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Le tableau.

Par Kyriane Feals le 7/10/2002 à 22:14:24 (#2294404)

Bonsoir à tous.

Je sais bien que ma présence manque à certain, mais mon boulot me prend en ce moment énormément de temps et j'en suis désolé. J'espère venir en jeu dans la semaine...

En attendant, je vous laisse ce texte que j'ai fais hier.

Bisous à tous.

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Le tableau.

Dans l'air, une odeur d'encens mélée à la sueur des deux personnes allongées sur ce lit défait. Par les rideaux était diffusée une pâle clarté qui éclairait faiblement la chambre. Par terre, vêtements et parties d'armures entremélés gisaient, comme autant d'obstacles probables à un réveil nocturne. Toute la scène avait cet aspect brumeux propre à un début de matinée s'annonçant ensoleillée mais qui, pour le moment, n'en était qu'à ses prémisces et offrait aux rares personnes réveillées un spectacle magnifique. Aucun bruit ne venait troubler le sommeil de ces jeunes gens éprouvés par une nuit d'amour et par les relents d'alcool encore dans leurs veines.

La pièce était sobrement meublée d'une simple armoire choisie pour sa practicité plus que pour sa beauté ornementale, une table de chevet ou reposaient des bijoux et une chandelle de cire blanche à demi consumée, une chaise de bois accompagnant un bureau aux multiples tiroirs, parfois secrets, que des tas de parchemins, dans un fouillis indescriptible, couvraient de tout son long. Sur sa partie supérieure, un encrier en forme de dragon dans lequel semblait être plantée une longue plume blanche et noire trônait en maître sur ses sujets jaunis par le poids des ans. Enfin, près de la porte entrouverte un fauteuil garni de coussins multicolores permettait à l'homme sis en son sein d'observer posément ce tableau parfait qui se trouvait devant ses yeux gris comme l'acier qui s'agitaient en tout sens. Un robe noire aux multiples boutons était son seul vêtement. Chaussé de fine bottes en cuir, il avait croisé les jambes et remuait celle de gauche dans un lancinant va-et-vient.

A ses côtés était posé un étrange chevalet. Posé? Non. Il semblait flotter au-dessus du sol tel un spectre inanimé. Somptueusement sculpté dans un bois sombre, le morceau de bois parissait avoir une âme propre, celle de celui qui l'avait travaillé, et qui voulait s'exprimer dans tout son génie mort trop tôt. Une toile blanche clouée sur un support de bois blanc cachait à la vue de l'homme une partie du chevalet. Elle était encore vierge mais ce n'était qu'un détail pour son esprit visionnaire qui connaissait déjà ce qui allait s'afficher peu à peu, au fur et à mesure où il poserait sa main dessus pour extraire toute la beauté de cette scène qui s'affichait ici-même. Le temps lui-même semblait suspendu dans la pièce, qu'aucun ne souhaiterait altérer cette beauté immuable en bien des points. C'était pour garder dans les mémoires cette parfaite harmonie, que le couple enlacé représentait, que l'homme aux yeux gris s'aprétait à transcrire sur la toile blanche l'essence même de l'image dont il se faisait la représentation en lui-même, instantanée et futile, mais emplie d'une force si prompt.

Il se leva pour faire face à la toile et, se saisissant d'un morceau sombre, il esquissa rapidement les contours d'un dessin qui se voudrait élaboré par la suite mais dont l'homme saisissait les premières visions. L'ébauche se voudrait grandissante, démesurée; il était nécessaire de s'appliquer à ne pas trop détailler ce lit aux couvertures repoussées au loin et ne couvrait qu'une infime partie de la nudité de la femme. Que dire de cet homme aux muscles saillants qui frémissaient à chacune de ses respirations silencieuses? Pour l'instant, il n'était nécessaire pour l'homme aux yeux gris que de se préparer à l'inéluctable moment où il saisirait enfin le pinceau pour retranscrire cet atmosphère unique, libérée de tout étreinte, s'envolant majestueuse, autour de lui, pénétrant ses sens. Il ferma ses yeux et s'en imprégna avant de continuer ses crayonnés qui formaient de vagues silhouettes imprécises sur le fond blanc.

Le regard d'acier de l'homme voletait de la scène au tableau et ses mains s'agitaient en tout sens, se perdant parmi les kaléidoscopiques visions qui affluaient dans son esprit torturé. L'histoire se répétait... il avait été artiste durant sa vie, il le resterait durant sa mort. Jamais il ne se plaindrait de cet état, savourant avec une délectation plus importante qu'elle ne l'aurait du être l'immensité grandissante qui s'offrait encore à son talent, vide qui ne demandait qu'à être comblé. Quelques secondes, il observa le premier jet et s'offusqua dans un brusque geste de rage du manque de passion flagrant qui, visiblement, semblait résider dans ces courtes esquisses. Un néophyte se demanderait, bien à propos, ce qu'il reprochait à ce dessin que lui trouvait génial au possible et élogerait l'artiste d'un sourire garni de dents en le rassurant. Mais l'homme aux yeux gris était seul et s'emportait contre lui-même de ne pouvoir approcher cette perfection qu'il sentait dans toute la pièce. La toile faiblement noircie disparut tout simplement et laissa la place à l'une de ses consoeurs encore vierge de tout ce talent qu'il proposait de lui imprégner.

Et il recommenca avec des gestes précis, calculés, son manège précipité qu'il retenait conscencieusement de toute son âme d'artiste. Le crayonné était plus fin que de coutume et il semblait qu'un esprit le contrôlait totalement, révélant au grand jour toute son éclat et son inspiration. La scène s'estompait peu à peu, au fur et à mesure que l'esquisse avançait, que la mémoire de l'homme aux yeux gris prenait enfin note de tout ce qui l'entourait pour mieux faire partager cet idyllique rencontre entre un maître et sa muse. Car dans ce nouvel univers blanc où ne vivait que la lumière, une femme apparut. Elle contrastait avec l'homme par sa grâce naturelle et la blondeur de ses cheveux. Un voile de lumière semblait la recouvrir, vêtement translucide qui ne cachait rien de sa nudité. Ses yeux était la douceur même. Elle ne battait aucunement de ses cils et fixait son regard sur le visage de l'homme. Lui l'observait avec passion, n'osant troubler ce moment ultime par le son disgracieux de sa voix grave et entrecoupée. Elle marcha vers lui, bien qu'il n'y eu aucun endroit où son pied aurait pu se poser, si ce n'est ces nuages sur lesquels ils se trouvaient maintenant tous deux. Le vent soufflait son angélique murmure par delà cette précieuse créature qu'il voulait entourer de ses maigres bras afin de la protéger éternellement. Une odeur d'herbe coupée remontant de son enfance parvint jusqu'à ses narines et de nombreux souvenirs remontèrent à la surface de son cerveau, se répandant en lui pour s'imprégner dans les moindres cavités de son corps.

L'homme ne put résister plus longtemps et s'agenouilla aux pieds de sa muse qui d'un geste l'empêcha de commettre l'irréparable en s'inclinant face à elle. Elle ne pouvait le lui permettre, son rôle se situant bien ailleurs. Elle inspirait ceux auxquels elle était attachée et ne devait nullement se considérer supérieure à lui, bien au contraire. Le Talent, dans son immense mansuétude, ne l'avait jamais habitée, elle. Elle n'était que sa messagère pour ceux qui avait profité de ses bienfaits et qui en faisait profiter bien d'autres par ce qu'ils produisaient. Rien que par le fait qu'elle avait la chance de contempler un des futurs tableaux de l'homme qu'elle avait en face d'elle, elle ne pouvait décemment prétendre à ce que l'homme lui baise les pieds. Alors elle lui posa la main sur le menton, le forçant à se relever pour la regarder dans les yeux et elle l'aperçut: la flamme qu'elle lui avait inspiré brillait maintenant, forgeant ce froid acier. Un sourire illumina son visage de rose et elle se détourna de l'artiste, au plus grand dam de ce dernier, prêt à tout pour pouvoir, ne serait-ce q'un instant, encore profiter de sa muse. Mais elle avait bien d'autres gens, vivants ou morts, de par le monde, à rencontrer. Ils étaient tous artistes à leur manière et le Talent avait bien besoin d'elle et de toutes celles qui étaient comme elle pour porter son message d'espoir, parfois d'amertume, lorsqu'Il savit la flamme éteinte à jamais. Cela arrivait et la muse n'aimait guère être la porteuse d'une telle annonce. Mais elle aimait le Talent par-dessus tout et se devait d'effectuer ses moindres désirs le temps qu'elle passerait à ses côtés.

Disparue dans les limbes obscures, la scène réapparut devant le regard perdu de l'artiste, encore embrumés par les derniers vestiges qu'avait laissé son étrange bienfaitrice. Il reprit conscience et la flamme dans ses yeux brillait toujours d'une intensité qu'on pouvait presque distinguer. Toujours figés dans une immobilité étrange, les deux corps nus allongés dans le lit se laissèrent à nouveau observer par l'homme aux yeux non plus gris mais brilant d'une lueur doré qui seffacerait lorsque son travail serait fini. Le tableau prit forme sous ses doigts agiles, passant du crayonné à l'estompage, puis lorsque l'homme fut ainsi satisfait des premiers résultats de sa toile, l'apposition de la peinture, savamment mélangée pour obtenir des teintes incomparables et des couleurs si proches mais pourtant si différentes, pouvait commencer. Le travail dura des jours, mais personne ne le sut vraiment.

Au matin, le jeune couple se leva, encore fatigué par cette nuit si intense en émotion et tous deux posèrent le regard sur ce qui se trouvait contre le fauteuil. Longtemps, ils se demandèrent qui avait pu les peindre ainsi mais le tableau était aujourd'hui accroché au-dessus du lit et l'homme, tout autant que la femme, ne se lassait pas d'en contempler la magie qui paraissait émaner de cet objet sujet de leur plus grande interrogation...

L'homme aux yeux redevenus gris avait fini par quitter définitivement ce monde, parti au loin pour une destination inconnue par tout mortel qui se respecte. Il en avait fini avec toute ces turpitudes et laissait derrière lui ces traces qui le feraient un jour renaître, sans doute...

Par Kyriane Feals le 8/10/2002 à 0:22:10 (#2295279)

La nuit durant, l'elfe s'attela à la tâche, charchant désespérement à faire revenir ce parchemin afin que tous puisse le voir. Une dernière fois, il le jura...

Par Aina HarLeaQuin le 8/10/2002 à 0:40:51 (#2295364)

Heureuse que l'absence du joueur ne les prive pas de ces écrits toujours aussi agréables et tellement prenants. :merci: :amour:

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