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[Gadreela] La voix de l'Arbre.

Par Chantelune le 11/9/2002 à 19:58:39 (#2140881)

Alors que les courants emportaient son frêle esquif l'adolescente fixait une dernière fois l'île qui l'avait vue naître et grandir. Il ne devait guère y avoir bout de roc moins hospitalier sur toutes les mers Althéannes qui ait été tout de même colonisé par l'homme, songeait-elle en observant la crête désertique, les falaises déchiquetées, les rochers blanchis d'écume saillants comme des dents prêtes à happer tout navire qui oserait s'aventurer trop près...
Mais les habitants n'y avaient pas posé le pied de leur plein gré. Condamnés à l'exil ils avaient été embarqués avec familles et enfants dans une coque pourrissante en vue de l'île tandis que le navire royal qui les avaient amenés là s'enfuyait toutes voiles dehors, comme poursuivi par le Sang de Lune lui-même. Dirigeant comme ils le pouvaient leur carcasse flottante les hommes et femmes valides avaient contourné les falaises jusqu'à trouver un mouillage plus abordable. C'était en vue de cette plage, la seule de l'île, que le raffiot s'était disloqué.

Maudissant pour cette éternité et la suivante le nom de Théopold et de sa descendance les survivants avaient découvert avec effarement le bout de caillou qui allait être leur nouvelle demeure, ou plutôt leur tombe tant l'endroit semblait impitoyable.
De fait à l'époque de leur arrivée la seule touche de vert était un arbre immense prenant racine au fond du cratère du volcan éteint dont les flancs, surgissant de l'eau, formaient l'île. Un arbre immense d'une espèce indéterminée, dont la cime toujours verte couronnait le cratère trois cent mêtres en contrebas du lac de caldeira où il plongeait ses racines, qui se mêlaient à la terre et au roc de toute l'île, courant jusqu'à la mer par endroits.

Le lac au pied de l'Arbre était la seule source permanente d'eau douce de l'île. Et l'Arbre était plus qu'un arbre, comme les colons involontaires l'avaient bien vite découvert en tentant d'en prélever du bois pour se construire des abris. L'Arbre avait une forme de sentience et d'intelligence, et il pouvait en quelque sorte communiquer avec les humains lorsqu'il le souhaitait. En cette occasion l'Arbre avait clairement laissé entendre qu'il ne se laisserait pas charcuter mais leur avait offert d'altérer la pousse de certaines de ses branches pour pouvoir leur offrir, au terme de quelques années, des plateformes commodes... en échange de leurs déchets organiques et des corps de leurs défunts.

Les exilés avaient donc élu domicile dans l'Arbre, se procurant leur nourriture grâce à ses fruits, à la pêche et au ramassage des coquillages sur le littoral. La vie avait été dure mais possible malgré une autre découverte atterrante faite peu après leur arrivée : même une fois dissipé l'effet des drogues administrées à ceux d'entre eux qui avaient eu quelques talents magiques, les Arcanes et toutes magies élémentaires leur restaient inaccessibles. Comme si en cet endroit existait une trouée dans le flux d'energies magiques qui baignaient le monde...

Et ainsi les derniers des bannis avec quelque foi religieuse s'étaient détournés de la dernière des enfants d'Artherk qui avait encore quelque crédit à leurs yeux.
Intellectuels et marchands ils n'avaient eu aucune allégeance envers Brehan. De Sélène ils n'avaient cultivé que la face claire, et pourtant personne ne leur était venu en aide ni n'avait osé témoigner en leur faveur quand avait pesé sur eux l'accusation invraisemblable. Ils crachaient sur le nom de Iago depuis que par appât du gain ou soif de gloire des collègues et des personnes qu'ils avaient tenus pour amis les avaient vendus. Quand à Artherk lui-même, le soi-disant dieu de la compassion et de la justice, que dire de plus sinon que son élu en Goldmoon le roi Théopold les avait condamnés à un sort qui pendant des mois leur avait semblé pire que la mort, pour une accusation qui ne reposait que sur du vent, dans l'indifférence ou peut-être même la complicité du clergé Artherkien hypocritement de blanc vêtu.

Haruspiciens...
Du vent... la pestilence du néant et de la médisance dans des bouches infectées par la jalousie.
Mais suite à ce qu'ils avaient vécu seules les convictions Rédemptrices ou, surtout, des fidèles de la Nature avaient conservé quelque écho chez ces abandonnés des hommes et des Dieux.
Certains, poussés par la haine et le désespoir, avaient bien tenté de se livrer à ces êtres plus sombres qu'on les avait accusés de servir pour les envoyer à leur mort... Ogrimar... l'Haruspice lui-même... mais ils étaient restés aussi indifférents que les autres puissances.

Alors ils étaient retournés avec tous les autres, écouter les voix de l'Arbre. Contre quelques gouttes de sueur, de sang, de larmes, l'Arbre laissait émerger l'une des nombreuses voix du passé. Il y avait là déjà quelques un des leurs, mais la plupart étaient d'un peuple ancien, pas tout à fait humain... les Elfes.

[Gadreela] Soif d'errance

Par Chantelune le 11/9/2002 à 20:06:55 (#2140950)

Pendant des nuits Gadreela avait dormi sur la rive du lac au fond du cratère, allongée contre une racine noueuse émergeant du gravier, cherchant dans la multitude la voix qui pourrait répondre à ses questions.
Elle avait fini par la trouver, non sans peine car même en des époques reculées, aussi loin que pouvaient s'en souvenir les voix de l'Arbre, la peur du Sang de Lune semblait avoir déjà limité les explorations maritimes. Un navigateur d'un temps si ancien que l'île était alors vaste et verdoyante, sans une trace du volcan qui des générations plus tard l'engloutirait sous la mer. L'elfe lui avait certifié que de son temps un radeau poussé par le seul courant qui passait au sud de l'île atteignait en deux semaines une autre île plus grande en laquelle la jeune fille avait cru reconnaître l'actuelle Arrakas.

Sur la seule foi de souvenirs vieux comme le temps Gadreela s'était dit qu'une jeune fille robuste pourrait emporter et pêcher en chemin de quoi survivre sans mal à deux semaines de mer. Le seul problème était d'emporter et de conserver assez d'eau potable. Sans feu, ils ne s'étaient jamais donné la peine de faire de la poterie, et ne conservaient généralement que l'eau de la journée dans des carapaces de tortue montées dans les hauteurs à l'aide de cordes et de paniers.
Quelques mois plus tard alors qu'elle tentait à nouveau d'interroger les voix pour résoudre l'impasse, l'Arbre lui avait parlé. Si elle avait la patience d'attendre encore deux ans (elle en avait alors quinze) il lui créerait une yole beaucoup plus fiable que le radeau de débris flottants auquel elle avait pensé, et des récipients qui garderaient l'eau pure le temps nécessaire.
En échange de cela...

L'adolescente creva la surface dans un éclaboussement argenté, brandissant à bout de bras son trophée. Un disque irrégulier d'une matière étrangement tiède, entre bois et pierre au toucher, percé d'un trou vers le centre. Nageant vigoureusement Gadreela regagna la rive et entreprit d'attacher l'étrange perle au lacet de cuir de requin qui lui servait de collier, l'ajoutant à deux autres "perles" similaires à la nouvelle.
Il lui fallait en trouver encore autant avant de se mettre en route, car tel était le prix de la yole qui finissait lentement de prendre forme sur la rive du lac. Arpenter les deux îles de Goldmoon et si possible la nouvellement redécouverte Stoneheim à la recherche de lieux propices où semer six graines de l'Arbre.

Par zdravo -PROUT- le 11/9/2002 à 20:09:21 (#2140967)

:lit:

Continu comme ça ;)
j'm bien

Par Leuan le 15/9/2002 à 21:23:15 (#2163862)

*Il y a plus d'un an de cela maintenant...*

Les Avalléans étaient des enfants de l'Onde Amère... le temps était beau, l'eau lisse et Leuan s'était laissé dériver loin en mer.
L'esquif dérivait sans que personne semble le guider, mais des lignes maintenaient la voile en place de telle sorte que le navire avançait tout seul droit vers la terre. La curiosité l'emportant il le rejoignit et nagea en parallèle, hélant quiconque pouvait s'y trouver. Pas de réponse. S'approchant il tint légèrement le rebord, le temps de se soulever pour jeter un oeil à l'intérieur.

Il y avait quelqu'un, une jeune fille ou une jeune femme, roulée en boule dans le fond de l'embarcation à l'abri d'une toile faite de fibre végétales tressées. Il tendit la main, effleurant son épaule. Vivante. Ses yeux roulèrent derrière les paupières closes, un doigt se crispa, mais ce fut tout. La peau abîmée par le soleil, les lèvres desséchées et fendues... qui sait combien de temps son périple en mer avait duré ?
Il se hissa dans l'embarcation et s'installa à la barre, altérant la course du navire pour qu'elle les mène sur une petite plage un peu à l'écart de la ville. La yole était étrange, ce n'était pas une chaloupe de sauvetage comme il l'avait d'abord pensé de loin. Plus il regardait la coque d'une seule pièce, le mât qui semblait poussé du fond de la barque, plus cela lui rappelait les pièces produites par l'art des Centaures, le chant qui modelait le bois vivant. Mais les Centaures n'étaient pas un peuple de marins...

Des récipients d'une facture semblable avaient dû contenir l'eau embarquée par la jeune fille mais ils étaient vides. Laissant la yole avancer seule il se pencha sur la silhouette inconsciente et, pendant un long moment, tenta de la ranimer à l'aide de sortilèges curatifs, apaisant les brûlures du soleil et du sel. Il n'avait rien à lui donner à boire ou à manger pour le moment.
Lorsque le fond de la yole crissa sur les galets elle ouvrit les yeux, le regardant se lever pour tirer de l'eau l'embarcation légère, aller chercher des vêtements laissés derrière un rocher et les enfiler.
- Tu m'entends ? Tu es sur Arrakas, non loin de Hurlevent.
Un hochement de tête presque imperceptible, et comme un éclair de soulagement dans ses yeux clairs voilés par l'épuisement.
- Il n'y a plus d'hospice depuis l'arrivée des Ogrimariens. Je vais t'enmener chez moi, tu pourras te reposer.
Une lueur de colère cette fois-ci, comme si elle voulait protester, se débattre, mais elle n'a pas plus de force qu'un chaton nouveau-né quand il la soulève et l'emporte.

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