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La fillette.

Par Khae-Lynn le 16/10/2002 à 23:17:51 (#2349114)

Son arrivée, si impromptue en un tel lieu et à une telle époque, fait remonter à la surface des souvenirs que j'ai tenté, vainement je l'avoue, d'enfouir en mon sein le plus profond, comme si je souhaite échapper à un passé trop lourd pour mes épaules menues. Et cela est relativement vrai... j'ai perdu une grande partie de mon humanité voilà cinq long siècles mais elle rôde en moi, telle l'araignée à l'affut de sa proie, attendant avec une patience infinie, qu'un insecte vienne se prendre dans sa toile élaborée avec soin.

En l'occurence, les insectes sont ces infimes et traîtresses pensées qui s'insinuent le long de ma colonne vertébrale, jusque dans las parties les plus reculées de mon cerveau et me décrive avec un plaisir non dissimulé quel monstre je suis alors devenu. Je l'ai accepté, certes, mais cela ne veut aucunement dire que le combat ne fait pas rage en moi. Bien au contraire, chaque jour qui passe, je lutte pour ne pas songer à tous ces actes que je commet sans aucune autre raison que le plaisir insouciant que j'éprouve à ce moment là.

A cette idée, je me pourlèche déjà les canines, mais l'observer me remet dans une réalité que j'avais espéré différente de ce qu'elle est devenue... trop ténébreuse pour n'être qu'une parodie de ma non-vie, trop significative pour ne pas m'interpeller et bouleverser tous les plans que je me suis échiné à dessiner dans un recoin de ma tête, en bref, trop compliquée. Mais l'existence n'est-elle point parsemée de ces petits riens qui la rendent si palpitantes... en l'occurence, je n'existe plus, certes, enfin pas pour vous qui respirez cet air devenu vicié que mes poumons inactifs ont cessé de réclamer, mais les êtres tels que moi sont toujours présents malgré tout... et je marche à vos côtés comme tous être vivant le ferait.

Je la regarde, impassible, ne trahissant en aucune raison le combat intérieur inévitable que vient de créer le choc de la surprise. La première interrogation passe bien vite, suggérant l'apparition d'une seconde vague de questions qui reste malgré moi ancrée en mon for intérieur, s'aggripant à toutes les parois pour revenir me hanter, fantômes du passé dont je me serais bien privée. Pourquoi faut-il qu'ils nous rattrapent tous et reviennent nous assaillir alors que nous ne souhaitions qu'une chose, qu'ils disparaissent dans un gouffre sans fond pour ne plus réapparaître devant nous, hautains, et si fiers de leurs oeuvres dénués de toute équité que c'en est presque irritant.

Je suis bien sûr un peu mesquine en me fourvoyant de la sorte. Suis-je équitable en poursuivant ces hommes et ces femmes que je sais si insignifiant qu'ils ne puissent rien contre mes grands, à l'échelle humaine, mais si modestes si l'on en vient à ceux de ma 'maudite engeance', comme vous vous plaisez à nommer à nous nommer, pouvoirs. Je ne le crois pas. Mais trouverai-je chaussure à mon pied parmi vous? Je ne crois en rien, si ce n'est en moi-même, ce n'est donc pas l'aide de l'un de vos si miséricordieuses divinités, fort nombreuses au demeurent, mais d'une pauvre utilité si vous voulez mon avis, qui vous offrira une quelconque protection contre ma personne. Je suis le mal? En êtes-vous certain? Que connaissez-vous du mal? Il faut l'avoir approché d'assez près pour sentir son souffle sulfureux sur un visage perverti par une puissance indicible pour oser émettre ne serait-ce qu'une hypothèse. Cela est réciproquement vrai... le bien vous apparaîtrait-il si lumineux si vous saviez...

Toute à ces images qui se forment dans mon esprit tortueux, je la fixe. Ces cheveux blonds flottant au gré du vent comme ondule un vaste champ de blé prêt à être moissoné, ce visage trop pâle pour être naturel mais qui ne revêt pas d'importance lorsqu'on croise ses yeux d'un bleu si intense qu'ils en sont presque électrique, ce corps recouvert d'une robe de satin blanc nouée à la taille par un ruban bleu qui menace de se délier à chaque instant, ces souliers claquant sur la pierre grise de la place et qui s'approchent dangereusement de moi... tout en elle m'inspire à la fois cet intérêt propre à toute apparition, et suscite une certaine appréhension. Celle qui mêle à la fois la crainte de l'Inconnu, la peur de ce qui aurait dû rester dans les méandres de mon Histoire, et la stupéfaction qui vient inévitablement avec la surprise. Qui est-elle? Une porteuse d'un message plus vieux que vous ne le serez jamais et qui, gravé dans un obscur recoin de mon crâne, titille sans cesse les derniers refuges de mon humanité?

Toujours-est-il que l'appartion s'étiole et me frôle sans jamais me révêler ce que je j'aspirais ardemment à savoir... pourquoi? Un instant je reste hêbétée, debout dos à la fontaine que j'aime tant pour le calme qu'elle inspire à ceux qui observent le clapotis incessant de son eau. Mais je ne dois pas me risquer à chercher trop profondément en moi les réponses. Je ne sais si je reviendrais de ce long voyage...

Suis-je vraiment si maléfique? Après tout, n'est-ce pas comme cela que je me dois d'être à vos yeux...

Par Sombre Lune le 17/10/2002 à 15:49:46 (#2352202)

Splendide ! Encore un texte qui ne merite vraiement pas de sombrer si rapidement.

Par Sombre Lune le 17/10/2002 à 15:50:46 (#2352211)

doublon, desolée :(

Par Syndrael le 17/10/2002 à 16:34:23 (#2352491)

:lit: :)

(Tiens, le dernier up ne l'a pas remonté.. *tente à son tour*)

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