Liberation

Par Malgazar le 21/11/2002 à 4:24:55 (#2608866)

Le voici enfin sur Stoneheim, l'île maudite, cette île qu'il désirait et craignait atteindre tout à la fois. D'ici il pourrait faire ce qu'il a en tête depuis quelques semaines.
Il n'est pas arrivé là seul, quelqu'un l'attend. Quelqu'un qui ne sait pas tout de lui et qu'il risque de perdre une fois les derniers voiles de son passé dissipés. Non il n'est pas seul, mais il ne l'a jamais vraiment été ses souvenirs le hantant encore de temps à autre, le réveillant en sueur au milieu de la nuit. Mais moins qu'avant.. qu'avant elle.
Il passe la main dans ses cheveux et dégage son front. Repensant à la marque de Balork qui s'y trouvait il y a encore peu

*Maudit par ça?!!?*

Il esquisse un sourire ironique qui s'efface devant la tâche qu'il a à accomplir. Non il n'est plus seul, même s'il a du s'éclipser prétextant une course urgente à faire, pour aller seul à ce cercle. Il a bien cerné maintenant les Arcanes de ce plan pour les intégrer à ses propres schémas d'incantation.

Déjà pendant qu'il mélange les élément matériels de son incantation, la somatique commence, ses doigts tracent dans les airs des dessins invisibles pour l'oeil du profane. Ses gestes sont volontairement brutaux et violents.

Il sait qu'il peut tout perdre ce soir là, mais il trace sur le sol avec la décoction qu'il a mélangé, le pentacle qui servira de focus à sa magie. il dispose les cinq bougies noires à chaque pointe finissant par la dernière qui se trouve en bas. Il se place lui même dans le pentagone central. Il ne lance aucun sort pour se protéger, il doit garder toute son énergie pour l'incantation, et puis de toute façon s'il réussit à quoi bon elles ne lui seront d'aucune utilité de toutes façons.

Il ferme les yeux et se penche pour poser un genou et son poing à terre, tête baissé, son poignet sur son autre genou.
Puis il se ravise et se relève pour étendre ses bras en parallèle au sol de chaque côté de son corps, sa respiration devient plus lourde et plus profonde. Et commence à être articulée les mots chargés de pouvoir et de mort.

Par le feu, par l'enfer, par la mort et la non vie, entends mon appel
Par le feu, par l'enfer, par la mort et la non vie, écoutes ton fidèle
Par celui qui a commandé, pour celui qui a obéi.
Par celui qui a ordonné, pour celui qui a détruit
Décides du sort de ton serviteur
Celui qui t'a suivi sans peur

Son coeur ralenti presque à l'arrêt, mais la sueur perle à son front sous l'effet de l'intense concentration, sa voix se fait plus basse, ses yeux s'ouvrent et brillent d'un intense éclat violet, rayonnant comme s'accumule en lui l'énergie qu'il a ressemblé. Puis sa bouche s'ouvre, mais les sons qui en sortent n'ont plus rien d'humain, ce sont les mots honnis dans sa langue maternelle

El ryax, graph praxyt, morsh abdr hrir krashn, lugrun erin ghark
El ryax, graph praxyt, morsh abdr hrir krashn, lugzi terin frax
El faaresh sgrak, lor faaresh drragx
El faaresh mroon, lor faaresh gborsh
Mrein jrugit terin ero
Faaresh t'erokan ruglit den


Et il répète cette mélopée maudite jusqu'à s'effondrer à genoux au bord de l'épuisement, ses mains reposant de chaque côté sur le sol paume vers le haut. Son coeur rate deux ou trois battements, le rythme en devient chaotique, sa respiration n'est déjà plus qu'un souvenir.

*C'est fini*
se dit il.

Déjà son regard se fait distant et l'éclat de ses yeux s'amenuise, pendant que sa vue se brouille. Il oscille d'avant en arrière et entame une chute son visage en avant pendant que défilent les images de sa vie.

Une image.. deux yeux, un regard, un sourire, un visage s'impose à son esprit sombrant dans le néant.
Ses bras se tendent et ses mains se posent sur le sol retenant sa chute.

Son coeur reprend un battement, puis un second vient, une grande goulée d'air emplie ses poumons. Son regard se fait plus perçant, émettant une vive lumière plus claire qu'avant à mesure qu'il se concentre sur l'image dans son esprit. Il se relève péniblement, chancelant.
Il est enfin sur ses pieds, les épaules tombantes sous le poids de la fatigue. puis son regard se porte vers des cieux d'une nuit sans étoile, ni lune. Il dresse lentement son poing vers ce ciel et dans un murmure

Père...

Puis plus fort

Pére...

et enfin dans un cri le poing serré et menaçant, rageusement il s'écrie

Je renie ce que tu es et je reprends ma parole envers toi, j'ai trouvé ma voie sans toi et ta punition a échoué. Je suis bien ici et j'ai même connu l'amour, je suis heureux

PERE M'ENTENDS TU ? JE TE RENIE...JE TE RENIE TOI ET TES MIGNONS, JE RENIE TOUTE LA COURS ET JE REPRENDS MON NOM, JE L'ELEVERAIS PLUS HAUT QUE LES CIEUX AFIN QUE TOUS SACHENT QUE TU AS ECHOUE. JE SERAIS L'ECLAT DE LUMIERE DE TA NOIRCEUR. ENTENDS CELA EURYNOME : URIAS BEPHET N'EST PLUS TON SERVITEUR JE NE SUIS PLUS TON FILS.


Un hoquet.

Puis il s'effondre sur le sol à nouveau comme une masse, entièrement vidé, sa tête heurte lourdement le sol, il ne le sent même pas. Les images s'estompent et disparaissent. Le néant lui tend ses bras accueillant. Son coeur s'est arrêté.

*J'ai échoué*

est sa dernière pensée consciente.