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origine du paladin

Par evernever le 29/9/2002 à 18:30:24 (#2255418)

salut

Voila, je me pose une question (certes peu essentielle) mais je cherche les origines du paladin très connu en JDR pour être bon loyal, je me demande s’il a des origines historiques ou celui ci est juste tiré de compte ???

Et aussi si un paladin a toutes origines religieuses (les paladins était-il juste chrétien ???) ???

Voila si vous avez des réponses voir au mieux un site je vous serais infiniment reconnaissant.

:merci:

Par Dreadskulo -BEUARP- le 29/9/2002 à 18:57:42 (#2255568)

La paladin a pour inspiration le juste chevalier des contes telle que la chanson de Roland ou la legende du roi Arthur donc en se basant sur le caractere des personnages de ces contes et la definition de Loyal bon tel qu elle est apparue avec Donj il va de soit que le paladin EST loyal bon a la base

Quand a ce qui est de leur religion etant donne l affiliation des chevaliers il va de soit qu ils etaient chretiens

Enfin bon ceci s applique juste pour l inspiration ......les paladins en tant que tel ne font partie que du folklore imaginaire propre au Jdr et ils rendent hommage a des dieux du pantheon du monde auquels ils appartiennent

Il n y a pas de paladin historique en somme

Attention, c'est loooong.

Par Caepolla -BEUARP- le 29/9/2002 à 21:40:51 (#2256302)

Avant de vous demander ce qu'est un paladin, savez-vous ce que désigne ce mot en général dans la langue française ? L'histoire du mot est extrèmement instructive.

L'origine du mot remonte à la fondation de Rome. Selon la légende, deux enfants (Romus et Romulus) sont abandonnés sur les eaux du Tibre, et arrivent au pied d'une colline où une louve va les nourrir : le mont Palatin. Devenus adolescents, ils décident d'y fonder une ville. Romulus traça un sillon dans le sol autour de cette colline et fonda ainsi Rome.
Le rapport avec les paladins ? J'y arrive. Rome se développe et, cette colline d'où tout est parti devient le foyer administratif. Notamment, c'est là que se trouve la résidence de l'empereur. Par glissement, le nom latin de la colline (le Mont Palatin, se dit en latin Palatium) va servir à désigner le bâtiment où habite l'empereur : sa maison sera appellée "palatium", et ce mot latin donnera plus tard le mot français "palais".
Puis, par dérivation, les officiers oeuvrant au palais impérial vont s'appeller palatini (mot qui va donner en français "palatin". Et non paladin, ce serait trop simple ). Un palatin, ce n'est rien d'autre qu'un grand officier au service de l'Empereur (on est encore loin de nos paladins actuels mais on s'en approche).

Arrivent les invasions barbares et l'Empire romain d'Occident finit par s'écrouler : le corps des palatini disparaît alors avec lui.
En 800, Charlemagne un peu mégalo, décide de restaurer l'ancien empire romain, et se fait sacrer Empereur. Et comme l'originalité ne devait pas être son fort, les grands nobles à son service personnel sont nommés comme ceux des empereurs romains : soit en latin palatini, soit en ancien français palazins.

En 843, tout se complique : son Empire est divisé en 3 parties entre les descendants : à l'Ouest la France, à l'Est l'Allemagne et au centre la Lotharingie (et seul le souverain de la Lotharingie est considéré comme l'Empereur). La Lotharingie coincée entre l'Allemagne et la France va vite disparaître. Et un sièle plus tard, c'est le souverain allemand qui va se faire sacrer Empereur. A partir de là, seuls les allemands auront un empereur. La France n'aura qu'un roi. Il faudra attendre 1804 pour qu'un autre mégalo français (Napoléon Bonaparte) décide de se faire appeller du titre des souverains romains : Empereur.

Mais reprenons. Le mot palatinus siginifiant grand officier de l'Empire, ce sont les allemands qui vont avoir désormais des palatini (dans ce contexte on traduit le mot par comtes palatins en français). Et ainsi, l'histoire de France n'aura connu ces fameux palatini que pendant un très court intervalle : le règne de Charlemagne.

Et pourtant, les palatini français vont connaître une immense fortune en littérature. Notamment, dans une des oeuvres fondamentales des Lettres françaises écrite à la fin du XI° siècle : La Chanson de Roland qui conte principalement les déboires de quelques palatini à Ronceveaux, et notamment du palatinus Roland avec l'histoire que tout le monde s'est tapée à l'école primaire de Durandal impossible à briser et de l'olifant pour rappeller l'avant garde à la rescousse.

Ce personnage de Roland, qui semble n'avoir jamais eu d'existence historique, va être repris dans une autre oeuvre fondamentale, mais de la littérature italienne cette fois : Orlando furioso de l'Arioste (en français : Roland furieux).
Dans ce long poème, Roland est appellé paladino, mot italien dérivant du latin palatinus.
Ce poème de l'Arioste va avoir une énorme influence sur les poètes de la Renaissance française. A tel point, que lorsqu'ils vont vouloir désigner Roland et sa clique, il ne vont pas utiliser le mot de palatin qui en français traduit le latin palatinus, mais vont utiliser le mot italien en le francisant : paladin (enfin !).
Par exemple, ce vers de Ronsard :
"Et pourquoy, Cieulx, l'arrest de vos destins
Ne m'a fait naistre un de ces Paladins
Qui seulz portoyent en crope les pucelles?"

Bon, je synthétise pour ceux qui sont lâchés.
Le latin n'avait qu'un seul mot (palatinus) pour désigner les grands officiers de l'Empereur.
Le français classique en a en revanche deux suivant la période historique : paladin pour les grands officiers de l'Empereur Charlemagne, palatin pour tous les autres. Et la première édition du dictionnaire de l'Académie française (1694) donne ainsi comme définition de paladin : "On appelle ainsi dans les vieux romans, les principaux Seigneurs de la Cour de Charlemagne, qui le suivoient à la guerre."

Mais continuons. La langue anglaise reprend alors le mot français sans modification d'orthographe (d'ailleurs la plupart des mots anglais ayant trait à la chevalerie viennent du français), dans ce sens de nobles suivant Charlemagne.
Mais très vite, le mot va va voir son sens étendu pour devenir très vite synonime de chevalier idéal. L'extension se fait assez naturellement dans un genre littéraire qui va faire les beaux jours de la littérature anglaise : le roman de chevalerie, genre qui va culminer notamment avec le Ivanhoé de Walter Scott.
Et ainsi, les dictionnaires anglais contemporains donnent une définition très large de Paladin : "one who fights heroically for a noble cause" (Wordsmyth), "a trusted military leader (as for a medieval prince), a leading champion of a cause" (Merriam Webster).

Et voila comment du mont Palatin sur laquelle fut fondée Rome, on arrive au paladin de Donjons et Dragons.

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Rapidement, et suite aux développements précédents, je me permets de dire ce qu'est et n'est pas un paladin.

Un paladin n'est pas quasiment tout ce à quoi on l'associe. Et notamment n'est pas nécessairement le serviteur d'un Dieu. De même, un paladin n'est pas nécessairement un galant séducteur.

Bien souvent la façon dont les joueurs se représentent le paladin s'inspire des films qu'ils ont vus. C'est à dire le plus souvent des films d'origine anglo-saxone, dont les thèmes et les représentations sont largement tirés de la littérature anglaise du siècle dernier. Littérature dans laquelle les paladins sont moins des portraits de chevaliers du moyen-âge que modèles et idéaux de la bourgeoisie anglaise du 19ème siècle : piété religieuse, morale puritaine, esprit sportif et fair play ... Autant de valeurs que vous pouvez chercher un moment dans les textes médiévaux comme le cycle du Graal ou la Chanson de Roland.
Textes qui vont inspirer la classe de Paladin pour le jeu Donjons & Dragons. Sinon, la seule vraie exigence pour les paladins dans le PHB de D&D 3ème édition, est l'alignement loyal bon.
Et encore, cette exigence ne doit être vraie qu'à l'origine. Un paladin qui change ensuite, devient un paladin déchu. Le fait qu'on ne fasse qu'ajouter l'adjectif déchu sans avoir un nouveau mot montre que D&D considère que le déchu est encore paladin.
Tout comme Darth Vador est encore en parit Jedi malgré son choix du côté obscur de la Force ... Mais c'est un autre débat.

:merci:

P.S. : les vieux grognards auront remarqué qu'il s'agit de la copie d'un de mes vieux messages du forum NWN. :)

Par Erkethan le 29/9/2002 à 21:57:58 (#2256403)

Merfi Caepolla :merci:

Tu réponds a ce qui était aussi une de mes interrogations :)

(Tant qu'on y est ... La wyverne, invention ou tiré de légendes ?)

Par Hunter le 29/9/2002 à 21:59:45 (#2256414)

Je voit le sujet du thread et je me prepare a pondre un bref post sur les seigneur de guerre de Charlemagne quand je lit celui de Caepolla...
Que dire d'autre!
:amour: :amour: :amour:

Par Fun z'et Us le 29/9/2002 à 22:02:27 (#2256433)

Joli texte Caepolla :lit:

En complément de tout cela, on pourrait ajouter qu'il est également possible de faire le rapprochement avec deux faits historiques :

- l'amour courtois et les tournois, imposés par la chrétienté de l'époque pour éviter une trop forte attrition de la population par les guerres incessantes (pas étonnant que cet amour courtois ait plus aux Romantiques du 19eme, quand on y pense ;) )

- les Croisades, avec son imagerie du guerrier saint, ou encore moine-guerrier, symbolisé par les templiers, les hospitaliers, les chevaliers teutoniques et autres.

[edit]

(Tant qu'on y est ... La wyverne, invention ou tiré de légendes ?)

La vouivre (wywern in angliche, donc ;) ) est une créature de nos légendes, pas une invention :) Petit rappel par ici

Par Louis Le Dodu le 29/9/2002 à 22:18:09 (#2256527)

Hi.

Par Azharial del'Amrhyn le 29/9/2002 à 22:23:43 (#2256547)

* Eclate de rire *

Euh... oui désolé pour cet eclat ;), mais en lisant le premier post je me suis dit "Tiens, voila un merveilleux thread pour notre chère amie Caepolla", et bingo ca n'a pas raté, elle fut la plus rapide :D.

Pour compléter sur la Vouivre, Henri Vincenot a beaucoup écrit sur les vieux contes de nos profondes contrées telles que l'Auvergne, la Bourgogne ou encore la Franche-Comté, si ma mémoire ne me joue pas des tours, Le Pape des Escargots est particulierement croustillants a ce propos :).

Par Bubuk la Blatte le 29/9/2002 à 22:30:30 (#2256576)

Feune tu me coupes l'herbe sous le piedà propos de l'amour courtois et du contexte historique...ca va se payer

Sinon merci a Caepolla pour son explication tres detaillée et très instructive.
Juste un bemol (tres leger ma foi) Charlemagne n'est pas a proprement parler un megalo, l'empire Romain n'est pas si vieux que cela à l'epoque (au plus 300 ans) si on tient seulement compte de l'empire d'Occident. Le "modele" romain incarne l'epoque de la grandeur aussi bien artistique, politique que scientifique (sisi les grecs y contribuaient largement) mais son attraction n'est pas aussi forte qu 'au Xe XIIe siecle. La volonté de s'inspirer du modele romain semble cependant plus liée a la volonté de lier son immense territoire à sa propre personne grâce a une Administration (avec un grand A) plutot qu'à une folie des grandeures. Il n'en reste pas moins qu'il y avait sans aucun doute volonté d'en "jeter".

Par Ivanhoe le 30/10/2002 à 1:09:26 (#2437062)

le roman de chevalerie, genre qui va culminer notamment avec le Ivanhoé de Walter Scott.


Je confirme mais en meme temps il y a opposition puisque les templiers ne sont peut etre pas la source meme des paladins mais s'en rapproche grandement.

Par Shibillin le 30/10/2002 à 17:47:06 (#2442397)

Brillant exposé. :)

Merci Caepolla :merci:

*se couchera moins bête ce soir*

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