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Silversky, un banc, et deux promeneurs

Par Felomes le 23/9/2002 à 11:05:23 (#2215189)

La vieille pipe jutait en ronronnant, tandis que Felomes en goûtait lentement l'amertume, jouant avec le bec de sa langue noire. Assise à ses côté, une femme d'âge mûr parlait d'une voix monotone. Tous deux semblaient pourtant plongés dans de mornes méditations en contemplant le paysage urbain des beaux quartiers de Silversky, par cette matinée ensoleillée d'automne. Dans une attitude quelque peu vulgaire, les coudes posés sur le dossier, le décolté négligemment généreux, elle conservait cependant, malgré son visage marqué des rides profondes d'une existence difficile, une expression calme et sereine, presque belle, par laquelle on pouvait déchiffrer comme une profonde sagesse. Ou la passivité d'une femme qui aurait trop souffert pour se soucier des tragédies qui pourraient la concerner.

<> trancha Felomes, sortant de son silence.

Changeant d'attitude, la femme baissa la tête.

- Non.. je pense.. que tu l'aurais aimée.. ta petite.. fille.

Elle soupira. Puis changea de sujet. Des éclats de rires enfantins résonnèrent au loin avant de s'approcher, se transformant en cavalcade.

- On raconte qu'il se passe des choses avec les astres. Une histoire de centaure.. ça concerne l'Haruspice..

Felomes fit un "Pof" avec ses joues avant de renfourner sa pipe derrière sa barbe.

- Tu sais, je me moque bien de mourir croquée par ton dragon, mais..

La cavalcade passa devant eux, composée d'enfants en rires se faisant la course. Felomes les suivait d'un oeil distrait.

- .. mais ils ne méritent pas ça.

Felomes arqua un sourcil, comme pour lui demander ce qu'elle pouvait bien "avoir aujourd'hui", ce qu'elle su déchiffrer sans même lui porter un regard.

- Les enfants, .. les gens.. les gens heureux..

Elle n'était pas de nature particulièrement sentimentale, et ne s'étendit pas plus avant sur le sujet.

- J'ai fait un rôti de porc pour le déjeuner.. si tu comptes passer à la maison..

Elle s'arrêta, tournant la tête dans sa direction.

Felomes s'était endormi.

Par Corwin Elentáris le 23/9/2002 à 11:31:55 (#2215359)

On en voudrait plus souvent :)

Par GaGa le 23/9/2002 à 11:40:54 (#2215424)

Toujours aussi bon, un plaisir à lire.

Par Mashad le 24/9/2002 à 3:39:33 (#2220955)

(lu)

Par Goyem Keayr le 24/9/2002 à 12:48:59 (#2222199)

miam un roti de porc ;) justement j ai faim
desoler de pas poster rp mais je suis mort :(

Par Sevoth le 24/9/2002 à 13:09:10 (#2222294)

Ca se dévore comme d'habitude et Felomes est toujours aussi génial.
Entre Felomes et Darth au niveau littéraire nous sommes gatés.

Par Moiriotte le 25/9/2002 à 8:12:01 (#2227345)

*Ecoutait au loin la conversation, nourrisant sa boulimie d'écriture par la vie, la vraie, celle que l'on cotoie*

*Baisse la tête et parle pour elle-même*

Si vous saviez, Madame... Vous n'êtes pas la seule à ne jamais avoir porté d'enfants... Même après avoir élevé quelques-uns, ils n'ont jamais grandi en moi... Et maintenant, ils sont tous morts...
Pourquoi eux ? Pourquoi nous ? Pourquoi ce destin irrémédiable ? Ainsi va la vie... Il nous reste encore le choix.. Le choix d'accepter d'avancer avec ses heurts ou de les refuser, vivant de façon morose....

*Entend les ronflements de Felomes et sourit*

Quelle belle fin de discussion... !

[HRP] *impressionnée* bravo ! *sourit* [/HRP]

Par Akhen Darius AR le 25/9/2002 à 8:30:43 (#2227385)

(J'en veux encore ! :) Bravo Felomes. )

Par Isis Hades le 25/9/2002 à 16:38:23 (#2230163)

:lit:
J'ai appreciée *sourit*

Par Choke -NOWHERE- le 25/9/2002 à 16:42:18 (#2230190)

:lit:

Par Lorack le 25/9/2002 à 17:11:46 (#2230360)

C'est un peu comme une perle precieuse.
Elle sont rares mais magnifiques.

Par Fizou le fou le 25/9/2002 à 18:00:08 (#2230702)

Non loin de là, assis sur une des pelouses de la ville, un vieillard vétu de vert, et une séraphe resplendissante se rassasient d'un déjeuner sur l'herbe.

Les temps ont passé, ma douce, et l'on peut sentir venir la fin...

Celle ci tourne la tête vers lui, les yeux emplis d'une lueur d'incompréhension.

Que veux tu dire par là, mon cher ami ?

Le vieil homme prend une longue inspiration, jouant négligement avec une flamèche flottant au creux de sa main.

Les astres s'alignent, ma chère amie, nombreux sont les évènements prouvant son imminente venue.
Bien malgré moi, je crains cet évènement, ils sont trop nombreux à ne pas agir comme il le faudrait..

Ses sourcils broussailleux se rapprochent, formant un V.
Ne sens tu pas venir le changement, ne vois tu pas ce qui se passe ? Tout le monde agit comme si de rien n'était, mais pas de la bonne façon.

Celle ci replace négligement une mèche rebelle, jouant avec la pointe d'un couteau sur le sol, puis ajoute.

T'vas pas m'dire qu'tu crois à ces sornettes. Tous nous nous battrons lors de sa venue, et nous le vaincrons, lui et son vieux dragon sénile.

Le vieil homme s'empourpre tout à coup, puis se calme. Gratouillant l'herbe tendre du bout des doigts, il réfléchit pensivement aux paroles de sa compagne. Levant les yeux au ciel, il ajoute.

Tu vois, ma chère, cette erreur, nombreux sont ceux qui l'ont commise. Les Elfes, les Nains, nous autres Humains, nous n'avons pas su prendre en compte les menaces de l'Haruspice. Il n'est jamais trop tard pour réagir, vois tu.

En fait, nous pensons, parmis mes frères et soeurs, que la survie de notre race, passe par la non violence face à l'Haruspice. Car ceux qui se battront, périront à coup sur, comme jadis les Nains.

Ainsi, de tous les cultes d'Althéa, les plus guerriers disparaitront en premier. Ainsi que de tous ceux qui tenteront de s'opposer à lui. Mais les premiers à périr, seront les Séraphes, car telle est leur mission.


Le vieil homme tourne alors son visage aux yeux embués de larmes vers sa compagne, lui prenant la main.

Je ne veux pas te perdre, ma mie, restes à mes côtés, ne combats pas l'Haruspice le jour venu, je t'en prie.

Celle ci porte alors son regard au loin, figée telle une statue d'albatre, la bouche bougeant à peine, elle répond enfin.

Je suis porteuse d'une double mission, mon ami, cela ne pourra pas être ainsi que tu le demandes, puisses tu me pardonner.

Main dans la main, les deux être, qui se chérissent depuis si longtemps, se taisent, les yeux clos, savourant un des derniers instants de tranquilité que l'existence veuille bien leur accorder.

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