Ces Jeux Interdits...

Par Fenrill le 29/10/2002 à 19:48:17 (#2434896)

OOOOO Depuis mon enfance, depuis les longues leçons inculquées de force par mon père, je m’y suis habitué. A ce jeu, ces jeux, si habilement croisés et décroisés sur le lit du profit, prendre profit de mes divers talents afin d’obtenir ce que je souhaite. Et ce dieu, ce dieu que l’on me présenta comme la seule voie possible et digne des mortels, ce dieu de souffrance et de chaos qui guida mes pas dans d’infinis psaumes qui n’avaient de prime abord d’utilité pour moi que celle de m’éviter la morsure du fouet.

OOOOOCes femmes, ma grande faculté était finalement de ne pas totalement mentir, par manque ou par réflexe à une contrainte paternelle j’offrais une douceur et une tendresse séductrice, des mots doux et des gestes instinctifs.

OOOOOAinsi, lorsque nous arrivâmes (enfin seulement moi, survivant) sur Goldmoon, ce royaume si différent de mon pays natal, j’ai tout de suite compris que j’y vivrai les pires et les meilleurs moments de ma vie.

OOOOOMais les réminiscences de mon éducation revinrent à moi plus vite que prévu alors que je me pensais exempt du carcan du passé. Sous la forme d’un ange sombre qui m’attira dans ses machinations, je m’exaltais sans le savoir, soumis aux rouages que mon père avait implantés en moi…

OOOOOPas après pas, mot après mot, j’avais une sincère amitié, un tendre amour pour ces femmes qui peu à peu m’empêchait de totalement subir les ordres, et pourtant, cruel tout finissait par mal tourner, tout finissait par retomber au profit de ce sombre regard ou pire encore, totalement contre moi… Et les colonnes de marbre soutenant alors mon mince espoir de fuite étaient alors balayées. Tout s’écroulait…

OOOOOC’est ce qui arriva avec elle, elle qui hier, vrillant mon cœur tiraillé par son mépris (elle ne peut ni comprendre, ni savoir) me replongea dans une tornade de violence et de folie, c’était plus que je pouvais en supporter. Je ne le voulais pas… J'avais encore une sincère douceur, une profonde amitié pour elle... Elle était différente...Et pourtant...

OOOOOComment pourrais je maintenant lutter ? Père pourquoi m’avait tu fais cela ? Sur Angélus… Une femme pouvait encore m’aider, mais mon père m’éloigna de la charmante Haute Magicienne qui avait volé mon cœur. Longtemps, j’ai ressassais encore et encore la lourdeur de cette perte, puisse t elle vivre heureuse à présent.

OOOOOSur Goldmoon, le visage de l’amour pris une autre forme, ces yeux si profonds et sombres, ces ailes, ce tempérament, tout son être était parait à mes yeux, j’étais enfin loin du jeu habituel, loin des séductions vaines pour ce dieu destructeur… Je l’aimais, pour elle j’aurais pu atteindre cette île et ce lieu qu’elle m’avait indiqué, cet Oracle, il aurait pu libérer l’étau implacable de mon enfance par ce que l’on nommait renaissance… J’aurais pu… Elle m’aurait aidé. Avec elle, jamais je n’avais osé rejouer aux jeux prescrits par mon passé, aucune personne n’eut de regards doux alors que je pensais à elle. Avec elle je n’étais pas double…

OOOOOMais elle est morte ! Elle est MORTE !! Pourquoi ELLE ? Pas une autre… Mes larmes ont coulées devant tous avec plus ou moins de discrétions, j’ai erré longtemps à savoir si sans elle j’aurais le courage et l’envie de passer ces étapes et la réponse qui me vint fut NON, je n’en avais plus l’envie, je doutais même de celle de vivre… A ce moment là, la réponse n’a pas changé…

OOOOOElle est morte et je l’aimais… Puisse ces jeux interdits qui me maintienne artificiellement dans la délectation ne pas me maudire… De toute facon, elevé et marqué sous son égide, je ne pouvais pas espérer une redemption.

Par Aina HarLeaQuin le 29/10/2002 à 20:15:05 (#2435108)

Mourir après tant de luttes acharnées pour sa liberté. Une liberté qui se conjugait avec cette solitude qu'elle exécrait. Tout abandonner. Jamais elle n'avait vraiment eu sa chance. Toujours voir les bonnes personnes aux mauvais moments.

Ce barde... Elle l'aimait même si une partie d'elle s'en défendait. Oui tout simplement. Elle avait fini par le croire, par espérer qu'il ne lui mentait pas. Peu importait ses actes passés, ses cachotteries, chacun a une zone d'ombre en soit et elle avait accepté la sienne. Elle lui avait tendu la main, lui avait offert son corps et son coeur aussi finalement.
En mourant elle espérait qu'il aurait la force de continuer à suivre cette voie qu'elle lui avait montré, sans elle. Le Corbeau l'avait rejoint pour que ce souvenir reste un peu en lui.

Mais maintenant, en le sachant replongé dans les affres passés, son âme ne trouvait pas le repos même auprès de ses enfants. Cette spirale de mensonges, de sentiments sirupeux et peut être faux...
Parfois elle venait errer dans cette cave chérie, une tristesse infinie régnant sur son être spectral. Une douleur sourde même après la vie. Si une âme avait pu pleurer ou saigner alors elle serait de celles là...
Décidément elle avait échoué en tout. Même dans la mort.

Par Destiny-Angel le 29/10/2002 à 20:15:13 (#2435111)

Mais qui donc est morte? 3615 QUIDONC!
lol
Nan sérieux toujours bien écrit!Alors là 3 textes en 2 jours!
:amour: :amour:

Par Aina HarLeaQuin le 29/10/2002 à 20:20:53 (#2435148)

Si mes souvenirs sont bons Destiny, c'est Aina... :doute: :rolleyes:

Par Fenrill le 29/10/2002 à 22:57:45 (#2436278)

hop

Par Destiny-Angel le 29/10/2002 à 23:32:49 (#2436549)

désolée, j'avais pas vu ton texte avant de poster mon message! Sinon c'est très beau!!! :amour:

Par Dr Iann-Nyo Lewis le 29/10/2002 à 23:42:14 (#2436608)

La spirale de la mort et de l'amour et comme le sang et l'Iris.
L'on aprend a être fort quand on releve la tete et marche de l'avant...
Et continuant la route de temps en temps on regarde en arriere, le sourire eternel de celle ou celui qu'on à aimer.

Par Alanis Lyn le 30/10/2002 à 2:12:00 (#2437256)

"Le sourire eternel de celle ou celui qu'on a aimé", dites vous ? Et ne regardez-vous pas aussi ses larmes, sa douleur ?
Je ne vois pas quel reconfort on peut trouver en un amour defunt.
Mais une fois de plus, peut-etre parlez vous de ces illusions, ces images doucereuses qu'on se tisse en se voilant la face, douces drogues affublés du nom d'Amour.

Très peu pour moi.

Par Fond-eaux Dhege le 30/10/2002 à 8:47:47 (#2437813)

Hop aussi :)

Par Syndrael le 1/11/2002 à 13:34:52 (#2455432)

Elle avait guidé une amie vers un choix, un choix douloureux pour qui le subirait, mais jouissif pour le bourreau, lassé d'avoir été trop longtemps crédule et naïve victime.
L'éclat d'une pierre n'engendre que furstration et douleur ephémère.
L'éclatement d'un coeur peut briser une vie.. Le voilà justement châtié, ce doux poète, puisse-t-il comprendre l'ampleur de sa cruauté et de sa méprise.

Syndrael.

Par Aina HarLeaQuin le 1/11/2002 à 15:07:53 (#2456045)

Lentement elle s'allonge sur le lit soyeux, faisant fi de la poussière et des toiles le recouvrant. En dépit de sa transparence, une empreinte se dessine, celle de son corps. Un léger givre recouvre cette marque, remplaçant la chaleur d'un vivant.
Elle contemple la pièce de ses yeux sans fond desquels émane une douceureuse tristesse. Son visage a atteint la perfection. Elle n'est plus qu'un spectre, une projection de ce qu'elle était. Elle ne se mêle plus de la vie des mortels, peu intéressée par leurs multiples batailles dans le vide.
Quitter l'espace astral pour venir ici lui coûte énormément d'énergie mais elle veut laisser un message. Simple mais clair. Se relevant du lit, elle se dirige vers l'établi, prenant un parchemin et arrachant une de ses plumes translucides. Elle commence à écrire, l'effort se lisant sur elle.

Mon Barde, même si ta route est sinueuse ou semée d'embûches, même si tu les as provoqué, n'oublie pas que je saurai t'accueillir le moment venu. N'oublie pas que même où je suis, je tiens à toi. N'oublie pas de vivre sans te mentir... Avec toute ma tendresse.

Les dernières lettres inscrites, elle disparait, vaincue par l'effort. Seuls restent une plume et un vélin. La cave garde pourtant la froideur de cette présence marquée sur le berceau de leur amour. Peut être le destinataire osera un jour y revenir. Peut être pas...

Retour à la Cave...

Par Fenrill le 5/11/2002 à 22:08:30 (#2490659)

OOOOO Lorsque le barde se décida de nouveau à remettre les pieds dans la somptueuse cave, il soupira à fendre l’âme… Tant de souvenirs, de doux souvenirs dans ce lieu d’étreintes… Rien n’avait changé si ce n’est son absence à elle… Si difficile à accepter… Si difficile à concevoir que la personne pour laquelle il nourrissait un amour si passionné et pur n’était plus maintenant…

OOOOO Quelques pas, le lit drapé de soieries est en vue, creuset de baisers et de caresses, fourreau de sucrés délices enrobés de luxe.

OOOOO La roche et les cristaux qui projètent une lueur tamisée qui finit d’augmenter la mélancolie du jeune homme aux yeux argentés… L’odeur capiteuse du jasmin, pétales posés sur le sol avec une négligence frivole rempli l’air en flattant l’odorat.

OOOOO Et ce givre maintenant remarqué… Eternel et probablement magique, cette forme qu’il reconnaît dans une semi démence et un brusque hoquet… Des pleurs entrecoupés d’une joie pince cœur… Il prononce des mots incompréhensibles…

OOOOO Des pas moins assurés… Son regard se pose sur l’endroit ou les vélins sont entreposés avec des lueurs multicolores…

OOOOO Un parchemin, une volute de froid y plane encore… Et les mots qu’il lit maintenant ne ruissellent même pas sous la larme qui les touche… L’émoi l’envahit et une vile crainte qui l’entraînait jusqu’alors vers une agonie lente et prédestinée depuis la naissance le quitte furtivement en un renouveau chaotique… Malgré les embûches le jeu n’était pas fini…

OOOOO La reine avait joué… Gambit et clouage… Les coups s’avéraient fructueux.

Par Iwakura Shin OS le 5/11/2002 à 22:33:14 (#2490889)

:lit:

Par Drazhar Ul'Gar le 5/11/2002 à 22:42:50 (#2490972)

N'est ce pas plutot un sacrifice de reine, coup rare et magnifique, sur le point de provoquer la perte du roi adverse?

Les textes sont superbes.

Par Fenrill le 5/11/2002 à 22:59:15 (#2491110)

Je confirme que le Gambit de la Reine signifie le sacrifice de celle ci afin d'obtenir une position favorable voir largement favorable (suceptible d'une position gagnante) aux échecs.

Le clouage represente le blocage d'une pièce par une menace d'échec sur le Roi (si la dites pièces devait tenter de se mouvoir ;) ).

Petit éclairssement qui sera peut être utile nan ?

Par Destiny-Angel le 5/11/2002 à 23:05:35 (#2491150)

:amour: *admire toujours le talent de Fenrill* :amour:
Rôlàlà!!!!!!!!!!!!!:amour: :amour: :amour:
*sinon aime pas les échecs*:hardos:

Par Drazhar Ul'Gar le 5/11/2002 à 23:07:59 (#2491168)

Plutot utile en effet, au regard de mes maigres connaissances échiquéennes.Remarque, ma question ne trahit pas seulement mon ignorance, mais également le fait que malgré elle, ton talent,couplé à celui d'Aina, m'a tout de meme permis de comprendre la situation.
J'espere qu'il y aura une suite à ces textes, afin de me donner l'occasion d'appliquer ces nouvelles connaissances.;)

Par Aina HarLeaQuin le 6/11/2002 à 0:13:48 (#2491653)

*passe en sifflotant, a aussi demandé une explication, contente finalement que la dame ne soit plus là car elle a servi à qqe chose pour une fois* :D

Par Alanis Lyn le 6/11/2002 à 4:17:13 (#2492444)

*ne comprend rien aux echecs mais lit tout de meme ces textes avec plaisir* :)

Par Fenrill le 6/11/2002 à 14:29:37 (#2495536)

Et hop ... oh un post... :p

Par Fenrill le 6/11/2002 à 19:12:39 (#2498511)

Hop encore :/ Ce post il est po mort...

Par Aina HarLeaQuin le 6/11/2002 à 19:27:29 (#2498674)

La peine partait d'elle à mesure qu'elle se faisait à son nouvel état. La mort était accueuillante après tout dans son étreinte implacable. La chaleur charnelle lui semblait si loin, le manque la quittait progressivement.
Chaque "jour" elle ouvrait plus clairement les yeux sur ceux qu'elle avait quitté et surtout sur son Barde. Elle se rendait compte à quel point il jouait avec le feu. On ne pouvait tout réellement mettre sur le dos de son éducation mais il avait besoin de se brûler les ailes pour avancer, pour exister. Il se détruisait en même temps que celles qu'il approchait.
Elle lui tendrait les bras le moment venu, par faiblesse pour lui comme tant de femmes. Mais jamais elle ne l'aiderait à se sortir de cette bourbe dans laquelle il s'enfonce chaque jour avec complaisance. L'amour n'excuse pas tout.