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Ultra moderne romantisme.
Par Azulynn Tvar le 6/1/2003 à 21:12:41 (#2959584)
Cette réflexion ne perdura pas longtemps, car il se trouva bientôt près de sa destination, et en oublia ses poumons brûlants. Avec la plus grande dignité, il reprit un pas calme, feignant une indifférence qui lui parut des plus convenables. Il s'applaudit intérieurement d'une telle maîtrise de lui-même - ignorant superbement les battements désordonnés de son coeur. A quoi n'eût-il pas sacrifié pour ne point s'imaginer faible, et sous l'influence de ces pulsations ? Sa chevelure sauvage et ses yeux si près du gouffre l'assimilaient pourtant à cette sorte de gens qui savent se laisser guider par une sensation fugace, même inconsciemment.
Elle se trouvait de dos, feignant de s'intéresser à quelque arbre dénudé pour cacher au creux d'elle-même l'attente qui la possédait. Une robe couleur d'ivoire retombait en corolle autour d'invisibles chevilles, ondulant délicatement, l'ourlet déjà fardé de blanc. Un mantelet garance suivait les mêmes lignes paresseuses, couvert dans le haut du dos par une cascade de boucles brunes. Elle n'avait pas les formes d'une égérie sur papier glacé, mais celles imparfaites d'une jeune femme élancée. Il posa une main gantée sur son bras, qu'il sentit tressaillir et presque sursauter, tandis que les yeux timides fuyaient son regard. "Bonjour, hésita-t-il." Elle répondit dans un murmure.
Il baissa les yeux et adora soudain les cils papillonnants, hébétés comme des oisillons qui déploient leurs ailes, les boucles noires sur ses tempes, comme s'il eût vu ses détails pour la première fois. Un silence s'était tissé sur cette contemplation, et il lui proposa d'une voix indifférente (si tant est qu'elle pût l'être) de faire quelques pas dans le parc, presque désert. Elle accepta son bras, s'y appuyant comme une noyée le ferait à une bouée, tandis qu'il se délectait des veines palpitantes de ses mains bleuies par le froid et de leurs ongles en amande, que des rayons de lumière de disputaient. Une manche retroussée abandonnait à l'homme un poignet blanc et laiteux. La neige crissait sous leurs pas et le bruissement de la robe rythmait leurs pas comptés, presque étourdis, oublieux des rares enfants qui jouaient dans la neige et des nourrices exaspérées. Ils se trouvaient dans la solitude douce de la communion des âmes, qui ne requérait nulle parole, qui ne demandait nulle attention extérieure.
Elle poussa soudain un léger cri, accentuant sa pression sur le bras qui la soutenait, retenant ainsi la chute promise. Sa tempe gauche offerte au regard de son compagnon accusa une rougeur tandis qu'elle reprenait sa position droite, légèrement guindée. "Vous ferais-je peur, mademoiselle ?" "Non, mon ami" - elle leva ses yeux graves sur lui - "J'ai tant de plaisir à votre compagnie que j'en deviens fort étourdie." Il en conçut une émotion douce, gardant les yeux de la jeune femme dans les siens plus qu'elle ne l'y autorisait d'habitude, avec une joie enfantine, et il lui sembla lire des vagues dans la pâleur translucide de ces prunelles, des vagues mélancoliques à l'écume de bonheur serein. Il pensa : des yeux liquides, des océans de mémoire inachevés, qui attendent peut-être mon souvenir dans l'un de leurs remous ?
Elle se déroba une nouvelle fois, avec une retenue qu'il jugea charmante, gentille. Ne voulant point la gêner de quelque façon que ce soit, il reprit son chemin, les arbres dénués de feuilles défilant sans attirer son intérêt absorbé par la silhouette d'ivoire, à ses côtés. La ville s'animait au-delà des portes de leur Eden. Elle leva les yeux sur une lointaine horloge, et eut une exclamation étouffée. "Ah ! L'on va s'inquiéter... Je dois..." Il lui pressa le bras sans dire mot, et se dirigea vers les grilles de fer forgé, dont les torsions et les courbes lui parurent des serpents monstrueux, les piques figurant leurs têtes, guettant de loin leurs doux instants. Lorsqu'ils eurent franchi le garde-fou, la neige se fit plus boueuse sous leurs pas, reflet des multiples chausses qui l'avaient souillée.
Arriva le seuil fatidique du monstre de béton qui allait l'engloutir ; Elle balbutia doucement, comme saoûle : "Adieu donc, cher ami". Il ne parla point d'abord, préoccupé d'imprimer dans son propre océan le fugace portrait de l'objet de ses soins, puis chuchota d'un ton grave : "Adieu, mademoiselle, couvrez-vous, il fait bien froid". Elle lâcha son bras comme on quitte un perchoir, hésita et s'en fut soudain dans les sombres couloirs, la silhouette oppressée, tandis qu'il contemplait le lieu où s'était éteint le dernier éclair ivoire.
Finalement la vision perdit de son éclat doucement, et il releva les yeux, songeur. De l'autre côté de la rue, la vitrine d'un fast-food vantait une réduction sur les hamburgers. Il estima que cela était en définitive une fort bonne affaire, qu'il n'y avait pas de petit profit, et entreprit de traverser la rue bondée qui résonnait de klaxons, pour déjeuner dans la salle de mauvais goût qu'on devinait derrière les vitres sales.
Par Hôte des Songes le 6/1/2003 à 21:19:39 (#2959644)
Pis j'aime bien la chute :rolleyes:
Par PsyKose le 6/1/2003 à 21:21:58 (#2959672)
*Tour la tête a Azu*
:baille:
Par Elae le 6/1/2003 à 21:45:42 (#2959858)
Ah la la, y'a des gens tellement doués
J'applaudis des deux mains :)
E*toujours sous le choc*lae
Par Snoop- Da Bo$$ -Dogg le 6/1/2003 à 22:24:43 (#2960125)
Et ben je em suis tjrs demande komment certains faisaient pour lire de si long (et tres bo :D) texte... et ben je me demande enkor ;)
Mais c est tres tres beau ! ;)
Car *ki va dormir pour la peine* teR
Par Hôte des Songes le 6/1/2003 à 22:26:46 (#2960139)
Provient du message de Snoop- Da Bo$$ -Dogg
*a enfin fini de tout lire*
Et ben je em suis tjrs demande komment certains faisaient pour lire de si long (et tres bo :D) texte... et ben je me demande enkor ;)
L'assurance de ne pas etre déçu à la fin je pense ;)
Par Maver|ck le 6/1/2003 à 22:32:41 (#2960182)
Par Kep le 6/1/2003 à 22:56:13 (#2960383)
Par Yolinne Ninette MIP le 6/1/2003 à 23:03:36 (#2960442)
Par Claudia/Chloé le 7/1/2003 à 9:40:20 (#2962749)
Par Asakurah Yoh le 7/1/2003 à 12:43:42 (#2963962)
Par Lars Sylrus le 7/1/2003 à 15:06:16 (#2965077)
Comme souvent Azu tu m'impressionnes et te fait l'echo de sentiments bien noirs...
Par Secoia Feals Galikea le 7/1/2003 à 15:33:53 (#2965327)
........
Par Nienna Fayree le 7/1/2003 à 16:09:15 (#2965626)
C'est un peu tristounet mais zoli:)
Bisous Zuzu:amour:
C'etait pas trop dur hier matin? :ange:
Par Ibuki Tribal le 7/1/2003 à 21:40:35 (#2968316)
charmant =)
Par Elae le 13/1/2003 à 10:38:12 (#3008522)
A attendant Azu, toujours bravo, je me dit que y as au moins certaines choses qui valent encore le coup sur ce forum :)
Toujour et encore bravo la belle.
Un Rooh bisous de la Bio-ConseillereBlanche. :amour:
Par Floloa Terrae OD le 13/1/2003 à 10:40:13 (#3008533)
ya une pitite sister ki scquatte mon pc ces jours ci ... :rolleyes:
Par Bardiel Wyld le 13/1/2003 à 10:51:33 (#3008602)
*et zoute Azuzu au passage*
Par Titplume dChou le 13/1/2003 à 13:15:31 (#3009516)
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