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Les pâquerettes .

Par Ptasha Selver le 10/9/2002 Ă  20:38:32 (#2134339)


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Le Parc . Quoi de plus commun qu’un parc , je vous le demande ? Y a-t-il un endroit plus banal , plus simple qu’un bête parc . Un peu de vert , un peu de chemins , quelques pigeons et des gardiens plantés à côtés de pancartes qui indiquent qu’il ne faut pas marcher sur l’herbe . L’accomplissement de siècles de civilisation . C’est là que mes pas m’avaient mené , un lundi matin .

Le soleil semait sa lumière et la Terre inspirait lentement la fraîcheur du matin . Il était tôt , mais pas suffisamment tôt pour trouver l’endroit désert . Je suis arrivé , comme chaque matin , alors que la clarté du jour rendait les gouttes de rosée superbes , d’une beauté indescriptibles , de petites perles d’arc en ciel , qui se balancent mollement en agaçant les brins d’herbes , je suis arrivé et je me suis dirigé , en fendant les colonnes de badauds contemplatifs , au petit chemin qui longe les étendues gazonnantes .

Plus vertes qu’à l’habitudes , plus jolies encore . Le vert , c’est la couleur de l’espoir , c’est pour ça que j’ai toujours un peu aimé le vert , et puis il paraît que c’est reposant , alors … J’avais mon immense sac qui me valait les interrogations des passants et qui m’attirait occasionnellement les foudres des chauffeurs de bus , des agents de police , des fonctionnaires en général , et de ceux que j’éborgnais par négligence , et qui allaient ensuite mourir dans d’atroce souffrances , après avoir passé le coin de la rue .

Le Parc est un endroit extraordinairement dépouillé , à vrai dire , il est même monotone à en mourir . Des enfants qui galopent en essayant de transgresser les règles un maximum de fois par minute , les sempiternelles grands-mères et leurs pigeons respectifs , qui ont tous droit à un surnom affectueux , des badauds plus ou moins hagards , des truands de tous genre , des jeunes enfants qui se cachent , des braillements incessants … Un Parc , dans toute sa splendeur .

Avant , j’étais une créature sociale . Je travaillais . Maintenant , je travaille toujours , mais j’ai compris où était la plus grande erreur de ma vie , et je m’en suis sorti in-extremis , avant de perdre définitivement ma joviale innocence . Maintenant , je rêve , tous les jours , je rêve en noir , je rêve en rose , en bleu , je rêve toutes les couleurs , toutes les teintes que j’aimerais donner à mon existence . Parfois je pleure , aussi , je meurs plusieurs fois par jour , je recrée le monde , l’écrase lorsqu’il ne me plaît pas , mais pour le reconstruire aussitôt . Je regarde les riches avec mépris et les traînards avec compassion . Je m’arrête souvent pour parler aux jeunes rats des squats , pour leur expliquer qu’ils partent mal dans la vie , même si ils le savent , mais étrangement , venant de moi , ça passe . Je leur parle de ma vie , je leur parle de la leur , je les regarde sourire et je souris avec eux . Ils m’invitent , parce que je leur plaît , à partager leur pauvre repas , et moi , je reviens les voir , lorsque ma paye arrive , et je leur offre ce qui me passe par la tête . Parfois je n’entends plus parler d’eux , parfois ils reviennent me voir , une fois sorti de la panade , pour me remercier . Mais tout cela ne m’intéresse pas . Ce qui m’intéresse , moi , c’est les ballades dans Le Parc , les petits chemins que j’emprunte le matin , à l’envie , et qui me mènent toujours au même point . Ce qui m’intéresse , c’est de reconnaître chaque note du chant des oiseaux , chaque pétale , que j’ai déjà vu la veille .

Lorsque le temps me plaît , que la pluie est suffisamment mélancolique , que la lumière se déverse bien sur notre jolie Terre , je sors ma guitare de son sac bariolé , quoique usé par le temps , et je joue des sérénades pour charmer les pâquerettes , je suis sûr que ça les charme , quelque part . En tout cas elles ne se sont encore jamais plaint .

Il nÂ’y a jamais rien devant mes yeux , surtout jamais rien . Rien pour boucher mon regard .
Enfin … rien , sauf lorsque je joue des airs un peu tristes , des accords déliés qui sortent de ma guitare comme des râles de fantômes . Parfois j’ai l’impression que la nuit tombe subitement au dessus de ma pauvre tête , parfois , j’ai l’impression que les pâquerettes souffrent de mes notes , parfois j’ai envie de tout arrêter , et parfois j’ai peur .

Il y a certaines suites de notes , certaines sonorités rayonnantes d’une énergie qui ne peut qu’émouvoir . Emouvoir . Que ne peuvent que faire remonter les larmes , de toutes les veines du corps , elles montent jusqu’à mes yeux , pour ensuite dévaler mon visage et s’ajouter à la rosée , le prisme de mes journées . Parfois dans ces moments , je sens le vent me tourner les esprits , je sens des yeux s’ouvrir , tout autour , je ne vois que le rouge et le noir du paysage , le ciel , même n’a plus exactement la même teinte . Et puis au centre des fleurs , il me semble voir d’étranges formes se dessiner , de petits traits noirs , fins , harmonieux , mélodiques , j’allais dire … de petites traces colorées et mobiles , de légères teintes de couleurs , de couleurs sombres , qui forment un visage . Un visage féminin vaporeux , un visage étonnement perceptible , quasiment tangible , un visage que je suis sûr de connaître , qui est perdu au fond de ma mémoire , qui tente d’enfoncer les barrages qui se dressent devant lui , pour venir se pendre au cou de ma pensée ... A ce moment … ce n’est sans doute qu’une illusion , mais même à 10 heures du matin , il me semble ne voir , en levant la tête , d’innombrables traînées d’étoiles qui semblent pleurer , porter le deuil de ce visage de fleurs . Puis il me semble bouger , et le vent , comme pour donner vie à ces traits , chante « Tu es seul … » .

Alors depuis , j’ai écrit une chanson , qui s’appelle « Tu es Seul » . Elle est facile à apprendre , « Tu es seul … » voilà les seules paroles . Et , chaque matin , je vais éparpiller mes notes au milieu des roses et des pensées , mais surtout , et sans que personne ne le sache , je vais chanter quelques gouttes de désespoir aux pâquerettes , dans le Parc .
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Summertime - Janis Joplin .

:aide: :rolleyes:

Par Lilith Tribal le 10/9/2002 Ă  22:46:31 (#2135182)

- C'est zoli les fleurs ! petit cri
Meme que... les etoiles, bah ca meurt zamais !
elles sont nos amies a veiller sur nous !
Mais ca les grands ils le savent pas... chuchottant

Par Alanis Lyn le 11/9/2002 Ă  2:41:04 (#2136098)

:lit: J'aime toujours autant...

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