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Retour à Trandling - 89ème partie
Par Dodgee MIP le 24/12/2002 Ă 18:59:04 (#2872079)
Seule la lumière compte...
Sous un nouvel élan du bélier, la formidable porte craqua à nouveau, le bois massif cédant peu à peu aux coups répétés. Du haut des murailles, les archers faisaient pleuvoir une pluie de flèches ininterrompue sur les corps massés en bas. Pourtant, dès qu’un des zombies tombait, il s’en trouvait rapidement un autre pour prendre sa place, comme si les légions ne connaissaient pas de fin. Inexorablement, les béliers étaient amenés contre les battants des portes, les frappant avec violence. Dans la cour intérieure, de nombreux défenseurs s’étaient rassemblés, tentant de renforcer, barricader ce qui pouvait l’être tout en s’attendant à chaque instant à ce que la porte rende l’âme. Et dans un grondement terrible, accompagnés des cris des hommes de l’ost, un des lourds battants s’effondra, ouvrant la voie à ces corps avides de vie.
En un instant, l’apocalypse était devant eux. Dans le chaos du combat, les défenseurs s’étaient jetés en avant en espérant pouvoir contenir le flot incessant des morts et les empêcher de se répandre comme la peste à l’intérieur des murs. Les épées jaillirent, plongeant vers cette chair déjà meurtrie, arrachant un sang à peine liquide, tranchant les chairs putrides. Bientôt, les premiers rangs des relevés s’effondrèrent aux pieds des défenseurs, remplissant la cour de leur odeur fétide, s’amassant peu à peu, alors que les combattants essayaient de les repousser jusqu’à l’ouverture béante qu’avait laissé la porte en s’effondrant. Un instant, Vetheanan, qui était monté à l’assaut lui-même avec quelques-uns des moines guerriers d’Artherk pour prêter main forte aux hommes trop peu nombreux, crut que les défenseurs allaient parvenir à contenir l’ennemi, et à tenir l’entrée. C’est alors que son regard se porta sur ces silhouettes sombres qui avançaient parmi les relevés, ces armures noires rehaussées d’argent qu’il avait appris à connaître, et même, à craindre, au fur et à mesure que sa confiance et sa foi s’effritaient.
Jailisir était monté à l’assaut, menant quelques kraals pour soutenir l’assaut et prendre pied à l’intérieur de la forteresse. Pressé d’en découdre, il avançait avec une hargne peu commune, la volonté d’en finir avec ces adversaires qui avaient tenu si longtemps les légions en échec. Enfin il touchait au but, il devait en finir pour satisfaire la volonté du Maitre. Sous l’impulsion des gardes noirs, aidés des prêtres noirs, les légions avancèrent de nouveau, repoussant les défenseurs qui s’étaient portés devant elles pour les contenir, malgré l’aide des prêtres d’Artherk. Comme une bulle d’encre, la noirceur vint se répandre, s’étendant lentement, grignotant la lumière. Les armures noires se faisaient plus nombreuses, plus présentes, semant terreur et désolation dans les rangs. Devant l’avancée, Vetheanan sembla à nouveau pétrifié, voyant l’épée noire du chef des légions faucher vie après vie sans qu’il puisse réagir. Le grand prêtre se battait toujours, mais son esprit était déjà vaincu, comme s’il savait que la confrontation qui allait avoir lieu ne tournerait qu’à son désavantage. A cet instant précis, la lumière du prêtre semblait aspirée, voilée par l’aura de noirceur qui avançait sur lui, et menaçait de l’engloutir. Il n’était plus qu’étincelle dans le noir, simple flamme prête à vaciller, sombrer dans le néant. Et les ténèbres frappèrent.
Le commandant des légions avait immédiatement aperçu le prêtre d’Artherk au milieu de la mêlée, et il avait reconnu les symboles du monastère de Tornheim, l’ancien ordre de Kerdshain. Il savait la valeur des prêtres guerriers, leur lumière n’ayant que trop contré les sortilèges des prêtres noirs, et il s’attendait à trouver en celui-là un adversaire capable. Mais devant l’épée noire, le prêtre avait semblé terrifié, fuyant, tremblant comme si sa foi l’avait abandonné, comme s’il se résignait à embrasser les ténèbres éternelles. Tout en riant de la faiblesse de sa proie, délaissée par son dieu, Jailisir soupira en ne voyant plus en lui qu’un misérable qui allait être écrasé. L’homme qui lui faisait face était une insulte, une honte. Il en finirait vite, ce dernier ne valait plus la peine que l’on s’attarde sur lui. Levant l’épée haut, il l’abattit d’un geste sec sur le prêtre.
La lame noire cependant, nÂ’atteignit jamais Vetheanan.
Une hache imposante s’était dressée sur la trajectoire, repoussant à grand fracas la semeuse de mort. Un instant surpris, Jailisir se recula, avant de sourire sous son heaume. Devant lui se tenait un homme vêtu d’une simple veste de toile, un lourd pantalon de cuir, un de ces bersekers qui avaient rejoint l’ost, un adversaire qui promettait d’être une bien meilleure proie que ce prêtre qui demeurait paralysé par la peur. Se tournant vers Gohr, qui avait surgi comme un fauve, balayant les quelques relevés et gardes noirs qui s’étaient dressés sur son passage, il se remit en garde.
-Viens rejoindre ton maître, jeune berseker… Il t’attend en enfer !
D’un geste vif, il lança son épée en avant, espérant prendre par surprise le combattant qui fit tournoyer sa hache, détournant l’attaque avant de contrer en puissance. La manœuvre ne surprit pas commandant qui avait anticipé la trajectoire, et n’eut aucun mal à se dégager vivement. Du manche, il assena un violent coup dans le coté de son adversaire, avant de repousser la hache de sa lame. Mais déjà la rage avait pris possession du jeune homme, et le coup ne le fit même pas frémir. Les yeux de Gohr était devenu rouge sang, il ne voyait plus que cette armure noire, celle qui avait abattu son maître, ses amis, celle qui subitement devenait la responsable de tous ces malheurs. Sans hésiter, il lança une attaque, puis une autre, enchaînant les coups que Jailisir eut toute la peine du monde à contrer. Son adversaire était bien plus fort que lui, malgré les enchantements impies dont était investie son armure, et il devait mettre toute sa force pour réussir à parer les attaques répétées. Pourtant il n’avait pas le choix que d’attendre une erreur, une ouverture. En attaquant aussi vite, le berseker ne lui laissait aucun répit, et ses mouvements étaient par trop chaotique pour qu’il puisse anticiper à présent. Dans sa rage, il était devenu une machine à tuer bien plus redoutable que ce qu’il avait espéré.
Reculant devant l’assaut, il déviait les attaques, maudissant cette rage berserk qui le tenait en échec. Essuyant les assauts, il pris son mal en patience, jusqu’à ce qu’il vit une ouverture. La lame noire s’élança en avant, avide de sang, de vie, vers le flanc découvert du berseker qui s’était laissé emporté par son attaque. Jailisir triomphait déjà , lorsqu’une intense lumière vint bloquer son attaque…
Vetheanan n’avait pas pu réagir devant la terrifiante armure. Plus que jamais, le doute avait fait son chemin dans son esprit, et l’apparition des gardes noirs dans le mêlée était un signe de plus, comme annonciateur de la fin. Il s’était résigné à ce sort, bien malgré lui. Il devait reconnaître que la foi l’avait quitté, qu’il était bien indigne de son titre. Face aux ténèbres, il ne s’était plus senti la force de combattre, et accueillait avec calme la destinée que lui promettait l’arme de son adversaire. Et pourtant. Pourtant ce berseker avait surgi de nulle part pour le sauver. Autour de lui, les hommes se battaient avec vigueur et énergie. Pour eux, pour la vie, contre ces ténèbres et cette gangrène qui corrompaient les terres du nord. Et c’est alors qu’il comprit pourquoi son dieu s’était détourné de lui. La lumière, chacun des combattants la portait en lui. Une petite flamme, un peu de chaleur et de bonté. Prise séparément, aucune n’aurait eu la force de s’opposer aux ténèbres, mais ensemble, réunies dans ce combat, chacune trouvait son occasion de briller pour soutenir ses sœurs. Quand il regardait ces combattants qui luttaient à présent, il voyait cette lumière resplendir, plus belle et plus forte que jamais. Comme la sienne avait semblé terne alors. Les larmes lui montèrent aux yeux, alors qu’il comprenait son erreur. Il lui fallait agir, il ne pouvait plus rester ainsi.
Il avait vu l’attaque venir, et bondissant en avant, il n’avait plus pensé qu’à détourner la sombre épée de sa trajectoire. N’ayant plus que ses mains pour armes, il n’avait pas hésité à les brandir pour attraper la lame, et le miracle s’était produit. Nimbé d’une lumière étonnante, le prêtre était parvenu à stopper l’arme avant qu’elle n’atteigne son but. Les mains sur la lame, il jeta un regard étonné, comme surpris par sa propre audace. Le regard noir de Jailisir devait le ramener à la réalité. Gohr, lui, toujours en pleine rage, ne s’émut pas davantage, et d’une prodigieux coup de hache, il repoussa son adversaire qui ne dut qu’à son armure de se relever. Chargeant pour le suivre, le berseker ne vit pas les deux prêtres noirs qui s’étaient portés sur ses côtés, incantant rapidement, tandis que d’autres armures noires surgissaient sur son chemin pour l’empêcher de rejoindre leur commandant. L’escorte de Jailisir n’avait pas manqué la lumière éblouissante, et avait immédiatement vu le danger. Sans même comprendre, le berseker s’était jeté dans la gueule du loup, et pas moins de quatres lames le frappèrent de plein fouet. Surprenant à nouveau ses adversaires, il répondit par un moulinet dévastateur qui vint arracher la tête de l’un avant que la hache ne fauche les jambes d’un autre dans un mouvement circulaire. Derrière lui, Vetheanan s’était mis à prier pour le protéger, l’entourant d’une aura lumineuse contre laquelle les maléfices des prêtres noirs semblaient impuissants. A nouveau, la hache décrivit un cercle mortel, frappant un des gardes en pleine poitrine, puis frappant l’autre du manche. A nouveau, les épées frappèrent sa chair, déversant une pluie vermeille sur le sol. Enfin, Vetheanan vit une lame sombre s’enfoncer dans le ventre du berseker. Jailisir s’était relevé malgré sa blessure, et d’un coup sec avait embroché le berseker déjà affaibli. Du pied, il repoussa le colosse, qui chuta lourdement sur le sol, la vie l’abandonnant. Le cri du prêtre se perdit dans le tumulte qui suivit…
A présent, Jailisir venait sur lui. Mais Vetheanan n’en avait cure. C’est le regard serein, sans peur qu’il accueillit son adversaire cette fois. Il avait retrouvé ce qui lui avait fait défaut. Alors qu’il sombrait dans l’inconscience, le prêtre murmurait une dernière prière pour son dieu.
-Artherk, dieu tout puissant, pardonne à ton serviteur d’avoir failli, pardonne moi les doutes et les fautes, et laisse la lumière rejaillir sur tes fidèles. Puisse la lumière triompher des ténèbres, et repousser la nuit éternelle. Pardonne moi, que ma mort puisse servir la lumière...
Sur le champ de bataille, une nouvelle lumière sembla protéger les vaillants combattants de l’ost. Une lumière qui baignait un simple cadavre, celui d’un prêtre qui avait retrouvé la foi…
Par L'âme de Zeed le 24/12/2002 à 19:11:45 (#2872217)
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