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fiction : La dernière danse
Par Morethil le 7/1/2003 Ă 2:23:20 (#2961874)
Pour "the arrival", je n'abandonne pas, il faut juste patienter un peu plus :) **
La dernière danse
La dernière danse.
« Quand je suis entré dans l’arène, j’ai tous de suite sus que ma dernière heure approchait. Le moment était venu de donner ma plus belle danse. »
1er Tiercio
Sous un soleil d’été, régnant dans un ciel sans nuage, la foule tremble d’excitation. Un murmure traverse, tel une onde, les spectateurs fascinés. Un cri surgi ! Manifestation précoce d’un homme impatient. Délimitée par des barricades de bois teintes de couleurs rouges, le champ de bataille n’a pas d’échappatoire. Seul le vent, chaud, peut désormais pénétrer dans l’arène. Il soulève quelques nuées de sable blanc. Les fines particules forment un ensemble impeccable qui sera bientôt souillé de sang.
La foule retient son souffle : Juge final de la performance. De cette masse de spectateurs, des milliers, se dégage des odeurs de transpiration, transportant avec elle des phéromones d’excitation. L’adrénaline est partagée. Au bord de la panique, à deux doigts de l’orgasme, la foule sent la mort qui s’approche…
Les premiers partenaires sont là . Les picadors entrent dans l'arène. Mi-homme, mi-bête, le centaure à deux têtes est protégé par un caparaçon pesant. Et la bas, tout au bout de son bras, se dresse une pique mortelle qui pourtant ne tuera pas.
« Celui là est ici pour la simple esthétique. Ils veulent que les choses soient droites, et que la tête ne soit pas trop souvent dressée. Avec lui viens la première douleur, la plus forte, celle qui entame les premières chairs. »
Comme pour narguer les picadors, le taureau lève la tête vers le ciel. Ou peut être lit-il l’avenir, et utilise ces muscles et ces tendons une dernière fois… L’animal, au pelage noir d’ébène, exhibe une masse des muscles saillants. Il fait près de 200 kg, concentré sur une bête d’1m50 au garrot.
Les passes commencent. Le taureau reste d’abord immobile, fixant la bête mythique, le centaure, pour évaluer ses forces, et surtout, sa persévérance.
« C’est la règle du jeu, il va falloir endurer la souffrance. Celle que l’on subit et celle que l’on donne. Ainsi est venu le temps de dire ce qu’il s’est passé au tout début… »
Le taureau plie doucement ses jambes, et s’assoit sur le sable blanc. Tendis que le picador se retourne vers ses confrères pour essayer de comprendre, pour savoir ce qu’il doit faire. Le taureau se relève, comme en déséquilibre sur des pattes de nouveau-née. Il chancelle élégamment vers la droite. Il tombe presque, et reprend son équilibre. Mais son mouvement l’entraîne un peu trop vers la gauche. Et ainsi, comme un symbole, il reproduit son mouvement de balancier à trois reprises. L’amplitude du mouvement se réduit, tendis que l’animal renaissant a trouvé l’équilibre. Il maîtrise à présent son corps, mais sa tête continue le mouvement, seule, en une nouvelle série de trois va-et-vient. Puis à son tour elle s’arrête, légèrement penché vers la gauche. Les hommes, spectateurs comme acteurs, commencent à peine à comprendre.
« La première chose que j’ai appris est que le corps, la matière, doit être solidement appuyé pour permettre à la conscience de chercher. L’esprit, qui cherche jusqu'à la mort, peut alors se déployer. D’un extrême à l’autre, il va fouiller doucement les dimensions de l’inconnu. Goûter les antipodes, dire non à ces limites, dire oui à l’expérience. Tel est sa voie, son destin, jusqu'au premier véritable combat. »
Le taureau s’avance doucement, pour faire sentir sa présence. Le picador retrouve ses marques. La bête se rue vers le centaure et frappe ! Tête contre carapace, le combat est inégal, mais il ne le sait pas encore. Ses cornes ne pourront pas traverser la toile épaisse. Il utilise son énergie en vain contre les flancs de la monture jusqu’à ce que vienne le coup de pique… Tranchant, puissant, presque rageur, le métal pénètre la chair sans aucun obstacle. Il coupe les tendons, forçant la tête du taureau à s’abaisser dans la position appropriée. Le premier sang gicle sur le pelage noir, et glisse sur les épaules de la bête pour teindre le sol immaculé.
« Le premier combat est toujours un échec, mais un échec nécessaire. Sans expérience le guerrier s’imagine qu’il suffit d’être brutal pour vaincre. Il fonce sur les obstacles en ligne droite et doit endurer la plus grande souffrance, résultat de son acte présomptueux. La première souffrance est toujours la plus violente, la plus meurtrière. Celle qui laisse les traces les plus profondes et vous oblige à baisser la tête avec humiliée. »
Sur un signe discret du matador le picador s’en va, tendis que l’animal attend au milieu de l’arène.
2e Tiercio
Deux nouveaux personnages entrent sur la piste. Les banderilleros, vêtus de noir et d’argent, ils sont fiers comme des généraux. Leurs collants rose dépareillent avec leurs tenues, mais ils n’en ont cure. Ils sont venus pour montrer leur bravoure. Le taureau les regarde se pavaner quelques minutes et attend qu’ils prennent position. Toujours au milieux de l’arène, la bête ne s’impatiente pas. Tandis que chacun des deux hommes occuper un coté du cercle, le l’animal fait un demi-tour sur lui-même. Il s’oriente vers le plus âgé, qui sera le premier à se présenter contre lui.
« Malgré les premières blessures, le guerrier s’imagine qu’il a eus la victoire. Il trône au milieu du territoire comme s’il était en terre conquise. Il pense être le maître des lieux, mais c’est une illusion. Il est bien au centre, mais il est encerclé, assaillit et non vainqueur. »
Le premier banderillero pousse un cri vers l’animal, il le cite, il l’appelle. C’est une provocation qui fait partie du jeu. Le taureau fait quelques pas sur sa gauche et maintient son regard fixé sur l’homme. Celui-ci entame la danse à son tour, en faisant un pas de côté vers sa droite. Gauche, droite, gauche droite, deux fois encore. Puis sur un signe, hochement de tête de l’animal, son partenaire s’élance vers le taureau qui charge. Tous deux chavirent au dernier moment, pour éviter l’impact, s’élance à nouveau, s’esquivent, virevoltent, se croisent, s’entrelacent presque en une valse à trois temps.
L’homme est hors d’halène, et laisse la place à son confrère, qui reproduit presque à l’identique les gestes de son aînée. Le taureau sent en lui les quatre piques, que lui ont planté les banderilleros, appendices artificiels mouvant en cadence avec la bête. Il sent sa force qui s’échappe, le sang qui fille en emportant la vie.
« Pris par l’obsession de défendre son territoire, ses possessions, le guerrier oublie toujours pourquoi il est là . Alors qu’au départ il voulait seulement vivre, il pensait y arriver en se protégeant de ses assaillants. Puis il en vient à vouloir détruire ceux qui l’on fait souffrir, les amis de ceux qui l’on fait souffrir, et toutes les personnes qui leur ressemblent. »
Le plus vieux reviens alors. L’humain s’empare de deux piques colorées et, déjà moins fier, les lève au-dessus de ses épaules pour les montrer à la foule.
Le taureau avance vers l’être aux membres pointus, d’un mouvement en avant, il indique l’un des rebords du cercle constitué par l’arène. Sans vraiment comprendre, le banderillero va se placer près de l’une des parois, à demi intrigué, à demi effrayé. Dans son audace il se prépare à accomplir l’une des passes les plus dangereuses. La pose de la « suerte cambiada » (la chance retournée). Là où il est, le banderillero prend plus de risque. Le danger est plus grand car il doit sortir de son terrain pour se trouver en fin de parcoure sur le terrain du taureau, en ayant évité l’immense animal.
« Agacé, houspillé par ses ennemis, distrait même, le guerrier finit par reproduire son erreur passée. Il charge sur l’ennemi en imaginant pouvoir le terrasser par la violence et se fait transpercer à nouveaux par des piques. La peur a presque gagné la bataille tandis que le guerrier plonge de plus en plus profond dans le malheur. Mais la chance tourne. »
Le banderillero d’une passe agile est sorti indemne de son coin. Le taureau est désormais hors de portée, mais le rôle de cet homme est terminé. Il laisse la place au Toréador qui s’avance pour la phase finale. La foule l’applaudit, plus par coutume que par réelle envie. Elle observe la bête ensanglantée.
3e Tiercio
Le Torero se décoiffe de sa muleta, et s’apprête à la déposer à une place qu’il a choisit, mais un bruit de sabot retentit. L’animal est courroucé, a moins qu’il cherche simplement à attirer l’attention sur lui… Il se dirige vers le deuxième cercle de l’arène, pas vraiment au centre, mais pas tous à fait sur les rebords. Il frappe d’un coup sec sur le sol qui a cet endroit est encore impeccable, et imprime la marque de son sabot. A-t-il compris, l’homme vêtu de blanc et d’or, ou suit-il simplement une sorte d’instinct ? Tendis que le taureau s’écarte de cet endroit, prenant position à l’opposé, l’homme va déposer son couvre-chef à l’endroit précis de la marque. C’est là où est déposée la muleta que le torero s’engage à tuer le taureau.
« Le guerrier a compris qu’il allait mourir un jour. Son expérience a mûri, et il accepte à présent cet état de fait. Il ne sait pas quand, mais s’il observe bien, il sait où cela se passera. Il a choisit sa place et nul ne peut désormais détourner son destin. C’est la clarté qui l’envahit. Tout le reste n’était que préliminaire pour le moment à venir, celui de la consolidation. »
Un, deux, trois… Nuées de sable volent derrière la bête pour marquer le début du spectacle final. Le Torero et le taureau bougent en harmonie. Agile, l’animal insuffle sa prestance à l’homme déguisé. Il charge sans volonté de nuire, c’est un pas de danse. Puis vient le temps où il regroupe ses énergies. Il fonce, le chef de troupeau, chef de mille cœurs, chef de mille âmes qui l’ont rejoint.
Le troupeau rugissant traverse l’arène en une charge compacte. Les milles fantômes accompagnés du vent soulèvent le sable jusque vers la foule. Le torero n’aurait pas pu esquiver la horde, si en un geste imperceptible la bête n’avait pas dévié son coup.
« Il n’est plus besoin de tuer. Il n’est plus besoin de provoquer la mort. Car le guerrier sait qu’il n’y a plus d’ennemi, qu’il n’y en a jamais eus. Croire que l’autre est coupable, c’est une vision de l’esprit. »
Demi-tour. Comme un seul être, les milles âmes ancestrales se retournent. Le taureau rugit, respire bruyamment. De lui, se dégage peu à peu toute les forces de l’aurochs. Un souffle, deux souffles, trois souffles… c’est le signal du départ pour ses compagnons fantomatiques. Ils s’écartent, un à un, après avoir joué leur danse en partageant leur essence.
Le taureau solitaire doit maintenant faire face. Il remue la tête en un arc de cercle de droite à gauche en jouant des épaules. La foule suit son mouvement et forme une houle humaine, tendis que monte les borborygmes de l’orgie. Deux fois : la foule suit son rythme tendis que monte les basses de l’envie. Trois fois… La foule… s’extasie. Le maître de cérémonie… charge ! Le public veut prolonger la transe, il ne veut plus la douleur. La foule veut prolonger la danse, et la souffrance s’enfonce jusqu’au cœur. Aide ou perversité, passion ou magnanimité, le public veut prolonger la chance… et allonge la douleur. Il a peur de voir la fin, sa fin, son agonie…
« Ayant fait tous ce qu’il avait à faire, le guerrier sait qu’il n’a pas eus assez de temps. Mais plus de temps encore ne lui servirait qu’à souffrir d’avantage. Le moment est venu de franchir la dernière étape. »
Charge ! Vers la mort, ironie. Tel en a décidé le maître de cérémonie. Le Torero ne pouvait rien y faire. Il s’effondre embrasse le sable tendis que le taureau a terre souffle sur son échine. Il est venu poser sa tête sur l’épaule de l’humain.
« C’est ainsi petit homme… laisse moi mourir en paix a présent ».
L’homme s’en va. Le héros ce n’est pas lui et il le sait. La foule fait une ovation à la bête, au loin un enfant se met à pleurer. Silence.
Un souffleÂ… le taureau ferme les yeux.
Deux soufflesÂ… le Taureau ouvre son cÂśur.
Trois souffles… Il brûle du feu intérieur.
CÂ’Ă©tait lÂ’histoire de sa vie, et Ă jamais, Ă lÂ’infini, sa conscience sÂ’envole. Il la laisse pour cadeau au passeur sa plus belle danse.
« Ainsi, la mort paraît se refermer sur le guerrier, mais une ouverture se fait sur l’espace infini, et celui-ci renaît à une dimension sans limites… »
HC Aka Morethil
(Herbivore des confins)
Par Xeen le 7/1/2003 Ă 2:28:39 (#2961897)
:( bon euh des efforts lĂ pour lire mais toujours lĂ ...
*est farouchement anti-corrida parce que "pas envie de se justifier merci"*
Par Fingo SARCASME Rakar le 7/1/2003 Ă 2:43:29 (#2961939)
« Celui qui endure construit sa force »
Dakkon avait donc raison !
Par LooSHA le 7/1/2003 Ă 2:47:47 (#2961951)
*** va chercher Cabrel ***
Par Xeen le 7/1/2003 Ă 2:52:50 (#2961966)
Provient du message de LooSHA
Vous l'aurez voulu !
*** va chercher Cabrel ***
*se roule par terre de douleur*
NNnnnNNNNnnooOOOOoooonnnNNNNNN L'arme fatale contre la femme-poisson !!!!
Du cabrellll !!!!
*crie et a de violentes convulsions*
Par Fingo SARCASME Rakar le 7/1/2003 Ă 3:07:14 (#2962007)
Par Xeen le 7/1/2003 Ă 3:09:21 (#2962013)
j'attends la conclusion avec impatience, car ce cher Morethil est proche de ma ville, et notre région commune est cernée par les euh... *cherche le mot* aficionados de la corrida.
*sourit et attend*
Par Fingo SARCASME Rakar le 7/1/2003 Ă 3:11:42 (#2962017)
Pourquoi le taureau chancelle ?
Par Morethil le 7/1/2003 Ă 5:27:04 (#2962296)
Comme il est tard, vous trouverez sûrement des fautes. Si ca rend le texte illisible, alors signalez les moi.
Quand a savoir qui parle, de qui, à qui, etc. C'est a vous de l'interpréter comme vous voulez.
Par Tr4F :> le 7/1/2003 Ă 6:37:10 (#2962360)
Par Morethil le 7/1/2003 Ă 14:46:13 (#2964924)
Provient du message de Tr4F :>
J' ai deja vu ce texte quelque part...
C'est du troll ou t'es sérieux ?
Si tu es sérieux, il s'agit probablement d'un "déja-vu" et non d'un texte que tu aurais déja lu.
Mon texte est inspiré certe, mais original. Enfin, en tous cas j'aime a le croise. ;) C'est meme sous copyright (c) Morethil 2003.
Par Morethil le 8/1/2003 Ă 17:32:24 (#2974150)
Alors euu... *tend le micro* ;)
Par Jet le 8/1/2003 Ă 17:33:45 (#2974166)
Par Iko le 8/1/2003 Ă 23:49:38 (#2977287)
Mais comme souvent un peu trop consensuel sur le thème et sur la manière de l'aborder.
C'est un avis personnel qui a la valeur qu'on veux bien lui donner.
Par Obierwan MILKS le 13/1/2003 Ă 12:55:41 (#3009364)
Même si je suis contre la corrida, je trouve ceci très bien écrit :)
Merci Morethil :)
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