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OmniSlash .
Par Rainn le 29/12/2002 à 13:21:42 (#2900737)
"
Je suis mauvais avec moi même . Pourquoi ?
Parce que je veux m'élever au dessus des autres . Pourquoi ?
Parce que je veux leur respect . Pourquoi ?
Parce que je veux qu'ils me voient , je veux qu'ils me comprennent . Pourquoi ?
Parce que j'ai besoin d'amour et de chaleur , un besoin terrible . Pourquoi ?
Parce que c'est à travers eux que j'existe . Pourquoi ?
Parce que sinon , je me sens seul et petit , et la seule envie que j'ai est celle de disparaître , de me faire tout petit jusqu'à disparaître . Pourquoi ?
Parce que j'ai peur de mourir . Pourquoi ?
Parce que tout seul , j'ai peur . Pourquoi ?
Parce que je n'ai pas confiance en moi . Pourquoi ?
Parce que j'ai peur du temps qui passe . Pourquoi ?
Parce Que j'ai peur d'être insignifiant . Dans un sens , j'ai peur que la Terre continue de tourner même sans moi , j'ai peur d'être oublié .
Puis-je vraiment creuser plus loin ? Je me le demande ..
"
Chapitre Un .Réminiscences
«
"
Je ne peux y croire .. Je ne peux pas croire ce qui ce passe , ça ne peut pas être , tout simplement , ça ne peut pas être ..
"
Sur ces mots aveugles , Resyal prit conscience de sa position assez étrange . Malgré les larmes qui commençaient à voiler ses yeux verts d'ordinaire si arrogants , il considéra ses opposants , adversaires totalement déconcertés , plus en proie à l'inquiétude qu'à la colère .
Dans le chaos de ses pensées , il tenta de se rappeler ce qui lavait amené là .. Et .. Pourquoi ?
Il parcourait la lande calme , en un matin brumeux , non loin des premières habitations qui marquent l'entrée du village d'Ilyissen . Les rares champs ondulaient sous la brise attentionnée , en provenance d'un ciel gris pâle et blafard . Le paysage mélancolique par excellence . Resyal se sentait étranger à toute cette beauté silencieuse , de par son apparence tourmentée et la décharge qui semblait affoler ses sens à chaque fois qu'il tentait d'apaiser son coeur furibond , comme à accoutumée .
La place du village était encombrée de marchandises en attente et de commerçants braillards , et pour calmer les tourments qui lui avait infligée une nouvelle nuit agitée , il avait choisi de se retirer quelques moments , et d'arpenter la campagne à la recherche d'une improbable sérénité .
Sa mère avait du remarquer son trouble , mais par habitude , elle n'avait pas cru bon de le retenir , de toute façons , les relations intra-familiales devenaient tellement dur en ce moment . Entre un fils guerrier en proie aux plus vives secousses intérieures et un père rassombri , renfermé par les plus obscures réminiscences .
Lilyana ne connaissait rien des souvenirs de son mari , mais elle avait entr'aperçu le trouble de Resyal , cet être orgueilleux , respecté voire admiré , mais tellement troublé au fond de lui . Par son unicité , sa conviction en de mystérieuses forces et son charisme douloureux , de bête raidie qu'on a envie de suivre , il avait conquis le respect et les louanges de nombre de ses amis .
Elle l'avait surprise , la veille , dans la salle de bains qui jouxte sa chambre , et l'avait examiné en silence , tapie dans une demi-ombre , tandis qu'il était en train de dégrafer sa lourde chemine . Il la laissa choir à ses pieds , puis avec un rictus de haine renfermée et difficilement contenu , il contempla son reflet dans le miroir .
"Tellement de cicatrices ..."
Effectivement , son torse en était gravé , de nombreuses crevasses , qui semblaient partir dans toutes les directions et qui donnait un aspect plus irréel encore à ce personnage .
Lilyana , détournant ses yeux de ce spectacle douloureux , aperçut un fourreau noir , hérissé de pointes d'or , qu'elle avait seulement entre-aperçu quelques jours auparavant , sans jamais savoir ni oser demander d'où il venait , ni ce qu'il contenait .
Avec un air douloureux , Resyal se saisit de l'objet , et tirant l'arme par la poignée , fit luire à la faible lumière une lame importable , qui prit à ce moment des chatoiements de flammes ardentes et avides . Sa lame était immense et démesurée .
Il s'agissait de l'épée OmniStrasis . L'arme de la Bête . Lilyana contint un soupir de peur à la vue de son propre fils maniant la si funeste lame . Suffisamment lourde pour être inutilisable , et suffisamment incontrôlable pour être redoutée de tous .
Pourtant , Resyal semblait se jouer des mythes qui suivaient cette lame maudite , il s'en servait comme dague , fendant l'air autour de lui comme pour s'entraîner , sexerçant et samusant presque de cet objet souillé ayant déjà fait couler suffisamment de sang pour plonger dans une peur panique le moindre village , lorsquon annonçait : « Le Porteur de la Lame , il arrive !! » . Et à la vue de sa concentration , comme s'il tentait de se souvenir de ce qu'il avait maîtrisé , jadis ...
Dans un mouvement très peu contrôlé, presque nerveux , il tendit son bras gauche , et de l'autre main (ce qui était tout bonnement incroyable) se saisit d'OmniStratis , qu'il souleva et posa sur son coude . Alors que la lame avide commençait à dévorer ses chairs , il sembla pris d'un frisson d'horreur , ses traits se plissèrent avec violence , puis , d'un geste sec et avec un hoquet de peur , il laissa tomber la lame et murmura de manière à peine audible . "Pas encore , ma belle ... tu ne m'auras pas encore .. je te connais trop ." . Puis , avec une indescriptible fatigue , il prit sa chemise et entreprit de soigner ses blessures .
Lilyana , effrayée , ne put entrer et ramener son fils à la raison . Elle partir dans l'ombre et alla chercher conseil auprès de Lance , son mari , si étrange depuis trop longtemps .
-"Cheri ?
-Oui ?
-Ca fait tellement longtemps qui tu restes ainsi prostré . Je m'inquiète pour vous , tu sais ..
-Pour "Vous" ?
-Resyal et toi .. tu sais bien qu'en ce moment , il n'a pas l'air vraiment dans son assiette , plutôt déprime , et parfois , mon instinct de mère me fait dire qu'il pourrait très mal tomber ..
-Je crois .. je crois qu'il cherche à se prouver quelque chose . Je ne connais pas plus son histoire que toi , mais j'imagine qu'en lui , il a l'impression de devoir se rendre des comptes . Tu sais ..
-Je sais très bien , mais il n'est pas revenu depuis très longtemps , ces cinq années qu'il a passé dieu sait où semblent l'avoir changé du tout au tout .. J'aurais du tout mettre en oeuvre pour le retrouver , tu sais ..
-Je pense .. qu'il a fait ce qu'il pensait bon de faire .. Il est grand , après tout , tu sais , et jusquà preuve du contraire .. » Il poussa un long soupir « Jusquà preuve du contraire , il na encore rien fait de condamnable . Ne pense-pas que je men désintéresse , ma chérie , il est notre fils , et , avec toi , la personne qui compte la plus au monde pour moi , mais
»
Il nen dit pas plus , son regard vide saccrocha au plafond où valsaient les reflets des flammes du foyer , il sembla sy perdre , et , Lilyana cru discerner dans ses yeux une indescriptible lueur de peur ..
« -Lance ! C'est tout de même de ton fils qu'il s'agit !
-Je sais , reprit-ce dernier , d'un ton cassant , j'ai un coeur et je me soucie beaucoup de lui , mais je ne sais plus vraiment comment me positionner , avoua-t-il dans un souffle , j'ai .. beaucoup de choses à comprendre , tout d'abord .." »
Sur ces mots , Lilyana enveloppa son mari d'un regard tendre , mais résolu .
"Reste-ici , repose-toi et prends la force d'exorciser tes démons . Je vais veiller sur lui , ne t'en fais pas ."
Lance sembla vouloir la retenir , il se sentait très coupable , mais ses membres refusaient de bouger , de le porté , tant il était écrasé par le poids du passé . Du passé si ingrat d'un homme si peu prêt .
C'était une zone d'ombre , mais parfois , au sommets de ses moments dangoisses , Lance sétait confié à sa femme .
Lhistoire de Sarins ..
Il avait jadis été enrôlé dans un corps de garde qui était chargé de surveiller constamment la tombe du Roi Déchu , Sarins , et dy interdire à quiconque laccès . Sarins .. Sa voit était morte sur ce dernier mot , et lexpression de Lilyana reflétait également son inquiétude à la simple mention de ce nom .
Sarins était jadis le puissant souverain des terres dEralys , bon et respecté comme un souverain de grande valeur , mais également un homme dhonneur , profondément intéressé par le bien être de son peuple , quoique sourdement solitaire .
Il avait crée le Grand Conseil DEralys , car , préférant toujours adopter la voix du milieu , de la raison , il désirait conduire son peuple vers le progrès scientifique et technique , sans pour autant que ce dernier ne perde ses racines , le contact si précieux avec la Nature . Une chose qui ne sapprend pas , qui se ressent . La soif de pouvoir et de conquête des hommes pouvait leur couper ce cordon ombilical qui les reliait à leur mère commune .
Sarins était un bon roi , mais un roi instable . Dans sa jeunesse , ses parents avaient déjà vu en lui un homme droit , mais extrêmement sensible et introverti . Il ne se souciait pas ou peu des gens de son âge , préférant à ces jeux puérils et cruels les promenades rêveuses , sur la place de Kalast , un lieux magique lorsque tombe le jour et que le ciel brûlant rougit les pavés . Il nétait pas né noble , mais fils dartisan , ce qui était assez rare pour un roi depuis entré dans lhistoire . Sa vie sétait écoulée dans les méandres de ses questionnements , dans la paix relative , mais toujours troublée par le doute , la peur dêtre mauvais , la peur dêtre brimé , devant ses parents ; une mère aimante , mais profondément triste et un père souvent absent . Cette famille nétait pas déchirée ni en soi un mauvais entourage , mais même si lédifice tenait debout , il était rongé de lintérieur , tant tous ses membres (Il faut mentionner que Sarins avait deux surs) avaient dune certaine manière peur de leur prochain . Peur de le blesser , et peur de la culpabilité quils pouvaient en ressentir . Cest ainsi que vont les choses chez des personnes prisonnières delles-même . Aux sentiments les plus altruistes se greffe toujours , malgré la volonté , une particule égoïste . « Je ne veux pas faire mal
Pour ne pas me sentir coupable » , puisquavant tout , à force de douleur , cest soi-même quon cherche à sauver . Cette vie acide mais paisible fut un jour brutalement interrompue , lorsque , sortant de chez lui aux premières lueurs dun pâle soleil , Sarins fut captivé , absorbé par le silence pesant qui régnait dans les rues , dans une période de marché , qui plus est .
Il marcha un peu , puis se mit réellement à courir , son plus grand souhait aurait alors été celui de rencontrer une âme humaine , même si celle-ci devant une fois de plus lui faire mal .
Au détour dune rue , il se trouva devant la Grande Place , et , horrifié , il contempla le spectacle dantesque .
Des dragons , des spectres de furie , écarlates . Dans les légendes , ils semaient trouble et effroi . Mais là , cétait une mort horrible quils donnaient . Les habitants de Kalast , aidés de la milice tentaient de se protéger , de se barricader , voire de se défendre contre les monstres avides , mais ceux-ci arrivaient toujours plus nombreux , trop nombreux .
Les armées royales étaient décimées , malgré leur puissance , et le roi actuel , Ganath , en fuite , évidemment
Lhécatombe se poursuivit , sous le regard glacé dun Sarins pétrifié , jusquà ce quun cor distant mais glorieux annonce larrivée du Porteur , un être qui inspirait le respect , mais tout autant de crainte , et , échangeant un regard inquiet , les survivants se demandèrent si , somme toute , cétait une bonne chose .
De longues minutes passèrent , où même les assaillants semblaient observer le silence .
Le porteur de cette époque était un jeune homme colérique et décharné , une voix de la colère , ne portant sur lui aucune armure autre que des vêtements déchirés , tombant en lambeaux . Il prit place sur le théâtre de la bataille et jeta aux dragons un regard de défi . Ses yeux étaient vraiment .. glauques , pensa Sarins . Dans un cri de douleur et de hargne aveugle , il sélança , laissant traîner derrière lui la Lame dOmnistrasis , quil tenait à deux mains .
Arrivé à la hauteur du premier dragon , et dun mouvement parfait , il fit remonter son arme devant lui , décrivant un demi cercle rapide , et fendit la chair de lanimal cruel , qui seffondra de tout son poids .
Les autres créatures semblaient impressionnées , mais émiettèrent un léger rire sournois , comme si le condamné , dans larène , venait de se défaire dun lion , bien que son sort soit depuis longtemps fixé .
Sarins ne pouvait pas décrocher ses yeux , si tristes , si faibles , et finalement , son âme qui avait depuis toujours désiré le pouvoir , désiré la puissance , pour des buts non-néfastes , mais simplement pour se prouver , pour prouvait aux autres quil existait .
Pour lui , sortir de la masse , du commun des mortels était le seul moyen de prouver quil existait même si une étreinte de peur , celle des gens qui possèdent , au fond deux, la peur et cette tendre résignation , lempêchaient de franchir une quelconque limite .
Soudain , passant devant lui dans un ballet macabre , le Porteur sentit ce désir mêlé cette crainte qui émanait du jeune garçon , comme sil lui confierait une Aura . Sarins leva vers cet être mystique des yeux ébahis , saisissant son sentiment , mais il était tellement peu sûr de lui quil se refusait de croire que quelque chose pouvait émaner de lui , de cet être si insignifiant , si petit par rapport aux autres ..
Le Guerrier avait détourné son attention du combat quelques instants , mais cétait une erreur , sa dernière erreur . Un coup de griffe sournois du Dragon Nilo , chef de la meute , qui sétait élancé aveugle de colère vers lui , lui transperça le torse .
Dans sa surprise , le Porteur poussa un cri aigu , et bientôt , ses yeux grands ouverts , à un point tel quil semblait fixer la Mort elle même , dans toute son horreur , commencèrent à tourner . La griffe se retira de son corps , et Nilo sen fut , donnant ordre à ses hommes de continuer le combat , sans ne laisser debout aucune bâtisse , ni aucun homme .
Le Porteur , dans un dernier souffle , tourna son regard vers un Sarins tremblant de peur et de rancur , et , avec un sourire , tourna ostensiblement son regard vers lOmniStrasis , de manière à ce que le jeune garçon comprenne son intention .
Il devait sen saisir et continuer le combat , à la place de celui qui était tombé . La légende ne devait pas retenir le Porteur tombé , mais il resterait gravé dans lâme de Sarins .
Avant que lagonisant nexpire , il sapprocha de lui et posa un genou à terre , se saisit de la garde de cette imposante épée , et balbutia une sorte de « Me .. merci beaucoup » , et lhomme au sol parut attendri .
« Va .. Va et frappe , à travers ladversité ! Et
» La phrase quil hurlait neut pas le temps de se terminer . Ses yeux se fermèrent une toute dernière fois .
Jaugeant ses forces et les comparant au poids de la Lame , il sestima incapable de la soulever . Pourtant , dans un effort considérable , larme quitta le sol , séleva dans les airs et vint se poser , tel un oiseau , sur lépaule de Sarins qui se mit immédiatement en garde .
Un vent glacial était tombé sur la scène .
Les villageois continuaient à résister inlassablement , sans se préoccuper du gamin , sans lavoir même vu , sans doute . Le Porteur dOmnistrasis était mort , et cétait bien le désespoir qui les muait à présent . Soudain , il se produisit ce qui devait faire basculer le cur du futur roi dans les plus sombres tourments . Sa peur et la joie dun pouvoir acquis lavaient fait se tenir à lécart du combat pendant quelques minutes , par la magie dun orgueil qui venait de naître , alors quil aurait pu se précipiter et sauver quelques âmes .
Et justement , les deux corps sans vie qui venaient dheurter le sol dans un bruit sourd était ceux
cétait
Un cri désespéré perça la poitrine de Sarins « Ma.. Papa , Maman .. Non Non !!!!! Impossible , Je
NON !!!!!! »
Aucune réponse , les dragons se cambrèrent de fierté , tandis que les joues du jeune homme ruisselaient de larmes . Il hoquetait de fureur , principalement contre lui même et ce satané orgueil . Et laura quavait perçue feu-Le Porteur samplifia sous leffet de la colère . La Place semblait baigner dans une sombre noirceur tachetée de bleu .Les villageois eux-même semblaient terrorisés , à la vue de cette magie , et , levant les yeux au ciel , ils saperçurent avec effroi quil devait être midi , puisque le soleil était au Zénith et quil était donc totalement anormal de se trouver ainsi plongé dans les ombres .
Nilo même réfréna un cri de surprise devant ce prodige .
Mais Sarins ny prêtait plus attention . Dordinaire , il gardait toujours un il inquisiteur , braqué sur ses propres actions , paroles et pensées , mais à ce moment-là , il nétait quune masse vibrant de haine . Ses yeux semblaient contenir toutes les flammes de lEnfer , comme si lépée maudite servait samplificateur à la colère dun enfant . Une étrange concentration semblait bouillir en lui , et , au moment où il sentit la haine devenir trop forte , au moment même où il lui semblait que ses veines allaient éclater sous le débit trop important de sang , il laissa échapper un appel dune voix lente et sépulcrale .
« OmniSlash ! »
Il ne connaissait pas la signification de ce mot , mais il lui était venu naturellement , comme si ce mot était absolument courant et commun . Ou plutôt comme si quelquun , ou quelque chose , lui avait soufflé .
La surprise des Dragons semblait sêtre muée en peur panique à un point tel que Nilo , limpitoyable , annonça la retraite , sous les yeux soudain réjouis et euphorique des survivants humains .
A peine Sarins entendit-il cet ordre , il entama une macabre danse de mort . Comme si son être sétait dédoublé , et étiré dans un autre univers , ce que les savant de Kalast appelleraient bien plus tard un Plan Originel , où il était tout puissant et présent dans chaque grain de poussière . Omnipotent et omniprésent . A chaque mouvement quil faisait , une lueur sanguinaire enflammait la lame dOmniStrasis , et , dans le plan Humain , un dragon tombait au sol , morcelé et déchiqueté . Cette incroyable hécatombe se poursuivit encore jusquà ce que Nilo seul reste debout , et , alors que celui-ci prenait un envol désespéré afin de sauver sa vie , il fut foudroyé , se figeant pour léternité dans une grimace de douleur . Au dessus de son corps inanimé surgit soudain un Sarins subitement vidé , qui se laissa choir au dessus du cadavre et perdit conscience .
Par la suite , il fut nommé Roi de Kalast , et entreprit de reconstruire sa ville .
Enfin , de retour à son ancienne maison , pour y chercher les effets personnels quil souhaiter conserver avec lui au Palais , il fut tout dabord apeuré , mais ensuite surpris de tomber nez à nez avec un berceau .
« On croirait nager en plein conte .. » lâcha-t-il dans un soupir . Mais à découvrir lenfant qui se réveillait à peine , il ne put cacher son émerveillement . Ses yeux étaient bleus , dun bleu si pur et si tendre quil nappelait quau rêve et à la douceur . Une telle candeur .. dans un monde baigné de sang ..
Sarins , plus pris de regrets que dune lubie passagère , souleva lenfant et , le dévisageant avec tendresse , dit :
« Toi , tu as bien fait de te trouver ici , aujourdhui . Tu seras à présent comme mon fils , et je tappellerait Khaen ! »
Il se tourna ensuite vers les Druides et Sages qui laccompagnaient en vue de former un Grand Conseil , et leur déclara avec malice :
« Voici votre Prince ! »
Les esprits de la nature et plus fervents chercheurs de Kalast poussèrent un soupir de soulagement , après cette journée de chaos et de meurtre .. Tous , ils sapaisèrent , à la vue de ce bambin blond et de ses yeux si profonds . Ils appuyèrent leurs sentiments de sourires sincèrement bienveillants , les bonnes fées de fortune dun gamin débarqué en pleine apocalypse , et félicitèrent l « heureux papa » , en le gratifiant de tapes dans le dos et de rires légers , qui semblaient percer les cieux . Une insulte à la fatalité .
Sarins était donc devenu un souverain . Calme , posé et réfléchi .
Une image singulièrement contrastant à celle dun démon vivant quil offrit aux Conseil des Sages , par une journée noire , alors quil renvoyait les plus éclairés druides , ainsi que les plus philanthropes savants et biologistes dEralys , toujours en quête du bonheur des hommes . Ce conseil devait garantir le respect de la balance Science-Nature . La Fureur qui lavait pris , par un funeste matin qui avait vu revenir au port de Kalast enveloppé dans un linceul souillé , le corps traumatisé de son fils Khean , rapatrié en urgence de la Campagne DUralia , bataille quil avait mené avec ses hommes délite , contre les hommes du plus grand empire commercial et industriel de lépoque ,Oberon Corp. . La vue de son fils ainsi mutilé lui fit littéralement perdre la raison .. Les réminiscences .. Du Porteur expirant , de ses parents .. ses parents
.
Il sen fut avec véhémence , leva une armée de fortune et de rage en quelques jours , recrutée parmi les pires bandits sanguinaires et jura de mettre fin à la vie des assassins de son rejeton .
Il sillonna bien des contrées et bien des pays avant que Lillin , lAnge du pardon , ne vint à lui . Inquiet pour ce Roi en proie à la folie , il avait dépêché sur Terre deux animaux célestes . Un mouton et un dragon qui représentaient pour la conscience du roi le pardon et la colère .
La bande de pillards meurtriers aperçurent ces deux apparitions baignées de lumières colorées , et avant quils aient pu porter atteinte à leur splendeur , Sarins leva la main , signe pour tout ce qui vit quun silence religieux devait sétablir .
Il descendit avec majesté de son cheval et examina létrange mise en scène . Dans son âme tourmentée , il savait avoir renoncé au chemin de la justice pour celui de la vengeance , et il pensait pouvoir racheter son âme après avoir fait payer les tortionnaires de son fils . Le dragon furieux semblait docile et attentif aux paroles de Sarins et comme un allié aussi puissant que lui était dune valeur inestimable à son armée de fortune , il se saisit de sa légendaire épée Omnistratis et , ayant éliminé le dernier doute , brûlé par un feu de rancune qui noircissait ses yeux jadis si attentionnés et bienfaisants , il transperça le corps du mouton qui sécroula dans un râle .
Le dragon poussa un rire qui semblait tomber directement du ciel en lames fines pour percer le cur du Roi . Et , ayant compris quil avait ici montré que sa démence avait fini de le ronger , il saffaissa , planta son épée au sol , pour tomber à genoux devant cette lame flamboyante .
Lorsquil ouvrit de nouveau les yeux , il fut effrayé par le carnage qui soffrait à lui . Encore incrédule , il contempla ce paysage dapocalypse : ses hommes étaient tous morts , et visiblement , navaient pas connu de trépas instantané , sans douleur . Que de visages torturés , dexpressions tourmentées , de douleurs acides et , somme toute , inutile ..
Lange Lillin lui apparut soudain , dans toute sa puissance et sa colère , ce qui lui sembla paradoxal , pour lAnge du pardon . Mais il savait quà présent , il devait payer le prix de sa folie meurtrière , de tous les corps quil avait vidé de leurs âmes , de tous les fils quil avait privé de leurs mères , de toute la Terre quil avait brûlé .
...
Par Rainn le 29/12/2002 à 13:25:55 (#2900754)
[...]
Dans un dernier geste de raison , il sembla se mettre en position de croix , offrant son corps aux flammes de lenfer , pour que définitivement , il y trouve loubli .
«- Tu es bien pressé de mourir , Roi Sarins .
-Ne va-t-il pas en être ainsi , de toutes manières , damnée créature !
-Pas de ma main , en tout cas .
-Vous avez déjà réduit mon armée à un tas de chairs hurlant de douleur .
-En es-tu si sûr ? Regarde ton OmniStratis , ce sang noir , tu le reconnais .. Tu revois leurs visages implorants ?
Sarins ne pouvait pas soutenir la torture psychologique que lui imposait lAnge . Il était persuadé de navoir rien fait , il ne pouvait pas ! Il était à genoux devant OmniStratis .. Il navait rien entendu , rien vu , rien fait .. Perdu dans ses remords , transpercé par la folie .. Il navait pas pu massacrer ainsi de sang froid des hommes qui étaient devenus pour lui des compagnons . Au fur et à mesure quil descendait dans le doute et la douleur , ses traits se tordaient de malaise . Il aurait voulu quun météore venu du ciel ne lui écrase la colonne vertébrale pour quil puisse enfin goûter au repos de la mort . Mais après tout , il navait jamais voulu rien dautre que la vengeance de son fils , de son seul fils .
LOmniStratis exultait de joie morbide , et cest non sans peur quil examina son reflet dans la lame démoniaque . Alors que ses yeux se posaient sur le métal , il entendit un rire corrosif monter du plus profond de son corps et brûler son âme .
Et les images se succédèrent aux portes de son esprit . Le Dragon vociférant des reproches acides , la parole silencieuse de centaines de morts innocents , la démence qui lavait pris . Lenvie de faire taire le monde pour oublier les feux qui brûlaient au fond de lui-même . La haine de toute lhumanité . Il détestait tout le monde , car il se détestait plus encore lui-même .
Les regards inquiets de ses soldats . Les invectives de lAnge .
« Tu es indigne
»
Puis la pulsion sanguinaire qui lavait pris . Avec une rage incroyable . Il avait empalé ses compagnons , un à un , à la pointe impitoyable de lOmnistratis , avec un rictus de haine .
Continue
Continue
Ils doivent tous payer .. puis tu oublieras , tout redeviendra comme avant , ils ne sen souviendront pas , même en Enfer . Je suis ta seule alliée , tu le sais . Vas-y !
Ses anciens soldats navaient rien pu faire . La technique quil utilisait était celle de lOmnislash , un coup sans fin , plongé hors du temps et de lespace , il déchiquetait des ombres , dans un monde ou rien ne bougeait , et sa force croissait en même temps que sa folie meurtrière . Dans ce monde aux limites de la réalité , il tuait sans même toucher ses victimes qui sentaient leurs chairs se déchirer , alors que Sarins pouvait se trouver à plusieurs mètres deux .
Il avait continué ainsi pendant des heures avant de tomber , épuisé , au milieu de ce charnier .
Sarins ferma les yeux et sentit pour la première fois des larmes border le contour de ses yeux . Il tenta de les retenir , mais son orgueil , sa force étaient tellement abattues quil abandonna vite . Affaissé , affaibli , il se courba devant lAnge quil nosait plus regarder dans les yeux , ni dune quelconque manière .
« Tu seras maudit , et ton peuple également ! Va , à présent ! »
A ces mots , la Terre trembla avec une force indescriptible , les cieux grondèrent et avec un frisson dhorreur il sembla à Sarins entendre un cri inhumain en provenance de lOuest , en provenance de la capitale de son royaume . La voix de son fils ..
En effet , à Kalast , Khean , remis de ses blessures par un miracle dont la seule explication était sans doute son appartenance à une lignée particulièrement robuste en mystérieuse , saffairait depuis longtemps à rechercher son père , et à redresser le village entier , plongé en pleine anarchie par la famine . Il se montrait compréhensif envers les brigands qui chapardaient un ridicule bout de pain afin de nourrir leurs familles et les invitait avec leurs proches à venir se restaurer au palais . En effet , les réserves du cur de la ville étaient incroyables , et le roi Sarins prévoyant . Jamais le grenier du palais ne semblaient se vider , et les travailleurs ainsi traités humainement par le Prince redoublaient defforts et de vaillance pour sortir la ville de la crise . La situation semblait devenir moins épineuses et pour la première fois , le visage doux de Khean silluminait dun début de sourire sincère , car il aimait réellement son peuple , lorsquun cri dhorreur annonça des déboires bien pires que ceux auquel il aurait pu croire .
« Ce nest pas possible ! Ce sont des êtres de féerie ! Cest insensé , il ne peut pas être un
un Golem ! »
La masse entourée de flamme sapprochait à pas lents et pesants , il était immense , indestructiblement immense , au point que la plus haute tour du Palais semblait à peine plus haute quune de ses jambes . Il avançait en poussant des rugissements de colère , et chaque pas semblait pouvoir effacer de la surface de la Terre un village entier . Il était constitué de roches et de magma , du moins semblait-il , et seuls les oiseaux de malheurs , et certains dragons noirs se permettaient de lapprocher , dans une nuée de malheur et de désolation .
Un cri rauque fit de nouveau trembler la Terre alors que dun coup de poing , le Golem perçait le sol et créait des cratères et des fissures monstrueuses , ne laissant derrière lui qui sang , larmes et cendres .
Khean était médusé , de peur et dincompréhension .
Il nétait pas particulièrement pieux , mais son comportement philanthrope , profondément amoureux de ce quil y avait de bon en lhomme , lui barrait les voies du blasphème et de loffense à un Dieu quelconque . Un instant , il fut pris par le doute et la potentielle culpabilité de quelquun qui cherche où il a pu mal agir , où son erreur et son aveuglement ont débuté , mais rien ne lui vint . Les prairies commençaient à reprendre des couleurs , et le peuple organisait régulièrement de grands feux de joie en lhonneur du Prince , ce qui , en plus de la flatter , lui faisait prendre conscience de tout le Bien qui existe sur Terre , indépendamment de la cruauté des hommes aveugles et bornés , guidés uniquement par la recherche de plaisirs corrompus mais immédiats . Cétait là lattitude dhommes égarés , perdus , sans but ni rêves, sans compréhension de lUnivers , et qui étaient somme toute plus à plaindre quà châtier .
Khean savait que tout homme est tout autant le centre de cet Univers quun grain de poussière . Nous détenons tous la Vérité qui , même si elle nest pas universelle , reste la notre . Et que pour cela , chaque homme , chaque être humain , chaque être vivant , même , était nécessaire et indispensable . Pour cette raison , il avait convaincu son père , plus ferme à abolir toute forme de peine de mort , ce qui fut fait après maintes et maintes discussions et débats .
Pour autant , conscient des responsabilités quil avait et de la confiance que le peuple avait en lui , en labsence de Sarins , il avait maintenu les habitants de Kalast dans un même chemin , dans un même groupe . Riches comme pauvres , hommes comme femmes . Un brigand affamé pouvait obtenir sa bénédiction et repartir avec une invitation à souper à la table du Prince , mais un meurtrier déjà aisé cherchant à profiter du désordre ambiant pour agrandir sa fortune pouvait être sûr de profiter pendant un long moment des geôles humides et peu hospitalières du palais , ainsi que de voir son bien redistribué à de plus valeureux ou nécessiteux hommes .
Nétait-ce pas la voix de la justice ? Qui , puisquelle ne pesait que sur les épaules dun homme , ne pouvait être réellement juste et absolue , mais semblait être sincèrement nourrie de tous les espoirs de monde meilleur qui brûlent en lui ?
A ces mots , et dans un élan de colère contre linjustice , figure importante dune vie humaine , qui , personnifiée dans un esprit , peut mettre en rage le plus posé des hommes , il sélança et ordonna à sa seconde , la Prêtresse Klaërt , de rassembler la population de la ville , et il prit soin de préciser « Et de tous les quartiers !» et de les emmener aux Catacombes , ces légendaires grottes exiguës et entravées par le temps et la poussière si dense quon ne pouvait voir au travers , creusées par les premiers fondateurs de la Ville , dans tes temps ancestraux , afin de pouvoir tenir un siège pharaonique sans montrer le moindre signe de faiblesse . Avec elle , Klaërt emporterait avec tous les moyens réquisitionnables toutes les victuailles possible .
« Après tout , pensa-t-il dans un soupir , en jetant un regard inquiet vers la masse de feu et de cris qui sapprochait toujours de la porte Nord , personne ne connaît ses intentions , il va peut-être tenter de nous asphyxier , de nous faire perdre la raison .. Mon dieu
Comme jaimerais , en cet instant , pouvoir me lever et assurer aux cieux que je suis fier de ma conduite ! »
La suite de cette histoire est particulièrement lacunaire .
On sait que la ville se vida dans un mouvement de panique général , mais que la dernière apparition du Prince lui permit de rasséréner quelque peu son peuple tourmenté .
Ils partirent donc , confiants mais apeurés , craignant pour leur vies et plus encore peut-être pour leur civilisation , car devant les poings sanguinaires de ce géant , dieu sait ce qui pouvait encore résister . Peut-être quune fois ressorti des grottes , il ne resterait plus rien .. rien que de la poussière et des ruines . Ainsi un peuple tomberait-il dans loubli , à jamais . Un Univers qui serait né de rien , qui aurait vécu de rêves et de chimères , pour retomber à la poussière , comme on avait coutume de dire .
Klaërt semploya avec ferveur à organiser la « résistance » . Une fois les plus vulnérables mis à labri , elle harangua les plus vaillants , pour laider à barricader à la ville , à se défendre , non contre la masse hurlante qui approchait toujours , mais contre les Oiseaux de malheur et maudits dragons , qui semblaient se délecter de torturer des corps déjà agonisants . Cétait trop cruel pour un être humain , déjà souillé par une vie et par des consciences souvent lourdes . Souvent , lorsquon se sent coupable , on na de cesse de vouloir évider la justice , dans une quête de rédemption , sans doute . Les assauts de ces légions aériennes de la terreur furent repoussés avec véhémence et opiniâtreté , mais , alors que lespoir semblait enfin ressurgir , tel un brasier ravivé par ces quelques victoires , une flèche perdue transperça le corps furibond de Klaërt , qui sécroula dans un râle , les yeux grands ouverts et débordant de peurs .
Sa dernière vision fut terrible
« Je ne peux pas .. je ne peux pas le croire
pas lui .. pas encore .. »
Un corps fut transpercé , et une lame chantait en écumant de rage .
OmniStrasis brûlait toujours et Sarins semployait avec cruauté à décimer les rangs de ses propres soldats , qui luttaient pour la sauvegarde dune ville dont il était le roi .
Une telle lueur de haine ..
« Sa
Sarins ! »
La silhouette bestiale sinterrompit . Il connaissait bien la Prêtresse , pour lavoir quasiment élevé , et la vue de cette jeune femme innocente baignant dans un sang versé sans que personne ne sen rende pour autant dire compte , ramena à sa mémoire le poids de perdre un être cher . Soudain , il parut vaciller sous le poids dune folie incommensurable . Comme si le bon roi Sarins sétait retrouvé affublé dun double démoniaque et impitoyable . Il jeta un regard protecteur vers cette enfant , puis parut se contracter , sous leffet dune douleur horrible . Soudain , il poussa un cri dément , inhumain , aux étoiles qui commençaient à piqueter le ciel voilé dune nuit de feu et de sang . Un cri qui semblait monter aux cieux , comme un juron secret , adressé à la fatalité , à lessence même du mal qui rongeait le Roi Déchu . Il sembla à Klaërt quun mince rayon de lumière séchappait de la bouche désespérée , tellement écumante quelques instants auparavant , de son ancien ami .
Soudain , il sembla reprendre ses sens , et , plantant son épée au sol , il sappuya sur le pommeau comme un vieillard rattrapé par le temps et sadresse à la jeune conseillère agonisante .
« Klaërt , mon .. mon enfant .. je ne sais pas .. tu dois me croire , tu dois me croire , tu dois me croire
Klaërt »
Au fil des mots , son visage reprenait des traits tourmentés, et sa voix passa de la supplique à linvective .
Dans un dernier effort , il arracha la flèche ensanglantée du corps meurtri de son jeune ami , et , apposant ses mains cruelles sur la plaie , marmonna quelques paroles dans une langue depuis longtemps oubliée .
La jeune femme sentir sa plaie sévanouir , se rétracter et son sang refleurir . Il ne parvenait toujours pas à bouger , peut-être plus en raison de la présence dun Sarins dément quà cause de la douleur , mais elle sentait vaguement quil survivrait , et que la situation était en train déchapper à tout contrôle . Comme si des forces divines sacharnaient à mettre en pièces chaque plan échafaudé par les hommes , comme pour les punir , ou , plus cruellement , leur montrer leur incompétence , leur faiblesse face à la vie , et face à la mort .
« Tu ne dois pas voir .. excuse-moi
»
Rideau . Sarins , dun coup de pommeau , assomma définitivement Klaërt . Dans un souffle de dépit et de colère , celle-ci ferma les yeux , apercevant à peine son sauveur-persécuteur lever les yeux jusquà la plus haute tour du Palais , avec une lueur dincompréhension mêlé de colère .
Ses doigts crispés au manche de lOmnistratis . Cherchant presque à ne faire quun avec elle ..
Au sommet du Bastion , Khean sétait posté devant les créneaux surplombant la vallée , et , dune voix lourde , entonnait des invocations diverses , en vue de contrer larmée monstrueuse et son gigantesque chef , le Golem . Parfois , dans un moment dinquiétude , il jetait un regard en contrebas pour examiner lavancement des fortifications , et létat de la résistance intérieure de la ville . Le moment nétait pas à loptimisme , mais il refusait de se laisser abattre . Pas après tout ce quon lui avait appris , pas après toute la foi en lêtre humain que ses voyages lui avaient appris . Ils sétait étrangement toujours senti différent de ses semblables , par son calme et sa douceur devant le fourmillement un peu désespéré des hommes , mais il éprouvait un amour profond pour eux , peut-être justement pour leurs faiblesse . Lui-même , parfois , se sentait désespéré et insignifiant , mais il refoulait beaucoup ses émotions . Et le moment pour exprimer ses tourments intérieurs était sans doute bien mal choisi .
Quelques longues minutes passèrent , tandis que la voix de Khaen continuait de sélever , mais de plus en plus lasse , laissant briller cet espoir au fond de lui , sans vraiment y croire . Puis Sarins acheva de gravir les innombrables marches de lescalier vers le sommet du Bastion. Reprenant ses esprits et en proie à une fatigue pesante , il commença à marcher vers lhomme qui se tenait , face au vide et , donc , dos à lui . Ses pas restaient silencieux et son silence nétait troublé que par les gémissements de douleur quil poussait , de temps à autres .
Même parvenu à quelques mètres de son fils , il ne le reconnut pas , car le jeune prince avait revêtu une tunique dArchmage , tandis que son père lavait rarement vu portant autre chose que son armure princière .
Arrivé à sa hauteur , il le tira par le bras , dun geste vif et blessant , à la plus grande surprise de ce dernier . Sarins poussa un cri de surprise et Khean en fit autant .
Un silence pesant sétablie autour des deux hommes .
« -Tu .. tu es vivant ?
-Papa ! Quest-ce quil tarrive , tu as lair si .. si étrange .
-Tu es .. vivant .. je ne peux le croire ..
-Bien entendu ! Question endurance , jai de qui tenir ! » lui lança Khaen avec un sourire malicieux , pour détendre un peu lambiance de plomb .
Le monde sétait déjà effondre dans lesprit de Sarins .
Tout était absurde , rien navait de raison dêtre .
Il avait tué pour venger . Tué pour tué , par la suite .
Rien naurait du commencer ..
Sa soif de sang et dorgueil , toujours .. Comme autrefois .
Il avait déjà laissé ses parents se faire tuer , à présent , son peuple avait goûté à sa fureur .
Et à quelle fin ? Pour venger un fils qui était toujours vivant .
Il était misérable , mais sa soif de victoire ne sétait pas apaisée pour autant .
Il avait appris à ligaturer sa conscience .
Il sempourpra :
« -Pourquoi ne mas tu pas prévenu !! »
Khean , voyant la réaction violente de son père, recula dun pas vers le vide .
-Calme-toi .. Cest une erreur , un malentendu .
-Cest à cause .. Cest à cause de TOI , tout ça ! Je suis le Roi et tu mas fait déchoir !
-Comment ?! »
Khean ne comprenait pas un mot des phrases maladroites de son père , mais il sentait que quelque chose en lui sétait brisé , ou plutôt réveillé .
Ne pouvant se résoudre à le laisser ainsi , il sapprocha de lui et tenta de lui poser une main sur lépaule , mais le poing de fer de Sarins vint lui couper le souffle . Il fut projeté en arrière de plusieurs mètres , heurtant le sol avec une violence peu commune , et , alors quil se relevait , un voile de colère passa dans ses yeux . Le Golem rugissait à lhorizon , et ce nétait définitivement pas le moment de régler un quelconque problème de famille , qui nexistait dailleurs pas !
Sarins leva la main .
Le corps de Khaen se figea, et il ne put bientôt rien faire dautre que contempler la folie de son père .
Ce dernier sembla à nouveau en proie à une vive douleur , il avait prit sa tête dans ses mains et son corps entier , sous sa lourde armure de Roi , semblait être secoué de sanglots violents . Ses cheveux noirs voletaient sur son visage tuméfié et violacé , jadis si paternel et débonnaire .
« Khean .. mon fils .. »
Sarins simmobilisa . Comme si son esprit avait définitivement cessé de résister . Restait à savoir quel côté de lui-même avait pris le dessus . Le Roi Déchu souleva la lame OmniStrasis et se mit en garde , posant lépée sur son épaule gauche , les jambes légèrement écartées afin de rapprocher son centre de gravité du sol . Ainsi , la lame jouait le rôle du dard dun scorpion . Il inspira avec force , le temps semblait suspendu à sa voix .
Puis il poussa un cri de fureur , sorti du plus profond de sa douleur , qui sembla à nouveau se matérialiser par un rai de lumière dorée , presque irréelle , perçant la voûte de nuages obscurs et épais qui annonçaient la venue du Fléau de Kalast .
La scène semblait échapper à toute réalité . Baignant dans une aura translucide , Sarins avait retrouvé un rythme respiratoire normal et ses yeux étaient à présent fixés sur le Golem qui poursuivait sa marche inexorable . Khean remarqua avec trouble que les ombres enveloppaient la scène , à tel point que tout paysage semblait avoir disparu . Même le Bastion au sommet duquel ils se trouvaient . Au milieu des ténèbres , il ne voyait plus que son propre corps , celui de son père et la masse sanguinaire du Golem , séparés par une distance trouble , impossible à déterminer , parfois ils semblaient écartés de plus dun kilomètre , puis , une fraction de seconde plus tard , ils se confondaient . Le monde semblait basculer dans la folie .
Sarins navait pas bougé depuis quelques instants déjà . Soudain , il leva un poing quil serra fermement , et fit entendre une voix monocorde , fatiguée , en fermant les yeux .
« OmniSlash !
pour la dernière fois
»
La Lame Funeste fendit lair avec allégresse , sabattant encore et encore dans ce que Khaen percevait comme était « le vide » . Il ferma à son tour les yeux et aperçut , dans une vision lointaine mais paraissant tout à coup très réelle , Sarins à la hauteur du Golem , lassaillant de coups furieux . En observant le monde réel à nouveau , il se rendit compte que les gestes décrits par son père dans ce qui semblait être le vide étaient les mêmes quil reproduisait dans cet autre Monde, quil pouvait percevoir en fermant les yeux . Un temps sans début ni fin sécoula . Sarins sépuisait à vue dil , mais les cris de douleur du monstre ne faisaient que raviver sa haine . Il frappait , fendait , prenait un recul nécessaire puis revenait à la charge en poussant des cris déments .
Le Golem cherchait à latteindre , mais sa taille démesurée lui interdisait toute souplesse . Avec colère , alors , il se mit à marteler le sol de ses poings et pieds , espérant écraser définitivement linsecte qui le torturait .
Dun revers de sa gigantesque main , il réussit à atteindre le Roi , stoppé net en plein enchaînement , et projeté , dans le monde réel , à la hauteur de Khaen .
Celui-ci pensa « Sil te plaît .. Arrête , tu vas te faire tuer ! » et son père , avec un sourire résigné , comme sil avait décodé sa pensée , le regarda avec amour . « Il faut expier . Rédemption !!!!! » cria-t-il en se relevant . Khaen , toujours immobilisait , connaissait très bien son père et il savait quel mouvement désespéré il allait tenter et aurait , à ce moment là , tout donné au monde pour len empêcher .
Ses yeux se figèrent dans une tristesse muette .
...
Par Rainn le 29/12/2002 à 13:27:44 (#2900763)
...
Sarins chancela , puis , cherchant au fond de lui même la volonté pour se remettre en garde , comprit que cet instant était celui où tout allait basculer . Il voulait sa rédemption , il voulait continuer à vivre , mais les évènements lavaient pris de cours , et , dans la hâte , il avait semé une mort horrible . Il ne percevait pas vraiment la justice qui régissait cette histoire , mais à présent , il ne désirait plus quune chose . La mort de cet être de feu qui menaçait la ville et le peuple quil avait lui-même malmenés .
Il fit un pas en arrière et saccroupit . Dans une dernière inspiration , il fixa le Golem de ses yeux éteints . Celui-ci stoppa net sa course , décidé à en finir avec ce ver de Terre qui osait le défier . Khean ferma les yeux .
Retournés dans le Plan Originel , il vit le corps de Sarins enveloppé de lumière , et , levant les yeux au ciel , il aperçut le visage impassible mais concerné de lAnge Lillin .
Celui-ci , dune voix apaisante , prononça ces mots .
« Roi Sarins . Te voici devant ton destin , prêt à sacrifier ta vie pour un peuple que tu nes pas sur de ne point haïr . Choisis ta voix . Ton âme est forte ,elle pourra continuer son voyage . Pour dire vrai , tu mimpressions . Tu as mon pardon . »
Sarins leva des yeux denfant apeuré au ciel , observant lange dans toute sa splendeur et la force de son Pardon . Son méfaits étaient brutalement lavés aux yeux des hommes et des puissance , et sa mort devait terminer de clarifier son âme . Par le combat .
Cette pensée un peu sinistre lui vint , et il tourna des yeux de foudre vers le Golem , ce dernier était quelque peu intimidé par la radieuse aura de lAnge .
« Meurs !!!! »
Laissant entrevoir les immenses réserves que le Roi possédait , malgré son abattement et lextrême lassitude dont il faisait preuve , soulevant lOmnistrasis , il se met en garde , et , au lieu dentamer la parade Parade de Mort quil maîtrisait visiblement à la perfection , sélança furieusement vers son ennemi .
Khaen était épouvanté car , si dans le Plan , son père se trouvait face au monstre , dans la réalité , et cétait quand même à cette réalité quappartenait son enveloppe charnelle , il ne se trouvait quà quelques pas du vide !
Ouvrant les yeux , il vit quelque chose quil nétait pas prêt doublier . A peine le Roi avait il posé un pied dans le vide que Sarins subit une transformation fabuleuse . Un corps éthéré , translucide , séchappa de son corps matériel , qui chuta silencieusement et sécrasa en contrebas , sans même un bruit . Cet ectoplasme portait toujours lOmnistrasis et sélançait débordant dacharnement , vers la haute stature du Golem . Sarins ne voyait plus devant lui que sang noir et colère . LOmnislash étant au paroxysme de la violence .
Dans les deux Plans , sa lame sabattit frénétiquement sur lécorce rocailleuse de la créature , dix , vingt .. peut-être cent fois , chaque coup porté était plus empreint de rage encore que le dernier .
Enfin , au bout dune éternité peut-être , le corps inerte et froid du Golem cessa de brûler , et sécroula dans un roulement de tonnerre , au milieu de la forêt en flammes .
Les brumes se dissipèrent , et emportèrent avec elles le spectre irréel du roi Sarins .
Khean sentir ses membres à nouveau libres , et son premier mouvement fut de se précipiter aux créneaux , pour apercevoir avec dépit et une profond abattement le corps de son père , gisant en contrebas , lOmnistrasis à côté de lui .
Les cieux avaient hissé à nouveau les couleurs de la vie .
La forêt avait été partiellement sauvée , et les Druides arpentaient la ville , désireux de faire profiter de leur grand pouvoir de guérison les villageois survivants , les blessés , et les agonisants qui pouvaient encore être sauvés . Le peuple sortit avec hâte des catacombes , partagé entre le joie de découvrir un ciel radieux et le malheur devant leur ville détruite , leurs enfants meurtris et leurs familles décimées .
Certains avaient encore en mémoire un souvenir diffus , celui du Roi Maudit , Sarins , écumant de rage sur son chemin vers le Palais , tuant et éclopant son propre peuple , avide de sang et de cris .
Ils reçurent donc encore une fois un choc , et Klaërt la première lorsquelles aperçurent Khaen , las et fatigué , sapprocher deux en tenant devant lui , dans ses bras , le corps inanimé de son père , Sarins . Lui qui cultivait , au fond de lui , une peur sans nom des êtres qui lentouraient , à commencer par son père , se tenait à présent devant son peuple blessé , en leur montrant le cadavre de son Roi-Bourreau . La situation était irréelle .
« Sil vous plaît
»
Les murmures tressés de rancur et dinquiétude se turent .
« Erigez-lui un sanctuaire , au centre de la ville , et enterez-y le corps du Roi Sarins
Klaërt vous commandera , à présent .. »
Cette dernière savança timidement , et sadressa au Prince dune voix éteinte .
« Et vous ? Quallez-vous faire , à présent ? »
Khean leva les yeux au ciel , une mèche de ses cheveux blonds voletait devant lui . Le soleil brillait et une nouvelle vie semblait commencer pour Kalast entière , mais cette lumière ne réchauffait plus son âme .
Je men vais , Klaërt ...
Il se détourna , les pans de sa tunique déchirée virevoltaient , et personne nosa tenter même de le retenir .
Une dernière fois , il se retourna , hésita un moment , puis lança à ladresse de Klaërt
« Enterrez lOmnistrasis avec lui .. »
Klaërt , décidée à ne pas laisser son ami partir vers la perdition de son âme , et ça ne pouvait être autrement , vu lexpression de désespoir profond quil arborait , cria , bientôt suivi par la foule entière :
« Vive le Prince ! Vive le Prince ! Vivats pour notre Prince ! »
Khean ne se retourna pas et poursuivit sa marche lente , laissant échapper une larme argentée .
« Mes amis , étant votre nouveau souverain , par ordre du prince
»
Khean sarrêta , surpris par le soudain revirement de cet être qui lui était pourtant cher .
La population de la ville était également médusé par la voix impérieuse de la jeune femme , qui ne cachait pourtant pas un sourire malin ... Le temps était suspendu à ses lèvres douces .
« Je proclame que Kalast , sous la tutelle du Conseil des Sages , à partir daujourdhui , nest plus un Royaume mais une République ! »
Sur ces mots , elle sélança , vive comme le vent , rejoindre Khean sur les chemins de lexil .
Avec un air enfantin , elle lança un regard rassurant aux nouveaux citoyens dont les airs hébétés lamusaient .
« Longue vie au Conseil ! Longue vie à Kalast ! »
Ce dernier cri fut repris avec ferveur par limmense foule , et une atmosphère chaleureuse sinstalla immédiatement . Les travaux de reconstruction allaient pouvoir reprendre , et Klaërt avait pleine confiance dans le Conseil . Tirée de ses réflexions par le besoin den apprendre plus au sujet de ce qui sétait passé pour le Prince , elle jeta un regard circulaire et saperçut que ce dernier séloignait delle , sans lui avoir adressé le moindre regard .
« Khean ! » Cria-t-elle avec un ton de reproche .
Celui-ci , confus , masqua lamusement quil ressentait , à voir la jeune Prêtresse à ce point survoltée .
« Ne veux-tu point gouverner ? Je sais que tu en es capable
»
Ne dis pas de bêtises et avance , grand imbécile ! » rétorqua-t-elle , avant de poser une main sur sa bouche , réalisant à qui elle sadressait .
« Hummm .. je ne suis plus Prince , tu nas pas à tinquiéter , mais
» Son visage sillumina dun timide sourire « Si tu me parles encore comme ça , par mes ancêtres , tu vas comprendre de quel bois je me chauffe !
Ouais .. On verra bien ! » Klaërt était ravie de voir son ami reprendre vie lespace dun instant ! Celui-ci sen rendit compte et , coupable ou bien déstabilisé , senferma à nouveau dans la solitude et , resserrant sa cape , porta son regard vers la forêt .
La jeune fille sapprocha de lui et lembrassa sur le front .
« Bha .. je ne sais pas où tu me mènes , mais allons-y , jai hâte de partir voyager , tu sais ! »
Khean poussa un soupir ostensible , prenant un air faussement vexé par la puérilité de son amie , et ainsi , ils se mirent en route et franchirent les portes de la Ville de Kalast .
Le temps ségraina ensuite paisiblement dans la Capitale , mis à part quelques incidents durant lédification du sanctuaire en lhonneur du roi Saris qui resterait , pour ses anciens sujets , un roi Maudit .
"
A suivre ...
Par Pere fouettard le 29/12/2002 à 13:31:07 (#2900781)
Par Rainn le 29/12/2002 à 15:36:38 (#2901412)
Qui est donc Resyal ?
Qu'est-il advenu de la ville de Kalast ?
Sarins reposera-t-il enfin en paix ?
Et quel rapport entre toutes ces histoires tordues Joël arrivera-t-il enfin à trouver , alors que lui-même ne sais pas trop où il va ?
Tadammm .. @bientôt , pour la deuxième partie des aventures d'Eralys .
OmniSlash !
Ben oui , Baron , c'est le nom d'une limite de Cloud dans FF7 , mais j'ai tellement aimé ce nom que j'ai pas pu résister . Si j'dois être lapidé pour ça , soit , je ferai face à mon destin :monstre:
Par B@R°n :> le 29/12/2002 à 16:23:18 (#2901680)
Par Rainn le 29/12/2002 à 19:07:28 (#2902751)
Un léger vent se levait , remuant les mèches brunes de Resyal .
Un hoquet de douleur souleva sa poitrine .
« Je ne comprends pas
»
La lumière avait été aveuglante et ce flash avait enserré son âme dans un étau dacier .
Il se promenait calmement , dans lespoir vain daccorder son cur furieux à la lente pulsation de la Nature . Il chercher lapaisement dans la tranquillité du cadre . Une manière de fuir , peut-être , mais nimporte quel humain à le droit à un moment de répit , même si pour cela il se sentait indigne et diminué .
« Je suis lâche , tout de même
Il ne marrive au fond rien de si exceptionnel . Jai bien tous ces souvenirs , mon voyage pénible , les combats qui sattardaient tard dans la nuits , les morts que jai laissé derrière moi , mais .. je ne suis sûrement pas le seul guerrier à arpenter le sol de cette Terre , et mon âme se doit dêtre plus forte . Je suis tout de même le porteur dOmnistratis .. et à ce titre , jai mon avis à donner , ma place dans lhistoire , et surtout , les rennes de ma propre aventure . Je ne dois pas fléchir . Je ne veux pas finir misérable
Même si
»
Il refréna un « Je le suis déjà » qui cherchait à sortir de sa gorge , afin de lui faire admettre quen fin de compte , il nétait et ne resterait quun être humain .
Son silence avait été troublé par un bruit sournois , une corde que lon coupe . Ses réflexes étaient plus développés que ceux des autres hommes , du fait , premièrement , de son héritage génétique , et , ensuite , de son inhibition . Il avait appris , pendant les longues soirées passées à écouter le silence , à se délecter des ombres , la signification du moindre son .
Mais même son acuité , auditive comme visuelle , ne lui permit pas déchapper à lemprise du filet qui tombait sur lui à grande vitesse . Bientôt et malgré ses efforts et vaines gesticulations , il se retrouva immobilisé , à la merci dun groupe de brigands à la réputation plutôt , hmm .. spéciale .
« Vous ?! Ikasan ! »
A entendre prononcer leur nom ou plutôt le nom par lequel les habitants des villages alentours avaient lhabitude de les désigner ,les trois individus sourirent dun air niais au possible , en dévisageant leur proie .
«- Le fils de Mme Lilyana . Tiens tiens tiens
- Lui-même , bande dincapables ! rétorqua Resyal avec véhémence »
Les Ikasan étaient une bande de jeunes loups galeux , des bandits de grand chemin , mais de petite envergure , qui couraient les plains bordant le village d'Ilyissen . Les malfaiteurs les plus ridicules et les plus pitoyables de tout Eralys , à nen pas douter .
Celui qui , visiblement , avait la tâche de traîner dans son sillage les deux brutes pataudes qui laccompagnaient déclama dune voix arrogante et pleine de mépris :
« Votre verve est bien acide envers nous , Seigneur , mais pour votre propre santé , je vous conseille dêtre plus .. » Il sapprocha de Resyal et ce dernier ne put retenir une moue de de dégoût devant larrogance gratuite de cet être pourtant si ridiculisé . « Plus
cordial envers nous . Noublions pas quà présent , vous êtes notre prisonnier . » Il sortit de sa poche un long couteau , et joua avec , humiliant ainsi , aux yeux de ces compagnons , le jeune captif .
« Vous nêtes que de misérables pantins . Je ne sais pas pour qui vous travaillez , mais je suppose quil y a un chef à cette confrérie dimpotents . Pour quun groupe tienne la route , il faut de la matière grise , et à priori , je ne pense pas que vos têtes vides en regorgent , messires ! » Déclara Resyal en raillant . Ce faisant , il tenait le plus possible caché Omnistrasis , tout en la tirant lentement de son fourreau . Il lui fallait gagner le plus de temps possible , et il fut prit dinquiétude , en se demandant sil nétait pas allé trop loin , sil navait pas suffisamment piqué à vif le chef de cette bande de décérébrés pour quil décide de venger ce quil avait la prétention dappeler un « honneur » .
A vrai dire , Resyal ne les détestait pas , mais le fait dêtre soumis à un chantage lui était insoutenable . Plus encore peut-être que celui de se retrouver enfermé ou , du mois , privé de sa liberté .
« Je vois que notre invité a de lesprit . Eh bien , mon ami , je vous ferai ravaler vos paroles ! »
Il sapprocha pas à pas . Des pas vicieux de tueur . Ils étaient peut-être incompétents , mais ce nétait pas pour autant une bande denfants de chur . Brandissant son couteau , et le plaçant au niveau du visage de Resyal , il se mit à rire , voyant la peur qui , lespace dun instant , était passé dans les yeux de son adversaire .
« Alors ? Tu as perdu ta langue , petite biche égarée dans les bois ? »
Enfin , Resyal sétait saisi dOmnistrasis . Il la cachait toujours sous lui-même , mais le fourreau était retiré , et dun geste vif et précis , il se ramassa sur lui même , se tassa afin de laisser un petit rayon daction à lépée , et après avoir souri sournoisement à son adversaire , trancha le filet transversalement et se releva en un instant si court que ses adversaires navaient pas eu le temps de réaliser . Il attrapa son ancien geôlier par le collet et le souleva de manière à ce quil ne touche plus Terre , avec une force qui létonnait lui-même , car il nétait pas à proprement parler un homme puissant et musclé , plutôt frêle , dailleurs .
« Ne tavise plus jamais de me considérer comme un lapin , et toi comme le tigre ! » linvectiva-t-il avant de le projeter en avant , à la hauteur de ses semblables , toujours avachis dune manière bien démonstrative de leur finesse . La colère prit le commandant des Ikesan , qui ordonna , dune voix tremblante de colère et dhumiliation :
« Issor , Nacht , assommez-le ! Faîtes lui ravaler ces paroles , cest un ordre ! Pour les Ikesan ! »
Les deux brutes monstrueuses semblaient sêtre enfin animées , levèrent un instant les yeux sur leur ennemi désigné , échangèrent un sourire entendu , et se ruèrent violemment vers Resyal , bras en avant , afin de le saisir , et de lui faire goûter au goût des pâquerettes .
Pressentant bien la technique de ses ennemis , ce qui nétait pas chose difficile , avouons-le , Resyal se mit en garde , et se prépara à recevoir lassaut des deux montagnes en mouvement .
Le premier coup fut paré , et le deuxième faillit atteindre lintéressé , mais dun léger mouvement à peine perceptible , il se décala légèrement , et sen tira avec comme seules conséquences le fait que son cur battait à une vitesse malsaine . A présent , cétait à lui de riposter , et ce fut un vrai jeu denfant , vu que les deux brutes sétaient lancées avec un élan incroyable , et que leur férocité leur imposait un certain temps avant de stabiliser à nouveau .
Désireux de faire comprendre à ses adversaires que le combat navait pas lieux dêtre , il se rua vers eux avec agacement et , dun coup de pommeau , enchaîné avec un mouvement relevant plus des arts martiaux , il fit choir ses deux adversaires au sol , puis se redressa avec orgueil , sous le regard rageur du troisième Ikasan .
«- Tu es trop fier pour un guerrier , Paysan !
-Tu nas pas encore compris que tes sbires lobotomisés et toi-même ne pouvez rien contre moi ?!
-Tu dis nimporte quoi ! Issor , Nacht ! Revenez ! » Cria-t-il , inquiet , car lhomme qui montrait une stature si orgueilleuse allait peut-être chercher à se venger .
Les deux monstres avaient du coup perdus toute leur contenance , et rampèrent brusquement jusquà leur chef , bousculant au passage Resyal qui ne savait décidément plus comment se comporter , oscillant entre lamusement et la pitié .
« Je suis peut-être misérable et décrié de toutes parts , commença le petit homme dun air plus sérieux que son allure de plaisantin ne pouvait le laisser croire , mais dans ma vie , jai appris à jauger les hommes , vois-tu .
Tu manies peut-être une grande épée , et peut-être fais-tu deux fois ma taille , mais malgré tout , malgré ton grand orgueil , tu mas lair faible et vulnérable comme un bambin , un tout petit enfant , ridicule . Je me trompe , petit ?
-Comment ose-tu me provoquer ainsi ! Resyal pâlit de rage , serrant la garde de son épée dans une expression visible de fureur contenue .
« Mais si , rend-toi à lévidence .. Tu vise trop haut et au fond , je vois bien que tu nes quun faible , quun misérable qui se nourrit de chimères et de nuages . Tu nas rien au fond de toi , tu nas pas la moindre fondation . La vie te fait exister à ce moment-ci de lhistoire de la Planète , mais tu partiras avec le vent , tes os blanchiront au soleil sans que personne ne puisse poser un nom sur ta carcasse puante . Tu es un rat , tu es un moins que rien , tu es misérable ! »
Sans un mot , Resyal bondit de rage et , incapable de se battre convenablement tant la haine laveuglait , il fut rapidement maîtrisé puis saisi par Issor et Nacht , soudain galvanisés par la supériorité de leur chef .
« Tu es fou , faible et inutile ! Voilà la vérité !» déclara encore le leader des Ikasan avec une acidité corrosive .
Cen était trop . Les membres du jeune homme à nouveau captif tremblaient. Il feint la détente , puis labattement , aussi longtemps quil le pouvait , cachant sa fureur sanguinaire , et suffisamment longtemps , par bonheur pour lui , pour que ses deux ennemis relâchent leur étreinte , pensant visiblement que Resyal tomberait à genoux , opprimé .
Au lieu de ça , parvenant enfin à libérer ses bras de lemprise , il saccroupit , lança un regard qui devait contenir toute la rancur du monde à son ennemi direct , puis seffaça dun bond incroyable , de plusieurs mètres , en arrière . Il était exaspéré et sa colère était visiblement mêlée de chagrin , de douleur , tant ses gestes étaient à présent saccadés et confus . Pris de violents sanglots , il articulait avec peine des mots sans grand sens .
« Ordure
tu vas
ce nest pas de ma faute ! ce nest pas moi ! Ce sont eux , eux tous qui mont rendu ainsi , Partez ! Va-t-en ! La peau de ces démons .. »
Alors que les convulsions qui le prenaient samplifiaient encore et encore , il semblait briller autour de son corps une lumière étrange dorée et maculée de rouge , les Ikasan racontèrent par la suite que la lame dOmnistrasis sétait couverte de flammes .
« Tu vas .. payer ! »
Il se tint de nouveau droit comme un pic , comme sil était apaisé et avait réalisé la démence de ses propos , mais le revirement avait été bien trop malsain . Le chef de la meute recula dun pas , imité par ses compagnons .
« Cen est trop pour moi ! Hurla Resyal avec emportement . » Sa voix séteint presque , mais tous purent entendre le mot maudit qui sortit de sa bouche , pour se perdre dans lair alourdi par la peur et langoisse . « OmniSlash
»
Il souriait
Les arbres , la végétation , les cris doiseaux , et même le délicatesse du vent disparurent . Toute forme de vie semblait sévanouir dans des ténèbres denses et obscures . Les Ikesan étaient médusés de peur devant ce phénomène quils ne comprenaient pas , mais qui ne représentait visiblement rien de bon . Linstinct de survie .
Resyal se cambra . Ses yeux navaient plus de couleur , comme la haine et le mépris avaient dévoré son âme . Ses pupilles étaient vides , il semblait mauvais et retors . Une main lourde passa sur son visage et remis en place une mèche égarée .
Soudain , il se mit en garde avec la plus grande précipitation et inspira profondément , il se sentait fier , majestueux , son sang , lespace dun instant , se muait en lave bouillonnante .
Le temps sétait arrêté et les Ikesan ne voyaient , plus suspendu au fil de cette lame , que leur morts prochaine . Leur monde était en train de seffondrer , nié et anéanti par un homme qui respirait la haine de tout ce qui vit , « Et de lui-même .. ajouterait plus tard leur chef , pour les raisons à venir » .
Tout était néant . Dans les curs et autour deux .
Tout était mort à présent , tout était mort sous ces cieux .
Lhomme est une étrange invention , car
Lorsquil sent sa mort approcher
Il se rapproche du néant originel
Il peut regretter ses actes et pleurer de désespoir
Même sil na été quun être dépravé
Avant quun linceul ne recouvre son corps mortel .
Soudain , le silence fut troublé par un coup incroyablement ample . Resyal paraissait avoir hésité , mais la Lame Funeste sélançait vers les trois hommes avec une fougue irréelle .
Ils étaient résolus à quitter ce monde et avaient , dans un geste de désespoir , caché leurs yeux derrière des mains tremblantes , mais à leur grand étonnement , aucun chair navait été découpée , aucun os navait craqué . Ils entrouvrirent les yeux , dabord faiblement , juste suffisamment pour apercevoir leurs coéquipiers , ce qui était déjà un soulagement , car même si ces bandits étaient parfois mauvais , ils nen restaient pas moins soudés et fraternels .
Puis , ils furent pris deffroi devant le spectacle qui soffrait à eux .
Resyal sétait interrompu , son mouvement semblait avoir été stoppé par une force intangible , alors même quOmnistrasis allait trancher vive la tête de Nacht . A présent , il vacillait sous la violence de ce qui paraissait être un duel intérieur , lopposition de deux puissances , qui allaient décider indirectement de leur sort . Cest ainsi quune sorte de lien sétablit entre les esprits des Ikesan et celui de la partie de Resyal quils voulaient favoriser . Celle du jeune homme relativement innocent et introverti , qui noserait sous aucun prétexte blesser quiconque .
Ils se surprirent même à serrer les poings , profondément concernés par le duel et par le sort du jeune homme . Le chef des Ikesan avait dailleurs cerné en lui un homme dhonneur et il aurait été dommage quun adversaire aussi précieux ne meure pour céder sa place à un mégalomane sans âme .
Puis brutalement , Resyal eut un geste désespéré . Dans sa lutte contre lui-même , il avait retourné lOmnistrasis , si avide de sang , contre son propre corps , et lépée lui avait tailladé le torse avant de sécrouler au sol en même temps que lui
Les Ikesan ne bougeaient plus , étonnés autant queffrayés . Dans le torrent des évènements , ils navaient pas noté que le monde autour deux était redevenu « normal » . Calme et luxuriant .
Le petit homme , dirigeant de la meute , sapprocha doucement du corps qui gisait au sol , mais esquissa un mouvement de retraite , alors que Resyal se relevait avec peine . Il posa un genou à terre et ressentit soudain une peur insensée à lidée de lever les yeux .
Voilà où il en était .
Voilà comment il en était arrivé là .
A présent , sa main empoignait toujours ses vêtements au niveau de son cur .
Une voix troublée séleva .
«
Je suppose que nous navons plus rien à faire ici . »
Les Ikesan sen furent , après que leur chef se soit incliné devant Resyal , avec une étrange expression de respect , et ils disparurent dans les fourrés .
« Damn
Me voilà bien perdu .. » pensa Resyal , toujours sujet à une vive douleur qui , passagèrement , lui ferait oublier les tourments de son esprit décidément de plus en plus incompréhensible , même pour lui-même .
Des pas légers se rapprochaient , assez maladroitement , si lon en jugeait par les bruits de chutes répétés .
« Il faut .. que je me relève »
Joignant le geste à la parole , il se hissa avec difficulté , en sappuyant contre le tronc dun chêne , mais , retirant sa main , il vit avec horreur quil avait versé beaucoup de sang , trop peut-être pour rester en vie un quart dheure de plus . Harassé et tenté de se laisser aller aux ombres de loubli , il se laissa tomber , et perdit conscience , alors quune voix éplorée avait trouvé son chemin jusquà la clairière .
« Resyal ! »
Illyana était paniquée . Par la vue de son fils étendu , tout dabord , et par le sang quil avait versé . Elle ne comprenait rien à cette situation absurde . Pas dennemis , pas de loups , pas de menace , mais pourtant , cétait bien la son fils !
Elle se précipita et sagenouilla devant le corps inerte , le secouant alors que ses yeux débordaient de larmes et de reproches muets , de reproches adressés à la fatalité , au sort cruel qui semble guider les hommes et , plus concrètement , à la Lame Omnistrasis .
« Maudite épée ! Maudite lame ! Corbeau de sang ! »
Elle sacharna à soulever la lame , mais sa frêle constitution ne sy prêtait pas . Dans un instant de colère , revoyant limage de son fils gisant , elle parvint néanmoins à sen saisir , et à lenvoyer voler dans les buissons alentours . Le bruit de larme qui heurtait le sol ne la rassura pas pour autant , et son inquiétude panique la rappela au « chevet » de son fils .
Dans sa crainte , elle ne put déterminer si oui ou non , son cur battait encore , mais son instinct de mère la poussait à puiser au fond delle les ressources pour faire face à la situation .
« Pourquoi es-tu parti , mon fils , ce matin .. Je tai vu couver cette arme maudite du regard , et délaisser la vie familiale , délaisser ta propre vie même ! Et me délaisser moi
» Elle pâlit de tristesse .
« Tu ne te nourrissais plus , tu maigrissais à vue dil ! Toi ! » Elle passa sa main dans ses cheveux dun noir débène , contenant son désespoir . « La guerre et les guerriers sont maudits , un guerrier se condamne à mourir , et aucun homme ne souhaite mourir ! Pourquoi courrez-vous tous autant à votre propre perte ! Ny a-t-il pas moyens pour vous de vivre en paix , dans la paisible tranquillité dun village ! Vous cherchez laventure , mais cest absurde ! Je lai déjà vécue maintes et maintes fois , et ai combattu , moi aussi , pour ma vie et pour livresse de combattre . Mais tout le monde perd la tête , tout le monde perd la raison . Cest trop ! Beaucoup trop ! Relève-toi sil te plaît . Tu ne peux pas être mort ! Pas maintenant .. pas encore
Ny a-t-il pas moyen pour nous de vivre heureux ?! » Elle lança ce dernier mot comme un reproche adressé aux forces tant haï par les femmes et hommes attristés : la Fatalité . La divine providence qui semble en vouloir contre chaque homme personnellement .
Ni ange ni démon ne vint lui apporter une réponse , mais , à lautre bout de la clairière, une branche claqua , et deux silhouettes se détachèrent de lobscurité .
Lune prit la parole , dune voix douce , mais impérieuse .
« -Je crois que nous arrivons au bon moment .
-Qui êtes vous ?! , demanda-t-elle avec fougue , ayant perdu tout sang froid et toute manière devant le corps inanimé de son fils .
-Quelquun qui pourrait bien ne pas vous être inutile , madame » Répondit lun des inconnus , sortant des ombres . Il accomplit une révérence .
Lilyana se sentit en confiance devant ce personnage .
Par Yganor Wallace MIP le 29/12/2002 à 20:19:58 (#2903241)
On reconnait l'inspiration de FF7 :monstre: :p
Par Floodeur n° 8888 le 29/12/2002 à 20:37:06 (#2903353)
Provient du message de Rainn
Le Chapitre Deux se prépare ..
Qui est donc Resyal ?
Qu'est-il advenu de la ville de Kalast ?
Sarins reposera-t-il enfin en paix ?
Et quel rapport entre toutes ces histoires tordues Joël arrivera-t-il enfin à trouver , alors que lui-même ne sais pas trop où il va ?
Tadammm .. @bientôt , pour la deuxième partie des aventures d'Eralys .
OmniSlash !
Ben oui , Baron , c'est le nom d'une limite de Cloud dans FF7 , mais j'ai tellement aimé ce nom que j'ai pas pu résister . Si j'dois être lapidé pour ça , soit , je ferai face à mon destin :monstre:
Tu seras lapidé uniquement si tu n'avais pas appris Omnislash a Clad ^^
Cela di je suis un fin gourmet nivo Final Fantasy alors je pardonne si tu devines une chose :
Le nom de REDXIII ( c méchamment facile comme question )
Par Rainn le 29/12/2002 à 20:48:52 (#2903418)
Pff .. ridicule , la question ^^
Par Rainn le 29/12/2002 à 23:49:22 (#2904667)
...
Le soleil envahissait la pièce . Il était pâle et à travers le rideaux , apparaissait diffus et timide .
Resyal ouvrit les yeux , lentement , tout dabord . Il voulait rassembler ses pensées , les impressions confuses qui venaient à lui , alors que ses sens , petit à petit , se reconnectaient au monde . Il voulait faire le tri , parmi le réel et la fiction , alors que lui revenaient pêle-mêle les souvenirs de la bataille .
« Mais
Comment se fait-il que .. »
Un instant , il tenta de se concentrer , mais son esprit était encore bien trop las , et il se laissa tomber sur son oreiller , trop heureux dêtre encore en vie , et trop blasé pour oser un mouvement .
Des voix arrivaient à lui , en provenance dune pièce qui jouxtait sa chambre .
Sa mère , Lilyana , et son père , Lance .
Ce dernier parlait avec dans la voix une affliction que Resyal ne lui connaissait pas
« -Mais , chérie .. Je suis désolé , tu sais .. Oui jaurais du taccompagner , milles fois , je regrette sincèrement . Je .. je ne suis pas digne dêtre ton mari .. ni le père de notre fils ..
-Allons bon ! explosa-t-elle , cesseras-tu un jour de te morigéner et de te mortifier , et agiras-tu enfin ! Notre fils à frisé la mort , et là encore , au lieu daller le voir , au lieu de te révolter , au lieu même daller laider , tu es resté prostré dans ce fauteuil . Tu y passe tellement de temps à disséquer ton esprit ! Réagis , bon sang Lance , je tai connu plus intrépide !
-Tu .. tu men veux , nest-ce pas ? »
Elle ne put se mettre en colère contre la faiblesse de son mari . Celui-ci semblait avoir régressé au point de redevenir un enfant , apeuré devant le courroux de sa mère , il fuyait ses responsabilités , fuyait son entourage et la fuyait même , Elle ! »
Resyal nentendit pas un mot de plus ..
Fixant le plafond , il tenta de mettre des mots sur ses sentiments passés , car à présent , il lui semblait que rien ne traversait son cur , il semblait vidé , étonnement vidé , dailleurs , si on considérait quil avait frôlé la mort .
Il réfléchit .
Le coup mortel de LOmnistrasis lavait terrassé . Il naurait pas pu en être autant , une montagne même naurait eu dautre choix que de se fendre devant une telle puissance . Mais tout ceci nétait-il pas démesuré pour lui ?
Il ne restait quun enfant . Quun jeune homme , qui allait bientôt , avec peine , décrocher sa première vingtaine dannées . Que connaissait-il du pouvoir , des choses de la vie , de lexpérience dont semblaient se targuer les adultes quil cotoyait ? Il était un enfant , encore innocent et
Non définitivement , ce mot ne semblait plus pouvoir sappliquer à lui . Innocent . Avec toute la sincérité du monde , avec toute lobjectivité possible , il narrivait plus à se décrire comme quelquun dinnocent . Son âme était profonde , et il ne pouvait la remplir , lamener à satiété , lui donner un sens . Il savait être fort et solide , mais ne savait où diriger ses efforts . Et il ne pouvait oublier la tristesse qui le hantait , il ne pouvait pas fermer les yeux sur ce qui brûlait devant lui . Il ne pouvait pas feindre linnocence tandis quil se voyait dépérir chaque jour . Dépérir vers le mal . Plus que vers la mort . Ceci lui inspirait une grande terreur .
Il pensait à tout ceci en examinant , presque comme un enfant qui découvre le monde , les lézardes noires sur le plafond boisé de sa chambre .
Un matin qui ségrainait , le temps qui passaient , inexorablement , et personne ny ferait rien .
Le fil du temps ne pouvait être arrêté , même par toute la furie des hommes , même par la folie .
LOmniSlash
il y repensait en ressentant un mal étrange , nosant prononcer ce mot , ni se le figurer intérieurement . A sa pensée , il se recroquevilla dans son lit , cherchant à enfouir sa tête dans son oreiller , peut-être pour ne pas regarder en face le démon quil pouvait devenir
Une étrange douleur lempoignait .
Les rares fois où il avait utilisé cet art de combat ou plutôt .. cette technique de mort , il avait sentir le temps sarrêter , il avait senti les barrages dressés au fond de lui céder silencieusement , sous le flot de lexcitation . Le monde simmobilisait . Plus rien ne bougeait , dans le Plan Originel , il était maître du temps et de lespace , mais .. mais il perdait sa part dhumanité , il perdait ce qui faisait de lui un être bon , frustré et faible , peut-être , mais naspirant quau bonheur . Malgré toutes les déformations et toutes les apparences parfois perverses que celui-ci pouvait prendre .
Le pouvoir , le contrôle , largent , le désir ..
Tout ceci nétait au fond quune recherche fébrile du bonheur , de létat de béatitude complet quun homme pouvait ressentir , une fois tous ses désirs comblés .
Si cétait toutefois possible .
Au fond , ne sommes nous pas esclaves dune illusion . Celle du bonheur . Ne faut-il pas , pas vivre enfin « Entiers » , abandonner tout espoir de prises sur le courant impétueux de nos petites vies . Faut-il alors se décrocher de la réalité , navoir aucun point de vue sur elle et nous laisser glisser sur les eaux sans regarder la chute , sans chercher à modifier notre trajectoire vers un gouffre qui ne nous ferait alors plus peur ?
« Peut-être bien , soupira Resyal » . Mais dans le fond de son cur , il sen sentait bien incapable . Il était né humain , avec les grandes carences que cela suppose , il avait besoin , besoin de vivre , besoin de goûter au plaisir , besoin , surtout , même sil nosait souvent pas se lavouer , besoin des autres .. Besoin de leur présence . Plus encore , de leur sensations . Plus encore , de leur respect . De leur admiration , pensa-t-il en haussant un sourcil , surpris par son propre raisonnement . De ..
Le lieux-commun quil connaissait , mais auquel il vouait un mépris incompréhensible couvrait pourtant parfaitement la situation .. Vivre dans leurs yeux , à travers limage quils leur renveraient de lui-même .
Briller dans leurs yeux comme une paillette dans un rayon de soleil
Quelle faiblesse pour un guerrier nanti de son orgueil !
Pourtant , au fil de ses voyages , il avait appris la solitude , la brusquerie des hommes , leurs détestables penchants pour la cruauté et les faux-plaisirs .
Il avait été maltraité , allant de travail précaire en coupe-gorges douteux , afin de trouver largent nécessaire à continuer son périple .
Car oui , il avait quitté sa demeure . A lâge de 15 ans , sous un coup de tête , pensait-il alors .
Mais en réalité , cétait le poids silencieux dune folie qui séveille . Pourquoi lui ?! Il nen savait vraiment rien , mais au lieu de jouer , de sémerveiller , de parader avec les autres enfant , en construisant un monde dont on lui aurait déjà inculqué la finalité , il restait dans sa chambre , dans ce même lit , à fixer les murs hostiles , à torturer son ennui , pour passer le temps
Petit à petit , les autres enfants , puis les adultes loubliaient , petit à petit , ils ne se soucièrent plus de lui .. Et il sefforçait de montrer une image sereine , détachée de ce mépris muet qui navait dailleurs en soi rien dagressif . Mais il ne se rendait pas compte quil se forçait . Déjà à cette époque , il sétait placé dans une disposition «Moi contre le Monde » . Il était la victime et les autres étaient , à différents degrés , les bourreaux avides de son âme .
Même ses parents , petit à petit , avaient renoncé à comprendre ce qui se passait dans son esprit tant repos , et sétaient appuyé sur cette considération « Tant que la cohésion familiale existera , tant que de grandes crises ne surgiront pas , on pourra considérer que les choses tiennent bon , et nous oeuvrerons pour que le temps répare les dégâts » . Resyal semblait porter le poids du monde sur ses épaules , chaque jour un peu plus . Pourtant , ce garçon navait pas vraiment de quoi se plaindre . Fils dartisans , élevé dans la saine région des Plaines , et guidé par un amour bienveillant dont linondaient ses parents .
Pourtant , il se rappelait ..
Le mur qui sétait érigé entre eux-tous . La glace impossible à briser , même pour un cur qui , sous son voile , brûlait de tant de feux .
Puis effectivement , ce fameux jour dautomne où , après sêtre horriblement disputé avec sa mère , un soir où , lasse , elle était rentrée de fort mauvaise humeur . Elle lui avait reproché son ton cassant et sec , alors quil sadressait tout de même à sa mère !
Resyal avait fondu en larmes devant la colère de sa génitrice , quil ne cherchait pourtant pas à brusquer .. pourtant , comment lui dire ce quil pensait , comment lui dire quau fond , il se sentait terriblement seul , terriblement insignifiant , plus rabaissé encore par lautorité dont avait fait preuve Lilyana . Il sétait soudainement senti très ridicule , très méprisable et avait étouffé ses sanglots , gravissant quatre à quatre les marches de lescalier pour se cloîtrer dans sa chambre ..
Une fois la serrure bloquée , il sétait écroulé sur son lit . Encore une fois , il revenait ici , à contempler le plafond qui se fissurait avec le temps qui passe , comme se fissurait son esprit , sa raison
Il se sentait funambule imprudent sur un fil quil aurait aimé oublier ..
La douleur lui tordait léchine , et il se mit à gémir comme un enfant quil était au fond toujours resté . Il gesticulait dans le désordre , avant que sa main ne heurte un cadre posé sur la table de nuit . Une photo de ses parents , quil avait toujours conservé sans vraiment savoir pourquoi .
Il la releva , et , voyant le sourire quils arborait pendant ce moment de bonheur qui devait se situer peu après leur mariage , il éprouva une haine dont il ne comprit pas le sens , alors . Il lança le cadre qui alla se briser avec fracas contre le mur opposé . Les photos voletèrent quelques instants , puis finirent par séchouer , au sol
Ce geste avait été pour lui le geste de trop ..
De quoi droit se permettait-il doffenser ainsi ceux qui lavaient mis au monde !
La culpabilité le rongeait , limpression de nêtre quun minable . Un parasite mal intentionné . Un indésirable
Ses yeux ne reflétaient plus rien . Il rassembla quelques effets qui lui étaient chers (« Encore .. pour le moment , pensa-t-il sur le moment , jusquà ce que mon pathétique ennui de la vie ne les rende insipides » .) , les fourra avec précipitation dans un sac . Avant de commettre un acte quil allait ensuite amèrement regretter , il griffonna une petite lettre sincère mais confuse , expliquant les raisons de son départ , puis , prenant appui sur la rambarde de son balcon qui donnait sur les bois , sauta vers le sol .
Une fois tombé , non sans sêtre blessé , il se mit à courir à en perdre haleine . Courir pour oublier quil était lâche , courir pour que la douleur sen aille avec le vent qui fouettait son visage .
Il était lâche et méprisable . Rien ne lobligeait à partir , pourtant il le faisait . Il abandonnait les seules personnes au monde pour qui il tenait .
Et cette maison si accueillante ne devait plus le voir revenir pendant cinq ans . Cinq longues années derrance et dinquiétude , pour ses parents .
Ils avaient tout mis en uvre pour le retrouver , ils avaient frappé à toutes les portes du village , mais personne ne lavait vu , personne ne savait , personne ne pouvait . Ils avaient été jusquaux principaux ports de la région , voir si un capitaine , un guichetier , ou nimporte quel marin navait pas , par hasard , aperçu une jeune garçon quils sefforçaient de décrire avec la plus grande précision .
Mais rien ny fit . Un voile de gris tomba sur leurs yeux . La vie allait continuer , mais leau ne pourrait jamais couler sous ces ponts-là !
Resyal avait beaucoup voyagé . Il avait croisé des gens très étranges . Des conducteurs de caravanes , porteurs de rêveries dautres pays et dobjets toujours plus mystérieux aux patrons dauberges bourrus et désagréables pour lesquels il travaillait , afin de continuer son voyage . Il avait également été obligé dappendre à manier une arme , ce quil fit plutôt bien , dailleurs , et portait désormais sur lui une Claymore finement ciselée , qui lui donnait limpression dexister . Très paradoxal , avait-il pensé
Cet objet de mort me confère la vie
Il sétait senti quelque peu coupable , dautant plus que la lassitude le gagnait un peu plus chaque jour .. Décidément , il ne se sentirait jamais chez lui , jamais en sécurité , jamais à sa place !
Il passait des journées entières , lorsquil ne sétait pas fixé quelques temps pour travailler , à regarder la mer , à arpenter des chemins , quils soient tapissés de soleil ou bien recouverts de neige . La fatigue corporelle avait forgé dans ses chairs une grande résistance aux éléments , mais une barrière de verre qui maintenait son esprit dans une solitude grandissante .
Un jour froid ..
Un jour où le soleil blafard était dévoré par les nuages , où le ciel semblait perdu dans un long soupir accablé , où le bois mort et nu participait à créer une atmosphère détestable . Le froid lui mordait les os , mais il continuait sa marche absurde . Parfois , il voyait percer à travers la neige un mince pompon dherbe , qui sobstinait encore à respirer , à chercher une lumière si rare pour survivre .. « Ainsi sont les êtres humains .. en vain cherchant à contrer linexorable
pensait-il alors » . Puis soudain , comme si cétait écrit davance , un bruit , des cris , une alerte . Sans quil ne sen rende compte , une escouade de brigands lavait encerclé , sur un chemin peu sur aux alentours de Kalast . De jeunes hors-la-loi peu expérimentés , en quête dune bourse bien remplie pour se payer un bout de pain . Il est vrai quune nouvelle famine sévissait et que la récolte avait été désastreuse . Dans labsolu , il ne pouvait en vouloir à ces jeunes loups qui cherchaient à ne pas mourir de faim , et également à nourrir leurs familles .
Il pensait à délier le cordon qui fermait son sac pour en tirer quelques pièces et rapprocha sa main de son côté , mais un jeune garçon , visiblement plus affamé encore , et souhaitant passer létape des formalités , se rua sur lui avec violence . Instinctivement , il se saisit de la garde de son épée , et dans un mouvement si peu conscient , la tira de son fourreau et léleva vivement vers son jeune assaillant . Il savait quil naurait eu aucun mal à le neutraliser sans lui faire de mal , mais un rictus de fierté sétait installé sur son visage . En quelques secondes , il lavait tué . Son corps sétait déchiré sur la lame acérée de la Claymore , et avait chuté , sans un cri . A présent , le sang rougissait la neige , comme pour garder une empreinte du crime , il noublierait jamais cette image
Il saisit sa tête et la pressa entre ses deux mains . Son épée avait rejoint le corps , tombée dans la neige , alors que le reste de la meute de brigands reculait , intimidée et prête à attaquer pour sauver leurs peaux . De toutes façons , mourir par le froid , par la faim ou par lépée
Resyal sétait à présent détourné , et semblait reprendre son chemin , les yeux écarquillés fixaient ses mains . Il affichait une expression irréelle , dincompréhension et de dégoût . Dun dégoût profond pour la nature humaine , et pour lui-même .
Après un moment dhésitation , il se tourna vers la meute , dénoua la bourse qui pendait à sa ceinture et la jeta au plus jeune des garçons .
« Tiens , je
je suis désolé
je ne comprends pas
Prenez ceci et , et courage à vous , mes enfants . »
Trop abasourdis pour répliquer , le petit sexécuta , récupéra la bourse et laissa échapper une larme .
Puis , un par un , les jeunes hommes sétaient laissé gagner par le chagrin , le dépit et le désespoir
A quoi bon .. A quoi bon toujours lutter pour voir nos amis mourir , pour voir la faim et la fatalité décimer les gens que lon aime sans dautre ressource que la prière . Prier un dieu dans lequel on ne croit même pas
Ils sétaient rassemblé en cercle , dans une sorte de méditation abattu , amers autour du corps de leur ami privé de sa vie
Resyal serra les poings si fort quil sentit le sang couler le long de ses doigts .
Il fit virevolter sa cape et sen fut comme un spectre . Dailleurs , son état psychologique était tellement proche de la décomposition que ce nétait pas forcément quune impression .
Ce quil ne vit jamais , cest que quelques secondes plus tard , au milieu de la troupe des jeunes garçons , apparurent deux étrangers , drapés dans de longues capes beiges , et dont lair serein et apaisant calma immédiatement les jeunes loups , dont la tristesse sétait muée en colère aveugle .
Ils étaient apparus , au centre du cercle , de part et dautre du corps du petit défunt . Et , tandis que lun passait une main dans ses cheveux , dun air paternel , lautre entama une longue mélopée , une mystérieuse incantation .
Les esprits séchauffaient à nouveau lorsque , comme tiré dun long sommeil , le jeune garçon qui gisait quelques secondes plus tôt , emporté par une mort trop brutale , se remit sur pied dun bond vif , visiblement secoué .
La liesse se répandait parmi la troupe tandis que lex-défunt repliait ses doigts , remuait ses bras et ses jambes , pour sassurer quil était de nouveau vivant , bien vivant ! et cest avec une peine ostensible que les enfants se rendirent compte que les deux étrangers avaient disparus . Comme ils étaient apparus . Sans un mot .
Au moins , ces garçons appartenant à la couche sociale la plus pauvre et recluse de Kalast allaient pouvoir subsister longtemps , grâce à linespérée bourse de Resyal . Il faut dire que ce dernier y avait entassé toutes ses économies . En argent , en pierres précieuses glanées ça et là , et même , une pépite dor , quil avait gagné contre un vieux marin qui lavait mis au défi de le battre lors dun duel .
Ils sen furent en chantant gaiement , imaginant déjà les visages radieux de leurs parents , frères et surs .
Resyal était plus sombre que jamais . Il nadressait plus un mot à personne et se contentait de dormir sous un porche , dans le coin dune rue ou même sans aucun abri .
Son corps très amaigri trahissait le fait quil ne mangeait plus que rarement , même sil avait bon appétit , non pas par dégoût , mais par auto-punition .
Aucune pensée précise ne sextirpait du magma oppressant qui sétendait à présent dans son esprit . Des images , des sons étouffés , des souvenirs . Aucune emprise sur le présent , aucune idée de lavenir . Il aurait très bien pu mourir ainsi si une force silencieuse en lavait pas poussé à continuer .
Même si cette force démente était celle , si cruelle , de lorgueil , et que lécouter ne faisait quaccentuer son sentiment de culpabilité .
Etait-ce ça , le choix dun homme ? Mourir ou vivre dans lopprobre ?
Il était emmitouflé dans sa cape et cherchait le sommeil quil savait pourtant inaccessible , dans larrière-rue de lépicerie dun village des Landes Glacées . Il était secoué de violents frissons que les quelques hommes qui osaient lever le regard sur lui attribuaient au froid perçant . En réalité , cétait là la somatisation des tourments de son âme , impossible à accepter , impossible à refréner , et il nen avait dailleurs plus la force ni la volonté .
Il avait de nouveau brutalisé , menacé , détruit
Dans son sillage , il ne laissait que larmes
Et il avait souvent limpression que sil navait pas commis dautre homicide , cétait pour la simple raison quil ne possédait plus darme et que ses bras étaient trop faibles pour étrangler .
Il avait replié ses jambes contre son torse et les avait enserré dans ses bras affaiblis . Sa grande silhouette maigre et décharnée inquiétait , pourtant , il ny prêtait plus guère attention . Comme si le fait de voir son corps dépérir était pour lui un châtiment mérité .
Au bout de quelques heures , alors que son regard était empreint de tristesse , et quenfin il aurait voulu sentir couler quelques larmes , de quoi se réchauffer un peu , qui devaient rester prisonnières dans les cages de son cur . Un cur quil ne pouvait plus imaginer . Comme si il était devenu littéralement mécanique . Froid et mécanique . La lente désintégration se poursuivait . Sa personnalité , la richesse dune être conscient de sa vie , de la préciosité de sa vie tombait en cendres . Seule la chair résistait encore à la machine implacable de la folie en marche .
Par Maver|ck le 30/12/2002 à 3:54:39 (#2905819)
Chapitre 2 demain ^^
Par Rainn le 30/12/2002 à 10:40:16 (#2906723)
...
« Messire Resyal ? » senquit une voix impressionnante de calme .
Ce dernier tourna vers la silhouette imposante deux yeux qui contenaient soudain toute la tristesse de la Terre . Cela faisait des jours , des semaines quil navait adressé la parole à un être humain et entendre quelquun prononcer son nom qui lui-même parfois semblait avoir oublié lavait rendu très mélancolique , comme si toute la douleur de lerrance et de la débauche leffrayait à nouveau .
Devant lui se trouvait , drapée dans un long manteau dor , une femme apparemment très grande et très belle . Son visage fin était à peine voilé par sa capuche , mais Resyal aperçut de grands yeux verts , qui lui réchauffèrent instantanément le cur .
« - Cest bien moi .. enfin je crois , balbutia-t-il .
-Je vous avais reconnu ! avoua-t-elle en riant .
-Bien .. je suppose que cest une bonne chose . » Il brûlait de connaître le pourquoi de cette rencontre , de lui demander ce quelle lui voulait , mais ne tenait absolument pas à la brusquer , de peur quelle sen aille , déçue .
«Vous êtes étrange , mon cher , mais je suis heureuse de vous trouver ici .
« Allons bon .. pensa Resyal avant denchaîner à haute voix . Que puis-je faire pour vous ?
Elle sourit .
« Pour moi , rien . Jai quelque chose pour vous .
Elle se baissa pour ouvrir un étui qui se trouvait à ses pieds et , tandis quelle sinclinait , Resyal vit pendre à son cou le collier de lOracle , symbole de la Prophétesse .
Cet être apparemment si doux et si souriant pouvait-t-il être lêtre céleste et rude que lon nommait « La Prophétesse » , annonçant sans ciller et sans émotion aucune des messages divins parfois effroyables , annonçant la mort prochaine dun malade ou le déclenchement imminent dune guerre . Cette créature vivait au sommet dune grande tour creusée dans la roche , entourée des ossements des fous qui avaient voulu lui dérober un quelconque savoir , car en effet , dans la bibliothèque de ce bastion étaient réunis lintégralité des Livres dArcanes et des grimoires dOuranos , qui constituaient un bien inestimable pour un mage ou un sorcier .
Resyal fut tiré de ses réflexions par léclat intense dun objet qui brillait à présent devant ses yeux . Il se voila le visage dune main alors quune fois encore , le rire apaisant de celle qui devait changer lhistoire lenveloppait de douceur . Le rayonnement ne semblait pas samenuiser et bientôt il ne put plus soutenir la vue dune telle lumière , tant il nétait plus habitué quà la grisaille dun ciel particulièrement bougon dans les régions du Nord où il sétait retiré .
Apercevant son malaise , la jeune femme , qui sétait abaissée à son niveau pour lui tendre lobjet , se redressa et , dun air légèrement moqueur , murmura quelques paroles étranges , apparemment issues dune langue quil ne connaissait pas .
En un instant , lintense lueur sétait évanouie .
Lobjet atterrit aux pieds de Resyal et senfonça légèrement dans la couche de neige qui recouvrait en permanence le sol de ces contrées .
Avec peine , ce dernier jeta un regard inquiet vers la chose craignant presque de découvrir ce dont il sagissait , tant La Prophétesse avait une réputation doiseau de mauvaise augure .
Et il ne put retenir le cri deffroi qui sortit de sa gorge .
OmniStrasis
Il se blottit frénétiquement contre le mur auquel il était auparavant adossé .
La Prophétesse sourit :
« Voilà ton destin , jeune homme . »
Et avec grâce , elle se détourna . Elle allait emprunter la rue principale du village lorsquune voix faible la retint .
« Pourquoi moi
Pourquoi
»
Elle tourna légèrement la tête et vit Resyal , qui lui avait indirectement adressé ces mots , la tête baissée . Une larme glacée coulait sur ses joues . Une petite étincelle sur un visage ravagé .
Dun ton qui se voulait rassurant , elle lui dit ces quelques mots :
« La réalité nest ni bonne ni mauvaise chose en soi . Elle existe , voilà tout . Cest lêtre humain , par son besoin de rapporter à lui les choses quil voit , qui la juge et la classifie en « bon » et en « mauvais » . Si les choses se passent ainsi , cest que tu as une place . Cest que la réalité sest penchée sur toi . A toi maintenant dordonner lUnivers , mais tu ne pourras jamais le faire que selon ce qui se passe en toi. Bon courage , mon jeune ami »
Et ayant ainsi parlé , elle sen fut définitivement .
Resyal navait pas très bien saisi le sens de ses mots , mais , loin den être rassuré , il sentait néanmoins que la situation allait changer . Que les choses nallaient pas demeurer ainsi longtemps , et même si lavenir lui semblait plutôt funeste , il avait hâte de voir cette page de sa vie se tourner . Quitte à ce que ce soit la dernière .
Cet évènement imprévu tranchait avec la misérable routine quil entretenait . Comme si en lui , la mince couche de glace qui supportait la triste réalité sétait fendue . Il sétait obstiné à rester détaché de son propre corps et de son propre esprit , peut-être pour sépargner les douleurs quimpliquent une vie humaine , par sa nature et par le contact avec les autres humains . Il ne réalisait pas vraiment ce quil était devenu , ne sintéressant quà ce quil fuyait avec énergie .
La vie humaine .. une si insignifiante vie humaine . Il nétait quun être banal , et dans son esprit , cela sonnait comme la plus outrageante des insultes , bien quil ne put jamais comprendre pourquoi .
Peut-être avait-t-il un si grand besoin des autres quil ne pouvait vivre sans , après tout .
Cette perspective le fit frissonner . Tout cela était détestable .
LOmniStrasis , toujours dans la neige , lui fit leffet dun pieux glacial planté dans le dos .
Cette Epée de Malheur
pourtant
il devait sen saisir , et sil y avait quelque chose à continuer , il se sentait à présent en devoir de le continuer .
Il repensa aux paroles de la Prophétesse , et plus précisément à quelques mots qui lui avaient réchauffé le cur à un point tel que lui même nétait pas sûr davoir parfaitement saisi . « Si les choses se passent ainsi , cest que tu as une place . Cest que la réalité sest penchée sur toi »
Il éprouva alors un besoin immense de trouver un fil , une étoile à laquelle se vouer , à trouver quelque chose qui pourrait passer au crible dune magie quelconque la réalité brute .
Mais le désespoir était encore trop profond et trop maculé du sang quil avait fait couler , et dans un geste de colère , il lança violemment sa propre tête en arrière , la faisant ainsi buter contre le mur froid sur lequel il sétait appuyé .
Le coup lavait passablement assommé et , dans un semi délire , il se mit à murmurer des insultes à son propre encontre , des mots dune grande violence retournés contre lui-même . Dans un accès de colère qui faisait trembler son corps tout entier , il se griffa le bras avec une violence telle quun sang noir se mit à couler de son poignet gauche
La folie dévorait son âme , de plus en plus , et chaque jour , sous prétexte de se préserver du monde , il la laissait gagner du terrain , détruire un peu plus ce quil aurait pu construire , noirci son passer , nier son avenir
Il était peut-être fou , faible et misérable , mais il ne pouvait tout simplement pas mourir ici . Pas ici , et pas de cette manière .
Dun bond peu assuré , il se releva , saisit la garde dOmniStrasis au passage , et quitta la ruelle sombre , apercevant les timides reflets du soleil levant dans les vitres pour la première fois depuis bien trop longtemps .
Par la suite, il passa quelques journées à travailler , suffisamment pour sacheter un étui où ranger sa Lame et quelques provisions . La Prêtresse ne lui avait pas dit pourquoi elle lui avait amené OmniStrasis , mais Resyal , sur son échelle de valeurs totalement aliénée , navait pas jugé important le fait que cette lame soit maudite et crainte depuis bien des années déjà et que sa simple vue suffisait à faire frémir de peur le plus insensible des soldats .
Le fourreau paraissait donc un achat de première urgence .
Il se mit ensuite en route , et , après avoir jeté un dernier regard au théâtre de sa déchéance , se mit en marche vers le Sud .
Des années avaient passé depuis son départ dIllyssen , et cétait non sans appréhensions quil prit la Route des Cavaliers , qui fendait le pays , du pôle Nordique à Kalast , la glorieuse .
Son exil semblait toucher à sa fin .
Par Rainn le 1/1/2003 à 14:39:59 (#2921680)
Quelques mois de marche sétaient égrainés
Dans son nouvel entrain , Resyal navait pas remarqué linquiétante ombre qui le suivait depuis quelque jours déjà , dans un silence total .
« Hmmm
»
Le jeune garçon était rêveur . Allongé dans lherbe , il contemplait les premières fleurs , des pâquerettes , sorties dune Terre encore fatiguée .
« Je ne suis peut-être pas si désespéré que ça
Cest la première fois que je me surprend à rêvasser sans aucune raison valable . Je suppose que cest un bon signe » , dit-il en haussant les épaules . Il se figea quelques instants , pensant à ce quil venait juste de dire , et éclata dun rire étrange , où retentissaient lamusement , mais également une profonde résignation .
Lentement , il se releva , ouvrit son sac et prit quelques minutes pour manger un peu .
Cette sensation quil avait si longtemps oublié , pour des raisons quil ne parvenait toujours pas à se figurer clairement . Cette période semblait à présent révolue et plongée dans le passé , mais il se rendait bien compte quy retoucher , y repenser même lui faisait ressentir une grande douleur .
« Bon
Ce nest pas que je mennuie ici , mais il reste encore un long chemin jusquà mon but » dit-il , joignant le geste à la parole en raflant au passage son sac et le fourreau dOmniStrasis , qui se balançait à présent dans son dos .
Il marchait en observant le ciel .
« Cest incroyable de penser quil y a quelques mois encore , tout nétait que froid et ombre » pensait-il , car le soleil brillait fort , à nouveau , irradiant les plaines dune vie nouvelle , distillée à tous vents .
Resyal poursuivit sa marche infatigable , ségarant rarement à penser , car , prenant ainsi la mesure de sa solitude , il aurait été tenté dabandonner .
« Laube sallume dans un ciel fatigué
Rougissant les cheveux dun rôdeur
Las dune journée de plus à marcher
Sous un arbre il effeuille son cur .
Ainsi va la vie des vagabonds
Toujours sur la route du printemps
Ils vivent de poussière et de vent
De Kalast aux gouffres dAvalon .
Et je marche comme eux , sur les traces des fées
Dévorant de mon regard denfants milles contrées
Méprisant le riche la Nature comme hôte jovial
Il ne manque dans mes yeux aucune étoile ! »
Cet air lui soulevait le cur . Il lavait appris sur les bancs de lécole des apprentis . En le chantant , il avait soudain senti un sang nouveau irriguer ses veines , et , pris par une folle passion pour sa Terre natale , il sélança , courut à en perdre haleine , dévorant le route , jusquà se trouver nez-à-nez avec un panneau indicateur quil lut en tremblant .
« Kalast : Suivez la route »
Il était enfin de retour dans ses contrées , si près déjà de la modeste maison qui lavait vu grandir
Au fil de ses voyages , il avait rebâti ce monde , et avait petit à petit transformé le cauchemar quil avait fui sans un regard en arrière en un paradis accueillant et douillet .
Il avait tellement hâte .. de retrouver ses parents , sa maison , sa chambre , de retrouver les gamins de son âge , desquels il sétait tellement éloigné , et qui devaient avoir terriblement grandi ! Dans sa tête , il tentait de se rappeler leurs visages , car même sil ne leur parlait pas , il les regardait souvent jouer , puis il tentait les vieillir de cinq ans . A son retour , il aurait sans doute quelques sacrés surprises .
Incrédule , il répéta lentement le message inscrit sur le panneau , et ne put contenir un cri de joie .
« Quels doux mots , décidément ! »
Il inspira profondément , mais, sentant quelque chose bouger sans son dos , bloqua ses poumons et son corps entier dans une immobilité parfaite .
Puis , expirant en silence , il tenta de rassembler la connaissance du combat quil avait accumulé , au fil de son errance . Dun geste brusque , il fit volte-face et posa genou à terre en plaçant une de ses mains sur la garde dOmnistrasis .
Rien .
Ses yeux balayaient le paysage .
Rien .
Un léger choc se fit entendre , au niveau du sol , et quelques graviers roulèrent .
Lentement , le jeune homme sortait lépée de son fourreau , mais son geste fut bloqué par une main qui développait une force impressionnante . Il sétait laissé prendre au piège sans comprendre ce qui lui arrivait , et se retrouvait maintenant bloqué dans une position où son adversaire avait accès à tous les points vitaux de son corps . Un assassin laurait sans doute déjà tué .
« Ne vous énervez pas , monsieur
»
Resyal tressaillit de surprise , la voix qui murmurait dans son dos nétait pas celle dun vieux renard vicieux , mais celle , encore hésitante , dune jeune enfant !
Il rougit dun mélange de honte et de colère à légard de celui qui lavait surpris .
A entendre ces quelques mots , ils avait compris que son adversaire était plus inquiet encore que lui même , alors quil détenait un avantage suprême .
Il fit mine de se détendre et sourit intérieurement .
« -Je préfère ça . Qui êtes-vous ? demanda la petite voix avec appréhension .
-Je pourrais vous retourner la question ! lança-t-il dune voix monocorde , qui se voulait inquiétante .
-Hmmm
»
Le garçonnet semblait réfléchir , et Resyal attendit quil inspire de nouveau afin de continuer sa phrase , toujours maintenu dans la même position .
Au bout de quelques instants , son jeune assaillant prit la parole , sur un ton raffermi
« Je
»
Il neut pas le temps de continuer
Après avoir pris un imperceptible élan , Resyal avait frappé en arrière de toutes ses forces avec son coude resté libre . Visiblement touché en pleine poitrine , son adversaire lâcha son emprise et semblait vaciller en toussant . Ne désirant pas faire couler inutilement du sang , et moins encore celui dun enfant , Resyal sétait relevé et se tenait à présent droit , les bras croisés affichant un air amusé , presque méprisant .
Il ne sétait pas trompé , le garçon qui lavait attaqué était très jeune , dune quinzaine dannées qui se soutenait à présent , un bras à terre et lautre au niveau de lestomac , en toussotant violemment . Il avait les cheveux en bataille et portait une sorte de tunique bleutée , abîmée par le temps et la poussière des chemins . Ses yeux étaient à peine visibles , mais Resyal les devine dun noir profond et sans appel . Alors quil tentait de calmer les sursauts de douleur et de rage qui loppressaient , de longues mèches brunes balayaient son visage , et le vent léger qui sétait levé les faisait onduler paisiblement .
Victorieux , et légèrement attendri , le Porteur dOmnistrasis déclama dune voix moqueuse :
« Bien essaye , jeune homme , mais
»
Lui non plus navait pas eu le temps dachever sa phrase . Son visage sétait figé dans une expression de surprise effrayante , alors quune douleur lancinante brûlait éveillée dans une de ses jambes . Il y porta instinctivement la main dans un mouvement crispé , et , baissant les yeux , aperçut lauteur de ce coup acéré , non sans stupéfaction : un animal furibond.
« Je vois que vous avez fait la connaissance de Shero » ironisa calmement le gamin .
A peine la créature avait-elle entendu son nom , elle se mit à courir joyeusement vers son maître , oubliant au passage lhostile inconnu qui sétait à nouveau affaissé tant ses crocs avaient pénétré profondément dans la chair ennemie . Il se frotta affectueusement contre son maître qui saccroupit pour le féliciter . Une grande complicité semblait exister entre le jeune garçon et son compagnon .
Resyal leva un il inquiet et , plus encore sous leffet de la surprise quà cause de la douleur qui était pourtant intense , se sentit défaillir .
Un tigre .. Un tigre blanc , de lespèce des Osasha , les plus féroces prédateurs des forêts du sud . Une créature solitaire et sans pitié pour ses proies . Il arborait un pelage dune blancheur splendide , strié ça et la de rais noirs , et , comme tous les représentants de son espèce , rares et dangereux , arborait deux canines surdéveloppées , au point quon avait fini par nommer ces animaux « les Tigres aux dents de sabre » .
Le plus étrange , peut-être , hormis sous ses latitudes , cétait que ce redoutable félin était à présent en train de léchouiller le visage de son maître et ami , qui samusait beaucoup de ce petit jeu .
Resyal se redressa avec peine , en proie à une sorte de pulsion sanguinaire quil navait pas ressentie depuis longtemps , et cette perspective lui glaçait le sang .
Ses deux adversaires pivotèrent brusquement dans sa direction et , retrouvant sa contenance , le garçonnet déclara :
« Vous êtes plein de ressources , Messire , mais votre destin face à nous est scellé . Donnez-nous votre arme , sil vous plaît , et il ne vous arrivera rien ! Cest une promesse que je vous fait . Ne faisons pas couler le sang inutilement , je vous en conjure . Mon nom est Arshe , et je ne vous veux aucun mal . »
Sa voix était quasiment implorante .
Resyal se sentait perdu devant ce personnage décidément énigmatique . A sa grande surprise , il se rendit compte quArshe possédait une dague particulièrement acérée , et quil aurait donc effectivement pu le tuer à nimporte quel moment .
Mais les paroles de la Prophétesse lui revenaient en tête , et il ne pouvait décidément pas se résoudre à céder son arme . Bien au delà dailleurs de cette « mission» dont il se sentait investi de manière tacite , son esprit avait fini par sattacher à la Lame Funeste . Elle lui faisait ressentir une étrange sensation , celle de détenir un pouvoir immense . Mais à présent , ce nétait plus une envie de domination sur le monde qui lentourait ou le désir de sattirer gloire , respect et , plus fondamentalement , une attention quil avait toujours silencieusement réclamé , quoiquinconsciemment , mais une envie de prise sur sa propre âme , sur sa propre personne , car ce dont il était en quête ne pouvait pas venir de lextérieur . Il avait du sang sur les mains , et lombre acide de la démence assombrissait toujours son cur , il cherchait la rédemption , sans savoir vraiment ce qui guidait ses actes , quel était le but final de cette quête quil pensait un peu vaine . La connaissance de soi ... ce concept avait germé dans son esprit alors plongé dans un trouble glauque .
« Je
je ne peux pas vous céder mon épée ! » lança-t-il avec dépit , sortant lOmnistrasis de son fourreau , dans lhypothèse où ses deux adversaires auraient envisagé une nouvelle charge, même si cette possibilité lhorripilait .
« Très bien
» Arshe semblait déçu . « Jaurais réellement souhaité vous épargner , mais puisque vous êtes buté , nous
»
Shero et le jeune garçon sétaient figés , et dans un mouvement parfaitement synchronisé , ils avaient levé la tête dans la même direction , comme sils attendaient quelque chose , ou quelquun . Ils semblaient très attentifs .
Arshe avait fermé les yeux , et ça aurait été pour Resyal une occasion inespéré dattaquer sil nétait pas de plus en plus intrigué par lattitude de son adversaire . Un tout jeune homme , qui semblait souffrir plus encore que lopposant quil envisageait doccire. Un instant , il se demanda si ce jeune homme navait pas été aliéné et rendu insensé à cause de quelque traumatisme .
Il était à présent prostré avec un air indescriptible de désillusion . Shero sétait allongé au sol , lui aussi semblait profondément déçu .
Soudain , serrant les poings , Arshe sadressa à Resyal :
« Nous nous reverrons , Messire . Soyez en sûr ! » Il avait pratiquement hurlé ce dernier mot et des larmes de colère perlaient au bord de ses grands yeux noir .
Esquissant une retraite de quelques pas en arrière, jusquà la pointe de la falaise , et aussi rapidement quils étaient passés à lattaque , les deux compagnons senvolèrent dun bond en arrière , digne dun acrobate où dun maître ninja .
Resyal était stupéfait .
Il était pourtant au sommet dun plateau situé à une bonne vingtaine de mètres de hauteur au dessus des plaines , et nimporte quel être humain se serait rompu les os , à tenter une telle folie .
Pris dun vague remord , il se précipita au bord de la corniche et dut se frotter plusieurs fois les yeux avant de se rendre à lévidence : Il ny avait aucun corps , ni aucune trace des deux êtres . Ils semblaient sêtre volatilisés , partis avec le vents .
Soudain pris dune grande fatigue , Resyal se retira du théâtre de cette étrange rencontre , et , après avoir pris soin de dissimuler son épée sous une grosse racine , sallongea sous un arbre .
Pendant quelques minutes , il séchina à soigner sa blessure du mieux quil le pouvait , puis , plongé dans la lassitude , sombra dans un sommeil sans rêves .
Lorée du bois qui borde le village dIllyssen
Le début de sa fuite . Non sans émotions il retrouvait à présent le paysage de son enfance , physiquement si proche encore , et psychologiquement déjà enterrée , enterrée trop vite , trop brusquement , sans avoir le temps de se réconcilier avec elle .
Resyal court à en perdre haleine , déjà il reconnaît les sentiers embrumés , lair charriant des millers dodeurs qui lui reviennent instantanément à lesprit . Les cerises , le thym , la vie qui sécoule lentement . Il était pris dune furieuse envie de se fondre dans la masse , de devenir insignifiant , faire parti de décor et regarder rêveusement la Terre tourner .
Ses pas lourds et sa démarche brisée attiraient sur lui lattention des rares villageois , qui osaient braver le matin . Soudain , il se figea , saisi par une pensée qui lavait traversé et qui avait en lui brisé , ou construit , quelque chose .
« Je suis un être humain , un simple être humain , jamais je ne serai autre que ceci» cet aveu avait été pour lui très pénible , et réveillait en lui des brasiers quils ne soupçonnait plus . Etait-t-il resté si puéril , pour vouloir tout subordonner à lui , pour vouloir sextraire de quelque chose de neutre quil ressentait comme étant envahissant , à savoir : lhumanité entière ? Ou bien était-ce la le propre du passage de lenfance à lâge adulte ? Réaliser sa faiblesse et sa banalité ? Fermer la petite boîte ciselée qui contenait ses rêves denfants et suivre le courant jusquà la chute ? Cétait là , en tout cas , limage de lâge adulte quil sétait construit , et quil haïssait profondément . Ainsi , il se trouvait en contradiction avec son passé , son présent , et même son futur . Le labyrinthe sépaississait , et brusquement , ses pensées devinrent opaques . lui-même ne pouvait ni ne voulait plus en extraire quoi que ce soit . .
« Jai besoin des gens qui mentourent , jai besoin deux , de leur chaleur , et accepter ça , cest accepter dêtre faible » .
Un aveu auquel son orgueil encore jeune et avide ne pouvait se résoudre .
Soudain , un cri perça la brume , un cri quil reconnut instantanément , malgré les nombreuses années passées loin de ce lieu et des âmes qui y effeuillent leurs vies ..
« Resyal ! »
Lintéressé fit volte face , traînant dans ses gestes la lassitude extrême de mois de route . Ses yeux se mirent à briller , lorsque la silhouette émergea du brouillard , et dune voix soudain redevenue fluette , tranchant avec celle , lourde et rauque , du guerrier sombre quil avait été , il sécria
« Maman !! »
Lillyana , sous le coup de la surprise , ne put contenir une vague de joie et dallégresse , elle sélança et bientôt , elle avait passé ses bras autour du cou de son fils , et réalisa avec émotion et une pointe de dépit que celui-ci sétait métamorphosé . Du moins en apparence , il avait acquis une stature , une expression rassurante de calme et de sérieux , ce qui contrastait fortement avec le fond de son cur , trouble et hérissé de piques .
Puis soudain , rattrapé par le voile lourd de la lassitude , il sentit ses yeux sépuiser , et sa tête partir en arrière , devenue lourde comme du plomb . La dernière perception quil eut fut celle du cri dhorreur de sa mère , devant son fils dont le visage devenait peu à peu exsangue .
Il fut soudain tiré de ses réminiscences par le claquement dune porte .
Son regard vacilla quelques instants , et , après quelques instants , se remit à fixer le plafond . Il navait pas envie de sortir de son esprit , de se remettre en contact avec le monde extérieur . Quitte à nêtre bien nulle part , autant rester chez soi . Un chez soi qui ne se construit pas , qui nest délimité par rien et sûrement pas des murs . La douillette solitude de son esprit .
Quelques murmures se firent entendre . Comme si quelque chose à cet instant avait du briser ce pesant silence .
Dans le couloir dentrée , des pas se firent entendre .
Resyal ne souhaitait décidément pas recevoir une quelconque visite .
"
Rassurez-vous , la suite mettra un certain temps à arriver .
Joël , apprenti scribe .
Architecte de la douleur et de l'espérance .
Par Floloa Terrae OD le 1/1/2003 à 18:23:15 (#2922664)
Piuff c'est long, mais magnifique !! :amour:
Par Maver|ck le 1/1/2003 à 19:19:28 (#2922959)
JOL Archives 1.0.1
@ JOL / JeuxOnLine