Hommage.

Par Gengis Khan le 11/11/2002 à 22:00:54 (#2538915)

La pluie ne semble plus vouloir s'arrêter ,et bientôt l'eau ruisselle dans nos tranchées. Elle charie la terre et les immondices ,chassant un peu la vermine qui nous cottoie depuis le début ,depuis que nous sommes là terrés dans notre tranchée. Presque impossible de se déplacer dans cette boue , à chaque pas on s'enlise inutilement dans cette mélasse ,alors rien ne sert de gaspiller ses quelques forces qu'il reste encore. On n'y voit pas a dix mètres sous cette pluie et l'epuisement n'y aide pas.. Impossible de fermer l'oeil ou de trouver le repos, les armes crachent leur feu jour et nuit. D'ailleurs à force de vivre ainsi on ne sait même plus si onest le jour ou la nuit , ni même la date et le jour de la semaine. Je ne sais même pas depuis quand je suis là.Trop longtemps sans doute.

Mon pays , ma région me manque ,ma famille encore plus. J'ai une femme et un mome là bas. Je prie le bon dieu chaque jour de me permettre de les revoir ,vivant bien sur. Si le curé de mon village voyait ça il en aurait une attaque le pauvre. Il est bon de rire et plaisanter ,c'est bon pour le moral des troupes mais ce n'est qu'une goutte dans le désert.
Parfois on nous amène de la chaire fraiche des bleus qui serviront pour la plupart de chait à canon. Mais ça fait du bien de voir des têtes nouvelles ,et propres ,pas comme nous autres ,nous qu'on appelle les poilus. On n'est pas beau à voir c'est sur a vivre dans cette tranchée insalubre , on sent mauvais , pas rasés , malades et épuisés. Parfois on entend rire un gars qui se fend la poire en voyant un gars de la ville hurler comme une pucelle quand il voit un gros rat fouille dans ses provisions. Quelques moments de détentes comme ça ,mais bien trop rares..

Car la réalité reprend vite ses droits..un kamikaze est parvenu à s'approcher suffisement près pour lancer une grenade dans la tranchée seulement a 30 mètre d'ici. Plus tard j'ai appris que dans les victimes se trouvaient deux bon copains a moi qui étaient même déjà là avant moi. Plus le temps passe ,moins nous sommes nombreux , nous les "vieux" que certains appèlent véterants. Vétérants mon oeil j'en serai un si je survi oui. Le lieutenant dit que je vais être relevé ,mais ça fait un mois qu'i lme rabâche ça. Quel planqué..A peine sur le front il est promu lieutenant moi il a fallu que je traine ma carcasse jusqu'a Verdun pour avoir une médaille..Alors que nous , nous payons chaque jour cette guerre de notre sang ,lui il reste à l'abri et se saoûle dans ses quartiers. Un fils de bourgeois ca se voit , alors que nous fermiers et ouvrier en grande majorité on se fait sacrifié pour que les "Bosch" n'avancent pas. Même devant la Mort il n'y a pas d'égalité..

Ils sont tout près même si on ne les voit pas ,tappis dans l'ombre ; à l'affut dans leurs tranchées ,prêts à abattre le premier nigaud qui lèvera la tête trop haut. L'autre jour l'etat major a ordonné que nous chargions pour faire reculer les allemands. Ca nous a couté cinquante hommes et autant de blessés. Tout ca pour trois mètre de terrain boueux. J'y ai perdu un copain ; Mike un anglais qui même si je ne comprenais pas un traitre mot de ce qu'il disait était un bon camarade , et j'ai failli y passer moi aussi. Le lieutenant a gagné ensuite une médaille. Bon dieu si j'e nsors vivant de le donne a manger à mes cochons ce pieds plat. Ce n'est pas lui qui entend les balles siffler à ses oreilles et qui voit ses copains se faire tuer un à un. Je n'aimerais pas être celui qui va expliquer aux veuves que leur mari est mort en faisant son devoir.. Si jamais il m'arrive malheurs j'espere que ma veuve lui mettra un pain! C'est comme ca que je les aime les berrichones de chez moi :spontanées avec du caractère.

Mais plus le temps passe moins j'ai espoir de revoir mes proches. En plus il parait que les Bosch vont attaquer demain. Dans les tranchées certains chialent déjà ,d'autres prient ou sont impatients. Moi , je ne suis pas un vrai soldat ni un héros de guerre ,juste un pauvre fermier qui se trouve dans une tranchée.Ce que je veux c'est dormir ,fermer les yeux pour trouver un instant ,ne serait-ce qu'une fraction de répit ,echapper à cette folie ,ce cauchemar. Par miracle les balles et les obus se taisent et quelquechose de rariscime se produit : le Silence. Aussitôt je sombre ,n'attendant que cela depuis bien longtemps. Moment de bonheur fugace de pouvoir oublier tout cela , mais hélas trop ephémère. Une explosion retentit soudain ,dechirant le fragile voile de silence et de quiétude qui s'étaient naivement installés. Les salauds , ils nous attaquent. Quand ils nous auront bien bombardé ,leurs hommes chargeront. Je vois déjà les toubibs courir pour aller soigner les blessés mais la melasse les ralentit et certains de nos ptits gars sont deja morts et gisent allongés et mutilés dans la boue. Ce ne sont que des gosses qui n'ont que dix sept ans en général et ils tombent un à un. Le lieutenant gueule des ordres dans tous les sens , il faut se préparer. Je parie qu'il a déjà mouillé son pantalon..
Un copain vient à mes côtés ,ca fait un bail qu'on se connait et qu'on est dans la tranchée. Il me tend un canon de rouge comme d'habitude. Il est bien acide et râcle ma gorge ,parfait pour l'occasion. C'est comme ca depuis presque toujours dans l'armée française : avant l'assault on a toujours un canon de rouge, et un autre nous attend apres..si on survit. Les anglais nous regardent bizarement et se moquent un peu mais ca fait pas de mal de rigoler en ces mooments là. Ca donne du courage parait il d'être bien rond ,moi je dis que ca sert à faire oublier la peur du moins une partie. Car la peur on l'a tous les jours sans arrêt. Ca nous prend aux tripes et ca y fait des noeuds..saleté..
Ca y est les mitraillettes hurlent , il faut y aller. Alors sous la pluis battante les hommes sortent des tranchées et se tirent dessus. Une pluis de balles et d'obus s'abat sur le terrain venant s'ajouter à celle qui arrose le champ de bataille depuis longtemps. Je suis pas maladroit au fusil ,je suis un bon chasseur et je braconne même parfois quand les temps sont durs. Je descend un allement puis deux , mais je n'ai pas le temps de m'en vanter. Je vois une explosion près de moi et un bruit sourd me fouette les tympans et puis...le vide..Bizare je suis peut être mort je ne sais pas en tout cas c'est flou et tout noir..

Mais une voix peu aimable m'extirpe a ce neant. Une grosse infirmière me parle mais je ne comprends rien ,encore entre rêve et réalité. C'est la première femme que je vois depuis des lustres et bien qu'elle soit vilaine, j'en suis presque charmé. Après quelques heurs je réalise enfin que je suis dans un hôpital loin du front a en juger par le calme si ce n'est d'autres soldats qui gémissent a cause de leurs blessures. C'est pas beau à voir certains sont salement amochés et préfèreraient être morts parfois. Tiens je suis lavé et rasé..Etrange sensation presque oubliée,mais que j'ai savouré. Je me suis aussi rendu compte que j'avais été blessé par un eclat d'obus a la machoire et que j'allais aussi pouvoir rentrer chez moi. Enfin j'allais voir les miens. Oui je pensais aux copains et je les pleurais ,mais bien que ce soit égoiste je ne pensais qu'aus miens que h'alais enfin retrouver.

Je sais que dans les tranchées le carnage continue,que des gamins ne vieilliront pas et que d'autres ne veront pas leurs enfant vieillir. Foutue guerre qui sacrifie tant de ptits gars..Les champs sont vides , les larmes des veuves ne sèchent pas . On sacrifie encore des centaines d'hommes pour gratter quelqes centimètres de terre ,qui ,repus refuse de boire d'avantage le sang des soldats morts au combat , tandis que les généraux se congratulent et échangent des mondanités. Alors moi ces planqués si ils veulent me redonner une médailles je leur montrerai mon cul ,en hommage à mes copains. Pour le moment je veux oublier et vivre avec les miens ,elever mon fils lui apprendre à pêcher plutôt qu'à manier le fusil ; vivre paisiblement. Mais j'espère que les momes n'oublieront pas le sacrifice de leurs pères et les générations non plus. Qu'elles retiennent simplement ceci : la Guerre est une Horreur. Croyez moi ,j'y étais.






En hommage à mon arrière grand pere que j'ai fait parlé ici et aux poilus.

PS : le mot bosch est dit en fonction ce qui est dit selon l'epoque et les circonstances non un jugement de l'auteur pour qu'il n y ait pas de malentendus

Par Drazhar Ul'Gar le 11/11/2002 à 22:09:38 (#2538993)

Le style et les sentiments propres aux lettres des poilus lors de la Grande Guerre sont tres bien rendus.Bel hommage.

*Pense toutefois que l'icone rp n'a pas sa place ici.*

Par Ranah D'Hµr le 11/11/2002 à 22:20:09 (#2539102)

Bah c'est rp...
T'imagine que c'est les divagations d'un fou provenant de l'asile et ça devient rp...
Un peu d'imagination que diable!

Très joli texte Gengis *a beaucoup aimé*
Mon grand-pêre aussi a fait la guerre mais j'ai jamais su lui demander comment c'était moi :(
:lit: :amour: :amour: :amour: :merci:

Par Vermine Ark le 11/11/2002 à 22:45:34 (#2539359)

Très beau texte à part que.......Pourquoi tout le monde me cite dans les textes :p *vois partout : cours après la vermine :p*

Par Gengis Khan le 12/11/2002 à 10:24:20 (#2542182)

Provient du message de Drazhar Ul'Gar
Le style et les sentiments propres aux lettres des poilus lors de la Grande Guerre sont tres bien rendus.

Pas assez a mon avis j'ai peur qu'on ne voit pas assez l'horreur que ca devait être a moisir dans une tranchée.:(

Par Syris Choup' le 12/11/2002 à 11:29:31 (#2542649)

Mais qui pourrait se vanter de bien le faire GG, hormis peut-être quelqu'un ayant vécu tout ça, et encore...
Mais le geste compte, et comme le dit Drazhar l'hommage est bien rendu.

A noter que l'icone rp me parait superflu aussi ;) *Aurait mis le http://forums.jeuxonline.info/images/icons/icon1.gif*

Par Ranah D'Hµr le 12/11/2002 à 13:25:57 (#2543776)

Provient du message de Syris Choup'
A noter que l'icone rp me parait superflu aussi ;) *Aurait mis le http://forums.jeuxonline.info/images/icons/icon1.gif*

Tu veux aussi devenir modo toi on dirait :p