Les règles du jeu .

Par Ptasha Selver le 17/9/2002 à 19:36:36 (#2175679)

"Un homme assis sur un banc de marbre , une rue vide et tristement déserte , une artère oubliée dans une fourmillère humaine et un lieu qu'il n'oubliera sans doute jamais .

Cet homme est voûté , fléchi par les années , oppressé par un corps qui se dérobe à lui , ses yeux ne perçoivent plus toutes les subtilités de la vie , toute sa sagesse est brodée sur ses mots , eux seuls parviennent encore à quitter cette enveloppe décrépie afin de porter un message . Voici , en quelques mots , la vision persistante , qui hantait ses rêves depuis quelques nuits déjà .

Cet homme disait s'appeller Rainn , et il lui parlait toujours en ces termes :

"
Tu t'approches inconsciement de la nuit , tu franchis les portes de ta propre nuit , mais tu ne la verra sûrement que lorsque ses portes se seront refermées sur tes tremblements de peur .

Oublie tes rêves les plus secrets , oublie la confiance naïve que tu nourris à l'égard des choses de la vie . Oublie que le ciel s'éclaire après l'orage . Lorsque la bataille fera retentir la Terre , tu cherchera refuge dans une force intérieure , dans une espérance lumineuse , tu chercheras à saisir quelque chose de sublime , de plus haut que les cris et les heurts qui fracasseront ton coeur , jour après jour . Tu chercheras des raisons , puis des chemins . Tu parleras d' "espoir" , tu parleras de "lumière" , tu parleras de commencement et de fin , tu n'auras qu'une infinie vacuité dans ton coeur .

Tu voudras par dessus tout sortir de cet enfer rougissant , mais tout ce que tu verras , encore et encore , c'est un flot incessant de sang , de sang noir , de ton sang . Plus tu t'approcheras des cieux , plus tu enfonceras ce pieux intangible , même pour toi , profondément dans tes veines ouvertes .

Lorsque tu marches , ne te concentres surtout pas sur l'aboutissement de ta marche , ton esprit sera ton pire ennemi . Tu auras , dans chaque impulsion d'espoir , les germes d'une nouvelle chute . Si tu laisses la porte de l'oubli se fermer sur ta candeur , si tu laisses les ombres épaisses t'envahir , si tu cherches la lumière au lieu de fendre les ténèbres , tu seras plongé dans l'obscurité . Je ne te parle pas d'ignorance , mais d'opacité , tu n'auras plus rien de sensible , d'humain en toi , car tu ne seras , à ton tour , qu'ombres et images .

Plus tu tendras vers les cieux , plus les cieux te sembleront le seul échappatoire possible . Malheureusement , tu sais , tu en mourreras , jour après jour , maudissant la vie de cette injustice .

Et la chose la plus choquante est que tu auras raison de crier à l'injustice .

Je ne sais pas comment tu sortiras de cet enfer , je ne sais même pas , pour t'avouer les limites de mon savoir , si tu en émergeras un jour . Mais je l'espère pour toi .

Je te veillerai toujours .

Ne penses jamais à la victoire , tout ne sera que fumée , ombre et sang . Ne penses qu'à la vie , ne penses qu'à ton épée qui tombe , pour la justice et la vie , ne penses qu'à vivre une seconde encore , une seconde de plus ...

"

On a retrouvé le corps du vieil homme , quelques jours plus tard , gisant sans vie dans les eaux pures du lac d'Olin .
Un mince filet de sang rougissait l'eau , il semblait se couler tranquillement de son bras gauche . Il avait une expression sereine , je présume que son esprit était tourné vers d'autres cieux ...

D'autres mondes d'ombre , de fumée et de sang .
"

Juste une manière de souhaiter bon courage , et bonne chance à tous ceux qui galèrent . C'est tout ce que je veux . Merci .


:)

Par Héloïse le 17/9/2002 à 19:51:42 (#2175814)

*Ressort une vieillerie*

Il y avait en une église aux gargouilles hideuses
Un vieil homme portant sur lui un filet à papillon
Il allait, piteux, un ruisseau de bave au menton
Quémander l'aumône de ses mains crasseuses.

Un jour, un enfant surpris lui demanda :
" Pourquoi garder avec toi ce singulier objet ? "
Et le vieil homme de répondre, de son regard tout simplet :
" Je chasse les nuages pour une poignée de ducats ".

L'enfant tout sourire voulu lui acheter
Un de ces nuages si dur a attraper
Le chercheur, de sa bouche édentée
Acquiesça et promit de le lui ramener.

Un beau matin, l'enfant retourna se confesser
Et vit sur l'autel, le corps de son ami ensanglanté
" J'ai tout fait pour ramener le nuage que tu avais souhaité,
Mais entre les mailles de mon filet il s'est glissé "
L'enfant compris alors qu'il en va des rêves comme des nuages
Il n'y a que les fous pour vouloir les attraper
Et, tenant la main de son ami au corps déserté
Jura de ne plus aimer, de ne plus rêver.

Par Ptasha Selver le 17/9/2002 à 20:15:39 (#2175971)

Il est si déplaisant , pour un être des vents
D'arriver à ces préceptes de vie si déplaisants
Qu'à force de voir tomber nos rêves et desseins
On se laisse porter par les courants du destin .

Le rêve léger paraît n'avoir que bien peu de sens
Opposé aux désastres de nos âmes égarés
Une fleur une étoile , comme une douce volupté
Ne dissipent jamais nos douloureuses errances

Il est un long chemin , de la glaise douloureuse
Aux célestes confins du bonheur sur cette Terre
Alors que le Mal ricane sur vos joies éphémères
Et que l'existence s'étend , terne et malheureuse

Pour autant , le rêve n'est pas banni de nos coeurs
Pour autant , le ciel ne cesse pas de nous captiver
Simplement , il est un nouveau jour à imaginer
Simplement , la modestie face à l'immense douleur
Réclame de nous autre chose que de la volonté .

Le ciel est si bleu .
Il scintille au dessus de nous .
Les fleurs sont si fraîches .
Elle s'étendent sur le chemin .

Les ombres sont cruelles .
Elle planent au dessus de nous .
Les épines sont si dures .
Elles hérissent le même chemin .

Sincérite , dépister nos mensonges personnels , et savoir transpercer ses peurs .
Réalité , savoir renoncer à des espérances parfois malsaines malgré nous .
Volonté , afin de ne pas se vider entièrement de notre sang.

Amour , parce que nous sommes tous dans cette galère .
Compassion , parce que c'est parfois le chemin de toute une vie .

Nous enfonçons le pieux qui transperce nos veines ... mais nous ne nous en rendons souvent pas compte , tant le mal finit par être une habitude .


Un être dépravé , Ljd Ptasha Selver .

Par Alanis Lyn le 18/9/2002 à 3:15:36 (#2177880)

*n'a pas les mots pour repondre, alors remonte le post*

Par Siaro Ruen le 18/9/2002 à 3:25:48 (#2177895)

C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent, où le soleil, de la montagne fière,
Luit; c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un guerier, jeune, bouche ouverte, tête nue
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaîeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme.
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine;
Il dort dans e soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Par Ibuki Tribal le 18/9/2002 à 10:34:13 (#2178692)

... up le post.. là où tu dois être... :merci: