La démence...

Par Sophocle le 14/12/2002 à 2:04:49 (#2782913)

Sophocle était revenu de sa retraite, non sans avoir au préalable pris soin de reprendre son vieux bâton pour s'aider dans son vaste périple. Il avait parcouru bien des lieues pour rejoindre Arakas, retrouvant au fil de la route les sensations qui lui avaient été si chères. Les campements gobelins, les protecteurs des druides qu'il avait tant craints dans sa jeunesse. Tout était là et pourtant, une odeur âcre lui assurait que les choses avaient mal tourné. Il avait reçu des avertissements et savait bien, lui qui se plongeait parfois dans le cours du flux onirique, que les jours d'Althéa étaient comptés. Il ne craignait pas l'heure du jugement cependant.

Il fallait revenir pour sauver les enfants. Oui, seule cette pensée comptait. Si les conteurs de songes n'avaient accompli qu'une grande action sérieuse durant leur existence, c'était bien d'ouvrir ce lieu d'accueil pour les enfants de victimes de la guerre. Tant d'enfants étaient passés dans ce lieu de Light haven...
Il l'avait senti. Un appel au secours. Les enfants avaient besoin de lui.

La course était de plus en plus laborieuse. Les gobelins avaient pris des forces, il fallait donc ruser, surtout après une longue traversée. Les vents rapportaient des nouvelles alarmistes. Stonecrest envahie par des créatures monstrueuses, Windhowl saccagée, Lighthaven... Il ne supportait pas l'idée d'imaginer.

Non, tout était calme. Passer par le pont de secours, celui de la crypte. Les haruspiciens ne tiendraient pas tous les ponts. Tout allait bien. Personne à la fontaine, des cadavres partout, une nuée de cadavres ! Des objets empilés, qui auraient rapporté à plus d'un Iagonite dix fois la fortune suffisante pour une offrande généreuse à son dieu.

Courir toujours plus vite. Le temple. Soudain, des centaines de gobelins, sortis de nulle part et dotés d'une force incroyable allaient faire briller encore et encore sa pierre de destinée. Ca ne comptait pas. Les enfants...

Enfin, il avait atteint la maison des compteurs, le sang battant aux tempes, les yeux injectés de sang. Il entendait des cris, des hurlements. Il voyait les cadavres et son esprit vacillait. Plus rien ou plutôt si. Les enfants étaient là, jouaient, il fallait leur raconter des histoires. Dormez bien les enfants... Et soyez sages, sinon, le grand Caern viendra vous croquer.

Sophocle s'endormit dans une marre de sang, à côté de marionnettes désarticulées, massacrées par des gobelins. Il ne pouvait pas voir. Il fallait rêver...