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Reliure (page 1)

Par Alabasyr le 9/9/2002 à 20:53:54 (#2128440)

L'ouvrage avait été déposé à la bibliothèque du temple de Havre-Clair quelques mois auparavant, une épaisse couche de poussière en recouvrait la tranche, laissant supposer qu'il n'avait pas été ouvert depuis... curieux.
Alabasyr se saisit de la reliure de cuir, qui contenait en vérité une liasse de feuillets éparses, plus ou moins dans l'ordre, parfois tâchées ou froissées, et d'une écriture inégale. Les dernières pages était lisses, d'un beige uni et élégamment calligraphié mais il préféra en commencer la lecture par les brouillons du début.
Il s'agissait manifestement d'un journal, ou plutôt d'une auto-biographie, dont l'auteur n'était pas tout de suite nommé. Emportant discrétement l'ouvrage, il regagna son habituel perchoir, un toît surplombant légèrement le chaume de l'auberge du Kulgan, dominant les ruelles environnante, jusqu'à offrir un aperçu de la place, dont on apercevait le gris des pavets entre les toît et les cheminées. La première page commençait sans préface, pour le moins abruptement, mais il n'en fut pas surpris, laissant son regard courir prestement de mot en mot.


***

Je suis né il y a trente quatre ans dans les bas quartiers de Tenrith, en terres d'Angelus, où je vécus mes douze premières années. Leur souvenir est aussi confus que douloureux.
Ma famille peinant déjà considérablement à nourir mes deux frères, je ne fus pas particulièrement bienvenu, et faillis être passé par les armes avant même d'ouvrir les yeux. Peut-être dois-je la vie à un premier cri, quelque chose qui leur fit prendre conscience que la lame tomberait sur un être vivant et non seulement sur une chose poisseuse et indésirable qui avait manqué tuer la mère par sa lutte inconsciente pour s'extraire d'entrailles décidément trop étroites.
J'ai souvent regretté leurs états d'âme dans les années qui suivirent, placées sous le signe des coups et de la faim. Parfois, je me rendais compte que si je n'avais pas été si corvéable, mes frères auraient probablement assouvis cette faim sur moi. Plus rien ne m'étonnait, cela en devenait étonnant.

Du meurtre de mon père, je me souviens de bien peu de choses, sinon qu'il fut commis de ma main, à l'âge de douze ans, lorsque cet ivrogne se mit en tête d'agrandir la famille à violents coups de reins, malgrés les hurlements de protestation de la principale intéréssée, alors culbutée sur une table, malgré la virulance de sa désapprobation. Je n'avais jamais tenu une arme jusqu'alors, mais l'opération fut des plus aisées, même si je dus m'y reprendre à plusieurs fois, ce dément ne voulant cesser de s'agiter au sol. Connaissant son tempérament, je n'avais pas envie de le voir se relever, mais je m'arrangeai pour ne lui laisser aucune chance de le faire. Même aprés des années de métier, on s'étonne encore parfois de la quantité de sang qui peut s'écouler d'un corps si on le frappe aux endroits approprié. Je n'avais pas visé mais j'avais frappé partout, je ne pouvais pas me tromper.

Reconnaissante, ma folle de mère décida cette nuit là, sans doute dans un élan de civisme, de prévenir les autorités locales qui me firent l'honneur d'une chasse à l'homme à travers les ruelles de la cité. Ils ne connaissaient toutefois vraiment que le chemin de la taverne il fut aisé de m'en défaire. J'étais heureusement suffisamment mûr pour comprendre que j'avais tout à gagner à quitter l'endroit honni et n'eus guère de difficultés à passer outre le mur d'enceinte. Je disparus sans un regard pour mon abhorré berceau. Rien ne me retenait.

***


La plume était restée posée longuement sur le velin au terme de la dernière lettre du dernier mot. L'encre imbibant le papier à cet endroit en attestait. Comme en une agonie libératrice, l'auteur avait dû rester face à l'ébauche de son oeuvre dans une immobilité émue ou horrifiée.
Sans doute par respect pour ce qui y était couché, il rangea précautioneusement le premier fueillet dans la reliure et remit celle ci à l'abri de sa besace. La nuit serait froide mais nulle spectre du passé ne viendrait hanter son sommeil.


___________________
Alabasyr K.

http://membres.lycos.fr/lanala/AlabasyrSign.jpg

Par Alanis Lyn le 10/9/2002 à 9:19:04 (#2130359)

Jolie signature.

Enfin, je dis ca, c'est surtout pour remonter le post... :)

Par Alith Anar le 10/9/2002 à 13:37:48 (#2131551)

Le jeune acteur déambulait comme à son habitude dans les rues de Lighthaven, plongé malgré lui dans ce sempiternel désoeuvrement.

Tiens, se dit-il, ce chien d'Alabasyr se fait plutôt discret ces temps-ci...

Par Fond-eaux Dhege le 10/9/2002 à 15:50:31 (#2132368)

*se tient le menton en faisant des hochements de tête positifs*

Franchement très très bien :)


Amicalement Fond-eaux

Par Leylia le 10/9/2002 à 16:07:24 (#2132468)

:lit: :amour: Joli et bien écrit. Douloureux et tragique passé tout de même :(

Par Gabriel Thylin MSF le 10/9/2002 à 22:34:36 (#2135094)

:lit: :)

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