Journal d'un errant.

Par Yakanu le 11/12/2002 à 23:41:31 (#2765798)

Salut journal, vieux coquin ! Toi, mon compagnon de toujours.

Tu n'es guère bavard, mais tu sais écouter.


Et j'en avais tant besoin, alors. Enfant solitaire, maigre et mal portant. L'anomalie. L'avorton.
Celui que tout les enfants, les enfants du village, même beaucoup plus jeunes, raillaient pour sa maladresse. Moi que tout les professeurs donnaient en exemple ... à ne pas suivre.

"Entrainez vous, si vous ne voulez pas finir comme Yakanu !"

J'étais bien loin d'imaginer, alors, que j'étais peut être destiné à autre chose, tout simplement. Je m'acharnais jour et nuit, pour apprendre à me battre. J'observais, j'analysais, j'imitais ... mais toujours sans succès. Ma constitution était un obstacle insurmontable.

Jamais je ne ressemblerai aux autres, jamais je ne serais accepté et reconnu comme l'un des notre ... un adulte, un guerrier.

Et pourtant, j'ai grandis.

Et avec le temps, le travaille à payé. Mes muscles se sont fortifiés, mon âme aussi. Mes qualités d'observation, ma volonté inébranlable d'être normal, mon inventivité .. tout cela m'a permis de compenser mon handicap, ma débilité physiologique.

Mais trop tard.

Ceux qui m'avaient raillé tant d'années, n'étaient pas près à s'arrêter si facilement. Ho non .. Le désespoir du clan avait fini par être aussi habile et adroit que n'importe lequel d'entre eux, et pourtant ... ne crois pas qu'ils m'auraient permis de m'intégrer... enfin ... juste récompense de tant d'efforts contre nature. Non bien sur, aucun ne pouvait, ni ne voulait, reconnaître que j'étais maintenant un véritable adulte. Personne n'a accepté de perdre la face vis à vis de moi. Personne n'a accepté d'être mon partenaire, pour le rite de passage. Aussi suis-je condamné à demeurer, et pour toujours, un enfant. Un paria.

Alors, il fallait bien que je m'en aille ... puisque je devais être seul, pourquoi supporter leur haine ? Pourquoi la supporter plus longtemps ...

Finalement, je n'aurai pas fait tout ces exercices en vain, cher journal ... Cela m'aura permis de survivre, dans ces plaines désolées et solitaires d'un monde en ruine. J'ai eu faim plus souvent qu'à mon tour, mais j'ai pu survivre, m'adapter. Finalement, j'ai même pu manger régulièrement, comme je comprenais comment attraper ces petits animaux, et où chercher les racines et les baies.


Cet acharnement à ressembler aux autres, m'aura finalement ouvert la porte, la porte de la différence.

Grace à lui, J'ai pu courir avec le vent, en criant. J'ai pu respirer l'air marin, et apprendre à me mouvoir dans l'eau, que tant des miens redoutent.

J'ai pu, aussi, visiter ces ruines ... qui demeurent un peu partout. Souvenirs lointains, d'un passé presque oublié. J'ai pu trouver ces objets ... ces livres ... ces cristaux. J'ai pu apprendre à écrire ...

Et alors ... , et surtout ... , cher journal ... J'ai pu te trouver !