A 'Elle'.

Par Kyriane Feals le 2/11/2002 à 19:25:41 (#2464015)

Sa plume s'effaça parmi la beauté des mots qu'elle écrivait.

Dans une semi-obscurité, les rideaux ne laissant filtrer qu'un mince rai lumineux qui venait frapper la feuille noircie par l'encre répandu, elle laissait aller son imagination à tous les débordements, agissant comme une sauvageonne reclue, perdue dans ses rêves, hors d'une réalité trop morbide, trop dangereuse, trop triste, trop... réelle.

Le crissement de la pointe de la grande plume multicolore était le seul bruit qui venait rompre un silence presque glaciale, mais qu'elle combattait avec tout le talent dont ses pensées étaient capables. Jamais elle ne s'ennuyait parmi ces monstres assoifés de sang, de pouvoir, de richesse. Elle évoluait parmi eux avec la grâce d'un cygne, cet animal fabuleux qu'elle semblait adorer... Elle? Non, ce n'était pas vraiment elle...

Deux esprits dans un même corps, deux personnalités qui se ressemblaient, mais qui ont nombre de différences. Ce n'était pas elle qui écrivait en ce moment même, mais elle vivait par cette écriture qu'une main experte, guidée par cette douce folie qu'était l'inspiration, faisait naître mot après mot, phrase après phrase.

La plume semblait danser une folle ronde, chorégraphie saccadée, prélude à une oeuvre plus magnifique encore. Le crissement venait d'envahir la pièce close, inondant de sa cinglante répartie toutes les cavités occupées par une tranquilité illusoire. Elle courait parmi les champs en fleurs que la ville possédait, éclaboussant ceux et celles qui la suivaient d'une marée de pétales rouges, jaunes, bleues, chatoyante harmonie d'une soirée en devenir, rougie par cet astre couchant que bien des odes n'ont pu rendre si beau qu'il ne l'était à la vue.

Au fond d'elle elle inventait bien des choses, aiguillonée par cette vie que son homologue créait à partir d'un rien d'idée, d'une pensée volage qui était passée par là, s'insinuant dans sa tête pleine, voire débordante, de ces histoires où les émotions s'entrecroisaient comme ces oiseaux qu'elle observait par la fenêtre du coin de l'oeil. Elle avait maintenant ouvert les rideaux en grand, s'offrant à la lune, cette mystérieuse Dame perchée haut dans le ciel.

Blanches comme la neige au sommet d'une cime inviolée, caméléon parmi les nuages, éprises d'une liberté qu'elles représentaient dignement, les colombes allaient et venaient dans la nuit, et elle les observait, spectatrice avide de cette beauté qu'elle ne pouvait qu'envier. Et sa comparse s'en abreuvait, allongée parmi les fleurs, ses narines dilatées par tant de senteurs, tandis que la réalité, pour un moment si court qu'il en est extatique, donnait à l'imaginaire ses lettres de noblesse.

Unie dans une parfaite osmose, les deux êtres, acteurs d'une vie faite de tout et de rien, où se mêlaient amours, joies, tristesses, que la mélancolie prenait bien souvent sous son aile, restaient parmi les personnes que j'aurais eu le bonheur de rencontrer et de connaître.

Elle, la fleur qui ne demandait qu'à éclore si on lui en laissait le temps et l'occasion et qui sera certainement l'une des plus belles parmi ce bouquet innombrable qui nous était proposé.
Elle, un autre aspect de son existence empirique que nous ne connaissions qu'à peine, qui restera aux yeux de beaucoup, l'une de ses plus belles vies.

Qu'à jamais ces mots perdurent, parmi ce temps assassin qui ne gardait en mémoire que ce qui pouvait lui résister.

[Edit pour corrections diverses]

Par Neva Neomenia le 2/11/2002 à 19:45:16 (#2464164)

C'est magnifique
*Prend certain passages pour elle meme si ca ne lui est pas adressé ;) *

Par Azulynn Tvar le 2/11/2002 à 19:46:06 (#2464170)

Sourire... N'ajoutera rien à ces mots déjà trop beaux pour 'elle'...

L, ou Elle, c'est comme vous voulez.

Par Hôte des Songes le 2/11/2002 à 20:09:22 (#2464346)

:lit: :lit:

*passe commande pour qu'on le couvre aussi de louanges*
Oui bon ok j'exagère:rolleyes:

Par Drazhar Ul'Gar le 2/11/2002 à 20:51:51 (#2464663)

Superbe, mais le merite "Elle"?
Je fais confiance à l'artiste..

Par Eyael Erys le 2/11/2002 à 21:34:25 (#2464956)

Ceci est d'une Grâce Beauté..Vraiment bravo:)

Par Cyran le 2/11/2002 à 23:52:09 (#2465932)

Elle le mérité... hô que oui, elle le mérite...

Par Kyriane Feals le 3/11/2002 à 0:57:52 (#2466278)

Provient du message de Drazhar Ul'Gar
Superbe, mais le merite "Elle"?

Provient du message de Cyran
Elle le mérité... hô que oui, elle le mérite...

La lumière déclinait sur ce paysage sorti de l'imagination d'un artiste.

Une verte colline balayée par le vent sur laquelle était assis un homme. Il avait la quarantaine bien passée et observait avec attention la première étoile qui apparaissait enfin dans les ténèbres grandissantes. Qu'était-elle? Sa muse. Celle pour laquelle il se battait partout où il allait, chevalier éternel à l'obscur passé.

Son immense épée reposait à ses côtés. Bien trop longue et imposante, même pour un homme de sa stature, elle était insérée dans un fourreau translucide et baignait d'un éclat blanc qui repoussait les ombres les plus profondes. Des runes incompréhensibles, gravées à même le fourreau et rehaussées d'une pellicule d'or pur, protégaient son propriétaire du Mal qu'il était à-même de rencontrer.

Son regard était acéré, d'un gris d'acier que même les monstres les plus féroces redoutaient. Croiser ses yeux revenait à regarder sa propre Mort en face, celle-là même qu'on rencontrait alors qu'on savait que tout était fini, qu'un retour en arrière était impossible. La force intérieure qu'il recelait était sans âge, sans comparaison aucune. Il représentait la force brute, dans toute sa primeur. Mais il n'en était pas moins serein en cet instant de grâce.

Des combats, il en avait connu d'innombrables, et tous l'avaient aguerri au fil des cadavres putrides qu'il abattait au nom de son Etoile. Pourtant, Elle n'en avait aucun; il se contentait de la regarder et d'assouvir Ses paroles. Non, il n'était pas fou, il ne se considérait que comme un messager, chargé de délivrer ce qu'Elle lui dictait et daccomplir Ses desseins: traquer le Mal sous toutes ses formes était sa mission.

On lui avait offert bien des trésors, des richesses à ne plus savoir qu'en faire, des femmes toujours plus belles, des fiefs que tout Roi lui envirait... mais il les avait tous refusé. A quoi bon être chevalier si l'avidité motivait ses actions? A rien... Il se contentait d'apparaître lorsque la situation semblait perdue et disparaissait presqu'aussitôt sa mission accomplie, ne laissant dans son passage que la vague souvenir d'un homme aux cheveux d'argent armé d'une lame où se mêlaient la lumière la plus pure et les ténèbres les plus insondables. Sa cicatrice qui ornait sa joue était à l'origine de son combat mais peu sont les personnes assez perspicaces pour la noter.

Hier, un village fut sauvé par cet homme. Chaque orc ayant eu l'idée saugrenue de piller ces chaumières branlantes a trouvé la mort dans d'infinies souffrances. Pas de pitié, pas d'amour, pas de tristesse, pas de remords, les sentiments l'avaient fui depuis si longtemps qu'il ne conservait d'eux qu'une image flêtrie et corrodée. La reconnaissance, il la connaissait mieux que quiconque, mais il s'empêchait de tomber dans ses filets... l'accepter une fois l'entraînerait dans un engrenage sans limite.

Et pourtant, sa légende traversait les siècles...

Grand est le mérite pour celui ou celle qui le dénigre.

[Edit pour corrections diverses - Décidemment ;)]

Par Kob Hyde le 3/11/2002 à 3:04:59 (#2466740)

Bravo!! :amour: :lit: