[long et un peu chiant forcément] Jouer c'est rester jeune ?

Par Khronos le 26/10/2002 à 13:08:50 (#2411670)

La grande majorité des Jolliens sont réunis par une famille de loisir (jeux vidéos et spécialement mmorpg, et sans doute pas mal de rolistes aussi dans le coin) qui nous ont tous valu au moins une fois dans notre entourage le sobriquet de "grand gamin". (entourage = famille, amis, collègues, patrick de carolis, Jean luc alarue)

Dans le tas il y a les jeunes, les moins jeunes et les carréments vieux. Les jeunes ont une excuse aux yeux de la société, les vieux moins. Et dans les vieux (20-50 ans environ, je doute qu'il y ai bcp de post-quinquagénaires sur JOL) qui travaillent il en a qui ont des postes qui necessitent de soigner son image, par ex:
- des trentenaires aux cheveux blonds et à la peau rose qui doivent afficher un sourire colgate a leur client en toute circonstance ou proposer une nouvelle gamme de grenade antipersonnel à l'armée avec le ton suave et l'air mielleux (entre parenthèse avez vous remarqué que TOUS les commerciaux s'appellent Eric ? essayez ça marche.)
- des cadres dirigeants qui doivent montrer de l'autorité face à leurs équipes et assister à des réunions "haïlle lèveule" avec les caciques bedonnants de leur direction. Ils doivent être capable de prononcer le mot "restructuration départementale" sans pouffer.
- des jeunes loups ambitieux consultants/auditants/réorganisants/pipotants qui à peine sortis de polytechnique roulent en alpha roméo payée par Ernst & Young, parlent de call de warrants et de put (ou de get et de set ou de .Net que sais je) en fronçant les sourcils, et affichent une mine contrie de circonstance qd on leur annonce les mauvais résultats de l'année et la suppression des téléphones portables pour les moins de 25 ans.
- et d'autres, moins caricaturaux, dont vous faites peut être partie, et à qui je soumets ce sujet (dont le point de vue a éventuellement débattre est en gras qques lignes plus bas pour les faignasses)

En psy c'est ce qu'on appelle les "rôles". Typiquement un cadre de 30-35 ans à 3 rôles : le rôle du père, le rôle du mari, le rôle du cadre. Un père peut se faire ridiculiser par sa fille avec le sourire mais se devra de réagir différement si sa secrétaire lui balance le contenu de son yahourt sur le costard. En fonctionnement normal et admis par la société ces rôles sont cloisonnés. Un des fonctionnements admis par la société comme pathologique est qd les rôles se chevauchent et se telescopent. Caresser son patron ou parler à sa femme comme à sa secretaire et à sa secrétaire comme à sa petite fille sont des comportements déviants (quoique je suppose que ça dépend de la relation qu'on a avec sa secrétaire...)

Mais en pratique une seule personne exerce différents rôles au cours de la journée, et notre "moi" et nos rôles s'influencent mutuellement.

*Le pied appuyé sur le dos de son fidèle compagnon qui pantelait sous la charge, le poing serré et le regard perdu à l'horizon, Khronos repris son souffle un instant*

J'affirme, que le jeu de rôle, et dans une moindre mesure le jeu vidéo, est révelateur ou catalyseur d'un esprit imaginatif, plein de fantaisie, qui favorise la prise de recul et offre un meilleur controle de nos rôles, et donc de notre vie.
(rien que ça oui. remarquez je prend pas bcp de risque à brosser les jolliens dans le sens du poil...)

Celui qui a dit "imaginez votre patron nu qd il vous tance vertement" devait être roliste. Je ne sais pas vous, mais moi, au plus critique d'un dialogue avec un directeur financier aux tempes grisonnantes et au nez de buse, j'ai tendance à avoir des flash où je suis Khronos, troll shaman qui tombe du 7eme étage d'un fort ennemi et meurt comme une bouse en bas sous les quolibets de ma guilde, ou encore des moments ou l'on se demande comment on va torturer ce gracile ménilbonéen empafé que l'on doit interroger. Et patatra, la suite est logique, je suis obligé de me tripoter le menton d'un geste paterne en acquiescant d'un air grave tout en tendant mes zygomatiques à fond pour les empêcher de bouger (ces accès de fou rire m'ont parfois posé des piti pbs comme qui dirait)

L'imagination : nul ne niera, surtout ici, que l'imagination est une composante essentielle du jeu, et particulièrement du roleplay. De rôles en rôles on apprend à incarner des personnages de plus en plus particulier (de l'ange gébé d'INS au grabataire chinois schizo et depressif de Cthulhu on s'affine et se raffine). Que dire alors des DM qui élaborent leurs campagnes, des plans de secours, des visions globales, et coordonnent le tout aussi talentueusement que Shiva ferait la vaisselle. On dit qu'un adulte c'est un enfant périmé, je trouve personnellement que l'imagination c'est ce qui manque le plus à mon banquier.

La fantaisie: Va de pair avec l'imagination. Trouver des solutions innovantes, fun. Terminer une circulaire par un mot d'esprit (capacité que se doit d'ailleurs d'acquérir tout bon communicant qui veut réveiller son auditoire), ricaner en imaginant son patron en chef de tribu avec un os dans le nez. En mathématique dans une nappe de solutions possible il y a des points d'accumulation, des sortes de "trous noirs" desquels on ne peut sortir (on dit communément "avoir la tête dans le guidon"). La fantaisie c'est le sursaut qui nous fait sortir de ces singularités.

La prise de recul: Le jeu en ligne necessite 2 yeux, 2 mains, et selon les serveurs, un pourcentage plus ou moins élevé de matière grise. Ce qui explique qu'on puisse cotoyer des personnes de 7 à 77 ans. ça m'a toujours fait marrer d'imaginer Jean Pierre Déthunes (45 ans, DAF à la world company) se faire insulter par Théo LukaMatthieu (11 ans, champion de diablo 2 aux dernières olympiades cannoises) parce qu'il l'avait XP killé. Ce melting pot a des inconvénients, mais un de ses énormes avantages est qu'il nous permet de faire abstraction de notre âge et de notre boulot, valeurs qui n'ont plus cours dans un mmorpg. Les effets ? on en oublie son balai dans le cul qd il s'agit d'être polissé en représentation client, et on est moins affecté par les brames du chef de service qui pique sa crise en se prenant pour dieu parce qu'il a 10 personnes sous ses ordres. Il y a en qque sorte unification de notre comportement dans les 2 sens, ce qui prévient à mon sens mieux un clash de rôle (au bureau on est symboliquement "l'enfant" de son patron et à la maison on est "le parent" de ses enfants).

On approche de la conclusion, aussi je cesse de m'étendre, bien que j'aurai pu continuer dans d'autres domaines impactés, le sexe (je sais que certains en sont friands dans le coin, ou du moins ils en parlent bcp), l'idéalisme, la négociation, la confiance en soi, l'insertion en société...de plus, qui aime passionnément le jeu à peu de chance de se tuer au travail :)
Je ne dis pas que ces qualités sont l'apanage des rolistes ou la catégorie de jeu que nous pratiquons doit ressortir systématiquement dans notre comportement professionnel, il faut parfois effectivement un peu de sérieux. Simplement il permet au minimum de nous faire prendre conscience qd on joue un rôle dans l'entreprise que cet avatar en costard qui remplit des papelards avec un air vicelard n'est que l'incarnation des barrières que nous érigeons pour se maintenir là où l'on nous a placé. Et qu'un peu de chaleur, d'imagination, de fantaisie, et de prise de recul, font souvent toute la différence (au point que le jeu de rôle est détourné par les entreprises dans un certain nombre de séminaires d'intégration de décoincage de cul).

Une question que je pourrais poser aux personnes qui se sentent concernés serait par ex: Pensez vous que le jeu a une influence dans votre vie professionnelle & sentimentale ? ce petit + fantaisiste ne vous a t'il pas particularisé à certains moments ?
A ceux qui n'ont pas encore été érodés par un monde qui se prend trop au sérieux (mode lyrique on, permettez j'approche de la fin), apprenez à valoriser ces penchants que l'on vous envie sans le dire.

Allons messieurs, vous reprendrez bien un petit jeu ?

Khronos.

Re: [long et un peu chiant forcément] Jouer c'est rester jeune ?

Par Kelem Khâl La'Ri le 26/10/2002 à 13:36:50 (#2411841)

Provient du message de Khronos
Celui qui a dit "imaginez votre patron nu qd il vous tance vertement" devait être roliste.

Amusant, les ateliers de théatre enseignent le meme comportement face au trac : imaginez le public en tenue legere.

Provient du message de Khronos
En mathématique dans une nappe de solutions possible il y a des points d'accumulation, des sortes de "trous noirs" desquels on ne peut sortir (on dit communément "avoir la tête dans le guidon").

Oh :p. Attracteurs etranges en theorie du Chaos ??? :p :monstre:.

Provient du message de Khronos
Pensez vous que le jeu a une influence dans votre vie professionnelle & sentimentale ? ce petit + fantaisiste ne vous a t'il pas particularisé à certains moments ?

Probablement la possibilité de relativiser certains evenements et de ne pas tout prendre pour argent comptant ;).

Par Khronos le 26/10/2002 à 19:01:23 (#2413364)

*Son soliloque fini, Khronos entendit les derniers échos de sa voix tonitruante lui revenir comme autant de moqueries d'un auditoire fantomatique. soupir...*

Qd je pense qu'en ce moment il y a des kilomètres de réponses sur des thread qui visent à augmenter son compteur de bière via un site web...
C'est décidé, mon prochain thread s'intitulera "ici du sexe gratuit" :D

Khro, upper des Moniaques

Par Saraël Ertuarte le 26/10/2002 à 19:15:00 (#2413439)

J'adore ta façon de t'exprimer Khronos ;)

Je suis entièrement d'accord avec tout ce que tu as dit, et le jdr m'a permit de mieux m'exprimer, d'être plus ouvert et tout ce qui touche l'ouverture au monde... maintenant je pense qu'un rôliste assidu a déjà beaucoup de potientiel "imagination" sinon il n'aurait jamais accorché, cependant le jdr sert de matière à creer.

Et c'est sûr que dès que ca devient plus long qu'une boîte de dialogue à la T4C, les sujets sont boudés ;)

Par Ashariel le 26/10/2002 à 19:15:41 (#2413441)

J'aurais jamais cru répondre à ça mais.. oui en effet, le jeu de role à un effet.. du moins positif sur ma vie professionelle et sentimentale.