Crépuscule d'une cité où chantait le vent.

Par Azulynn Tvar le 16/12/2002 à 18:41:20 (#2805601)

Ecrit sur Radiohead - Exit Music. (merci Gad')


Cauchemar. Tout cela ne pouvait être qu'un cauchemar, l'un de ces évènements oniriques qui ne vous frappent pas de plein fouet. LightHaven était tombée la veille, elle se souvenait encore des flammes que ses flots glacés n'éteignaient que pour en voir surgir de nouvelles. Elle savait qu'elle n'était pas de force. Elle était revenue dans sa cité tant aimée, ces rues auxquelles le vent doucement insufflait vie, exhalant le chant doux de la paix, inquiet de l'avenir. Le duc était auprès de sa déesse, et elle regardait les walkyries affûter leurs armes sous les ordres de Laverna avec un goût amer d'impuissance. Tout cela était-il vain ? Quel répit encore avant que les flammes ne viennent lécher là le temple, ailleurs les papiers soigneusement classés du duché, partout les tissus et les armures, atteignant la peau et l'âme des objets comme des combattants ?

Cette nuit fut l'éternité. Ne pouvant trouver le sommeil, la conseillère se glissa dans les rues baignées d'un éclat doré, aux façades ironiquement fières et droites. Ses mains pâles glissèrent sur les murailles, ses pas s'étouffèrent dans le temple, le port, la Place Sereine. En sursis, sans doute étaient-ils en sursis avant la fin ou le renouveau, mais... Un monde à jamais différent. Ses pupilles pâles reflétèrent et imprimèrent en elle les mille recoins du fief auquel elle avait tant sacrifié. Prise dans l'avancée inexorable du temps, elle accomplit les mêmes gestes machinals qu'à l'habitude dans la clarté obscure de l'aube - prendre soin des poissons, enrouler ses cheveux en un lourd chignon, glisser le fin diadème dans ceux-ci - hurlant en silence que tout cela ne pouvait être vain.

Syndrael Sylrus l'avait à nouveau contactée, non cette fois pour deviser sur une quelconque conjuration. Au lac d'argent la veille se trouvaient réunies déjà nombre de personnes - et elle appris bientôt que le but de cette compagnie était de fuir ce monde sur le déclin pour de nouveaux horizons. Ils lui proposèrent de l'accompagner. Malgré les exhortations, le discours de Chrysaor en privé, elle refusa. Pourquoi fuirait-elle, abandonnant sa cité, tant qu'un seul espoir subsistait ? N'avait-elle point déjà assez enduré la solitude pour ne pas s'exiler, encore plus isolée qu'avant ? La conseillère accepta de différer sa décision, par lassitude, mais ne pouvait alors douter.

Survint ce matin-là le père spirituel adoré, ses longues ailes blanches et brillantes portant le poids de ses douleurs. Ses yeux faits de douceur supplièrent sa nièce de l'accompagner dans cet exode, loin d'Althéa. Que dire à ses larmes, sinon pleurer également, puiser dans son amour inlassable la force de se battre une dernière fois ? Mais partir ? La garderait-il au creux de sa chaleur, lui qui si souvent s'évadait vers des contrées de lui seul connues ? Quitter la ville lui semblait une hérésie, un abandon inqualifiable de celle qui ne l'avait jamais trahie, gardant dans ses murs inébranlables ses pleurs, accueillant son oeuvre de fourmi avec bienveillance. Ethel, oh Ethel, tes yeux me tourmentent... Va, vis donc, oublie une enfant trop blessée...

L'attente livra la jeune femme à ses tourbillons intérieurs, participant de loin à l'agitation de la défense qui s'organisait. La tension assombrissait les regards, aiguisait les réflexes. Le vicomte qui avait abandonné son fief était reparti à l'alerte donnée, une araignée s'approchait de SilverSky. Les distorsions dans le miroir de réalité se faisaient clairement sentir. Tous à WindHowl, tout les volontaires étaient assemblés à la Grande Porte, muraille vivante mêlée de chair et d'acier. Dans les regards qui ne faiblissaient pas, la conseillère trouvait doucement la force d'agir. De ne pas se laisser abattre. Elle n'avait pas le droit, plus maintenant. C'était aujourd'hui ou le néant. La lame de fureur qu'elle avait acquise refléta les dernières lueurs du jour qui s'éteignait.

Une ombre passa, aux yeux voilés, implacable. Frisson. Prophétie de mort...


Chrysaor Osten apparut soudain à la muraille, troublant le silence attentiste qui régnait. Sur ses pupilles, les ombres dansaient leur ballet lancinant, leur hymne à la guerre. Il était blessé, mais légèrement ; l'ombre et l'espoir croisèrent le fer dans le regard que nous échangeâmes. Il m'entraîna. La ville... Une dernière fois. La taverne déserte, dont il poussa la porte grinçante, la fontaine bientôt ; peu de paroles s'échangèrent ; l'équilibre était trop fragile. L'ancien chevalier prit soudain mon bras, me forçant à le suivre. Ses yeux murmurèrent la mort. C'était donc maintenant ? La chute dans un monde de sang, le vent devenant plainte ?

Suite d'images indistinctes. J'obéissais mécaniquement au capitaine aguerri - sorcière, mage, prêtresse, guérisseuse. (la peau pâle de ses poignets épanchant lumière et apaisement tel un îlot non encore vaincu) Il tomba inanimé devant le temple, se releva. Les dragons disparaissaient dans une agonie carbonisée, sans laisser de traces, ou laissant la plus inaltérable de celle-ci, dans nos âmes. Tout n'était que danse macabre, lames, flèches, flammes, terre s'entremêlant comme des corps étrangers, dans une fureur atroce de destruction, dans la nausée cendrée des illusions pacifiques. Que faisais-je là, moi qui vouvoyait la mort comme une entité inconnue ?

Le temple bousculé, à l'autel carbonisé, nous accueillit - tandem improvisé - le temps d'une accalmie. Chrysaor poussa un cri rauque, soudain, et je suivis son regard hanté. Une forme sombre, étendue... Un bouclier aux armes trop bien connues, dans lequel était incrusté une pierre de destinée luisant faiblement. Marlsulyn. Sergent, compagne d'armes puis amie, me soutenant sans faillir, discrète mais présente. Sa confiance m'avait déjà portée lors de la cérémonie dédié à notre capitaine à toutes deux, lors même que j'étais en proie au doute. WindHowl toute entière s'éteignait avec son regard vif de walkyrie... Chrysaor le premier s'abattit à son chevet, tandis qu'immobile je contemplais ses traits. Marlsulyn exhala bientôt son dernier soupir. Un fil tendu se brisa en moi.

J'intimai à Chrysaor l'ordre de se relever, d'offrir à son ancienne épousée une dernière demeure que ne ravageraient pas les armées sombres. Il prit Marlsulyn dans ses bras - oublierai-je un jour ce regard anéanti, ce miroir terni près de se briser ? Nous prîmes deux parchemins pour LightHaven en ruines dans la boutique de Yolak, dont la porte n'était plus que cendres, dont les marchandises s'étaient dispersées sur le sol disloqué. Chrysaor incanta.

Je jetai un dernier regard dans la cité par les brèches béantes de la demeure. Des hurlements, les bruits innommables de la guerre vrillèrent mes oreilles. De l'autre côté de la rue, mon ancien bureau était éclairé par les flammes, qui rongeaient avec indifférence le fruit d'années de travail, d'amour. Je sus que je ne reviendrais pas. Ma ville n'était plus. Les armées du juge n'envahissaient pas WindHowl ; ils conquéraient des ruines.

C'est sans nul doute dans les moments les plus poignants que cette rage de vivre se révèlent aux âmes fanées. Les vestiges du port de mon coeur laissèrent place à d'autres, et les illusions de la victoire au simple espoir de survie.

A suivre.


http://ellenweig.free.fr/azulynn19.jpg

Par Azulynn Tvar le 16/12/2002 à 18:58:16 (#2805775)

Edité pour corrections et rajout de liens. :doute:

Par Conrad McLeod le 16/12/2002 à 19:27:58 (#2806097)

Joli récit. Il me tarde de connaître la suite...

au menu de ce soir : Annihilation

Par Ethel Tvar MIP le 16/12/2002 à 21:38:34 (#2807476)

Tant de morts ... tant d'amis chers tombés . Ce fut une utopie que de passer du manichéisme a l'alliance ultime entre les forces subsistantes , afin de contrer une annihilation totale . Il etait trop tard , ils tombèrent tous comme des mouches . LightHaven , cette magnifique cité illuminée , fleuron de la couronne royale , fut la première a tomber la première . Il revoyait le cadavre de sa mère adoptive , Henoutsen . Les dragons avaient tout calciné sur leur passage , réduisant a néant tant de vie qu'Ethel ne put rien faire . Pire encore , sa propre vie etait menacée et il n'entendit que cris et râles d'agonie .

Le temple etait tombé et plus rien ne pouvait être fait , néanmoins , Ethel resta dans le temple afin d'aider les eventuels survivants a fuir . Maintes fois il fut blessé par le souffle ardent de ces dragons , mais doté d'une volonté fantasmagorique , il tînt par miracle bon , usant de ruse et de magie bénéfique . Lorsque tous furent en sécurité hors des murs de la ville ou avaient péri . Le portail qui s'etait dressé la avait grandement aidé .

Cependant , il n'etait pas sur que les dragons ne soient confinés qu'en LightHaven et non partout ailleurs , ce fût pourquoi il se hâta vers la sortie de la ville . Sur le chemin , il découvrit un corps a terre . Par reflexe , le prêtre se pencha sur ce qu'il croyait une dépouille ... tel n'etait pas le cas . La jeune néphilim qui etait au service egalement de LightHaven , a la meme enseigne que lui meme etait encore en vie . Par chance , son corps etait grievement brulé et quelques blessures etaient visibles mais il n'etait pas trop tard .
Les mains bienfaisantes d'Ethel , chargées de lumière la plus pure et de l'espoir d'une aube nouvelle se mirent a l'oeuvre , faisant disparaitre blessures et brûlures , purifiant et appaisant le corps .

Une fois de plus , il put remercier la douceur de la lumière allant de pair avec ses bienfaits . La jeune néphilim , Nocturna pour ne pas la nommer , ouvrit les yeux , grimaçant de douleur . Les tragiques évènement faisaient qu'elle etait sous le choc . Elle balbutia quelques remerciements et Ethel s'inquiéta de la santé de cette dernière . Mais celle ci allait bien desormais , sa mort etait ecartée . Et Ethel prit congé d'elle car il s'inquiétait grandement du sort de Windhowl . Arrivé a mi chemin , il rencontra un groupe de personnes , dotees de longues ailes diaphanes pour la plupart qui se préparaient à defendre les vertus des hommes unis , au nom de la pureté même . Il reconnut des amis de longue date tels que Chrysaor ou Slanech . Ce groupe d'une vingtaine de personnes lui demanda de les guider vers l'espoir et un bonheur certain . Ethel devint un guide , l'espace d'un instant et mena le groupe d'idéalistes vers un endroit ou le mal etait censé se trouver.
Il arrivèrent finalement devant une magnifique creature qui brillait de mille feux . Cette creature féerique illumina le coeur des preux qui s'etaient rassemblés afin de lutter contre le mal . Elle semblait leur montrer le chemin vers un portail magique . Tous deciderent alors de penetrer dans le temple . Un temple sans issue exterieure , qui enfermait un triste individu , serviteur de celui que les druides ne nommaient pas . Celui ci parlait d'une voix atrocement grinçante et dedaigneuse , mais moins que son horrible faciès qui suscitait l'effroi . Cet individu eclata d'un rire sardonique et se teleporta dehors .

Ils se pensaient pris au piège dans ce temple . Etait ce un piège de la creature lumineuse? Certains doutaient deja , mais Ethel leur demanda de garder espoir , car un moyen de sortir du temple leur serait offert bientot.
La creature qu'ils avaient préalablement vue apparut sous leurs yeux éblouis . La lumière qui émanait d'elle etait si pure , qu'elle en devenait aveuglante . Apres quelques temps , la creature se cabra , comme si elle les invitait a monter sur son dos , ce qu'ils finirent par faire , et prit son envol les transportant a tire d'ailes loin de ce qui s'avérait une prison . La creature fit plusieurs voyages pour transporter la totalité du groupe qui ne pouvaient etre tous sur le dos de la creature , si imposante soit elle . Le groupe a nouveau reuni decida de laisser la fabuleuse creature , pour explorer les environs , si harmonieux soient ils car le danger semblait proche . Ils firent le tour de ce qui semblait etre une ile mais ne trouvèrent rien . C'est la qu'ils se rendirent compte de la forfaiture des suivants de l'haruspice . Ceux ci s'etaient avérés en avoir profité pour encerclé la créature élue de Titania . Quand le groupe arriva , il etait deja trop tard car la créature avait ete tuée par une créature osseuse et dégageant une nauséabonde aura démoniaque . La créature les regarda soudain , accompagnée par un groupe d'haruspiciens aux mefaits bien connus , et ils tirèrent sans sommation . La bataille fut brève , car les forces etaient disproportionnées . Les forces bienveillantes et créatrices durent se replier . Certains virent leurs pierres briller , d'autres durent incanter . Ce ne furent que les prémisces d'une horreur qui atteindrait bientot son apogée .

Bien sur , il y avait des semblants de victoires pour le peuple uni ... mais trop tard . Bien sur des cris d'exhultations montaient des que Feyd Ehlan etait repoussée ... mais ce fut par deux fois qu'elle le fut et revenait a chaque fois a la charge . Au detour d'une mission de reconnaissance , Ethel rencontra Syndrael et Leylia , qui pensaient avoir une idée de fuite ... par le plan astral . Elles en firent part au petit groupe present , composé de Caspian , Graetel et Hansel , Saiyana sa nièce qui se trouvait dans les bras de ce dernier , Abaddon , Lysandra et Chrysaor . Auxquels venaient s'ajouter , d'apres les dires de Syndrael , sa fille Angela , qu'il n'avait vu depuis bien longtemps ainsi que d'autres ...

Syndrael avait besoin de lui pour faire ériger le portail astral , meme si lui meme ne viendrait pas tout de suite car il ne pouvait laisser Azulynn toute seule . Chrysaor lui proposa de l'accompagner par la suite , car il leur semblait évident que le talisman de jade mortuaire , combiné a l'indescriptible lien qui le liait a Lysanda , pourraient leur faire ériger un second portail . En attendant , il allait épuiser ses ressources pour permettre d'eriger le premier portail . Puisant dans les ressources conjointes de Syndrael , Leylia et lui meme , le portail naquit , puissance née de leurs trois ames et si semblable a un concentré de celles ci . Lumineux et bleu aux alentours , il se ternissait pour passer du blanc a une teinte plus neutre et son coeur etait d'un noir absolu . Deux des trois ames s'en allerent tout de suite vers des lieux meilleurs , laissant le soin a Ethel de puiser en ses dernieres forces pour permettre au portail de rester ouvert .

Toutes les personnes etaient a présent passées et Ethel s'effondra en pleurs , tourmenté par les images de centaines de milliers de morts voire davantage . Il devait se rendre a l'évidence , ce n'etait pas un cauchemard , encore moins un rêve ... mais bel et bien la réalité , une réalité qui allait bientot se faire engloutir . Son ame meurtrie ne fût pas seule car sa tete trouva épaule reconfortante en Gabriel , son ami de toujours . Lui qui ne voulut pas partir de prime abord , devint indécis par les larmes d'Ethel qui avaient su l'émouvoir . Le coeur de ce dernier etait sur une corde raide , pres a basculer dans le vide engendré par le desespoir , et ce a tout moment . Ils décidèrent de rejoindre Chrysaor , qui etait parti rejoindre Azulynn . Le coeur d'Ethel se serra a l'idée qu'Azulynn ne se résoudrait a quitter Windhowl , comme elle lui avait dit plus tôt .

Gabriel et lui retournèrent a Windhowl , ville ou les gens etaient tendus et ou des conflits se faisaient de plus en plus fréquents , allant de simples rixes a des meurtres , signes précurseurs que le mal allait bientôt arriver . Encore une fois , Azulynn refusa de quitter Windhowl tant que celle ci ne serait pas entierement détruite . Ethel jetta un coup d'oeil circulaire a l'assemblée . Tant de héros de legendes , de coeurs vaillants et droits , de personnes desinteressees y etaient . Sur tous leurs visages , l'on pouvait lire tension et douleur , car tous avaient perdu des êtres chers . Nisel , l'envoyée de Sélène etait sur les lieux , intimant au detenteur de l'arc du champion de sélène , qui n'etait autre que Gabriel , de lutter avec vaillance les légions destructrices qui viendraient bientôt .

L'idée d'aller voir ce qui se passait a Silversky prit Chrysaor et Ethel demanda a l'accompagner . La , une bataille les attendaient , car en effet , Feyd Ehlan et les haruspiciens semblaient vouloir prendre la cité royale et la detruire . C'etait sans compter le courage des personnes ici , avec quelques ogrimariens parmi eux , dont Feltorn Darken et sa hallebarde . Ceux ci , joints par Chrysaor et Ethel , reussirent a defaire une premiere fois Feyd Ehlan . Malheureusement Feyd Ehlan retourna a la charge et Ethel disparut dans un râle de douleur .

Ce dernier etait miraculeusement en vie mais cela lui prendrait du temps pour se remettre d'applomb . Combien d'heures etaient passées? Il ne saurait dire ... mais a la vue des oriflammes démoniaques qui claquaient dans le vent ; a la vue des corps jonchant le sol et des batisses eventrees , il sut ...

Il vit une terrible bataille a Silversky , celle ci s'avérait perdue . Il dut à contrecoeur se rendre a Windhowl , sa raison lui intimant l'ordre d'aller voir la bas mais la ville etait elle aussi sur le point d'etre rasée par les dragons , il ne put sentir de vie ambiante , seul le souffle sulfureux des creatures draconiques etait dans l'air ambiant . Une odeur de mort , de sang et de rage , une odeur de desespoir , de cendre et de fin . Nulle âme a sauver , le spectacle le marquerait probablement à jamais . Une peur irrationnelle le prit , une voix lui intima l'ordre de fuir , cette voix etait peut etre celle de son père , l'enigmatique mais lumineux Thalandris . Ses pas le guidèrent machinalement vers le lac d'argent . Comment reussit il a passer outre les dragons? Peut etre etait ce la faute de Thalandris . En père aimant , il allait le détruire . Ses amis les plus chers reposaient là . Ses ennemis aussi mais qu'importe ... il voyait deja les dragons tenter de le suivre mais la foret restante etait une aide précieuse pour lui . Si bien qu'il reussit a leur echapper , alors que les vestiges des cités en flammes se dressaient a lui . Immédiatement , il pensa a tous ces morts qui n'avaient pas eu cette chance .

Les fous , les meurtris seraient peut etre les seuls survivants de cette tragédie . Ethel arriva alors au lac d'argent , peut etre son dernier espoir . L'amulette de jade scintillait a son cou mais elle menerait a un monde pire que celui ci sans l'aide de Chrysaor . Il lui avait donné rendez vous ici , au cas ou Azulynn et lui survivraient . Il voulait attendre ... que ce soit ses amis ou la mort , cela reviendrait au meme . Et il attendait leur arrivée , le coeur serré en entendant les bruits infernaux de la fournaise . Il le savait , ce monde meme allait se désagréger , ne laissant aucune trace ... et lui qui attendait ... le salut ou la mort .

Sa vie fût décidémment trop riche , trop intense , trop tragique , trop mouvementée . Une aube nouvelle etait elle sur le point d'apparaitre a l'horizon? Serait il épargné ou ses souffrances seraient elles effacées dans les doux bras de Dame mort? Cela n'avait au fond guère d'importance etant donné que cela ne dependait aucunement de lui ... Ses pensees etaient noires et tournées vers le fait que sa tâche avait échoué .

Par Bardiel Wyld le 16/12/2002 à 21:43:37 (#2807544)

Que de lecture, et surtout aussi bien mise par écrit... J'applaudis autant le talent des écrivains que je suis presque ému par le récit offert ainsi. A quand la suite? :)

Par Ethel Tvar MIP le 16/12/2002 à 22:49:47 (#2808223)

il n'est jamais deux recits sans trois comme le dit le dicton ... il reste une personne a n'avoir parlé et cette personne concluera en apothéose notre saga commune . Qui vivra et qui mourra? Ce sont des questions qui se posent ... je ne suis pas en mesure de vous repondre , car n'etant pas detenteur des clefs de l'avenir je ne suis pas devin et ne pourrai repondre a vos attentes . Sachez seulement que la suite viendra , elle viendra par la volonté du troisième et sera peut etre suivie d'une conclusion en triangle

:merci:

Par Syndrael le 16/12/2002 à 23:39:23 (#2808709)

:lit: *Suspendue à leurs six lèvres*

Par Feu Subtil le 16/12/2002 à 23:44:53 (#2808755)

superbe !
:lit:

Par Lysanda le 17/12/2002 à 16:30:52 (#2814110)

*attend le dernier episode*:lit:

Par Syris Choup' le 17/12/2002 à 22:14:49 (#2817542)

Que ça coule vite au milieu des posts à départs et autres posts à flood. :rolleyes:

Permettez moi de remonter un des derniers textes roleplay de ce forum, fruit d'esprit talentueux et de plumes habiles qui nous on tant fait voyager jusque là.

Par Kyriane Feals le 18/12/2002 à 11:11:05 (#2820592)

Le vélin, poussé par le vent, remonte vers les cieux.
N'est-il point orgueilleux d'espérer atteindre les dieux?

Avec comme unique argument une beauté propice
Ce joyau parfait et pur, aux obscurs fondements
Qu'en ces quelques lignes nous pouvons aisément
Etancher notre soif et s'en délecter avec délice

A la fin, il restera cette joie éprouvée
Que les mots n'ont eu de cesse d'entretenir
Tandis que l'Histoire ne sera jamais oubliée
Et qu'Althéa accueillera toujours nos souvenirs.

C.

Par Ethel Tvar MIP le 18/12/2002 à 16:41:04 (#2823519)

Il etait assis devant le lac d'argent , une main délicate caressant l'écume d'albâtre qui avait donné au lac le nom qui lui etait propre . Il se souvenait de son arrivée en Goldmoon , apres des mois passés dans une stase temporelle avec pour seul compagnon , un diablotin persiffleur . Il se souvint du pentacle de mages , qui , médusés virent un être de son espèce tomber dans ce même lac d'argent.

Apres des années il pouvait encore ressentir la joie que lui provoqua sa chute dans l'élément liquide . S'il devait mourir quelque part , ce serait dans ce lac , si beau , si pur ... si agréable . C'etait comme si ... ce lac etait fait pour lui , immaculé de tout mal , de toute intolérance , accueillant et bienfaisant .

Son coeur se serra a l'idée qu'Azulynn et Chrysaor puissent ne jamais venir au rendez vous , mais il avait promis de les attendre ou de mourir ici . Son regard se detourna de l'horreur des villes mises a sac , car il n'en restait plus rien désormais . Terres souillees par le sang et les cendres d'une braise depuis longtemps éteinte , Althéa n'etait plus que l'ombre d'elle même . Une montagne d'os et de chairs carbonisés , un ruisseau de sang etaient visibles a cent mille lieues a la ronde.

Pire encore , l'atmosphère d'Althéa avait changé , lui rappellant le monde honni d'Ambre-Mortuaire . Seul le mirifique lac contrastait avec la vision cauchemardesque de Goldmoon . Ethel se sentait en sécurité en ces lieux et semblait même appaisé par des voix trop bien connues . Elles appartenaient à ses aieux et héritiers , epouses et cousins , amis et connaissances . Des voix , non pas en peine comme il pût le penser , non pas souffrantes mais douces et guillerettes . Il savait grâce a elles qu'Azulynn et Chrysaor le rejoindraient , ce n'etait qu'une question de temps . Ce temps qui serait tout de même leur ennemi le plus implacable ...

Ses chants , ses prières , ses espoirs etaient tous tournés vers ces deux seules personnes ...

Le chemin des souvenirs.

Par Chrysaor Osten le 18/12/2002 à 21:36:50 (#2826353)

"Toi.. ici ? Mais.. je te pensais parti, avec les autres..."

"Il n'est pas encore temps pour moi de quitter ces terres, Marlsulyn."

C'est ainsi que cette gardienne de Windhowl, m'accueillit, au hasard de sa lente errance, qu'elle appelait patrouille, par les murs presque désertés de ce qui fut le fleuron des ports de Goldmoon. Je décidais de l'accompagner au cours de sa procession, à travers la solitude des sentiers les plus escarpés du duché, jusqu'au haut temple de la cité, où une foule de blessés, de réfugiés, rapportaient le sangs et les larmes de la baronnie proche, dévastée par ces inépuisables hordes de dragons. Sur leurs visages je découvrais terreur et désespoir qui plus sûrement que le souffle ardent des reptiles couleur de lave, rongeait désormais l'esprit de la poignée de rescapés. Les assauts de ces démons n'avaient pas hier que ravagé une cité, leurs griffes avaient su lacérer leurs boucliers, leurs armures, mais aussi leur bien le plus précieux, leur coeur, leur avenir, leur espoir. Pourtant bien peu choisirent de se terrer dans la retraite de l'envoyé de Syl. J'observais, presque fasciné, ces hommes et ses femmes, se regrouper ici et là. Il n'était plus question chez eux de folie, de bravoure ou de vaillance, la rage presque fanatique de vivre, ou mourir animait encore leurs regards. Ils n'attendaient rien de cette vaine résistance, si ce n'est objecter un ultime défi à ce destin qu'ils avaient toujours eu espoir de contrôler. Les étoiles s'éteignaient doucement, emportant au secret d'un ciel nocturne qui pâlit le signe de l'ultime rupture déjà annoncée par biens des fanatiques ou érudits. Puissant Haruspice, ta condamnation me semble bien futile, la destinée n'atténue en rien cette fureur, ou fierté d'exister qui nous caractérise tous, et le trépas, les larmes, n'attesteront qu'avec plus de force cet affront à l'encontre de que tu représente, Juge.

Parce que les souvenirs sont inviolables, notre histoire ne touche pas encore à son terme. Et j'allais en avoir bientôt la preuve, je ne le savais pas encore. Silversky m'appelait, le mage royal réunissait toutes les forces possibles et imaginables pour préparer ce qui devait être la dernière place forte de Goldmoon. La silhouette de Marlsulyn s'éloignait, elle restait là, fidèle à ses engagements, ou bien à son passé, moi je partais faire mes adieux à la capitale. Aux portes du palais royal, fuyant le brouhaha des guerriers les plus indisciplinés, je retrouvais avec un sourire Gorgone, mon ancienne instructrice, alors que je n'étais qu'un garde débutant. Plus loin Dagaorix, le frère que je n'ai jamais eu, organisait les barricades, suivit de près par Yo Mithror, qui bientôt aurait l'occasion de me montrer sa célèbre botte secrète, cataclysme de ces chers reptiles cracheurs de feu. Gabriel ne m'a pas reconnu, passant presque inaperçu dans les rangs des archers, s'il ne brandissait pas cet arc entré dans les légendes, armant le bras redoutable d'un champion de Sélène. Des gardes royaux que j'avais connu en tant qu'apprentis me saluent d'un sourire, les portes du donjon me sont encore ouvertes. Je m'écartais ( ou bien fuyais je ? ) cette foule de visages issus de mon passé. Un long dédale d'escaliers, de couloirs moites et obscurs, une échelle de corde habilement dissimulés, me séparait encore de ma destination.


C'est debout sur la plus haute et la plus inaccessible des plate-formes du palais que j'assistais aux premiers combats. La Tisseuse s'était elle même déplacée, mais ses assauts répétés se brisèrent sur la férocité imprévue des défenseurs. Beaucoup tombèrent, broyés par les mâchoires énormes de cette ignominie, s'ils ne succombaient aux relents empoisonnés de son haleine putrescente. Les prêtres s'affairaient, les blessés s'entassaient, les morts étaient juste recouverts d'une cape en guise de linceul. Le lieutenant de l'Haruspice laissa sa place aux puissances feydiennes, conduite par les démons les plus effroyables, et Sa fille en personne, Jalaza. Darknes se dressait fièrement face aux blessés, prêts à leur faire payer, non de leur vie, fin sûrement trop douce à ses yeux, mais de leurs âmes. A l'aide de quelques sortilèges je rejoignais l'oeil du cyclone de cet affreux carnage. Mon Corbeau m'accompagnait, revenu de l'obscurité affolante de l'Amante des Ténèbres, lui même guidé par la douceur et l'amour de ma Lysanda. Il ne me restait qu'à m'élancer contre les effluves maléfiques des fanatiques, conjurant mon veilleur de me garder du Voleur d'Ames et de ses suivants.

La hallebarde de l'imposant néphilim Feltorn Darken s'abat une dernière fois sur le démon, un hurlement macabre couvre le tumulte des combats. Les quelques feydiens encore debout s'arrêtent, se replient, la plupart avaient choisis de se retirer ou fuire, s'ils ne s'étaient noyés sous le sang versé par l'étonnant sursaut de fierté de leurs opposants. Ce cri aurait du tous nous glacer le sang, mais il sonnait le glas de troupes feydiennes. La tête de leurs armées étaient tombées. Des cris de joies répondirent même à ce dernier : le dernier bastion des êtres humains est resté libre, jusqu'à la fin, témoignant de la victoire d'une union sacrée des preux de toutes religions et toutes aspirations. Malgrès moi, un fin sourire se dessinait sur mes lèvres lorsque je quittais le théatre des événements les plus effroyables, mais aussi du défi le plus fou et le plus fantastique, et de la réussite, de tous à s'unir et s'entendre, pour rivaliser même avec les forces de ce fameux Juge, de ses sergents les plus redoutés. Les défenseurs de Windhowl attendaient les nouvelles anxieux. Je composais mon masque le plus serein, tendant à leur redonner la confiance, qui leur permettrait d'attendre le Jugement la tête haute. J'y reconnu sans surprise la conseillère Azulynn Tvar. Les assauts m'avaient épuisés, la rumeur d'une attaque sur la ville menaçait. Je ne trouvais guide plus passionnée et passionnante pour me conduire sur la route d'une dernière visite dans Windhowl désertée, temple de mes secrets les plus enfouis, de la nostalgie des rires passés et du temps perdu.

Ce qu'il a ensuite pu se passer me paraît flou et obscur : une explosion derrière nous, des armes qui s'entrechoquent, le murmure de puissants sortilèges... Tout est noir. Je ne me rappelle que du bras d'Azulynn que je n'osais abandonner, du souffle rauque d'un dragon à l'agonie, d'une lance enflammée qui me brûla la poitrine à m'en faire perdre conscience. Mes flèches annoncèrent le trépas de quelques dragons, sa lumière nous entourait et rafraîchissait ce brasier infernal. Je nous conduisais droit vers le temple, dernière place forte selon moi capable de repousser ces hordes de démons. Les morts se relevaient pour nous assaillir, brisant boucliers et armures de tempêtes glacées, se mêlant à la fournaise du souffle draconique. Les ténèbres pour protéger la lumière bouleversante qui se tenait à mes côtés, les cohortes durent quitter les lieux, tombant nos assauts furieux, auxquels se joignèrent les renforts venus de la capitale. Puis, le trou noir, la rupture, l'instant où tout bascula. Drappée d'une longue robe de velours noire, Elle se tenait là, allongée, sur un banc du temple. Je courrais la rejoindre incrédule. Sa peau était froide, ses joues s'étaient creusées. Mes mains courraient le long de son visage, ses poignets, sa taille, guettant, une respiration, un frisson, le battement d'un coeur... Mon enthousiasme vola en éclat, ses brisures voilèrent mon regard d'un rideau de larmes.




"Toi.. ici ? Mais.. je te pensais parti, avec les autres..."

"Il n'est pas encore temps pour moi de quitter ces terres, Marlsulyn."


Cette fois-ci.. il était plus que temps. Son visage reposait au creux de mon épaule, mes bras, l'enveloppaient, mes larmes, veillaient sur elle. Sa pierre ne brillait plus, le monde sous mes pieds s'étaient écroulés, l'apocalypse autour de moi était réduite à un murmure, étouffé par ces sanglots qui chaque fois me déchiraient davantage. Azulynn me guidait à son tour, au travers de mon monde à son tour dévorés par les flammes. Nous prenions le petit sentier conduisant au lac d'argent. Je l'y avais conduit tant de fois par le passé, nous avons toujours aimés nous retrouver, ensembles, ou seuls, sur les rives paisibles de ce lac. Des mirages se dressaient devant moi : une jeune magicienne, au boucles blondes, les joues encore marquées des adorables tâches de rousseur d'une adolescente, apparaissait brièvement près d'une tombe ( je l'ai connue ici... ), à l'ombre d'un vieux saule ( quel était cet air qu'elle murmurait pour nous redonner courage ? ), courant derrière une cheval affolé ( elle aimait danser sur cette prairie... ). Lorsqu'alourdis par les pleurs mes paupières tombaient, le frou-frou de sa robe nocturne, son rire communicatif, sa voix chaude et douce étreignait mon âme. Privé de tout repère, la conseillère seule me montrait la voie. Les flots argentés, ranimés par la lumière des étoiles, s'ouvraient. Ce cercueil de brume et de lumière, transformé par un enchantement de mes glaces natales, garderait à jamais le secret du sourire apaisé de la gardienne. Ma vie sur Althéa avait commencé avec elle, ma route s'effacera à sa disparition.

Je retrouvais le regard d'Azulynn, et mes mains se figèrent de nouveau autour de son bras, aimantées. Il était temps pour moi de partir. Lysanda m'attendait, et m'attirait, ses bras, havre d'une paix annoncée. Mon histoire sur les routes sinueuses de Goldmoon s'achevait ici. Mais Althéa, vit encore, sur mon coeur, auprès de mes souvenirs les plus précieux. Depuis ce soir là, je sais qu'une étoile veille sur nous tous, errants de l'ère althéenne, et nos descendants. Et je sais que cette lumière, chaleureuse et bienveillante, ne peut-être que l'oeuvre d'une seule personne...


Chrysaor Osten,
Mémoires d'Althéas, Epilogue.