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Histoire d'une vie (VII)
Par Dodgee MIP le 24/9/2002 à 13:33:44 (#2222466)
Histoire d'une vie (II)
Histoire d'une vie (III)
Histoire d'une vie (IV)
Histoire d'une vie (V)
Histoire d'une vie (VI)
Des bruits de pas résonnent dans les étages inférieurs, convergeant vers lescalier. Elle na pas le temps de se retourner, il faut faire vite, très vite. Une porte, fermée, une autre. Elle tente chaque pièce, cherchant au plus vite ce quelle est venue trouver. Enfin, elle lentend. Elle entend cette voix quelle reconnaîtrait entre mille, même au milieu du brouhaha.
-Maman ?
Un instant, Mekhare se fige, reconnaissant la voix de sa fille. Là, cette chambre. Derrière elle, les cris se précisent, mais tout cela na plus guère dimportance. Elle se hâte, parcourt en quelques enjambées les mètres qui la séparent de la porte, avant de louvrir à la volée.
-Maman que se passe-t-il ?
-Du calme, ma chérie
La chambre est faiblement éclairée par une lampe vacillante. Le lit a été défait à la hâte, et son occupante se retourne, les yeux pleins de surprise vers lembrasure de la porte. Ylia. A ses côtés, la femme aux cheveux sombres sétait agenouillée pour se porter à sa hauteur. A cet instant, Mekhare comprit ce qui nallait pas.
Cétait peut être lexpression de la surprise sur le visage de sa fille. Sa fille ! Le regard ne pouvait la tromper. Sa propre fille avait eu peur en la voyant. Peut-être aurait-elle du également comprendre, en entendant sa fille appeler sa mère, alors quelle nétait pas là ? Ou même ce regard quelle avait cru déceler dans la vision que la Tisseuse lui avait montrée ou ces simples paroles que lui avait lâchées un de ses serviteurs, comme quoi sa fille nétait déjà plus sienne. Elle aurait dû le savoir, mais elle navait pas voulu laccepter, chassant cette idée par le rêve quil lui suffirait de la retrouver pour que tout aille de nouveau. A présent, la réalité lui faisait face. Devant elle, la femme, Nissa sans doute, se relève, un sourire narquois aux lèvres. Sa fille, elle, se cramponne aux cotés de cette étrangère, la dévisageant avec un mélange de crainte et de surprise. Enfin, brisant le silence, celle qui a pris sa place aux côtés de sa fille crache enfin son venin, ironique.
-Te voilà donc, Mekhare. La Maîtresse te disait pleine de ressources, je constate que tu as su les utiliser. Que vas-tu donc faire ? Assassiner une pauvre mère et son enfant ?
-Que lui as-tu fait, maudite ?
-Moi ? Mais rien, et je ne ferais jamais rien pour quil lui arrive du mal, tu le sais bien. Te soucierais-tu de son sort ?
La dernière remarque reste une instant figée dans lair. Son sens néchappe pas le moins du monde à la mère, qui voit Nissa garder une main sur sa fille. Le message, la menace na pas besoin dêtre énoncée clairement, elle nen est pas moins tangible pour Mekhare, qui se crispe en voyant la main de Nissa caresser les longs cheveux dYlia. La rapière pointée vers la sorcière, Mekhare savance, surveillant la porte comme la femme et lenfant.
-Rends-moi ma fille, sorcière, et tu nentendras plus parler de moi.
-Crois-tu vraiment être en position de menacer, ma chère ? Si je meurs, tu ne la retrouveras jamais
Dun air de défi, Nissa soutient le regard de lassassin. Elle na pas peur de mourir, mais plus que cela, elle sait quYlia compte bien plus pour Mekhare quune simple vengeance. La mère noserait compromettre une chance de récupérer sa fille, même si le fil dacier quelle brandit pour la menacer semble dire le contraire. Ylia, toujours tremblotante depuis le début de la scène, ne quitte pas cette étrangère si familière du regard. A la soudaineté des évènements sajoute ce terrible brouillard dans son esprit, semant la confusion la plus atroce pour une jeune enfant. Ne sachant pas quoi faire, elle reste là, accrochée à sa mère, sans se douter un instant de la terrible vérité. Les pas, eux, sarrêtent enfin de courir, et des hommes entrent dans la pièce, lépée à la main. Tout en gardant la pointe de sa rapière pointée sur Nissa, Mekhare se tourne, pour garder les arrivants dans son champ de vision.
-Dame Nissa
-Navancez pas plus ou je la tue. Reculez, reculez !
-Faites ce quelle dit
Dun geste, Mekhare fait signe à Nissa de sortir de la chambre, sa rapière toujours pointée sur sa gorge. A ses côtés, lenfant est visiblement de plus en plus effrayée, ce qui lui glace le sang. Sentiment quelle fait taire, pour essayer de ne montrer aucune faiblesse devant eux. La moindre ouverture pourrait être exploitée. Toujours sous la menace des hommes venus à ses trousses, Mekhare observe le couloir. Changeant de position, elle vient se placer derrière Nissa, utilisant cette fois son autre bras pour placer sa dague sous sa gorge. De sa rapière, elle tente de maintenir les autres à bonne distance. Ylia, elle, sest reculée, hésitante. Cest la peur qui lanime à présent, la peur de voir sa mère menacée par cette femme quelle croit connaître.
-Reculez. Je nhésiterais pas à la tuer
-Que compte-tu faire Mekhare ? Tous ici servent la Tisseuse, ma vie comme la tienne nont pas plus de valeur que leur utilité dans ses projets. Nul ne peut senfuir de la toile avant davoir joué son rôle
-Tais-toi, maudite !
-Je te propose un marché. Un simple contrat, une exécution comme tu sais si bien les mener en échange de ce que tu désires le plus.
-Pourquoi te croirais-je ? Je ne sais que trop bien ce que valent les paroles de ses serviteurs.
-Tu nas pas le choix. Moi seule peut te rendre ta fille.
Elle avait ajouté cette dernière phrase à voix basse, sure delle. Mais elle neut pas le temps dattendre leffet de ses paroles sur Mekhare. Celle-ci, Ylia, et les hommes qui la tenaient en respect venaient de réaliser ce quil se passait. Lodeur, la légère fumée quon pouvait apercevoir monter lescalier aurait du les alerter plus tôt sils navaient tous été si concentrés sur la scène. Ce fut un cri pourtant, qui leur fit en prendre conscience.
-Au feu ! Au feu ! La maison brûle !
Par Corielle le 24/9/2002 à 14:42:48 (#2222973)
Ah j'allais oublier : :lit: :amour:
;) :ange:
Par Alanis Lyn le 24/9/2002 à 23:10:29 (#2226269)
Mais ou est la suiiiite ?!!
Par Zeed Mithror le 25/9/2002 à 11:47:44 (#2228160)
Allons allons, laichez le échrire. Vous voyez pas que che jeune homme est débordé? Choyez gentils, laichez le chravailler...
*se tourne vers l'auteur, enlevant son barreau de chaise du coin de sa bouche*
Bon ben alors ca vient cette suite ? M'enfin !! ton public s'impatiente mon vieux...
;)
Zeedouille.
Par Dodgee MIP le 28/9/2002 à 21:39:40 (#2251079)
-Oh tu nes pas venue seule alors ? Je te croyais plus solitaire. A moins que Oui bien sur, tu nétais pas au courant non plus
La femme aux cheveux sombres navait pas manqué le court instant de surprise qui était apparu sur le visage de Mekhare. Sans se départir de sa petite moue moqueuse, malgré le fait quune dague menace toujours sa gorge, Nissa poursuivit.
-Allons, tu nespères toute de même pas pouvoir sortir en me menaçant et traverser le brasier qui doit faire rage en bas ?
Déjà, la fumée semble monter, remplir peu à peu lair de la demeure, le rendant irritant et instant après instant plus dangereux. Les hommes de Nissa sont toujours autour delle, attendant une instruction de leur maîtresse. Rester, cest risquer une action désespérée, une tentative qui ne manquera pas de surgir, avec la menace maintenant plus présente des flammes. Mekhare sait quelle doit agir, maintenant. Faisant un geste de sa rapière, elle maintient à distance les hommes, se dirigeant vers lescalier.
-Ylia, viens avec moi.
Lenfant a observé toute la scène. Au départ, abritée derrière celle quelle considère comme sa mère, elle sest maintenue en retrait une fois que celle-ci fut prise en otage. Tremblante, elle sursaute en entendant son nom. Le ton de Mekhare pourtant ne semble souffrir aucun refus. A cet instant, elle le sait, elle nest rien dautre quune étrangère pour sa fille, une étrangère qui menace sa mère. Aussi difficile que soit la situation, lancien assassin sait quelle ne peut se permettre dêtre vulnérable, pas ici. Craintive, lenfant ne peut que jeter un regard vers sa mère.
-Approche, ou ta mère en paiera le prix.
-Reste où tu es Ylia ! Napproche pas de cette femme !
Comme pour lui intimer le silence, Mekhare accentue la pression de la dague, laissant perler une goutte de sang sur lacier acéré. Affolée, Ylia savance enfin, bravant lordre de sa mère, pour venir se placer à coté de Mekhare. Son regard, dordinaire si clair, est assombri, tant par la peur, que par la haine qui lentement se fait jour dans son esprit. La haine envers cette femme. Ses yeux regardent celle qui maintient sa mère, cette dague qui décide du sort dune vie. Elle crie, hurle, et sa voix déchire lair lespace dun instant. Le corps de Nissa glisse au sol, la gorge tranchée. Le cri cesse, alors que le pommeau de la dague vient assommer lenfant. Mekhare na pas hésité un instant, elle sait ce quil lui reste à faire. Dans le même mouvement, lassassin attrape le corps chancelant, lentraînant avec elle alors quelle se précipite avec lescalier. Surpris, les hommes réagissent avec un instant de retard. Trop tard. Déjà lun se précipite pour constater la mare de sang qui se forme autour du cadavre de Nissa, alors que les autres sélancent à la poursuite de la femme.
Aux étages inférieurs, le feu fait rage. Lair est devenu étouffant, chaud, brûlant. La fumée emplit les espaces, attaquant les yeux, les gorges. Elle court sans sarrêter. Dun instant à lautre, le plancher peut céder, rongé par les flammes qui sélèvent déjà. Dans ses bras, elle tient son enfant, endormie, assommée. Quelle sera sa réaction quand elle se réveillera auprès de celle quelle croit être la meurtrière de sa mère ? Les pas saccélèrent. Dans le chaos, il lui semble entendre dautres pas, derrière. On la poursuit sans doute, mais quimporte, ils auront déjà fort à faire pour sortir de ce brasier. Elle ne pense plus, ses gestes sont devenues une succession logique, froide, destinée à assurer sa survie. Ses poumons sont en feu, sa tête va exploser, déjà elle vacille, portée par cette seule idée de sortir hors de lenfer. La fenêtre cède, enfin. Elle roule dehors, enveloppant toujours lenfant de ses bras. Lair frais lui fouette le visage. Elle croit entendre des voix, des paroles. Les hommes qui la poursuivaient sans doute. Elle tente de se redresser, en vain, la fumée la privé de toutes ses forces, elle sombre dans linconscience, maudissant sa propre faiblesse. Elle ne voit lombre surgir alors, ne laissant que quelques cadavres de plus sur le sol. Lincendie lui, ne laissera pas dautres traces.
Ailleurs. Une enfant séveille.
Un océan dencre, une vaste étendue remplie par cette seule obscurité. Une sourde plainte, lointaine, languissante. Elle ne sait plus où elle est. Désorientée, comme ivre, elle tente de se situer, en vain. Aucun repère, pas un son, pas un visage. A nouveau la plainte se répète. Là, par ici. Elle bouge, se hâte. Comme elle est légère soudain, et comme il lui est facile de franchir les espaces. Elle réalise, enfin, sa condition. Elle nest quune pensée, perdue dans un esprit qui lui semble hostile. Son esprit ? Tout séclaire, soudain. Familier, oui, et pourtant si différent de ce quelle connaît, ou croit connaître. Là bas, une flamme, une étincelle, cest une chandelle qui séteint, rongée par les ténèbres. Elle hurle, elle sait instinctivement que cest une lutte quelle mène, et quelle perd, à chaque instant. Lair lui manque, elle a froid. Elle reste prisonnière de ce cachot de noirceur, moribonde. Un tombeau. Son tombeau. Elle ne peut renoncer, elle ne le fera pas. Elle avance, encore et toujours, cherchant à se trouver, à se retrouver. Là, encore un lambeau de conscience, une silhouette familière. La femme qui a tué sa mère. Sa mère. Elle hésite, elle tremble. Pourtant elle avance. Un pas, un autre. Le visage sort des ténèbres. Ce visage qui lui sourit. Et elle se souvient, ou nest ce quun nouveau plongeon dans labyme ? Dans sa tête résonne un rire arachnide, quelle chasse bien vite, pour linstant Mais cela, est une autre histoire.
Epilogue
Par Dodgee MIP le 30/9/2002 à 10:45:06 (#2258131)
-Cette histoire, cest la mienne, celle dune fille qui perdit deux mères, celle dune fille qui na pas de passé, pas dhistoire. Je porte sa marque, son empreinte sur mon esprit. Je crois me souvenir, je crois savoir, mais il nen est rien. Tout nest quillusion et tromperie forgée par sa volonté. Jai pleuré, je me suis haï plus que tout, jai maudit cent fois son nom, en réalisant avoir tué ma propre mère, celle là-même que je haïssais linstant davant, la croyant meurtrière de ma véritable mère ! Vous-même, êtes vous réels ou le fruit de ses machinations ? Quel souvenir vais-je garder de vous ? Nai-je donc pas assez payé ? Ne peut-elle me laisser en paix ?
La voix claire déversait sa peine, sa détresse, avec une force et une violence rare. Léclat des yeux nétait plus que douleur et folie, au milieu des rivières qui coulaient sans retenue, à présent. Celle qui leur faisait face navait plus rien à voir avec la jeune femme qui leur avait semblée si fragile et inoffensive, et à qui ils avaient offert lhospitalité dun feu de camp. Surpris, assommé par ces révélations, les aventuriers ne virent pas venir le danger. Entre peur et pitié, ils étaient restés sur place, alors que la femme se levait. Ce nest que lorsquils la virent sortir sa rapière quils commencèrent à réagir, trop tard hélas, cent fois trop tard. La pointe meurtrière vint senfoncer dans les chairs, laissant les ombres projetées par le feu retomber sur le sol. Abandonnées à leur sort, les flammes allaient mourir avant le petit matin, mais dici là, Ylia serait loin. La triste silhouette disparut dans la nuit, seule avec ses souvenirs.
-Je voudrais oublier
Mais pourquoi ne comprennent-ils pas ? Je voudrais que tout cela cesse. Tout
Et encore une fois, le ricanement familier résonna dans son esprit
Par Alanis Lyn le 30/9/2002 à 10:59:09 (#2258204)
Toutes les histoires n'ont pas des fins heureuses...
Par Corielle le 30/9/2002 à 11:01:35 (#2258211)
Histoire magnifique, très bien construite et écrite.
Bravo pour la fin, j'en ai eu des frissons.
J'adore.
*se lève*
*regarde à droite*
*regarde à gauche*
*Prends un air décidé*
*Tape du dos de sa hache sur le sol en scandant : une autre, une autre*
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