques nuits déjà de cela , j’ai écouté une certaine chanson , associée à une certaine image , et en mon esprit , la déflagration fut merveilleuse . Un nouveau paysage , des horizons liquides . Tout était nouveau , j’avais trouvé .. trouvé enfin ce que je cherchais depuis des années .
Aujourd’hui je vous parler comme le pèlerin qui , portant au loin son regard incrusté par le temps , voit le soleil se coucher , ne sachant pas encore où sa route le mènera , mais heureux de se sentir un avec la lumière , même avec la perspective d’une nouvelle nuit à venir , froide et glaciale , avec toutes les douleurs qu’elle implique .
J’ai trouvé , disais-je , un élément de réponse . J’ai arrêté de chercher l’absolu , car j’ai fait face à cet absolu . Un élément de ma réponse , et non plus de LA réponse , celle qu’on nomme , avec tellement de larmes dans la voix , le sens de la vie .
L’image d’un océan investit mon esprit , puis , y superposant un élément de genèse (Adam dans Evangelion , mais peu importe) , je sentis mon cœur battre tellement fort , avec tellement d’emportement , qu’il m’en fit craindre la défibrillation . C’était donc ça , que je cherchais , sous ce halo de lumière , dans ce coffre milles fois sanctifié en silence , en notre for inconscient . Je dis notre , car , et je le pense vraiment , cette quête est un peu la notre , à tous . Chercher .. Errants maudits .
Je cherchais à me fondre dans cet océan . Celle que l’on appelle la pulsion de mort – ou Thanatos – par opposition à sa jumelle , la pulsion de vie – Eros - , qui vise à construire , à extirper de l’océan primordial . Mes penchants , et ceux de l’être humain en général , je pense , à travers toutes les représentation distinctes , en apparence de nature bien séparée , tendraient donc vers ceci , cette chose , ce bonheur que l’on désigne en anglais par ce mot si expressif : Bliss , et que l’on nomme , lorsqu’on cherche à poser un mot dessus , fusion ?
Me fondre dans un océan originaire , exister , mais ne plus vivre . Être . Placide , béat , imperméable à la douleur , aux émotions , à la déception . Dans un cocon protecteur . Etrange parallèle , alors , avec la protection que nous serions tous sensés rechercher (ce en quoi j’ai encore un peu de mal à adhérer) , celle du ventre de nos génitrices . Ce manque primordial et impossible à combler . Si pour ma part , j’ai quelques réticences à dire sincèrement que c’est ce que je recherche , même inconsciemment , il m’est impossible de réfuter , et d’ailleurs pourquoi le ferais-je ? De réfuter , donc , que l’image de cet océan , calme , tendre , apaisant , et surtout .. originel ne m’a pas ému au plus haut point . Envolés , donc , la colère , la peur , l’ego , la protection de soi , tous les mécanismes plus ou moins conscients qui visent à nous renvoyer une image positive de nous même , voire une image tout court , afin d’être surs que nous existons , que nous sommes bien là . Envolé la peur de la temporalité , de la mort , la peur de ne pas être , ou du moins de n’être pour rien , envolés également notre vaine quête d’une existence par les autres . Ne reste plus que la vie , l’existence , qui ferait de nous une béate éponge , un réceptacle de la ferveur , justement , d’une succession ininterrompue de choses , d’ombres , de rayons , de couleurs . A la surface de cet océan embras(s)é par le soleil , quelques jours défilent , quelques heures glissent , la lumière s’étend , dans toute sa simple splendeur , tout passe , tout est . La plénitude de ne rien être , ou , du moins , de ne pas être obligés d’être quelque chose de précis .
« Je ne vois que du beau
Des ailes qui me poussent
Dans le dos .
[Â…]
Je ne vois que de l’eau »
Mes pas sont devenus , par la suite , plus lents , moins lourds , moins dirigés . Je marchais . Je regardais , et tout , à mes yeux , prenait une nouvelle couleur . Avec émerveillement , je pouvais regarder un bras se mouvoir , le ciel scintiller , l’eau couler des toits avec lenteur en se parant des couleurs de l’arc en ciel , selon que je les regardait d’ici ou bien de là .Je regardais les gens ouvrir les yeux , marcher , d’une multitude de pas confus , le matin se levait . Tout semblait suspendu , leurs yeux n’exprimaient plus rien , c’était une sorte de photographie en mouvement , où l’essence , l’âme du monde s’en serait retournée à cet océan primitif . J’avançais très lentement , sans peur ni désir , j’avançais dans un temps suspendu , comme un voyageur dans le brouillard . Tout était si doux , si calme … Et je savais que ceci , ce monde si placide, était en réalité une fourmilière d’aspirations , de désirs et de peurs . Je me sentais baigner , nager dans cet océan , que , par référence , toujours à Evangelion , j’ai perçu comme la mer de LCL , ce qui nous détruit et nous apaise , cet océan qui déchire nos chairs et berce nos yeux . Je marchais au rythme du vent qui souffle , porté par sa musique et par rien d’autre , l’esprit aussi vide qu’une place de marché un jour d’hiver , un jour désert , dans un village sans vie depuis des éternités .
Puis d’un simple effort d’annulation , je replongeais dans ma contemplation intemporelle . Je voyais ces gens , de qui j’étais plus distant encore que la Terre du soleil , je les voyais chercher , hésiter , trahir une larme gestuelle , un soupir silencieux . Leurs yeux cherchaient , dans une illusoire faille du sol , dans la plus banale des flaques d’eau quelque chose , cette chose qui émerveillerait tout leurs sans , les soignerait de leur lassitude , et , plus que d’être incorporée à eux , les envelopperait , les baignerait … Je vois mes semblables errer , sur la plage sans fin , comme moi j’erre , jetant mes yeux dans l’océan , dans ma mort si douce .
Puis je me frottais à d’autres de mon espère . Et sentais à nouveau ce mur s’ériger . Lorsqu’un autre perce notre sphère , il faut savoir qui il est , et redéfinir qui nous somme , comme si notre référentiel s’écroulait . Je sentais à nouveau grouiller en moi désirs , aspirations , peurs , essais infructueux , et la palette d’émotion qui permet de tracer notre caractère . De nouveau , ce mur horrible se construire petit à petit , obstacle infranchissable qui fait que chacun de nous n’est jamais qu’un brin d’herbe , tendre et friable , enfermé dans un globe de verre . On cache , on met en avant , on expose à la lumière , on oublie , on attend , on se demande si .. et le temps passe , et le soleil décline , aucune réponse , c’est la malédiction d’être individuels , hors de l’océan de genèse , d’être sortis d’un cocon protecteur pour aller chatouiller d’autres lumière , nous lever pour mieux toucher le ciel azuré . Debout , comme nous sommes seuls , loin de la Terre notre mère . Et une conversation parfaitement hypocrite s’installait , où malgré tout , devant chaque mot , planait le fantôme du moi , triste aventurier de sa propre et intarissable peine , la quête de savoir , la quête de certitude , tenir un bout de terre qui ne s’effriterait pas , plonger nos mains et nos visages dans une inamovible image de nous , de la réalité . Pouvoir dire Cela est Cela , voire même se référer à un principe premier : un Dieu .
Absolute Terror Field , pour reprendre l’expression de ce manga décidément superbe . AT-Field . La barrière intangible et pourtant si présente , si forte , qui nous laisse définitivement exclus des autres , de leurs cœurs , de leurs for intérieurs . Seuls dans un monde seul et pluriel . Rien à saisir , car saisir quelque chose , ça serait oublier le reste , et passer à côté de ce qui nous touche à tout instant . Avec ce refrain en sourdine , à chaque moment : « Regardez-moi » … « Aimez-moi » … « S’il vous plaît , aimez-moi » … Aimez-moi . Parfois , l’on veut contrôler leurs vies , les modeler selon nos désirs , pour qu’ils forment avec nous Notre Monde , quitte à nous rendre agressifs , possessifs , voire violents . Parfois , un intense sentiment de culpabilité , mêlée d’un égoïsme perçu , fait entendre sa voix inquisitrice , au sujet de ce sentiment , cette voix clame que l’on est pas seul au monde , que la tristesse réelle existe , que ce n’est que faiblesse de toujours avec besoin d’un autre . Et en effet , si cela relève de la faiblesse , il s’agit bien de la faiblesse inhérente à chaque petite molécule de notre être , à chaque strate de notre âme , même chez le plus inflexible des cœurs de pierre . Si nous n’étions pas faible , nous serions Dieu , or , nous ne sommes pas Dieu , donc …
On chercherait simplement , au fond , ce qu’il nous manque . Cette petite voix qui nous veillerait , s’épuiserait à notre chevet , à la lumière d’une bougie bleutée , pour nous répéter que nous existons , que nous avons le droit d’exister , et qui ferait germer la plénitude dans nos regards , dans chacun de nos regards . Ainsi tous nos cieux seraient rassérénés . …
Ainsi on cherche la chaleur dÂ’un autre qui ne peut pas ĂŞtre la partie de nous que lÂ’on aimerait y voir .
Ferveur , encore .
Puis les autres nous blesses , l’on apprend à se cacher , à se transformer , à s’adapter , puis doucement le regard devient arme , les gestes signifiants , l’on aime parce que les barrières d’épinent s’effondre dans la poussière , et l’on a l’impression d’une victoire contre la tristesse . Mais cette incomplétition , qui est nous au même titre que nous sommes elle , ne connaît pas la cessation . Et bientôt , lassitude , incertitude , ou bien aveuglement prennent le relais , car on veut croire , mais quoi de plus humain que de vouloir croire ? Heureusement , d’ailleurs , peut-être , que nous sommes capables d’être aveugles !
Alors l’amour ne serait qu’un leurre ? Nous serions fautifs , coupables d’un pêché d’avarice ?
Je ne pense pas .. Au fond , même si notre réceptacle à émotions est d’une infinie contenance , même si l’on finit par concevoir que jamais on ne trouvera le réconfort , comment ne pas être attirés , comme des lucioles par la lumière qui brille , là , devant , dans une maison tiède , un phare dans la nuit , par cette espérance ? Il serait humain , et même indispensable , pour prendre notre de notre état , pour nous connaître , apprendre à nous connaître , et plus encore , apprendre qu’il est nécessaire d’apprendre à nous connaître . En ça les douleurs que nous ressentons en notre plus intime affect sont purificatrices , elles nous permettent de sortir de nos gonds huilés pour aller voir .. plus loin . Elles nous mettent en mouvement , nous permettent de marcher .
Ainsi , rien ne serait vraiment ni bon ni mauvais à part lorsque la lassitude nous submerge , et pour ne point la connaître , il faut marcher , sans cesse marcher , dans toutes directions , vers la pluie ou le soleil , vers les côtes ou bien le ciel , vers les maëlstroms qui nous engouffre ou vers le vent léger qui vient sourire à nos visages .
Ainsi , nous gagnons la ferveur , ainsi , nous pouvons marcher la tête perdue dans les nuages , nous pouvons être aveugles de rien , en nous connaissant au préalable , car lorsqu’on a perdu toute illusion , peut-être seulement le rêve commence .
Mais la mer .. la mer où se fondre , où s’oublier .. paraît un refuge tellement parfait , tellement apte à nous combler .
Je pense qu’il nous faut détruire les barrages , anéantir les barrières , être capables , l’espace d’un temps , de nous immerger dans cet océan réparateur , quelques instants , parfois , pouvoir contempler le monde sans être le monde , puis repuiser suffisamment de ferveur pour s’extraire de nos cocons et continuer notre œuvre . Une œuvre si fragile , si temporelle , si sujette au temps et aux humeurs qu’elle n’en est que plus belle , comme un château de sable sur une plage étoilée . Être capable de nous laisser bercer par les paroles maternelles de ce cocon .. si tiède . En écrivant ces mots , je sens que la douceur m’envahit .. Je suis humain et mouvant , et je sens que mon âme entière bat pour ce rêve irréalisable . Mais justement , je connais sa nature , et suis capable , non pas de le combattre , mais de l’accepter , et de vivre avec ce souhait brûlant et lumineux en moi , il sera ferveur , il rendra mon monde beau , au lieu de me faire courir après des chimères . Tout sera Dieu . Tout sera beau . Je ne crois pas en Dieu , mais je commence à concevoir cela . Une beauté originelle , sans causes ni conséquences . Notre aptitude à voir le monde , qui ne se lit pas , qui n’est pas bon ou mauvais , à le voir , pour ainsi dire , à notre sauce , nous construire , être nous , avec tous les tâtonnements et les mauvais chemins à prendre que cela comporte . Car qui d’autre que l’Erreur peut nous former ?
Devons nous nous sentir coupable de l’enfermement , de la timidité , du mensonge à nous même ? Bien sûr que non , car c’est dans ces troubles , justement , que nous nous trouvons tels que nous sommes , c’est en disant « Non ! » que nous nous situons par rapport à la chose niée , même si cette chose s’avère être nous-même . Nous prenons la distance , et quelle meilleure opportunité pour nous regarder de plus près ? Nous tracer un peu plus ? Jouons avec le sable qui nous glisse entre les mains . Parfois il nous faudra poser des têtes lasses dans l’herbe humide , encore coulante de rosée , et nous fondre dans le paysage d’un rêve .
Â…
J’ai beaucoup erré , sur une multitude de chemins , menant au vice ou aux plus élémentaires qualités . J’ai taillé mes bras , mes membres , mon âme même , la traînant dans la boue , dans l’opprobre , faisant gonfler en moi les cris d’un orgueil meurtri , d’une âme avide d’elle-même . J’ai mille fois brisé tout contrôle , perdu les sens , et effilé ma vie avec l’inconscience d’un acrobate sur le fil . Tout ces mots , je les ai appris en fendant tour à tour les vents les plus caressants et les plus inquiétantes brumes . Tenter de mettre fin à mes jours pour mieux trouver ce qui , en la vie , valait la peine d’être enduré/vécu .
« Nous sentir pousser des ailes dans le dos … » Dolly 'Que du bô'
« Les choses valent pour ce qu’elles sont , non pour ce qu’elles représentent lorsque tu les subordonnes à toi » Citation approximative d’André Gide ‘Les Nourritures Terrestres’ .
Mais pour apprendre à les apprécier , aussi faut-il savoir s’apprécier soi-même , se redonner sa juste valeur , et comprendre nos peurs , nos aspirations , nos rêves , nos plus profondes blessures , et tout cela ne peut se faire , encore une fois , que par tâtonnement .. la ferveur ne se construit pas , mais elle se trouve , elle ne s’obtient pas de quelque chose , elle éclot . D’autres personnes que nous voyons peuvent nous sembler supérieures , plus fortes , plus complètes , plus heureuses , mais .. Mais malgré tout , le bonheur que nous constituons par nos larmes d’argile , nos peines , ciment de nos montagnes , est bien plus particulier , c’est le notre , ce n’est pas une image , mais un autre océan , fourmillant de couleurs , c’est un lotus , si beau , à éclore . Vouloir se fondre dans le bonheur d’un autre , c’est encore ce désir .. ce désir de s’accomplir dans cet océan originel .. Une sorte de liquide amniotique ..
« Le LCL … Sang de Lilith , Troisième impact qui ramènera les hommes à leur mère .» Evangelion .
Construire , vivre , accepter d’être et d’avancer . Il s’agit de se replacer soi-même au centre de son monde pour ensuite accepter d’être , ne serait-ce qu’un grain de poussière dans l’univers . Vivre et heureux de la confiance que nous avons en notre instabilité . Regarder défiler les tempêtes , avec l’amour de notre embarcation ..
Donner nos formes et notre couleur au monde , par lÂ’or de notre regard .
La douceur de la cessation de l’existence individuelle et l’envie d’être , de construire , de voler s’opposent en nous . Et c’est peut-être ce qui fait notre gloire , notre beauté .
Pour finir , comme dirait André Gide , apprenons à nous aimer , et à aimer tout ce qui nous entour plus encore que nous-même .
Le bonheur est lĂ , mais son Ă©closion est dans le mouvement .
Et ..
"
SĂ©chez vos larmes . Le temps est venu ..
Je vous embrasse .
Joël
Fin de lÂ’annexe 1 .
Par Rainn le 29/1/2003 Ă 13:41:07 (#3125423)
Futilités .
Je souhaite bonne chance à tous ceux qui galèrent avec leur bac-blanc . Courage , 4h de philo , c'pas encore la mort :) . Et comme la fin approche , la fin du forum et de ce post qui effile mes pensées depuis un moment , je tiens à remercier très sincèrement , du fond du coeur , Leoll , Elea , Tit'Plume , Maverick , Heloïse et Azulynn .
Je vous embrasse tous . :amour: :amour: :amour:
Et merci à André Gide : )
Par Tr4F :> le 30/1/2003 Ă 9:21:59 (#3131899)
Rose
Par Rainn le 30/1/2003 Ă 19:35:52 (#3136193)
Rose .
Les héros sont passés , ont piétiné l’herbe , ils se sont assis en cercle , dans la clairière humide où la lumière coule , ils ont chanté et chanté encore , respirant les grosses gouttes d’une rosées multicolore , bordée de l’or du matin , douce et voluptueuse cascade dans le silence :
Il faut marcher , marcher encore
Vers lĂ oĂą se meurt lÂ’aurore
Marcher pour nos familles
Marcher pour nos frères
Tombés à l’ennemi
Dans ces pays de fer
Il faut marcher encore , la lance pointée
Vers d’hostiles contrées , à notre Roy
Ennemies , menaçant nos fleurs et notre foi
Sur notre Terre ,puisse notre trace
Ne jamais sÂ’effacer .
Il est des pays où nous marchâmes
Semant Ă quatre vents lÂ’Ă©chos de nos lames
Mais jamais un guerrier , dans sa gloire immense
Ne laissera tant quÂ’il en a le choix
Derrière son dos .
Dans son sillage .
Un flot de larmes .
Nous sommes la violence qui pleure
Lorsque la paix se meurt .
L’herbe qui gémit et s’étiole lorsque le vent se pose doucement , l’ondulation des brins , la caresse de la nuit . Tout ceci contribue à faire de ce jardin un tapis de velours , ravissant au toucher , perçant nos yeux de sa sérénité bien étrangère . Bien étrangère à notre mouvement fébrile , à nos divagations désespérée . Tant de vie coule en ces jardins , débordants de fleurs et de parfums , que l’on aimerait pouvoir les aimer comme des êtres . Mais dans mon excitation , je m’enivre de chaleur et de coups de vents , de futiles coups de vents , temporels , faibles , mais tellement vecteurs de plénitude , elle semble envelopper mes désirs dans des bras protecteurs , un châle volant et lécher , elle prend mon âme , l’extirpe de mon corps pour l’envoyer rejoindre les nuages , dans un ciel qu’on voudrait à chaque fois plus bleu , plus nacré , toujours plus . Et le temps s’écoule , et l’on soupire sur nos désirs .
Attendre le besoin , développer notre envie . Mais la frustration qui découle de ce désir fait que l’on est malheureux d’attendre toujours non plus le désir mais la chose .
Alors je me suis assis dans l’herbe imbibant mes vêtements dans cette mer végétale et imbibant mon âme , jusqu’à l’ivresse , de cet abandon où même la volonté s’aveugle pour ne plus voir ses yeux emplis de larmes .
Où le cristal est un songe et l’écume dorée sous nos pieds .
Pour percer les hublots .
Que ferais-je , encore , pour museler
Mes désirs enfouis , toujours secrets
Je ruissèle de ce sang si paisible
Qui sait devenir furieux dragon
Lorsque par la chance ou le hasard
Une fleur Ă mes pieds se fait voir
Alors sÂ’arrĂŞte le train de mes jours
Envahi par le pollen et les roses
Envahi par l’air trop léger
Qui arpentait le désert .
Les routes et les dunes
SÂ’emportent et coulent
Et roulent et sÂ’empourprent
Sous le soleil violacée
Qui baigne le sable
Dans les plus liquides aurore
Où tout n’est plus que volupté
Lorsque la nuit tombe , ô désert
Me libéreras tu de mes fers ?
Emporte mes pensées
Enfouis les sous le sable
Dans les plus antiques tombeaux
QuÂ’enfin je puisse dormir
Et quÂ’enfin mon poing sur la table
Puisse se décrisper
Qu’enfin je puisse respirer la fraîcheur
DÂ’une aurore sans que mes pommettes
Ne se rougissent ni sÂ’empourprent .
Puis le vent est arrivé , poussant un rugissement plaintif , ils a investi le magnifique jardin où déjà la lumière déclinait , absorbée par les feuilles flamboyantes . Je m’apprêtais à déposer mes bagages en compagnie d’amis , passer la nuit à nous enivrer de fraîcheur , à briser nos idées contre la tiédeur fatiguée , du jour qui se lève , lorsque les paroles ont coulées , que les idées ont fondues , contre la fatigue obsédante . Alors que derrière les murs du jardin , on ne perçoit plus qu’un plongeon infini vers la nuit , vers l’espace , délicieux vertige , le vent souffle entre mes rêveries , j’attends , j’attends dans la torpeur . Nous sommes tous seuls , plus nous nous rapprochons , plus la solitude nous lie , plus nous voulons avoir , plus nous remarquons que les autres ont , plus l’on choisit , plus l’on perd , nous sommes une fière armée de barques , dérisoires et coulant sur les flots .
JÂ’aimerais nÂ’ĂŞtre quÂ’avec toi ,
Ô rafale sucrée , chargée de parfums
Tu as caressé les cimes d’arbres
Inconnus de mon esprit enfant
Tu as vu les montagnes
Lentement s’effilé
Les océans naître
Sous un regard inquiet
Venu du fond des âges
Tu es souffle de quelque divinité
Sur terre descendue pour Ă tous
Nous rappeler l’odeur fraîche
Que prend la lande lorsque
Le soleil oĂą dÂ’Ă©pais nuages
Se mĂŞlent au savant paysage
OĂą lÂ’eau mĂŞme semble vivre
Et exalter ce parfum
OĂą je mÂ’oublie
OĂą je mÂ’oublie enfin
Je ne suis quÂ’un pieu
Planté dans le sable
Je ne suis pas mieux
Planté dans le sable
Une Ă©meraude dans la mer
Une goutte le lumière
Perdue dans le sable
Au milieu du ciel
Tel une immense plage
LorsquÂ’on ne sait plus
OĂą commence la terre
Et oĂą se perd lÂ’azur .
Puis le matin s’est réveillé , les armes se sont baissées , les soldats étaient partis , les amis évanouis dans l’ombre , le vent apaisé , s’était tut à force d’extase , je restais , transi de froid , dans l’attente , dans l’attente intolérable . Dans mon esprit blasé , fatigué , perdu en calculs et en retours sur soi même , voulant encore sentir l’impression si particulière que laisse le renouveau de l’âme dans nos cœurs . Une trombe furieuse de pollen qui emplit mes poumons , sentir le soleil se lever , le sentir , pouvoir plonger ma main dans la lumière pour en emplir mes yeux vide . Regarder l’herbe vivre , et lui sourire en retour .
Et le jardin ferme ses ports , sur une matinée déchirée
Entre grisaille et espoir , je me perds en vains dessins .
Et la journée s’écoule , mes idées s’effilent
Je sens que mon âme apprête déjà une nouvelle volupté .
Le jardin ferme ses portes .
Lorsque la violence est partie
Que reste-t-il du soldat ?
Lui non plus , ne pleure-t-il pas
Lorsque la nuit lÂ’emporte ,
Et lui tire de suppliants cris ?
NÂ’y a-t-il plus de cire
Pour emplir nos cÂśurs
Plus de lumière qui coule
MĂŞme dans non espoirs ?
Le savoir est une prison
Le savoir que lÂ’on apprend
Il faut apprendre Ă savoir
Apprendre à connaître
Sans jamais oublier comment aimer .
Se tirer une balle , voilĂ notre fin
Si lÂ’on sÂ’Ă©loigne de nous mĂŞme
VoilĂ peut-ĂŞtre ma fin
Mais avant , j’aimerais brûler mes désirs
Retrouver ma vie dans une nuit
Une nuit , sur le plat dÂ’une dune
OĂą la lune Ă©clairerait une autre face
De ma destinée .
Un autre choix , détacher les liens
De ma conscience , accrochée
Aux plus douloureuses fuites
Au point mĂŞme que la vie
Ne paraît pas pouvoir être autrement
QuÂ’ainsi .
Elle brillerait , enfant dans les cieux
Souriant à mon triste pèlerinage
Enfin dans le soir monochrome
Une brin d’herbe, dans un triste océan .
Plus rien ne semble vivre , tant les courants me berçaient , en ce lieu immobile , si neuf , si tendre , si pleinement empli d’un air plus dense ici qu’ailleurs . Qui sait à quoi rêvent les fleurs ?
La soirée s'est écoulée , la lune noyée . En silence . Que ferais-je ?
Je me sens comme une éventualité , comme une équation , mais je pressens qu’il n’y a aucune solution particulière à trouver .
Je dois mÂ’oublier , mÂ’oublier dans lÂ’aube
Et apprendre Ă nouveau Ă vivre
A vivre plutĂ´t quÂ’Ă exister .
Morde et ensuite caresser .
Oublier ces mots ,
Que mes livres soient en mon âme même , puissions-nous tous être heureux , même hors des jardins , sans jamais regretter le passé .
Be(come) Someone .
Love .
Amours .
Par Rainn le 30/1/2003 Ă 20:14:53 (#3136572)
Amours .
A Elle .
Tu me sauveras
Je me fondrais en toi
Je te sentirais
Couler en moi .
Je ne vois rien d’autre que ta lumière
Je ne sens plus que ta peau brûlante
Laisse moi me perdre à force de fièvre
Et faire tinter encore nos voix cassantes ..
Partir dÂ’ici , de ce coin sur une fleur
OĂą , mes mains sur tes Ă©paules
Nous scrutons lÂ’horizon , sans rancÂśur
Résignés à n’effleurer jamais que ce sol .
A ne gratter avec nos ongles
Que cette Terre décharner
Où nous sèmerions en vain
Quelques graines dÂ’une plus douce
Aurore , à naître encore …
Ô toi , jette mes mots et brûle mes ailes
Alors , enfin tombé du ciel solitaire
Je me laisserai choir dans la douceur satinée
De tes bras oĂą je me loverai
Tel un papillon dans une fleur
Tel la lune dans l’océan
LorsquÂ’elle plonge dans lÂ’Ă©cume
Pour en ressortir lavée .
Au milieu de la fange , brillons de tous nos feux
Au milieu du dégoût , espérons , encore un peu .
Quelques heures , Ă caresser des draps
Quelques heures , Ă rĂŞver de toi .
Par Rainn le 30/1/2003 Ă 21:38:30 (#3137218)
Le Caire .
L a verras-tu , perchée au dessus du ciel
E lancée et grande , grain de cette lune de miel ?
C achant ma fatigue derrière mes yeux
A u milieu d'une rue qui coule , cette ville
I gnoble , oĂą je me noie chaque jour
R epensant au Caire et à ses beautés
E t du temps qui ne m'a pas attendu pour partir .
.
N 'oubliez pas , ne m'oubliez pas , tel
U n fantĂ´me , je rode encore entre ces
A rches , mĂŞlant au parfum d'automne
G risants , ma mélancolie sans bornes
E n ces rues au goût de poussière et de sel
N 'y-a-t il donc plus rien ? Tout a changé ?
Ô image , en mon esprit que trop figée
I rradiée par la magie , te voilà bien nue
R oulant dans la poussière , une soirée, fin d'été .
Tout a changé , je me sens vieux .
Tout a changé et le vent court dans mes cheveux .
Tout a changé , ne m'avez-vous point attendu
Pour que je change avec vous , jusqu'aux nues
Mais dans vos yeux ?
Je me souviens ..
La poussière se soulève .
La page se consume .
Dans le sable .
Elle s'enlise .
Et mes désirs
S'enrhument .
Par Rainn le 1/2/2003 Ă 0:27:08 (#3145834)
http://www.chez.com/psychicaramel/adambryon.jpg
----------------------------------------------------------------------------------
Annexe 6 .
Adam . Lui . (Evangelion) .
http://www.chez.com/psychicaramel/adambryon.jpg
Voilà toutes les sensations qui m'ont envahies , lorsque je l'ai touchée . Cette plaque , cette petite boîte de verre . Insignifiante . Elle Le contenait . Nos origines , notre histoire , et peut-être même notre futur . Notre sang versé , depuis le début des temps , et peut-être tellement plus . Et tellement plus encore à verser ...
"
« Pourquoi est-il vivant ? Pourquoi est-il là , encore ? »
Je suis .. je suis la dose essentielle , je suis vos racines , je suis tout ce qui , dans vos mouvement , gestes , paroles , sentiments , vous Ă©chappe .
Je suis la glaise dÂ’un nouvel impact
Le fruit caché à vos lèvres sèches
L’oasis , dans un désert de glaise
Le trou de lumière dans la brèche .
Vous nÂ’avez rien connu de mes ailes
LorsquÂ’encore je survolais les plaines
Vous n’étiez qu’idée , en le ventre de la Terre
Et je vous ai crée , esprits de chair .
A présent , en vos serres d’acier
Je dors , fatigué d’avoir vécu
D’avoir puisé l’argile et modelé
Vos visages à présent si inconnus .
Je dors , et mon réveil ,
Au dessus de vos tĂŞtes .
Sera lÂ’aube dÂ’une nouvelle nuit
Je serai le héraut
Le phare des comètes
Qui déchireront le ciel de minuit .
La bouche emplie de sang
Les bras ballants , dans le souffre
Le corps plongé dans la mer Rouge
Le regard scrutant lÂ’air
Qui roule
Hors du gouffre .
Qui perce la couche de verre
Qui semble flotter sur lÂ’eau
DĂ©former mes visions bleuies
Et je flotte sur lÂ’eau .
Je suis Ă©ternel et embryon
Je tiens entre deux de vos doigts
Pourtant , me regardant , vos Ă©mois
Chassent les moindres soupçons .
J’ai cherché la lumière
Et vous voyez en ces yeux
Que je nÂ’ai pas encore
La foudre et la colère .
Les premiers cris confus
Les premiers instants
OĂą le temps suspendu
Cherchait son présent .
Les saisons sans fin
S’enchaîner
Un déluge de cieux
S’abattre sur cette éternité .
Un seul ami , un seul monde
Une seule origine , dans ma tombe
Sarcophage de fer , entre vos griffes
Entre les miroirs et les eaux lisses .
Rien ne me fait peur ,
Regardez ..
Regardez en moi ..
Je suis Ă©ternel .
Depuis longtemps déjà la petite brise
Qui soufflait sur les premières dunes
S’est muée en ouragan et sous sa prise
Se sont pressés les monts et les lune .
Où les charmes de cette beauté diurne
A la nuit laisse finalement les cieux
Plus rien ne coule , mes yeux sÂ’allument
Il est temps de revivre au milieu des feux .
Insaisissable .
Inhumain .
Le libre-arbitre
Et le choix
DÂ’un lendemain .
---
Autre .
Berce-moi
Oh berce moi encore .
Je t’en prie , ô réminiscence
Berce moi encore .
JÂ’aimerais sentir sÂ’enrouler autour de mon cou la frĂŞle chaleur de tes doigts , me sentir couler Ă force dÂ’Ă©moi , que la Terre se fissure sous mes pieds , quÂ’enfin je repose en paix .
Ô être illusoire que j'ai chéri
Ô chimère mille fois enserrée
Dans mes rêves égarés où
En mon lit je divaguais
J'attendais en secret un mot
Inconnu , Ă mes sens nouveau
Une voix suave et douce
Telle une cascade qui coule
Dans un lac sans plus d'âge
Tel une brise qui souffle
Et fait retentir l'espace
Dans le creux d'un coquillage
Le rouge d'une rose
OĂą l'on voit le noir
Des nuits bien moroses
Fallacieux espoirs
Et au matin venu
Je m'Ă©veillais bien nu
Au milieu de la poussière
Ô rêve délétère .
---
Et je t'aimerai au milieu des ruines
Et nous serons un au milieu de lambeaux
Et nous serons seuls , et nous serons bien
Lorsque l'aurore venue satinera ta peau .
Si l'apocalypse doit ravager nos landes
Qu'elle n'oublie pas de me chercher
Me faucher et me réduire en cendres
Car loin d'elles je ne puis demeurer .
J'y vois , lorsque mes yeux s'élèvent
Ton image en ces cieux traîtres
Qu'un jour la colère tombe et la sève
Cessera d'inonder tous ces ĂŞtres .
Lorsqu'il n'y aura plus rien d'autre
Que mon silence qui s'Ă©tirera
Que j'effacerai dans l'ombre
Et la porte se refermera
Et la fin nous tiendra
Et la faim nous sauvera .
---
Porté par les flots , la tête endolorie , comme un tapis de fleurs , ce fleuve sera mon tombeau . J’allume quelques étoiles encore , pour que tu suives pas piste , pour que ce linceul de perles et d’écume me porte au loin tel une plume charriée par le vent . J’aimerais encore t’emmener , lorsque la lande jaunit sous la coupole insoutenable du soleil , sous ses rayons aride , où se lit déjà la soif à venir , où se lit la tiédeur de la nuit dont on rêve , le contact de nos tempes brûlantes avec le sable décomposé , qu’en ses chemins détournés ravinent nos idées , qu’elles imprègnent le sol , s’élèvent , s’accumulent , grossissent les nuages et nous reviennent rassérénées .
Je pose ma tĂŞte sur les fleurs .
Et elles me chantent d'autres airs
Des notes douce , qui apaisent
Des airs berçants , calmants mes peurs .
Plus rien n'est , tout n'est à présent
Que volupté
Il n'est plus en mon sentiment
Que ce délectable laisser-aller .
Je sens des Ă©toiles
Pousser dans ma voix
Et je me tais alors
Pour les regarder .
Berce-moi , en tes bras
Et emporte-moi
Par pitié .
---
Je balance ma tête , d’un côté à l’autre , porté par une douce musique . Elle me rappelle à ma faiblesse originelle , à mon stade d’enfant qui aurait préféré ne pas naître . J’aimerais remonter , savoir de quelle couleur était le papier-peint de la chambre où j’ai vu le jour . Savoir si ce rêve que je fais si souvent n’est réellement qu’une fable , tendre à nouveau vers cet océan intouchable , me fondre parmi les yeux de ceux qui ont refusé de naître . Observer le monde à travers les eaux , comme à travers un prisme , voir , percevoir , sentir , sans qu’aucune émotion ne filtre à travers le liquide . Être . Je voudrais m’oublier , déposer mon corps , me fondre dans un arbre , dans un fruit , couler sur tes lèvres , chuter au sol , ruisseler dans une pluie froide , qui tombe toujours en fin d’après midi , lorsque les esprits tristes se recroquevillent . J’aimerais sortir de la ronde , et chanter avec les non-nés , ces complaintes détachées . Longue vie .. Longue vie , vraiment , gloire sur les vivants . Exister est peut-être la plus rude tâche qui nous soit imposée , mais quel plaisir lorsque l’on oublie que l’on existe , et qu’enfin on commence à vivre .
N’oublie jamais qu’il te faut oublier ce dont tu es sûr . Et que jamais , au grand jamais , tu ne pourras contrôler ta vie .
En attendant , alors qu’à ton esprit engourdi , je susurre ces mots décousus , le courant m’emporte , m’envoûte , emplit mes yeux d’une blancheur inconnue jusqu’alors . Déjà je ne suis plus , avalé par les eaux , noyé dans les yeux , dans les tiens je disparais , me fondant dans ta rétine noire . Je dérive , lentement . Je suis une barque qui tombe du bord de la Terre . Vers l’inconnu . Où plutôt vers l’origine , vers le tout début .
Je rentre Ă la maison ..
Oh oui .. Je reviens .
Attendez-moi ..
Je rentre , et je serai seul
Au milieu des Ă©pines
Je rentre , peut-ĂŞtre seul
Et cela me fascine .
Enfin , tu viens me chercher
Après que mes sens
Pris de cette fièvre
Ait renoncés à décompter
Dans chaque moment
Ce qu’il y a d’éternité .
Tout nÂ’est plus quÂ’encens
Et miel , sur les derniers flancs
Avant la cascade frontalière
Après , il n’y aura plus
Ni dÂ’espace ni de temps
Seulement la mer .. la Mer Â…
Quand la bougie sera Ă©teinte
A mon tours je m'endormirai
Quand la cire sera refroidie
Je serai déjà en ces terres
En ce paradis .
"
Par Rainn le 1/2/2003 Ă 0:38:33 (#3145905)
Je suis un coup de vent
Vent du matin , si frais
F'rait meilleur si mes nuits
Nuisaient moins à ma santé .
Si les tableaux qu'on jette
Par les trous de nos esprits
Dans des flaques d'eau
D'au moins des siècles d'oubli .
J'ai une rose qui a poussé
Entre deux idées
J'ai peur de bouger
De peur qu'elle ne soit écrasée .
Le coeur en milles morceaux
Morts seaux que nous emplissions
Puis sciant nos remords
Jettions encore Ă l'eau ces
Petits châteaux morts .
J'ai une rose qui a poussé
Entre deux idées
J'ai peur de bouger
De peur qu'elle ne soit écrasée .
Je suis un morceau essentiel
Sans sel pourtant dans ce sable
Si près de l'eau , si près du ciel
Si elle daignait s'asseoir Ă ma table .
Puis un brin d'herbe , puis une lande
En mon esprit fatigué .
Je n'ose plus bouger
Tant j'ai peur des ombres .
Tant je suis différent
Je suis Ă©ternel
Et si présent , dans les légendes
Qui parlent d'une nuit trop sombre
Pour la quitter sans frémir .
Quand le jour vient .
Mes idées auront fleuri .
Qui sait ?
Par Rainn le 1/2/2003 Ă 0:57:31 (#3146031)
J'ai envie de partir
Chercher le soleil
Partir sous la pluie
Partir sans sursis .
Je chercherai encore
A la lisière de la mort
Je coudrai sur les nuages
Les traces de mon passage
Pour continuer ma route
A travers le gouttes
Sentir mon corps transporté
Vers ce but , hors des doutes .
Je me sens tellement insignifiant
Perdu dans ma vitre sale
Surplombant la baie enfumée
De ma ville oĂą mĂŞme les Ă©toiles
Râlent ...
Les roulement emplissent la tĂŞte
C'est un peu comme si le vent
Faisait son ménage de printemps
Je me sens déjà respirer .
Je sens le soleil qui me sourit
Je le sens , encore loin
Je le sens , après cette pluie .
Dans ce vert infini , je cherche la lumière
Un air d'été , quand je pourrai m'asseoir
Redessiner les arbres oĂą dormir Ă l'ombre
D'une journée que les gouttes de soleil
Ambrent ...
Et si l'automne se ramène , sur son grand cheval
Je me cacherai derrière un arbre
Je lui lancerai une fleur
Et il jettera les armes
Au moins pour quelques heures .
.
Par Maver|ck le 1/2/2003 Ă 2:43:41 (#3146377)
Provient du message de Rainn
Je me sens tellement insignifiant
Perdu dans ma vitre sale
Surplombant la baie enfumée
De ma ville oĂą mĂŞme les Ă©toiles
Râlent ...
Merci je n'aurai pas su l'exprimer mieux..
Par Rainn le 1/2/2003 Ă 10:14:34 (#3147041)
Par Lorme Valion le 1/2/2003 Ă 11:16:36 (#3147239)
Par Rainn le 2/2/2003 Ă 12:27:14 (#3153640)
Etendu sur la plage , je pense Ă toi
A lÂ’empreinte fine quÂ’ombre muette
Tu as laissé dans mes songes cois
Par quel décret mystique
DÂ’un quelconque diable cornu
La foudre a du sÂ’abattre sur moi
Tu m’as quittée , me laissant
Telle une plume dans un feu
Tout pourtant me rappelle
QuÂ’ici , sous cette vasque inique
JÂ’ai froid .
De toi .
Soudain , serait-ce le sable acerbe
Qui rentre en mes membres tremblants
Il nÂ’y a plus de plage , ni dÂ’herbe
Plus que des fantĂ´mes , plus que du sang .
Ne voyez-vous point , dérisoires esprits
Que vos cathédrales sont bâties
Sur les flots mouvants et traîtres
Et que rien ne survivra plus
Lorsque vous aurez tourné le dos
Lorsque , votre effervescence retombée
Vos yeux se seront plissés
Une Ă©cume sauvage ,
Venue des profondeurs océanes
Mettra Ă terre , puis Ă mort
Vos soupirs jetés aux vagues
Tel est le piqûre , en vos rêves
A naître .
Enfin , cette emprise , lassée de moi
Cessera-t-elle de me profaner ?
BĂ©ante injure , invective sombre
Arrache mes yeux , quÂ’enfin je tombe !
De nouveau , je sens les odeurs répugnantes
De ces tourbes , dont mon cÂśur est le marais
Ces détestables voies , dont je suis l’orfèvre
Déliquescences dans lequel me pâmer .
Rien n’a de sens , dans un monde renversé
Sans dessus , sans plus dessous .
Sans plus de sens , et bien plus saoul
De chairs brûlantes , de chairs damnées .
OĂą dans mon armure de haine
Translucide barrière ,
Ce champ de terreur absolue
Derrière lequel je me terre .
Terre .
Austère .
Terre hospitalière .
Un dernier Ă©pitaphe
Pour ma mémoire
Que jÂ’enterre .
Dans ces yeux
OĂą je me perds
Ces regards
Délétères .
Auriez-vous croisé dans la rue
La rude allure de ma candeur
Quand d’heures passées à chercher
Ces chers champs de maladresse
A dresser mes sens et mes yeux
Messieurs , je suis las .
LĂ .
Dans la rue .
Battant la pluie .
Battant lÂ’envie .
De retrouver le sang .
De mes débuts .
Des bulles Ă©carlates
RĂ©pandues sur le sol .
Elle endure tout cela .
Solide Terre .
Solitaire .
Jouer avec les mots , pour oublier les vents
Impérieux , qui jouent avec mes sens
Qui emportent ma raison , et décharne les
Plus élémentaires vertus .
Oh ,
Comme jÂ’aimerais , dans une ultime exhalaison
Pouvoir chasser de mon corps des poisons
Ils bouillonnent , je les sens monter , lentement
Vers ma colonne , vers mes yeux rageants .
DĂ©jĂ je ne suis plus , et le monde
MÂ’est de plus en plus inconnu
Les couleurs se fondent , et dans un chaos
Inextricable de mélasse et de sang .
Plus rien dÂ’autre .
Que Ces Autres .
Figures enrubannées .
Festives dans mon charnier .
Rien dÂ’autre que le soir
Auquel l’on aurait arraché
Les Ă©toiles .
Souillé lui , aussi , mon complice
DÂ’un dernier espoir .
C’est peut-être moi qui ai lacéré
Mes propres voiles Â…
Par Rainn le 2/2/2003 Ă 12:36:57 (#3153710)
On pourrait ouvrir nos mains
Une phalange après l’autre
Laisser couler une plume
Laisser fondre la lune .
DÂ’entre nos doigts hagards
Que la haine et son sang noir
S’échappe , chassée de nous
Comme le matin par le vent doux Â…
Que ces chaleurs si mordantes
Ruissèlent jusqu’à nos pieds
Nul part un abri pour elles
Nul part oĂą se cacher .
Derrière une fenêtre blanchie
Je regarde au dehors
Partout des mains et des gens
Partout des pavés d’or .
Des mots voilés , à peine voilés
Des songes qui se balancent
JusquÂ’Ă rendre fou Ă lier
LÂ’homme qui marche en silence .
Une atmosphère d’iode
Semble descendre des Ă©toiles
Le début d’un nouvel exode
Dans le soir dÂ’un gris sale .
Quand tout aura coulé de nous
Après avoir desserré les poings
Pourquoi ne pas faire la paix
Nous prendre la main .
Quand il nÂ’y aura plus rien
Entre deux de nos pensées
Quand en toi je verrai
Comme dans un clair matin .
Je suis si seul , loin de toi Â…
Je suis tout seul , dans le sable froid .
Viens me chercher ,
J’ai trop saigné
Viens suturer mes chairs
De ton baiser .
Je suis un cÂśur de platine
Et je ne cesse de désirer
Un nouveau matin dÂ’Ă©moi
Quand le plume sÂ’Ă©chouera
Sur la mer apaisée
Dans le bleu irisé
Vers une nouvelle rive
OĂą je tÂ’aimerai Â…
Par Pere fouettard pu' le 2/2/2003 Ă 12:38:29 (#3153720)
Provient du message de Rainn
4h de philo
T'es une balle en philo non ? :D
Par Rainn le 2/2/2003 Ă 13:52:53 (#3154169)
GĂŞnome .
J'ai dans ma poche
Un briquet d'or
Dors encore , ma belle
Et bĂŞle comme les autres .
Je mettrai le feu aux poudres
Du haut de mon bastion .
Matou rĂŞvant d'une mer
Mer d'ambre ou me dissoudre .
Pendant la nuit , je sortirai
Tirer Ă vue sur les abris
Bricoleur des voies détournée
Tours nées de mon ennui .
Quand l'herbe m'endort
Dorure d'un vert d'avenir
Lis qui , dans mon regard
Garde les coulées de cire .
Tu rodes sur mes cils
S'il tiennent le coup
Couvreras-tu mes yeux
D'un regard amoureux ?
J'aime marcher sur la rive
L'arrivée des vagues tièdes
T'y aide , lorsque tes pas
Paraissent lourds comme le plomb .
Mais quand tu parviens au bout
Par , viens , vers la jetée
Je t'ai tendu la main , en avant
A vents et marées .
Tout près des vagues
Dans notre paradis .
Ramassons la cire .
Et peignons un avenir .
Pour la philo ... On verra dans quelques jours :)
Par Rainn le 2/2/2003 Ă 21:42:23 (#3157184)
Instrumental Strom .
Wandering through the land
All my veins fulled with hope
I'm going back to my home
Compose an instrumental storm .
Dunno where i put my briefcase
With my mind on the sidepocket
I just fell , a little lost
Taken by the sounds
Of my instrumental storm !
Riding the yellow skies
Wandering through my eyes
I can't wait anymore
To climb up the mounts and settle up
My instrumental storm !
Oh ! J'emporte dans mes mots
Tout ce qui se casse
Tout ce qui est beau
Et le temps qui passe .
Lorsque je vais toucher les cordes
Les fenĂŞtres vont trembler
Et si le son nous porte
Pourquoi s'arrĂŞter !
Oh , it's raising on and on .
A big blue sky over the hills
I can't wait to come along
I can't wait to come along !
Let the sound ring !
Let the walls fall down on me
Instrumental storm !
Bliss of electric energy !
Oh ! J'emporte dans mes mots
Tout ce qui se casse
Tout ce qui est beau
Et le temps qui passe .
Lorsque je vais toucher les cordes
Les fenĂŞtres vont trembler
Et si le son nous porte
Pourquoi s'arrĂŞter !
Par Rainn le 2/2/2003 Ă 21:59:36 (#3157266)
"
« C’est fastidieux » -
Mr Queille , prof de maths efficace .
« Où vous allez , comme ça ? » Mme O. , vigilante
« Dans ton c… euh , non , on sortait » Joël , élève , distrait .
« Je vous paye le champagne si Joël à la moyenne en maths , au bac ! »
Mr Quelle , optimiste .
« Ô âme en peine dans une classe de SI »
Toujours Mr Queille , poète à ses heures .
«Bon , vous venez , les filles ?! » Marie-Alix , caractérielle
« J’arrive , j’arrive ! » Joël , troubles de la personnalité .
« Je me sens … comme un dieu , oui , c’est à peu près ça » Joël , modeste .
« Je vous préviens , on est pas un groupe modeste » Joël , toujours humble .
« Bha .. c’est quoi ce truc immonde , là bas ?! Oh .. ben c’est Célia ! » Joël , qui parle trop.
A Lou , le bassiste des citrons .
« Vade Retro , Sans ta basse ! » Joël , qui digère son clown matinal .
« Si notre premier album , on l’appelait « Dans Ton Cul ? » » Mathias , visionnaire .
« Pis comme ça , en mai , premier concert sur la Lune , non ? » Joël , réaliste .
**Nous présente trois doigts**
« J’ai deux choses à vous dire » . Mr J. , prof de SI , trompé de filière ?
« De mon temps , on mangeait des testicules de porc , ça fait grandir »
Mr Jeanmasson , gourmet .
-On mange avec Marie et tout , aujourdÂ’hui ?
-Y aura Ornella ?
-Oui
-Oké , j’me casse » . Joël , franc .
« Bon, concentrons nous sur ce bac de SI… »
**Cui-cui , un oiseau est entré dans la salle de bac et lui tourne autour en piaillant**
« … » Joël , maudit .
« Alors voilà la méthode D’Euler » Mr Queille , anxieux .
« De l’aiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiir ! » Joël , Fan des L5.
«-Tiens , Salut ! Tu vas bien ? Ouais , moi aussi . Bha , c’est bientôt les vacances . Tu vas faire quoi , toi , tu pars ? Ah oui .. Ben écoute , amuses-toi bien alors , et fais attention à toi , okay ? Tchaô , bonne journée .
-CÂ’Ă©tait qui cette fille ?
-Euh .. je sais pas .. » Joël , pas à la rue , mais alors pas du tout .
**Epreuve d’Histoire-Géo , depuis trois heures déjà **
« J’ai envie de gâteau au chocolat … » Joël , logique .
«- Tu la trouves comment , cette fille , Joël ?
-… Virile . » Joël , fin .
«Oulà , y a attaque perso , là ! » Marie , paranoïaque .
«Brosse-toi bien les dents pour sourire à la vie ! » Cindy , poétesse .
«-Elle est partie , Ornella ?
-Oui
-C’est bien ce que j’me disais .. on respire mieux » Joël , pas rancunier , mais pas du tout .
«-Bhaaaa ! Un Groovin’! Beeerk ! » Cri de guerre des Citrons Confits .
« Bhaaaa ! Un Citron ! A moooooooort ! » Cri de guerre des Groovin’ Session .
«-Il fait tout de suite meilleur quand tu te tais , c’est drôle ..
-Bon .. on va mettre ça sur le compte du bac blanc . » Marie , compatissante .
« Bonsoir ! » La Madame Qui Fait Traverser Les Enfants .
« Bonjoir ! Marie , Lost In The Haze ?
« Tu manges à quelle heure , aujourd’hui ? » Zouzouille , Pion .
« Euh .. oui » Joël , encore dans son lit .
« Marie ?
Non , c’est le curé du coin ! » Marie , qui se découvre de nouvelles vocations .
« - J’peux pas passer mon bac espagnol !
-Ah ? Handicapé de la culture ? » Marie , qui enfonce le clou . »
« Mais Joël , vous êtes une catastrophe ! » Mme Serre , perspicace .
«-Ca va , Mat’ ?
-J’suis malade , Je gaze trop . » Mathias , parle par images .
(JÂ’ai mis du temps avant de comprendre Â…)
« - Joël , tu oublies pas ton interro de maths ? » Marie-Alix , mémoire .
« -J’en ai marre .. vous croyez qu’ils louent des cordes à la Vie Scolaire ? » Joël , imaginatif .
« Tu me manqueras , plus tard .. y aura plus personne pour me jeter ! » Joël ,affectif .
« Attaque persooo ! » Marie , qui comprend rien à mon affectivité :p
«J’ai chaud ! J’ai froid ! Enfin , je sais plus .. » Joël , indécis .
« Lou , si tu touches encore à une de ces cordes , je te mets ta basse là où je pense , à un point tel que quand tu éternueras , ça sera en Ré majeur » Joël , parle aussi par images .
« Joël , tu crois que les poissons aiment le chocolat ? » Marie , métaphysicienne .
« Là je suis pris là , j’peux plus bouger ! » Christian , ju-jitsuka , qui est pris .
« Tu imagines , si on l’emmène au resto , lui ? J’le vois bien piquer sa fourchette dans son steak en hurlant « Là il est pris , il peut plus bouger ! » » Joël , stone .
« Qui ils attendent , tu crois ? » Joël , en plan .
« Ben … Godot ? » Yoyo , culturée J
(Depuis , on lÂ’attend toujours , Godot)
« -Cindy ! J’suis content de te voir !
-Et moi donc , grand bêta ! » Cindy , romantique .
« Eh ben tu vois que t’y arrives ! T’es pas si désespère que ça ! » Mr Queille , Rassurant .
« Déclone pas , Raël » Mr Bondu , Hors concours .
« Un crocodile , un alligator . Bha .. c’était caïman la même chose » Mr Baylet , Carton Rouge .
Il est 11h10 , le cours d’anglais est sensé avoir commencé depuis dix minutes .
Joël , croise son prof d’anglais , justement .
« Adieu Jojo , tu vas où ? » Mr Baylet , relax .
« Ben j’allais au CDI ... » Joël , gêné .
« Bon , alors moi j’vais prendre un café et on s’retrouve en cours d’ici dix minutes , ok ? »
Mr Baylet , toujours relax .
« Estaba vestido con su huipil » Melle Navarro , narratrice .
« J’veux bien , celles de mon walkman sont vides .. Mais deux , ça me suffira » Joël , perturbateur .
« -Et comment il va , ton grille pain ? » Joël , qui craque .
« -Rohlala .. comment t’es bad , Joël” Julien , consterné .
« Ca va , ma poule ? » Joël , en transe .
« Et toi , ma dinde » Julien , tac-o-tac .
« Je crois que je vais finir bonne sœur » . Joël , toujours dans ses problèmes de personnalité .
« Vous savez bien ce qu’ils faisaient aux opposants , au Chili , non ? » Melle Nararro , consternée .
« Euh .. Estaban .. Pendous » Frédérique , bilingue .
« Woa .. j’te connais depuis moins de deux heures et j’te raconte déjà ma vie ! » Joël , moulin à paroles .
« T’aimes pas ce coin ?
Je m’y sens comme un rat mort qui s’ennuie » Stéphanie , explicite .
"
Par Rainn le 3/2/2003 Ă 17:30:51 (#3162696)
L ascivement .. je mÂ’Ă©tiole , tel une lame
A bandonnée dans un coin d’amertume .
,
I l ne reste en moi qu’un silence qui se pâme
L iquide , au milieu des îles de terre brune .
Y aura-t-il la paix une fois la glace brisée ?
A mours .. devrez-vous entier me consumer ?
M ais passez encore , en mes chairs arides
A llez , et creusez en mon âme vos terriers
L angueurs inestimables , instants dorés
D onnez-moi encore lÂ’impression dÂ’ĂŞtre vide .
Ă” instants , la sanglante vision dÂ’un jour .
N e pourrez-vous point , par mes ongles acères
N oyer mon Ă©cume et tout emporter , pour
E nfin qu’en mon cœur il ne reste que volupté .
Â…
Ô culte de l’eau , occultes délices .
C ernez de vos milles yeux mes milices
E mportez ces légions déformés et grimaçantes .
A u sein de cette mer , tant chérie
N e brille que mon prochain repos . Mort lente .
Par Floloa Terrae OD le 4/2/2003 Ă 2:12:17 (#3165987)
Provient du message de Rainn
OĂą dans mon armure de haine
Translucide barrière ,
Ce champ de terreur absolue
Derrière lequel je me terre .
... ça ...
(rainn je ne me lasse pas de tes Ă©crits, toujours aussi vrai, et qui me touche toujours autant.)
Par Rainn le 4/2/2003 Ă 18:04:31 (#3170376)
Q ue mon désir de pleine pureté
U nité , des fantômes sans leurs chaînes
E njolive encore ces cieux de clair matin .
D ans les rues pourtant , aucune rumeur ne court
‘
E ndormi dans les haies , les chairs déchirées
S orti Ă peine dÂ’une nuit dÂ’ivresse , le visage terne .
P ourrais-je un jour voir changer lÂ’horizon
O bstrué par tant d’habitudes , autant de prisons
I mmobilisant l’enfant , en des barreaux de grève
R oulant sous les coups dÂ’un morne lendemain .
S ybilin , dans une chambre de terreur interne .
,
D ans ses yeux , point d’autre colère que la divine
A mertume , qui découd ses soupires .
N ous , tant geôliers qu’âmes en pénitence
S oupirons dans cette lutte inextricable .
U n après-midi qui tombe , et personne n’ira fleurir
N i arroser ni honorer sa stèle , ainsi se scellent les ans .
A lors regardez-moi , et en mon regard trop honni
P uisez ces fragrances par l’oubli dispersées .
R uisseau impétueux , de jeunesse abreuvé
E n guerre avec l’odieux froid de l’ennemi damné
S i bien cerné par les poètes , Mortel ennui .
M es si dignes âmes en peine , en cette heure
I ci , en mes jardins refleuris je vous assemble
D unes mouvantes , sous mes pieds adoucies
I ci , j’ai réalisé mon bonheur .
Q ue les dieux mĂŞme me frappent de leur foudre
U ne silhouette est venue Ă moi ce soir , silhouette
I nnocente dans la forêt , enveloppée par la nuit bleue .
S ans me laisser parler , elle a serré mon corps
‘
E ntre ses bras , j’aurais eu plaisir à entièrement me dissoudre
N ‘écoutant pas mes mots , si gauches à son esprit enfantin
C hérissant mon âme , elle m’a dit , posant un doigt sur mes lèvres «
R egarde , en mon retour , vois le bonheur des années à fleurir .
E t pour tous ces jours , au fil des trépas , je serai toute entière ton avenir … »
Par Rainn le 4/2/2003 Ă 18:33:10 (#3170597)
Qu’encore raisonnent dans les plaines sanglantes les coups que vous aurez porté à chaque racine de la fatalité , que
s’élèvent les tumultes d’une guerre déjà trop lasse , ou nous devons détruire les abris , ternir la fine laine d’un jour que l’on voudrait trop parfait , apprendre à tout perdre , pour ensuite retrouver le rêve . Où chaque jour est une nouvelle lassitude et où on ne voit jamais la nuit salvatrice arriver . Chaque jour où , j’imagine , la force en vos bras trop lacères par le temps se fait rare et que l’envie de reposer parmi les fleurs se fait impérieuse . Ô dansante tornade , en nos coeurs essouffles . L’oubli parfait et serein d’une mort dans un berceau de jasmin semble la seule chose pour laquelle la ferveur n’est point gâchée .
Combien de fois n'ai-je point rêvé , assis au bord d'une jetée boueuse , en un après-midi sans commencement ni fin , cerné par les nuages et l'impression désagréable qu'en ma bouche coulait une âcre odeur de souffre et de pâte , combien de fois n'ai-je point rêvé d'offrir mon corps à ces eaux tourbeuses que je pensais mes ennemies . En vous , j'ai souvent vu la force acharnée qui s'obstine à poignarder les soubresauts inquiets et emplis d'humanités de mon coeur ,et d'y substituer , dans l'ombre de vos crimes , quelqu'indolente habitude , quelque accoutumance à un combat perdu d'avance . Continuer à se battre tout en sachant que notre combat est vain , car en face , dans les yeux de l'ennemi , c'est le propre reflet de notre âme , qui nous arrive , près à nous mordre en plein coeur , à déterrer ce qui repose au plus profondément de nous , extirper des dernières strates l'Etincelle , le moment de folie qui nous basculera , le temps d'un soupir vers l'autre face . Celle où le tonalité du monde change , et où cieux comme profondeurs nous écrasent , aspirant à nous faire vaciller , danser , s'étioler sur le fil , au dessus du gouffre auquel nous sommes destinés . Spectateurs amusés d'un déclin fatal .
Mais à chaque fois , le souhait éperdu d'une nouvelle aube me faisait me jeter corps et âme dans une nouvelle lutte aveugle , jusqu'à ce qu'à nouveau mes yeux s'ouvrent sur le ridicule de ma quête limitée dans le temps comme dans l'espace , où même ma volonté pure restait incertaine . Alors , abattu et renfermé , je venais de nouveau noyer mon ennui au milieu des tourbes , les accusant de m'avoir arraché la seule bonne et humaine partie de moi-même . Ainsi j'étais partout , dans les cieux , dans l'éther , au creux de la bataille , et même six pieds sous Terre .
A présent , je ne puis plus vous livrer le secret de la lame lumineuse , jaillie des ombres mortes , qui s'est offerte à mes yeux comme un amant au coeur aimé . Mais , contemplant les combats et m'y livrant quand je le peux , tant que j'entendrai les tressaillements des corps , qui , en dernier recours , poussés par une étincelle de vie primordiale , se relèvent et l'entrechoquement des armes , contre les ossements hideux de nos Peurs , tant que la colline frémira des chats d'oiseaux , qui chaque matin nous ressuscitent , je garderai espoir .
L'issue de cette bataille sera différente , il n'y aura ni vainqueur ni vaincu , car n'oublions pas que dans ce conflit , tout n'est que nous-même , ces peurs , ces ennemis , les rumeurs silencieuses , l'oubli lorsque le soir écrase , les armes vindicatives , tout n'est que fiction , ou plutôt , plus que fiction , projection .
Car tout ceci existe et malheureusement , jour après jour , nos amis tombent . Je dis nos amis car , bien qu'ils puissent n'avoir aucune accroche dans nos coeurs ni même avoir croisé nos yeux , ils sont des centaines , des milliers et tant plus encore à chercher au fond , la raison de ces errances , à chercher le pourquoi de cette guerre si sanglante , à se dévouer , voire même à perdre leur vie dans cette recherche du bonheur . Jamais nous ne gagnerons , jamais nous ne vaincrons .Notre triomphe sera différent : il sera lorsque chacun , lassé du combat et ayant épuisé son ennemi , réussira à reconnaître en lui la même lumière de fatigue , la même tristesse dans les yeux , et finalement parviendra à s'écrouler dans ses bras , ému , réalisant l'ampleur du monde , des sens et des fleurs de son esprit , trop longtemps enchaînées , puis ressortira de la guerre non pas réduit mais augmenté . Faire face aux tourbes à deux , demeurer blottis au long des longues nuits passées , étendus au milieu des roseaux , et même à garder , au delà des disputes et des déchirures , ce fond de sympathie envers lui-même et sa nature . Ainsi nos peurs reviendront à nous même , et la paix baignera la lande .
La seule guerre qui vaille la peine d'être menée , c'est celle contre l'ignorance , elle ne fait pas couler du sang , seulement des préjugés et de la tristesse .
En avant , pour nous et pour la belle sensation que l'on ressent lorsqu'on peut perdre nos yeux dans la Nature , enfin en paix ...
Vous êtes une beauté quasiment originelle .
Et pour apprendre à aimer , il faudra déchirer les voiles .
"
Ô fièvre qui nous emporte .
Bestialité de notre âme , injure à nos idylles jetée .
Que j'aimerais que cette part de moi que je rejette me laisse enfin en paix !
Qu'ai-je fait ou blasphémé pour mériter ce poids
A mes pieds traînant comme une chaîne
J'aimerais que mon sang , coulant , provoque le trépas
De ce fantĂ´me qui rĂ´de dans mes rĂŞves !"
Mais le temps est venu , car j'entends à nouveau le tonnerre rouler . Bientôt la lumière noire de l'espoir déclinant envahira la plaine de son silence . Mortel silence où l'on se noie . Lassés de tout cela . Mais lorsque les ombres tomberont à nouveau sur nous , je serai là , avec vous , épée au poing . La fin viendra ! mais en attendant ..
Haut les coeurs ! En avant !
Par Rainn le 4/2/2003 Ă 18:57:09 (#3170760)
Oh ..
Comme j'aimerais Ă nouveau m'y perdre
En ce pays fabuleux , d'anciennes années
OĂą chaque larme que j'offrais Ă la mer
Etait la fin d'un espoir que j'avais aimé .
Comme sur les jetées , qui bordent les eaux
Lorsque l'or du soir tombe en fins rideaux
J'aurai milles fois rêvé d'un autre chemin
D'autres Ă©toiles , que j'aurais voulu plus claires .
Et quand le matin venait , par la caresse du vent
Lorsque mes yeux , éveillés par l'ocre vent marin
J'aurais milles fois rêvé de m'y perdre enfin
Sentir la pureté des eaux , dans mon corps salin .
Ces souvenirs sont autant de pages jaunies
Que j'aurai aimé plus encore que la vie
Laissez-les retourner en mon coeur , à présent
Qu'elles forment la joie d'une nouvelle envie
Enfante des ans .
Je t'aime comme j'aurais pu aimer
Les flots , si mes lèvres à leur contact
Ne s'étaient pas brûlé , lames cruelles
Que je chéris toujours dans mes désirs intacts .
Par Titplume dChou le 6/2/2003 Ă 10:33:58 (#3182006)
Par Rainn le 6/2/2003 Ă 19:39:42 (#3185157)
Pour tous ceux qui habitent en Aquitaine .. : )
Avec les Citrons , on va bientôt organiser une sorte de journée spéciale , dans un bled à la limite du département 47 .
Une journée avec 6-7 groupes , une bande d'acrobates et de percus qui jouent avec le feu et une expo d'art sur les Thanatonautes de Weber .
Quelques intéressés ? :)
Par Elae le 6/2/2003 Ă 22:59:40 (#3186505)
GRRRRRRRR c flo qui post ^^
Par L'âme de Zeed le 7/2/2003 à 11:53:29 (#3188949)
Ah oui, parce si c'est à la limite du département 47 il y a de fortes chances pour que ce soit pas loin de chez moi... Pour une fois ;)
Bref je suis intéressé ;)
(Flo, y a tjrs une chambre prête pour accueillir les voyageurs de passage. Donc si jamais tu parvenais à te décider ben tu sais au moins où crêcher. (et puis comme ca je s'rais p-e pas le seul rédempteur sur place... ;) ) )
Par Titplume dChou le 7/2/2003 Ă 11:56:21 (#3188983)
Par L'âme de Zeed le 7/2/2003 à 12:08:02 (#3189073)
Ca y est, j'l'ai dit ;)
Non sans déc on s'y trouve fort bien quoique comme pour tout département cela dépende des endroits. Gros avantage : il y fait de façon presque constante une dizaine de degrés de plus qu'à Paris ce qui vous changerait bien ;)
Par Rainn le 7/2/2003 Ă 21:03:02 (#3193195)
Ghost Figures : Style -> Rage Against The Machie , Nirvana .
Les Citrons Confits : Rock acidulé : Euh .. Compositions et reprises dans le style de Dionysos , M , Saez , Noir Désir .
Operation Crash Test : Rock Classique , formation originale , pĂŞche surhumaine .
Le feu et sa smala : Acrobates , percussionnistes , jongleurs , instruments Ă feu .
Exposition d'art , sur le Thanatonautes de Weber .
Ben .. c'est assez explicite , non ?
Et p.e d'autres : )
Voilà .. ça serait sur Agen ou dans un bled' du coin .
Par Rainn le 8/2/2003 Ă 21:07:51 (#3198496)
(Désolé si je plagie Evangelion :( )
ContreJour .
Acte 1 :
Le procès .
Ceci se passe pourtant dans notre univers .
Une voix très lointaine , très irréelle , trop sépulcrale s'éveille .
Lentement , la lumière monte et enveloppe la scène . Toutes les silhouettes baignent dans une clarté parfaite , pourtant , personne ne s'inquiète . Tous restent immobile et se dirigent vers les nombreuses chaises , placées en rangs serrés , à l'arrière de ce qui semble être une immense salle , aux murs ressemblants à ceux des tableaux inquiétants , peints par les artistes à l'esprit tortueux , au bord de la folie .
Au milieu de cet amphithéâtre se dresse une estrade de bois , cernée de marbre , et une autre , plus petite , en contrebas .
Deux yeux s'ouvrent avec langueur .
"Tabris , Sachiel , Armisaël" .
Trois têtes se lèvent , dans une harmonie parfaite . Leurs yeux se figent dans une expression de placide attente , pourtant , n'importe qui , témoin de cet instant si solennel aurait pu remarquer qu'une lourde atmosphère était tissée par le silence ambiant . La voix était grave , pénétrante , et semblait d'une portée absolue , infinie . Sabloneux , les trois appelles semblaient sortir d'une torpeur immense , après avoir accompli quelques mouvements destinés sans doute à sortir leur corps d'une apathie qui semblait avoir duré longtemps , ils commencèrent às e déplacer avec une extrême lenteur . Tous les yeux suivaient leurs mouvements . Leurs longs corps minces différaient assez sensiblement , de l'un à l'autre , mais la finesse de leurs traits , et l'allure même de leur anatomie permettaient deux constats : Ces trois êtres étaient tout sauf des êtres humains , et on pouvait gager , sans trop risquer de perdre , qu'ils appartenaient à la même espèce . La rythmique de leurs gestes étaient parfaites , les longs bras se balançaient en cadence , sans pourtant que leur allure n'aie rien de militaire . Ils avançaient vers le centre de la salle . Tout n'était qu'attente . Le silence emplissait tous les deux , et il eut paru à n'importe qui que l'air devenait irrespirable . La lumière s'intensifia un peu .
"Allez chercher l'accusé" .
Sans demander de directives supplémentaires , les trois créatures s'en furent . La salle était trop vaste et éclairée par une source qui , même si elle était étrangement indéterminable , brillait au milieu de la scène , juste au dessus de l'estrade , de telle sorte que les murs étaient à peine visibles par endroits , là où de grands chandeliers de bois , très sobres pourtant , étaient fixés . Et les trois êtres semblaient se mouvoir avec une langueur toujours pesante vers la direction d'un de ces chandeliers , ou plutôt de la porte qu'il couvrait . Une grande porte de bois , la plus simple , mais la plus imposante possible . On aurait dit la porte des Enfers , et , à vrai dire , on aurait peut-être eu raison .
Juste au dessus du cadre Ă©tait inscrit un mot : ContreJour .
Comme toutes les vieilles portes dans les scènes si solennelles , elle ne s'ouvrit pas sans un long et pénible gémissement . Une rafale de vent emplit l'auditorium , mais aucune manifestation de la part d'un "public" pourtant nombreux ne se fit entendre . Pendant qu'un air plus frais s'engouffrait dans la pièce , Sachiel , Tabris et Armisaël ne bougèrent pas . Ils restaient , devant l'entrée de la porte , légèrement ébranlés par la force pourtant non négligeable du vent qui faisait baller leurs bras en arrières , avec toute l'étonnante élasticité que leur offrait leurs silhouettes longilignes .
Un gong sonne . La lumière se rougit quelque peu .
A leur tour , les trois êtres s'élancent dans l'embouchure très noire . Un instant lumière sanguine qui remplit le centre de l'espace semble la seule source de vie . On entend juste la lente respiration de Celui qui se tient , sur l'estrade la plus haute . Une respiration pesante et toujours régulière .
Puis ils réapparurent , serrant dans leur étreinte une étrange silhouette remuante , et , à priori , fort contrariée de se trouver ainsi brinqueballée . Le Miracle . Les cris qu'il put pousser n'y firent rien , Sachiel , Tabris et Armisaël avançaient avec leur inhumaine langueur , l'ayant saisi par les bras et par les jambes . Parfois , lorsqu'ayant donné un coup assez fort , leur captif avait réussi à faire céder la prise d'Armisaël , qui le tenait par les jambes , celui-ci continuait à avancer dans le sillage de poussière que l'accusé laissait derrière lui à force de taper des pieds sur le sol , pendant que Tabris et Sachiel , sans même tourner la tête , ou du moins , ce qui leur tenait lieu de tête , ne s'en inquiètenent . Ils continuaient leur marche vers le centre de la salle qui était situé à une distance irréelle . En effet , sur Terre , personne n'aurait pu concevoir une si grande étendue . On aurait dit des kilomètres d'ombre , de poussière , tachetés seulement par quelques points lumineux , les portes d'entrée .
Lorsqu'on se situait dans l'immensité de la salle , le choeur ne paraissait être qu'une minime oasis de lumière dans une désert d'ombre .
Une fois de plus , dans une supplique éplorée , l'homme se débattit violemment . Il libéra une de ses jambes et la vit voler dans les airs , pour que finalement elle s'abatte sur la tempe d'Armisaël . Sous le choc , ce dernier vacilla à peine , puis se redressa . Ses bras semblaient presque traîner au sol tant il se tenait voûté , bien que même lorsqu'il se tenait droit , ils étaient d'une longueur inhumaine , ce qui semblait parfois le gêner dans ses mouvements , d'une manière assez comique , car Tabris , Sachiel et Armisaël possédaient des traits tels que chaque émotion semblait s'y peindre avec une parfaite transparence . Des traits qui ne mentent pas .
Parfois , on aurait pu les croire mus par une force extérieure , tant ils semblaient las et désarticulés .
Puis , une éternité plus tard , après avoir traversé l'amphithéâtre entier , ils parvinrent en contrebas de l'estrade , et , après avoir gravi les escaliers , ils lancèrent l'homme dans le deuxième balcon . Il eut un cri de douleur qui s'en fut immédiatement . Envolé dans l'immensité. Péniblement , il se dressa , tout d'abord ébloui par la forte lumière qui baignait dans la salle . D'un regard circulaire , il parut vouloir prendre la mesure de l'endroit , jauger une présence ou non , et surtout ce qu'on lui voulait . Froncement de sourcils .
Encore un peu dans d'autres vapeurs , il posa ses yeux sur ce tableau surréaliste . Puis , alors qu'il s'agrippait à la balustrade , pour jeter un coup d'oeil plus en contrebas , il vit Sachiel , Tabris et Armisaël se ranger devant trois tribunes qui semblaient leur être réservés .
La voix , de nouveau , se fit entendre , et à chaque mot qu'elle prononçait , l'auditoire se figeait . Cette voix sans visage . Seulement deux yeux qui ne le regardaient pas . Il aurait pu s'inquiéter , mais il était déjà pétrifié .
"Vous êtes ici pour être jugé . Vous êtes accusé ..."
L'homme tenta de prendre la mesure de ces mots . Ils semblaient l'avoir percuté à très grande vitesse , tant il paraissait étourdi :
"Accusé ? Moi ? Par qui ? et de quoi ? Et d'abord , où suis-je ?!"
"Silence."
Une voix très neutre . Elle ne semblait pas profiter de l'autorité pourtant écrasant que sa profondeur lui conférait . Ce n'était pas l'ordre d'un despote avide de soumission , mais plutôt celui d'un guide , d'un berger . Il menait l'histoire selon un fil qui lui semblait terriblement limpide , alors que l'homme , toujours sonné , bégayait quelques mots décousus .
"Nous allons disposer de vous , selon que votre culpabilité sera démontrée ou non . Restez calme . C'est la justice des Anges qui sera ici rendue ."
"Je ..."
La voix l'interrompit . Et , d'un ton plus grave qu'à l'accoutumée , elle reprit :
"Sachiel ."
Dans la lumière quasiment liquide qui enveloppait la scène , l'Ange , car c'en était un , s'avança et prit place à sa tribune , tandis que les deux autres restaient figés dans une parfaite immobilité .
Un Ange ... Il n'avait pourtant rien d'un ange tel qu'on les perçoit ...
Par L'âme de Zeed le 8/2/2003 à 23:32:46 (#3199024)
- Et ca s'rait vers quelle date cette journée spéciale ?
Par Rainn le 9/2/2003 Ă 9:29:31 (#3200294)
Par Rainn le 9/2/2003 Ă 10:22:32 (#3200403)
Acte 2 :
Sachiel
.
"
Sachiel .
L'Ange parlait d'une voix monocorde , très grave . Il semblait sûr de lui , et trahissait parfois une inquiétante arrogance . Mais il semblait tempérer ces débordements et s'exprimait doctement , parfois même avec douceur . A première vue , il semblait briller dans l'auditoire , tant tous les yeux étaient rivés sur lui . De l'assistance , d'ailleurs , on ne voyait que le regard incertain . Les corps , formes ou silhouettes restaient trop troubles , indistinctes .
L'Accusé était absorbé par la situation , oubliant presque de paniquer .
Alors que Sachiel prenait son inspiration , les murs se mirent à bruisser . Puis , la lumière explosa , emplissant d'une clarté nouvelle quelques autres pans de mur . Des tentures , des rideaux .. qui rappelaient très fortement une scène d'opéra .
Baroque , l'homme manqua de défaillir .
"Vous ĂŞtes un monstre" .
Sachiel lança cette phrase comme une calme et paisible affirmation .
"..."
Aucune réponse . Les yeux hésitaient .
"Vous êtes un monstre" répéta-t-il . Sa voix était glaciale .
"Mais ... pourquoi ? Qu'ai-je fait ?! Enfin , répondez-moi , de quoi suis-je accusé !" l'accusé s'emportait .
"Vous êtes une bête immonde , et vous le savez très bien !"
Sachiel leva avec langueur son bras , puis pointa d'un doigt inquisiteur la balustrade inférieure .
"De toutes façons .. je n'ai pas besoin de vous accuser et de nommer vos crimes pour que vous en ayez conscience ..
Vous êtes un être humain , descendant d'espèces sauvages , et cette ascendance se lit toujours sur vos traits . Et le raffinement de l'esprit auquel votre espèce prétend est totale excuse . Vous avez tout gardé de l'esprit animal si ce n'est que vous y avez ajouté des lois garantissant une soi-disant vit civilisée . Mais lorsqu'on regarde dans vos yeux , exemple banal d'une vie humaine , on y voit l'exacte retranscription de vos vices et vos instincts . Dans vos coeurs déborde l'envie et le besoin de débauche . Et toi .. petit être , car tu ne mérites pas que je te vouvoie , tu en es le plus pitoyable exemple . Sur quoi tables-tu pour te prétendre innocent ? Toi-même tu ne sais pas qui tu es , perdu dans ce monde que tu hais et que tu aimes . Toi-même , tu ne sais rien de ces deux sentiments . Tu es égoïste . Tu n'aimes que pour ce que les choses t'apportent , que tu le sache ou non , et il n'est rien que l'on puisse qualifier de pur en toi . Regarde .. à peine sorti du ventre de ta génitrice , tu cries , tu hurles , tu pleures pour qu'on te donner de l'amour , de la chaleur , et tout au long de ta vie tu gardes la même attitude . Seulement , elle est plus cachée .. plus subtile . Je dirais plus vicieuse . Tu t'enorgueillis de continuer sur le droit chemin , vois-tu .. Même , pour ton cas plus précis , tu pavanes , en déclarant que tu ne suis pas le chemins tracés , les normes bêlantes et que tu revendiques ton identité . Ton identité ? Laisse-moi rire . Je vois tout en toi , je vois clair . Ton identité est un appel au secours . Tu veux te détacher de ce groupe pour que l'on te remarque et , surtout , que l'on t'aime . Quelle différence entre celui qui réprime ses instincts , à un point tel qu'ils ruissellent de lui et celui qui leur laisse libre cours ? Quel différence entre toi , petit homme , et un assassin ?
Laisse-moi te répondre .
Aucune .
Mon pauvre , tu transpires la solitude et la haine . Tu ne sais rien de toi ni de ce qui te compose , et ceci n'est à reprocher à aucune société . Tu serais un imbécile de croire que la providence t'en veut en personne et que tu es victime d'un système implacable .
Tu es si faible au fond . Devant tes parents , tes amours , ta famille , tes amis , et mĂŞme devant des gens que tu ne connais pas .. Toutes les excuses que tu peux trouver ne valent mĂŞme pas Ă tes propres yeux .
Tout ce que tu cherches ? Être protégé . Te créer une bulle dans laquelle tu serais Roi . Tu cherches à légitimer ta propre existence . Et elle est tellement présente que je la sens d'ici , cette vague pulsion si .. déplaisante et .. honteuse qui coule en toi . Quand tu es déçu , quand tu es déstabilisé , voilà bien ta vraie nature qui remonte .. Te voilà déjà colérique , violant et prêt à tout pour te venger .. de ta propre honte . Te voilà sournois , bas , livide et hagard , tu ne sais plus ce que tu fais , mais tout ce que tu veux , c'est sentir le repos après que le sang ait coulé . Te sentir ... Puis , lorsque tu n'as évidement rien fait , vu ta faiblesse , tu t'apitoies sur ton sort . Ah ... Quel destin . Quelle voie tracée pour moi par quel dieu . Que les hommes sont injustes . Pourquoi ne m'aiment-ils pas ?
...
Martyr .
Tu es pauvre .
Regarde .. autour de toi . Tous ils te regardent de travers . Ils t'en veulent . Ils veulent te prendre . Ils ne sont pas humains , ils ne sont pas comme toi .. Toi seul tu sais , mais eux , ils ne peuvent pas comprendre . Ils ne peuvent pas . Toi , tu peux . Tu es le seul Ă pouvoir . Tu sais . Tu sais mais ...
Pourquoi , alors , doux rĂŞveur , as-tu tellement besoin d'eux ?
Tu sens la Fange sous le Paradis ?
Orgueilleux esprit , mĂŞme au fond de toi , sens-tu le poids de ton corps .
Voile tes yeux .. la douleur te rendra fou !
"
Sachiel , à présent , lançait réellement des invectives , d'une voix enflammé . Sur la scène de l'opéra , il paradait avec une gravité perçante . L'homme se tordait d'une douleur qui semblait le vriller de toutes parts .
"
Tu sens , à présent , le monstre que tu es .. Prêt à tuer et à piétiner tous les idéaux du monde pour te sentir enfin réconforté ? Car tu cherches à trouver qui tu es , mais au fur et à mesure , tout cela te paraît de plus en plus insupportable . Quelle épuisante galère , d'Etre ! Tu dois faire des choix , te situer par rapport aux autres , et leur convenir surtout . Être ce qu'ils veulent que tu sois .. Hmm .. délicieuse et piquante phrase , n'est-ce pas ? Je sens d'ici ton orgueil se tordre . Toi , toi qui veut être Autre . Maladive âme , qui tente par tous les moyens de cacher à tes propres yeux ta médiocrité . Voilà des siècles que les tiens entretiennent ce mensonge .
Tu es également coupable de colère . Si tu faisais preuve d'honnêteté , en regardant derrière toi , jamais tu ne pourrais trouver suffisamment de fierté pour mouvoir ce corps , pour oser simplement regarder quelqu'un . Tu as parfaite réminiscence de tout ce que tu as fait , des gens que tu as blessé , volontairement ou , comme tu dis , sans le faire exprès . Tu en as non seulement conscience , mais jamais ce penchant ne s'éteindra en toi . Tu es , dès le départ , un être détestable . Dans les moments où tout en tout se met à bouillir , quand tu "vois rouge" , comme tous ceux de ta sorte ont l'habitude de dire , tu sens toujours ce .. hmmm **Sachiel sourit** petit sourire se figer sur tes lèvres . Ce bonheur presque charnel , lorsque tu fais du mal .. Lorsque tu détruis , lorsque tu casses , lorsque tu broies . Tu l'as ressentie , cette jouissance perverse , n'est-ce pas ?
Tu l'as ressentie , et tu t'en es morigéné , par la suite , pendant quelques heures quelques jours , peut-être , mais dès que ton esprit sera lassé d'une vérité qui ne lui convient pas , ta conscience fatigué fera retentir à nouveau le tocsin de la paresse , et tout sera oubliée . Pardonné iniquement . "Ce n'est pas moi ... c'est de sa faute , oui . Voilà . C'est lui . Moi je n'ai fait que réagir" .
Réagir . Oui . Mais avec quel plaisir , quelle excitation .. Enfin une occasion d'exprimer la cruauté qui rôde en toi .. Hmm .. Chacune de ces occasions est une tâche outrageante , au fond de toi , et je n'ai même pas la force de les comptes . Tu sais tout ce qui court en toi et qui jamais n'atteint la surface : tes actes . Mais de tout cela , tu es aussi coupable .
Dans ton cas particulier , tu as atteint , dans les tréfonds de ton esprit , dans une zone qui est loin d'être inconsciente , un état de débauche trop important . Tu sens bien que derrière la fine couche de glace que tu modèles à ton aise s'étend une mer . Rouge et impétueuse , dont les flots n'ont plus aucune idée de la direction vers laquelle ils doivent s'écraser . En dessous , il n'y a plus rien . Plus de morale et point d'avantage de régulation .
**Sachiel chochotte**
Tu le sais ...
Rappelle-toi tout ces instants .. ces visions si horribles que tu ne pouvais les soutenir sans que tes jambes flanchent . Lorsque ton esprit ne pouvait plus soutenir cette atrocité qui court en toi refusait net toute réflexion . Car c'était ça , Toi . Tu es cet être dépravé , haïssable , exclu de toute vie sociale , solitaire et meurtrier .
Et solitaire , il ne l'est encore que par défaut . Parce que tu n'es pas assez contenté , ou accepté , ou aimé . La frustration qu'à toi-même tu te caches . Un de tes innombrables mensonges .
Car finalement , ton désintéressement , ton altruisme ne cachent rien d'autre qu'un égoïsme en attente .
Rien n'est pur chez les tiens , mais , sachant ceci , car tu n'es plus dans l'ignorance longtemps , et ayant dépassé depuis de nombreuses années un certain stade qui rend tes frères et soeurs .. excusables , ou du moins qui fait ressentir une vague pitié envers eux , tu as la prétention de te concevoir comme un être innocent !
T'innocenter Ă tes propres yeux ? Mais mon pauvre , ne vois-tu pas comme tu es aveugle !
"
Sachiel était flamboyant . le Miracle , abattu , ne le regardait plus depuis longtemps , recroquevillé au sol par les paroles inquisitrices de l'Ange . Son regard ne quittait plus la large dalle de marbre sur laquelle il se tenait encore debout , il y a quelques minutes , fier et décidé à faire valoir son bon droit . Il tremblait , si fort .
Par Rainn le 9/2/2003 Ă 11:48:03 (#3200746)
Acte 3 :
Armisaël .
Tout ceci Ă©tait vrai .
Il était , sans s'apitoyer sur lui-même , en toute objectivité , un être répugnant dont les principes moteurs étaient tout sauf louables .
Un instant , il se mit à ramper vers la barre de sa tribune , perdu dans une indescriptible torpeur . Chacune de ses pensées s’ajoutait à ces incroyables charges , et en chacune d’elles il reconnaissait l’une des accusations de l’Ange . La scène était très étrange . A présent , le Miracle était affaissé contre la balustrade , la tête désarticulée plongeant dans le vide , comme un voyageur , qui , embarqué sur son navire , se rend compte qu’il a le mal de mer et se précipite sur le pont , au bord de défaillir . Tous les yeux étaient rivés sur lui , et chacun semblait le transpercer . Ils voyaient clair en lui .
Lorsqu’on s’attardait sur le Miracle , on pouvait lire sur ses traits encore si proches de l’enfance une saisissante impression de lassitude . Dans son esprit coulait ce fleuve sans fin des pensées arrachées , charriées par un courant indomptable , et plus la chute devenait violente , plus il sentait ses membres le trahir .
Il était un jeune garçon d’une vingtaine d’années , à l’âge où d’habitude , on croque la vie de toutes nos dents . Son histoire n’était pas très propice à faire éclore sur ses lèvres sèches un quelconque sourire , mais à présent , il se sentait plus coupable de jamais d’Être .
Oui , il avait connu des moments difficiles , mais la principale cruauté , la sienne , dépassait de loin toutes les autres réunies . Tout ce qu’il avait pu enduré , loin de le purifier , avait fait de lui un être de fange . Plus encore , c’est Lui qui en était seul responsable . Il avait laissé les choses couler , attendant un secours providentiel , sensé venir d’on ne sait quels cieux . Et rien n’était venu , la plage n’avait plus jamais connu la délicate teinte que prend le sable lorsqu’il s’embrase . Lorsqu’on sent que l’astre du jour , bientôt , va surgir de derrière les profondeurs ombrageuses . S’il était effectivement arrivé quelque part , c’est à cet endroit maudit où le soleil s’écrase chaque nuit .
Et il avait vu tellement de fantômes défiler dans son esprit . S’il n’avait pas perdu totalement la raison jusqu’alors , ça semblait à présent en bonne voie .
Le Miracle était un étudiant comme les autres , vivant dans une chambre comme les autres , fréquentant des gens presque comme les autres , pourtant , il savait être tout , sauf un des Autres . Malgré tout ses efforts , jamais il ne pourrait oublier , jamais il ne pourrait se pardonner .
Sachiel l’avait anéanti .
Un instant , il sentit sortir de sa torpeur une envie impérieuse , ses deux pieds se décolèrent du sol et , sur le point de perdre l’équilibre , il aurait plus que tout souhaité basculer en avant , pour s’écraser au sol , après une chute rédemptrice d’une dizaine de mètres . S’écraser .
Mais encore une fois , ce fut le regard de Sachiel qui lÂ’en empĂŞcha .
Lâche il était , dès son origine .
Lâche il avait continué à être .
Lâche il sera .
Être lâche ou souffrir . Drôle de manière de concevoir la vie , mais la réalité de cette phrase est si vérifiable qu’on n’ose à peine la prononcer . De peur de perdre définitivement tout espoir dans la vie .
Même si son corps était régulièrement secoué de spasmes , le Miracle était mort .
Il avait fait .. tant de choses impardonnables .
Il en avait pensé d’autres .
Des images .. qu’il ne voulait pas . Qu’il refusait et combattait jusqu’à ce que , las de s’escrimer , il finisse par les accepter . Si le corps humain est limité , la force qui le poussait vers le néant et le vice semblait infatigable .
Et pourtant .. Il était coupable . Seul coupable . Pour déroger à sa lâcheté , il devait l’assumer .
Pour quel châtiment ? La mort ?
Soudain , de nouveau , la voix de celui qui semblait être le Juge s’éleva , le tirant d’un douloureux état , extérieurement amorphe , mais intérieurement destructeur . Une bouffée d’air .
« Sachiel , l’Inquisition , a parlé . »
Ce dernier s’apaisa immédiatement , la joute qu’il venait de mener semblait à présent n’avoir été qu’un rêve et , d’un démarche lente et désarticulée , il se dirigea vers la tribune qui lui était réservée . Pendant la suite du procès , il ne fit plus un mouvement .
Le silence retombe , la lumière se fait plus diffuse , plus douce .
Le Miracle soupire , le cœur haletant , affolé d’avance par ce qu’il allait , sans doute , entendre.
Dans le calme Â…
« Armisaël »
De nouveau , la lumière se fit cristalline presque fluide et , mollement , le seconde Ange s’approcha des deux tribunes centrales : Celles du Juge et de l’accusé .
Armisaël sourit . Il sourit distinctement au jeune garçon . D’un sourire , non point sadique comme celui d’ l’Inquisiteur , mais rassurant , chaleureusement , comme s’il sentait la profonde douleur qui courait en ses veines et qu’il voulait l’apaiser . En ces yeux , on pouvait lire qu’il s’en sentait capable . Après avoir jeté quelques regards à l’assistance , l’Ange leva les yeux vers le plafond et commença à s’exprimer d’une voix douce , extrêmement douce . Le Miracle était suspendu à ses lèvres .
« Douce matinée sur Terre …
N’est-ce pas , Ô Miracle ? Tout ce qu’à dit Sachiel est vrai . »
Le sang du garçon se figea , comme si quelque chose en lui s’effritait , se disloquait encore . En cet instant , il pensa que jamais on ne pouvait prétendre avoir touché le fond du désespoir .
Amertume Â…
Toujours dans une intonation suave , Armisaël poursuit .
« Tout est vrai , car tu es un être faible et parfois servile . Mais Sachiel a omis quelques détails , ma foi très importants . Je suis un Ange ! »
Disant ces mots , il apparut soudain baigné par la lumière , dans toute sa divine splendeur . Des traits si parfaits qu’on les aurait dit crées hors du temps . L’éclat de la source irisait son visage .
« Mais .. être un Ange ne m’empêche pas de ressentir . Et , en toi comme en tes semblables , c’est une muette détresse que je sens . Un cri sans voix qui aimerait retentir aux quatre coins de l’espace .
Tu as conscience d’être incomplet , imparfait et temporel . Vivre dans ces conditions devrait t’être insupportable , et , chez vous , me semble-t-il , vous avez coutume de dire que le Sens de la Vie est une question à laquelle on ne trouve jamais de réponse . Or , vous la cherchez tout de même .
Vous cherchez tout de même à vivre en acceptant de mourir , et , plus encore , vous tentez de construire , de vous rendre meilleur , d’être en position de profiter de toutes la beauté d’une existence qui passe si vite qu’on ne s’en aperçoit à peine . Votre attitude , devant la vie , reste tout au long de cette dernière , celle d’un enfant qui découvre .
Et c’est précisément cela qui m’émerveille , chez toi , tout particulièrement , Ô Miracle.
Je connais ta douleur , chaque jour elle retentit en ces murs . Je l’entends souffler , soupirer , se tordre et ramper dans un coin de la salle , se lever , crier , puis rouler dans la poussière et agoniser . Comment t’en vouloir .. Je sais que tu fais de ton mieux pour mériter cette vie et que chacun des gestes que tu contrôles encore est orienté vers la lumière . Et ce n’est point mièvrerie de ma part . **Armisaël devint plus grave** . Si vous n’êtes que grain de sables , vous avez la prétention de vivre !
A peine sorti du ventre de votre génitrices , pour reprendre les mots de Sachiel , vous souffrez , et n’est-ce point par un cri de douleur primaire et insoutenable que le nouveau-né découvre le monde ? Une lumière insoutenable , un espace étranger , qui restera étranger jusqu’à la fin , séparé de l’océan primordial dans lequel il baignait . Celui des âmes sans corps , cette immense mer , plongeant vers l’infini sans jamais s’y perdre , où chacun forme tout , mais où l’individualité n’existe pas . Arrachés à cette douceur pour être placé dans un monde de murs et d’épines . Arrachés à l’onde pour être enracinés en Terre . Echoués sur le sable . Vu sous cette angle , votre vie s’apparente à un châtiment d’une grande cruauté . Et pourtant , appréciez l’intensité du combat que mènent les hommes pour survivre , les valeurs qu’ils développent . Portés par des besoins instinctifs , peut-être , mais capables , dans des instants , aussi rares soient-ils , d’occulter ces pulsions pour fonctionner en autonomie . Capables quelques instants d’oublier leur provenance et la douleur qu’ils ressentent , exilés loin de leur origines , loin de cet océan calme , leur tranquillité , qui manque , qui pèse , qui les rappelle à eux . Ainsi , n’étant que grains de sable , vous avez la prétention de l’être , et de l’être le mieux possible ! Insubordination à une fatalité que l’on pourrait pourtant accepter , résignés , car tout au long de votre vie vous serez poussés à elle . Loin du fatalisme , je ne peux que vous rendre la gloire qui vous revient , Ô infimes êtres pourtant univers à vous seuls !
Je ne cherche pas à faire de l’espèce humaine une race sanctifiée puisqu’en elle même , elle porte les germes d’un mal absolu et horriblement intense . Ou plutôt , vous en portez la possible expression . Mais , dans vos recherches , si violentes soient-elles , si l’on oublie toutes les représentations , les transcriptions de sentiments primordiaux , que reste-t-il ? Qu’est-il , au fond d’un être humain , et en ton cœur , Miracle ?
**Silence** **Les os du jeune homme cessent de se dissoudre**
La peur .
La peur et le besoin de combler dÂ’insondables manques .
Car vous naissez nus et incomplets .
Qui vous jugera coupable d’avoir peur et de chercher le réconfort ?
Miracle , c’est toi , aujourd’hui , qui est jugé . Même étant Ange , je ne pourrais pas rendre sentence au sujet de ton espèce entière . Mais à ton sujet , je puis me le permettre .
Tu penses être sincère , lorsque tu cherches le bonheur et la voie juste pour ton âme , Miracle ? »
Toujours abasourdi par l’opposition des propos tenus à son égard , le garçon resta muet quelques instants , jusqu’à ce que l’insistance du regarde d’Armisaël soit telle qu’il la sente brûler ses chairs .
«- Si je pense être sincère , dit-il , comme si ces mots coulait sur lui et qu’il cherchait en vain à en comprendre le sens , Si je pense être sincère .. Hmm . Oui , enfin je crois .
-Ton sentiment n’est pas pur et tranché , car tu as peur . Ce n’est pas une envie directe de justice ni de vérité qui te domine , mais cette peur sans visage , qui te fait avancer , et ce manque qui te fait créer cette chose si particulière que vous nommez amour .
Tu ne sauras jamais qui tu es , Miracle ! Pourtant , tu essayes , tu tentes , souvent en vain , et dans ton sillage , tu auras laissé des questions sans réponse.
En ce moment .. dans ton cœur , je ne sens rien de mauvais . Tu es enfin confronté à toutes ces strates de toi-même , et , si Sachiel t’a démontré qu’en rien tu ne pouvais prétendre à une grande pureté , à mon tour maintenant de te dire que tu n’es pas un immonde être rampant et se complaisant dans sa fange . Démons et orages déferlent dans ton esprit avec une intensité que nous , Anges , ne pouvons même pas imaginer . Tu es devenu très complexe , avec le temps , de manière souvent aléatoire et un peu hésitante , mais tu t’es formé , et chaque jour , tu tentes de rectifier le tir . Pour t’attirer un certain amour , un certain regard de la part de tes semblables , certes , car , il en va également ainsi pour tout tes semblables , ce qui reste fondateur de ton mouvement , c’est cette peur de n’être rien . Parfois , acculé dans un coin d’ombre ,tu la sens . Cette envie de redevenir minuscule , néant , de te recroqueviller jusqu’à disparaître , jusqu’à t’oublier toi-même . Ne plus avoir à supporter , à comprendre , à endurer . Ceci est la preuve même de l’implacable violence du combat que chaque être , et toi en particulier , Miracle , mène . Entre des forces instinctives et destructrices , et l’envie de mener leur vie si brève , si dérisoire . Un grain de pollen qui voudrait que le vent le pousse jusqu’aux limites qu’il n’a encore jamais vu .
Je trouve cela beau , Miracle .
Ton hésitation est attendrissante , et , dans ton procès , montre que tu ne veux PAS être mauvais . Si tu as bien une faction infecte en toi qui sabote chaque intention de tendre vers une quelconque pureté , tu cherches tout de même à continuer . Pour être aimé , certes , pour te sentir méritant , certes , mais simplement aussi pour te sentir vivant . Mû par tant de détestables penchants , tu parviens même à aimer , Miracle . Aimer d’un amour concupiscent , parfois , d’un amour ambigu ou bien parfois même désintéressé . Tu n’es pas le plus pur des êtres humains , mais je crois que tu as cerné ton combat . Toutes ces années à pâtir de … ces choses ont fait de toi un être sans grande morale et sans vraiment de barrières , mais pour autant , tu ne tombes pas , et c’est pour ça qu’à mon sens , Miracle , tu es innocent .
Tu es capable dÂ’aimer tout en sachant que ton amour est sans espoir .
Tu es capable de vivre tout en sachant que tu vas mourir .
Laisse-moi te dire ces quelques mots :
«
Tu as espéré des années durant
Pour ensuite tÂ’Ă©craser ,
Tu as cherché , même dans le sang
De quoi subsister .
Et si dans les plus funestes idées
Tu as souillé ton âme
Jamais , pourtant , tu n’as renié
LÂ’innocence pure et calme .
Tu es monstrueux et difforme
Seul dans le DĂ©sert
Et tu marches et tu tÂ’assommes
Et tu brises tes prières
Contre le mur , la déchirure
Que tu aimerais tant franchir
Dans cette guerre , engeance impure
Tu cherches à guérir .
Alors que ta volonté milles fois se brise
Contre les plus imposants remparts
A chaque pas , ta flamme sÂ’amenuise
Mais tu sens la douceur couler en toi de toutes parts .
»
**Armisaël semblait victorieux , il laissait derrière lui un silence envoûtant comme une traînée , et malgré la solennité qui régnait dans la salle , on sentait bien que tous les avis étaient mitigés à présent .
« Miracle .. Tu es innocent , tu le seras tant que tu voudras l’être »
Par Rainn le 9/2/2003 Ă 12:12:29 (#3200856)
ContreJour .
Acte 4 : Tabris .
Baroque , le Miracle hésitait à se redresser , ballotté , divisé entre culpabilité et la peur d’un orgueil qui semblait , d’après Armisaël , lui revenir de droit . Mais suite aux propos si perçants de vérité de Sachiel , comment pouvait-il sourire de nouveau ? Les mots de ce dernier avaient eu un impact mille fois plus incisif sur lui que ceux du deuxième Ange . Peut-être parce qu’il lui avait asséné sans ménagement aucun les vérités cinglantes qu’il fuyait depuis sa naissance .
C’était un étudiant assez évasif , qui passait parfois dans la vie des gens comme un météore dans le ciel nocturne et qui avait de nombreuses tendances assez étranges , inexplicables comme , il le présumait , chez la plupart des êtres humains . Un besoin irrépressible de se sentir aimé , et parfois , une jalousie honteuse, une tendance à ne pouvoir contenir des choses qu’il avait peine à s’avouer à lui-même .
Armisaël l ‘avait quelque peu soulagé , il savait à présent que ces Choses ne le constituaient pas , mais qu’elles étaient infantes de la Peur . Mais c’était insuffisant pour qu’il puisse se tenir debout sans sentir son propre poids le clouer au sol . C’en était trop . L’évocation de l’Océan qu’avait faite l’Ange l’avait plongé dans une contemplation rêveuse . Pourquoi vivre ?
Il voulait retrouver ce calme si parfait , si originel .
Et pourtant Â… Il vivait , et sÂ’s'escrimait Ă rester en accord avec lui .
Ou plutĂ´t , il survivait et voulait apprendre Ă vivre .
Une fois de plus , la voix toujours insensible du Juge le tira de ses méditations .
« Armisaël , la Lumière , a parlé . »
Ce dernier se retourna avec éclat , dans une attitude quasiment théâtrale . Il semblait dans une extase béate , et , avant de plonger dans les ombres à nouveau , pour se figer devant sa tribune , il adressa un sourire chaleureux au jeune garçon , toujours prisonnier de son esprit , dans la balustrade qui semblait être son vaisseau , parti pour s’enfoncer des les ombres de la folie .
Sachiel semblait étudier la scène . Il ne dit rien . Aucun reproche ne semblait plus émaner de lui , aucun sentiment non plus , d’ailleurs . Pourtant , il semblait parfaitement conscient .
Le Miracle était au paroxysme de l’appréhension , il lui semblait qu’une lame acérée lui transperçait la gorge , sa voix se perdit dans un soupir , il voulut rappeler Armisaël , mais il savait que la plaidoirie du deuxième Ange était terminée .
La lumière , qui , par deux fois , à l’entrée sur scène des Anges , s’était fait aveuglante , était à présent presque morte .
La voix du Juge se fit de nouveau entendre , alors que les silhouettes qui composaient l’auditoire commençaient , pour la première fois , à s’animer .
La troisième tribune était celle du milieu .
« Tabris , le Libre-Arbitre . »
Par Rainn le 9/2/2003 Ă 14:23:49 (#3201624)
ContreJour .
Actes 4 et 5
Actes 1 , 2 et 3 sur la page précédente .
"
Acte 4 : Tabris
Le Dernier Ange s’extirpa des ombres . Seuls les contours de son corps étaient visibles , et il attendit un instant avant de s’avancer vers la Scène . Un moment , il se figea , et les quelques poussières lumineuses qui le rendaient visibles trahirent l’incroyable phénomène qui se déroulait .
Tabris s’était effondré , sa stature majestueuse d’Ange s’était retrouvée plaquée au sol , sous l’effet d’une force imperceptible , mais à priori intense , tant sa chute avait été violente ..
Le Miracle poussa un cri .
Les autres Anges examinaient la scène .
Tabris gémissait , et bientôt se mit à se convulsionner , son corps était à peine visible , mais il semblait rétrécir , se tasser , se liquéfier , et bientôt , il se figea . Un instant , le garçon fut heureux de ne point voir l’état dans lequel était l’Ange , mais sa stupeur de nouveau , le laissa sans voix , même intérieure .
La silhouette , lentement , plaque ses coudes au sol , puis , au prix d’un effort qui semblait mobiliser toute son énergie , il parvint à se redresser , d’abord posant un genou à terre , puis , prenant appui sur ses bras , finalement se releva entièrement . Quelque chose semblait ruisseler de sa tête .
La lumière commença à dévorer de nouveau l’ombre . Elle s’étendait , semblait vouloir occuper tout l’espace , et , à son contact , le Miracle la sentit presque tangible , de nouveau . Il était emporté , quasiment bercé par cette source si omniprésente .
Lorsqu’elle parvint à la silhouette de Tabris , le Miracle ne put réprimer un sursaut , une impulsion de stupeur .
Il n’était plus l’Ange qui l’avait traîné de force dans la tribune de marbre de l’Accusé .
Un filet de sang coulait de ses lèvres . Son apparence était celle d’un humain , d’un garçon , comme lui , d’une vingtaine d’années . Il lui ressemblait étrangement , d’ailleurs , sans pour autant être sa copie conforme . Ses bras pendaient le long de son corps , et il semblait encore si peu sur de ces gestes que tout en lui n’était que raideur et hésitation . Soudain , après quelques instants , le temps nécessaire pour s’acclimater à cette formé , si étrange , loin de celle d’un Ange , Tabris leva brusquement les yeux jusqu’à la scène , et d’un bond formidable , il traversa l’obscurité séparant les tribunes du pilier de pierre qui portait les deux tribunes .
Une fois sur Scène , il eut quelques regards épars . D’abord vers le Juge , puis vers l’assistance . A ce moment se produisit quelque chose d'ahurissant . L’Ange Tabris leva une main , à mi-hauteur , et l’observa longuement , puis , serrant le poing , il ferma les yeux et ses pieds quittèrent du sol .
Il s’éleva lentement dans les airs , figé dans cette position .
Son ascension fut lente , et , chaque seconde voyait le cœur de l’accusé s’emballer un peu plus . En effet , Tabris ne se dirigeait pas vers le balcon du Juge , mais bien vers le sien .
Arrivé à sa hauteur , l’Ange franchit la rambarde d’un bond très leste qui le fit atterrir à la verticale , incroyablement droit , à quelques centimètres à peine du visage de l’Accusé .
Celui-ci recula avec précipitation , mais bientôt , il se trouva bloqué par la rambarde Sud . L’Ange l’avait suivi calmement , et de nouveau se figea très près de lui .
« Miracle »
Il avait prononcé ces mots d’une voix très amusée , comme s’il ne saisissait pas la gravité de la situation . Un instant , l’intéressé fut piqué au vif par ce ton un peu moqueur , mais , de nouveau , il sombra dans une catatonie désespérée . Il n’était qu’objet , en ce lieu . Et partout ailleurs également .
Le souffle de Tabris sur son visage Ă©tait chaud . Il pouvait presque sentir les vibrations de sa voix .
« Je me suis permis de venir jusqu’à toi , Miracle.
Laisse-moi éclaircir quelque peu la situation , avant de la défaire à jamais . »
L’Ange fit claquer deux de ses doigts , et, instantanément , tous les murs se révélèrent . L’Opéra avait disparu , et la scène s’était transformée en extérieur . Tabris et Le Miracle se trouvaient dans une plaine douce et verdoyante , bercée par un ciel azuré , sans aucun nuage .
Un endroit très bucolique , d’une beauté pénétrante . Tout rayonnait de délice et de sereinement .. Jamais , même dans des endroits si paradisiaques , il n’avait réussi à se sentir parfaitement paisible , et c’était une des choses supplémentaires qu’il se reprochait . Tant de culpabilités , car il n’était sans doute pas comme il aurait voulu être .
« - Vois-tu … Je vais parler avec toi , Miracle . » Sa voix était d’une neutralité dé stabilisante .
« - Pour m’accuser ou bien m’innocenter ? » La proximité étouffante de l’Ange mettait notre jeune garçon bien mal à l’aise .
« -Ni l’un , ni l’autre , s’amusa-t-il de nouveau .
-Bien , alors .. je suis prĂŞt .
-Tu es loin d’être parfait , plus encore , tu es , en tes principes mêmes , vicié . Bassesses et vertus se confondent en ton cœur , et , loin de pouvoir te réduire à l’un ou l’autre de ces versants , je ne vois en toi qu’une alchimie .
-Oui , je suppose que c’est une vérité .
-Donc , comment , pour moi , tÂ’innocenter oĂą te condamner ?
-Je ne pense pas être en état de répondre à cette question ..
-Tu as été mauvais , le long de ton existence ? »
Le Miracle resta pensif , quelques instants . Il semblait se projeter hors de lui , et examiner le cours de sa vie , sans plus prĂŞter attention au fait quÂ’il sÂ’agissait de la sienne propre .
« Oui . Je n’ai pas été digne de ce que je prétends être , lança-t-il d’une voix affaiblie ..
-Que voulais-tu ĂŞtre ?
-QuelquÂ’un de bien .
-CÂ’est Ă dire ? QuelquÂ’un de respectable ?
-Oui . Et aussi quelquÂ’un dont je pourrais ĂŞtre fier .
-Tu nÂ’as pas reussi ?
-Non , Regarde , Tabris . »
Le jeune garçon réalisé qu’il venait de tutoyer un Ange . Mais son apparence si proche de la sienne lui donnait l’impression de s’entretenir avec sa propre conscience . Tabris ne réagit pas . Un peu troublé , le Miracle reprit :
« Il n’est rien en moi qui soit pur et limpide , tout n’est que compromis entre vices et répression , et , étant encore tout proche de ce magma inextricable , je me trouve hésitant , faible , sans aucune considération pour moi-même . Tout m’est incompréhensible . Je ne cherche qu’un abri . Comme l’a dit Sachiel , je suis un lâche , souffla-t-il , alors que sa tête , lentement , semblait devenir plus lourde .
-Oui . Je vois que tu es sincère .
-Comment me mentir encore à moi-même , après ces mots ? Si je ne suis pas un être horrible , ni un corps pur , que suis-je , alors ?
-Tu es toi-mĂŞme , ne penses-tu pas ?
-Cela ne me convient pas .
-Je vois .
-Je veux ĂŞtre autre chose .
-CÂ’est Ă dire ?
-Je veux être aimé .
-Aimé ?
-Oui , je veux être l’étoile d’un monde dans lequel je serai toujours chez moi . Je veux que personne ne m’oublie . Regarde , Tabris , ceci , c’est l’ancienne complainte de Resyal . Je pense qu’ayant entendu ces mots , tu pourras me comprendre . »
Le Miracle prit une longue inspiration , puis , il commença à déclamer un texte avec une voix tremblante , une intonation presque éteinte . Chacun de ces mots semblait vriller un peu plus l’estime déjà faible qu’il avait pour lui-même , et c’est à grand peine qu’il retint quelques sanglots .
«
Je suis mauvais parce que je veux m'élever au dessus des autres parce que je veux leur respect . parce que je veux qu'ils me voient , je veux qu'ils me comprennent parce que j'ai besoin d'amour et de chaleur , un besoin terrible , parce que c'est à travers eux que j'existe , parce que sinon , je me sens seul et petit , et la seule envie que j'ai est celle de disparaître , de me faire tout petit jusqu'à disparaître , parce que j'ai peur de mourir , parce que tout seul , j'ai peur , parce que je n'ai pas confiance en moi , parce que j'ai peur du temps qui passe . Parce que j'ai peur d'être insignifiant , et dans un sens , j'ai peur que la Terre continue de tourner même sans moi , j'ai peur d'être oublié . »
Sur ce dernier mot , sa voix se brisa sensiblement , et , relevant Ă peine la tĂŞte , Ă travers ses cheveux , refusant de regarder lÂ’Ange Tabris , il soupira :
« Tu comprends ? »
Ce dernier lui sourit :
«-Bien sûr que je comprends . »
«-Je suis lâche . Ignoble , dégénéré et lâche .
-Tu manques encore beaucoup de maturité . »
Le Miracle avait remarqué quelque chose . Disant ces mots , sans vraiment le vouloir , il avait cherché à susciter de la pitié de la part de Tabris . Il commençait à aimer cet être , et voulait l’emplir de bons sentiments à son égard . Le premier qu’il avait voulu déclencher était celui de la pitié . Il n’avait effectivement plus que très peu de morale , mais , s’en rendant compte , il prit soudainement conscience de la profondeur de cet acte , il comprit . Sans pouvoir agir , mais il comprit . Ses yeux brillèrent .
« -Je comprends , Tabris .
-Je crois que tu comprends , en effet , répondit-t-il en souriant .
-Mais comment accepter cela ?
-Toi seul peut le faire .
-JÂ’essaye chaque jour !
-Et tu nÂ’y arrives pas .
-Non ..
-Pourquoi ? »
Un silence Â…
« -J’abandonne toujours .
-Tu n’es pas sûr de toi , n’est-ce pas ? Tes pas sont peu confiants .
-VoilĂ
-Un penchant irréductible à l’abandon .
-Oui .
-Ton instinct s’est enlisé , Miracle .
-DĂ©finitivement ?
-Non , seulement il ne bouge pas au rythme de ta volonté , ne selon tes envies . Ton instinct passe à travers tes humeurs . Pour le faire bouger , il faut s’y reprendre un million de fois , avec ferveur , lui réapprendre à se mouvoir , avec amour . Tu es celui qui tente de faire se déplacer une montagne .
-JÂ’ai tort dÂ’abandonner .. nÂ’est-ce pas ?
-Oui , mais je peux comprendre que tu en aies envie . Veux-tu vivre ?
-Je le veux , oui Â…
-Alors ton instinct suivra .
-Rien nÂ’est jamais acquis , pourtant ?
-Non , rien . Tu dois accepter le mouvement . Tu n’es pas ceci est cela , tu ne peux pas te référer i à ceci ni à cela pour déterminer la bonne conduite , tu n’auras jamais de refuge que dans le mouvement . Tu cherches à cristalliser .
-Je comprends Â… Et donc , il nÂ’y a pas de moyen pour moi dÂ’arranger les choses ?
-Pas de moyen , non , juste des petits bouts de ficelle que tu peux assembler jusqu’à ce qu’ils forment une corde suffisamment épaisse pour tirer ton instinct hors des sables dans lesquels il s’est perdu . Individuellement , aucun n’est assez solide , et le moindre choc les fera se briser , mais quand ils seront bien soudés , guidés par une cohérence tacite , rien ne pourra les briser , ou du moins , il tiendront plus les choc , aussi violent et déstabilisant soit-il . Et même s’ils se cassent , si tu retrouves le goût si particulier qu’à la vie dans les moments de grâce , tu auras quelque chose de plus pour te guider .
-JÂ’ai du mal Ă y croire ..
-Tu es lassé
-Oui Â…
-Mais tu nÂ’es pas perdu .
-Je me le demande .
-Miracle :
Regarde les champs dévastés par les pluies qui après avoir frappé la terre , ravinent et ne laissent derrière elles que ruine et odeur de désolation . Regarde les montagnes qui s’élèvent , indestructibles , en les regardant , tu comprendras qu’un jour elles n’existeront plus ! Regarde la plaine si triste , si désolée qu’elle appelle au recueillement et au deuil lorsqu’on la voit . Plus de feuilles , pas plus de fleurs , rien que des bouts de vie , disloqués , éparpillés , emportés par un vent cruel et glacial . Cette plaine possède en elle les germes de la beauté luxuriante qu’on lui connaissait , avant que l’hiver ne vienne la happer . De même , toi-même , tu es un Univers ! Et tu contiens toutes les possibilités de l’univers en toi .
Seulement , ne cherche pas Ă ĂŞtre autre chose que ce que tu es , ni Ă te contraindre par la violence .
Si tu avances , fais-le avec confiance . Laisse derrière toi tout tes refuges . Et sois conscient que ce ne sera jamais l’affaire d’un jour .
Chacun de ces jours est différent . Ne prépare pas les joies que tu rencontreras , ni les peines qui te happeront , comme cette feuille , morte dans un jardin d’hiver .
Tous viendront , tous partiront . N’aies plus peur , Miracle . Tu vas encore souffrir , beaucoup , mais tu trouveras ta voie . Et ça sera toujours différent de ce que tu imagines . Car ça ne sera pas le monde qui changera, ça sera toi . Et donc , tu ne seras plus ce que tu es aujourd’hui .
NÂ’imagine pas ce que tu veux ĂŞtre .
Sois ce que tu es .
-Â… **Long Silence** Il y a des gens que jÂ’aime ..
-Des gens que tu aimes ? reprit Tabris , légèrement surpris pour la première fois .
-Oui . Certains que je couve d’un amour plutôt pur , vraiment , à la limite du désintéressement .
-OĂą veux-tu en venir ?
-Il y en a dÂ’autres que jÂ’envie Â…
-Pourquoi ?
-Parce quÂ’ils sont heureux .
-Ils en ont lÂ’air .
-CÂ’est une apparence , Tabris , je le sais . Mais Â… jÂ’aimerais me sentir heureux comme ils donnent lÂ’impression de lÂ’ĂŞtre .
-Est-ce que justement , le fait de te dire que tu dois ĂŞtre autre pour ĂŞtre heureux ne tÂ’en empĂŞche pas ?
-… , le silence avait envahi le garçon , une infinité de parallèles se traçaient sur l’écran de son esprit . Beaucoup de choses se rejoignaient .
-Tu ne penses pas ?
-Oui , Tabris .
-Tu es impur , et tu le sens .
-Oui Tabris .. jÂ’ai mal ..
-Je comprends … »
Les yeux de l’Ange se levèrent . Un instant passa ; puis il s’approcha encore du corps du garçon . Puis , d’un geste imprévisible , il l’enlaça et l’étreignit avec tendresse . Ce dernier nu put contenir une larme , une petite perle de neige , qui fondit sur le bord de ses grands yeux .
Puis , Tabris , s’éleva de nouveau dans les airs , avec une grâce incroyable , puis , se tenant au niveau de la tribune du Juge , prit la parole , le fixant dans les yeux .
« Juge .
-Tabris , Libre-Arbitre . Ton jugement ? »
L’Ange , toujours sous la forme d’un jeune garçon , plongea ses yeux dans ceux de l’accusé et lui adressa ces mots :
« Tu n’as pas pu me mentir , j’ai senti les vipères que parfois , tu as voulu te faire avaler à toi-même . »
Le sang du Miracle cesse de couler dans ses veines , il sÂ’effondra dans un bruit sourd , plus personne ne le regardait .
Tabris se retourna , et , sÂ’adressant finalement au juge , sÂ’Ă©cria :
« Le Miracle est innocent ! »
La lumière , une fois de plus , explosa . Elle enveloppa la scène alors que toutes les silhouettes se levaient , comme poussés par une incroyable énergie Leurs contours brillaient avec une intensité folle . Tous regardaient le Juge et Tabris sourit . L’homme leva lentement la tête , mais ses yeux ne voyaient plus tant la clarté était aveuglante .
Sachiel et Armisaël se levèrent également .
Baroque , le Miracle perdit les sens .
Tout baigne dans la lumière . Originelle .
Acte 5 : Le réveil .
Je me suis réveillé , ce matin-là .
DÂ’Ă©tranges souvenirs emplissaient mon esprit .
Tout était pourtant bien là . L’errance , les dérives , les drogues , le désespoir , la déchéance , toujours elle , la colère …
Mais je me sentais mieux .
Réaliste , dans une réalité plus belle .
.
Baroque , je me suis réveillé . L’amertume m’emplissait , tandis qu’à ma fenêtre , le soleil apparaissait .
JÂ’apprendrai Ă vivre .
Sachiel , Tabris , Armisaël …
Tabris … »
Par Rainn le 10/2/2003 Ă 10:40:48 (#3206101)
"
Baroque .
Je mÂ’Ă©tire ..
Tout sÂ’Ă©teint
Tout déteint
Dans la cire .
JÂ’aurais pu
Abandonner
Mais comment faire
LorsquÂ’on peut
Jouer !
Si jÂ’avais su ce qui mÂ’attendait
j’aurai peut-être été plus hésitant .
Attendu , un peu , avant de me lancer
A corps perdu , tambour battant .
Let me ring inside of you.
I have seen enough blooms
To make my eyes blind .
Let me ring , let me change our minds .
Let freedom ring in our words
Let freedom ring our worlds !.
JÂ’aurais tout fait pour me perdre
Corps et âme , dans un combat
Je t’ai rencontré , petite figure
Qui dessinait des sourires sur les murs .
Je tÂ’ai suivi si loin
Je t’ai suivi le jour , je t’ai rêvé le soir
Finalement , cÂ’est sur le chemin
Que jÂ’ai appris Ă y croire .
On a traversé tous les déserts
Que la Terre peut compter
On a traversé tant de mers
J’y ai même jeté ma guitare .
Trop de blindés
Trop de chiens Ă peine tenus
Qui aboient Ă la lune
Ou vers leur voisin !
Trop dÂ’injures , trop de sang sur nos plumes .
Trop de peurs pour apprendre Ă aimer
Laissez derrière l’amertume
Venez apprendre Ă oublier .
Baroque !
Et puis , baroque , tu m’as regardé
Une dernière fois , avec le sourire
Une histoire dÂ’amour qui fanait
Le fin dÂ’un Ă©clat de cire
Je suis retourné dans mes faubourgs
Noyer mon ennui dans les bars
Oublier les nuits , oublier les jours
Près d’un feu , sans vraiment y croire .
JÂ’ai du mÂ’endormir , le cÂśur tremblant
Je ne voyais plus que de la fumée
Des notes qui dévalent , un foyer brûlant
Et tant encore à espérer .
De loin en loin , je lÂ’entends
DĂ©bouler , elle arrive
Une marée d’espoirs ,
Sous nos duels
Tant de sources auxquelles boire .
Let me ring inside of you.
I have seen enough blooms
To make my eyes blind .
Let me ring , let me change our minds .
Let freedom ring in our words
Let freedom ring our worlds !.
Alors jÂ’oublie les sentiers et les Ă©pines
JÂ’en oublie mĂŞme que jÂ’Ă©tais malheureux
Reprenant ma guitare , des larmes salines
JÂ’ouvre les yeux .
Sous le ciel dÂ’encre
Si près du ciel
Je mÂ’envole
JÂ’ouvre les yeux !
"
Au fait , vous savez quoi ? Les Citrons Confits vont s'enregistrer !!!
Too bad que le forum ferme bientôt , j'vous aurai montré ce que ça donne :(
Mais j'vous promet que j'vais ouvrir un site :)
Bonne journée les JoLiens :amour:
Par Rainn le 10/2/2003 Ă 11:04:32 (#3206277)
"
Levé mais toujours lasse
Le matin qui sÂ’Ă©tire
Dehors on ne voit plus
Que le temps qui passe .
Tellement dÂ’Ă©cume
Pour que nos pas sÂ’enlisent
Dans lÂ’amertume
J’aurais préféré dormir
If my eyes are fulled of loneliness
Let me travel up to the flames
Let me burn down that sadness
And sing the storms we will tame .
Si tu veux , je t’emmène
Viens , on ira desserrer nos poings
Près de la mer , près des villes
Si près et en même temps si loin .
Si lÂ’on quittait les claies
Arpentons les doutes
Prendre la route
Un matin d’été .
A ces braises , Ă ces flammes
Comme jÂ’aimerais partir !
A moi de vibrer rĂŞver la trame
Vers le meilleur et pour le pire .
If my eyes are fulled of loneliness
Let me travel up to the flames
Let me burn down that sadness
And sing the storms we will tame .
Se faire dévorer
Par le souffle de lÂ’herbe
Offrir aux matinées
Un peu de fraîcheur
Je ne reviendrai peut-ĂŞtre jamais
Mais si un jour , j’y reprends goût
Toutes mes couleurs acidulées
Retour en ville , hurler au loup .
Contre la bêtise , un soupçon
Et pour tracer avec vous un sillon
Autre chose , hors des voiles
Lever lÂ’ancre , vers les Ă©toiles .
If my eyes are fulled of loneliness
Let me travel up to the flames
Let me burn down that sadness
And sing the storms we will tame .
Trop de langueur pour avancer
Trop de désillusion , si dures
Pourtant , tout doit sÂ’effacer
Pour chanter , quoiquÂ’on endure !
"
Tiens tiens .. voilĂ deux compos et j'vais en proposer une Ă mon guitariste : )
Laquelle vous préférez ? :p
Jo-Pourquoi ça pousse pas ? oO-ël
Par Rainn le 10/2/2003 Ă 12:02:01 (#3206713)
Retour aux sources .
J’ai trop chanté , trop attendri
Pour autant de flammes cachées
Pour tous ces espoirs assouvis
En ces vertes plaines ondoyantes .
En ces lieux de recueillement
Où j’aurais souhaité plus de chaleur
Plus forts encore , ils coulaient
En mes pupilles puis en mon cÂśur
Je n’ai rien oublié des errances
Ni des épines en mon esprit figées
Bien au chaud dans mes frissons
Qui vrillaient chaque jour mes passions .
Puis , un soir , je suis parti
Fouler de mes pas lÂ’herbe blonde
Marcher toujours , mais jamais au pas
Vivre vers lÂ’horizon ,plonger dans lÂ’onde.
Vers lÂ’avant , si je ne recule point
Mais quÂ’importe le sens , toutefois
Je marche , toujours vers le levant
Respirant , Ă©cumant dÂ’une rage sans aloi .
DÂ’incroyables oiseaux , sous mon aile blottis
Ne m’ont jamais chanté d’aussi beaux vers
Que celle de la lumière qui , en mon cœur , brille
L’envie de toujours percer l’amertume délétère .
Si je n’ai pas tout chanté ,
Et que de danser je suis las
Alors viens près de moi te coucher
Viens tout auprès de moi .
Si je mÂ’Ă©tiole , Ă ma fenĂŞtre
Une fois rentré de mes voyage
Je vois les laines de ce nouveau matin
SÂ’Ă©tendre sur chacune de vos tĂŞtes .
Si j’ai posé les rochers , de mes mains
Dans cette cascade enflammée
C’est pour que le soleil , dès demain
Ruissèle chaque jour comme un chant d’été .
Alors je nÂ’ai plus rien Ă voir
Je peux toujours chanter
Si toutes les chaumes sÂ’allument
Je marcherai une éternité
Faner le désert , à chaque nuit tombée
De mes pas impétueux , vers l’éther
Oublier que la platine me rattrape
Et que mon corps se fatigue , dÂ’avancer .
Le sommeil mÂ’entoure
Je t’ai vu ternie , volée
Viens vers moi , mon amour
Je te montrerai ces aubes dorées .
Par Rainn le 10/2/2003 Ă 12:17:20 (#3206827)
Si cÂ’est de toi que me vient
Cette plaie brûlant , chaque matin
Lorsque je me réveille
Glacé et incertain .
CanÂ’t we see the ways
CanÂ’t we break the lines ?
LetÂ’s get burned and play
I donÂ’t want anything , yet , to be mine !
Où tu m’as laissé
Dans la rue sournoise
Rance amertume
Chaque soir .
Retour au ciel
Couché , bien à l’abri
JÂ’oublie le sel
Comme toutes les nuits .
CanÂ’t we see the ways
CanÂ’t we break the lines ?
LetÂ’s get burned and play
I donÂ’t want anything , yet , to be mine !
CÂ’est ce soir que je pars
Loin de lÂ’oubli
Vivre et me coucher tard
Si je retrouve mon lit .
Je vois déjà l’autre face
LÂ’oubli du temps qui passe
JusquÂ’Ă la fin du monde
DĂ©truire toutes les impasses .
Si la clameur déboule
MĂŞme dans les faubourgs
JÂ’ai confiance
Je sais que viendra notre tour !
Par Rainn le 10/2/2003 Ă 12:30:46 (#3206918)
Tout ces mots sont Ă toi
Comment pas y croire ?
Tu m’as tellement donné
JÂ’aimerais tellement te revoir .
NÂ’oublie pas les perles
Les gouttes de pluie
QuÂ’on a pu cueillir
Entre deux rires .
Forget all that goes with tears
IÂ’ll be here , iÂ’ll be silent
Deep inside , iÂ’ll be clear
Wake up , i love this moment .
JÂ’aurais voulu te dire
Avant que le vent ne se lève
Je garderai le souvenir
De nos matins dÂ’hiver .
Ne mÂ’oublie pas ,
MĂŞme si la bĂŞte immonde
MÂ’Ă©loigne de toi
Je ne pourrais me passer de toi .
Comment oublier tous ces déboires
Et ta main si chaude
Te m’as toujours couvé d’espoir .
JÂ’aimerais te revoir Â…
Forget all that goes with tears
IÂ’ll be here , iÂ’ll be silent
Deep inside , iÂ’ll be clear
Wake up , i love this moment .
Je reviendrai , tu sais
Par quel chemin oublié
Vers toi , vers notre éternité
Pour encore admirer
Pour ne sceller nos mots
Que dans une fleur
QuÂ’on jettera Ă lÂ’eau
Toujours vers le cÂśur Â…
Windy days ..
I feel like the Anthroplasma .
Par Rainn le 11/2/2003 Ă 22:01:24 (#3217695)
Hop hop hop !
www.groovincitrons.fr.st
Pour l'instant , de prĂŞt :
ma bio à moi et celle de Thias , dans "c'est quoi ça ?"
le "oĂą on en est" des Citrons
les remerciements et le forum :)
Tadaaam :)
Par Rainn le 12/2/2003 Ă 12:21:00 (#3221105)
Je suis sorti , ce matin , dans la rue , il faisait assez beau . Nous sommes en hiver , alors forcément , je ne m’attendais pas à un grand soleil , le style de soleil qui liquéfie les blés , dans le champ , devant la maison où j’ai longtemps habité dans mon enfance . Ils paraissent si dorés , si mouvants , si ondulants qu’on paraîtrait pouvoir s’y baigner . Non , ce matin , c’était plus subtil . Quelques rayons de soleil à travers d’épais et taciturnes nuages , bien accrochés au dessus de ma ville . Un peu de lumière pour griser l’atmosphère lugubre d’un quartier où décidément , il n’y a pas souvent de beau . De beau (Qu’est-ce que j’imagine ..) . Je me suis habillé très tranquillement , aujourd’hui . C’est une sonnerie de téléphone qui m’a réveillé , un rappel d’impayé. Signe habituel qui marque le commencement d’une journée détestable , alors pour ne pas fâcher le destin , je vais tout faire très gentiment , n’opposer de résistance à personne , me laisser pénétrer par la lumière et par la fumée lorsque j’arriverai aux alentours de Flévrois , ma faculté . Je ne suis pas quelqu’un de très difficile , j’ai simplement besoin , un peu , qu’on me laisse tranquille , parfois . Enfin bref , j’ai fermé la porte derrière moi , et je suis parti en laissant la clé pendre à la serrure . Par acquis de conscience, tout de même , j’ai regardé ma montre . J’étais à peine en retard de quelques minutes . Le temps d’arriver à la fac , je pourrai peut-être rattraper le train … enfin , pour le deuxième cours , s’entend . Dans ma tête , c’était quand même un vrai souk , ce matin-là . Je pensais à ma nuit pas terminée , aux livres que j’allais commencer à lire alors que j’aurais déjà du les ramener à la bibliothèque depuis deux semaines , au chat qui se remettait difficilement d’une rupture amoureuse , du grille pain qui s’enrhume , des banalités auxquelles on ne pense pas au sortir de l’enfance mais qui sont ensuite légion à venir nous piqueter l’esprit .
Je suis assez cultivé , assez insolent , présentable , lorsque je le veux , abominable , quand je ne fais pas attention .
Je m’appelle Nathanaëlle .
Je suis né en Bretagne , évidement . Je dis évidemment parce qu’il paraît que tous les tempéraments solitaires viennent de Bretagne , l’influence de l’eau , du froid et du brouillard . Je n’en suis pas vraiment persuadé . Je me demande parfois si , d’aventure , mes géniteurs avaient choisi de me pondre à Casablanca , j’aurais été différent , moins taciturne , plus sociable .
Je cours , dans les rues mal réveillées . Un vrai courant d’air qui ne s’arrête que pour regarder sa montre , de temps à autre , parce que je sais que , gauche comme je suis , c’est le genre de choses qui m’est interdit de faire en courant , sous peine de m’entraver dans le moindre obstacle qui se trouverait là : chien , fissure , plaque d’égout , grand-mère ..
Derrière les hais embrumées et les murs recouverts de revendications plus ou moins explicites , je vois poindre ma fac , à l ‘horizon . Le parc habituel que je traverse par le chemin de graviers , parce que c’est interdit de marcher dans l’herbe et que je tente comme je peux d’être un bon garçon , du moins en apparence , le portail métallique , la grande halle brunie , quelques arbres qui se parlent entre eux de l’exquise beauté des feuilles avec lesquels ils paradaient encore il y a quelques semaines , avant que le vent et l’automne ne se lève pour venir leur rafler tout ça . C’est une saison traître l’automne . Alors qu’on commence juste à s’habituer à l’été , aux vacances , pour ceux qui en ont , au farniente , aux caprices estivaux et aux autoroutes sur-bondées , il arrive , avec son cortège de pluie , de couchers de soleils plaintifs , de bourrasques hurlant à la mort en filant dans les rues , comme des météores . Vent si sec , dont le râle est si poignant qu’on croirait pouvoir le toucher . Mais on ne peut jamais saisir que sa langueur . Et on reste plantés sur le macadam avec un arrière-goût acide dans la bouche , une amertume piquante , comme si finalement , là , debout , sous la platine du ciel , sous le temps qui passe et qui maintenant pleure sans nous , on n’était pas grand chose .
Moi , je suis emmitouflée dans mon grand manteau noir , et je n’ai pas besoin de vent d’automne pour me rendre compte que je ne suis pas grand chose , alors la question ne se pose même pas .
De toutes façons , on est en hiver (On m’a souvent dit que j’étais pragmatique , voire même frigide).
Grilles qui se referment , me voilà emprisonnée dans le hall d’entrée , le Portail de Redistribution , pour faire un peu plus classieux . J’erre à droite à gauche avant de me rappeler dans quel bâtiment , quelle aile , quel étage et quelle salle , finalement , je dois atterrir .
JÂ’ai mal dormi , cette nuit .
Trop rêvé de soleil , de déserts où me perdre , et le contraste , toujours si fort , entre ce que je suis et ce que j’aurais voulu être . Je sais ce qui cloche dans mon esprit , mais l’ennui , c’est que je suis comme un spectateur , au cinéma , à qui il arrive deux malheurs :
-Il a tellement pris l’habitude d’être assis et de regarder qu’il se retrouve vissé sur son siège , les muscles et les idées atrophiées .
-S’il voulait se relever et prendre sa vraie place dans la salle , il ne pourrait pas , tant il est serré et cerné par les autres , il étouffe , il suffoque mais , pour ne pas gêner la représentation , il se tait . Et , pour peu qu’il regarde un film lugubre (la vie d’une étudiante en licence de lettres , par exemple , qui serait en retard à ses cours , aujourd’hui , parce que son réveil fait la grève et qu’elle est tellement perdue dans ses brumes familières , ses petits soucis quotidiens , qu’elle hait presque autant que son incapacité crasse à faire quelque chose d’elle-même , tellement perdue , je disais , qu’elle ne sait plus vraiment par où commencer , avec la vive impression que tout est fini) , il se sentirait mal dès lors que la salle se vide .
Ainsi se font nos relations avec les autres . JÂ’aurais deux mots Ă dire Ă lÂ’ouvreuse .
J’ai rêvé que quelqu’un me courait après en tenant une raquette de tennis à la main et qu’il voulait absolument que je joue avec lui . Il m’a poursuivi pendant des heures dans tous les quartiers de la ville , et moi , je hurlais , je criais , je m’époumonais , j’implorais même de l’aide , mais tous les passants remplissaient consciencieusement leur rôle , c’est à dire : ils passaient . Aucun ne s’est arrêté pour me sauver tu tennisman-fou , et j’ai couru des heures durant , jusqu’à ce que la sueur pèse tellement sur mes tempes que mon corps entier se fige , refusant de faire un pas de plus . Alors je me suis retourné , je l’ai vu s’avancer à petits pas , des pas mesquins , tordus , des pas de chat (bien que j’aime beaucoup les chats) , avec un petit sourire qui veut tout dire , juste en coin , juste assez pour qu’il n’y ait que moi qui le voit . Il m’avait acculé dans le chœur d’une église qui passait par là , j’étais adossée contre le mur extrême , et je le regardais avancer , cette ordure avec sa raquette mauve et bleue , avec ses yeux dégénérés qui ne me quittaient plus des yeux . J’haletais , complètement paniquée , je pense que c’est le genre de moment où l’on n’a qu’une envie , de laisser glisser contre le mur , jusqu’à toucher le sol , replier ses jambes , passer ses deux bras autour , enfouir notre fragile tête entre ses genoux , se laisser submerger par l’écume de tout ce qui déferle en notre esprit malade, et pleurer . Pleurer fort , sans s’arrêter , jusqu’à se noyer dans nos larmes, sans que ça n’ait aucune importance .
Mais dans mon rêve , finalement , lorsqu’il se trouvait à moins de deux mètres de moi , j’ai été prise d’une pulsion incontrôlable , et , comme une bête furieuse , j’ai attrapé la raquette qu’il tenait si fermement , puis , le regardant d’un air de défi , je lui ai fracassé sur le crâne . Et c’est là que mon rêve devient inquiétant et c’est aussi là que l’on va comprendre le pourquoi de ces écrits . Ca aurait pu être un simple geste de défense , complètement légitime , et même encouragé . L’ennui , c’est qu’une fois mon poursuivant tombé au sol , j’ai saisi avec ardeur ce qu’il restait de la raquette un peu détruite , et j’ai continué à lui taper dessus , j’avais le front brûlant , les mains tremblantes , et à chaque fois que le fer touchait sa peau convulsionnée , je suis sûr que j’exultais , dans mon sommeil . J’ai fini par me réveiller , mais ce rêve m’a tellement secoué que j’en ai oublié de rater la première marche de mon échelle , comme chaque matin , et de m’étaler au sol . Je crois que ça remet un peu mes idées en place , chaque jour . Et c’est vrai que je me sens étrangement défaite , aujourd’hui .
J’ai écouté sans vraiment les entendre , ou entendu sans vraiment les écouter , comme vous préférez , quelques cours d’expression orale et de maîtrise du langage . Mes professeurs sont géniaux , mais je voyais que les tremblements de leurs lèvres , je n’entendais que la fatigue qui pesait sur mes yeux . A voir les yeux de mes camarades absorbes par le flamboyant Mr Flahero , merveille de l’éducation nationale , qui sautait , bondissait , s’étirait , je songeais à m’extirper des brumes où un ennui sans fond me plongeait .
Je ne suis pas tant que ça à plaindre , pourtant . J’ai un appartement charmant , un chat adorable , quelques amis en qui j’ai confiance , quelques secrets , une histoire qui ne vous regarde pas , des parents , enfin je crois qu’ils sont encore vivants , quelques repères en construction . Mais il y a un hic : je sais que tout ça ne suffit pas .
Ce n’est pas plus par la situation qu’on reconnaît la personne que par l’habit que l’on reconnaît le moine . Proverbe milles fois usées . Je hais les lieux-communs .
Qu’est ce que j’aime , au fond ? pensais-je en mâchouillant un bic , comme tout élève qui se respecte (j’ai toujours aimé mordre , allez savoir pourquoi . Je dois avoir de l’ascendance cannibale dans les veines , bien que mes parents soient tous les deux nés à Paris . Mais après tout , comme diraient les réactionnaires , si méprisables et enserrés dans des rituels imbéciles : on ne s’étonne plus de rien , de nos jours !) (Je deviens mauvaise et acide , très bien , je peux continuer , dans quelques années , je serai un vrai dragon) .
Question qui plane dans lÂ’air vide dÂ’une classe tout aussi vide, pour moi . Il fait un peu gris , mais je ne mÂ’en plains pas . Je mÂ’Ă©tiole . Des ombres passent .
J’aime la musique , le théâtre , tout ce qui touche à l’humanité (moi exclue) , à une esthétique particulière , aux sciences occultes (je veux ma part de rêves , aussi !) . J’aime mes amis , j’aime mon chat et ces deux entités me comblent suffisamment pour que je n’aille pas voir ailleurs . D’ailleurs , mon chat est très jaloux (acidité qui coule quasiment de mes lèvres ,tant elle est forcée) (Rire éraillé , jaune , silencieux parce qu’il ne faut pas distraire un cours qui a l’air si intéressant) .
Et j’aimerais voyager . Oh oui .. j’ai quelques points-phares , dans le monde , que j’aimerais singulièrement voir : l’Inde , l’Alsace (pourquoi aller loin ?) , le Pérou , l’Australie , le Tibet , la Chine , la Russie . (Je n’ai pas cité l’Amérique , ça vous étonne ?) . L’ennui , encore une fois (Mortel ennui , comme dirait Baudelaire) , c’est que je sais ce que ça représente pour moi : Un moyen de me cacher , une promesse tacite d’une autre vie . Tu parles , ma vie , ma carcasse , j’aurais beau la traîner aux quatre coins du monde , et même au delà , je serais toujours la même , et rien ne changera tant que mes os ne blanchiront pas au soleil .
Tout n’est jamais qu’une histoire de contraires . Si tu ne vois que le bon côté des choses , tu es heureux , si tu ne vois que le côté plus sombre , tu es triste , si tu vois les deux , tu es comme moi : bête , planté entre deux murs que tu connais trop et qui t’empêchent d’exister . Quand tu sais que tout est vrai , comment choisir ? Quand tout est vrai , de toutes façons , il n’y a plus de vérité . Alors j’attends , les bras croisés , que les murs s’écroulent . Il faut avoir l’espoir dans la vie . Je crois que j’interprète un peu , mais ce n’est pas grave .
Une sonnerie de gare m’annonce que je peux aller traîner mon ennui dehors , lui faire respirer un peu d’air , à ce grand fœtus qui me dévore .
Mais je n’ai pas les yeux si éteints que ça . (Etrange , comme je parle constamment de cette partie du visage . On a coutume de dire que ce sont les miroirs de l’âme , je crois que c’est vrai) . Souvent , je rêve . Adossée à un mur , lorsque quelque chose de particulièrement fort vient embaumer mon esprit (La dernière chose vraiment forte que j’ai vu , c’est , sur un bout de parking , un petit carré d’herbe envahi par les pâquerettes et les violettes . Je peux au moins admirer ce genre de choses , au lieu de m’extasier béatement devant une voiture ou une paire de pompes . C’est de la prétention , oui, tout juste de la prétention) , ou bien appuyée contre mon balcon , pour m’imbiber d’un coucher de soleil particulièrement beau et rayonnant , ou bien d’un air un peu plus léger que les autres jours . Parfois , j’oublie le rythme du temps qui s’égraine au dessus de ma tête , je regarde . Je crois que ça doit être ça , vivre . Quand quelques oiseaux en retard viennent s’étirer sur mon balcon , je me sens pour eux la plus tendre mère au monde , je les regarde , innocents , jeter des regards un peu confus dans un monde qu’ils ne connaissent pas , un peu comme moi , à chaque fois que leur regard se pose sur moi , délicatement affalée , j’ai l’impression de voir s’y peindre un sourire . Alors , quand ils s’envolent , je peux fermer avec douceur la fenêtre , me laisser pénétrer par le soleil qui est toujours un petit peu plus fort , un petit peu plus empli de ferveur que le reste du temps , et m’allonger , heureuse , conquise , dans un lit défait , et laisser mes yeux vagabonder sur un plafond qui n’a rien de passionnant .
J’aime aussi beaucoup me sentir entourée , emportée , emplie , de plénitude presque exagérée . Il m’arrive souvent , lorsque mes ami(e)s se montrent particulièrement chaleureux envers moi , de sentir , d’un coup , la platine du temps , comme j’aime tellement l’appeler , se dérégler , tourner en rond , puis en arrière , et moi , retomber en enfance . Il m’arrive de parler avec une voix de fillette de cinq ans , avec le même esprit . C’est étrange . Un jour j’ai fait le rapport entre cette attitude et le besoin de retourner à l’état originel , de fœtus , que j’avais étudié quelque part . Troublant , je pense que j’ai gagné un peu de liberté dans mon esprit avec ce parallèle .
Et puis , tant qu’on y est , autant dire que je suis souvent tombée amoureuse . Des Echecs , point . De ma faute . Je n’ai jamais été douée pour l’amour , mes joues s’empourprent trop vite , j’ai tendance à être ultra-possessive et jalouse , même de rien . Materner la pauvre gazelle jusqu’à ce que ses os craquent et qu’elle me laisse en plan dans la savane , avec comme cadeau d’adieu un coup de sabot au crâne .
Â…
J’ai seulement un problème .
Je sens que je perds la tĂŞte .
Vous n’aurez rien su , mais tout est bien trop long , bien trop incompréhensible .
Tout est moi , de lÂ’Ă©cume , qui vient , qui repart
.
J’ai trop pensé , le soleil se couche . Mais l'extase s'est endormie .
« Il y a des jours si las qu’on se lève en se demandant si le sommeil nous est venu
Il y en a d’autres où l’on pense à la dorure que le désert
Absolue limite , pourrait donner Ă nos peaux de miel .
D’autre encore où l’on sent de délicieux éthers
Arracher nos corps à la mélancolie , tendre vers le ciel
Petites silhouettes , si tendres, si chaudes , si tenues .
DÂ’autres oĂą lÂ’on meurt , et cÂ’est le cas .
Il y a des ciels si bleus et si purs que la vie nous en paraît plus belle
D’autres où l’azur à peine se montre , zébré par la houle
Certains ont vu plonger mes yeux dans des délires délétères
Mais tous ont emporté une part de ma raison qui hèle
Des fruits plus doux , dans sa prison de verre .
Juste un cadeau , pour boucler la ronde :
La vie est un cadeau . Un présent inestimable .
Non pas parce quÂ’elle est belle , mais parce quÂ’elle nous offre le choix .
L’occasion de nous libérer , de taper du poing sur la table
J’ai erré , longtemps , avec des livres , seuls assez arides
Pour Ă©pancher mes larmes et mes Ă©mois .
Un seul ami , un seul soir .
LÂ’ennui est mon encensoir
Où je jette désillusions et clairs matins .
Vivement demain , oh , j’irai voir si le vent s’est levé
SÂ’il y a encore quelques terres Ă fleurir
SÂ’il nÂ’y a plus , sÂ’il nÂ’y aura plus jamais
Où si toutes les chaînes se briseront , dans un sourire
Ce jour où en tes chairs tellement rêvées
J’ai planté mes ongles si noirs , si avides
Et que je t’ai poussé , du haut d’un escalier
Tu as roulé , cogné , dévalé , sans un cri .
Puis tu as fini ta course , inerte , mort
Serein , je nÂ’aurais jamais voulu .
Calme , je nÂ’aurais jamais voulu .
VoilĂ Ă quoi tiens une existence , voilĂ le sort .
Je laisse . Je laisse tout derrière .
J’irai arpenter les derniers déserts .
Gagner ma rédemption , gagner le sommeil
SÂ’il reste des fenĂŞtres oĂą respirer
SÂ’il reste encore un peu de candeur
Si ça n’est pas pour moi le dernier hiver »
… Et personne ne s’en est jamais aperçu .
La vie nous promet la liberté , si l’on sait l’écouter .
Aride , sèche , parfois cruelle .
Elle est notre liberté .
Il reste des fleurs Ă cueillir , des Ă©toiles Ă rĂŞver .
Même pour elle , ma créature d’encre , si réelle .
Il reste des cieux Ă Ă©cumer .
Radieux matins Â…
Rideaux dÂ’ambre
Théâtre d’ombres .
CÂśurs salins
.
This was the last mental orgasm .
Par Rainn le 12/2/2003 Ă 20:06:48 (#3225139)
Mains brûlantes , suprématie
orgueil , maladive envie
DĂ©cadente plaie
Trésors embaumés .
M iels , coeurs , tendresses
E vanouis dans mes yeux
N antis , chaleureuses promesses
T otale dissolution des cieux .
A h , quelle dangereuse impression
L a chaleur sans caresses .
O h , ce fut la dernière de ces
R apide , lascive sensation
G angraine de la vie mĂŞme
A brupte et chaude prison
S enteurs charnelles , délicates
M ais bannie de mes mains enflammées .
Par Balkis Legend le 13/2/2003 Ă 1:49:50 (#3227311)
Zoux ^^
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